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    Grèce

    Aube dorée, l’autre visage de l’extrême droite européenne

    Par Ivan du Roy (1er juillet 2013)

    L’Union européenne renoue avec ses vieux démons. La crise sociale et démocratique est un terreau fertile à la résurgence des droites extrêmes. En Grèce, elle est incarnée par Aube dorée, un parti aux références néo-nazies assumées, crédité de 13% dans les sondages. Agressions racistes et violences politiques perpétrées par ses militants et ses élus se multiplient. Et si le crépuscule brun d’Aube dorée recouvrait la Grèce ?

    Vu de France, leur succès est une énigme. Leur logo ressemble à s’y méprendre à une croix gammée. Ils traquent, tabassent ou défigurent jeunes, vieux et femmes sous prétexte qu’ils sont immigrés, musulmans ou « rouges ». Africains, Albanais, Afghans ou Pakistanais ? « Des espèces de sous-hommes qui ont envahi notre patrie en nous ramenant toutes sortes de maladies », explique l’une de leur députée, Eleni Zaroulia, au Parlement grec. Leurs élus exhibent des armes à feu, intimident d’autres députés ou font le salut nazi en plein hémicycle. Mi-mai, l’un de leur député pénètre au sein du Parlement avec un revolver. Il aurait déclaré au policier en faction : « Je préfère avoir quelqu’un en premier, avant qu’ils me choppent. » Des lettres de menaces de mort, arborant leur logo, sont adressées à des journalistes ou à l’Association des musulmans de Grèce. Des images montrent leurs militants aux côtés de la police anti-émeute, participant à la répression des manifestations de gauche anti-austérité…

    Aux élections législatives de 2009, Aube dorée [1] recueillait 0,29% des voix. Trois ans plus tard, le parti d’extrême droite envoie 18 députés au Parlement, avec 7% des suffrages. Aujourd’hui, les sondages le créditent d’environ 13% des intentions de votes, ce qui en ferait la 3ème force politique du pays, derrière Nouvelle démocratie (droite) et Syriza, la « coalition de la gauche radicale ». Pour obtenir ce résultat, nul besoin de « relooker » son image, comme l’a fait le Front national en France. « Nous ne sommes pas en train de parler d’un parti de droite extrême classique », résume Dimitris Psarras, journaliste grec dont « Le livre noir d’Aube dorée » est en cours de traduction aux éditions Syllepse. Loin de s’être assagie, au moins en apparence, « l’organisation, après son succès électoral, est devenue plus provocatrice et plus agressive ». « Pour eux, pas de distinction, toute la gauche doit aller dans des chambres à gaz », commente Moisis Litsis, l’un des fondateurs du Comité grec contre la dette et responsable syndical, lui-même est pointé du doigt par la presse d’extrême droite comme « trésorier [de son syndicat] et juif ».

    La crise n’explique pas tout

    Comment en est-on arrivé là ? Comment un parti clairement néo-nazi, qui multiplie les agressions de rue et les discours racistes assumés, est-il désormais en mesure de négocier une place au sein de la coalition gouvernementale d’un pays membre de l’Union européenne ? Pour les prochaines élections législatives, prévues en 2016, « nous ne pouvons pas exclure une alliance entre Nouvelle démocratie et Aube dorée, même si ce n’est pas le scénario le plus probable », estime Dimitris Psarras. Ailleurs en Europe, seul le parti hongrois Jobbik, ouvertement raciste, antisémite et négationniste, connaît un tel succès électoral (16,7% des voix aux élections législatives de 2010). D’autres formations similaires ont obtenu quelques résultats notables, en particulier en Allemagne ou au Royaume-Uni, mais toujours localement [2].

    Il y a la crise, bien sûr, mais elle n’explique pas tout. « Nous n’enregistrons pas, pour l’instant, de poussée de l’extrême droite au Portugal ou en Espagne », rappelle le journaliste. En Grèce, les mesures d’austérité imposées par la Troïka – Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et FMI – se sont conjuguées à l’effondrement du système politique. Le panorama électoral a été totalement chamboulé : en trois ans, les deux grands partis qui ont gouverné la Grèce depuis la fin de la dictature en 1974, les sociaux-démocrates du Pasok et la droite classique de Nouvelle démocratie, ont perdu plus de la moitié de leurs électeurs, chutant de 77% à 32% en nombre de voix cumulées. Ce qui ne les empêche pas de continuer de gouverner ensemble.

    Banquiers, extrême droite et Troïka

    Surtout, la démocratie grecque semble avoir été mise entre parenthèse par la Troïka qui impose au pays ses mémorandums. « Il n’y a pas une seule mesure des lois préfabriquée par la Troïka qui ne soit pas passée. Alors les gens se demandent à quoi sert le Parlement ? A quoi sert d’avoir des élus ? », pointe Panagiotis Grigoriou, historien et ethnologue, auteur du blog Greek Crisis [3]. « La démocratie grecque était loin d’être parfaite, mais quand on l’annule, lorsque l’on bafoue constamment la Constitution, la porte est ouverte à un changement de régime… Dans ce contexte, l’arrivée d’Aube dorée n’est pas un hasard. » La précédente coalition au pouvoir, dirigée par Lucas Papademos, ancien vice-président de la BCE, s’était ouverte à un parti de droite extrême, l’« Alerte populaire orthodoxe » (LAOS). Une première depuis la dictature militaire. Autre signe de l’agonie de la démocratie : l’actuel gouvernement a envoyé la police prendre d’assaut les émetteurs de la radiotélévision publique, une fermeture arbitraire qu’a d’ailleurs soutenue Aube dorée. Comment combattre la montée du parti d’extrême droite, si le gouvernement adoubé par les dirigeants européens se comporte lui-même comme une junte de putschistes ?

    Qui sont les électeurs de l’Aube dorée ? « La répartition des votes est à peu près égale dans toute la Grèce, y compris dans les petites villes et les villages où il n’y a pas de présence de migrants », explique Dimitris Psarras. Le parti a obtenu son premier succès électoral dans le centre d’Athènes, en faisant élire son chef Nikólaos Michaloliákos comme conseiller municipal. Une cartographie électorale de l’extrême droite différente de la France, où le vote FN s’est affaibli dans les agglomérations, y compris les banlieues populaires, pour se développer dans les zones « semi-urbaines » plus éloignées des grands centres.

    Des néo-nazis ? « Cela n’a plus d’importance »

    « Ceux qui ont encore un espoir votent pour Syriza (la nouvelle coalition de gauche, passée en 3 ans de 4,5% à 17% et créditée de 25% à 30% dans les sondages, ndlr). Ceux qui sont désespérés votent pour Aube Dorée », avance le spécialiste de l’extrême droite. L’électeur type du parti néo-nazi est « un homme plutôt jeune avec un niveau d’éducation plutôt bas ». Ses candidats remportent un certain succès chez les travailleurs non qualifiés, les chômeurs de longue durée – le taux de chômage est officiellement de 27% – et les petits patrons. Le parti à la croix gammée stylisée plaît aussi chez les policiers : 40% des agents des « forces spéciales » employées pour le maintien de l’ordre auraient voté Aube dorée aux dernières législatives. Un implantation beaucoup plus inquiétante que dans l’armée où l’organisation plafonne, pour l’instant, aux alentours de 10%. Rappelons que c’est la police qui est chargée de d’enquêter sur les crimes racistes et les agressions anti-immigrés. « Il y a aussi des gens qui ont bénéficié des réseaux clientélistes du Pasok (qui a gouverné la Grèce pendant quasiment deux décennies, ndlr), qui n’en profitent plus, se sentent trahis et veulent aujourd’hui prendre leur revanche sur les politiciens », complète Panagiotis Grigoriou.

    La mémoire encore vive des années de dictatures (1967-1974) cantonnait jusqu’à présent l’extrême droite à des scores électoraux anecdotiques. La crise, l’effondrement soudain du système politique et clientéliste, les diktats comptables de la Troïka sans véritables réformes, le réveil du nationalisme depuis l’indépendance de la Macédoine (appellation revendiquée par la Grèce [4]), la résurgence de l’islamophobie avec l’arrivée de migrants du Moyen-Orient, ont balayé les réticences. « Les gens qui votent Aube dorée savent que c’est une organisation néo-nazie. Mais la situation politique et sociale est si terrible que cela n’a plus d’importance », soupire Dimitris Pasarras.

