• La répression menée par Morsi révèle le rôle contre-révolutionnaire joué par les Socialiste révolutionnaires égyptiens

    Par Johannes Stern
    8 décembre 2012

    Des dizaines de milliers d’Egyptiens manifestent

    La répression sanglante menée hier 5 décembre au Caire par les forces fidèles au président islamiste égyptien Mohamed Morsi contre des manifestants qui protestent contre son décret constitutionnel du 22 novembre a clairement montré le rôle contre-révolutionnaire joué par ce dernier. Après avoir revendiqué tous les pouvoirs législatifs, constitutionnels, exécutifs et judiciaires – en concentrant entre ses mains des pouvoirs plus vastes que ceux exercés par le président Hosni Moubarak avant que l’année dernière les luttes révolutionnaires de la classe ouvrière de ne l’obligent à partir – il cherche à présent à noyer l’opposition dans le sang.

    Cet état de fait a également révélé au grand jour le rôle joué par les forces de « gauche » petites bourgeoises comme le groupe des Socialistes révolutionnaires d’Egypte (SR) et leurs alliés internationaux : l’International Socialist Organisation (ISO) américain et le Socialist Workers Party (SWP) britannique. L’année dernière, dès le début de la campagne électorale de Morsi et jusqu’à la veille même de sa prise de pouvoir, les SR et leurs alliés faisaient l'éloge de Morsi et de ses Frères musulmans (FM) en tant que forces mettant en application les revendications de la révolution égyptienne.

    La veille de la prise de pouvoir de Morsi, le journal de l’ISO, le Socialist Worker, était occupé à blanchir sa décision d’isoler les Palestiniens durant l’attaque d’Israël contre la bande de Gaza – une politique qu’il avait élaborée avec les gouvernements israélien et américain. Le 21 novembre, Lee Sustar, un contributeur influent de l’ISO, avait prédit : « Morsi n’a pas d’autre choix que de faire preuve d’un quelconque soutien aux Palestiniens à Gaza, alors même qu’il s’adonne à des manoeuvres diplomatiques… pour la première fois depuis des décennies, les politiciens en Egypte et ailleurs se sentent contraints d’exprimer la vaste sympathie ressentie pour les Palestiniens. »

    Avant les élections présidentielles de juin, les SR avaient soutenu à fond Morsi et les FM. Ils avaient fait campagne pour un vote en faveur de Morsi en faisant d’innombrables déclarations pour promouvoir les FM en tant qu' « aile droite de la révolution » et Morsi en tant que « candidat révolutionnaire. »

    Les adhérents des SR et de l’ISO ont présenté cet été des arguments en faveur de Morsi lors de la conférence de l’ISO sur le socialisme de 2012 qui s’était tenue à Chicago et où ils avaient promu Morsi et les FM comme des agents de la révolution. « Voir : « http://socialistworker.org/2012/07/09/from-the-eye-of-the-storm-in-egypt”.

    Sameh Naguib, l’influent théoricien des SR et professeur de sociologie à l’université américaine du Caire, s’est félicité de l’élection de Morsi : « La victoire de Morsi, candidat des Frères musulmans, est une formidable réussite pour repousser cette contre-révolution et faire reculer ce coup d’Etat. Pour l’instant, c’est une véritable victoire pour les masses égyptiennes et une véritable victoire pour la révolution égyptienne. »

    Il a dénoncé quiconque critique Morsi : « Beaucoup de gens, principalement à l’Ouest, et aussi ici, ont une attitude islamophobe qui ne leur permet pas de discerner la nature des Frères musulmans. Un grand nombre de personnes ici, même à gauche, pourraient dire qu’il n’y a pas de réelle différence entre Morsi, le candidat des Frères musulmans, et Chafiq, le candidat de l’armée – qu’ils sont tous deux des forces contre-révolutionnaires et que la victoire de l’un d’eux est une victoire de la contre-révolution et une défaite de la révolution égyptienne. »

    Il a ajouté, « A chaque fois qu’il y a une menace de contre-révolution, les Islamistes se tourneront vers les masses – mobiliseront des centaines de milliers contre le régime de l’armée. »

    Naguib a déclaré que les Islamistes « présentent toutes les contradictions des principaux mouvements réformistes qui sont apparus dans les démocraties sociales occidentales. Ils ne peuvent pas jouer pleinement un rôle contre-révolutionnaire. »

    Alors que dans les rues du Caire les nervis des FM matraques et assassinent des manifestants qui sont contre la tentative de Morsi d’écraser la révolution, la faillite de ces arguments est évidente. Les FM ne mobilisent pas les masses dans une lutte révolutionnaire contre l’armée, contrairement à ce qu’affirme Naguib. Ayant conclu un accord avec l’armée, les FM mobilisent des loubards, des imams réactionnaires et autres rebuts de la contre-révolution pour écraser les protestations de la classe ouvrière contre la dictature de Morsi.

    Les FM ne sont un parti ni révolutionnaire ni réformiste et ne l'ont jamais été. C’est un parti bourgeois de droite qui ne dispose d’aucune racine dans le mouvement ouvrier ni d’une organisation de masse parmi les travailleurs. Créé en 1928 par des couches droitières de l’élite dirigeante égyptienne, il visait essentiellement à écraser l’influence montante du communisme dans la classe ouvrière.

    Les FM sont historiquement associés aux attaques perpétrées contre des travailleurs en grève, à la collaboration avec l’impérialisme américain et à la politique économique de libre-marché. Cette politique est actuellement appliquée par Morsi et les FM au vu et au su du monde entier.

    Pour ce qui est de la politique étrangère, Morsi soutient la politique guerrière des Etats-Unis contre la Syrie et l’Iran tout en planifiant sur le plan intérieur des attaques massives contre la classe ouvrière. Sous le régime des Frères musulmans, l’Egypte a obtenu un prêt de 4,8 milliards de dollars du Fonds monétaire International (FMI) sur la base de projets de réduction substantielle des subventions pour les nécessités vitales comme le carburant et le pain, et dont dépendent les masses égyptiennes appauvries.

    Actuellement, avec les manifestations de masse qui éclatent contre Morsi, les SR se rangent du côté des partis séculiers du patronat. Leur nouveau front « révolutionnaire » englobe l’ancien responsable de l’agence nucléaire de l’ONU, Mohamed El-Baradei, et son libéral Parti de la Constitution, le dirigeant nassérien Hamdeen Sabahi, le libéral Parti des Egyptiens libres du magnat milliardaire, Naguib Sawiris, et des vestiges de l’ancien régime comme Amr Moussa – l’ancien chef de la Ligue arabe et ancien ministre sous Moubarak.

