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Par Pcautunois le 20 Février 2013 à 22:52
Le PCR écrit à Najat Vallaud-Belkacem :
« La situation est explosive »Dans une lettre ouverte adressée à la ministre des Droits des femmes, Porte-parole du gouvernement, le Parti communiste réunionnais attire l’attention de la ministre sur la gravité de la situation sociale à La Réunion. Najat Vallaud-Belkacem doit en effet venir en visite à La Réunion à la fin de la semaine.Après la dispersion du barrage par la répressionLa manifestation se transforme en émeute
20 février Manuel MARCHAL
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Par Pcautunois le 22 Mai 2012 à 22:33
Ghislaine est relaxée. elle avait le droit d’écrire et de dire : "An band béké profité, volé, Nou ké fouté yo deho !" (Chronique ouvrière 21/05/2012)
Ghislaine JOACHIM-ARNAUD avec les personnels hospitaliers martiniquais
Les circonstances dans lesquelles Ghislaine JOACHIM-ARNAUD, secrétaire générale de la CGTM, a été convoquée à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Fort- de-France pour « provocation à la discrimination, à la haine, à la violence à l’égard d’un groupe de personnes, en l’occurrence les békés à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation ou une race déterminée » ont déjà commentées sur le site de Chronique Ouvrière.
D’abord, dans une interview mis en ligne le 6 novembre 2010, qui a donné l’occasion à Ghislaine JOACHIM-ARNAUD de nous faire part de sa conviction que « Le 15 décembre prochain, les békés veulent un procès colonial pour faire payer le mouvement de février et mars 2009 ».
Ensuite, dans un commentaire de Marie-Laure DUFRESNE-CASTETS et de Pascal MOUSSY, mis en ligne le 8 mars 2011, « Actualités coloniales. Aujourd’hui, à Fort-de-France, ne pas se laisser exploiter en silence coûte 5001 € ».
Depuis lors, une nouvelle péripétie est intervenue dans l’affaire de Ghislaine. Le 3 mai 2012, la Cour d’appel de Fort-de-France a infirmé en toutes ses dispositions le jugement colonial qui avait été prononcé par le Tribunal correctionnel de Fort-de-France.
Pour entrer en voie de condamnation, les premiers juges s’étaient (un peu laborieusement) employés à expliquer pourquoi ils retenaient comme fondée l’accusation de provocation à la discrimination raciale.
Les conclusions d’appel, ainsi que les plaidoiries des quatre défenseurs de Ghislaine, ont fait ressortir que les propos incriminés ne mettaient aucunement en cause une personne ou un groupe de personnes à raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, mais un groupe social économiquement dominant, constitué à la Martinique par les békés ou les grands patrons de la région.
Les magistrats de première instance ont été critiqués en ce qu’ils n’ont pas voulu entendre les explications de la dirigeante syndicale qui a précisé que lorsque les manifestants chantent « dewo », cela signifie « hors du pouvoir économique » et non pas « hors de la Martinique ».
Il a été souligné, dans les conclusions d’appel, que l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui affirme le droit à la liberté d’expression, ne laisse guère de place pour les restrictions à cette liberté dans le domaine du discours politique. Il a été relevé que la phrase incriminée fait désormais partie « des symboles de la lutte contre l’exploitation ». « Ghislaine JOACHIM-ARNAUD était invitée dans le cadre d’une émission politique pour s’exprimer en sa qualité de personnalité syndicale et politique, elle était donc parfaitement légitime à prononcer cette phrase symbolique faisant désormais partie du libre jeu du débat politique » (p. 10 des conclusions d’appel).
La Cour d’appel a accueilli les critiques formulées à l’encontre de la condamnation prononcée par les premiers juges et a relacé Ghislaine, après avoir considéré que « le texte écrit par la prévenue ne dépasse pas les limites du droit à la libre expression ».
Les juges d’appel ont relevé que le texte incriminé « incite à faire expulser du département de La Martinique avec violence (« foutre dehors »… « combat ») un groupe de personnes déterminées, les « békés », c’est-à-dire les créoles martiniquais qui descendent d’immigrés blancs et donc appartiennent à une race déterminée » et que « l’ensemble de la communauté des békés n’est cependant pas concernée, seule une « bande » de békés étant visée, à savoir celle réunissant les chefs des principales entreprises martiniquaises, les « patrons » -comme l’a précisé la prévenue aux audiences correctionnelles- qui sont tous des « profiteurs » et des « voleurs » » .
Ils en ont déduit que « le propos incriminé a eu principalement pour cible un groupe de personnes déterminé à raison de son statut social et de son activité professionnelle (une bande de patrons békés, profiteurs et voleurs) et que la volonté de la prévenue, secrétaire générale d’un important syndicat, était de stigmatiser une caste privilégiée en Martinique, quelle que soit sa race ».
L’arrêt rendu par la Cour d’appel de Fort-de-France n’a pas fait l’objet d’un pourvoi en cassation.
Il est donc acquis que crier et écrire que nous allons « foutre dehors » les patrons relève de la liberté d’expression.
IL ne reste plus aux travailleurs de toutes les îles et de tous les continents qu’à s’emparer de ce propos pour le mettre à exécution.
Pascal MOUSSY & Marie Laure DUFRESNE-CASTETS
Lundi 21 mai 2012 -Chronique Ouvrière
Pour aller plus loin: le site de la CGT-Martinique
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Par Pcautunois le 10 Mai 2012 à 21:38
Une nouvelle grève générale illimitée en Guadeloupe
Le LKP, collectif d'organisations syndicales, politiques et culturelles à l'origine du mouvement social qui avait paralysé la Guadeloupe durant quarante-quatre jours début 2009, a lancé jeudi 10 mai un nouvel appel à la grève générale illimitée pour protester "contre la vie chère".
