• Mohamed Morsi face à la colère de tout un peuple

    Hassane Zerrouky
    Un an après son élection, le président est confronté à d’immenses manifestations, au Caire, à Alexandrie, à Port-Saïd ou dans plusieurs villes du delta du Nil et du Sud, exigeant son départ et l’organisation d’une présidentielle anticipée

    32% C’est la part des Égyptiens qui, selon un sondage, approuvent l’action du président, Mohamed Morsi, contre 42 % le mois dernier et 78 % à l’issue de ses 100 premiers jours de pouvoir.

    Le mouvement Tamarod, créé en avril dernier, soutenu par l’opposition, dont le Front du salut national (FSN, regroupement de partis progressistes et de gauche), exige le départ de Morsi et une élection présidentielle anticipée dans une pétition qui a récolté quelque 22,2 millions de signatures. Il était en passe, hier soir, de confirmer cette mobilisation populaire anti-Morsi dans la rue. Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, les villes du delta du Nil et du sud du pays ont été le théâtre d’imposantes manifestations durant tout le week-end.

    DANS LA FOULE, BEAUCOUP DE FEMMES ET DE JEUNES

    Hier, tôt dans la matinée – dimanche est le premier jour de la semaine et n’est pas férié –, des milliers d’Égyptiens affluaient vers la fameuse place Tahrir, où la veille plusieurs dizaines de tentes avaient été dressées. Et dans l’après-midi, la foule ne cessait d’enfler. Brandissant des cartons rouges à l’endroit de Morsi, scandant « Dégage ! » ou « Le peuple veut la chute du régime », au son des sifflets et des vuvuzelas, tenant à bout de bras des portraits de Morsi et des dirigeants des Frères musulmans barrés d’une croix, ils arrivaient par groupes des différents quartiers du Caire mais aussi des alentours de la capitale égyptienne.

    Parmi la foule, beaucoup de femmes, des chrétiens de la minorité copte et surtout des jeunes, pas seulement cette jeunesse éduquée à l’origine du mouvement populaire qui avait fait chuter Moubarak, mais des jeunes des quartiers populaires, des salariés, des chômeurs, des vendeurs à la sauvette, dont certains avaient cru aux slogans « L’islam est la solution », en votant pour Morsi et le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, la vitrine politique des Frères musulmans). « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses », a déclaré un jeune manifestant, cité par l’AFP.

    À l’heure où ces lignes étaient écrites, ils étaient déjà plusieurs dizaines de milliers sur la place Tahrir. Et le gros de la manifestation était attendu en soirée, à la sortie des bureaux, avec à la clé des défilés hostiles au président islamiste qui doivent converger vers le palais présidentiel à Héliopolis, protégé par les gros bras du PLJ, mais aussi par l’armée, qui s’est déployée dans la capitale pour protéger les bâtiments publics.

    LE DROIT INSTRUMENTALISÉ PAR LES ISLAMISTES

    Des manifestations anti-Morsi ont également lieu à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays où vendredi, jour de grande prière, elles avaient pris un tour violent. Le siège du PLJ a été incendié, deux personnes ont été tuées par balles, dont un photographe américain, et plus de 70 manifestants ont été blessés lors d’affrontements entre anti-Morsi et islamistes. Vendredi, Port-Saïd, troisième ville du pays, a été le théâtre de heurts entre les deux camps. La colère populaire a touché Menouf et Mahallah, la ville ouvrière, dans le delta du Nil, ainsi que Suez, sur le canal du même nom, et même la ville natale de M. Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire.

    Pendant ce temps, aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, au Caire, où s’étaient rassemblées vendredi plusieurs dizaines de milliers de personnes à l’appel des Frères musulmans et de leurs alliés pour soutenir le président, se tenait un sit-in géant. Sous le slogan « La légitimité (du président Morsi) est une ligne rouge », les islamistes et leurs alliés ont placé leur mobilisation sur le terrain du droit et de la légalité, mettant en avant le statut de premier président élu démocratiquement en Égypte. Et d’accuser les manifestants de l’opposition de vouloir perpétrer un « coup d’État contre cette légitimité ».

    CHRONOLOGIE D’UNE ANNÉE SOUS TENSION

     30 juin 2012 : Mohamed Morsi est déclaré vainqueur de la présidentielle avec 51,73 % des voix.

     12 août, bras de fer avec l’armée : Morsi écarte le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense, qui fut chef d’État de fait après la chute de Moubarak.

     15 et 22 décembre : la Constitution défendue par les islamistes au pouvoir est approuvée au terme d’un référendum entaché d’irrégularités, selon l’opposition.

     2 juin 2013 : la justice invalide le Sénat, qui assume le pouvoir législatif en l’absence d’Assemblée, ainsi que la commission qui a rédigé la Constitution. La présidence affirme que le Sénat continuera de légiférer dans l’attente de nouvelles législatives et que la loi fondamentale est intouchable.

     23 juin : l’armée déclare être prête à intervenir en cas de troubles.

     29 juin : Barack Obama exprime son « inquiétude » et appelle à un dialogue « plus constructif ».

    le 1 Juillet 2013

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  •  En Afrique du sud, le Parti communiste et le syndicat de classe COSATU organisent les manifestations contre la visite d'Obama

    sa_protest_organization.jpgCampagne pour protester contre la politique étrangère américaine pendant la visite d’État en Afrique du sud du président Obama

     

    Communiqué commun publié par le Parti communiste d'Afrique du sud (SACP)

     

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Nous sud-africains, en tant que Parti communiste d'Afrique du sud (SACP), Jeunesse communiste d'Afrique du sud (YCL), Congrès des étudiants sud-africains (SASCO), Association des étudiants musulmans (MSA), Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la santé (NEHAWU), Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), Société des amis de Cuba (FOCUS), Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israel en Afrique sud (BDS south-african) et la Fédération syndicale mondiale (FSM), déclarons notre opposition totale à la venue du président des États-Unis d'Amérique Barack Obama dans notre pays.

     

    Notre opposition repose sur la politique étrangère américaine arrogante, égoïste et oppressive, le traitement des travailleurs et des relations commerciales étrangères enraciné dans le bellicisme, la super-exploitation néo-libérale, le racisme colonial et le mépris ainsi que la destruction de l'environnement, rendant ainsi la réalisation d'un monde juste et pacifique impossible.

     

    La venue du président Barack Obama en Afrique du sud est la première depuis qu'il a été élu chef de l'Etat. Les Etats-unis, sous sa direction, ont intensifié leur offensive contre les droits de l'Homme, la militarisation des relations internationales et continue de gaspiller les ressources mondiales au détriment de l'environnement et des peuples opprimés du monde entier.

     

    Les États-Unis sont profondément impliqués dans l'oppression du peuple du Sahara occidental, le seul pays qui reste colonisé sur le continent africain, par le Maroc. Et à ce jour, la libération des Cinq Cubains et la poursuite d'un embargo sans fondement contre le pays et le peuple de Cuba semblent toujours des questions sur lequel les Etats-unis restent inflexibles. L'appel à la libération des Cinq Cubains a été une campagne internationale importante soutenue même par des vainqueurs du Prix Nobel qui ont publié un document pour leur libération : Zhores Alferov (Prix Nobel de physique, 2000), Desmond Tutu (Prix Nobel de la paix, 1984), Nadine Gordimer (Prix Nobel de littérature, 1991), Rigoberta Menchú (Prix Nobel de la paix, 1992), Adolfo Pérez Esquivel (Prix Nobel de la paix, 1980), Wole Soyinka (Prix Nobel de littérature, 1986), José Saramago (Prix Nobel de littérature, 1996), Günter Grass (Prix Nobel de littérature, 1999).

     

    L'occupation criminelle de la Palestine par l’État d’apartheid d’Israël, quelque chose que nous connaissons bien dans notre pays, n'a été possible que par le soutien financier et politique qu'apportent les Etats-unis au régime raciste israélien. Cela se traduit fondamentalement à la fois par un soutien direct et des aides militaires qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars chaque année – avec une aide américaine à Israel qui surpasse celle destinée à l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie réunis.