    Un gouvernement mené par de telles forces défendrait tout aussi impitoyablement que Morsi et les FM les intérêts de la classe dirigeante égyptienne à l’encontre des travailleurs. En effet, l’ISO et les SR craignent maintenant que leur alliance avec d’anciennes forces du régime Moubarak comme Moussa ne rendent trop évident le rôle contre-révolutionnaire qu’ils jouent et tentent pour cela de se distancer d’elles.

    Mardi, Lee Sustar de l’ISO a cité comme suit le blogger des SR, Hossam al-Hamalawy: « Lorsque la polarisation se fait entre islamiste et séculaire, ceci signifie alors qu’Amr Moussa peut soudain devenir un champion de l’Etat civil, et peut subitement signifier que Tawfiq Okasha [animateur d’une émission de débat télévisé pro-Moubarak] devient un symbole de la liberté d’expression, et peut subitement signifier que [le blogger contre-révolutionnaire] Ahmed Spider peut défiler dans les rues dans le but de récupérer le manteau des martyrs… Les révolutionnaires doivent faire très attention à ceci. »

    Si Hamalawy insiste pour dire que les SR doivent « faire très attention » pour se distinguer des forces comme Moussa, c’est parce que la politique droitière des SR les rend de plus en plus indiscernables des responsables de haut rang de l’ère Moubarak ou d’autres politiciens bourgeois. En effet, depuis l’éviction d’Hosni Moubarak en février dernier, il existe une constante dans la politique des SR et de leurs affiliés internationaux : ils insistent pour que des factions de la classe dirigeante égyptienne jouent un rôle progressiste dans la révolution égyptienne.

    D’abord, ils ont déclaré que la junte militaire appuyée par les Etats-Unis qui a pris le pouvoir après la chute de Moubarak pouvait être convaincue d’appliquer des réformes démocratiques. Ecrivant l’année dernière dans la publication de l’ISO américain, Socialist Worker, le membre des SR, Mustafa Omar avait dit : « Malgré ses mesures répressives, le Conseil suprême [des forces armées, c’est-à-dire la junte] comprend que le soulèvement du 25 janvier a en quelque sorte changé l’Egypte une bonne fois pour toutes… Le Conseil vise à réformer le système politique et économique, afin qu’il puisse devenir plus démocratique et moins oppressif.»

    Lorsque de nouvelles protestations de masse contre le régime de l’armée se sont intensifiées à l’automne dernier, les SR ont considéré que leur orientation vers la junte militaire n’était plus tenable. Ils ont recentré leur orientation sur les FM islamistes avec lesquels ils avaient déjà collaboré sous Moubarak.

    Cette orientation vers la bourgeoisie égyptienne et finalement vers l’impérialisme américain reflète la position de la classe privilégiée des couches sociales petites bourgeoises que les SR représentent. Le gros de leurs membres est issu des couches plus affluentes de la classe moyenne pro-occidentale : les universitaires, les étudiants mieux lotis, les militants des ONG et les responsables des syndicats « indépendants » parrainés par l’Occident.

    Ils sont indifférents aux aspirations sociales et démocratiques de la classe ouvrière et hostiles au renversement révolutionnaire de l’Etat bourgeois égyptien et à la mise en place d’un gouvernement ouvrier luttant pour une politique socialiste. Leur objectif est de refaçonner le capitalisme égyptien de façon à renforcer leur influence et à accroître leur richesse.

    Les travailleurs et les jeunes doivent tirer des conclusions sérieuses des expériences amères qu’ils ont vécues ces derniers mois avec les forces réactionnaires promues par les SR. Cette organisation doit être considérée pour ce qu’elle est: une organisation qui mène la classe ouvrière d’un désastre à l’autre et qui, en dernière analyse, est un ennemi de la révolution au même titre que les forces qu’elle cherche à promouvoir.

    (Article original paru le 6 décembre 2012)

    http://www.wsws.org/fr/articles/2012/dec2012/mors-d08.shtml


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  • Colère des ouvriers agricoles en Afrique du Sud

    The Gardian, 8 novembre 2012 :

    Les ouvriers agricoles en grève en Afrique du Sud ont mis le feu à plus de 30 hectares de vignes pour protester contre ce qu’ils appellent les «salaires de famine». Six personnes ont été arrêtées pour violence publique, et le propriétaire d’une ferme a été arrêté pour tentative d’assassinat après avoir tiré sur des milliers de manifestants lorsque la violence a éclaté lundi. « Les salaires ici sont trop petits, R72 (£ 5) par jour. Vous ne pouvez rien acheter avec cet argent » «déclare Shaun Janca, le dirigeant de la grève, au téléphone depuis Doorns, dans la vallée de la rivière Hex. «Vous devez parler aux propriétaires terriens. » dit-il en afrikaans.

    Blocage de l’autoroute N1 à De Doorns par des ouvriers agricoles en grève

    «L’argent qu’ils nous paient ce n’est rien. Nous travaillons toute notre vie mais nous n’avons rien. Pour quoi travaillons-nous  ? Pour quoi ? ». La grève a commencé le 30 octobre quand les ouvriers agricoles ont cessé le travail et remis un mémorandum au gouvernement du Cap occidental exigeant des salaires plus élevés, ont-ils dit. Mais ils ajoutent que le gouvernement n’a commencé à faire attention aux revendications que quand les vignes ont commencé à brûler. «Les travailleurs étaient en colère après certaines observations formulées par le ministère de l’Agriculture du Cap-Occidental», a déclaré Braam Hanekom, président de People Against Suffering Oppression and Poverty (Passop), qui participent aux négociations entre propriétaires terriens et travailleurs.

     

    « Ils prétendent que les revendications des travailleurs ne sont pas claires, mais les travailleurs ont dit qu’ils avaient déjà remit un mémorandum il y a une semaine lorsque la grève a débuté jeudi dernier. Les gens ont faim, ils sont frustrés et ils sont fatigués. Ils veulent travailler, mais ils veulent voir une certaine amélioration de leurs conditions de travail », a déclaré Hanekom. Une paix fragile a depuis descendu dans la région de la Commission de conciliation, de médiation et d’arbitrage arbitre entre les grévistes et leurs employeurs.

    http://communismeouvrier.wordpress.com


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  • C'est aujourd'hui sur terre : une lettre et 12 000 assassinats économiques en Afrique du Sud. (avec un bonus vidéo en fin de p@ges)

    http://www.francetv.fr/geopolis/sites/geopolis/files/styles/article_large/public/images/photos/2012/08/af_du_sud.jpg

     Les actionnaires, spéculateurs, administrateurs et autres des places boursières de Londres, Chicago ou Anvers, ont décidé d'un lockout que la presse bien pensante ne qualifie pas de sauvages alors que la grève contre des salaires de misères était affublée de ce qualificatif.