Pour la première fois depuis la création du "Le Lyiannaj kont pwofitasyon" (LKP), la manifestation traditionnellement organisée le matin du premier jour de grève a été reportée à 16 heures locales (22 heures à Paris), les grévistes éventuels étant invités à "se mobiliser sur leurs lieux de travail".
Tôt jeudi matin, des gendarmes mobiles étaient positionnés en plusieurs points routiers stratégiques de la région de Pointe-à-Pitre, et notamment aux entrées de la zone industrialo-commerciale de Jarry, où sont concentrés la plupart des emplois de l'île.
En prélude à cette grève, le personnel d'une quinzaine des 108 stations-service insulaires avait observé la veille des arrêts de travail qui avaient engendré un mouvement de panique chez les automobilistes. Par ailleurs, d'importantes files d'attente ont été observées devant toutes les stations-service, sur des routes déjà encombrées après les inondations de l'avant-veille.
PRIME DE 200 EUROS
Le porte-parole et leader du LKP, Elie Domota, a indiqué jeudi matin sur plusieurs radios que "les travailleurs ont été appelés à former des piquets de grève dans leurs entreprises" puis à "se rassembler" à Pointe-à-Pitre.
Le LKP revendique notamment l'application immédiate de la clause de convertibilité de l'accord Bino, qui avait mis fin en 2009 à la crise sociale et prévoyaiott à partir de mars le versement d'une prime de 200 euros par les entreprises.
Le précédent mot d'ordre de grève générale reconductible lancé par le LKP le 27 mars s'était limité à un défilé réunissant "plus de 10 000 personnes" selon lui, et 3 500 selon la préfecture. Depuis la fin du mouvement social de 2009, le LKP a déjà appelé à plusieurs grèves générales illimitées qui se sont réduites à des grèves sans lendemain seulement dans quelques entreprises et la fonction publique.
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Par Pcautunois le 28 Mars 2012 à 21:18
Le coup de semonce du LKP avant un nouvel appel à la grève générale à compter du 10 mai
Plusieurs milliers de manifestants — 10 000 selon les syndicalistes, 3500 selon la police — ont répondu à l'appel du Lyannaj kont profitasyon (LKP), ce matin. Ils ont défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre, pour le respect de l'accord Bino et des accords signés, contre la baisse du pouvoir d'achat, la précarité, la remise en cause des dispositions légales et la répression syndicale. Selon Elie Domota, ce coup de semonce n'est qu'un avant goût d'un nouvel appel à la grève générale prévue à compter du 10 mai.
Ce matin, la mobilisation du LKP avait un fort goût de 1er mai. Les intersyndicales de l’Education nationale, de la santé et du commerce avaient sorti les petits drapeaux et scandaient des revendications souvent catégorielles. Une ressemblance qui s’arrête-là. Le défilé du LKP a rassemblé bien plus de personnes que lors des manifestations ordinaires de la Fête du travail.
«10 136 personnes dans la rue, au niveau du boulevard de Baimbridge répétait fièrement et sans s’en lasser le speaker basé au «bik» devant le palais de la Mutualité : QG de l’organisation et point de ralliement des troupes. Pour la préfecture, le comptage est tout autre, «3 500 manifestants dans les rues hier matin», notait-on au palais d’Orléans.
Peu importe cette bataille de chiffres, le LKP se dit renforcé par le succès de cette manifestation qu’il qualifie «d’entraînement pour demain». En effet, le liyannaj a d’ores et déjà pris une nouvelle date, le 10 mai, pour «redescendre dans la rue». Ce harcèlement du monde économique et politique, l’intersyndicale entend le pratiquer en douceur. «Tant que nous n’aurons pas de réponses concrètes à nos différentes revendications.», a martelé un porte-parole de l’UGTG. Une position partagée par Elie Domota, leader du LKP qui a expliqué que cette action est le «prolongement de la lutte». Donnant plus de précisions, il a souligné : « nous attendons avec intérêt les fiches de paie de la fin de mois de mars, dans les semaines à venir, les décisions quant aux suppressions de postes dans l’Education, les réponses aux jeunes s’agissant de la formation…».FONCTIONNEMENT QUASI NORMALPlus tôt le matin, l’intersyndicale de l’Education nationale a tenu un piquet de grève devant le rectorat (à Grand-Camp) avant de rejoindre aux alentours de 10 h 30, le «bik» au moment même où le défilé s’ébranlait. Tous les syndicats y étaient représentés.
Au départ de la troupe, on estimait la participation des manifestants à un chiffre compris entre 2 600 et 2 800 personnes (l’effectif s’est ensuite renforcé au fil des kilomètres parcourus).
Le groupe imposant a ensuite pris la direction de la rue Vatable, puis celle du quartier de Carénage, Zamia, avant de revenir vers la place de la Victoire et de cheminer vers le boulevard de Baimbridge avant d’achever cette longue marche sur un soleil particulièrement brûlant à deux pas de l’église du Sacré-Cœur à l’Assainissement. Là, de brèves prises de paroles ont mis à l’index, les chefs de l’exécutif régional et départemental, ainsi que le patron des patrons et la présidente de la chambre de commerce et d’industrie des îles de Guadeloupe. Comme, on voit les cibles du liaynnaj n’ont guère changé depuis 2009.
Il y a eu peu de perturbation dans les entreprises. L’essence était distribuée, la grande majorité des commerces et des administrations a fonctionné normalement. Seule la présence des forces de l’ordre dans les points névralgiques de l’agglomération pointoise, témoignait d’une certaine ébullition sociale.
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Par Pcautunois le 27 Février 2012 à 23:29
Non à la répression !
Libérez les jeunes Réunionnais !
Versez 200 euros tout de suite aux plus démunis.
Que l’État montre l’exemple de l’ordre social, après avoir organisé la catastrophe sociale !27 février 2012
Tout le monde connaît la situation sociale très tendue à La Réunion. La responsabilité première en revient au gouvernement et l’UMP.
