• «Les Touaregs qui formaient une partie importante de l’armée de Kadhafi ont déferlé sur le Mali et, n’espérant plus retrouver l’Eldorado perdu, ont choisi de retourner leurs armes contre ceux qui les ont toujours considérés comme leurs frères.» Par Mamadou Dramane Traoré, ancien directeur d'école à Koulikoro, au Mali.

    Monsieur,

    En cette triste période pour vous comme pour moi (pour des raisons apparemment bien différentes), je me vois contraint par les événements de prendre ma plume pour vous exprimer les préoccupations que suscite en moi une situation créée et entretenue par votre imprévoyance, si ce n’est par un esprit machiavélique.

    En 2011, sous le mandat 1979 de l'ONU dévoyé par vos soins, vous avez, avec l’aide de certains de vos alliés et sur les conseils de Monsieur Lévy, fait attaquer la Libye par des forces coalisées. Cependant, par reconnaissance pour Kadhafi, vous lui aviez, quelque temps auparavant, déroulé le tapis rouge pour le recevoir en grandes pompes à Paris. Chez nous, on appelle cela «mordre le dos de celui qui t’a porté».

    Le prétexte évoqué pour justifier votre implication personnelle dans cette campagne anti-Kadhafi était votre engagement à protéger les braves populations de Benghazi et de Misrata, menacées, par le Guide libyen, d’extermination; ceci a abouti à son assassinat et à la dislocation totale des structures de l’État libyen.

    Je ne suis ni un politologue, ni un expert en géostratégie. Je ne suis qu’un simple citoyen d’un pays qui aspire à seulement un peu de vie tranquille sur cette terre dominée par l’injustice, la cupidité, l’exploitation, et la domination des peuples érigées en modes de gouvernance. La-France-Forte le veut ainsi.

     

    Loin de moi la prétention d’entreprendre une étude objective de votre politique étrangère, car je n’en ai ni les compétences, ni les données nécessaires. Votre dessein dans cette affaire était-il louable?

     

    Le problème est qu’en tant que président de «la France forte», soit vous avez agi sans grand discernement en n’ayant pas suffisamment apprécié toute l’étendue des immenses dommages collatéraux auxquels votre intervention allait aboutir; soit vous aviez tout prévu grâce à vos géo-stratèges. Dans l’un ou l’autre des cas, incommensurable est votre responsabilité morale, car les conséquences en sont dramatiques.
    A travers quelques constats, je me contenterai ici d’en citer quelques-unes, dont certaines affectent particulièrement mon peuple dans ses droits les plus fondamentaux, droits stipulés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme dont vous devriez pourtant être le garant de par vos fonctions, et dont à chaque occasion, vous exhibez la paternité pour la France.

     

    Oui, les populations de Benghazi et de Misrata ont été préservées du massacre, oui, Kadhafi a été sauvagement assassiné, grâce à quoi, maintenant, le pétrole et les marchés tant convoités de Libye sont à vos pieds.

     

    Mais en revanche,
    •       de  nouvelles milices armées terrorisent, rackettent, torturent et massacrent chaque jour les populations en question.
    •       la Libye redeviendra difficilement une entité géographique, politique et économique stable puisqu’elle est en voie de dislocation et de morcellement. La Cyrénaïque a ouvert le bal.
    •       Des groupuscules infiniment plus dangereux que Kadhafi se positionnent çà et là et menaceront désormais la quiétude et la stabilité du monde entier dont celle de la France Forte, à la longue, malgré son éloignement géographique.
    •       Des armes en tous genres de l’armée libyenne se sont disséminées dans toute la sous-région, et se retrouvent entre les mains de groupes à desseins multiples.
    •       Les Touaregs qui formaient une partie importante de l’armée de Kadhafi ont déferlé sur le Mali et, n’espérant plus retrouver l’Eldorado perdu, ont choisi de retourner leurs armes contre ceux qui les ont toujours considérés comme leurs frères. Ce faisant, ils sèment chaque jour la désolation et la souffrance auprès de milliers de vieillards, de femmes et d’enfants réduits à l’état de réfugiés dans leur propre patrie ou jetés sur les routes de l’exil dans des pays voisins.
    •       Ces rebelles et les soldats de l’armée malienne s’entretuent dans des combats fratricides, causant mort, deuils, larmes et douleur dans des familles ainsi éprouvées et déstabilisées.
    •       Les trafics en tous genres prolifèrent et sèmeront progressivement la désolation dans les rangs de la jeunesse du monde entier.

     

    Comme vous devez vous en douter, Monsieur, l’énumération n’est pas exhaustive. Voici entre autres, quelques-uns des exploits de « la France forte », comme vous la concevez ! L’agitation sociale et la déstabilisation des pays pauvres viennent compléter ce tableau reluisant !

    Et pendant ce temps, Monsieur, chaque soir à la télé, pour convaincre les Français que vous êtes le meilleur, je vous vois remuer la tête à gauche et à droite; arquer et froncer les sourcils lors des shows médiatiques, pendant que des milliers d’enfants, victimes innocentes de votre imprévoyance, dorment dehors à la merci des serpents, des fauves, de la faim, de la soif, de la maladie dans des camps de fortune, et ne vont plus à l’école. Des milliers de femmes et de vieillards croupissent par votre faute dans des camps de réfugiés; sans eau, sans nourriture, sans soins de santé. Que faire, Monsieur? Est-ce cela aussi, le rôle de La-France-Forte ?