     

    En outre, les États-Unis ont depuis des années bloqué, seuls contre tous, tout progrès et se sont totalement isolés et coupés du consensus au sein de la communauté internationale. En fait, les États-Unis sont le pays qui a eu le plus recours au veto de l'ONU: il a utilisé son droit de veto plus de 40 fois pour défendre l'apartheid israélien. En tant que sud-africains, nous nous rappelons douloureusement comment les Etats-unis ont utilisé leur droit de veto pour défendre l'apartheid sud-africain, tout particulièrement contre les résolutions de l'ONU imposant des sanctions économiques et militaires. Les États-Unis, sous Reagan et sous d'autres présidents, ont soutenu l'Afrique du sud de l'apartheid et étaient du mauvais côté de l'Histoire. Pourquoi les États-Unis n'apprennent pas de leur histoire, et ne seraient pas du bon côté de l'Histoire, pour une fois?

     

    Enfin, la politique des États-Unis sur l'environnement, en particulier le fait qu'il est un des plus gros contributeur au réchauffement climatique mondial, et pourtant à ce jour il persiste à refuser d'observer et de signer le protocole de Kyoto, est tout simplement inacceptable.

     

    Les forces progressistes en Afrique du sud ont constamment soulevé ces questions, et tant d'autres, sur le rôle des États-Unis dans la communauté internationale. Nous avons clairement fait connaître le fait que la visite du président des Etats-unis en Afrique du sud n'est pas la bienvenue, et qu'elle fera face à des protestations, des manifestations, des actes de résistances organisées par tous les sud-africains épris de paix et de justice. L'amitié avec l'Afrique du sud doit reposer sur les valeurs de justice, de liberté et d'égalité et c'est que ce les Etats-unis ont insulté, ébranlé et ridiculisé par ses actions sur la scène internationale.

     

    Les questions suivantes seront mises en avant dans les manifestations à venir contre la venue du président Obama :

     

    1Le parti-pris et la persévérance, côté américain, dans la militarisation des relations internationales et de la coopération. On sait bien que les Etats-unis privilégient une approche des conflits dans le monde en incitant, encourageant et parfois en fomentant la guerre, guidés essentiellement par leurs intérêts économiques souvent dissimulés derrière la rhétorique de la défense des droits de l'Homme. La militarisation des relations internationales se manifeste à travers des institutions comme l'AFRICOM, l'OTAN, et la politique perpétuelle du deux poids, deux mesures sur le désarmement nucléaire que les États-Unis prêchent lorsqu'ils s'adressent aux pays du Sud, tout en continuant à collaborer avec une puissance nucléaire comme Israël ;

     

    2La rapacité constante dans la consommation des ressources mondiales par les Etats-unis, illustrée par son soutien à ses multi-nationales qui n'ont aucune considération pour l'environnement, les droits de l'Homme, les lois sociales progressistes etc ;

     

    3Le soutien actif des Etats-unis et la défense des régimes oppresseurs et coloniaux. C'est un aspect de la politique étrangère des Etats-unis qui révèle le plus sa nature hypocrite, quand les régimes qui soutiennent ses intérêts ne sont jamais critiqués ; au contraire, ils sont non seulement soutenus mais maintenus en place par la machine de guerre américaine. Premier sur la liste, Israël, qui continue de servir les États-Unis, au front au Proche-orient, tout en réprimant et maintenant ses politiques d'apartheid racistes contre le peuple palestinien. Un autre exemple, c'est le soutien des États-Unis au Maroc, qui opprime et occupe la Sahara occidental, et le soutien de plus en plus net à des régimes oppressifs, comme en Colombie ;

     

    4Le rôle des États-Unis dans le maintien du continent africain dans le sous-développement ainsi que de relations commerciales impérialistes avec les pays africains ;

     

    5Le blocus injustifiable contre Cuba et la détention injuste des Cinq Cubains ;

     

    6Les États-Unis d'Amérique sont le premier contributeur mondial au réchauffement climatique qui condamne le monde à des catastrophes environnementales ;

     

    Le peuple sud-africain est invité à participer à une Journée nationale d'action le 28 juin, avec une première initiative qui prendra la forme d'une manifestation du siège des Bâtiments de l'Union, siège du gouvernement, jusqu'à l'ambassade américaine à Pretoria.


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  • Soldats maliens : "on nous envoie au front pour mourir de faim ou pour nous faire égorger"


    soldats maliens à Gao
     
     
    « Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants»
     
    Par Eros Sana (25 février 2013)
     
    L’armée malienne sera-t-elle en mesure de se reconstruire ? Sera-t-elle capable d’assurer la sécurité du pays et de ses citoyens, une fois l’intervention militaire française terminée ? C’est loin d’être sûr, tant elle est le reflet des inégalités sociales, de la corruption et du clientélisme qui gangrènent le pays. Reportage auprès de soldats et de gendarmes maliens, abandonnés par leurs chefs, et qui ne sont même pas certains de pouvoir manger le lendemain.

    « Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants » C’est ainsi que se décrit Moussa [1], jeune engagé malien de 25 ans. Nous sommes à Diabali, la dernière ville du nord à avoir été conquise par les rebelles le 14 janvier 2013. Moussa a participé à la défense de la ville. Les soldats maliens ont vite été débordés par les rebelles, certes moins nombreux, mais disposant d’une puissance de feu et d’une expérience du combat largement supérieures. En quelques heures, sept militaires maliens sont tués, dont un ami de Moussa, Issa Angwéba, 29 ans. Si Moussa en a réchappé, « ce n’est pas grâce à mes supérieurs, précise-t-il. Ils nous ont bien donné de nouvelles armes et du matériel, mais ils ne nous pas laissé le temps de les tester. » Lorsqu’ils réalisent qu’ils ne peuvent plus tenir leur position, qu’ils ne recevraient pas de renforts et, surtout que leurs supérieurs « avaient eux-mêmes fui », Moussa et ses frères d’armes décident d’abandonner leur position, de retirer leur uniforme et de se replier sur Markala, plus au Sud.
     
    Ce type de témoignages abonde au sein de l’armée malienne. Combats après combats, ce n’est pas tant de courage dont les soldats maliens ont manqué face aux rebelles armés, mais bien de soutien, de préparation, d’organisation et de commandement compétent. Car l’armée malienne, comme l’ensemble des forces de sécurité, est le reflet des inégalités sociales, et des jeux de pouvoir et de corruption qui caractérisent le Mali.
     
     
    230 euros de bakchich pour intégrer l’armée
     
    Les effectifs de l’armée malienne sont difficiles à estimer avec certitude : entre 7 000 et 14 000 hommes. Le Mali est un pays pauvre, où la moitié de la population vit avec moins d’un euro par jour. Les populations y exercent avant tout des activités rurales et agricoles. Dans un pays où les institutions internationales (FMI, Banque mondiale) mettent tout en œuvre pour réduire les missions et les budgets de l’État, l’armée est l’une des rares institutions qui offre une solde et un emploi stables [2]. Un simple soldat gagne 45 000 francs CFA, soit environ 70 euros par mois. Nombreux sont ceux qui y entrent moins par vocation guerrière ou patriotique que par simple nécessité économique.
     
    Certaines familles sont prêtes à tout pour que leur fils porte l’uniforme de l’armée, de la police ou de la gendarmerie. Notamment à verser des bakchichs aux recruteurs pour qu’il soit intégré. « Il y a des familles qui s’endettent pour payer 150 000 ou 250 000 francs CFA (entre 230 et 380 euros) de dessous-de-table pour que leur fils soit pris. C’est le tarif », annonce Amadou, gendarme à Markala.
     