    C'est vrai que les "sauvages" font grève et que les administrateurs des compagnies minières gèrent aux mieux (de leurs intérêts) les potentiels industriels (CQFD).

     

    LE CAPITAL C'EST CELA :
    AFRIQUE DU SUD

    Le géant du platine va licencier 12'000 mineurs grévistes

    Mis à jour il y a 35 minutes 

    Le numéro un mondial du platine Amplats a annoncé vendredi le licenciement en Afrique du Sud de 12'000 de ses mineurs en grève illégale du site de Rustenburg.

    Manifestation de mineurs grévistes à de Rustenburg, en Afrique du Sud, le 10 septembre. |

    Manifestation de mineurs grévistes à de Rustenburg, en Afrique du Sud, le 10 septembre. | 
    Image: ARCHIVES/Keystone


    «Environ 12'000 employés ont décidé de ne pas se présenter (devant les conseils de discipline), de ne pas assister aux audiences, et ont donc été conséquemment licenciés en leur absence», précise un communiqué du groupe qui avait clairement menacé de licencier les grévistes illégaux qui refuseraient de comparaître devant les conseils de discipline.
    Le numéro un mondial du platine Amplats, filiale du géant Anglo American, a annoncé vendredi le licenciement de 12'000 de ses mineurs en grève illégale du site de Rustenburg (nord) en Afrique du Sud.

    Pour info, parmi une Kyrielle d'anglo américains et de collabos issues d'Afrique du Sud, le directeur financier de la compagnie est un Français :

    René Medori (54) (pas de quoi pavoiser) 

     Doctorat en économie (administrateur non exécutif).

      Nommé administrateur en Mars 2007. René est le directeur financier d'Anglo American plc et président du comité de placement du conseil. Il est un ancien directeur financier de BOC Group plc, et administrateur non-exécutif de Scottish and Southern Energy plc. René est également administrateur de De Beers et DB Investments SA. 

     

    http://photos.maty.com/0300021/V1/800/Alliance-platine-950-diamant.jpeg

    C'est principalement pour cela que le capital les assasine.


     De Beers , comme ils le disent avec l'élégance de madame de Sévigné décrivant à sa fille les pendaisons de Bretagne : "toute la filière du diamant, de la mine au doigt", outre la joaillerie, ils oublient l'industrie des trépans et l'aide technologique aux secteurs miniers et pétrolier, les industries militaires) historiquement connu comme un des piliers de l'apartheid et instigateurs de toute l'histoire de la répression antisyndicale et anticommuniste en Afrique du Sud.

     

    La canaille a du mal à saisir pourquoi l'ANC au pouvoir, vue la place incontournable de ses ressources sur la planète, n'a pas encore usé des méthodes de tout pays se décolonisant en bottant les fesses à ces truands du capital pour les mettre à la porte, et en nationalisant ses ressources et leur exploitation.


    Mais bon, c'est aux Sud Africains eux mêmes de décider des formes de leur combat. 


    En attendant on attend avec impatience les déclarations de la CIS, les appels à la solidarité de la CES.


    Au fait, BHL va-t-il demander une assistance humantaire?

     

    Elle n'est plus là son combat continu.

     


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  • 120903-rassemblement-a-la-mine-marikana-le-23-aout.jpg

    Rassemblement à la mine Marikana, le 23 août, après les funérailles des victimes

     

    Le parquet sud-africain a annoncé, dimanche 2 septembre, qu'il allait suspendre l'inculpation pour meurtre de 270 grévistes arrêtés après la fusillades de la mine de Marikana le 16 août. Ces grévistes avaient été inculpés jeudi pour le meurtre de 34 de leurs camarades abattus par la police.
     

    Cette inculpation quelque peu surréaliste se fondait sur une clause technique de la loi prévoyant que soient inculpées de meurtre toutes les personnes arrêtées sur le site d'une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.

    Cette inculpation avait provoqué une vague d'indignation : le magistrat se serait appuyé sur une clause d'une loi antiémeute remontant à 1956, et jamais réécrite depuis. Plusieurs juristes se sont dits surpris de l'utilisation d'une loi datant du régime de l'apartheid. Le ministre de la justice a, quant à lui, demandé des explications.

     

    source: lemonde.fr (02/09/2012)


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  • Les 270 mineurs arrêtés le 16 août lors de la fusillade policière à Marikana en Afrique du Sud ont été inculpés jeudi du meurtre de leurs 34 camarades en vertu d'une clause technique de la loi, a indiqué jeudi le parquet à l'AFP.
(c) Afp

    Les 270 mineurs arrêtés le 16 août lors de la fusillade policière à Marikana en Afrique du Sud ont été inculpés jeudi du meurtre de leurs 34 camarades en vertu d'une clause technique de la loi, a indiqué jeudi le parquet à l'AFP. (c) Afp

    Les négociations se poursuivaient jeudi pour tenter de trouver une issue au sanglant conflit social de la mine sud-africaine de Marikana (nord), tandis que les grévistes arrêtés après la fusillade policière du 16 août ont été inculpés pour meurtre.

    Les pourparlers engagés sous l'égide du gouvernement se poursuivaient dans la soirée à Rustenburg, la principale ville des environs, entre le groupe minier Lonmin et les syndicats.

    Ils étaient "toujours en cours" après 18H00 (16H00 GMT) a indiqué à l'AFP Sue Vey, porte-parole de Lonmin.

    Nouveauté de la journée, le noyau dur des 3.000 foreurs qui se sont mis en grève le 10 août pour réclamer un triplement de leurs salaires a accepté de se faire représenter par les syndicats.

    Seuls 6,6% des 28.000 employés de la mine se sont rendus au travail jeudi, selon l'entreprise.

    A quelques dizaines de kilomètres de là, un tribunal de la banlieue de Pretoria a formellement inculpé du meurtre de leurs 34 camarades abattus par la police les 270 mineurs arrêtés le jour de la fusillade du 16 août, en vertu d'une bizarrerie du code pénal sud-africain.

    "La cour a inculpé aujourd'hui (jeudi) tous les mineurs de meurtre, conformément à la loi", a indiqué le porte-parole du parquet, Frank Lesenyego.