    En vous regardant le dimanche soir, 11 mars, à Villepinte, hausser les épaules, tourner la tête à gauche et à droite, une image que je recherchais depuis près de cinq ans a fait tilt dans ma tête et aussitôt, un nom a jailli sur mes lèvres: «Babacommandant». Oui! Je parie que vous ne savez pas ce que c’est! Est-ce que je me trompe ? Non ? Monté sur un magnifique alezan taillé dans du bois, c’est tout simplement une superbe marionnette Somono qu’un artiste particulièrement doué a dû, sur un coup de génie, confectionner le jour même de l’arrivée de Faidherbe au Mali. Ce guignol représente à la perfection un administrateur colonial rigide et hautain.

     

    Venez un jour la contempler à Koulikoro, Monsieur Zorrokozy. Vous serez j’en suis sûr sidéré par la ressemblance. La seule et grande différence est que cette relique culturelle est faite, non pas pour semer la mort ou foutre la merde dans le monde entier, ou encore pour provoquer des drames dans des familles et pays étrangers, mais plutôt pour distraire les gens paisibles; mettre périodiquement un peu de baume dans le cœur des enfants au lieu de les jeter sur les chemins de l’exil forcé.

     

    Êtes-vous croyant, Monsieur Zorrokozy ?
    - Si oui, serez-vous prêt à justifier devant Dieu, tous ces malheurs que vous avez apportés à ceux qui, de près ou de loin, ne vous ont absolument causé aucun tort, aucun mal ?
    - Si non, vous devez quand même avoir une certaine dose de conscience. Dans ce cas, je vous suggère de vous poser, seul et dans le secret de votre chambre, une question toute simple: «Combien de vies, combien de foyers ai-je bouleversés, détruits de par mes actions en tant que Président de la-France-Forte »?

    Pour ma part, quelques autres questions me taraudent l’esprit: si vous êtes réellement le justicier du monde que vous prétendez être, où, mais où donc se trouve Zorrokozy dans l’immensité du désert malien jonché des cadavres d’innombrables enfants victimes innocentes collatérales de l’imprévoyance si ce n’est de l’inconscience du Président de La-France-Forte?

     

    Donner de grands coups de pied dans toutes les termitières d’Afrique pour qu’à l’issue de l’opération, la France puisse récolter pour nourrir ses enfants, les ressources tirées du pétrole et des marchés libyens sans se soucier du fait que dans des pays voisins déstabilisés par cette action, des enfants (parce qu’ils sont noirs de peau et issus de nations pas fortes pour un sou) meurent de faim, de soif et de maladies sur les routes de l’exil forcé ou dans des camps de réfugiés, est-ce là votre conception du rôle de La-France-Forte ? Il est vrai que vous avez des exemples de référence dans ce domaine. J’en ai d’ailleurs suffisamment parlé dans mon ouvrage intitulé Les Soupirs du baobab édité aux Éditions L’Harmattan en 2009.

     

    Financer des campagnes politiques avec le prix du pain et des médicaments arrachés d’entre les dents des enfants affamés et malades d’Afrique par des dirigeants véreux et sans aucune moralité, il paraît que cela aussi a été une des pratiques en vogue? Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Je n’en sais fichtrement rien. Je n’ai fait que l’écouter sur certains médias.

     

    Je ne vous salue pas Monsieur Zorrokozy. Je vous laisse à votre campagne.

    http://blogs.mediapart.fr




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  • sall wadePrésidentielles au Sénégal: quand le poulain libéral Macky Sall remplace son maître libéral Abdoulaye Wade, la classe dirigeante et l'impérialisme gardent la main

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/


     Il faut parfois « tout changer pour que rien ne change ». Parfois, il suffit de ne pas changer grand-chose. C'est le constat que l'on peut faire des élections présidentielles sénégalaises, qui ont vu le triomphe au second tour de Macky Sall avec 65% des voix sur le président sortant Abdoulaye Wade.

     

    La classe dirigeante sénégalaise ne pouvait rêver meilleure fin que cette « révolution de palais » à neuf mois d'instabilité politique, de contestation et de manifestations populaires, qui ont fait craindre à l'impérialisme une évolution vers un scénario de type « printemps arabe » avec toutes ses incertitudes.

     

    Une perspective électoraliste à gauche qui se referme sur le « libéral » Macky Sall

     

    Depuis juin 2011, et l'annonce d'une réforme constitutionnelle par le président Wade qui permettait au candidat arrivé en tête de remporter l'élection dès le premier tour, le pays s'est embrasé, les manifestations se sont multipliées prenant comme mot d'ordre : « Wade, dégage ! »

     

    La récupération politique a suivi, le « mouvement du 23 juin » n'a donné comme perspective que les élections de 2012. Chaque parti a joué sa carte, concevant le premier tour comme une sorte de « primaire » pour s'imposer comme leader de l'opposition institutionnelle.

     

    Le PS est pleinement rentré dans ce cadre avec Ousmane Dieng qui a obtenu 11,3%. Le vieux leader socialiste Mustapha Niasse a rassemblé large à sa gauche sur le plus petit dénominateur commun : battre Wade et a récolté 13,2%.

     

    Macky Sall était le candidat de l'opposition officielle, celle de la bourgeoisie sénégalaise et de l'impérialisme, excédés des frasques du « vieux lion » Wade, couvrant la corruption, le népotisme, la répression aveugle, générant colères et frustrations, remettant en cause l'ordre social nécessaire aux affaires.