     
    « Même un chien ne finirait pas notre assiette »
     
    Intégrer l’armée ne suffit pas pour sortir de la précarité. Depuis juin 2012, date de la prise des deux tiers du territoire par la rébellion touareg et islamiste, la majeure partie des militaires maliens dénonce, plus ou moins fortement, leurs conditions de vie. Les lignes de ravitaillement de l’armée malienne s’étendent sur plusieurs centaines de kilomètres à mesure que l’armée française progresse. Et lorsque je demande à Moussa si la logistique suit, si les soldats arrivent à cantiner convenablement et à être soignés efficacement, celui-ci inspire longuement avant de répondre : « Avec ce que nos chefs nous donnent à manger, même un chien ne finirait pas notre assiette. Mais nous n’avons pas d’autre choix. Pour ce qui est de notre santé, ils sont sensés nous prendre en charge. Mais la plupart du temps cette prise en charge est insatisfaisante. »
     
     
    Le jeune soldat raconte alors l’histoire de l’un de ses frères d’armes qui, après une attaque de rebelles touaregs en 2008 dans le village de Nampala, près de Diabali, a reçu une balle dans le dos. « L’armée n’a rien mis en place pour lui, si ce n’est des soins basiques. C’est son père qui a dû prendre en charge tous les frais pour que son fils soit convenablement opéré. Nos supérieurs n’ont rien à faire de nous », soupire-t-il.
     
     
    Exclus de l’armée pour avoir revendiqué leurs droits
     
    « Chaque fois que les militaires réclament le respect de leurs droits, ils se font qualifier de révolutionnaires et sont souvent mis aux arrêts », ajoute Amadou. Le gendarme de Markala sait de quoi il parle : en 1994, lui et 800 autres élèves gendarmes ont protesté dans un journal malien contre le détournement d’une partie de leur solde par l’un de leur chef. En réponse, ils ont été radiés ! Ils durent batailler pendant deux ans pour faire valoir leurs droits et être réintégrés. « Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants, répète sombrement Moussa. Depuis Aguelhok, on nous envoie au front pour mourir de faim ou pour nous faire égorger. »
     
    Aguelhok, le nom de cette ville située à la limite de la frontière algérienne, m’est très souvent répété. Un massacre y a été perpétré par les rebelles du MNLA et d’Ansar Dine. En janvier 2012, isolés et sans renforts, des soldats et des gendarmes maliens se rendent après avoir tenté de défendre la ville. En dépit de leur reddition, plusieurs dizaines d’entre eux sont égorgés ou abattus d’une balle dans la tête : entre 85 et 200 exécutions selon les sources. Ce massacre traumatise l’armée et la société malienne.
     
     
    Corruption et clientélisme
     
    « A Aguelhok, c’est chaque malien qui a perdu un fils, un frère. Sans que l’Etat et l’armée ne fassent rien », témoigne le père de l’un des soldats exécutés, rencontré à Bamako. Aguelhok cristallise toute la frustration et la rancœur des soldats maliens et de la population vis-à-vis du laisser-aller et de la corruption des dirigeants de l’armée malienne et de l’ensemble de la classe politique. Car au Mali, la classe politique est largement composée de militaires. Le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, dit ATT, était général de l’armée malienne. De nombreux ministres et hommes politiques sont ou ont été des militaires.
     
    Pendant ses deux mandats, de 2002 à 2012, ATT a nommé à lui seul 45 généraux. Un moyen de renforcer la fidélité de la direction de l’armée et, pour les nombreux généraux promus, celui d’accéder à de juteuses opportunités financières et économiques. Alors que l’opération « Serval » bat son plein dans le nord, dans un luxueux restaurant de Bamako, on peut assister à la discussion de deux généraux maliens sur la « conclusion d’un marché de 246 millions de francs CFA » (380 000 euros).
     
     
    Bérets rouges contre bérets verts
     
    Dans leur lutte contre le terrorisme, obnubilés par la seule vision sécuritaire, les États occidentaux ont préféré « investir » dans l’armée plutôt que dans des programmes de développement [3]. Et sans se préoccuper du clientélisme et de la corruption. Des dizaines de millions d’euros et de dollars ont ainsi été injectés dans l’armée malienne, principalement par la France et les États-Unis (Le New York Times évoque 500 millions de dollars accordés par Washington [4]). Cet apport massif d’argent n’a ni contribué à empêcher la chute du nord du Mali, ni à améliorer l’équipement et la formation des troupes. Ces financements – colossaux pour le Mali – ont contribué à renforcer les pouvoirs des dirigeants militaires et à soutenir leur éventuelle carrière politique. Au clientélisme et à la corruption, s’est ajouté la montée d’un profond sentiment d’injustice au sein de l’armée. On en connaît le résultat.
     
    Cette exacerbation des tensions s’est cristallisée autour des « bérets rouges » : le 33ème régiment para-commando, une unité spéciale aéroportée créée par Moussa Traoré, l’ancien dictateur. Cette formation de près de 1 000 hommes a été largement favorisée par le régime d’ATT – lui-même béret rouge – au détriment du reste de l’armée, dont le gros de la troupe porte le béret vert. Censés assurer la sécurité du régime, depuis la dictature, les bérets rouges ont bénéficié des soldes les plus confortables, des primes les plus régulières, et de meilleures formations.
     
     
    Un coup d’Etat illégal, mais jugé légitime
     
    « Pendant que nos fils mourraient à Kidal, Tessalit ou Aguelhok, les bérets rouges restaient planqués à Bamako, dans leur caserne ou dans la résidence présidentielle malienne », dénonce le père d’un soldat tué pendant l’avancée des rebelles. « Plutôt qu’une unité d’élite, ils étaient les défenseurs de la bourgeoisie naissante qu’ATT et la classe politique malienne représentent », ajoute avec amertume un leader de la société civile, dont le frère est béret rouge.
     
    Aux scandales politico-financiers, comme le détournement d’une partie des aides internationales pour combattre la tuberculose et la malaria, s’est ajoutée la déroute militaire dans le Nord du pays. Et ce qui devait arriver arriva : le 22 mars 2012, un détachement militaire de bérets verts renverse le président ATT et place à la tête du régime le capitaine Amadou Haya Sanogo [5]. Condamné pour son illégalité, le putsch n’est cependant pas considéré comme illégitime par une grande partie de la société civile. Dans les quartiers populaires comme dans les beaux salons de la capitale, nombreux sont ceux qui se souviennent de la fête organisée en grande pompe par la fille d’ATT, Mabo, pour célébrer sa fortune de plusieurs milliards de francs CFA. C’était juste avant le coup d’État.
     
    Les tensions au sein de l’armée malienne ne s’apaisent pas pour autant. Le chef des bérets rouges, le Colonel Abidine Guindo, proche de l’ancien président, échoue à mener un contre-coup d’Etat le 30 avril 2012. A l’issue de cette tentative, le corps des bérets rouges est dissous et les mutins emprisonnés. Quand commence l’opération Serval, et alors que la majeure partie de l’armée malienne y est impliquée, l’unité reste assignée à résidence dans sa caserne de Djocoroni-para. Le « contre-putschiste » Abidine Guindo est finalement libéré et les bérets rouges sont réintégrés, mais dispersés dans les autres unités. Cette rivalité au sein de l’armée donne lieu à un épisode tragique : l’attaque du dernier carré de bérets rouges, le 8 février, à Bamako, qui fera aussi des victimes civiles. La situation de l’armée malienne demeure socialement et politiquement explosive.
     
    Eros Sana (texte et photos)
     
     
    Notes
     
    [1] A sa demande, son prénom a été modifié
     
    [2] En 2007, alors que les autres institutions de l’Etat malien n’embauchaient pas, voire licenciaient, l’armée malienne lançait une campagne de recrutement de près de 3000 personnes.
     
    [3] Le développement du nord Mali passe par exemple obligatoirement par la construction d’autoroutes pour désenclaver cette région. Le coût du tronçon Bamako-Timbuktu (635 kilomètres) serait de 100 milliards de francs CFA (196 millions de dollars), le tronçon Mopti-Gao (568 kilomètres) présenterait un coût de 48 milliards de francs CFA (94 millions de dollars)
     
    [4] « Why We Must Help Save Mali », New York Times, 14 janvier 2013
     
    [5] Après le coup d’Etat, Sanogo n’a pas pris les fonctions de président de la République, mais la tête du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), au travers duquel il continue d’avoir une importante influence sur l’armée et la politique maliennes.
     