    Cette clause légale prévoit que soient inculpées de meurtre toutes les personnes arrêtées sur le site d'une fusillade impliquant la police, que les victimes soient policiers ou non.

    Le juge Esau Bodigelo qui les a entendus jeudi a fixé la prochaine audience au jeudi 6 septembre, le temps de vérifier leurs adresses --une gageure car la plupart d'entre eux vivent dans des bidonvilles-- et a ordonné leur maintien en détention.

    "Je comprendrais si le cas avait à voir avec le meurtre de deux policiers (tués dans les jours précédents, ndlr), mais les inculper pour la fusillade de la police sur leurs camarades est étrange", a réagi Vincent Nmehille, juriste à l'Université de Witwatersrand, s'étonnant de la façon dont le juge Bodigelo a interprété la loi.

    Dix hommes, dont 2 policiers, ont été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux. Puis 34 personnes ont été abattues par la police le 16.

    Le jeune tribun populiste Julius Malema, expulsé en avril de l'ANC, le parti au pouvoir, a assisté à l'audience de jeudi.

    "C'est de la folie", a dit l'ancien président de la Ligue de jeunesse de l'ANC à des journalistes en entendant prononcer l'inculpation.

    "Les policiers qui ont tué ces mineurs ne sont pas en prison, pas un seul d'entre eux", a-t-il lancé.

    Malema avait fait parler de lui le 23 août en attaquant le gouvernement et appelant les grévistes à la révolution, lors d'une cérémonie en hommage aux victimes de Marikana.

    Plus tôt jeudi, il a encore menacé: "nous allons mener une révolution minière dans ce pays. Nous allons rendre ces mines ingouvernables jusqu'à ce que les boers (les Blancs, qui ont gardé l'essentiel du pouvoir économique, ndlr) viennent à la table" des négociations pour augmenter les salaires, a-t-il dit aux ex-employés d'une mine fermée aux environs de Johannesburg.

    Le photojournaliste Greg Marinovich, qui a passé quinze jours à Marikana, a parallèlement affirmé jeudi sur le site d'information Daily Maverick que la plupart des grévistes tués par les forces de l'ordre l'ont été de sang-froid.

    Après la fusillade en direct à la télévision, qui aurait fait une dizaine de victimes, "des policiers très armés ont pourchassé et tué les mineurs de sang-froid", écrit le photographe sud-africain.

    "Une minorité a été tuée lors de l'événement filmé où la police dit qu'elle a agi en état d'autodéfense. Le reste a été un meurtre à grande échelle", certains mineurs ayant été abattus à bout portant, affirme-t-il.

    La seule version officielle à ce jour affirme que les policiers ont ouvert le feu pour protéger leur vie lorsque la foule des mineurs, armés de lances, de machettes et de quelques armes à feu, les a chargés.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/


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  • Les armes du nouvel apartheid (Il Manifesto)

    Manlio DINUCCI

    « Avec une énorme tristesse je pleure avec vous la perte de tant de collègues » a déclaré le 13 août, pendant le deuil national en Afrique du Sud, le président de Lonmin Plc. Les « collègues » sont les 34 mineurs noirs en grève tués par la police à Marikana où Lonmin, société dont le siège légal est à Londres, possède une grande mine de platine. Les mineurs faisaient la grève non seulement pour des salaires plus élevés, mais contre un insoutenable système d’exploitation. Lonmin, qui jure agir avec « honnêteté, transparence et respect », se procure une grande partie de sa main d’œuvre à travers des sous-traitances dans des communautés éloignées de la mine, en exerçant un chantage contre les travailleurs et en les dressant les uns contre les autres. Et même si son « code moral » affiche un « risque zéro pour les personnes et l’environnement », le recours au travail précaire est la cause de fréquents accidents mortels, auxquels s’ajoutent les graves dommages sanitaires et environnementaux provoqués par les déchets de la mine. Celle-ci confisque même l’eau aux habitants, qui ne peuvent l’avoir que la nuit et, de plus, polluée. Quand 3mille mineurs ont eu recours à une grève sauvage pour bloquer la mine, Lonmin, le 16 août, les a taxés de « grévistes illégaux », en leur donnant, sur la base d’une « ordonnance du tribunal », « l’ultimatum final » : ou bien immédiatement au travail ou licenciés. Pour 34 d’entre eux l’ultimatum a vraiment été final : la police les a tués, provoquant aussi 78 blessés en frappant dans le dos nombre d’entre eux pendant qu’ils fuyaient. Quatre jours plus tard, Lonmin annonçait qu’ « à Marikana la situation est calme » et qu’un tiers des 28mille mineurs avait repris le travail.

    Le président d’Afrique du Sud Jacob Zuma (Congres national africain, ANC) a nommé une commission d’enquête pour éclaircir les responsabilités de la tuerie. Il est évident que quelqu’un la voulait, cette tuerie : sinon, contre des manifestants armés de bâtons, on n’aurait pas envoyé des policiers armés de fusils d’assaut automatiques. Il est facile de comprendre qui a été le mandant occulte : les mineurs ont été tués par des balles en platine. L’industrie sud-africaine du platine –qui couvre 80% de la production mondiale de ce métal stratégique (il sert entre autres à fabriquer les pots catalytiques)- est dominée par trois groupes multinationaux ; Lonmin, Impala Platinum Holding et Anglo American Platinum. L’apartheid politique a été extirpé par la longue et dure lutte menée par l’Anc, mais ses racines économiques demeurent. Raison pour laquelle la Ligue de la jeunesse Anc, contournant les sommets du parti, demande la nationalisation des mines. L’affaire va bien au-delà de l’Afrique du Sud. Elle est emblématique d’un apartheid global, à travers lequel de puissantes élites économiques et financières s’accaparent la richesse produite avec le travail et les ressources du monde entier, en excluant la plus grande majorité de la planète de leurs bénéfices. Quand on se rebelle contre leur pouvoir, les armes pointent sous le manteau de la légalité. Il n’y a donc pas à s’étonner si, sur la base de la loi H.R. 3422[1] du Congrès étasunien, le matériel guerrier[2] retiré d’Irak et d’Afghanistan sera utilisé pour donner la chasse aux travailleurs mexicains qui, exploités dans les maquiladoras, essaient d’entrer aux Etats-Unis pour avoir des salaires plus élevés. Pour les confiner derrière le mur du nouvel apartheid on utilisera les drones qu’on vient juste de tester dans les guerres menées pour les mêmes intérêts des multinationales.