     

    Avec des moyens financiers conséquents et une certaine complaisance médiatique, il est devenu logiquement le candidat officiel de l'opposition officielle. Avec 26,58%, il a gagné cette « primaire » dans laquelle s'était enferrée les forces de gauche, et a su les utiliser comme des rabatteurs sur la base de l'opposition à Wade.

     

    Le « poulain » Macky Sall et « Napoléon » Wade : un binôme fort au cœur de tous les mauvais coups de la dernière décennie

     

    Faire passer l' « ancien poulain » libéral d'Abdoulaye Wade comme le leader de l'opposition populaire au pouvoir de plus en plus autoritaire du vieux dirigeant libéral, c'est un tour de force !

     

    Car son parcours politique s'est fait dans l'ombre de celui qui l'appelait affectueusement « Napoléon ». Dirigeant régional du parti libéral, il devient la tête pensante de la campagne qui permet la première élection de Wade en 2000 et est récompensé par le poste de ministre de l’Énergie en 2001 puis celui de premier ministre en 2004.

     

    Entre 2004 et 2007, il est le premier ministre qui se maintient le plus longtemps au pouvoir à l'ère Wade, emblématique en cela de sa gestion : politique d'austérité budgétaire et monétaire loué par le FMI, couplé à des grands travaux démesurés (aéroport Blaise Diagne, autoroute Dakar-Diamniadio).

     

    Le comble, c'est que Macky Sall est parvenu à se faire passer dans la campagne comme l'opposant à cette politique d'austérité et de financement d'infrastructures gigantesques dont il a été lui-même un des principaux artisans.

     

    C'est sous Macky Sall qu'a également été conclu en 2006 avec le FMI un accord sur base de l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), héritière des « plans d'ajustement structurel » qui prévoit la mise en place de politiques d'austérité pour réduire la dette.

     

    L'homme de l'ombre derrière Macky Sall : Jean-Pierre Pierre-Bloch, libéral madelinien, bras droit de Tiberi et sioniste invétéré

     

    Macky Sall est un libéral pur jus, il l'assume. Il a su canaliser la colère populaire, en particulier dans la paysannerie, avec une campagne habile construite dans le monde rural. Récemment, il confiait qu'il comptait parmi ses modèles politiques : Nelson Mandela, Charles de Gaulle et … Mao Zedong : « Je suis un libéral, mais c'est pas incompatible. Car comme lui, je pense qu'il faut encercler les villes par les campagnes ».

     

    Habile manœuvrier, homme d'appareil, maître dans l'art du double discours, il sait aussi compter sur un mentor des plus sulfureux qui a construit sa campagne médiatique. Un personnage bien connu de la scène politique française : Jean-Pierre Bloch recyclé depuis maître de la communication au Sénégal, d'abord au service de Wade puis de Macky Sall.

     

    Jean-Pierre Bloch est de toutes les aventures douteuses de la droite française : droite madelienne au sein de l'UDF, bras droit de Jean Tibéri à la mairie de Paris, il participe également à la droitisation de la LICRA sur des positions sionistes qui le feront accuser la chaîne information de TF1, LCI d'être une chaîne hostile à Israël !

     

    Accusé de recel d'abus de biens sociaux, impliqué dans l'affaire des emplois fictifs, il se vante lui-même de jamais avoir été condamné. Drôle de mentor dans la lutte anti-corruption au Sénégal.

     

    Quelque soit l'entourage douteux de Macky Sall, et les liens qu'on peut tisser avec les milieux politiques et d'affaire français et occidentaux, il ne fait aucun doute que le nouveau président du Sénégal est un homme du système, le « poulain libéral » qui remplace son « maître libéral ».

     

    Après Alhassane Ouattara en Côte d'Ivoire, le CNT en Libye, désormais Macky Sall au Sénégal, l'impérialisme ocidental place ses pions en Afrique. Seul un mouvement populaire fort, en dehors d'une simple perspective électoraliste peut induire un véritable changement. Au Sénégal comme ailleurs.


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  • Après une nuit d’émeutes à Saint-Denis et au Port

    Face à l’aggravation de la crise, l’urgence du dialogue à La Réunion

    22 février 2012 Temoignages.re

    Suite à un face à face tendu toute la journée d’hier entre les forces de police et les manifestants devant le dépôt de carburant de la Société réunionnaise de produits pétroliers (SRPP), plusieurs centaines de personnes ont refusé que les camionneurs battent en retraite et relachent la pression. Cela a été l’étincelle qui a enflammé une nuit d’émeutes. Au Port, des poubelles aux carrefours et la compagnie du Capricorne ont été la proie des flammes, à Saint-Denis les affrontements ont été violents et des commerces ont été pillés.

    Face à l’impasse dans laquelle se trouve ce système, alors que l’ampleur des dégâts apparaît, c’est bien la preuve que plus que jamais, le dialogue est nécessaire pour qu’ensemble à La Réunion, nous soyons capables de trouver des solutions à la crise.

    Après une réunion de cinq heures avec le préfet Michel Lalande, Jean-Bernard Caroupaye, président de la FNTR (Fédération nationale des transporteurs routiers) est revenu vers les manifestants aux abords de la SRPP à 20 heures hier mardi 21 février 2012. Il a annoncé avoir signé un protocole d’accord avec le préfet pour la tenue d’une réunion ce vendredi 24 février 2012 à 15 heures afin de discuter de la baisse des prix du carburant. Face à cet accord, les quelque 200 manifestants présents crient leur colère. Ils ne veulent pas attendre vendredi pour l’ouverture des négociations. Les transporteurs ont perdu le contrôle d’une situation, qui est de plus en plus tendue.