    La dictature des colonels pour origine

    Aube dorée, un parti « anti-système » ? « Aube dorée n’a jamais été en dehors de la société. Ils ont entretenu des liens avec quelques riches armateurs grecs et avec les anciens responsables de la dictature », répond le journaliste. Le leader d’Aube dorée, Nikólaos Michaloliákos (56 ans), est un pur produit de la dictature d’extrême droite. Il fait ses premiers pas en politique au début des années 70, au sein d’un mouvement ultranationaliste, le seul à être autorisé par le régime militaire [5]. A la fin de la dictature, Michaloliákos séjourne en prison, pour détention d’armes et d’explosifs, en lien avec l’organisation néofasciste italienne Ordre nouveau (Ordine Nuovo), dont des militants sont soupçonnés de plusieurs attentats et assassinats en Italie dans les année 70. Après un court passage au parti nationaliste créé par les anciens de la junte (dont l’avocat est d’ailleurs le frère de Nikólaos, Panagiotis Michaloliákos), il se concentre sur Aube dorée, qu’il a fondée en 1980.

    Outre l’antisémitisme, le racisme et les références au nazisme, les influences des année 30 sont très présentes dans son programme. Il revendique une « Grande Grèce », s’étendant de l’Albanie à Chypre, en passant par des territoires bulgares ou turques. Si l’Allemagne impose une austérité drastique à l’Europe méditerranéenne, c’est la faute « des juifs qui ont persuadé Angela Merkel de mener cette politique », décrit Dimitris Psarras. Les théoriciens du parti rêvent d’un nouvel axe privilégié entre la Grèce et la Russie, le nouveau régime autoritaire à la mode chez l’extrême droite européenne, y compris pour Marine Le Pen [6].

    La chasse aux « sous hommes »

    Autre ressemblance avec les années 30 : les sympathisants du parti organise de très médiatiques distributions de produits alimentaires destinés aux seuls Grecs, sur présentation d’une pièce d’identité. Début mai, une telle initiative devant le Parlement a été interdite par le maire d’Athènes, la qualifiant de « soupe populaire de la haine ». « La machine du parti déploie ses forces comme une toile d’araignée partout dans le pays. L’heure est à l’activisme politique et social dans une société qui se paupérise de façon dramatique », écrit Filippa Chatzistavrou, avocate et enseignante à l’Université d’Athènes. « Les points de ressemblance avec les méthodes du parti nazi NSDAP (le parti national-socialiste des travailleurs allemands) à Weimar sont frappants. »

    Y compris dans l’extrême brutalité vis-à-vis des non-Grecs, ces « sous-hommes » décrits par la députée Eleni Zaroulia. Le 6 mai, à Athènes, non loin du siège d’Aube dorée, un enfant de 14 ans se fait taillader le visage à coups de tessons de bouteilles par trois hommes habillés en noir et portant des t-shirts arborant le logo du parti. Son crime : être Afghan. « Le jeune Afghan, victime de cette agression terrifiante, s’est présenté au Bureau de traitements de violences racistes de la police grecque pour déposer plainte et il y a failli être arrêté et expulsé vers son pays par la police sous prétexte qu’il n’avait pas de papiers ; son expulsion n’a pu été évitée qu’in extremis grâce à l’intervention du Haut Commissariat aux réfugiés de l’Onu », raconte Le Journal des rédacteurs, un quotidien créé pendant la crise, et l’un des rares à survivre.

    « Déloger Aube dorée va être compliqué »

    La menace Aube dorée peut-elle être jugulée ? Pas par le gouvernement actuel qui se contente de mettre sur le même pied l’organisation néo-nazie et la gauche radicale de Syriza. Et reprend à son compte certaines propositions des sulfureux députés, comme le recensement des enfants d’immigrés inscrits en crèche, sous prétexte qu’il n’y aurait pas assez de places pour les Grecs, ou la multiplication des rafles contre les sans-papiers. Sur le terrain, des actions de solidarité dans les quartiers et de résistances face aux « patrouilles » d’Aube dorée se multiplient, à l’initiative notamment des mouvements anarchistes et antifascistes.

    Sur l’échiquier électoral, la gauche demeure très divisée et éparpillée. Le très orthodoxe Parti communiste grec (KKE, 8,5% des voix en 2012) fait cavalier seul. Le centre-gauche (Dimar, 6%) a choisi de participer à la coalition gouvernementale, rendant difficile une future alliance avec Syriza (17%), elle-même de plus en plus critiquée par les formations d’extrême gauche pour son « institutionnalisation ». Si tant est que la gauche accède au pouvoir, encore faut-il qu’elle se donne les marges de manœuvres nécessaires pour sortir la Grèce de la spirale infernale. « Comparé à d’autres périodes difficiles, cette fois, on ne voit pas d’avenir, même lointain. C’est cela qui est grave. Dans cette situation, Aube dorée peut soit stagner, soit progresser, mais la déloger va être compliqué », estime Panagiotis Grigoriou. La nuit brune de l’Aube dorée recouvrira-t-elle la Grèce ?

    Ivan du Roy

    @IvanduRoy sur twitter

    Photos : de une (source) / du leader d’Aube dorée Nikólaos Michaloliákos (source)

    Notes

    [1Chryssi Avghi, en grec.

    [2Le NPD allemand (Parti national-démocrate) compte des élus régionaux dans deux Lands, en Saxe depuis 2004 et en Mecklembourg - Poméranie depuis 2006, ainsi que des conseillers municipaux dans plusieurs villes. Le « National Front » britannique a frôlé la barre des 5% dans le Comté de Rochdale (Manchester) en 2010.

    [3Dont un livre, « La Grèce fantôme, voyage au bout de la crise », est à paraître aux Éditions Fayard en septembre.

    [4En 1991, l’ancienne République yougoslave de Macédoine fait sécession et déclare son indépendance, mais la Grèce lui conteste le nom de Macédoine, nom que porte un ensemble de trois régions grecques.

    [5Le « Parti du 4 août », dont le nom fait référence au coup d’état militaire qui porta le général Metaxas au pouvoir en 1936, un régime qui mena une politique plutôt pro Allemagne hitlérienne avant sa chute en 1941.

    [6« Je ne cache pas que, dans une certaine mesure, j’admire Vladimir Poutine », avait-elle déclaré à un journal russe en octobre 2011.


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  • Grèce : les masques sont tombés


    C’était il y a déjà plus de trois ans. La Grèce se voyait accorder un premier « sauvetage » qui allait l’entraîner avec une vitesse fulgurante dans une crise sociale, économique et politique d’une violence considérable. A la récession et au chômage sans précédents s’ajoutent désormais les velléités autoritaires du Premier ministre Antonis Samaras, illustrées par sa décision brutale de fermer l’audiovisuel public grec.

    Une décision qui s’inscrit dans un contexte déjà lourd : menaces de mobilisation forcée voire d’arrestation de grévistes, suspension des conventions collectives, ratonnades organisées par le parti néo-nazi Aube dorée dans une impunité presque totale… Aucun de ces signes avant-coureurs du pire ne semble toutefois ébranler la volonté des gouvernements européens et de la Troïka (Commission, Banque centrale européenne et FMI) de conduire la Grèce plus avant dans l’abîme. Et pourtant, les remises en cause se multiplient, y compris au sein même de la Troïka...

    18 juin
    Grèce : les masques sont tombés

    Les potions magiques des « cures de rigueur » ? Plutôt des remèdes empoisonnés, reconnaissait en janvier le chef économiste du FMI Olivier Blanchard. Les grecs, quant à eux, n’avaient pas attendu son mea culpa pour constater les effets destructeurs de l’austérité...

    Les « plans de sauvetage » et la « solidarité européenne » ? Vaste plaisanterie, démontre un rapport du FMI publié le 5 juin, qui dénonce des plans qui ont « sacrifié » les pays surendettés en faisant porter par eux tout le poids de l’ajustement au profit des économies du « cœur » de la zone euro.

    Drôle de conception de la solidarité, qui a moins consisté à renflouer les comptes publics grecs qu’à sauver l’industrie financière : un rapport publié par Attac Autriche permet de mesurer l’utilisation des sommes débloquées pour les « plans de sauvetage » en Grèce, sur la base de données publiques, consultables notamment sur le site de la commission européenne : sur les 206,9 milliards versés depuis mars 2010, au moins 77% de cet argent a bénéficié directement ou indirectement au secteur financier.