Depuis 5 ans, ils ont aggravé ce qui était déjà insupportable en 1997. C’est pourquoi la population réunionnaise a voté à plus de 63% en faveur de Ségolène Royal. L’arrivée de Sarkozy est une déception et la crise de confiance s’est accentuée au fil d’une gouvernance qui a abouti à changer 3 ministres de l’Outre-mer les 2 premières années du mandat.
L’actuelle ministre de l’Outre-mer, Mme Penchard, est un pur produit issu des émeutes de 2009 en Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. Pour se rattraper, Sarkozy a brandi une Guadeloupéenne comme pour bien montrer sa bonne foi dans une nouvelle relation avec l’Outre-mer. Hélas ! Mayotte était en grève pendant un mois.Tous les projets sont à terre. La Réunion est en récession économique ; le chômage atteint 130.000 personnes, dont 60% de jeunes âgés de moins de 25 ans. Les jeunes n’ont aucun espoir de voir une amélioration de leur vie. Ils sont perdus.
C’est à cet instant que l’attitude de Didier Robert est irresponsable. Toute sa politique consiste à distribuer de l’argent économisé par les mandatures de Paul Vergès. Il donne l’impression que tout le monde peut en profiter. La situation a dégénéré quand il a annoncé qu’« une baisse de 25 centimes, je ne sais pas faire ». Les gens pensent qu’il ment comme il a menti pour le Dash 8.
Changement de tactique : le mouvement échappe à l’intersyndicale
Devant la division du mouvement des transporteurs, c’est la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) qui s’est portée au devant avec une autre méthode d’action où on a vu le maire de Saint-Leu venir au Port en écharpe pour animer la manifestation. Lui est déjà en campagne législative et son frère est dirigeant de la FNTR. A ce moment-là, l’appel lancé par les organisateurs de venir en renfort pour faire face aux forces de l’ordre et au sous-préfet a eu un écho favorable dans une opinion déjà à chaud. Surtout au Port. Le reste, ce sont des boucs émissaires jetés en pâture aux magistrats répressifs.
La Préfecture annonce 233 interpellations, dont 159 gardes à vue et 20 emprisonnements
Ce n’est pas un palmarès. Dans une petite île comme celle de La Réunion, à la situation sociale déjà tendue, il faut arrêter de jeter des jeunes en prison ! Les pouvoirs publics doivent prendre une décision d’apaisement qui pourrait être la contrepartie du calme et d’un plan de redressement économique et social de La Réunion. C’est pourquoi il faut d’urgence :
1- Libérer les jeunes.
2- Verser 200 euros tout de suite aux plus démunis.
3- Que les institutions exposent à la télé leurs propositions pour sortir de cette grave crise sociale.576 militaires pour mater les victimes de l’apartheid social
Saint-Denis, Le Port, Saint-Benoît, Saint-Louis, Saint-Pierre, le Tampon, Étang-Salé… Autant de villes touchées par des émeutes montrent que ce n’est pas un phénomène isolé. On aurait tort d’envoyer des jeunes en prison… pour l’exemple !Dans plusieurs endroits, c’est même la première fois que cela se produit.
La conséquence directe de ces manifestations, c’est bien entendu les pertes économiques, mais aussi les fractures sociales qui s’élargissent de plus en plus sans perspective de les rapprocher. Le diagnostic est connu. La solution : il faut en finir avec l’apartheid social.Même le MEDEF n’en peut plus.
L’organisation patronale s’est fendue d’un communiqué alarmant : « cette crise qui résulte d’un taux de chômage extrêmement élevé et sans pareil ailleurs ». C’est bien la preuve que les jeunes sont des victimes et non des responsables des conséquences de cette crise inégalée.Pendant ce temps, le gouvernement préfère envoyer des renforts de policiers comme seule solution immédiate. La Préfecture annonce 576 militaires sur le pied de guerre ! Pas un mot de compassion pour tous ceux qui souffrent : 50% de la population réunionnaise vit sous le seuil de pauvreté. Pas un geste de solidarité et d’urgence sociale.
C’est en ce sens que le PCR a lancé l’idée de 200 euros tout de suite pour les plus pauvres.
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Par Pcautunois le 26 Février 2012 à 09:57
Interview d’Elie Domota, syndicaliste Guadeloupéen, porte-parole du LKP, sur la situation à la réunion
Les promesses de 2009 n’ont pas été tenues. La Guadeloupe est proche de l’explosion sociale.
Que ce soit à 20.000 kilomètres de la Guadeloupe, la situation de la Réunion est semblable à la nôtre. Il s’agit d’un combat contre une société capitaliste et discriminante, comme en Martinique, comme à Mayotte. Ces sociétés ont été organisées de façon à donner les rênes à une minorité, tandis que la majorité de la population, et singulièrement les jeunes, sont mis de coté.
Ce qu’il faut pour réduire les écarts de prix ce sont des contrôles et des sanctions visant les importateurs-distributeurs pour les obliger à baisser leurs marges. L’autorité de la concurrence, dans un rapport de septembre 2009, l’a dit très clairement : ce n’est ni l’octroi de mer, ni les taxes sur les carburants, ni les taxes d’approche, ni le transport des produits qui sont responsables de ces écarts de prix aussi exorbitants, ce sont les marges.
Même chose pour le prix du carburant. On nous fait croire que l’essence utilisée en Guadeloupe vient d’Europe, c’est faux ! Une grande partie du carburant vendu chez nous provient de Trinidad Tobago, du Venezuela et du Golfe du Mexique. Il s’agit de carburant acheté à moindre coût, mais revendu au prix de production de la raffinerie qui se trouve en Martinique, comme s’il provenait d’Europe. Et tout cela dans l’indifférence des élus et du gouvernement, qui savent très bien ce qui se passe.
En fin de compte, les gens sont exaspérés parce que rien n’a changé depuis les grèves de 2009. Les prix sont repartis à la hausse. Pourquoi ? Parce que les mesures qui avaient été arrêtés dans le cadre du protocole du 4 mars 2009 n’ont jamais été mis en œuvre.