    La population mobilisée

    Suite à la signature de ce protocole d’accord, Jean-Bernard Caroupaye voulait demander de laisser circuler librement les camions de la SRPP. Mais les manifestants sur place refusent de le faire. « Ou la appel a nou, nou lé la, fais comme ou veu, nou nou bouge pas », a lancé l’un des manifestants au président de la FNTR.

    Les esprits sont très échauffés au Port, et il y a quelques ralés poussés dans la foule. Alors qu’un transporteur se dirigeait vers son camion, les manifestants se sont placés devant lui, le sommant de ne pas bouger son camion.

     

    tait la plus grande confusion qui régnait aux abords de la SRPP. La population, appelée à la rescousse dans la matinée par la FNTR, est dans un désaccord total avec l’annonce faite par Jean-Bernard Caroupaye. Ils continuent à demander la tenue d’une réunion avant vendredi.

    Des jeunes manifestants, qui étaient un peu plus tôt venus soutenir le mouvement des transporteurs, avaient quitté les abords de la SRPP pour se rendre dans le centre-ville. Ils ont essayé de se servir dans deux grandes surfaces, le Score et le Leclerc du centre-ville, qui ont été contraintes de baisser le rideau.

    Affrontements

    Plus tard dans la soirée, alors que les camions avaient finalement débloqués l’entrée de la SRPP, c’est la compagnie du Capricorne, une importante société de distribution de riz, qui a été ravagée par un incendie.

    À Saint-Denis, la colère contre le blocage des négociations contre la vie chère s’est manifestée par des scènes de pillage touchant plusieurs magasins. Des affrontements ont eu lieu devant la grande surface Jumbo Score, des commerces ont été investis et cassés. Les policiers ont fait un usage massif de grenades lacrymogènes dans le quartier, obligeant la population à se calfeutrer chez elle.

    Alors que le jour se lève, l’ampleur des dégâts apparaît. C’est bien la preuve que plus que jamais, le dialogue est nécessaire.

    Avec Imaz Press Réunion


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  • LibyeTortureDans la Libye d'après Kaddafi l'usage de la torture est devenue une pratique banale, dénoncent plusieurs ONG occidentales

     

     


    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    La torture et l'assassinat de prisonniers est une pratique banale dans la Libye d'après Kaddafi et les nouvelles autorités ont ignoré toutes les condamnations exprimées durant ces derniers mois, ont révélé Amnesty International et l'organisation Médecin sans frontières (MSF).

    Selon ce que dénonce Amnesty dans son communiqué, publié la semaine dernière, la torture et l'assassinat de prisonniers libyens et émigrés originaires d'Afrique subsaharienne – suspectés d'être des partisans de l'ancien régime – est une chose habituelle dans les centres de détention dont s'occupent les milices, en particulier ceux situés dans la capitale, Tripoli, et à Misrata. La barbarie est tolérée par les responsables du Conseil national de Transition (CNT).

    « Plusieurs personnes suspectés d'être partisanes de Kaddafi furent torturées jusqu'à la mort », mais, en dépit de cela « nous n'avons aucun cas où tant les proches des familles que les survivants ont eu accès à la justice ou à une quelconque réparation », a déclaré Amnesty.

    L'organisation appuie sa conclusion sur des enquêtes et des témoignages recueillis auprès des proches des victimes et de prisonniers, certains d'entre eux ayant été torturés quelques jours auparavant, dénonce-t-elle.

    La « statue » et d'autres types de positions douloureuses, des coups portés avec des objets contondants ou des décharges électriques sont quelques-unes des tortures qu'Amnesty a confirmé comme des pratiques communes.

    Les blessures observées sur les cadavres et sur les prisonniers auscultés en sont la preuve, soutient Amnesty. « Nombre parmi ceux dont nous parlons ont admis avoir avoué des crimes qu'ils n'ont pas commis pour échapper aux mauvais traitements, et ont confirmé ne jamais avoir parlé à aucun avocat. »

    Amnesty a également déclaré qu'à Misrata, on pratique la torture au QG des milices et que cela fut corroboré par les miliciens eux-mêmes le 23 janvier dernier.

    S'ajoutent à cela les témoignages des proches. Amnesty donne l'exemple d'un ancien policier transporté dans un lieu inconnu pendant trois semaines. Passée cette période, il lui fut permis de parler avec son épouse au téléphone, mais quelques jours après la conversation, son cadavre fut livré à l'Hôpital de Tripoli, présentant diverses contusions et des plaies ouvertes sur la plante des pieds, causées par des coups répétés.

    A ce cas précis, Amnesty ajoute celui d'un ancien colonel de l'armée, Ezzeddine al Ghool, dont le cadavre fut rendu à la famille dans des conditions similaires.

    Cela fait depuis mai 2011 qu'Amnesty dénonce les cas d'abus et de tortures des autorités centrales et locales, mais, jusqu'à présent, « ceux qui détiennent le pouvoir n'ont rien fait pour mettre fin à cette situation et punir les responsables. Les dites commissions judiciaires continuent de réaliser des interrogatoires en toute impunité. »

    Une situation inacceptable

    Dans la même idée, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a accusé les autorités miliciennes de Misrata d'abuser de ses services ou, dans d'autres cas, de priver certains détenus du traitement médical nécessaire.