    Le tout dans une certaine opacité quant à l’attribution finale de ces montants et sans qu’aucune contrepartie n’ait été demandée aux banques en échange du versement de ces sommes.

    Voilà que les masques tombent. A commencer par celui des économistes orthodoxes et autres idéologues à gages de la finance, dont la rhétorique n’est plus capable de justifier la catastrophe économique et sociale dans laquelle leurs bonnes potions ont plongé la Grèce. Celui des gouvernements européens et des institutions de l’Union européenne, qui ont donné au terme de « solidarité européenne » une nouvelle définition, celle d’une mise à sac brutale d’un pays.

    Que penser, en effet, lorsque François Hollande, un mois à peine après avoir déclaré que « l’austérité ne pouvait plus être une fatalité », vient en Grèce pour inciter les électeurs, dans une menace à peine voilée, à « tenir leurs engagements », c’est-à-dire à voter en faveur du conservateur pro-austérité Antonis Samaras, ou alors à se préparer à sortir à leurs frais de la zone euro [1] ?

    Et que penser lorsque l’entourage de Georges Papandreou, premier chef d’Etat grec à avoir négocié les conditions du « sauvetage » de la Grèce avec la Troïka, est mis en cause pour évasion fiscale en Suisse (suite à la publication de la fameuse « liste Lagarde » qui a valu au journaliste Kostas Vaxevanis une arrestation expresse) ?

    Lorsqu’en Grèce comme en France, les plus fervents défenseurs de la rigueur s’avèrent être les plus corrompus (ce qui fait dire à Emmanuel Todd, en pleine affaire Cahuzac, que « la notion même d’austérité est véhiculée par des pourris ») ?

    Les masques tombent… mais cela ne semble pas embarrasser davantage les gouvernements et institutions de l’Union européenne. Les créanciers européens de la Grèce – dont la brutalité et le cynisme sont à même de tirer des remords au FMI – continuent en effet d’imposer des conditions drastiques au gouvernement grec : réduction à la hussarde des effectifs de la fonction publique, taille dans les budgets, réformes antisociales…

    Il faut imaginer le degré de stupéfaction dans lequel se trouve plongé le peuple grec, depuis trois ans pris dans le piège de « cette catastrophe nommée sauvetage [2] » ; confronté à un rouleau compresseur que rien ne semble être en mesure d’arrêter, ni la preuve des conséquences désastreuses de l’austérité, ni des mobilisations sociales sans précédents.

    C’est que le rapport de force avec les institutions et gouvernements européens semble disproportionné. Dans un contexte où la résignation et la survie semblent les seules options possibles, l’extrême droite progresse de manière spectaculaire en désignant les immigrés comme bouc-émissaires [3]. Un récent sondage montre une progression spectaculaire du parti néo-nazi Aube dorée, donné comme troisième force politique du pays.

    Dans le même temps, la mise en œuvre de l’austérité en l’absence de toute légitimité démocratique, nécessite de recourir à des méthodes autoritaires. En janvier 2013, le gouvernement grec a décrété la loi martiale et mobilisé la police anti-émeute pour briser la grève de neuf jours des employés du métro d’Athènes.

    Mesure impensable il y a quelques années, les conventions collectives ont été suspendues fin mars 2013, dans l’indifférence presque totale des grandes confédérations syndicales européennes, tandis que les attaques sur les droits du travail se multiplient [4].

    La récente fermeture de l’audiovisuel public grec (qui a provoqué l’émotion des médias, mais aussi une importante mobilisation populaire en Grèce) est symptomatique de la manière discrétionnaire dont le gouvernement Samaras impose l’austérité : par décret. Epiphénomène de la rigueur sauvage imposée à la Grèce, elle pourrait néanmoins constituer un symbole, et provoquer une prise de conscience de l’alternative qui se présente en Grèce et en Europe : le lent glissement vers le pire, ou la rupture avec les diktats de l’austérité.

    Si les tenants du néolibéralisme affirmaient en 1975 qu’il y avait « des limites désirables à l’extension de la démocratie politique [5] », il est désormais certain que la politique imposée à la Grèce et la démocratie ne sont plus compatibles.

    Frédéric Lemaire

    Transparence

    Où sont passés les 200 milliards destinés au « sauvetage » de la Grèce ?

    Par Agnès Rousseaux (19 juin 2013)

    Où sont passés les 207 milliards d’euros débloqués par l’Union européenne et le FMI depuis 2010, dans le cadre des « plans de sauvetage » de la Grèce ? Ont-ils vraiment servi au peuple grec ? L’association Attac Autriche s’est penchée sur le détail des versements des deux programmes, validés le 2 mai 2010 et le 21 février 2012 [1]. Résultat : les principaux destinataires sont les banques grecques (à hauteur de 58 milliards d’euros) et les créanciers de l’État grec (pour 101 milliards), principalement des banques et fonds d’investissement.

    Au moins 77% de l’aide européenne a donc bénéficié, directement ou indirectement, au secteur financier ! Seuls 46 milliards, parmi les prêts accordés par les créanciers internationaux et européens, ont servi à renflouer les comptes publics de la Grèce. Pendant la même période, l’État grec a payé 34 milliards d’euros, rien que pour les intérêts de sa dette.

    Le gouvernement allemand a rejeté les conclusions de cette étude, expliquant que tous les Grecs ont profité du fait que les créanciers du pays n’aient pas fait faillite. Grâce aux plans européens, la Grèce a eu plus de temps pour mettre en œuvre des réformes, ce qui a profité à l’ensemble de sa population, selon Berlin. Les Grecs, asphyxiés par les mesures d’austérité liées à ces crédits internationaux, apprécieront.

    Ces données sont-elles accessibles aux citoyens grecs et européens ? Attac a réalisé un travail de fourmi pour récolter ces informations. Et quelques angles morts subsistent. « Il n’y a pas de documentation officielle sur l’utilisation de cette tranche », peut-on lire sur le récapitulatif réalisé par l’association, à propos d’un versement de 3 milliards d’euros, en mars 2012, par le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Ou « l’utilisation de cette tranche n’a pas pu être reconstituée », à propos de 8 milliards d’euros accordés par l’Eurozone et le FMI, en mars 2011. Question transparence aussi, la Troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne) a visiblement de sérieux progrès à faire.

    - Lire l’étude d’Attac Autriche

    - Lire le bilan du second « programme d’ajustement économique » pour la Grèce, réalisé par la Commission européenne (décembre 2012, en anglais).

    Notes

    [1Le FMI devait contribuer à hauteur de 48 milliards d’euros, les pays de l’Eurozone à hauteur de 80 milliards et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour 144,6 milliards. A l’heure actuelle, 206 milliards ont été effectivement distribués.

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  • Hugues Le Paige :: « En Grèce, on arrive au bout des contradictions de l’austérité »

    La suppression de la radiotélévision publique grecque (ERT) a provoqué la stupeur et la colère d’une bonne partie du peuple grec et l’incompréhension à l’étranger. Retour sur un événement sans précédent en Europe avec Hugues Le Paige, ancien journaliste à la RTBF et fondateur de la revue « Politique ».

     

    Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris la nouvelle ?

    Hugues Le Paige. J’ai été, comme tout le monde, très surpris. On en a vu des vertes et des pas mûres en Grèce jusqu’à présent mais une telle décision… Cette fermeture brutale de tous les émetteurs et une expulsion de quasi 3 000 travailleurs sans aucune forme de préavis, même les colonels à l’époque de la dictature n’avaient pas osé faire. Probablement qu’il y a de sombres calculs politiques de la part du Premier ministre grec pour essayer de susciter un certain type de réaction que l’on ne distingue pas encore très bien.

    C’est d’une violence sans précédent. Il y avait de réels problèmes au sein de l’organisation de la télévision publique grecque qui était parmi les institutions publiques les plus parasitées par le clientélisme politique. Les partis de droite et de gauche, en fonction de leur occupation du pouvoir ou non, plaçaient et replaçaient leur personnel politique à des salaires souvent faramineux. Cela dit, c’est totalement inacceptable. Pour les hommes et les femmes qui y travaillaient. Et cette suppression d’une voix contestable, imparfaite, etc. mais qui restait quand même une voix de service public dans la panoplie des médias grecs, c’est inacceptable. Et c’est sans précédent. C’est à l’image de ce que le « libéralisme réel », dégénéré, produit aujourd’hui en Grèce. On en est à une expression d’un libéralisme qui n’a plus aucun frein.

