• Le Parti communiste Égyptien salue la chute du dictateur Moubarak qui met fin à la première phase de la Révolution mais appelle à poursuivre la lutte révolutionnaire

    Amérique

    Communiqué du Parti communiste Égyptien

    Traduction JH pour http://solidarite-internationale-pc...

    Le Parti communiste salue le peuple égyptien pour la grande victoire historique conquise sur la dictature et ce régime despotique et corrompu. Ainsi s’achève la première phase de la révolution avec la satisfaction de la principale revendication populaire : la chute du dictateur et de son entourage le plus proche. Cette victoire historique est une victoire pour les peuples arabes et les peuples dans le monde qui aspirent à la liberté, la dignité et la justice sociale.

    Nous rendons hommage aux centaines de martyrs et aux milliers de blessés, ces esprits clairvoyants qui ont ouvert, par le sang et les sacrifices, le chemin qui mène au triomphe de la révolution.

    Tout en rendant hommage aux partis et aux forces qui ont soutenu le peuple Égyptien dans le monde arabe et dans le monde entier, nous nous engageons à poursuivre la Révolution jusqu’à la satisfaction de toutes les revendications populaires, la conquête de nos droits démocratiques, sociaux et nationaux. En trois semaines de révolution, nous avons connu les jours de gloire et les jours difficiles, on a dû faire face aux tentatives de ravalements de façade du système et des forces de la contre-révolution. Seuls la résolution et le courage du grand peuple Égyptien ont permis de mettre en échec ces manœuvres, révélant au grand jour ce que la Révolution doit à notre civilisation et à notre patrimoine historique.

    Une nouvelle ère s’ouvre en Égypte, dans le sang et les sacrifices de ses enfants. Notre peuple continuera à lutter pour récupérer ses droits et obtenir satisfaction dans ses justes revendications pour une vie digne dans un pays libre.

    Vive la révolution! Vive le peuple Egyptien! Amérique

    Parti communiste Egyptien


    De : Solidarité-Internationale-PCF
    samedi 12 février 2011



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    Amérique

    Les manifestations de vendredi s'annoncent encore plus massives que les précédentes. Le fossé grandit entre le pouvoir, soutenu par les militaires, et la rue anti-Moubarak.

    L'armée égyptienne a annoncé ce vendredi matin qu'elle se portait garante des réformes promises par le président Hosni Moubarak, en appelant à un retour à la normale dans le pays et en mettant en garde contre toute atteinte à la sécurité de l'Egypte. Dans "le communiqué numéro deux" du conseil suprême des forces armées, lu à la télévision publique par un présentateur, l'armée a également assuré qu'elle garantirait des "élections libres et transparentes", au lendemain de l'annonce par Hosni Moubarak, qu'il déléguait ses prérogatives à son vice-président.

    Le conseil de défense assure qu'il garantira la tenue d'"élections présidentielles libres et transparentes à la lumière des amendements constitutionnels décidés" et "met en garde contre toute atteinte à la sécurité de la nation et des citoyens". Il souligne enfin "la nécessité d'un retour au travail dans les établissements de l'Etat et le retour à la vie normale".

    Le fossé vient donc de s'agrandir entre le pouvoir en place, soutenu désormais par les militaires, et des dizaines de milliers de personnes qui rejoignent progressivement les manifestations monstres prévues dans toutes les villes du pays. Au Caire, les opposants à Moubarak occupent non seulement la place Tahrir, mais aussi les rues près du Parlement. Des rassemblements se sont également formés en matinée devant le palais présidentiel et l'immeuble de la télévision d'Etat.

    Place Tahrir, beaucoup arborent une attitude de défi après la déception de la veille provoquée par l'annonce du chef de l'Etat qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président mais sans démissionner, déclenchant la fureur des manifestants. "Trente ans après, on est fatigué de l'écouter, tout ce qu'on veut entendre, c'est qu'il va partir", affirme Mohammad Ibrahim, un instituteur de 42 ans venu d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, au 18e jour de la révolte. "Nous espérons qu'il y aura suffisamment de monde pour convaincre l'armée de le pousser à partir", dit-il.

    Des centaines de milliers de manifestants sont attendus dans la journée après la prière du vendredi.