    « Ils nous emmenaient des patients au milieu des interrogatoires. Après avoir récupéré, ils nous les reprenaient puis continuaient les tortures », a révélé MSF, qui affirme également avoir entamé plusieurs démarches pour dénoncer les faits.

    « C'était inacceptable. Notre mission était d'aider les blessés de guerre et les personnes souffrantes, non de traiter des détenus entre deux sessions de torture », a conclu cette structure, qui a suspendu ses activités à Misrata, où, depuis Août, « la torture s'est peu à peu généralisée ».

    MSF révèle avoir traité un total de 115 personnes dont les blessures avaient été provoquées par les tortures infligées par les miliciens. Certains des détenus en sont même morts. Les autorités en ont été informées, mais elles ont toujours ignoré les rapports allant dans ce sens.

    Plusieurs prisonniers qui avaient déjà été secourus par MSF sont revenus avec de nouvelles blessures causées par la torture, a également déclaré l'organisation. La goutte d'eau aura été le 3 janvier dernier, lorsque neuf patients, sur un total de 14 personnes transportés par les autorités présentaient des traces incontestables de torture. Un seul d'entre eux a pu être transféré dans un hôpial afin de recevoir le traitement adéquat.

    Le 9 janvier, MSF déclare s'être adressé au Conseil militaire, au Comité de Sécurité, au Conseil civil de Misrata et au Service de sécurité de l'Armée nationale exigeant la fin de ces pratiques, mais, comme seule réponse, ils n'ont reçu qu'un nouveau groupe de quatre prisonniers qui avaient été torturés.

    Source : Avante, quotidien du PC Portugais


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  • Italie: nombreuses manifestations contre le plan de réforme du gouvernement

    Des chauffeurs de camion ont bloqué des routes un peu partout en Italie lundi, pour protester contre les réformes approuvées par le Premier ministre Mario Monti vendredi dernier.

    Le trafic a été perturbé par des barrages routiers dressés par les chauffeurs de camion dans plusieurs grandes villes comme Rome, Milan et Turin. Les chauffeurs demandent une réduction des prix du carburant, qui ont atteint un niveau record après la hausse des taxes sur l'essence adoptée par le parlement le mois dernier.

    Dans la même journée, les chauffeurs de taxi ont repris leur grève contre les loi de libéralisation de M. Monti, des réformes destinées entre autres à encourager la concurrence entre les propriétaires de pharmacies, les opérateurs de stations d'essence et les cabinets d'avocats.

    Les travailleurs de plusieurs autres secteurs affectés par les projets de réforme du gouvernement devraient également descendre dans la rue au cours des prochains jours, a rapporté la presse locale.

    Les autorités ont "suivi de près" les manifestations, a affirmé la ministre de l'Intérieur Anna Maria Cancellieri, ajoutant que le gouvernement était prêt à dialoguer avec les protestataires.

    http://french.cri.cn

    Les usines Fiat à l’arrêt à cause de la grève des camionneurs

    Les usines du groupe automobile Fiat étaient à l’arrêt mardi en Italie en raison d’un manque de pièces détachées dû à une grève des camionneurs dans le pays, a-t-on appris auprès d’un porte-parole du groupe.

    Les usines de Pomigliano, Cassino, Melfi, Mirafiori et Sevel Val di Sangro sont à l’arrêt ce matin et le seront aussi cet après-midi en raison d’un manque de composants dû à la grève des transporteurs routiers, a déclaré ce porte-parole.

     



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  • Les médias français ne parlent plus de la Libye. Cela ne signifie pas que la démocratie triomphante livrée à coup de bombes par la France et les Etats-unis ai apporté paix et stabilité au pays. Loin de là.

    Sur le terrain, les informations qui circulent sur le net, en provenance essentiellement de médias arabes non liés aux monarchies arabes alliées des Etats-Unis (je veux parler d'Al Jazeera par exemple), parlent d'affrontemenets quotidiens entre groupes islamistes et rebelles armés non payés et, même, d'une résistance "verte", c'est à dire de fidèles de l'ancien régime réorganisés en armée de libération.

    Syrte-detruite-2011.jpgLa situation économique et humanitaire en Libye est terrible après des mois de bombardements de l'OTAN et de conflits avec des rebelles armés par le Qatar et la France (en photo : ce qu'il reste de Syrte après nos bombardements). Les règlements de compte et les exactions des "libérateurs" du CNT à l'encontre des noirs et des tribus pro-kadhafistes ont un peu plus décrédibilisés une rébellion perçue comme venue de l'étranger.

    Le chaos libyen menace les raisons même qui ont poussé les occidentaux, Etats-Unis en tête, à intervenir contre Kadhafi : le pétrole.

    De ce fait, alors que les troupes américaines quittent l'Iraq et l'Afghanistan, 12 000 soldats US seraient en passe de venir s'installer près des installations pétrolières et portuaires stratégiques en provenance de Malte, l'île voisine.

    Des sources égyptiennes ont déclaré que le chef d’état major égyptien, Tantaoui, a informé Mustapha Abdeljalil, le leader du CNT, lors de son accueil au Caire, du refus total de l’Égypte de voir s'installer des bases militaires de l’OTAN en Libye. Cette déclaration viendrait après que l’Égypte ait eu des renseignements qu’un grand nombre de militaires et d'experts de l’OTAN sont restés en Libye, après la chute de Kadhafi, pour étudier et choisir les lieux pour des futures installations de plusieurs bases militaires.