Je les cite :
Il était prévu qu’il aurait un rapport de l’autorité de la Concurrence. Celui ci a été très clair. Il a signalé des dérives anticoncurrentielles, des marges arrières qui n’étaient pas reversées, des groupes ou familles ayant plus de 40% de surfaces commerciales -ce qui est interdit par la législation-, des ententes illicites, des clauses d’exclusivité illégales. Croyez-vous que des sanctions ont été prises à l’encontre de ces grands groupes ? Aucune. La seule chose que l’on nous a dit c’est : “Il faut plus de concurrence”. Je suis quand même étonné que dans une île qui fait 160.000 mètres carrés, la seule proposition de l’Etat soit de construire de nouveaux supermarchés !
Nous avions obtenu que l’Etat puisse contrôler et sanctionner la non-application des accords sur la baisse des prix. Il n’y a jamais eu de contrôle, et il n’y a jamais eu de sanctions.
Nous avions obtenu que le Conseil régional abaisse l’octroi de mer sur plusieurs familles de produits de première nécessité, et que cette baisse soit répercutée sur le prix des produits à l’étalage. Les importateurs-distributreurs ont bien obtenu la baisse de l’octroi de mer -par notre intermédiaire-, mais ne l’ont jamais répercutée sur le prix des produits ! Nous avons interpellé le Président du Conseil régional [Victorin Lurel, député socialiste, ndlr], qui n’a pas levé le petit doigt sur cette question. En fin de compte, cet octroi de mer a été alloué aux importateurs-distributeurs comme une subvention en contrepartie des 44 jours de fermeture.
Nous avions obtenu que le gouvernement prenne en Conseil d’Etat un décret pour encadrer les prix des produits de première nécessité au regard du fait que les règles de la concurrence ne sont pas établies aujourd’hui en Guadeloupe. A ce jour, ce décret n’a jamais vu le jour. Aucune intervention du gouvernement ou du parti socialisme ne l’ont réclamé.
Il état prévu de débloquer 38 millions d’euros pour la formation professionnelle, la formation initiale, les stages qualifiants et diplômants dans des secteurs porteurs pour la formation des jeunes : cela n’a jamais été fait.
Il était prévu, dans le “Plan volontariste républicain” de Louis Jégo, qu’il y ait des mesures d’accompagnement pour permettre aux guadeloupéens diplômés d’accéder aux postes à responsabilité dans le public et le privé : cela n’a jamais été fait.
Voilà la réalité dans laquelle nous sommes : le mépris le plus total !
Aujourd’hui, la Réunion tout comme la Guadeloupe, sont championnes du monde du chômage des jeunes. En Guadeloupe nous avons 25% d’illettrés, 60% de jeunes de moins de 25 ans au chômage, plus de 33% de la population active au chômage, et 70.000 personnes qui touchent le RSA : cette société est en train de mourir ! Les gens sont exaspérés.
En fin de compte en Guadeloupe, tant le gouvernement que le parti socialiste s’accordent pour que les choses restent en l’état. Car, qu’ils soient de gauche ou de droite, ce sont toujours les importateurs-distributeurs, les grands patrons, qui financent les campagnes électorales.
Toute la classe politique semble s’être mise d’accord pour oublier les engagements du 4 mars 2009 et laisser le pays en l’état. Cela ne peut mener qu’à l’explosion sociale, qui est inévitable ici aussi. Et ma plus grande crainte c’est qu’il n’y ait ce jour là aucune structure organisée pour contrôler ce qui se passe.
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Par Pcautunois le 25 Février 2012 à 20:33
La population a décidé de s’exprimer
Le PCR appelle à la solidarité la plus large
Depuis mardi soir, La Réunion connaît des émeutes. Hier dans une conférence de presse tenue quelques heures avant la table-ronde en Préfecture (voir page suivante), le Parti communiste réunionnais a appelé à la solidarité la plus large envers la population qui manifeste et envers les victimes d’une politique qui produit des inégalités, du chômage et des affrontements. Les candidats à la présidentielle sont au pied du mur, ils vont venir faire campagne à La Réunion, ils devront dire quelles sont leurs propositions pour faire face à l’urgence sociale.
Solidarité avec le peuple en lutte
Fabrice Hoarau, Élie Hoarau, Paul Vergès, Maurice Gironcel et Yvan Dejean ont expliqué les propositions du PCR pour faire face à l’urgence sociale qui s’exprime vigoureusement depuis le début de la semaine.
60% des jeunes au chômage, 122.000 illettrés, pénurie de logements, la moitié de la population en dessous du seuil de pauvreté : c’est toute l’illustration de l’impasse de la politique du gouvernement : la conjonction de ces facteurs crée une situation explosive et il n’y a pas d’astuce pour s’en sortir.
La population en a bien conscience, et devant l’impuissance des instances, des élus, la moitié de la population se sent totalement abandonnée et quand ils prennent la parole, c’est l’effroi dans le monde politique.
« Notre solidarité est totale, sans réserve, avec cette moitié de la population », souligne Paul Vergès, « c’est le début de cette prise de parole, nous ne pouvons qu’encourager cette prise de parole, il faut qu’ils parlent, ce sont les sans-voix qui entrent sur la scène politique et qui effraient tellement le gouvernement et les élus ».
La campagne présidentielle est lancée, et les candidats vont venir dans notre île, « on attend leurs solutions, que vont-ils nous proposer ? »
Le pouvoir entretient l’inégalité
À La Réunion, les pauvres, les retraités, n’ont que 400 euros pour vivre. Ils manifestent et ils se font attaquer par des personnes payées 53% plus cher qu’en France. Combien ça coûte de faire venir des renforts de France, interroge le PCR.
Il n’y a pas de symbole plus fort qu’un pouvoir qui fait venir de 10.000 kilomètres des gardes mobiles qui viennent grenader des pauvres qui manifestent. Le PCR a dénoncé l’apartheid en Afrique du Sud, c’était un apartheid raciste. À La Réunion, c’est un apartheid social, le pouvoir ne veut pas entendre les pauvres et quand ils s’expriment il les pourchasse.