    [EN DIRECT] Egypte, journée décisive pour Moubarak ?

    printempsarabe11h15: Dans un deuxième communiqué, le Conseil suprême des forces armées a appelé les manifestants à quitter les rues et à mettre un terme aux rassemblements qui durent depuis le 25 janvier.
    11h10: Rassemblement à Alexandrie
    Plusieurs manifestants sont également rassemblés à Alexandrie. Selon le correspondant de la chaîne Al Jazira anglaise, la foule devrait s’étoffer davantage après la prière.
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  • Le président Hosni Moubarak devait s'adresser à la nation ce jeudi soir alors que des dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place Tahrir au Caire étaient survoltés à la suite d'intenses spéculations sur son départ imminent du pouvoir. Auparavant, la télévision d'Etat avait précisé qu'il s'adresserait à la nation "du siège de la présidence au Caire". Dans la soirée, le président s'était réuni avec le vice-président Omar Souleimane avant de rencontrer le Premier ministre Ahmad Chafic, selon la télévision. L'armée a annoncé de son côté qu'elle examinait les "mesures" nécessaires "pour préserver la nation" et "appuyer les demandes légitimes du peuple", faisant vaciller le régime déjà fortement fragilisé de M. Moubarak, au pouvoir depuis 1981. A Washington, le directeur de la CIA Leon Panetta a jugé "fort probable" le départ prochain du raïs estimant qu'Omar Souleimane était le remplaçant vraisemblable du président Moubarak.

    Á la BBC Arabic, le secrétaire général du parti au pouvoir, Hossam Badrawi a déclaré "qu'il s'attendait à ce que le président réponde aux revendications du peuple parce que ce qui lui importe à la fin c'est la stabilité du pays, le poste ne lui importe pas actuellement". Interrogé sur une éventuelle apparition du président Moubarak vendredi pour annoncer une décision à ce sujet, le secrétaire général du parti a indiqué: "cela pourrait être avant cela". Selon la chaîne américaine NBC news, Moubarak quittera le pouvoir ce soir, et Omar Souleiman, le vice-président, prendrait sa succession.

    Ambiance survoltée place Tahrir

    Les manifestants étaient survoltés, après des rumeurs faisant état d'une démission imminente du président Hosni Moubarak. Ils scandaient "L'armée et le peuple sont unis" ou encore "A bas Moubarak". Alors que l'armée égyptienne a annoncé dans un communiqué examiner les "mesures" nécessaires "pour préserver la nation" et "pour appuyer les demandes légitimes du peuple", aucun mouvement de troupes n'était enregistré aux abords de la place.

    La foule continuait à affluer vers cette place devenue le symbole des manifestations réclamant, depuis plus de deux semaines, le départ de Moubarak.

    Le fil de la journée

    Au 17e jour du soulèvement contre Hosni Moubarak et malgré la menace du pouvoir de faire intervenir l'armée en cas de "chaos", les protestataires scandaient dès le petit matin "Le peuple veut faire tomber le régime", leitmotiv de la contestation.

    "Alaa (fils aîné du président), dis à papa qu'un quart de siècle, ça suffit !", criaient-ils place Tahrir, occupée jour et nuit et devenue le symbole du mouvement. Selon notre envoyé spécial au Caire, de nouveaux panneaux ont fait leur apparition place Tahrir : "François Fillon, rembourse-nous l'argent du peuple !". Reportage à lire dans l'Humanité d'aujourd'hui. Beaucoup portaient des photos de "martyrs" tombés lors des violences qui ont fait environ 300 morts selon un bilan de l'ONU et Human Rights Watch depuis le début du mouvement.

    Á Port-Saïd (nord-est), des manifestants ont saccagé le siège de la police, après en avoir fait de même la veille avec le gouvernorat. Environ 3 000 personnes venues du bidonville de Zizara ont envahi le bâtiment avant de mettre le feu à des véhicules de police et à des voitures personnelles de policiers. Les manifestants, qui vivent pour la plupart dans des cabanes en bois, réclament depuis 15 ans un logement décent.

    Selon le groupe Human Rights Watch (HRW) et des militants égyptiens des droits de l'homme, des dizaines de manifestants sont détenus par l'armée. ->Á lire ici.

    Des protestataires ont passé la nuit sur les deux bords de la chaussée menant au Parlement, et jeudi matin, les deux entrées de cette route étaient bloquées. "Non à Souleimane!", le vice-président (ex-chef des services secrets), "Non aux agents américains", "Non aux espions israéliens", "A bas Moubarak", scandaient-ils. Des centaines de manifestants avaient encerclé mercredi le Parlement et le siège du gouvernement, situés face à face dans le centre du Caire.

    Le calme semblait être revenu jeudi à El Kharga, une ville à 400 km au sud du Caire, où cinq personnes, blessées la veille dans des heurts entre manifestants et policiers qui ont fait usage de balles réelles, sont décédées, selon des sources médicales. Il y a aussi eu une centaine de blessés.