    Les Etats-Unis continuent ainsi leur maillage des principales zones stratégiques du monde, notamment des ressources énergétiques, et poursuivent le minage des pays du Tiers-Monde un peu trop indépendants. La Syrie et l'Iran sont clairement dans le collimateur des occidentaux, comme nous le montre l'important travail de propagande actuel contre la Syrie et son président. On nous parle moins des pressions faites sur l'Algérie, notamment des incitations à constituer une opposition sur la base du CNT libyen. La présence d'une base de l'OTAN en Libye serait une menace pour l'Algérie comme pour l'Egypte, mais aussi pour le Soudan.

    Le silence des médias français sur la réalité libyenne de l'après-Kadhafi, est le signe du rôle de somnifères de l'opinion publique qu'ils ont exercé pendant que nos avions ruinaient ce pays, en liaison avec les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Qatar. La liberté et la vie des libyens n'avait aucune importance ; la ruine du pays ne compte pas au regard des enjeux géopolitiques et économiques réellement en jeu lors de ce conflit.

    L'hypocrisie de nos gouvernements et le travail de propagande des médias pour le compte des groupes économiques français dans le dossier libyen doit nous alerter sur le travail identique qui se déroule sur le dossier syrien.

    Au côté du peuple syrien et de son opposition laïque, notamment communiste, nous devons exiger du régime syrien des réformes démocratiques et des réformes économiques qui fassent plus de place au peuple.

    Mais, pour l'avenir du peuple syrien et pour la stabilité politique de la région, nous devons refuser toute ingérence militaire des pays voisins, Israël, la Turquie et le Qatar, comme toute ingérence de l'OTAN, des Etats-Unis et de la France en premier.

    http://andree-oger-pour-deputee.over-blog.com


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  • le Blog de notre Camarade Sylvie Nony, prof au Caire, qui nous apporte non seulement des infos inédites mais aussi et surtout, une analyse des évènements graves qui se produisent en Égypte, en ce moment.

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    Je vous invite avec insistance, à lire tout particulièrement les deux derniers articles :

     Deux Nouvelles
     Coup de Force

    http://bellaciao.org/fr


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  • Syrie 97

     

    Le Qatar, un inquiétant électron libre en Libye

    Arnaud Castaignet

    Sur son blog

     

    Après l'Otan, le Qatar prend en charge la suite des opérations en Libye. Ce qui confirme son rôle déterminant dans la guerre.

    Si la situation reste confuse en Libye, une chose est sûre : le Qatar est probablement le grand vainqueur de l’intervention occidentale. Du soft power grâce à la chaîne Al-Jazeera au hard power par l’envoi des Forces spéciales, l’émirat a su s’imposer comme un acteur majeur de la transition. Au risque de déplaire aux Occidentaux et à de nombreux Libyens…

     

    En public, l’intervention en Libye s’est déroulée dans une parfaite harmonie entre les alliés de la coalition et les katibas sur place. En coulisse cependant, l’activisme du Qatar commence à en agacer beaucoup. Au début du mois d’octobre, le président français, Nicolas Sarkozy, s’est d’ailleurs ému auprès de l'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al-Thani, de la politique poursuivie par Doha en Libye. En cause : le soutien militaire et financier apporté par le Qatar aux combattants libyens les plus islamistes. Ceux-ci suscitent de plus en plus de tensions au sein du Conseil national de transition qui a déjà fort à faire pour canaliser l’influence des prestigieuses katibas de Ismaïl Sallabi et Abdelhakim Belhadj dans la nouvelle Libye.

     

    Nicolas Sarkozy a beau s’appuyer sur le Qatar dans sa diplomatie et sa politique industrielle, les griefs étaient suffisamment importants pour que le président français demande à Hamad bin Khalifa Al-Thani de ne pas menacer l'unité du CNT et de mieux coordonner son action en Libye avec celle des pays occidentaux. En effet, de nombreux membres du CNT apprécient assez peu l’influence grandissante du Qatar en Libye. Le 11 octobre, le ministre des Finances et du Pétrole libyen, Ali Tarhouni, avait évoqué à demi-mot les tensions avec le Qatar, en demandant aux alliés du CNT de « frapper avant d'entrer dans notre maison ».

     

    Les plaintes libyennes viennent principalement du fait que, sur le terrain, les conseillers militaires qataris ont largement privilégié les groupes islamistes, comme ceux d’Abdelhakim Belhaj, d’Ismael Salabi, la Katiba des Martyrs d’Abu Salim, dirigée par Abu Sofiane Qumu, un ancien de Guantanamo ou encore la Katiba Obaida Ibn Jarrah, soupçonné d’avoir assassiné, le 27 juillet 2011, le général Abdul Younes mis en place par Moustafa Abdel Jalil pour tenter d’unifier les Katibas sous sa houlette.


    Dans le Djebel Nefoussa (au sud de Tripoli), les Mukhabarat, le service de renseignement extérieur directement rattaché au palais de l'émir du Qatar, ont participé à la désignation des unités qui ont reçu les missiles antichars livrés par la France. Au total neuf cargaisons ont été parachutées. Une partie des armes reçues par les groupes choisis par les Qataris ont ensuite disparu, mettant à mal le désarmement des milices entamé par le CNT, à ajouter aux « 10 000 missiles sol-air » ayant été perdus en Libye, selon le Spiegel, citant les propos de l'amiral Giampaolo Di Paola, président du Comité militaire qui regroupe les chefs d'état-major des pays de l'Otan.