     Le service public a un sens fondamental dans l’organisation démocratique de la société

    Quelle est l’importance d’avoir un service public d’information dans une société dite démocratique ?

    Hugues Le Paige. Le service public a un sens fondamental dans l’organisation démocratique de la société, où l’information du service public est conçue pour permettre aux citoyens d’avoir des instruments de connaissance, de jugement, d’analyse de la société dans laquelle ils vivent. Ce n’est pas lui dire ce qu’il doit penser, pour qui il doit voter, etc. mais donner les instruments de connaissance des mécanismes sociaux, économiques, politiques, culturels, de la société. Après, le citoyen forge sa propre opinion, il décide d’intervenir ou pas dans le débat public, de défendre ou d’attaquer la société telle qu’elle est. Mais cette conception est battue en brèche depuis plusieurs années. Je ne dis pas qu’il n’en reste rien, il reste des îlots, des moments, des endroits, des opportunités où ce type d’information peut encore exister. Mais ce n’est plus la règle fondamentale de fonctionnement du service public, ni en Grèce, ni en Belgique, ni ailleurs. Malheureusement, le service public s’aligne de plus en plus sur la logique du marché, de la concurrence, de la recherche de l’instantanéité, etc. Alors que l’idée même de service public, c’est la différence. Par rapport aux marchés, aux stations commerciales.

    Connaissiez-vous l’ERT ?

    Hugues Le Paige. De ce que j’en connais, c’est une station qui s’aligne de plus en plus sur le marché. Mais il y a toujours des différences entre un modèle de télévision publique, même si elle a adopté des critères des marchés et les stations privées. Mais il n’y a plus une différence fondamentale. Probablement que par rapport aux chaînes privées en Grèce, ça reste encore une télévision plus décente. Le mouvement populaire qui se manifeste aujourd’hui n’est probablement pas la défense de l’ERT telle qu’elle existait mais une manifestation de refus de la brutalité d’une décision à la fois à l’égard de la télévision publique et des travailleurs de cette télévision. C’est cela qui provoque de tels élans de solidarité en Grèce et ailleurs. Quels que soient les défauts de la chaîne, c’est l’aspect dictatorial de la décision qui provoque la colère des citoyens qui, même si ils n’étaient pas satisfaits de leur audiovisuel public, n’admettent pas qu’on gère un pays de cette manière aujourd’hui. Il y a eu d’autres fermetures d’entreprise aussi violentes mais elles n’avaient pas la valeur symbolique de la radio et de la télévision publique.

     

     une condition à l’adhésion à l’Union européenne est… l’existence d’un service public d’information

    Les médias parlent tantôt d’une responsabilité du gouvernement grec, tantôt de la Troïka. Votre avis ?

    Hugues Le Paige. Ce n’est sans doute pas la Troïka qui a décidé qu’il fallait mettre ces 3 000 travailleurs-là dehors. Mais peu importe, la logique qui a été imposée est celle de la Troïka. Et la position de la Commission européenne est intéressante. Dans son communiqué, on peut lire : « La décision doit être considérée dans le contexte des efforts considérables et nécessaires que les autorités ont faits pour moderniser l’économie grecque. » C’est une justification de cette décision. Alors qu’une condition à l’adhésion à l’Union européenne est… l’existence d’un service public d’information. On arrive au bout des contradictions des politiques d’austérité...

    N’y a-t-il pas une volonté de censure de la part du gouvernement ?

    Hugues Le Paige. Je ne sais pas. Même si on ne peut pas l’exclure, je pense que c’est plus la manifestation d’un autoritarisme et d’une logique poussée jusqu’à son paroxysme. C’était un lieu ou il y avait plus de débats que dans les télévisions privées qui sont le plus souvent aux mains d’armateurs (qui ne payent pas le moindre impôt, rappelons-le). Sans doute que c’était un espace de débat plus ouvert mais est-ce cela qui a poussé le Premier ministre grec à prendre cette décision ? Je ne sais pas. Il y a suffisamment d’autres raisons.

    Rien n’est impossible et que rien n’est prévisible

     Rien n’est impossible et que rien n’est prévisible

    Un tel scénario est-il possible dans un autre pays de l’Union européenne ?

    Hugues Le Paige. Jusqu’hier, je pensais que ce n’était pas possible en Grèce. Maintenant, si on regarde des pays qui vivent des problèmes similaires à ceux de la Grèce aujourd’hui, on ne peut plus rien exclure. C’est « plus facile » à faire dans un pays où l’État est faible que dans d’autres. Comme la France par exemple, où l’histoire, des rois de France jusqu’à De Gaulle, montre un attachement très fort à l’État. Mais dans les pays d’Europe du Sud, l’attachement est moindre. Et on ne sait pas ce qui peut se produire.

    Il y a un faisceau d’éléments très inquiétants. Comme la manière dont on adopte en catimini le Traité budgétaire européen, sans qu’il y ait véritablement de débats au Parlement et sans consultation de la société civile sur des politiques qui vont déterminer les conditions de vie de tous. Comme le fait que l’Europe, malgré la mini autocritique émise par le FMI sur les politiques d’austérité menées en Grèce, persévère dans la même voie incompréhensible. Et comme la décision de la Commission, il y a quelques jours, de manière inflexible et contre l’avis d’un vote du Parlement européen, qui refuse de retirer les matières audiovisuelles des négociations transatlantiques. Ce qui met à mal l’idée même de l’exception culturelle… Bref, tout ce qui se passe du côté de l’Europe est très inquiétant.

    Que peut-on faire pour inverser la tendance ?

    Hugues Le Paige. Il faut d’abord noter que rien n’est impossible et que rien n’est prévisible. Ce qui s’est produit ces derniers jours en Turquie était totalement insoupçonnable il y a deux mois. Personne n’imaginait qu’un tel mouvement populaire était possible. Personne. Cela veut dire qu’il y a des forces qui se manifestent de manières parfois souterraines, en dessous de l’expression politique traditionnelle, mais qui peuvent, à un moment, surgir et prendre une ampleur totalement insoupçonnée. Il ne faut jamais désespérer de cette possibilité là. Si l’on croit à l’action publique, à l’action collective, on doit tenter de la conduire le mieux possible, avec le plus d’ardeur et de volonté que l’on peut. C’est à cela qu’il faut œuvrer. Et, aujourd’hui, il faut exprimer sa solidarité au peuple grec, participer aux nombreuses actions qui sont organisées un peu partout en Europe.

     http://www.ptb.be


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  • ERT. Le personnel continue de diffuser...

    Kendavros
     

    ERT. Le personnel continue de diffuser de leur studio et la radiodiffusion en streaming peut être suivie sur la page d’accueil du site EBU. Ou sur Greek crisis.( note du messager)

    L’ EBU accède aux flux et les retransmet par satellite pour donner au public de l’Europe un service d’accès aux médias et au contenu des nouvelles de l’ERT.

    * http://www.greekcrisis.fr/
    URL de cet article 20977 http://www.legrandsoir.info/ert-le-personnel-continue-de-diffuser.html
     

    La TV grecque diffuse sur le net via Genève

     
    VENDREDI 14 JUIN 2013

    Les journalistes de l’ERT ont pu commenter en direct la crise politique et les manifestions provoquées par l’arrêt brutal, mardi soir, des programmes de leur antenne.
    DR

    Une fenêtre s’est ouverte dans le black-out imposé par le gouvernement grec à la télévision nationale ERT. Depuis mercredi à la mi-journée, les employés de la chaîne de service public ont repris la diffusion d’émissions sur internet. Un acte de résistance, puisque les quelque 2600 membres du personnel sont désormais au chômage et ne sont plus payés.

    Ce chemin de traverse passe par Genève, où se trouve le siège de l’Union européenne de radio-télévision (UER). En collaboration avec les techniciens de l’ERT, l’organisation a mis en place un canal de diffusion par satellite. Des camions installés à proximité des locaux de la télévision à Athènes et à Thessalonique émettent des signaux qui sont récupérés à Genève et retransmis en streaming sur le site de l’institution (www.ebu.ch).