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  • Des funérailles grandioses et très politiques pour Chokri Belaïd

    samedi 9 février 2013

    Assassiné par balles mercredi matin, Chokri Belaïd, figure de proue de la gauche radicale tunisienne, a eu droit à des funérailles grandioses, émouvantes et extrêmement politiques. Pour une très rare fois, et à la demande expresse de la veuve du leader, les Tunisiennes ont pu se rendre au cimetière.
    Des dizaines de milliers de Tunisiens (entre 40.000 et 100.000 selon les sources) ont accompagné ce chef charismatique à son dernier repos hier après-midi au cimetière du Jellaz, à Tunis.
    Un peu partout au pays, des funérailles symboliques, parfois accompagnées de violences contre le siège du parti islamiste Ennahdha, ont été organisées par une population abasourdie.
    Le meurtre politique retentissant d’un orateur hors pair (même ses adversaires politiques lui reconnaissaient ce talent) a choqué la population. Cette dernière avait appris à connaître Chokri Belaïd, 48 ans, par l’intermédiaire des plateaux télévisés depuis la révolution de 2010-2011.
    « Plusieurs de ceux qui sont venus au cimetière sont des gens qui n’auraient jamais voté pour Chokri avant le 23 octobre 2011 (date des dernières élections, NDLR), s’est félicitée l’artiste engagée Amel Hamrouni. Et c’est ça l’espoir. »
    L’autre motif de satisfaction pour Mme Hamrouni a trait au fait que les femmes ont imposé leur présence au cimetière, chose extrêmement rare, voire unique en terre d’Islam. « Ces vieilles coutumes m’ont empêché d’enterrer moi-même un bébé mort prématurément. Casser cette interdiction a plusieurs significations » , a-t-elle lâché, fort émue.
    Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaïd et militante féministe acharnée, a appelé ses concitoyennes à braver cet interdit culturo-religieux et à venir massivement pour honorer la mémoire de l’homme politique.
    Digne dans la douleur, Basma Khalfaoui a suscité l’admiration de tout un peuple en prononçant des paroles qui resteront gravées dans la mémoire collective. « Pleurer, j’aurai le temps. Ce n’est pas grave. Maintenant, il faut lutter » , a-t-elle asséné, quelques heures après l’assassinat du père de ses deux fillettes.
    Sous un ciel pluvieux, l’enterrement monstre de vendredi a souvent pris des allures de meeting politique avec pour cible principale les islamistes au pouvoir. « (Rached) Ghannouchi (chef d’Ennahdha), le rat. Tu finiras comme Ben Ali ! » , « Le peuple veut faire tomber le régime » , pouvait-on entendre sur les trois kilomètres du parcours.
    Le parti Ennahdha a beau avoir rapidement condamné l’assassinat, rien ne pouvait y faire. Les islamistes, au pouvoir depuis 15 mois, étaient montrés du doigt par la plupart des marcheurs. « Je suis convaincu que ça vient d’eux. De toute façon, ils ont créé l’ambiance qui a abouti à l’assassinat. Maintenant, il faut s’attendre à une guerre civile et à d’autres assassinats politiques » , anticipe l’intellectuel Sadok Ben Mhenni.
    Moins alarmiste, l’avocat Anouar Kousri dit ne pas croire à un scénario à l’algérienne. « Il y a de petits risques, mais la société civile tunisienne n’acceptera pas ça » , assure-t-il.
    Même si l’enquête sur l’assassinat « progresse bien » , le ministère de l’Intérieur a prudemment évité de dire s’il privilégiait une piste quelconque.
    En marge de l’enterrement, des pilleurs ont saccagé de nombreuses voitures stationnées aux alentours. Des vols à la sauvette de téléphones portables ont également été rapportés. La police a usé de bombes lacrymogènes, y compris en plein cimetière.
    En début de soirée, des braquages à l’arme blanche étaient signalés au centre-ville. Une atmosphère lourde régnait à Tunis en cette journée de grève générale, fort suivie, décrétée par le principal syndicat du pays.
    Politiquement, la crise perdurait. Ennahdha envoyait des signaux contradictoires à la suite de l’intention affichée du Premier ministre Hamadi Jebali (islamiste) de former un gouvernement de technocrates au lieu de son équipe actuelle. Après avoir affirmé que cette démarche était illégale, des pontes du parti islamiste laissent désormais entendre que l’alternative de gouvernement non partisan (réclamée au demeurant par la quasi-totalité de l’opposition) pouvait être envisagée.

    (Taïeb Moalla, Le Soir (Belgique), samedi 9 février 2013)

    http://pcfcapcorse.over-blog.com


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  • Meurtre de Chokri Belaid, crime contre la Révolution

    Chokri Belaid est mort. Victime du premier attentat politique dans la Tunisie d’après la Révolution. L’assassin a tiré quatre balles sur le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, en ce mercredi 6 février. Belaid a été touché à la tête, au cœur, à la nuque et à l'épaule. L’assassin ne lui a laissé aucune chance.

    Oualid Chine

    Du travail de professionnel a souligné Hamma Hammami, le leader du Front Populaire, dont fait parti le mouvement dirigé par le martyr de la gauche tunisienne. Pour son camarade Hammami, «l’opération a été organisée et perpétrée par des spécialistes».

    Le pire ? C’est que cet attentat qui endeuille aujourd’hui toute la Tunisie ne représente même pas vraiment une surprise. Chokri Belaid a tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme. Sans que ses appels à l’aide ne soient véritablement entendus. Le lundi 23 janvier 2012, soit plus d’une année avant qu’il ne tombe sous les balles de ses meurtriers, Belaid avait affirmé avoir été menacé de mort en pleine rue, sur l’avenue Habib Bourguiba, à un jet de pierre du ministère de l’Intérieur. Et ce ne sera pas la seule fois que Chokri Belaid dénoncera publiquement de tels agissements, en révélant être la cible potentielle d’un meurtre politique.

    chokri-belaidSon compagnon de route de toujours, Hamma Hammami, pointera du doigt «l'indulgence coupable du gouvernement, et de certains hommes politiques à l'égard des appels à la violence». Alors que des milices ont multiplié les menaces et les agressions physiques dans l’impunité. Les appels au meurtre ont trop souvent retenti dans les mosquées, et en marge des manifestations. Des mouvements politiques s’en sont même faits une spécialité, faisant de tels agissements une banalité. Sans que les autorités ne s’en inquiètent ou ne réagissent avec la détermination requise.

    Pis : certains députés d’Ennahdha leurs trouvent même des justifications, leurs donnant ainsi une pseudo-absolution, voire même une légitimité, sous le toit de l’Assemblée Nationale Constituante. Les voici désormais, mis face à leurs responsabilités.

    Du slogan au meurtre
    Parce que manifestement, la Tunisie est passée du stade des slogans, à l’exécution de meurtres politiques froidement planifiés. Les menaces dans le champ politiques, même verbales, peuvent dégénérer à tout moment en agression physique. Et en assassinat. Le martyr de Chokri Belaid vient de le prouver de manière sanglante.  Pour Hamma Hammi, il n’y a pas de doute : «cet acte a été commis par des mouvements politiques qui veulent entraîner le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement assume la responsabilité de ce crime ignoble».

    Or la situation est d’autant plus grave, que des armes à feu sont désormais en circulation en Tunisie. Revolvers et kalachnikovs sont effectivement disponibles sur le marché noir… Et les caches d’armes clandestines disséminées sur tout le territoire de la République sont régulièrement découvertes par les autorités.

    Les revendications de la Révolution Tunisienne ont été et demeurent, malgré les difficultés, des exigences de dignité et de liberté. Les Tunisiens vont-ils aujourd’hui y renoncer pour se laisser entraîner dans la spirale sanglante de la violence ? Ou donneront-ils enfin, dans un sursaut salutaire, un coup d’arrêt à ceux qui veulent tuer et enterrer la Révolution ? Ne reste plus qu'à espérer que l'appel de Hamma Hammami soit entendu: «ce crime doit unir tous les Tunisien, pour que le sang de Chokri Belaid ne soit pas versé en vain». 