    Mardi, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés place Tahrir au centre du Caire pour marquer la troisième semaine du mouvement de contestation sans précédent réclamant le départ du président Hosni Moubarak. ->Le reportage de notre envoyé spécial.

    Lundi, de nombreux manifestants qui avaient encore campé dans la nuit sur la grande place du centre de la capitale ont été rejoints par un flux croissant d'autres protestataires qui refusent le dialogue engagé sous l'égide du vice-président Omar Souleimane par le nouveau gouvernement de Moubarak. "Je suis venu ici pour la première fois aujourd'hui parce que ce gouvernement est un échec. Moubarak rencontre toujours les mêmes visages répugnants. Il n'arrive pas à croire que c'est terminé. C'est un homme très borné", a confié Afaf Naged, un administrateur à la retraite de la Banque nationale d'Egypte. ->Le reportage de notre envoyé spécial.

    Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts entre policiers et manifestants durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro et anti-Moubarak le 2 février, ont fait au moins 300 morts, selon un bilan non confirmé de l'ONU, et des milliers de blessés, selon des sources officielles et médicales.

    Également dans l'Humanité d'aujourd'hui : un entretien exclusif avec Mohammed Mehdi Akef, numéro un des Frères musulmans.


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    Après le "Jour du départ" et les manifestations monstres de vendredi, la mobilisation de l'opposition ne faiblit pas à l'encontre de Hosni Moubarak qui s'accroche au pouvoir.

    Heure par heure

     09h30. Rien n'a filtré de la réunion du président égyptien Hosni Moubarak avec  le Premier ministre Ahmed Chafik et ses principaux ministres chargés des questions économiques au sein du nouveau gouvernement: le ministre des Finances, celui du Pétrole et celui du Commerce et de l'Industrie, accompagnés du gouverneur de la banque centrale.

    09h00. Des dizaines de manifestants tentent d'empêcher les chars de l'armée déployés sur la place Tahrir, au Caire, de quitter ce lieu symbole du mouvement de contestation contre le régime d'Hosni Moubarak, par crainte de nouvelles violences de la part des pro-Moubarak.

    8h15.  Près de la ville d'El Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, un gazoduc qui relie l'Egypte à Israël a subi une explosion, selon la télévision publique égyptienne. L'approvisionnement du gazoduc a dû être coupé par l'armée à la suite de cet attentat.

    02h. Ahmed Mohammed Mahmoud, un journaliste égyptien du quotidien gouvernemental al Ahram qui suivait les manifestations contre le président Hosni Moubarak, est décédé des suites de ses blessures. Il avait été blessé d'une balle dans la tête alors qu'il filmait depuis le balcon de sa maison des manifestations le 29 janvier.

     

    Ce que nous pouvons faire pour l’Égypte

    Les meutes de nervis lancés par le pouvoir contre le peuple égyptien ne font pas plier l’opposition. Elle fait toujours du départ du dictateur le préalable à des négociations. La stratégie de la terreur finit toujours par se retourner contre ceux qui la manient et le sang fortifie les colères après avoir glacé d’effroi. Dans l’entourage de Moubarak, les réflexes demeurent. Avant-hier, la télévision a dénoncé les journalistes étrangers qui ont été immédiatement en butte à des arrestations et à des assignations à résidence. Ce fut le cas de l’envoyé spécial de l’Humanité sur la place Tahrir, le chaudron de la contestation et l’épicentre des affrontements. Il est bien difficile pour le vieux raïs de raviver des ressorts nationalistes quand c’est du cœur des peuples que montent les solidarités tandis que les chancelleries atermoient. Washington accompagne le mouvement, puisqu’il ne peut le freiner, mais il n’use pas de tous ses moyens de pression, notamment sur l’armée. Moubarak n’était-il pas son chargé de pouvoir au Proche-Orient ? Quant au gouvernement français, il continue à faire profil bas. Notre journal a publié hier les preuves des leçons données aux forces de répression égyptiennes par des instructeurs français sur « la gestion des foules » avec « exercices diurnes et nocturnes en zone urbaine ». Est-ce ce « savoir-faire » transmis avec l’autorisation de MM. Kouchner et Hortefeux que des policiers déguisés en casseurs mettent en œuvre contre les foules cairotes ?