    Hier, les journalistes de l’ERT ont ainsi pu commenter en direct la crise politique et les manifestions provoquées par l’arrêt brutal, mardi soir, des programmes de leur antenne. Débats, interviews et analyses se sont succédé toute la journée. On pouvait également voir en continu des images de la foule massée devant le siège de l’ERT à Athènes. Interrogée par le site bastamag.net, la rédactrice en chef du journal télévisé de la chaîne grecque, Nicky Tselika, a déclaré: «Notre objectif est de continuer à transmettre nos programmes par tous les moyens.»
    Selon l’UER, les employés doivent en partie utiliser leur matériel personnel, notamment informatique, depuis que les forces de l’ordre ont confisqué certains équipements. «Quand une télévision de service public subit une attaque d’une telle violence, nous faisons tout notre possible pour la soutenir», explique Benjamin Steward, chargé de communication à l’UER. «En poursuivant leur travail, les employés de l’ERT font preuve d’un esprit de service public admirable», ajoute-t-il.

    Dès mardi, l’organisation basée à Genève a vivement dénoncé la décision du gouvernement grec d’Antonis Samaras. Hier, son président Jean-Paul Philippot a également appelé la Commission européenne à s’engager pour le rétablissement des signaux TV. «La fermeture de l’ERT prive les citoyens grecs d’un espace public où peut s’exprimer le débat démocratique, pendant une période difficile de transformation radicale», relève-t-il dans un communiqué.

     http://www.lecourrier.ch/110432/la_tv_grecque_diffuse_sur_le_net_via_geneve

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  • Le Parti Communiste grec (KKE) prête son canal local pour que la télévision publique continue d’émettre

    Les salariés des chaînes publiques grecques ERT, dont la diffusion a été arrêtée autoritairement par le gouvernement mardi soir, continuaient leurs émissions mercredi matin, accessibles sur internet et sur un canal local prêté par le parti communiste, a constaté une journaliste de l’AFP au siège de l’audiovisuel public grec.

    Derrière les banderoles et les débris des manifestations de la veille, après l’annonce surprise par le gouvernement qu’il fermait les chaînes publiques mal gérées, les studios tentaient de continuer de fonctionner mercredi matin au siège de ERT, situé à Aghia Paraskevi, dans la banlieue nord-est d’Athènes.

    A l’écran, accessible sur www.ert.gr et sur la chaîne locale 902 appartenant au parti communiste KKE, des plateaux où débattent les journalistes de la chaîne sur le coup de massue qu’ils ont reçu la veille, privant d’emploi près de 2.700 salariés, alors que le gouvernement est sommé par les créanciers du pays de réduire le nombre de salariés dans la fonction publique.

    Le président du syndicat de salariés Panayotis Kalfayanis a appelé à l’occupation du bâtiment, et a indiqué qu’il allait «saisir la justice européenne et la justice grecque». «Même s’ils veulent détruire la démocratie, les lois s’appliquent encore et je vais me battre» a-t-il dit à l’AFP.

     

    Nous réitérons notre soutien au peuple grec et aux salariés en lutte. Continuons d’offrir des perspectives et des moyens de lutte concrets.

    Vive le PCF, Vive le KKE

    Section du PCF de Saint-Quentin

     

    source : article de 20 minutes

     

    Complément de vivelepcf :

    Fermeture brutale de la Télévision publique grecque: pourquoi une telle provocation politique ? Solidarité!

     

    En moins de 12 heures, ce 11 juin, le gouvernement grec de coalition (ND, PASOK, DIMAR) a annoncé et mis en application l’arrêt des trois chaînes de télévision et des 26 stations de radio publiques, regroupées dans l’organisme ERT.

    La police a coupé les émetteurs en soirée.

    Le gouvernement a ainsi fait le choix de poursuivre sa politique de super-austérité et de bradage du pays par une provocation politique sans précédent.

    Il ferme l’une des entreprises publiques les plus emblématiques, accusée d’être un foyer de déficit, au moment même où la « troïka », UE, BCE et FMI, expédie ses proconsuls à Athènes réclamer de nouveaux comptes. Un gage aux organismes les plus détestés du peuple !

    Il est évident que cette mesure est surtout politique. Le gouvernement ferme un média qu’il juge insuffisamment complaisant à l’égard de sa politique. Le souvenir de la dictature ne peut que remonter dans la mémoire des Grecs.

    3000 salariés vont être licenciés. 1000 seront peut-être repris dans une nouvelle structure entièrement cadenassée par le pouvoir et le patronat.

    Des manifestations de soutien se sont aussitôt organisées avec les salariés de l’audiovisuel qui tentent de résister en continuant à travailler. Un mouvement de grève se prépare dans les médias privés. L’occupation du siège d’ERT est envisagée. L’hypothèse d’une épreuve de force nationale est probable.

    Par la voix de son secrétaire, Dimitri Koutsoubas, le Parti communiste grec, KKE, a mis en garde contre la privatisation de l’information et appelé aussitôt à un large mouvement de solidarité de toute la classe ouvrière. Les syndicats réformistes condamnent fermement le gouvernement. Le leader de la nouvelle gauche réformiste, Syriza, Alexis Tsipras est accouru se placer en tête des premières manifestations. Il se relance après « l’Altersummit » de la semaine dernière, forum organisé par Syriza et 188 organisations européennes, qui ont rassemblé à peine 1500 personnes dans les rues d’Athènes.

    Mais l’opposition vient aussi des rangs des forces gouvernementales. Le PASOK, parti socialiste, et le DIMAR, « Gauche démocrate », parti issu d’une scission de Syriza, se désolidarisent du premier ministre conservateur Antonis Samaras et annoncent qu’ils ne voteront pas le décret de liquidation d’ERT.

    Samaras et ses donneurs d’ordres capitalistes ne pouvaient ignorer cette évolution totalement prévisible. Quelles intentions prêter alors à leur recherche d’une épreuve de force à l’issue incertaine ?

    S’agit-il pour eux d’obtenir une victoire symbolique définitive sur le mouvement social ?

    S’agit-il de détourner la colère populaire en renforçant les courants populistes, réactionnaires et même fascistes qui prospèrent dans le pays à la faveur de la crise ? Le parti néonazi, ouvertement raciste, « l’Aube dorée », est donné en hausse par les sondeurs à 12/14%. Il ne cesse de conspuer la télévision publique. Ces mêmes sondeurs, à la solde de l’idéologie dominante, posent maintenant la question de l’avènement d’une nouvelle dictature.

    En cas d’échec, notamment au Parlement, la droite ne prend que le risque d’une alternance, avec un retournement de coalition et une union de tous les partis de gauche socio-démocrates. Alexis Tsipras a passé ces derniers mois à rassurer les capitales occidentales sur son orientation atlantiste et pro-européenne. Lui passer la main, c’est peut-être une façon d’apaiser la situation tout en renforçant la résignation en Grèce et dans les autres pays d’Europe. Christine Lagarde, présidente du FMI, estime qu’il vaut mieux abaisser la pression sur un pays déjà pillé à 25% au nom de la crise capitaliste.

    Malheureusement, ces trois perspectives sombres sont combinables.

    Communistes français, nous serons très attentifs aux analyses et initiatives de la seule force politique d’alternative en Grèce, le Parti communiste grec, KKE et son émanation syndicale PAME. Nous ferons tout notre possible pour les relayer et les soutenir.

    Nous savons que la Grèce est le laboratoire des politiques capitalistes européennes de répression des travailleurs.

    http://pcfsaintquentin.unblog.fr


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  • Antonis Samars, premier ministre grec, a signé le décret ce mardi

    Monde - le 11 Juin 2013

    La télévision publique grecque fermée par décret

    Les chaînes de la télévision publique grecque ont été fermées par décision du gouvernement ce mardi. Les Grecs sont appelés à manifester dès ce soir contre cette mesure dictée par l'austérité et cette attaque contre le pluralisme.

    Cette loi signée par décret par le premier ministre grec et le conseil des ministres est extrêmement dangereux pour la démocratie. Selon des sources de l'Humanité, les ministres auraient la possibilité de supprimer n’importe quel organisme public sous sa tutelle s’ils considèrent nécessaire de le fermer. Une mesure imposée par la Troika. Objectif: baisser les dépenses publiques. Par ricochet, c'est le pluralisme qui se trouve attaqué.