    Manlio Dinucci

    Edition de mardi 28 août 2012 de il manifesto

    http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/...

    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

    Apostille de la traductrice :

    Sur le site de la multinationale, on trouvera la galerie de portraits des « collaborateurs » dirigeants (mais pas encore éplorés) de Lonmin Plc. : tous (sauf deux) bien blancs, et (so) « british » :

    https://www.lonmin.com/about_us/Management_Profile.aspx#ed

    On trouvera aussi au chapitre « Principaux risques » le paragraphe suivant, autre témoignage, sans doute, du « code moral » de la multinationale :

    « Risques liés aux salariés :

    Comme indiqué plus haut, les activités minières en Afrique du Sud sont fortement syndiquées et, dans le cas de Lonmin, un seul syndicat représente la grande majorité des travailleurs du groupe. Il existe donc un risque que des grèves ou autres types de conflit avec les syndicats ou les employés se produisent qui, s’ils étaient importants, pourraient avoir un effet négatif sur la performance du groupe et sa situation financière. Le SIDA reste le défi de santé majeur que rencontrent les activités du Groupe ; une enquête épidémiologique de 2003 (l’une des plus vastes jamais entreprises en Afrique du Sud) suggère que 26% de nos salariés sont séropositifs. En conséquence, le Groupe a lancé un programme de médicaments antirétroviraux pour ceux qui veulent en bénéficier, soutenu par un encouragement à procéder à un test HIV par un dépistage volontaire et un programme de test. Bien que ses résultats aient été très encourageants, la majorité des bénéficiaires potentiels étant maintenant sur ART et en général de retour au travail, le SIDA posera un risque permanent et vraisemblablement croissant dans l’immédiat. Les autres défis principaux auxquels est confronté le Groupe sont la tuberculose et autres maladies pulmonaires professionnelles, en particulier parmi ceux qui ont travaillé auparavant dans les mines d’or d’Afrique du Sud, tandis que demeure toujours un risque qu’une autre pandémie affecte notre main-d’œuvre." (Traduction Mireille Rumeau)

    https://www.lonmin.com/about_us/Principal_risks.aspx .

    Sida, tuberculose et « autres maladies pulmonaires professionnelles », salaires de misère etc. La police qui tire dans le dos des grévistes et les patrons qui pleurent…

    Nkosi Sikelel’ iAfrika !

    Ancien hymne de l’ANC, à présent hymne de l’Afrique du Sud :
    http://www.youtube.com/watch?v=MFW7845XO3g

    m-a

    [1] http://www.govtrack.us/congress/bills/112/hr3422

    « Send Equipment for National Defense Act or SEND Act - Directs the Secretary of Defense, within one year after eligible equipment returns to the United States from Iraq, to transfer at least 10% of such equipment to federal and state agencies, with a preference to agencies that will use the equipment primarily for U.S. southern border security purposes. Defines as "eligible equipment" that equipment determined to be suitable for use in law enforcement activities, including surveillance unmanned aerial vehicles, night-vision goggles, and high mobility multi-purpose wheeled vehicles (humvees)(surlignage m-ap). Authorizes the Secretary to waive the transfer requirement in the case of equipment needed for immediate use, after certification to Congress. »

    [2] Hélicoptères, drones, viseurs nocturnes (NdT).

    URL de cet article 17576
    http://www.legrandsoir.info/les-armes-du-nouvel-apartheid-il-manifesto.html

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  • INFO REPRISE SUR LE BLOG DE JACQUES TOURTAUX


    La France envoie ses troupes secrètement au Sahel

    Publié le 27 Août 2012


    Tourtaux 11

    Malgré les mises en garde des experts, les militaires français interviennent au Sahel sous le couvert d’une mission de spécialistes de l’Union européenne. Saisissant l’incapacité de Bamako à contrôler le nord du Mali, devenu une plaque tournante de tous les trafics, la France a envoyé des groupes de militaires d’«élite» dont la mission officielle est d’assister en premier les pays de la région (Niger, Mali et Mauritanie) dans leur lutte contre les groupes terroristes qui infestent la bande sahélo-sahélienne.

     

    Ces « experts » ont commencé discrètement à se déployer au Niger début août. Au total, la mission baptisée Eucap Sahel comptera une cinquantaine d’experts. Sa mission officielle est de former les forces de sécurité locales. Basée à Niamey, la mission aura des officiers de liaison à Bamako et Nouakchott.

     

    Ancienne puissance coloniale dans la région, la France semble sous-estimer les dangers encourus dans cette partie de l’Afrique sub-saharienne totalement désertique et aux reliefs très dangereux et accidentés.

     

    Mais la France est prête à courir ces risques pour garantir la sécurité de ses mines d’uranium au Niger, lesquelles alimentent ses nombreuses centrales nucléaires, une cinquantaine.

     

    Ni l’Union européenne qui a donné son feu vert pour cette mission ni la France ne parlent de sécurité énergétique. Mais tout le monde l’aura compris. Actuellement, la société française Areva exploite deux gisements d’uranium à Arlit et Akokan au Niger et entamera en 2013-20147 – si la situation sécuritaire le permet – l’exploitation de la mine géante d’Imouraren, toujours dans le Grand Nord, qui sera alors la deuxième mine du monde. L’enjeu énergétique est tel que la France n’a pas peur de s’embourber dans les sables mouvants du Sahel.

     

    Cette offensive déguisée des Français dans la région, après avoir échoué à faire intervenir l’armée algérienne qui connaît bien ce territoire à haut risque, en dit long sur les visées de cette ancienne puissance coloniale.

     

    Sonia B.

    Publié par: Algérie Patriotique


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    Plus que jamais, la grande dame, voix de la lutte du peuple et des mineurs d'Afrique du Sud:

     

     

    Merci à l'ami et camarade J. Tourtaux qui avec son blog joue un rôle de vigie irremplaçable pour avoir des éclairages sur les terrains des affrontements de cet été.

    C'est grâce à lui que Canaille le Rouge met en ligne ce qui suit.

    Même si cela ne fait pas le tour des causes d'un massacre de plus des mineurs d'AFrique du Sud, cela va permettre de recentrer les responsabilités principales sur le patronat minier.

    Reste la question de la mise hors d'état de nuire de ce patronat, c'est de la responsabilité des choix du peuple sud africain. A voir comment sévit le patronat en France et nos réactions, bien impudent serait tout donneur de leçon. 