Capturés par des fonctionnaires qui touchent la prime de vie chère, ces chômeurs sont condamnés par des magistrats surémunérés. Ce schéma doit éclater, dit en substance le PCR.
Le PCR constate aussi que le gouvernement a décidé de protéger les grandes surfaces, et le dépôt de la SRPP ce qui laisse les petits commerçants à la merci des débordements. C’est bien la preuve que le pouvoir protège les intérêts des monopoles.
200 euros tout de suite c’est possible
Voici 3 ans, alors qu’en Guadeloupe la crise était moins importante qu’actuellement à La Réunion, l’État était intervenu pour verser une prime de vie chère de 200 euros aux travailleurs pauvres.
À La Réunion, le PCR vient de demander une prime de vie chère de 200 euros pour les plus pauvres pendant 4 mois. Les Réunionnais seront-ils moins bien traités que les Guadeloupéens.
Un Réunionnais n’est pas un étranger dans son pays
La Réunion est un petit pays de 70 kilomètres sur 40. Comment dire que des participants aux manifestations peuvent être étrangers à un quartier ? Paul Vergès rappelle que quand il y eut la prise de la Bastille ou la manifestation de Charonne, est-ce que les habitants de ces quartiers disaient que les manifestants étaient des étrangers ?
Les pétroliers protégés par le gouvernement et Didier Robert
Aussi bien le gouvernement que le président de Région prennent la défense des pétroliers. La porte-parole du gouvernement dit que les prix des carburants dépendent de facteurs sur lesquels on ne peut avoir de prise, ce qui dédouane les compagnies pétrolières de leurs responsabilités.
Quant à Didier Robert, il veut que les collectivités financent une baisse des prix au lieu de mettre la pression sur les pétroliers pour qu’ils baissent leur profit.
Cela soulève un autre problème, comment Didier Robert peut-il faire une proposition engageant les communes sans qu’elles soient d’accord ? L’idée est de prendre 24 millions prévus pour l’investissement dans les communes. Didier Robert oublie-t-il qu’il ne peut y avoir de tutelle d’une collectivité sur une autre ?
Qui remplira les cuves du nouveau centre de stockage ?
Le président de la Région propose que les collectivités paient la construction d’un centre de stockage.
Les compagnies pétrolières se sont unies pour utiliser le dépôt de la SRPP, ces compagnies sont les majors. Qui viendra remplir le nouveau dépôt ? Ou Didier Robert est inconscient, ou alors il est complice des pétroliers en organisant la diversion, indique Paul Vergès.
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Par Pcautunois le 23 Février 2012 à 22:06
Parti communiste réunionnais : « Contre la vie chère, 200 euros, tout de suite, pour les plus pauvres »
Dans un communiqué, le Parti communiste réunionnais propose une mesure immédiate pour faire face à l’urgence sociale à l’origine des manifestations. Le PCR propose une prime de vie chère de 200 euros pendant 4 mois pour les plus pauvres. « Ce délai devra être mis à profit pour l’élaboration de solutions durables à ce problème crucial des prix, des revenus, du pouvoir d’achat, sans oublier les priorités de l’emploi et du logement, dans le cadre d’un projet global de développement ».
Les manifestations de ces derniers jours expriment l’extrême gravité de la situation : plus de 120 000 chômeurs dont 60% de jeunes de moins de 25 ans, 25 000 foyers en attente d’un logement, 50% de la population sous le seuil national de pauvreté, le coût de la vie élevé, etc.
Ces réalités confirment que sans un grand changement, l’impasse est totale.
Les revendications actuelles sur la question des prix et du pouvoir d’achat nécessitent une remise en cause de tout le fonctionnement de l’économie et de la société réunionnaises.
Mais l’urgence sociale commande des mesures immédiates.
Comme lors des évènements de Guadeloupe en 2009 qui avaient abouti à la création d’une prime, une mesure concrète doit être prise en faveur des plus pauvres d’entre nous.
Dans cet esprit, le Parti Communiste Réunionnais demande à l’Etat d’attribuer aux plus pauvres une prime de vie chère de 200 euros durant 4 mois, à partir du 1er Mars 2012.
Ce délai devra être mis à profit pour l’élaboration de solutions durables à ce problème crucial des prix, des revenus, du pouvoir d’achat, sans oublier les priorités de l’emploi de du logement, dans le cadre d’un projet global de développement.
Bureau de Presse du PCR, Le Port, le 23.02.2012
L’impasse mène à l’affrontement et à la répression
Sortons de la crise par le dialogue avec la population
Depuis le 6 février, c’est la mobilisation pour la baisse des prix du gaz et des carburants. Deux semaines plus tard, rien n’a changé au niveau des prix, mais la situation s’est considérablement aggravée. Didier Robert et le préfet ont cru pouvoir rouler leurs interlocuteurs dans la farine alors que la sortie de crise se situe dans une nouvelle approche, celle du dialogue avec la population en mettant toutes les données sur la table, dans la transparence. Toute autre méthode fondée sur le refus de discuter et la répression ne fera qu’amplifier la crise.
Le 6 février, une opération escargot des transporteurs ponctue le début d’une réunion sur les prix à la Direction de l’environnement. Constatant l’absence de Didier Robert à la table des négociations, les associations de consommateurs et les transporteurs montent d’un cran la mobilisation en perturbant la circulation devant la préfecture.
Finalement, dans l’après-midi est obtenu l’engagement de la baisse du prix de la bouteille de gaz de 7 euros, ainsi qu’une feuille de route pour créer les conditions d’une baisse importante du prix des carburants, la revendication est de -25 centimes pour tous, et pour la mise en place d’un gazole professionnel.