    « Les révolutions, écrivait Victor Hugo, sortent, non d’un accident, mais de la nécessité. » Une époque a sans doute fait son temps. L’impérialisme américain voit aujourd’hui trente ans d’efforts pour mettre en place « une ceinture verte », où la menace islamiste étoufferait le mouvement progressiste dans les pays arabes, partir en fumée. Ces peuples si longtemps éprouvés par le colonialisme européen qui avait pris la suite des Ottomans ne se résolvent plus au choix binaire – « les barbus ou la dictature » – qui leur était imposé. Les jeunes, au premier rang des manifestants, réclament de vivre pleinement une vie où se marient le pain et le jasmin, la liberté et les droits sociaux. Ils ne rêvent pas, comme l’ont fait d’autres peuples il y a vingt ans, aux mirages de la mondialisation libérale. En effet, l’aspiration à la justice sociale qui se heurte aux oligarques et aux corruptions est immense. Beaucoup savent que les délocalisations industrielles ordonnées par les multinationales et qui les emploient vivent de leur précarité et de leur exploitation. Les privatisations ont semé la pauvreté et la prospérité promise n’a pas germé.

    Par ailleurs, le modèle de l’islamisme, qui a trouvé son apogée dans al-Qaida, a fait long feu. La toute-puissance et le rayonnement de l’empire américain ont décliné. Les manifestants espèrent une nouvelle voie, en dehors des règles du FMI qui les ont affamés et de la charia qui opprime d’autres jeunes, comme ceux d’Iran qui leur ressemblent.

    « Ce que nous avons commencé ne pourra pas être remis en cause », assurait dimanche soir le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei. Le parti du dictateur – hélas membre de l’Internationale socialiste – et le réseau de ses hommes de main jettent aujourd’hui toutes leurs forces dans la bataille pour que la nuit retombe sur Le Caire et Alexandrie. Les peuples du monde, par leur solidarité et leurs pressions sur leurs gouvernements, peuvent aider à mettre en échec cette sinistre entreprise. Notre journal s’y emploie.

    Patrick Apel-Muller

     

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    L’histoire s’écrit devant nos yeux, s’accélère, se précipite. Quinze jours seulement ont passé depuis que le peuple tunisien a fait « dégager » un dictateur qui croyait avoir souscrit 
un bail à vie dans le palais de Carthage, et pourtant 
le règne de Ben Ali paraît une vieille histoire. Et voilà que les marées humaines du Caire, de Suez et d’Alexandrie poussent vers la sortie de la scène politique un président en place depuis trente ans. La journée d’hier restera dans la mémoire de l’Égypte comme un jalon dans la marche du peuple vers une nouvelle république, une souveraineté réelle sur son propre destin.

    Il est des événements qui prennent soudain place dans l’histoire. Le 1er février 2011, jour 
de cette manifestation d’une puissance inégalée, tranquille et pacifique, contre laquelle l’armée n’est pas intervenue, est appelé à figurer parmi les grandes dates du calendrier. Les manifestants d’aujourd’hui sont, 
qu’ils en aient conscience ou non, les héritiers 
de Nasser, du Mouvement des non-alignés, 
de la prise de souveraineté sur le canal de Suez qui fit trembler alors les gouvernements occidentaux. C’était l’époque où l’Égypte s’engageait dans une voie d’émancipation, le temps d’avant Sadate, avant qu’elle 
ne devînt une pièce maîtresse de la stratégie des États-Unis au Moyen-Orient.

    De quelque manière que se dessine la suite des événements, quelques enseignements peuvent en être tirés. Ne voir qu’un effet domino dans l’enchaînement des mouvements populaires en Tunisie 
et en Égypte, ainsi que dans les aspirations 
au changement qui sourdent ou apparaissent au grand jour dans d’autres pays, entre Maghreb et Moyen-Orient, serait une erreur. On ne saurait calquer la situation politique de la Tunisie sur celle de l’Égypte, ni celle du Maroc sur celle du Yémen ou de la Jordanie. État policier et maffieux à Tunis, régime autoritaire à forte influence militaire au Caire, monarchies plus ou moins constitutionnelles à Rabat et à Amman… Mais tous 
ces pays ont à la fois un déficit de démocratie et ont 
dû adopter un modèle de développement néolibéral qui laisse dans le fossé des millions d’« oubliés », de jeunes sans emploi, qui prive les pays de protection sociale efficace, de services publics et d’infrastructures de qualité. Hier, Dominique Strauss-Kahn a déclaré que le FMI est prêt à aider l’Égypte, mais le même avait invité, l’an passé, les dirigeants du Caire à poursuivre dans la voie des libéralisations…

    Ce n’est pas un hasard si le soulèvement populaire égyptien survient à un moment 
où le marché du travail ne peut répondre aux besoins 
des générations 1980 à 1990, années de forte natalité, alors qu’une bourgeoisie d’affaires ou liée au pouvoir affiche un standard de vie identique à tous les autres gagnants de la mondialisation. C’est pourquoi, 
un peu partout, les oligarchies sont contestées dans des mots d’ordre exigeant dans un même mouvement 
la démocratie et la justice sociale. Après ceux de Tunis, les manifestants du Caire sont en train de montrer au monde qu’il y a, dans les pays arabo-musulmans, une recherche d’alternative politique en dehors de l’autoritarisme de despotes en uniforme ou de l’obscurantisme de la théocratie. Qu’un autre choix existe entre la caserne et la mosquée. Les théoriciens de la « guerre des civilisations », chère à George Bush, font enfin piètre figure.