     

     

    Le Parti communiste sud-africain dénonce les pratiques d'exploitation du grand groupe minier Lonmin derrière la tragédie de la mine de Marikana

     

    Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Le Comité central a commencé sa première session après le Congrès de juin en observant une minute de silence et en exprimant ses condoléances à ceux qui ont perdu des proches et des collègues dans les événements tragiques de la semaine dernière, et nos meilleurs vœux de rétablissement à ceux qui ont été blessés, du côté des travailleurs et du côté de la police. Le Comité central salue l'annonce du président Zuma de lancer une commission d'enquête. Il est important que le mandat de l'enquête ait une portée générale. Il est impossible de comprendre la tragédie sans comprendre ses causes sous-jacentes.

     

    L'enquête devrait, entre autres, se baser sur le rapport de 167 pages de la Fondation Bench Marksparrainée par une association religieuse, « Les communautés dans les mines de platine », qui a été publié la semaine dernière. Ce rapport dresse un tableau sombre de la façon dont les grands groupes miniers ont dégagé des milliards de rands de profit grâce à l'extraction des plus importants gisements de platine au monde dans le district de Bojanala dans la province du Nord-ouest, tout en ne laissant dans son sillage que la misère, la mort, la pauvreté, la maladie et la pollution environnementale dans les communautés environnantes. Le rapport constate que les opérations de Lonmin, par exemple « impliquent des taux élevés de décès » et des « conditions déplorables de logement des employés de Lonmin ». Le rapport attribue par ailleurs le niveau élevé de décès à Lonmin et dans d'autres mines de platine de l'entreprise dans le district au recours massif aux contrats précaires (près d'un tiers de la main d’œuvre dans le cas des opérations de Lonmin à Marikana). « Les emplois sont généralement assortis de bas salaires, avec des salariés mal formés, mal éduqués et mal logés », note le rapport, ajoutant :« Par conséquent, le sort des travailleurs précaires met en danger la santé et la sécurité des autres travailleurs ».

     

    Nos propres membres du SACP dans le district, la plupart d'entre eux mineurs, ont bien sûr averti le parti sur ces réalités, ce depuis des années, et nous avons soulevé ces problèmes publiquement, mais nous faisons référence au rapport de la fondation Bench Marks pour éviter que l'on nous accuse d'esprit partisan. Point important, le rapport souligne que la pratique de l'embauche en contrats précaires par les compagnies minières remonte à la période immédiatement postérieure à 1994, une mesure de réduction des coûts et une tentative de « casser la force du NUM »[Syndicat national des mineurs – sous influence communiste], de revenir sur les droits à la négociation collective que la classe ouvrière organisée avait finalement obtenu après des décennies de lutte. En outre, le rapport fait remarquer que le recours massif aux travailleurs précaires venant d'autres régions, y compris du Cap oriental, a créé des tensions dans les communautés entre « locaux » et « étrangers ». L'an dernier, il y eut des manifestations violentes au sein des jeunes chômeurs locaux originaires de Marikana, furieux que les emplois des mines soient pris par des « étrangers ».

     

    La Commission d'enquête présidentielle doit aussi prendre en compte le cycle de la violence alimenté par le pseudo-syndicat AMCU, qui cherche à s'implanter localement. Lancé à Witbank par deux anciens membres du NUM, exclus pour comportement anarchique, l'AMCU a été financé par BHP Billiton [Grand groupe minier concurrent de Lonmin] dans une tentative délibérée de saper l'influence du NUM. La commission devrait tout particulièrement enquêter sur son leader, Joseph Mathunjwa.

     

    La violence associée à l'AMCU s'est étendue aux mines de platine du Rustenburg l'an dernier lorsque de la direction d'Impala Platinum a délibérément remis en cause les conventions collectives signées avec le NUM, en cherchant d'attirer, avec des salaires plus élevés, les mineurs d'autres entreprise spécialisés dans le dynamitage ; cela a naturellement suscité des griefs chez les piocheurs moins qualifiés. Des griefs utilisés de façon démagogique par l'AMCU, ce qui a conduit finalement au licenciement de milliers de travailleurs.

     

    A Marikana, la semaine passée, la direction de l'AMCU a encore une fois profité de la crédulité et du désespoir des couches les plus marginalisées de la main d'oeuvre de Lonmin, de ces travailleurs précaires « étrangers », la plupart venant du Pondoland oriental. Les membres du SACP de la région confirment les compte-rendus des journaux selon lesquels les travailleurs armés qui se sont rassemblés sur la colline ont été induits en erreur, imaginant être invulnérable aux balles de la police après avoir ingurgité de l' « intelezi » [plante psychotrope], sous condition qu'ils laisseraient de côté leurs femmes et qu'ils ne reculeraient pas devant la police.

     

    En bref, il est impossible de comprendre la tragédie de la semaine dernière sans une compréhension de la façon dont les grands groupes miniers, faisant main basse sur plus de 80% des ressources mondiale de platine, ont suscité une pauvreté communautaire source de désespoir, des tensions créant des divisions, et une attitude fataliste face au danger et à la mort. Il n'est pas possible de comprendre la tragédie sans comprendre comment l'avidité d'entreprises guidées par leur soif de profit a délibérément cherché à ébranler l'influence d'un puissant syndicat ainsi que les conventions collectives, de connivence avec des forces démagogiques. Cette stratégie s'est désormais retournée contre les grandes compagnies minières elles-mêmes, et leurs profits.

     

    Pour toutes ces raisons, le SACP rejette fermement la tentative de dépeindre les événements de la semaine dernière comme étant une manifestation d'une rivalité entre syndicats. Ce récit n'est guère différent de celui élaboré dans les dernières années de l'apartheid, lorsque des vigiles fomentés, entraînés et escortés par le régime d'apartheid se sont déchaînés sur les communautés qui soutenaient le Front démocratique unitaire (FDU), la COSATU et l'ANC, et ce qui était rapporté dans les médias comme étant une « violence des noirs contre des noirs ».

     

    On peut apprendre beaucoup de leçons de cette tragédie. Une bonne compréhension de ses causes sous-jacentes devraient couvrir de honte tous ceux qui cherchent à saper nos conventions collectives en appelant à un « marché du travail plus flexible », en défendant la pratique des intermédiaires de travail (labour-brokers) et le recours massif à toute autre forme de travail « atypique », et en cherchant à dépeindre la COSATU et ses syndicats affiliés comme la source de tous les maux.