    2656 salariés

    Cette décision a dores et déjà des conséquences importantes sur ERT, le groupe public regroupant les chaînes de la télévision publique grecque. Selon des sources de l’Humanité, le Ministre de l’Information, Simos Kedikoglou a été soumis depuis plusieurs semaines à des pressions pour licencier des équipes. Ce dernier a expliqué à la presse ce mardi soir: "La diffusion d'ERT s'arrêtera après la fin des programmes ce soir". Le porte-parole du gouvernement, a souligné qu'ERT, qui est composée de trois chaînes, constitue "un cas d'absence exceptionnel de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant".

    Simos Kedikoglou a précisé que ce service public, où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s'opposer aux plans de restructuration, rouvrirait sous une autre forme, avec un nombre réduit de salariés. Tous les salariés actuels d'ERT, au nombre de 2.656, recevront une compensation et seront autorisés à postuler à nouveau à un emploi dans la nouvelle structure, a-t-il dit. Cette mesure radicale et sans précédent a été annoncée sans préavis au moment où les chefs de file de la troika des créanciers de la Grèce (UE-BCE-FMI) sont à Athènes.

    Les salariés actuels travaillent sous un type de convention collective dont la disparition est programmée dans les programmes d’austérité développés par la troïka et les gouvernements grecs. La télévision publique serait ensuite réouverte et d’autres salariés embauchés, en contrat individuel.

    Satisfaire les créanciers

    Les salariés ont occupé les lieux ce mardi soir. Ils ont été rejoints par des personnalités politiques dont Dimitris Stratoulis, de Syriza. "ERT appartient au peuple grec... c'est le seul média indépendant et la seule voix publique, qui doit rester dans le domaine public (...) nous condamnons cette décision soudaine" a écrit le syndicat GSEE dans un communiqué. Le syndicat de journalistes Poesy a appelé à une grève immédiate de soutien dans les médias privés.

    "Le gouvernement est déterminé à sacrifier la télévision publique et la radio" pour satisfaire ses créanciers, a déploré le syndicat. Selon les syndicats, en fermant ERT, le gouvernement remplit d'un coup l'objectif assigné par les créanciers de la Grèce de supprimer 2.000 emplois publics d'ici à la fin juin.

    Démocratie attaquée

    C'est une "solution facile pour répondre aux exigences de la troïka", souligne le syndicat Poesy, tandis que la Confédération des fonctionnaires du service public Adedy a qualifié le texte législatif de "coup d'Etat".

    Dans le fond, c’est aussi la pluralité de l’information qui est en danger. En Grèce, la démocratie semble attaquée sur tous les fronts. Les Grecs sont appelés à manifester ce mardi soir contre la fermeture de ces chaînes

    Fabien Perrier

    Les images que la télévision publique grecque ne diffusera pas

    Par Agnès Rousseaux (12 juin 2013)

    10 000 manifestants ont convergé le 11 juin vers les locaux de la télévision publique grecque, dont le gouvernement a annoncé la fermeture dans l’après-midi. Dans les couloirs, les salariés ont du mal à réaliser qu’ils viennent d’être licenciés, sans aucun préavis. Les forces de l’ordre ont pris le contrôle des émetteurs pour empêcher toute diffusion de programme. Devant le siège de la télévision, leaders politiques et artistes se relaient pour exprimer leur indignation et leur inquiétude face à cette décision autoritaire. Aperçu en image d’une soirée pendant laquelle la démocratie grecque a de nouveau été bafouée.

    Réalisation : © Agnès Rousseaux / Basta !

    http://www.bastamag.net/article3121.html

    Les employés de ERT aux fenêtres du siège à Athènes mardi soir.

    Monde - le 12 Juin 2013

    Face au "coup d’État" sur l'audiovisuel public en Grèce, les syndicats appellent à la grève générale

    Au lendemain de la décision brutale du gouvernement grec de fermer les chaines de radios et de télévisions publiques, les deux grandes centrales grecques du privé et du public ont appelé à une grève générale de 24 heures, jeudi.

    Qualifiant "de coup d'Etat" la décision du gouvernement de fermer l'Ert, la confédération syndicale grecque GSEE (secteur privé) s'oppose dans un communiqué "à la persistance du gouvernement à prendre des décisions antidémocratiques extrêmes". La Confédération des fonctionnaires du service public Adedy appelle également à participer à cette grève en dénonçant "la mort brutale de l'Ert par un décret législatif (....) dont l'objectif est la suppression des organismes publics et le licenciement de 14.000 fonctionnaires" dans le cadre des politiques d'austérité et pour exprimer leur "solidarité aux employés de la télévision publique et protester contre ces réformes inacceptables du secteur public exigées par les créanciers", a dit le secrétaire général du syndicat, Ilias Iliopoulos.

    Selon le syndicat de journalistes grecs Poesy, le gouvernement remplit d'un coup l'objectif assigné par les créanciers de la Grèce de supprimer deux mille emplois publics. C'est une "solution facile pour répondre aux exigences de la troïka", souligne-t-il. Le syndicat a indiqué la poursuite de son mouvement jeudi tandis que les marins ont également décidé de participer à cette grève générale ce qui va perturber les transports maritimes jeudi en Grèce.

    La droite de la Nouvelle-Démocratie, principal parti de la coalition gouvernementale droite-gauche, dirigée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, a décidé par décret mardi la fermeture autoritaire de la radiotélévision historique Ert, ce qui a provoqué un choc dans le pays et qui fait de la Grèce le premier pays européen sans télévision et radios publiques. La décision de suspendre l'ERT pourrait aussi avoir des répercussions politiques. Les socialistes du Pasok et la Nouvelle gauche, associés à Nouvelle démocratie, disent ne pas avoir été consultés et ont indiqué qu'ils contesteraient cette décision.

    Rassemblement ce mercredi à 18h30 devant l’ambassade de Grèce à Paris, 17 Rue Auguste Vacquerie – 16e – Métro Kléber

    Pour que l’audiovisuel public grec reste ouvert (les journalistes de l’ERT)

    le 12 juin 2013

    Mardi 11 juin, le porte-parole du gouvernement grec annonçait brutalement la fermeture immédiate, par décret, de l’audiovisuel public grec (ERT). L’objectif ? Couper encore davantage dans les dépenses publiques sous la pression des créanciers européens de la Grèce, et mettre au pas un secteur où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s’opposer aux plans de restructuration. Mais les journalistes de l’ERT ne l’entendent pas ainsi : ils ont décidé d’occuper leurs locaux. Voici la déclaration de leur Assemblée générale (Acrimed).

    Dernière minute : rassemblement aujourd’hui 12 juin à 18h30 devant l’Ambassade grecque à Paris. Métro KLEBER, 17 rue Auguste Vacquerie, 75016 Paris - "Le coup d’état ne passera pas ! Solidarité avec les travailleurs licenciés !" Initiative des étudiants et travailleurs grec-que-s à Paris.

    Le gouvernement grec vient d’annoncer la fermeture immédiate de l’organisme de l’audiovisuel public (ERT) sous prétexte d’« assainissement et de restructuration ». Toute émission devrait cesser ce soir, mardi 11 juin, à minuit.

    Cette décision prise en catimini et appliquée par simple décret ministériel entraine le licenciement direct de 2 656 travailleurs et la suppression de presque 4 000 postes au total. L’assemblée générale des travailleurs d’ERT a décidé l’occupation du siège et des studios de l’organisme, ainsi que la poursuite du programme afin d’en informer la population. Ils appellent au soutien et à la solidarité. Voici leur appel.

    Pour que l’ERT reste grande ouverte !

    L’ERT doit rester ouverte à la société ; aux contradictions, aux problèmes, aux angoisses, aux idées et aux actions de la société.

    L’ERT doit rester ouverte à la culture ; aux gens, aux différentes tendances, aux aspirations et à la dynamique de la culture.

    L’ERT doit rester ouverte à tous les citoyens du monde, en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique, en Australie.

    Les employés de la radio et la télévision publique ont le pouvoir et la volonté de préserver le bien commun de l’information, de la culture, du sport. Ils ont l’audace et la volonté de se battre pour que l’ERT cesse d’être manipulée par le ou les partis politiques au pouvoir.