    (Article paru sur le journal électronique Mag 14)

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/tunisie-meurtre-de-chokri-belaid-crime-contre-la-revolution.html

    Meurtre de Chokri Belaid : Tunis en ébullition

    Mercredi, 06 Février 2013 19:44

    manif-chokri-belaidDes hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. En un ultime hommage à Chokri Belaid. Reportage.

    ******

    Des milliers de Tunisiens sont descendus dans les rues de leur capitale après l’annonce de l’assassinat de Chokri Belaid, le leader du Mouvement des Patriotes Démocrates Unifiés, et le coordinateur général du Front Populaire. La foule a commencé à affluer à l’avenue Habib Bourguiba dès 11h, en cette matinée du mercredi 6 février.

    Des hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. Vers le coup de 13h, près de 10 000 personnes seront ainsi rassemblées dans la principale artère de la capitale. Des manifestants pacifiques. Même si les slogans entonnés appelleront à «la chute du gouvernement», et clameront que «le ministère de l’Intérieur est celui de la terreur». Peu de figures politiques connues dans une foule essentiellement constituée par des citoyens en colère.

    Manifestations spontanées
    manif-belaidMaya Jeribi, secrétaire générale du Parti Républicain, ne fera que passer. Tout comme Mohamed Jemmour, du Parti du travail national et démocratique, qui fera une brève apparition. Quant à Jawhar Ben M’barek, la figure de proue de Doustourouna, il ne s’attardera guère dans les rangs des manifestants. Les leaders historiques de la gauche tunisienne, eux, sont en cet instant trop occupés pour organiser une riposte populaire.

    Vers 14h, la place Mohamed-Ali, celle du siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, ce bastion de la contestation, est quasi-déserte. Les syndicalistes étant encore en réunion pour se concerter sur la stratégie à adopter. Mais les manifestants ne les ont pas attendus pour descendre dans la rue.

    En somme, les Tunisiens qui occupent aujourd’hui par milliers la rue, se sont spontanément réunis. De simples citoyens, issus de toutes les couches sociales. L’expression la plus vivace d’une société tunisienne en ébullition, chauffée à blanc par l’actualité mortifère. L’atmosphère, du côté de l’avenue Habib Bourguiba est électrique. La violence policière se déchaînera aux alentours de 14h30. Le gaz lacrymogène se répandra massivement pour finir par ensevelir l’avenue sous la fumée. L’air devient rapidement irrespirable.

    Vers l’affrontement
    manif-belaidLa manifestation pacifique tournera peu à peu à l’affrontement. Quelques adolescents surexcités finiront par jeter des bouteilles de plastiques aux policiers. Les forces de l’ordre chargeront les manifestants, les poursuivront jusqu’à la rue Jean Jaurès, et dans le quartier du Passage. A 14h45, des adolescents souvent cagoulés jetteront des pierres aux policiers du côté de l’avenue Mohamed V. La charge des policiers se fera encore plus violente. Les coups de matraques s’abattent sur les manifestants, et les quelques piétons égarés. Certains se réfugieront dans les gargotes, pour éviter les coups de bâtons.

    manif-belaid

    L’arrivée de l’ambulance transportant le corps de Chokri Belaid, son passage près du ministère de l’Intérieur galvanisera la foule. Les gorges hurlent un ultime hommage au leader martyr de la gauche tunisienne. «Ali Laâridh, le ministre de l’Intérieur doit démissionner» scande la foule. Le slogan «Echaâb yourid isqat ennidham», «le peuple veut la chute du régime», retentira de nouveau, comme pour saluer le passage de cet opposant historique à Ben Ali, dans ces conditions dramatiques.

    Le gaz lacrymogène est toujours plus épais. Il ne parviendra pourtant pas à étouffer les hurlements déchaînés.  Les heurts se poursuivront durant des heures. Les plus déterminés tenteront même de dresser des barricades, même si la foule ne sera plus aussi dense. Et voici que l’on apprend que les funérailles de Chokri Belaid auront lieu demain, jeudi, au cimetière de Jallez. Le convoi funéraire sortira demain, à partir de la maison des parents du défunt, à Jbel El Jelloud.

    Soufia Ben Achour

    http://www.mag14.com/national/40-politique/1515-meurtre-de-chokri-belaid--tunis-en-ebullition.html

    Tunisie: Chokri Belaïd tué, un crime politique selon l'opposition

    Chokri Belaïd, l'un des responsables de l'opposition laïque en Tunisie, a été abattu ce mercredi devant son domicile à Tunis. Le meurtre de ce dirigeant du Front populaire intervient alors qu'il avait dénoncé la collusion entre les militants du parti au pouvoir Ennahda et les islamistes.

    Un rassemblement est organisé à partir de 18 heures ce mercredi devant l'Ambassade de Tunisie à Paris, 25 Rue Barbet de Jouy. Métro : Ligne 13 / Station : St François Xavier. À Marseille, rendez-vous devant le Consulat de Tunisie en fin d'après-midi.

    «Des échauffourées ont eu lieu et une dizaine de nos militants ont été blessés» avait déclaré mardi Chokri Belaïd, secrétaire général du parti des Patriotes démocrates. Il avait alors dénoncé l'inaction des forces de sécurité et mis en garde contre la menace de nouvelles violences. Il avait surtout dénoncé les "tentatives de démantèlement de l’Etat" qui allait de paire avec la "création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence à travers les ligues de protection de la révolution", aux mains des islamistes. Pour lui, cet enchaînement de violence était instrumentalisé par le parti Ennahda au pouvoir.

    Menaces contre Chokri

    Cet assassinat a été "planifié et exécuté par des professionnels", a estimé Hamma Hammami qui pointe la responsabilité du gouvernement, d'une indulgence coupable, selon lui, vis-à-vis des violences islamistes. "Il a été commis par des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement, et tout le pouvoir assume la responsabilité de ce crime odieux car les menaces contre Chokri et d'autres ne datent pas d'aujourd'hui", a expliqué cet autre leader du Front de gauche, qui s'exprimait ce matin devant la clinique d'Ennasr où Chokri Belaïd avait été amené en  urgence et où une foule compacte s’est rassemblée dès l'annonce du meurtre.

    "J'accuse Rached Ghannouchi"

    La famille du défunt a d'ores et déjà accusé le mouvement islamiste Ennahda d'être l'instigateur du crime sans plus d'explications. Le frère du défunt, Abdelmajid Belaïd, a ainsi lancé: "J'accuse (le chef d'Ennhada) Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère", sans plus d'explication pour étayer cette accusation.

    Acte de terrorisme

    Dans un tel contexte, le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, du parti islamiste Ennahda, s'est empressé ce mercredi de dénoncer un "acte de terrorisme" contre toute la Tunisie, commis selon lui par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue, qui a tiré trois balles à bout portant.

    Il s'agit d'un "virage dangereux" a poursuivi le chef du gouvernement. "Après la violence verbale et matérielle, on est passé à l’usage des armes", a-t-il déploré, avant de demander que "tout le monde soit soudé devant ce phénomène de violence". Cet appel intervient alors que la coalition au pouvoir est en train de se fissurer, les deux alliés de centre-gauche Ettakatol et le Congrès pour la République, réclamant un remaniement d'ampleur du gouvernement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens.

    Second meurtre politique. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes, la Ligue de protection de la révolution, d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux. Les partisans de ce mouvement sont accusés notamment d'avoir tué en octobre un dirigeant régional du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine.


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  • Mali :: Pourquoi le PTB est opposé à l’intervention militaire

    Le PTB est contre la participation de la Belgique à l’intervention militaire de la France au Mali. Ce point de vue a suscité pas mal de réactions. Le PTB s’opposerait de la sorte à « l’intérêt des Maliens qui sont confrontés à des intégristes lourdement armés ». Il s’agirait d’un « point de vue égoïste » et nous serions « indifférents au sort des Maliens ».

    Notre réponse.