                                                                                                                               Jeudi 23 août 2012 

     

    Par canaille le rouge


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  • La société minière Lonmin a sommé dimanche les grévistes de Marikana de reprendre le travail lundi matin, sous peine de "possibles licenciements", trois jours après la fusillade qui a fait 34 morts sur ce site d'extraction de platine. - /AFP

    La société minière Lonmin a sommé dimanche les grévistes de Marikana de reprendre le travail lundi matin, sous peine de "possibles licenciements", trois jours après la fusillade qui a fait 34 morts sur ce site d'extraction de platine. - /AFP

    L'exploitant de Marikana menace toujours de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi matin : le bras de fer continue, en Afrique du Sud, trois jours après la tragédie : jeudi, 34 mineurs avaient été tués par la police. Les grévistes, qui réclament toujours de substantielles augmentations de salaires, semblent majoritairement prêts à rejeter cet ultimatum, en mémoire de leurs camarades tués.

    "L'ultimatum final a été repoussé au lundi 20 à la suite des événements de jeudi", explique le porte-parole de Lonmin : "l'ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s'exposer à un possible licenciement".

    "Une insulte"
    "S'attendre à ce que nous retournions au travail, c'est comme une insulte. Beaucoup de nos amis et collègues sont morts et on s'attendrait qu'on reprenne le travail? Jamais!", s'emporte Zachariah Mbewu, assurant qu'aucun de ses camarades mineurs ne se présenterait à son poste lundi. "Il y a des gens en prison et à l'hôpital. Demain, on retourne sur la montagne mais on ne descend pas dans la mine, à moins que les patrons nous donnent ce qu'on réclame",.

    400 euros par mois
    La "montagne" est une petite colline proche de la mine où les mineurs s'étaient rassemblés au début de leur mouvement lancé le 10 aout, jusqu'à la fusillade de jeudi, qui a fait 34 morts et 78 blessés. "Nous attendons que la direction s'exprime. Demain nous ne reprendrons pas le travail s'ils n'écoutent pas nos exigences d'augmentation de salaire", poursuit Fezile Magxaba, un contremaître de Marikana.

    Les mineurs, qui touchent en moyenne 4.000 rands (400 euros) par mois, réclament 12.500 rands (1.250 euros), soit plus qu'un triplement de leur salaire. "Des gens sont morts. On est en colère. Si on reprenait le travail, ce serait comme s'ils étaient morts pour rien", dit-il en faisant sa lessive à un robinet collectif.

    Une enquête ouverte
    Une enquête doit déterminer les circonstances exactes du déclenchement de la fusillade. La police affirme avoir agi en état de légitime défense face à des mineurs qui chargeaient, brandissant des machettes et des lances. Autour des misérables baraquements, les forces de l'ordre se faisaient discrètes ce dimanche. Les gens semblaient vaquer à leurs occupations quotidiennes, mais la colère restait vive.

    Un ancien leader de l'ANC sur le front
    Dans le pays, les commentaires politiques allaient bon train, accusant notamment le président Jacob Zuma d'avoir été passif tout au long de la crise. La vedette des journaux du dimanche était le jeune tribun populiste Julius Malema, soudain sorti de l'anonymat politique dans lequel il était tombé après avoir été exclu en avril de l'ANC, le parti au pouvoir, pour ses provocations répétées.

    Samedi, l'ancien leader de la ligue de jeunesse de l'ANC s'est rendu auprès des mineurs et s'est adressé à eux, refusant toute forme de protection policière. Il a accusé le président Zuma d'être responsable du massacre et l'a appelé à démissionner.
     
    "Julius Malema a saisi une opportunité et a exploité le massacre de Marikana en se présentant comme le seul leader capable de s'adresser aux mineurs armés et en colère", notait dimanche matin The Sunday Independant: "Pendant que le président Zuma arrivait à Marikana nuitamment, Malema a profité du vide pour sortir brutalement de l'obscurité politique où il était plongé".

    Malema, qui n'a plus aucune structure politique autour de lui, a très longtemps incarné l'aile radicale de l'ANC. Insatisfait de voir le chômage, la misère et les inégalités s'aggraver 18 ans après la chute de l'apartheid, il appelait notamment à la nationalisation des mines et à l'expulsion sans compensation des grands propriétaires terriens blancs.

    AFP

     


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  • Un article de Sébastien Hervieu pour le journal Le Monde, sur le bain de sang intervenu contre des mineurs grévistes en Afrique du Sud. La police a tiré et tué 34 mineurs et 78 blessés selon un bilan officiel. Jacob Zuma, le président élu d'Afrique du Sud est rentré aussitôt d'une réunion régionale et a déclenché une enquête.

     

    Quand la poussière est retombée, jeudi 16 août, à Marikana, les ombres menaçantes s'étaient muées en corps sans vie. Parmi la dizaine de mineurs baignant dans leur sang, seuls deux remuaient encore.

    Tendus, des policiers se rapprochaient en pointant le canon de leurs fusils automatiques. L'un d'entre eux ramassait puis éloignait un pistolet tombé des mains d'un travailleur.

    Les policiers sud-africains encadrent la grève des travailleurs de la mine de platine de Marikana dans le nord-ouest de Johannesburg, le 15 août.

    Après que les grévistes de la mine de platine de Marikana eurent été la cible de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour être délogés d'une colline où ils s'étaient installés, des individus ont-ils riposté en tirant les premiers ?

    La police assure avoir agi "en état de légitime défense". Devant l'avancée soudaine d'un groupe de mineurs, les forces de l'ordre ont-elles au contraire réagi de manière disproportionnée ? De très longues secondes se sont écoulées avant que l'un des officiers lève le poing en l'air pour faire taire le feu nourri face à des assaillants armés de machettes et de gourdins sur le site de la mine située à une heure de route à l'ouest de Pretoria.

    Ensuite, des coups de feu ont continué à retentir dans plusieurs directions. Dans le ciel bleu de l'hiver austral, quatre hélicoptères tournoyaient. Plus tard encore, d'autres corps seront aperçus au pied de plusieurs ambulances.

    Les mineurs sud-africains en grève devant la mine de platine de Marikana.

    Vendredi, un bilan officiel de la police nationale a fait état de trente-quatre mineurs tués, et soixante-dix-huit, blessés. Ce jeudi noir est devenu l'un des jours les plus sombres de l'histoire de l'Afrique du Sud post-apartheid. Le choc dans l'opinion était alimenté par les images tournant en boucle sur les chaînes de télévision nationales, rappelant à beaucoup les interventions meurtrières de la police dans les townships sous le régime de la minorité blanche.