Le 9 février, une réunion décisive doit avoir lieu à la Région mais survient un coup de théâtre, avec la présence surprenante à la Région d’organisations ne figurant pas sur la liste des invités. L’Intersyndicale des transporteurs quitte immédiatement la Région, accusant le Conseil régional d’être un fauteur de trouble ce qui débouchera quelques jours plus tard sur une radicalisation de l’action.La marche vers la répression
Le 14 février, jour d’une autre réunion à la Direction de l’Environnement, l’Intersyndicale repasse à l’action avec des barrages filtrants dans toute l’île. Les discussions tournent court, Didier Robert tente de diviser le mouvement en promettant une baisse des prix pour les transporteurs et d’autres catégories professionnelles, tout en réaffirmant son impuissance à faire baisser les prix de 25 centimes pour tout le monde. Cette journée d’action voit un renforcement de la solidarité entre les manifestants et la population.
Le 15 février, le préfet estime publiquement que la baisse de 25 centimes pour tous est une revendication irréaliste. Pendant ce temps, les gendarmes commencent à verbaliser les manifestants. En début d’après-midi, en échange de négociations sur la baisse des prix, les barrages sont levés. Aussitôt le préfet profite de cette ouverture pour envoyer des gendarmes occuper la zone industrielle autour de la Société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP). Des barrages filtrants sont mis en place par les gendarmes autour des cuves de la société qui détient le monopole du stockage des carburants. Et pour le préfet et Didier Robert, il n’est pas question de négocier une baisse des prix mais d’un débat sur l’énergie…
Cette manœuvre n’a pas tenu une semaine, car se multiplient aussitôt des rassemblements spontanés contre la vie chère.
Lundi, des transporteurs décident de manifester devant la SRPP. Le lendemain, ils reçoivent un soutien massif de la population. Mais le pouvoir et les pétroliers continuent à bloquer la baisse des prix. Mardi, l’exaspération de la population aboutit à des dérapages et la répression entre en jeu.
Deux semaines après le début du mouvement, la situation s’est aggravée. Didier Robert et le représentant de l’État ont cru pouvoir manœuvrer pour ne rien céder, c’est une erreur.« Que la voie de la négociation soit privilégiée »
Ne rien discuter, faire de la répression, et appeler Paris à l’aide pour que le gouvernement envoie des charters de CRS pour matraquer la population : voilà comment le pouvoir a tenté pendant des décennies de régler des conflits. Mais aujourd’hui, La Réunion est un pays de plus de 800.000 habitants, dans un monde qui n’est plus celui du 20e siècle. Le système en place arrive en bout de course, mais ce sont ces méthodes qui sont employées. Plutôt que ce vieux fond d’une autre époque, d’autres méthodes doivent entrer en jeu.
La démocratie aura beaucoup à gagner dans notre pays si toutes les données sont mises sur la table. Pourquoi les prix ont-ils depuis si longtemps dépassé le seuil de l’intolérable ? Où va tout l’argent siphonné dans les poches des Réunionnais par les compagnies pétrolières ? Pourquoi Didier Robert et le préfet ont-ils adopté une telle attitude face aux demandes de négociations ?
Plus que jamais, « il est urgent que la voie de la négociation soit privilégiée » comme le soulignait mardi Jean-Yves Langenier.
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Par Pcautunois le 21 Octobre 2011 à 08:34
Mayotte : répression à tous les étages pour protéger la bourgeoisie marchande et les marges des armateurs
Déploiement du savoir faire de Beauvau : Le lot de consolation d'Alliot Marie :
Tous les syndicats, à l’exception de FO signataire de l’accord, ont décidé jeudi de la poursuite du mouvement de grève qui atteint son 24e jour. Ils réclament tous un nouvel interlocuteur en lieu et place du préfet Thomas Degos.
Vidéos
Marche blanche à Mamoudzou
Des témoins racontent l'incident
D.Zaïdani auprès des manifestants
Au lendemain du décès d’Ali El Anziz, et après une nuit d’émeutes et d’incendies, un calme apparent est revenu sur Mayotte. Une marche blanche a été organisée, jeudi matin, à l’initiative des parents et amis de la victime que quelque 5 000 personnes ont accompagnés dans ce moment de recueillement jusqu’au lieu où Ali El Anziz est tombé.
Le lien, pour les vidéos : [C'est ici]
Témoignage repiqués sur « Rue89 » ;
La canaille voulait commenter et puis finalement mieux vaut pour se faire une idée laisser brut de fonderie pour mesurer le mépris du pouvoir et ses grands commis pour les peuples de nos bantoustans officiels.
« Je suis un « Mzungu » (Blanc) habitant à Mayotte depuis quatre semaines. A peine arrivé, j'ai subi les conflits sociaux de plein fouet. Grèves, manifestations légitimes contre la vie chère...
Le schma est le même qu'en métropole. Une intersyndicale veut négocier avec les patrons des grandes enseignes, le préfet local se présente comme un facilitateur, mais par derrière il fait preuve d'une grande répression envers les manifestants (preuve de son incompétence). Bien souvent des groupes de femmes qui manifestent avec le sourire et en dansant.
Les négociations portent sur huit produits de première nécessité : gaz, riz, huile, lait, viande... que l'on souhaite indexés par rapport aux prix de La Réunion. Une urgence, face à la précarité d'une majorité de Mahorais, qui ne bénéficient pas encore du chômage et du RSA (qui serait selon toute vraisemblance à 25% du RSA métropolitain, mais suffisant pour apporter une “sécurité alimentaire” pour toutes les familles). »
« Les Mahorais sont pauvres mais ne sont pas des mendiants, ne veulent en aucun cas être des assistés, comme sur certaines îles d'outre-mer ! Chose que Marie-Luce Penchard [secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ndlr], venue in extremis vendredi, n'a toujours pas compris... »
« Vendredi, les négociations semblaient trouver une issue mais la ministre a fait interrompre les négociations en cours pour faire ses propositions à elle – proposer des bons de réductions de 5 euros sur les produits de première nécessité, pour les 16 500 familles les plus pauvres. Sauf qu'à Mayotte, nous sommes 200 000 habitants, et nous avons besoin de baisses de prix profitables à TOUS. » (colorisé par CleR)
Les Mahorais se sentent floués par Sarkozy
Parlons politique. Avant son élection Sarkozy avait promis la départementalisation de Mayotte par référendum local. Les Mahorais ont voté pour à 95%. Mayotte est par conséquent devenue le 101e département français depuis avril.