    Bert De Belder
    Mali :: Pourquoi le PTB est opposé à l’intervention militaireEn s’exprimant contre une intervention militaire occidentale, le PTB ne prétend en aucun cas que les intégristes qui terrorisent la population du Nord-Mali doivent garder les coudées franches. Il est clair que ces groupes, qui oppriment horriblement la population malienne, doivent être combattus et chassés. Mais cela signifie-t-il pour autant que l’intervention française a lieu dans l’intérêt même des Maliens ? Nous pensons que non et ce, pour trois raisons.

    Primo. La France est particulièrement mal placée pour intervenir « de façon désintéressée ». Même après l’indépendance, l’ancienne puissance colonisatrice a continué à se rendre coupable de pratiques néocoloniales au Mali et dans toute l’Afrique occidentale, sous l’appellation peu glorieuse de « Françafrique ». La France a toujours d’énormes intérêts dans la région. On peut donc affirmer que l’intervention de la France au Mali a plus à voir avec la protection de son hégémonie économique, politique et militaire qu’avec les droits de la population malienne.

    Secundo. Un pyromane qui intervient comme pompier doit quand même susciter des questions. La France a joué un jeu dangereux dans l’occupation du Nord-Mali par les intégristes. Entre autres, en soutenant et en armant les combattants islamiques extrémistes en Libye, dans la guerre de l’Otan en vue de renverser Kadhafi. Par la suite, d’énormes quantités d’armes en provenance des arsenaux de l’armée libyenne vaincue ont pu être acheminée vers le Nord-Mali. Paris a également imposé un embargo militaire à l’armée malienne au moment même où cette dernière était confrontée au début de l’offensive des intégristes dans le nord.

    Tertio. Une approche militaire d’un problème complexe fait plus de mal que de bien. Elle rend impossible tout dialogue véritable entre les divers groupes de population du Mali et ne fait qu’exacerber les tensions ethniques. Déjà, après quelques jours, l’armée malienne, couverte par la France, y allait abusivement d’exécutions et sanctions sommaires contre des citoyens soupçonnés de soutenir les intégristes. On déplore également un très grand nombre de victimes civiles et des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de prendre la fuite. Un habitant de Gao a expliqué devant les caméras de la chaîne française BFMTV que quatorze civils avaient perdu la vie lors de la prise de la ville, samedi dernier. Le journal britannique The Independent écrivait que, durant les quatre premiers jours de l’intervention, 10 000 Maliens avaient déjà fui vers les pays voisins. Des experts estiment que le nombre final des réfugiés pourraient atteindre 700 000 – aujourd’hui, ils seraient déjà quelque 320 000 à avoir dû s’expatrier.

    Que faire, dans ce cas ?

    Quelles sont les pistes existantes, pour résoudre la crise politique complexe du Mali et venir à bout des intégristes ? Il convient d’emprunter plusieurs voies :

    1) Nos gouvernements doivent être conséquents et ne plus collaborer « à la carte » avec des groupes et régimes intégristes là où cela arrange les pays de l’Otan. Ne pensons qu’aux intégristes afghans dans les années 1980 (contre le gouvernement soutenu par l’URSS) ou aux bandes intégristes armées en Libye et en Syrie. Où encore aux régimes réactionnaires de l’Arabie saoudite, du Qatar et des États du Golfe, qui soutiennent les islamistes radicaux avec des fonds et des armes.

    2) Il faut constituer et renforcer une vraie armée nationale malienne, susceptible de servir les intérêts de tous les Maliens. Une telle armée existait sous le président de gauche Modibo Keita, qui avait été renversé en 1968 par un coup d’État organisé par la France et qui avait été assassiné en exil, en 1977.

    3) L’aide nécessaire pour constituer une telle armée doit venir des pays africains, sans ingérence aucune ni conditions imposées par la France et les autres pays de l’Otan.

    4) Des multinationales comme Areva, Bouygues ou Total doivent payer à prix décent les matières premières qu’elles emportent de la région. De sorte que la richesse en matières premières de nombreux pays africains ne se traduise plus par la pauvreté de leur population, mais aboutisse à un véritable développement.

    http://www.ptb.be


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  • Communiqué N-48/ Entrée des troupes françaises à Kidal

    Etat de l’Azawad

    °°°°°°°°°

    Unité – Liberté - Justice               

    Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad

    C.T.E.A

     

    Entrée des troupes françaises à Kidal

     

    Communiqué de Presse

     

    Aucune autre force n’est en en présence à Kidal en dehors du MNLA et des troupes françaises de l’opération « Serval ».

    Hier les troupes françaises qui ont atterris à Kidal ont  été très bien accueillies par les populations de Kidal et par l’Etat major du MNLA. Des drapeaux français et des drapeaux de l’Azawad ont été  déployés pour accueillir les soldats français en toute fraternité.

    Le MNLA salue l’attitude de la France et rend hommage au sens du discernement des forces françaises qui ouvrent dans le cadre de l’opération « Serval ». En  entrant seuls dans Kidal et en coopération avec les seules forces du MNLA,  les forces françaises ont évité un carnage ethnique qui n’aurait pas manqué de se produire.

    D’autre part, et pour couper court à toute tentative de déstabilisation, le MNLA tient à préciser que les seules forces en présence à Kidal sont les forces françaises de l’opération « Serval » et les troupes du MNLA. Il n’y a aucune autre force en présence à Kidal contrairement aux affirmations relayées par certains articles de presse faisant état de la présence d’un groupe islamiste portant le nom de MIA et se définissant comme dissident du groupe terroriste Ansar Eddine.

    Le MNLA dément formellement toute autre présence en dehors de la sienne et de celle des troupes françaises et considère qu’il a démontré, par les actes, sa démarcation de tout groupe islamiste et à plus forte raison terroriste. Avant l’arrivée des troupes françaises, le MNLA a affronté seul la coalition terroriste MUJAO, AQMI et Ansar Eddine. Le MNLA  a amplement prouvé sa totale démarcation avec les terroristes en les combattant  concrètement sur le terrain.

    Cependant, comme à l’accoutumée, certains cercles obscurs, à travers certains médias, tentent à tout pris de coller au MNLA un mouvement islamiste dans le but évident de le discréditer et de créer la confusion et l’amalgame afin de justifier leur hostilité au MNLA.

    Concernant le groupe islamiste MIA, qui se dit dissident d’Ansar Eddine depuis moins de dix jours, le MNLA apporte clairement la précision que ce groupe islamiste n’agit en aucune façon aux côtés du MNLA comme le rapporte une certaine presse. Face à cette nouvelle campagne de dénigrement, le MNLA tient à informer l’opinion publique nationale et internationale qu’il ne saurait y avoir une quelconque collaboration avec ce groupe et qu’il n’est absolument pas question de l’envisager.  

     

    Ouagadougou, le 30 janvier 2013

     

    Mossa Ag Attaher

    Chargé de communication du CTEA

    Porte parole du MNLA

    Tel/0022665074646 / 0022679097070

    http://www.mnlamov.net/


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  •  Les communistes égyptiens saluent dans les manifestations populaires contre le pouvoir islamiste une nouvelle étape de la Révolution

    communism-egypt (1) Le peuple égyptien achève sa révolution

     

    Communiqué du Parti communiste d’Égypte traduit par MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Notre grand peuple prouve – une nouvelle fois et sans l'ombre d'un doute – sa détermination à réaliser les nobles objectifs de sa révolution, et son rejet résolu de toutes les tentatives des Frères musulmans et de leurs alliés des groupes réactionnaires de droite, prétendument attachés à la religion, de voler la révolution, de confisquer l’État et la nation, de s'en prendre violemment au pouvoir judiciaire, de déployer sa haine envers les médias et de falsifier la volonté du peuple dans une mascarade de référendum sur cette pseudo-Constitution.

     

    Le soulèvement des masses égyptiennes, dans plusieurs régions du pays, n'est qu'un révélateur du rejet de la piètre gestion du président et de l'incapacité du pouvoir exécutif, du gouvernement Qandil, à avoir une vision d'ensemble des véritables problèmes de la nation, ce qui explique que les conditions économiques et sociales se soient si manifestement dégradées. Ce sont la majorité des Égyptiens, les pauvres et les travailleurs, qui paient la facture de cet échec et de cette dégradation.