    Après ceux de Tunis, les manifestants sont en train de montrer au monde qu’un autre choix existe entre la caserne 
et la mosquée.

    Par Jean-Paul Piérot

    Egypte : le"jour du départ" en direct

    Au moins huit personnes ont été tuées et plus de 800 blessées mercredi et jeudi matin dans les violences entre les deux camps. Plus de 300 personnes ont péri la première semaine de la contestation, selon un bilan non confirmé de l'ONU.

    Après dix jours de mobilisation, le mouvement de contestation appelle à de nouvelles manifestations aujourd'hui, jour de prière en Egypte. Les opposant espère en faire le"jour du départ" du président Hosni Moubarak.

    Heure par heure

    11h05. "Je veux lui apprendre la démocratie, c'est maintenant ou jamais". Des milliers de personnes affluaient vendredi vers la place Tahrir au Caire, où le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui s'est pour la première fois adressé à la foule. Sur deux files de plus de 500 mètres de long, des milliers de personnes faisaient la queue en fin de matinée à un barrage militaire pour accéder à la place. Les partisans du président, présents en force ces derniers jours près de la place Tahrir, n'étaient pas visibles. Les soldats fouillaient méticuleusement les manifestants, qui devaient ensuite subir le contrôle de comités populaires s'assurant que personne n'était armé. "Je n'ai pas peur d'être là avec mon fils, je ne l'exposerai jamais à un vrai danger, je sais que c'est très sûr à l'intérieur" de la place Tahrir, a affirmé à l'AFP Inji, 34 ans, qui faisait la queue avec son fils Abdallah de 11 ans. "Je veux lui apprendre la démocratie, c'est maintenant ou jamais", précise-t-elle.

    10h50. Une roquette antichar a été tirée vendredi sur le siège de la Sécurité de l'Etat dans la ville égyptienne d'El-Arich, près de la frontière de la bande de Gaza, a-t-on appris auprès d'une source au sein des services de sécurité et de témoins.

    Rassemblement de soutien devant l'ambassade d'Egypte à Paris, cet après-midi

    10h10. Le réalisateur israélien Amos Gitaï veut "rester optimiste" sur l'évolution de la situation en Egypte, estimant que le temps de la démocratisation "est venu" dans le monde arabe, a-t-il déclaré à l'AFP. "J'espère que cela va finir comme un processus de démocratisation des différentes sociétés du monde arabe", a dit M. Gitaï. "Je crois que le temps est venu et que cela ne va pas être pris en otage par d'autres théocraties ou autocraties", a dit Amos Gitaï.

    9h50. Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui s'est rendu ce matin place Tahrir, épicentre de la contestation contre le régime où des milliers de personnes réclament le départ du président Hosni Moubarak, a annoncé la télévision publique.

    Notre dossier : Egypte : le grand défi

    9h35. Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a jugé vendredi "absolument essentiel" que les autorités égyptiennes démarrent sans tarder le dialogue avec l'opposition pour sortir de la crise actuelle.

    8h45. Quinze heures d'interrogatoires pour l'équipe de TF1 libérée. Les membres de l'équipe de TF1 arrêtés jeudi matin au Caire avant d'être libérés "au milieu de la nuit" de jeudi à vendredi "vont bien physiquement" après avoir vécu "quinze heures d'interrogatoires", a indiqué Catherine Nayl, directrice de l'information de la chaîne. "Ils ont été relâchés au milieu de la nuit dans un hôtel où se trouvaient d'autres journalistes", a-t-elle indiqué. L'équipe de TF1 avait été arrêtée jeudi matin par des hommes en civil armés et conduite vers un lieu indéterminé, selon la chaîne.

    Aujourd'hui, numéro spécial Egypte dans l'Humanité

    Cette nuit.

    Le président égyptien Hosni Moubarak a assuré à la chaîne de télévision américaine ABC qu’il aimerait quitter le pouvoir mais qu’il ne peut le faire par crainte du chaos qui s’installerait alors dans son pays. Moubarak a dit qu’il "en avait assez d’être président et qu’il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu’il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos".