Mais ce que Sarkozy n'avait pas précisé, c'est que Mayotte serait un département au rabais. Les Mahorais se sentent floués. L'île à basculé de la droite, vers le centre-gauche... Est-ce pour cette raison que le gouvernement délaisse Mayotte ?
Depuis le départ de Marie-Luce Penchard, les émeutes se sont intensifiées, comme si tout ceci était volontaire. Barrages, caillassages, émeutes, et les « casseurs » (des jeunes de 10 à 18 ans) qu'on met sur le tapis pour diviser la population... [...]
Mayotte est française, l'est depuis 1841 (avant même Nice et la Savoie), Mayotte a besoin d'être écoutée, considérée. Et non pas méprisée par les flics malformés, par ce préfet incompétent qui devrait être viré sur le champ, et ce gouvernement qui n'en a rien à foutre de « ce peuple noir et musulman bouffeur de bananes ». »
B.C.B : « Penchard à l'Assemblée, ahurissante de légèreté »
« La majorité de la population attend une possible (pas encore probable) solution qui nous sortira de cette situation gravissime. Dans la rue, on a l'impression que forces de l'ordre, manifestants et casseurs sont en roue libre. Cette anarchie est plutôt inquiétante.
Il y a beau y avoir des appels au calme, le préfet, mercredi soir à la TV, est apparu pitoyable, démuni et manifestement lâché par sa hiérarchie.
Quant à la ministre, sa réponse aux accents d'autosatisfaction à l'Assemblée est tout simplement ahurissante de légèreté. [...] »
A Longoni, port de Mamoudzou, des containers renferment de la nourriture pourrissante qui attend d'être déchargée... Quasiment toutes les supérettes de l'île ont été pillées et saccagées. D'ici deux à trois jours, cela va vraiment commencer à être difficile de se nourrir si les marchands de rue ne sortent plus pour vendre les légumes... sans parler de l'heure de queue pour avoir – ou pas – du pain, faute de farine... Des pharmacies ont mis en rayon leurs derniers stocks de lait.
Des gens traînent, l'ambiance est tendue... La nuit a été agitée, voire violente (pillages, incendies de magasins, vandalisme tous azimuts) dans beaucoup d'endroits de l'île (Combani, Dzoumogné, Kaweni, Passamainti, Sada, etc). [...]
Les transports scolaires suspendus par le conseil général
Le vice-recteur, dans un déni total, engage les personnels à “assurer la continuité du service public” tandis que certains personnels de direction demandent à leurs personnels de rester chez eux : ils craignent – avec raison – le saccage et le pillage en règle des établissements et de toutes façons, les quelques établissements proposant une restauration scolaire ont des réserves pour deux ou trois jours ; dans les autres, les “collations”, déjà bien maigres, n'étaient déjà plus fournies depuis mardi.
Les transports scolaires sont « suspendus jusqu'à nouvel ordre » sur la demande du conseil général, les écoles sont évidement fermées.
Une terrible parenthèse de recueillement pour Ali El Anziz
Mercredi, la mort d'un homme de 39 ans [semble-t-il due à une crise cardiaque, ndlr ; l'hypothèse d'un tir de flash Ball est aussi retenue (note de CleR)] a fait basculer dans le chaos un 101e département français dont la situation réelle et la grande misère d'une majorité de la population sont méconnues en métropole.. La nouvelle de cette mort saura-t-elle atteindre des média indifférents ?
Ce jeudi, une marche blanche a rassemblé de très nombreux participants et s'est déroulée dans le calme et la dignité en mémoire de Ali El Anziz...Une terrible parenthèse de recueillement qui, on l'espère, débouchera sur un retour à la normalité. »
Olivier : « Depuis la métropole, vous ne savez rien »
« Pour cette quatrième semaine de blocage, la situation est absolument catastrophique ; jamais on n'a connu ça.
La panique gagne : tous les supermarchés (ouverts de force sur ordre du préfet avec des escadrons de CRS) ont été pillés, certains brûlés entièrement (cette nuit à Pamandzi) ; le président du conseil général, tabassé par un CRS (il ne l'avait pas reconnu ! ), le préfet, caillassé, mercredi en sortant des studios de Mayotte Première, elle-même saccagée ; la gendarmerie, attaquée ;
[Mercredi, la manif a fait] un mort, prétendument d'une crise cardiaque (mais Flash-Ball et lacrymo dans la tronche ne l'ont pas aidé), et de nombreux blessés ;
Des propos racistes des CRS... et des Mahorais
La situation est devenue incontrôlable : les CRS sont hyper violents et tiennent des propos racistes, du coup les Mahorais aussi. Ça monte...
Mercredi, on a voulu faire une AG de crise pour l'école qu'on a dû fermer, mais les maîtresses n'ont pas pu venir car, toute La Rampe s'est calfeutrée après des menaces d'invasion du quartier des Blancs.
A Bandrélé, pas une nuit sans un viol et des agressions violentes sur les Mzungus (Blancs). Beaucoup cherchent à partir par tous les moyens, même si l'accès à l'aéroport est quasi-impossible, à cause des barrages et de la barge qui ne fonctionne quasiment pas.
Mercredi, un copain a pêché un gros poisson. On a partagé
Les gens ont faim et sont hyper nerveux. Les jeunes sont incontrôlables. On regarde nos réserves de nourriture s'amincir (comme nous), mais on ne mourra pas de faim grâce aux fruits à pain, manioc et bananes. Mercredi, un copain a pêché un gros poisson, que l'on s'est partagé. On est très solidaires, on se soutient, c'est indispensable. Dans notre village, c'est calme, les gens restent gentils, on ne sent aucune animosité pour l'instant. Ils n'ont même plus de riz... c'est raide.