     

    L'incapacité politique et l'échec de la ligne suivie par le président et son clan conduisent le pays à être le théâtre de violents incidents qui ont coûté déjà la vie à un grand nombre d'égyptiens. Les autorités portent la responsabilité de ce bain de sang. Ici, notre parti demande une commission d'enquête indépendante, impartiale, sur ces événements qui puisse faire la lumière sur les circonstances et identifier puis juger les personnes qui en sont responsables. Confirmation de cette incapacité chronique des Frères musulmans, le communiqué du Conseil de défense nationale esquive toute analyse des véritables causes qui ont conduit à de tels événements. Par conséquent, il n'apporte aucune réponse aux revendications des masses, des forces révolutionnaires et de l'opposition civile, si ce n'est une invitation à un dialogue formel visant à contenir la situation révolutionnaire sans aucun progrès réel vers le changement, comme nous l'avons déjà maintes fois expérimenté dans le passé. D'autre part, ce communiqué sous-entendait la menace de déclarer un état d'urgence, sans traiter aucune des causes fondamentales de la colère populaire, ce qui ne pourrait que la faire grandir.

     

    Notre parti salue les efforts remarquables, héroïques de notre grand peuple, et annonce son engagement plein et entier dans les nobles objectifs de la révolution et il restera ferme pour réaliser sa volonté de liberté intégrale, de démocratie réelle, de justice sociale immédiate. Notre parti appelle le peuple égyptien à poursuivre ces marches pacifiques et ces sit-ins dans toutes les places de la Libération du pays jusqu'à la reconnaissance de tous les droits réclamés et la mise en œuvre de toutes les mesures exigées par le processus de salut de la révolution et de la nation de la crise actuelle, avant tout, cela consiste en :

     

    1 – La démission de ce gouvernement en faillite et la formation d'un gouvernement de salut national exprimant toute la diversité des forces nationales et révolutionnaires ;

     

    2 – L'abolition de la pseudo-Constitution actuelle ;

     

    3 – La tenue d'élections présidentielles anticipées ;

     

    4 – L'annulation de toutes les implications de l'autoritaire Déclaration constitutionnelle avec la démission immédiate du Procureur général ;

     

    5 – La mise en place immédiate du salaire minimum et maximum, de l'indexation des salaires sur les prix et le soulagement des effets de la crise économique que portent actuellement sur les épaules les pauvres et les travailleurs ;

     

    Le Parti insiste bien sur le fait qu'il a entièrement confiance en la force de la volonté révolutionnaires des masses du grand peuple égyptien ainsi qu'en son désir de sauver la révolution et la nation. Le Parti confirme sa foi inébranlable en une victoire inéluctable.

     

    Vive la lutte du peuple égyptien ! Vive la révolution !


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  •  Manifestations et heurts en Egypte pour l’anniversaire de la "révolution"

    vendredi 25 janvier 2013, par La Rédaction

    Des heurts faisant plus d’une centaine de blessés se sont produits dans plusieurs villes d’Egypte vendredi lors de manifestations contre le pouvoir islamiste, à l’occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui renversa Hosni Moubarak.
    Ce regain de tension dans la crise qui règne entre le président Mohamed Morsi, qui se prévaut d’avoir été démocratiquement élu en juin, et l’opposition qui l’accuse de dérive autoritaire, est aggravé par les lourdes difficultés économiques que traverse le pays.
    Des accrochages sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l’ordre se sont poursuivis tout au long de la journée aux abords de la place Tahrir, dans le centre du Caire, où une foule de milliers de personnes réclamait une "nouvelle révolution" et une "vraie démocratie".
    Une énorme pancarte était déployée sur la place avec l’inscription "Le peuple veut faire tomber le régime", tandis que la foule scandait "dégage, dégage" à l’encontre de M. Morsi, comme pour M. Moubarak il y a deux ans.
    Certains manifestants se sont momentanément rassemblés devant le très symbolique immeuble qui abrite la télévision d’Etat et le ministère de l’Information.
    "Je suis venue parce qu’on n’a pas fait la révolution pour qu’un groupe corrompu en remplace un autre", lançait une manifestante, Maha Kamal, 40 ans, voile turquoise et drapeau égyptien a la main.
    Des manifestants ont également jeté des pierres sur un immeuble abritant les locaux du site internet des Frères musulmans, la formation dont est issu M. Morsi. D’autres se sont rendus près du palais présidentiel, où la police a tenté de les disperser avec des gaz lacrymogènes.
    A Alexandrie (nord) et Suez (nord-est), la police a également fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants, selon des témoins.
    "Il y a beaucoup de fumée à cause des pneus brûlés. Et il y a des gens étendus par terre qui n’arrivent pas à respirer à cause du gaz lacrymogène", a dit à l’AFP Racha, une habitante d’Alexandrie.
    A Ismaïliya (nord-est) des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
    Des bâtiments publics ont également été pris à partie à Damiette (nord) et Kafr el-Cheikh (delta du Nil).
    Au moins 110 personnes ont été blessées dans ces affrontements, selon les services de secours.
    "Ca va être une grosse journée (...) parce que les Egyptiens en ont marre", prédisait un manifestant au Caire, Mohammed Abdallah. "L’Egypte a besoin d’une nouvelle révolution pour les jeunes et pour une vraie démocratie", affirmait un autre, Chawki Ahmed, 65 ans.
    L’opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux et qui affiche une unité encore précaire, a appelé à défiler en reprenant les mêmes mots d’ordre qu’il y a deux ans : "Pain, liberté, justice sociale".
    Le climat s’est fortement envenimé depuis fin novembre, quand M. Morsi s’était doté temporairement de pouvoirs exceptionnels, puis avait poussé les feux pour faire adopter une nouvelle Constitution rédigée par une commission à dominante islamiste.
    Le texte, adopté par référendum en décembre, continue d’être vivement critiqué par l’opposition qui estime qu’il ouvre la voie à une islamisation accrue du pays et est pauvre en matière de protection des libertés.
    Outre la crise politique, l’Egypte affronte une grave crise économique, avec l’effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.
    Jeudi soir, M. Morsi avait appelé ses compatriotes à célébrer "de manière pacifique et civilisée" le deuxième anniversaire du soulèvement qui avait débuté le 25 janvier 2011.
    Les Frères musulmans n’avaient pas officiellement appelé à manifester vendredi, souhaitant célébrer le "Jour de la Révolution" en lançant des initiatives sociales et caritatives.
    Le contexte est alourdi par l’annonce attendue samedi du verdict dans le procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes à l’issue d’un match de football à Port-Saïd (nord-est) en février 2012.
    Les "Ultras" du club cairote d’al-Ahly, qui assurent compter la grande majorité des victimes, menacent de manifestations violentes et d’une "nouvelle révolution" s’ils n’obtiennent pas justice.
    Hosni Moubarak, 84 ans dont 30 au pouvoir, malade et condamné à perpétuité, attend quant à lui un nouveau jugement.

    **

    Egypte : violences pour le "Jour de la Révolution", cinq morts

    Cinq personnes ont été tuées vendredi dans des affrontements entre manifestants hostiles au pouvoir islamiste et forces de l’ordre en Egypte, alors que le pays marquait le deuxième anniversaire du début du soulèvement -le "Jour de la Révolution"- qui a renversé Hosni Moubarak.
    Les cinq personnes ont été atteintes par balle à la poitrine et au ventre à Suez (nord-est), ont indiqué à l’AFP des médecins de l’hôpital de la ville.
    Plus de 370 autres ont été blessées dans des heurts dans neuf gouvernorats d’Egypte, selon le ministère de la Santé. Il n’est pas précisé si ces bilans incluent des policiers.
    Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène dans plusieurs villes, dont Le Caire et Alexandrie (nord).
    Ce regain de tension dans la crise opposant entre le président islamiste Mohamed Morsi, qui se prévaut d’avoir été démocratiquement élu en juin, et l’opposition qui l’accuse de dérive autoritaire, est aggravé par les lourdes difficultés économiques que traverse le pays.