    Les Etats-Unis discutent avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane, rapporte le New York Times. Le vice-président égyptien a par ailleurs déclaré à la chaîne américaine ABC que l'armée déployée en renfort n'utiliserait "jamais" la force contre la population.

    Récit de la journée de jeudi


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    Le président égyptien a annoncé qu'il resterait en poste jusqu'à l'élection présidentielle de septembre prochain malgré le million de manifestants qui a réclamé son départ lors des marches géantes de mardi.

    Rien n'y a fait. Même pas le million de manifestants, voire plus, de la Marche géante organisée par l'opposition égyptienne dans toutes les grandes villes du pays, ce mardi, pour obtenir le départ du pouvoir d'Hosni Moubarak. L'actuel président dictateur a annoncé mardi soir qu'il restera en poste jusqu'à l'élection présidentielle de septembre prochain.

    Dans une allocution télévisée, le Rais a fait mine de lâcher du lest en expliquant qu'il ne sollicitera pas de nouveau mandat présidentiel, lui qui est au pouvoir depuis 1981. Il a aussi annoncé que le Parlement égyptien se pencherait sur des amendements à la constitution du pays, pour limiter le nombre de mandats présidentiels, assouplir les règles d'éligibilité aux scrutins et faire en sorte que les partis d'opposition puissent participer au scrutin. Mais c'est un discours ferme qu'il a tenu lorsqu'il a demandé que cessent les pillages qu'il a attribués à des manifestants "manipulés par des forces politiques". Il a rappelé le remaniement ministériel auquel il a procédé entre samedi et lundi et souligné qu'il avait demandé à son nouveau vice-président, Omar Souleymane, de mener un dialogue avec l'opposition. Il a surtout assuré qu'il "mourra sur le sol égyptien". Circulez, il n'y a donc plus rien à voir.

    La situation égyptienne est donc bloquée puisque les forces d'opposition relayés par les manifestants réclament toutes le départ de Hosni Moubarak comme condition préalable à l'établissement d'un gouvernement de transition qui aurait pour mission de préparer des élections présidentielles et législatives libres.

     

    A lire, notre récit de la Marche géante de mardi

    S.G.


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    Deux millions de manifestants étaient rassemblés mardi place Tahrir au Caire pour la "marche du million"

    Dictature, 
pauvreté, Palestine, les ingrédients 
de révolutions.

    L’onde de choc de la liberté et de l’aspiration à la démocratisation et à la justice parcourt le monde arabe. De Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, de Jordanie, du Yémen, les jeunesses, les travailleurs, les pauvres sortant des bidonvilles bravent, avec un admirable courage, des dirigeants autocrates, cupides, corrompus, accapareurs, exploiteurs, protégés par des polices armées de balles nord-américaines ou européennes.

    En Tunisie et maintenant en Égypte, 
les peuples prennent conscience que leur unité 
et leur force sont supérieures à celle des régimes 
qui les ont dominés depuis tant d’années. Comme 
jadis dans les pays de l’Est, l’arsenal répressif, 
policier, judiciaire le plus puissant ne peut empêcher 
le renversement des régimes antidémocratiques, 
autoritaires et dictatoriaux. Nous souhaitons cependant que, à l’opposé des pays de l’Est, ce ne soit pas 
le capitalisme le plus débridé, avec de nouveaux oligarques tout aussi autoritaires, qui soit choisi. 
Derrière le prétexte 
d’une prétendue stabilité de cette partie 
de la planète, il y a 
la volonté de préserver coûte que coûte 
un ordre capitaliste qui tire sur les foules. L’intolérable islamisme intégriste 
leur sert de repoussoir et de justification, alors qu’il trouve son terreau dans une pauvreté qui condamne 
près de la moitié des Égyptiens à vivre avec moins
de deux dollars par jour, sous le joug de régimes autoritaires et militarisés.

    La crise mondiale et la spéculation, qui renchérit anormalement les prix alimentaires, auront accéléré le déclenchement des révolutions. 
La stratégie de la peur développée par au moins deux régimes, à Tunis et au Caire, vient de se retourner 
contre ses dirigeants, qui ne devaient leur salut qu’à des élections truquées et à la complicité des États-Unis 
et des institutions européennes. Ces prétendues « démocraties » occidentales qui auront tout fait pour couvrir ces régimes. Elles n’empêcheront pas les peuples de faire l’histoire. Ceux-ci ne doivent pas non plus 
se laisser impressionner par l’oligarchie capitaliste qui vient, avec ses agences de notation, d’abaisser la note de la Tunisie. Plutôt une dictature protégeant le capital que la liberté, disent-elles. De même, le changement d’orientation de la diplomatie française envers le monde arabe, opéré par M. Sarkozy, se révèle extrêmement néfaste pour la France comme pour ces peuples amis. 
Les appels de M. Sarkozy à M. Moubarak pour 
qu’il améliore son régime ne sont qu’une duperie 
de plus. Comment croire que les mêmes dirigeants puissent faire aujourd’hui ce qu’ils refusent 
de faire depuis trois décennies ?