    Le représentant de la Libye auprès de l’ONU, Mohammed Abdel Rahman Shalgam, déplore lui aussi l’ingérence qatarie dans son pays.


    « Le Qatar a fait partie des pays qui nous ont fourni le plus grand soutien militaire, financier et politique [pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi]. Nous les en remercions (...) Nous ne voulons pas qu'ils gâchent cet exploit par des actes d'ingérence insensés », a-t-il expliqué Mohammed Abdel Rahman Chalgam à Reuters en marge d'une conférence à Tanger.


    Dans les colonnes du journal algérien Alkhabar, Mohammed Abdel Rahman Chalgam s'est montré plus virulent, mettant en garde l’émirat contre « tout accès de mégalomanie, en ayant l’illusion qu’il dirige la région ». « La délégation du CNT a accepté des choses qui lui ont été imposées par le Qatar, et que la majorité des Libyens refuse. La Libye ne sera pas un Emirat relevant de l’émir du Qatar », a-t-il prévenu avant de se montrer plus accusateur, affirmant que l’opération de collecte d’armes en Libye était une « supercherie », car « le groupe chargé de cette opération sous supervision qatarie, va collecter des armes et les redistribuer à d’autres ».

     

    Dans une interview donnée à la chaîne panarabe Al Arabiya, l'ex-président du bureau exécutif du Conseil national de transition, Mahmoud Jibril, est allé dans le même sens, déclarant que les pétrodollars qataris alimentaient « les rivalités et les circuits de désaccords entre les rebelles et les divers courants qui gèrent la période post-Kadhafi, et ce, en répandant la sédition entre les frères libyens ». Certains chiffres commencent à sortir, on évoque ainsi la somme totale de 400 millions de dollars qui aurait été versée par l’émirat.


    Le rôle du Qatar lors de l’intervention en Libye a été bien plus important que celui que l’émirat a d’abord annoncé. Après des mois à assurer que leur soutien n’avait été que logistique et aérien, l’émirat a admis que «des centaines de soldats» avaient aidé et formé les troupes au sol, notamment dans le Jebel Nafusa dès les premières semaines. Le Qatar a mis à disposition de l’Otan huit Mirage 2000 sur les douze qu’ils possèdent. Certains journalistes, comme Georges Malbrunot, avancent même le chiffre de 5000 forces spéciales sur le terrain, d’après les propos du chef d'état-major du Qatar, le général Hamad ben Ali al-Attiya.

     

    Le Qatar est d’ailleurs appelé à voir son rôle devenir de plus en plus important puisque l’émirat prendra en charge «la poursuite des opérations en Libye après la fin de la mission de l’alliance atlantique», a déclaré le général Hamad ben Ali al-Attiya. Selon lui, la nouvelle alliance militaire sur le terrain devrait comprendre 13 pays, dont les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, mais sera chapeautée par le Qatar.


    La présence à long terme du Qatar et des Emirats arabes unis permet de donner un « vernis » arabe à l’intervention de l’Otan et au printemps arabe en général. L’émirat a su jouer très efficacement la carte du soft power grâce à la chaîne Al-Jazeera. La couverture des révolutions arabes par la chaîne qatarie a laissé entrevoir un côté très offensif d'Al-Jazeera chargé de faire porter l’influence de Doha bien au-delà du Golfe.


    Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, les locaux de cette chaîne à Bagdad étaient bombardés par l’armée américaine pendant le conflit irakien. A présent, Al-Jazeera est plébiscitée non seulement par la rue arabe mais également par les Occidentaux, notamment dans sa version anglophone, ce qui lui confère une influence encore plus importante. Cette consécration lui donne un poids diplomatique inédit : sa couverture, ou non, d’une révolution peut attirer l’attention, ou pas, des médias occidentaux. Ainsi, la chaîne ne parle quasiment pas de la répression, organisée en grande partie par l’Arabie saoudite, au Bahreïn, très probablement afin de ménager Riyad.


    Beaucoup ont interprété le départ du directeur général de la chaîne, Waddah Khanfar, le 21 septembre 2011, et son remplacement par Sheikh Ahmed bin Jassim Al Thani, un cousin de l’émir, comme le signe d’une reprise en main de la chaîne par le pouvoir qatari. Comme le relève Yves Gonzalez-Quijano, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, la couverture par la chaîne du conflit libyen relève quasiment de la propagande, l’exemple le plus marquant étant "l’opérette de la liberté" organisée pour le 15e anniversaire d’Al-Jazeera, ou encore l’hébergement de la chaîne privée Libya al-Ahrar (Libya for the free) dans ses locaux de Doha.

     

    Bien sûr, comme le relève Kristian Coates Ulrichsen, spécialiste de politique de sécurité dans le Golfe à la London School of Economics, ce choix de focaliser l’attention médiatique sur les révoltes arabes lui permet également de détourner l’attention du Golfe, où les beaux principes de modernité et d’ouverture qu’il défend sont loin d’être unanimement respectés, Al-Jazeera ne critiquant quasiment jamais le conservatisme régnant au Qatar. Le Qatar se garde d’ailleurs bien de soutenir les mouvements laïcs au bénéfice de l’islam politique.