    Nous, travailleurs, nous sommes encore debout et nous serons à la hauteur des circonstances. Nous allons nous battre pour un cadre institutionnel de fonctionnement de l’ERT qui établira et garantira l’indépendance de l’audiovisuel public et qui coupera, enfin, le cordon ombilical avec tout gouvernement et tout centre de décisions et d’interventions politiques ou clientélistes.

    ERT doit rester ouverte en tant que bien public et propriété de tous les citoyens grecs. Ceux qui élaborent les plans de fermeture d’ERT ne font que servir d’autres intérêts. Ils sont dangereux.

    Nous, journalistes de l’audiovisuel public, affirmons de la manière la plus catégorique que nous allons maintenir l’ERT ouverte par tous les moyens.

    Nous appelons tous les citoyens, de Gavdos à Evros, à annuler ce plan cauchemardesque. À annuler toute tentative similaire ayant comme but d’étouffer l’organisme d’audiovisuel public du pays.

    Tous ceux qui se croient en plein cauchemar ont le choix : rester paralysés par la peur, ou se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.

    Quant à nous, nous restons éveillés.

    Nous sommes en assemblée générale permanente et nous invitons tous les citoyens, les acteurs sociaux et politiques, les scientifiques, les hommes de lettres et les artistes au siège d’ERT à Agia Paraskevi.

    Nous ne reculons pas. L’ERT est ouverte et le restera.

    L’Assemblée générale des journalistes de l’ERT

    Agia Paraskevi, le 11 juin 2013

    http://www.acrimed.org/article4088.html#


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  • Rubalcaba-lider-partido-griego-Syriza_EDIIMA20130530_0670_1.jpgLe chef de Syriza, Alexis Tsipras, rencontre à Madrid ... les dirigeants du PS espagnol et propose des points de convergence

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    La nouvelle a fait grincer des dents du côté d'Izquierda Unida. Invité par cette formation politique, membre du PGE (Parti de la gauche européenne), Alexis Tsipras a de son propre chef sollicité une rencontre préalable avec les dirigeants du PSOE.

     

    Izquierda Unida (IU) avait annoncé en grande pompe une conférence de presse au Congrès des députés espagnol avec le coordinateur d'IU Cayo Lara, le président du PGE Pierre Laurent et les secrétaires des deux centrales syndicales réformistes espagnoles, CC.OO et UGT.

     

    La « guest star » de cette initiative, le président du parti « de gauche » grec SYRIZA, Alexis Tsipras. Une rencontre préparatoire à la grande opération préparée par le PGE en vue des européennes de 2014, autour d'une gauche euro-compatible.

     

    Cayo Lara avait présenté, lors de la X ème Conférence d'Izquierda Unida, SYRIZA comme le modèle organisationnel à suivre. Un objectif que ne partagent pas un certain nombre de militants communistes, ainsi que l'UJCE (JC espagnole), voyant plutôt dans le KKE un point de référence.

     

    Or, Alexis Tsipras joue aussi une carte plus personnelle, dans un projet politique plus large : se poser comme leader de toute la gauche unie européenne, allant jusqu'au PS. C'est ainsi qu'il a sollicité une rencontre avec les dirigeants du PSOE, et s'est vu invité à une initiative commune.

     

    Ce 30 mai, Tsipras était l'invité d'honneur d'une initiative organisée par les « Fondation Alternatives » et « Association des économistes face à la crise », deux fondations liées au PS, l'équivalent (plus à gauche, si!) de nos Fondations Terra Nova ou Jean-Jaurès.

     

    Parmi les autres intervenants, non seulement le secrétaire-général du PSOE Alfonso Perez Rubalcaba mais aussi l'ancienne ministre socialiste Cristina Narbona, l'économiste socialiste Jorge Fabra Utray et un vétéran de la liquidation du communisme, Nicolas Sartorius.

     

    « Quelle Europe voulons-nous ? », était le thème du débat. Les réponses d'Alexis Tsipras sont, comme toujours, éclairantes sur un projet politique qui se propose de réformer l'Union européenne, dans un projet d'aménagement du capitalisme, le tout en collaboration avec le capital européen.

     

    Tsipras propose ses conseils au PSOE : retrouvez l'esprit de Felipe Gonzalez (sic) !

     

    Pourquoi Alexis Tsipras, le pourfendeur du PASOK – avec lequel pourtant sa formation collabore dans les pouvoirs locaux et régionaux – a-t-il sollicité cette rencontre avec les dirigeants du PSOE, pionniers de la politique de casse sociale européenne, avec le plan d'austérité de Zapatero en 2008 ?

     

    Tsipras a rendu public un échange privé avec Rubalcaba lui avouant que l'héritage de la casse sociale orchestrée par Zapatero était lourd à porter politiquement. Sa réponse :

     

    « Je lui ai dit qu'il fallait qu'il fasse un changement de cap vers la gauche, qu'il en finisse avec cette politique de soumission aux dogmes néo-libéraux ».

     

    En fait, loin de critiquer le rôle objectif et historique joué par la social-démocratie, Tsipras regrette juste que le PS … ait abandonné son rôle historique de canalisation du mouvement social, de rempart face au mouvement révolutionnaire :

     

    « La social-démocratie s'est rendue à l'hégémonie néo-libérale qui n'a plus rien à voir avec Mario Soares (sic) ou Felipe Gonzalez (re-sic), elle est à la croisée des chemins ».

     

    Nos camarades espagnols apprécieront l'hommage à Felipe Gonzalez, à l'avant-garde des politiques de dérégulation du marché du travail, artisan de l'entrée dans la CEE puis dans l'OTAN !

     

    Tsipras ajoute une couche, rappelant l'exemple du PASOK : « Dans notre pays, cela a conduit à la rupture avec les couches sociales qu'elle représentait ».

     

    Conseil ultime de Tsipras : « la social-démocratie doit se demander si elle va vers la droite néo-libérale ou préfère s'allier avec la gauche. Avant les élections, on disait que la victoire de SYRIZA conduirait au départ des entreprises, c'est ce qui se passe avec ce gouvernement de la Troika ».

     

    La négation de toute analyse de classe : toutes les fractures « sociales » sont bonnes … sauf celles de classe !

     

    Le plus frappant dans le discours prononcé par Tsipras est l'absence de toute analyse de classe, substituant la fracture de classe par diverses « fractures sociales ».

     

    Première fracture : celle opposant les « citoyens » aux « marchés ». Les « citoyens », ce sont toute la population, patrons comme ouvriers, cadres supérieurs comme employés. Les « marchés » sont censées être des forces impersonnelles, incontrôlables, détachés des rapports de propriété.

     

    Le programme de Tsipras est alors simple : rétablir la « démocratie » citoyenne contre la dictature des marchés, remettre l'  « humain » au centre face à l' « inhumanité » des marchés. Dans cette œuvre, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, y compris celle des patrons.

     

    Le 13 mai dernier, Alexis Tsipras s'est ainsi rendu à l'Assemblée annuelle de la Fédération des industriels grecs (MEDEF héllène) pour réaffirmer ses meilleures dispositions à leur égard.

     

    Deuxième fracture : celle opposant « pays du Sud » aux « pays du Nord ». Tsipras dénoncé l'égoisme allemand, propose un « front commun » des pays du Sud, non pas pour sortir de l'Europe mais au contraire obtenir une modification du rapport de force dans l'UE.

     

    Démagogie germanophobe ? Un zeste mais dans le fond, le discours est bien plus celui d'une collaboration bien sentie : « Préférons-nous une Allemagne européenne ou une Europe allemande ? »

     

    « On aurait du (les pays du Sud) faire front commun et dire : avec cette politique, c'est l'Euro au nord du Rhin. L'Allemagne aurait alors eu à réfléchir au retour au Mark et si ils auraient eu le même rôle hégémonique sans l'Euro. Avec cette politique, l'Europe va à la catastrophe ».

     

    Dans sa politique d'alliance entre « pays du Sud », naturellement, Tsipras a besoin de la collaboration des Partis socialistes d'Europe du sud, dont les PS portugais et espagnols, ainsi que de la bourgeoisie de ses pays-là.

     

    Troisième fractrure : celle entre les « jeunes » qui votent SYRIZA et les « vieux » qui votent à droite. Une ligne de fracture tout autre que de classe poursuivant un but politique : faire passer SYRIZA pour le parti de l'avenir, canalisant la colère d'une jeunesse frappée par le chômage et instable politiquement.