    Les humiliations, les dominations, les guerres infligées aux Palestiniens ont leur part aussi dans les mouvements populaires arabes, qui n’en peuvent plus des silences et complicités de leurs gouvernants. Au cœur même de ces révolutions se joue un bras de fer pour sauver le capitalisme. Les États-Unis et les forces de l’argent y sont très actifs. Puissent ces peuples trouver par eux-mêmes, avec leurs organisations syndicales, démocratiques et progressistes, des voies originales 
de changement et d’émancipation comme l’expérimentent les peuples latino-américains.

    L’onde de choc aura de multiples conséquences dans ces pays, mais aussi sur les politiques européenne et mondiale. Elle nous concerne très directement. Nous en sommes solidaires.

    Patrick Le Hyaric


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  • ImageDes incident ont éclaté devant le bureaux du Premier ministre du gouvernement de transition controversé alors que des manifestants ont passé la nuit devant le palais à Tunis.

    Des manifestants ont jeté lundi matin à Tunis des pierres et des bouteilles sur des policiers anti-émeutes qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. Ces incidents se sont produits alors que des policiers anti-émeutes tentaient d'exfiltrer des fonctionnaires du siège du gouvernement du Premier ministre Mohammed Ghannouchi. Des dizaines de manifestants, qui avaient passé la nuit sur place, se sont précipités vers eux en courant, provoquant un mouvement de foule.

    La mobilisation ne faiblit au contraire, dimanche des millier de jeunes ruraux venus des bastions de "la révolution du jasmin", dans le centre-ouest de la Tunisie, ont débarqué dans la capitale au sein d'une "Caravane de la libération", avec la ferme intention de n'en repartir qu'après avoir obtenu la tête du gouvernement. Des centaines d'entre eux ont bravé le couvre-feu pour camper dans la nuit glaciale de Tunis devant le siège du gouvernement.

    Ecoliers, collégiens et une partie des lycéens doivent reprendre le chemin des classes, fermées depuis le 10 janvier, quatre jours avant la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite. Mais le syndicat des enseignants du primaire a appelé à une "grève générale illimitée" dès aujourd'hui, pour exiger un nouveau gouvernement débarrassé de tout ministre de l'ère Ben Ali, qui a régné d'une main de fer sur le pays pendant 23 ans.


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  • Image"Un mois, deux mois, trois mois! Jusqu'à la chute du régime !". Criant leur détermination, des milliers de Tunisiens, dont des jeunes venus du centre frondeur et déshérité du pays, ont entamé dimanche à Tunis le siège du palais de la Kasbah, qui abrite le Premier ministre.

    "Le peuple vient faire tomber le gouvernement", proclame une banderole accrochée aux grilles du bâtiment, témoignant de la défiance de la rue à l'égard des autorités de transition, dominées par des caciques de l'ancien régime.

    Une semaine après la chute du dictateur Ben Ali, la colère des Tunisiens ne faiblit pas. Partis du centre du pays, samedi matin, la "caravane de la libération" a rejoint la capitale dimanche matin. "Le peuple vient faire tomber le gouvernement", scandaient des manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes qui ont rejoint la capitale en alternant marche et trajets en véhicules. "Nous sommes venus de Menzel Bouzaiane, de Sidi Bouzid, de Regueb pour faire tomber les derniers restes de la dictature", a expliqué un vieil homme drapé dans un drapeau tunisien, Mohammed Layani.

    Arrivés dans le centre de Tunis vers 07h30, les manifestants ont remonté l'avenue Habib Bourguiba, artère centrale et symbolique de la ville où se déroulent des manifestations quotidiennes, avant de s'installer pour un sit-in devant le ministère de l'Intérieur, où ils ont déployé un vaste portrait de Mohammed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits qui s'était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre-ouest), déclenchant les premiers mouvements de révolte qui allaient aboutir près d'un mois plus tard à la chute du régime.

    La rue tunisienne proteste quotidiennement contre la mainmise de caciques de l'ancien régime sur le gouvernement de transition formé lundi.