Le préfet fait comme si ne rien n'était
Et le pire dans tout ça, c'est la désinformation voulue par le gouvernement français ; depuis la métropole, vous ne savez rien à part quelques secondes qui annoncent des manifs !
Même ici, le préfet fait comme si ne rien n'était, Mayotte Première semble avoir reçu des « consignes ». Reste la radio Kwézi FM, qui est sur le terrain en permanence.
On est écœurés ! On a besoin de soutien, SVP. On essaie de ne pas se laisser gagner par la panique, car on n'a pas le choix, on ne pourra pas s'enfuir à la nage... Pensez à nous, SVP, on se sent seuls dans ce chaos. »
Yves : « Les barrages sont vus comme un jeu par les enfants et les jeunes »
« Habitant un village du nord de l'île, nous n'avons plus accès à la route puisque tout est bloqué (barrages de poubelles, de pierres, d'arbres). Faire des photos est dangereux, si vous êtes pris en train de le faire, notamment si vous êtes mzungu (blanc) de surcroît, vous êtes soupçonné de vouloir transmettre ces données à la gendarmerie pour dénonciation de personnes faisant les barricades et autres mouvements allant à l'encontre de la loi.
Sachez tout de même, que si certains magasins ont été ouverts sous le couvert des forces de l'ordre comme à Mamoudzou ou d'autres communes par-ci, par-là, ce n'est aucunement le cas de la plupart des villages. Notons d'ailleurs que certaines personnes qui ont pu se ravitailler se sont vues littéralement pillées à leur sortie de magasins ou dans leurs véhicules.
De ce fait, nous n'avons plus grand-chose à manger. Depuis presque quatre semaines que dure le conflit, les quelques provisions de base sont pour la plupart d'entre nous insignifiantes. Les barrages sont hélas trop souvent tenus par des enfants et des jeunes qui trouvent un malin plaisir à considérer cela comme un jeu, voire le nouveau sport départemental. [...]
La mayonnaise ne prend pas
Les entreprises sont sur les genoux et les quelques organismes qui fonctionnaient bon an mal an dans ce département vont être tenus de fermer définitivement ou de se retirer. Cette grève nous mène vers un constat d'échec, quelle qu'en soit l'issue (enfin, c'est le sentiment que l'on a lorsque l'on est sur place, quand on s'aperçoit que nous sommes dans un autre monde tout à fait différent de notre culture et que la mayonnaise ne prend pas). [...]
Nous avons quelques jours futurs à vivre qui s'annoncent particulièrement difficiles et délicats, surtout quand on se sent autant oubliés. »
Une déclaration de la CGT (qui elle au moins a publié un communiqué clair qui est autre chose que celui du PCF « le gouvernement doit prendre ses responsabilités ». Il les a pris : 1 mort! ):
Mayotte
Ça suffit !
jeudi 20 octobre 2011
Un mort, un enfant grièvement blessé par les forces de l’ordre, interpellations et arrestations des manifestants, trois semaines de grèves générales ... et pas ou peu de solutions en vue pour répondre aux légitimes revendications des salariés et de la population mahoraise : cela suffit !
Visiblement, le gouvernement n’a pas tiré les enseignements des conflits qui ont éclaté dans les pays d’outre mer en 2009 et qui portaient précisément sur les mêmes revendications soutenues aujourd’hui par les organisations syndicales et associations de consommateurs mahoraises : le prix des produits de première nécessité est inacceptable, l’indemnisation des chômeurs quasi inexistante et le montant des retraites misérable.
Contrairement à ce qu’affirme la Ministre de l’Outre Mer, le gouvernement peut résoudre la question de la cherté : l’article L410-2 du Code de Commerce permet de réglementer les prix par décret dans des situations comme celles qui se présentent à Mayotte.
Il est temps que le gouvernement s’applique à dénouer une situation qui se tend un peu plus chaque jour, en mettant rapidement au pas les patrons de la grande distribution. Parallèlement, il doit être mis fin immédiatement aux brutalités et violences policières, pratique totalement inacceptable.
La population qui s’était massivement prononcée en mars 2009 pour que Mayotte devienne le 101ème département français s’attendait à plus d’égards de la part de l’Etat français.
Une délégation part ce jour pour Mayotte afin d’apporter le soutien et la solidarité de la CGT.
Montreuil, le 20 octobre 2011
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Par Pcautunois le 15 Octobre 2011 à 15:57
Le 101ème département français est paralysé depuis 18 jours par un mouvement de lutte contre la vie chère.
Mayotte est le département d’Outre Mer où le coût de la vie est le plus élevé, les prix ne cessent d’augmenter et les salaires sont les plus bas.
Le SMIC est à 80% du SMIC métropolitain, il n’y a pas d’allocation chômage et le RSA prévu à partir de janvier 2012 ne représentera que le quart du montant en métropole. Les retraités vivent avec un maximum de 300 euros par mois.
Le chômage est énorme, seulement 30.000 personnes travaillent sur une population de 200.000 habitants.
Les prix des produits de première nécessité ou des carburants sont trois fois supérieurs au prix dans l’hexagone.
Ca ne peut plus durer. La population revendique une baisse des prix de première nécessité : riz, poulet, huile, sardine, gaz…
Le gouvernement a répondu aux revendications… en envoyant les blindés usant de la matraque et de gaz lacrymogène.
Cette répression a mis le feu aux poudres.
L’intersyndicale locale (CGT – CFDT- FO) demande au gouvernement et à ses représentants à Mayotte d’ouvrir de réelles négociations. Permettant la mise en place d’un véritable encadrement des prix sur l’Ile.
Le malaise social est profond. La détermination des manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes au chômage, à obtenir satisfaction, est très importante.
Nous apportons tout notre soutien à leur lutte.
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