    Par les armes, la diplomatie, l’argent et/ou les médias, le Qatar s’impose comme le sponsor principal de l’islam politique. On le voit en Tunisie avec ses liens très forts avec le parti Ennahda, avec la bénédiction des Etats-Unis, on le voit également en Libye. Cependant, la situation libyenne diffère un peu car, comme l’a relevé la blogueuse Sarah Ben Hamadi, Ennahda a le soutien des Américains qui pensent depuis longtemps à jouer la carte « Islam et politique » en favorisant l’émergence d’un "AKP tunisien". Sur la scène libyenne, le Qatar soutient des chefs de guerre, anciens djihadistes, comme Abdelhakim Belhaj et Ismaïl Sallabi, allant à l’encontre des intérêts américains.


    Washington a flairé le piège en cooptant le général Khalifa Haftar, ancien exilé aux États-Unis, au poste de chef d'état-major de l'armée, avec pour mission principale d’unifier les dizaines de groupes armés qui refusent de se placer sous le commandement de l'armée régulière. Cette tentative de normalisation a immédiatement provoqué la rage de Belhaj qui a répliqué en réclamant des ministères pour ses combattants en lorgnant tout particulièrement sur le ministère de la Défense. La rivalité entre les Etats-Unis et le Qatar sur le terrain libyen ne fait que commencer.

     

    Arnaud Castaignet

    Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-libye-apres-l-otan-le-qatar-93061572.html


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  • La révolution libyenne vient de pondre son premier gag. Le président du Conseil national de Transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, l’a annoncé aujourd’hui: la charia sera dorénavant la seule loi du pays. Il l’avait déjà dit en septembre. Il vient de le confirmer. L’ordre islamique va régner sur la Libye. Une dictature chasse l’autre.

     

    revolution-Libye.jpgLe printemps arabe cache-t-il un éternel hiver? Les citoyens des pays arabes sont-ils voués à subir l’un après l’autre des régimes autoritaires? Arabie, la tristesse vient ce soir, alors que ce devrait être la joie de la libération. La tristesse de cette révolution de voleurs, de gens qui volent la liberté et imposent sans attendre leur ordre nouveau.

    De quel droit le CNT abroge-t-il la loi civile? Cette loi qui entre autres interdisait la polygamie et autorisait le divorce?

    Femmes libyennes, rentrez dans vos tombes, vous êtes mortes ce soir. Après Kadhafi, c’est vous que le nouveau pouvoir flingue. Vous n’êtes plus rien. Les nouveaux maîtres imposent la nouvelle loi sans aucune légitimité que celle des armes. Personne ne les a élus. Personne ne leur a donné mandat pour changer la législation. Il n’y a même pas de constituante. Il n’y a que quelques individus mis sur le devant de la scène. Les nouveaux voleurs. Ils vont voler et détourner le mot démocratie. Ils n’ont rien à faire de la démocratie. Ils ont été élevés à l’école de Kadhafi. Ils sont dans le même moule.

    La religion n’a pas à gérer l’Etat. La religion gère les relations entre l’individu et un éventuel au-delà. On peut penser que les forces de l’islam sont les seules assez organisées pour assurer un avenir aux pays qui se libèrent. On peut aussi penser qu’il s’agit d’empêcher les peuples de faire l’expérience de la démocratie. On peut se dire qu’à l’instar de la Turquie la démocratie musulmane fait son propre chemin. On peut aussi se dire que sous peu l’Europe sera entourée de régimes inspirés de l’islam et non-démocratiques.
    révolution-lybie2--2836311-L.jpg
    La décision du CNT montre malheureusement ce qui inspire les nouveau dirigeants: ce n’est certainement pas la démocratie, celle dont le pluripartisme et l’Etat laïc sont des signes. La démocratie occidentale n’est pas un simple produit culturel de chez nous. Elle est intellectuellement fondée par des siècles de réflexion et d’évolution. Mais ne nous trompons pas: les nouveaux dirigeants arabes savent très bien ce qu’il en est. La démocratie n’est pas leur tasse de thé.

    Le CNT n’a pas gagné la révolution. Sans l’Otan le sang de ses dirigeants aurait déjà séché dans le désert. Le CNT est un groupuscule qui va rapidement s’enrichir sur le pétrole et contraindre le peuple, avec ses probables gardiens de la révolution est ses tribunaux islamiques.

    Imposer la charia? Cette décision fait bien sûr partie du droit des peuples à disposer d’eux-même. Elle fait aussi partie du droit des peuples à être dirigés par des tyrans.

    Le mépris des dirigeants arabes pour le peuple donne une idée de l’infini.

    Il reste à espérer que dans quelques années ou décennies, les arabes, gens de culture et de philosophie, saturés de cette dictature intellectuelle religieuse qui s’immisce dans l’ensemble de leur vie, rejettent l’islam encore plus fort que nous avons rejeté l’Inquisition sanglante. En attendant ils ne devraient pas rendre les armes. Ils risquent d’en avoir encore besoin pour abattre cette contre-révolution religieuse qui est déjà en marche et s’affiche ouvertement en prônant la charia.

    Il reste aussi à espérer que la petite fille qui brandit sa pancarte où il est écrit: «Nous voulons la liberté» pourra y goûter avant de mourir ou de finir dans les harems des nouveaux dirigeants.

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2011/10/23/libye-le-droit-des-peuples-a-la-tyrannie.html


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  • Pour protéger sa délégation à Benghazi, l’Union européenne a choisi Jean-Pierre Chabrut, ex-responsable du Département protection et sécurité (DPS) du FN. A l’hôtel Tibesti de Benghazi, transformé en nid d’espions depuis le début de la guerre en Libye, ils sont nombreux, ces derniers mois, à être venus graviter autour des chefs rebelles du Conseil national de transition (CNT). ... ...

    La suite de l'article sur Rue89


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