    (25 janvier 2013 - Avec les agences de presse)

    Source: "Assawra"

    http://pcfcapcorse.over-blog.com

    Egypte: le siège des Frères musulmans à Ismailia incendié par des manifestants

    Source: Xinhua  26.01.2013 à 11h56

    Egypte: le siège des Frères musulmans à Ismailia incendié par des manifestants

    Le siège des Frères musulmans d'Egypte dans le gouvernorat d'Ismailia a été incendié vendredi alors que des manifestations massives étaient organisées dans tout le pays pour célébrer le deuxième anniversaire du soulèvement de 2011 qui a entrainé la chute de l'ancien président Hosni Moubarak, a rapporté la télévision d'Etat.

    Dans les gouvernorats égyptiens d'Ismailia, de Suez, d'Alexandrie, de Bani Swaif et d'autres, des centaines de milliers de manifestants se rassemblent depuis vendredi matin pour demander la démission du président Mohamed Morsi et du gouvernement en place.

    De violents affrontements ont éclaté à Alexandrie, les manifestants jetant des pierres sur les forces de sécurité et ces dernières répondant en aspergeant la foule avec des gaz lacrymogènes. D'après le ministère de la Santé, les heurts ont fait pour l'instant neuf blessés.

    Plus tôt vendredi, des centaines de milliers de manifestants ont envahi la place Tahrir au Caire. Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité se poursuivent encore.

    Des affrontements ont également éclaté dans d'autres zones du Caire. Selon certaines informations, il y aurait plus de 17 manifestants et six policiers blessés.


    [1] [2] [3]

    http://french.people.com.cn/International/8109033.html


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  • Mali : Méfiance de l’Afrique sur l’intervention militaire occidentale

    L’intervention contre les groupes terroristes est présentée comme un soulagement pour la population malienne. Mais, en Afrique, tout le monde ne se fie pas à l’ancienne puissance coloniale.

    Tony Busselen

    Mali : Méfiance de l’Afrique sur l’intervention militaire occidentale

    C’est surtout chez les voisins algériens qu’on est très mécontent de l’intervention française au Mali. L’approche algérienne, la semaine dernière, de la prise d’otages sur le site gazier d’In Aménas est critiquée çà et là dans la presse européenne.

    Dimanche 20 janvier, le quotidien algérien El Watan reprenait dans les détails une analyse du journal américain Foreign Policy (FP), pour défendre cette façon de faire. FP fait remarquer que, déjà en 2011, l’Algérie avait prévenu que les bombardements de l’Otan en Libye allaient mener à l’effondrement de l’État libyen et que d’importantes quantités d’armes allaient tomber aux mains des terroristes qui ne tarderaient pas à déstabiliser la région. L’Algérie s’inquiétait également, l’an dernier, qu’une approche militaire de la situation dans le Nord du Mali comportait un risque énorme de voir le conflit dégénérer et mener vraisemblablement à des attentats terroristes islamistes en Algérie. « De ce fait, dit la même source, la communauté internationale est indirectement responsable de ce qui s’est passé là-bas (sur ce site gazier, NdlR) et elle est mal placée pour dire à l’Algérie comment elle aurait dû réagir. »

    Les journaux algériens sont très critiques à l’égard de la France. Le 6 janvier, par exemple, Le Quotidien d’Oran y allait d’un article au vitriol sous le titre « L’Etat de guerre ». Le journal constate qu’une intervention française suit l’autre : « La Côte d’Ivoire, puis la Libye et maintenant le Mali… sans parler en outre du plan visant à intervenir en Syrie. » « C’est inquiétant. Car cet État est venu à deux reprises déjà, en Libye et aujourd’hui au Mali, avec ses armes aux frontières de l’Algérie et des pays de l’Afrique du Nord. Chaque Algérien, chaque Nord-Africain se fait du souci du fait qu’il est confronté à un Etat de guerre de l’autre côté de la Méditerranée. »

    Déstabiliser l’Algérie pour contrôler tout le Sahel

    Le commentateur algérien Laid Seraghni met en garde : « Cette crise n’est qu’un pas sur la route vers l’Algérie, dont le flanc sud est déjà entouré par l’armée française. Cette armée est déjà active en Libye, en Côte d’Ivoire, au Niger, en Mauritanie, au Tchad et au Mali. » Dans la région, l’Algérie est sans aucun doute l’État le plus fort, tant économiquement que militairement, sans parler de la taille. La révolution algérienne de 1957 a empêché qu’un État touareg indépendant et séparé tombe sous contrôle de la puissance coloniale. L’Algérie a également refusé des bases militaires françaises sur son territoire. Et, enfin, elle a aussi refusé d’accéder à la zone monétaire du franc CFA (Communauté financière africaine) dirigée par la France. Via cette zone monétaire, Paris détermine entièrement la politique monétaire de la plupart des pays ouest-africains.

    Le contrôle du Sahel signifie non seulement le contrôle de l’uranium, de l’or et du pétrole du sous-sol. C’est aussi une condition pour concrétiser les projets des multinationales françaises et allemandes de l’énergie qui, en 2050, entendent tirer de l’énergie solaire du Sahel jusqu’à 25 % de la consommation d’électricité en Europe. « Contrôler le Sahel n’est possible qu’en déstabilisant l’Algérie », affirme Seraghni. A ce propos, il fustige le double jeu de la France à l’égard des extrémistes après la chute du régime Kadhafi : « Le rôle de la France dans l’armement des terroristes du Sahel a été mis en lumière par Le Temps d’Algérie du 11 septembre 2011. Les services de renseignement français organisent le commerce des missiles libyens : un lot de 20 000 Sam-7 russes ou de Stingers américains est tombé aux mains d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). »

    Les pays du SADC

    La SADC (South African Development Community) est la plus forte alliance économique et militaire du continent africain. D’importants pays économiquement émergents comme l’Afrique du Sud, l’Angola, le Mozambique… en sont membres. Ainsi que la République démocratique du Congo et le Zimbabwe. Au cours des dernières décennies du siècle dernier, ces pays ont bâti une forte tradition de lutte contre l’apartheid, l’oppression et la terreur soutenue par la CIA.

    Le président sud-africain Zuma était aux premiers rangs des protestations de l’Union africaine (UA) contre les bombardements de l’Otan en Libye. Après la guerre, le bloc du SADC a mené un rude combat politique pour la présidence de la Commission de l’UA. Jusqu’alors, elle était aux mains du pro-français Jean Ping (Gabon). Le SADC a proposé le ministre sud-africain des Affaires étrangères comme candidat alternatif et a obtenu gain de cause. A l’occasion de l’envoi de 400 soldats sud-africains en République centrafricaine (où des rebelles avaient essayé de renverser le pouvoir), le 6 janvier, l’analyste sud-africain Mzocxolo Mpolase écrit : « Avec la plus grosse économie du continent et aussi l’une de ses armées les mieux équipées, l’Afrique du Sud estime qu’il est de son devoir d’envoyer des troupes parce qu’autrement les puissances occidentales ne cesseront de s’immiscer dans les conflits africains, comme on l’a vu lors de l’intervention française  en Côte d’Ivoire en 2011 et lors de l’intervention de l’Otan en Libye la même année. Pretoria entend réduire au strict minimum l’influence occidentale dans les conflits africains. »

    Le week-end des 27 et 28 janvier aura lieu pour la première fois un sommet annuel de l’UA, sous la direction de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, fraîchement élue. A l’agenda figurent les conflits du Mali, du Congo, de la République centrafricaine et du Soudan. Mercredi 16 janvier, le président sud-africain Jacob Zuma s’est rendu spécialement à Luanda pour préparer soigneusement ce sommet en compagnie de son collègue angolais, Dos Santos. Mme Zuma a convié tous les membres de l’UA à soutenir l’armée malienne dans sa lutte contre les terroristes et elle a insisté en même temps sur le fait que la résolution de l’ONU (utilisée par la France pour justifier son intervention) parlait bel et bien d’une « mission dirigée par l’Afrique ».1

    1. www.tripolipost.com

    http://www.ptb.be


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