    La "Cararvanede la libération" devait à l'origine rejoindre Tunis à pied, en quatre ou cinq jours, mais les marcheurs ont expliqué dimanche qu'il n'y avait "pas de temps à perdre pour faire tomber le gouvernement". Ils étaient environ 300 au départ samedi matin de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale, et en chemin, ils ont été rejoints par des centaines de manifestants. Avant d'arriver en centre-ville, les manifestants étaient suivis d'un convoi hétéroclite de camions, voitures, motos, camionnettes.

    Cette manifestation, selon des témoignages, a été organisée de manière spontanée par des jeunes de la région. Des syndicalistes et des militants des droits de l'homme ont décidé de se joindre à leur mouvement.

    http://humanite.fr/23_01_2011-tunisie-la-caravane-de-la-libération-assiège-le-palais-de-la-kasbah-463058


    Spécial Tunisie
    La chronique de Taoufik Ben Brik : "foutez le camp, tout le monde est au courant !"

    Journaliste

    À qui le tour ? En quatre semaines, la révolution du 14 janvier est venue à bout d’un dictateur considéré, longtemps, comme inamovible. Après «Ben Ali dégage !», la rue scandait : «RCD [parti au pouvoir], dégage !» À 13 heures tapantes, sur l’avenue Mohamed-V, une foule noire a occupé le siège du parti. Mais est-ce qu’on l’a effacé définitivement de la carte politique du pays ? Attendons voir… D’autres poches du régime résistent. Pour qui sonne le glas ?

    La partie est serrée. Les mariols de l’ancien régime veulent sauver leurs dernières couilles, du moins ce qu’il en reste. Une évacuation sur un balai, comme les sorcières, via l’Arabie saoudite, pour rejoindre Ben Ali déchu, ne les intéresse pas. Ils ont une meilleure planque : Carthage. Ils s’y plaisent.

    Dans le sauve-qui-peut, parmi les crabes, un Machiavel, certainement Abdewahab Abdallah, magouille : «Si on te bouscule et que tu tombes, dis que tu glisses.» La glissade ici, c’est croire et faire croire que d’ailleurs surgira un pire au carré, un pire à la puissance X ; que tout péril en cache un autre, plus ventru.

    Sonnons le glas de la Sécuritate, provoquons le jour d’après. Faisons-leur croire que Ben Ali contre-attaque. Décrétons le désordre pour rétablir l’ordre. Promettons-leur la vie sous terre, barricadés dans leur 90 m2. Le samedi d’après le jeudi 14 janvier, les hélicoptères mitraillent des voitures de location, les militaires sont appelés au secours d’une population aux abois.

    Les sirènes de détresse s’arment et s’alarment. Les déflagrations ébranlent Tunis City et son édifice. Rabbi, Dieu, qu’est-ce qui arrive ? Alzelzel, la terre qui déjante ? Mon Dieu, c’est terrible, la tempête, la grande tempête.

    Mohamed Ghannouchi, Premier ministre toujours et pour toujours, prononce à El Jazira son discours de circonstance : « Au nom de Dieu, clément et miséricordieux, citoyens, citoyennes, patientez et faites patienter, Dieu est avec les patients. Résignez-vous et faites se résigner, Dieu est avec les résignés. La Tunisie est en danger. Restez chez vous jusqu’à nouvel ordre. »

    Deux jours durant, Tunis ville était libérée des enfants de la balle. Sans occupants. Vaste. La Metropolis, vaste, de Fritz Lang. Les grabataires ont été piqués. Il faut éradiquer la rage.

    Quant aux anciens caciques du régime, ils sont au dehors, les mains libres, avec des collabos triés sur le tas, Néjib Chebbi, Mustapha Ben Jaafar, Ahmed Ben Brahim, pour garder le magot, magouiller et faire rouler le guignard du casino.

    Mais les chababs, le lundi d’après le jeudi 14, reviennent d’où ils viennent et crient : « Vous êtes confondus. Foutez le camp, tout le monde est au courant ! »

    Jeudi 20 janvier, le pays manifeste, de Bizerte à Borj El Khadhra : « RCD, dégage ! » Le parti État, l’antre de tous les maux du pays (régionalisme, dictature, clientélisme, affairisme, corruption), est aussi l’entonnoir des caciques qui tenaient et tiennent encore les rouages du système Ben Ali. La révolution continue… se bat sur un nouveau front : l’intox.

    http://humanite.fr/20_01_2011-la-chronique-de-taoufik-ben-brik-foutez-le-camp-tout-le-monde-est-au-courant-462965

     

     


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