    "La police a fait tout ce qu'elle a pu mais ces gens avaient dit qu'ils n'étaient pas prêts à quitter les lieux mais plutôt à se battre", s'est défendu le ministre. Le président Jacob Zuma s'est déclaré "choqué et consterné par cette violence absurde".

     "LA DIRECTION FAIT LA SOURDE OREILLE"

    Avant les violences de jeudi, la grève, lancée il y a une semaine, affichait déjà le triste bilan de dix morts, dont deux policiers. Roger Phillimore, le président de Lonmin, l'un des principaux extracteurs de platine dans le monde qui possède la mine de Marikana, a estimé que c'était "clairement une affaire d'ordre public plutôt qu'un conflit social".

    Les corps de mineurs tués par les forces de police gisent sur le site de la mine de platine de Marikana, le 16 août, près de Johannesburg.

    Plus tôt dans la journée, Lonmin avait refusé de négocier toute augmentation de salaires et intimé l'ordre aux 3 000 grévistes de reprendre le travail sous peine d'être licenciés.

    En chemin vers la butte rocailleuse, un homme, qui préfère rester anonyme, se doutait bien qu'il n'obtiendrait pas les 1 250 euros exigés. Mais après vingt années passées sous terre à récupérer le précieux métal, souvent six jours sur sept, officiellement huit heures par jour mais souvent neuf payées huit, il pense quand même qu'il mérite mieux que ses 580 euros mensuels.

    "J'ai cinq enfants dont trois au lycée, raconte-il. Comment voulez-vous que je les envoie à l'université avec ce salaire ?" Ses camarades grévistes gagnent en moyenne 400 euros par mois. "On se tue à la tâche et quand on demande quelque chose à la direction, elle fait la sourde oreille", ajoute-t-il.

    Le corps amaigri, le souffle court, Domingos Tivano, 39 ans, est en arrêt de travail depuis juin. "Mais comme je ne suis toujours pas revenu, je crois qu'ils m'ont viré", glisse-t-il. Le médecin de l'hôpital de la mine lui a diagnostiqué une tuberculose, mais ne s'est pas étendu sur les causes. "Des explosions ont souvent lieu avant qu'on ait le temps de remonter, nos masques ne nous protègent pas bien, cela fait douze ans que j'avale de la poussière", explique-t-il.

    Les mineurs sud-africains en grève devant la mine de platine de Marikana, le 15 août, dans le nord-ouest de Johannesburg.

    La plupart des mineurs vivent à quelques centaines de mètres du principal puits dans des cabanes en tôle, dont à peine une sur deux à l'électricité. A l'extérieur, parfois, un robinet crachote. Les champs sont parsemés de détritus.

     CONFLITS D'INTÉRÊTS

    En début de semaine, une étude sur les producteurs de platine de la région, publiée par la fondation Bench Marks, spécialisée dans la responsabilité sociale des entreprises, rappelait que les compagnies minières faisaient des profits très importants alors que les communautés avoisinantes, "comme celles de Marikana", souffrent d'un haut niveau d'inégalité et de pauvreté.

    "Ils montent des projets sociaux essentiellement pour soigner leur image dans l'opinion, mais ils consultent rarement les populations pour savoir ce dont elles ont vraiment besoin", lit-on dans l'étude.

    Assis dans une cour, un non-gréviste n'ose pas aller travailler. "Je me ferais tuer par les autres", affirme-t-il. Derrière le conflit social se cache une lutte violente entre le puissant mais déclinant syndicat national des mineurs (NUM), précieux soutien du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir et une branche dissidente, AMCU, dont le succès croissant se nourrit des espoirs déçus d'une partie de la population. En février, deux ouvriers ont été tués lors d'une grève dans une autre mine de platine de la région.

    "Est-ce que la jeune génération doit être asservie à la pauvreté toute sa vie et être l'esclave d'une minorité blanche qui continue à contrôler les ressources après dix-huit années de démocratie ?" s'interrogeait, juste avant l'assaut de la police, Joseph Mathuniwa, le président du nouveau syndicat à l'origine de la grève.

    A quatre mois du congrès électif de l'ANC, il est possible que cette lutte syndicale soit instrumentalisée par des factions du parti opposées à la réélection de Jacob Zuma pour un second mandat. AMCU accuse ainsi le NUM de ne pas défendre ses membres et de "partager le même lit que la direction".

    "Les partis qui veulent gagner les élections ont besoin d'énormément d'argent, et ces compagnies leur donnent ce financement", alertait lundi David van Wyk. Le chercheur de la fondation Bench Marks s'inquiétait aussi de ces hommes politiques qui intégraient de plus en plus souvent les conseils d'administration de grandes sociétés. Ex-secrétaire général de NUM et figure majeure de l'ANC, Cyril Ramaphosa est aujourd'hui administrateur de Lonmin.

     

    Sebastien Hervieu (Marikana, Afrique du Sud, envoyé spécial)

     

    Note de ma pomme: Ce n'est pas la première fois qu'un conflit social important éclate en Afrique du Sud. Le chemin, pour résorber toutes les inégalités découlant de l'apartheid qui a régné longtemps sur le pays, est encore long et difficile. Et la misère d'une partie de la population noire est une réalité qui mine la société sud-africaine.

    Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud, revenu d'urgence d'une conférence régionale au Mosambique, a promis une enquête rapide sur ce bain de sang. Espérons que des considérations politiciennes ne l'enterreront pas.

    La compagnie Lonmin, qui exploite la mine dans laquelle travaillent les mineurs grévistes, a promis d'aider à l'identification des corps et d'organiser les obsèques des victimes. La compagnie va aussi offrir de payer les frais de scolarité des enfants des mineurs tués, de la primaire à l'université. C'est le moins qu'elle puisse faire, après avoir refusé toute discussion avec les grévistes.

    Lonmin est une société privée de production de platine dont le siège social se situe à Londres, capitale de la Grande-Bretagne qui abrite des paradis fiscaux et la City plaque tournante de l'argent sale pour l'Europe et fer de lance du dollar sur le vieux continent. Lonmin est côté à la Bourse de Londres.

    Le salaire du boss de Lonmin s'élevait en 2009 à 788 844 livres, soit plus d'un million d'euros. Et avec le coût des minerais précieux qui flambe, sans nul doute que les actionnaires et dirigeants de Lonmin n'iront pas se ravitailler dans une association caritative en 2012.

    Qui a dit que la lutte des classes n'existait plus? C'est vrai, il y en a tant qui assènent cela à tout bout de champ dans les médias, non?

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com

     

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