     

    Là où la social-démocratie se présentait comme le « parti de la classe ouvrière » pour mieux proposer ses services à la bourgeoisie, Tsipras se présente comme le « parti des citoyens », de la « jeunesse », des « pays du Sud » pour mieux gommer toute conscience de classe !

     

    SYRIZA représenterait la jeune gauche, moderne, ouverte sur les nouveaux mouvements sociaux, la force de renouvellement de la gauche traditionnelle, socialiste et communiste, de vieille tradition ouvrière ... en même temps que leur réconciliation ultime.

     

    Une ligne résolument européiste : « SYRIZA va sauver l'Europe »

     

    De façon quasi obsessionnelle, Tsipras tient à inscrire SYRIZA dans le consensus pro-européen dominant, mieux de la présenter comme la seule force capable de sauver l'Euro et l'Union européenne.

     

    « SYRIZA n'est pas l'ennemi, mais l'allié numéro un de l'Europe. Ceux qui appliquent l'austérité détruisent l'Europe. Les européistes, c'est nous ».

     

    En signe d'allégeance, Tsipras a même cité un « père fondateur » de la CEE, Jean Monnet, le banquier, l'homme de main des américains en France après-guerre : « nous ne créons pas une alliance entre Etats, nous unissons des êtres humains ».

     

    Faire passer le père du marché commun, Monnet, comme un « humaniste », la ficelle est grosse. Mais elle n'est pas la seule référence historique commune entre SYRIZA et les partis socialistes comme les partis de droite conservateurs.

     

    Nouveau Plan Marshall, New Deal, Euro-bonds : sortir de la crise en restant dans le capitalisme ... et en renforçant l'UE !

     

    Car Tsipras n'en reste pas aux déclarations d'intention. Il avance des propositions claires pour sortir de la crise … tout en restant dans le capitalisme et renforçant l'intégration européenne, inscrivant le tout non dans une lutte mais dans l'adoption de propositions de bon sens par les dirigeants de l'UE.

     

    « Nous présentons un plan politique qui vise au sauvetage de l'Europe, à partir des pays du sud », avance Tsipras

     

    Première idée : la sollicitation d'uneréduction de la dette de la Grèce, dans l'intérêt de l'UE. Sa référence historique, « les accords de Londres de 1953 qui ont liquidé 60% de la dette allemande et un moratoire pour payer le reste. C'est ainsi que nous avons évité la guerre ».

     

    Une vision totalement a-historique, déconnectée de toute analyse de classe et anti-impérialiste :

     

    La dette de la RFA a été re-structurée en 1953 dans un contexte de guerre froide. L'Allemagne de l'ouest constituait, dans le dispositif de l'OTAN, un rempart contre le communisme et un allié indispensable dans le redressement du capitalisme européen.

     

    Tsipras veut sensibiliser les dirigeants européens : peut-être veut-il leur montrer que leur intérêt est d'aider la Grèce à se relever pour sauver l'Euro, l'UE donc le capitalisme européen. La seule différence : la Grèce est plus le maillon faible que le maillon fort de cette Europe-là.

     

    Deuxième idée : un plan d'investissements pour redresser l'économie européenne. Ce plan, pour lui, se nomme« nouveau plan Marshall » pour l'Europe, un « New Deal généreux et efficace ».

     

    Qui dit « Plan Marshall », « New Deal » dit nécessairement sortie de crise par le renforcement du capitalisme, sollicitation d'investissements privés mais aussi publics pour relancer la machine capitaliste.

     

    Enfin, Tsipras propose une « banque européenne d'nvestissement pour promouvoir l'emploi et la cohésion sociale. Et que la Banque centrale européenne joue réellement son rôle de banque de prêts ».

     

    Tsipras a relancé l'idée de l' « émission d'euro-bonds », la vieille proposition des socialistes européens, qui constituerait une vaste socialisation, à l'échelle européenne, des dettes publiques nationales, elles-mêmes héritées de la socialisation des dettes privées.

     

    Pour conclure, le projet de Tsipras, c'est : sauver le capitalisme européen, en comptant sur les bonnes volontés des investisseurs ; renforcer l'intégration européenne, en proposant ses services pour « sauver l'Europe » et réformer l'Union européenne !

     

    Les dirigeants socialistes espagnols pour une « alliance intelligente » avec Tsipras

     

    Quelle fut la réponse des économistes et dirigeants socialistes réunis ? Enthousiaste.

     

    L'économiste Jorge Fabra Utray l'a présenté comme « le futur premier ministre grec ». Il faut « que ta voix se fasse entendre au Conseil européen » a souhaité l'économiste socialiste.

     

    L'ancienne ministre Cristina Narbona et le liquidateur Nicolas Sartorius ont rejoint les thèses exprimées par Tsipras.

     

    Sartorius, un des dirigeants fondateurs d'IU, aujourd'hui au PS, a lancé un appel à une « smart alliance » avec le parti de Tsipras et d'autres forces de gauche, plutôt qu'un « front des pays du Sud contre ceux du Nord ».

     

    L'ancienne ministre socialiste a analysé la crise comme un prétexte pour « mener à bien une idéologie bien précise ». Pour elle, il faut élaborer « une grande alliance des citoyens européens, par-delà les frontières, sur les bases de l'équité et du progrès ».

     

    Narbona a tenu à défendre le PSOE en insistant sur le fait qu' « ici nous ne gouvernons pas avec la droite, nous gouvernons avec IU en Andalousie et en Asturies, et nous faisons des choses différentes que celles du gouvernement du PP ».

     

    Encore une épine dans le pied d'IU, car rappelons les premières mesures adoptées par la nouvelle Junte régionale d'Andalousie de « gauche » : augmentation du temps de travail, baisse des salaires de leurs fonctionnaires et licenciement d'une partie du personnel de la communauté régionale.

     

    La visite d'Alexis Tsipras à Madrid est lourde de sens et révélatrice du programme du Parti de la gauche européenne dont il est désormais la figure de proue :

     

    ré-orienter le PS vers la gauche, pour une sainte alliance réformiste ; sortir de la crise en restant dans le capitalisme, avec un plan de relance keynésienne (New Deal) aux références atlantistes (Plan Marshall) ; enfin sauver l'Europe, en renforçant toujours plus l'intégration européenne au service du capital (euro-bonds, renforcement de la BCE, de l'Euro).


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  • Austérité et destruction de la nature : l'exemple grec. Entretien avec Roxanne Mitralias

    Roxanne Mitralias est militante à SYRIZA, au CADTM, ainsi qu'au Front de Gauche sur les questions agricoles et écologiques. Sociologue rurale et des sciences de formation, elle travaille aux côtés des mouvements paysans en France. Elle revient pour Contretemps sur la situation en Grèce et en particulier sur les effets destructeurs pour l'environnement des politiques d'austérité.

     

    Austérité et destruction de la nature : l'exemple grec.

    Contretemps : Quelle est la situation en Grèce aujourd’hui ?

    Cela fait maintenant près de trois ans que la Grèce est devenue le laboratoire de politiques d’austérité d’une ampleur sans précédent au Nord. On y applique des recettes qu’on nommait « plans d’ajustements structurels » du temps du FMI et qu’on appelle, à l’heure de la Troïka, « plans de sauvetage ». Laboratoire aussi et surtout pour tester la population, évaluer jusqu’où il est possible d’aller sans que celle-ci ne se révolte. Malgré deux dizaines de grèves générales en trois ans et plus de cinq mille manifestations et grèves en 2012, des occupations et des mouvements de désobéissance civile d’ampleur, on peut dire aujourd’hui qu’il est possible d’aller très loin, au-delà de ce qu’il était permis d’imaginer. En termes de droits sociaux, la situation est relativement connue. En moyenne, un grec a perdu 40% de son salaire. Il doit en même temps faire face à l’augmentation du coût de la vie (liée à l’augmentation des taxes, mais aussi à la dépendance aux importations et à certains cartels – comme celui du lait, un des plus chers d’Europe) mais aussi à des impôts faramineux, qualifiés depuis trois ans d’« extraordinaires ». Très souvent ce même grec a perdu son travail, assez vite ses indemnités chômage et sa couverture santé. Il peut alors finir à la rue, ou bien émigrer, certaines fois il est poussé au suicide. Bien sûr il y a encore des grecs qui s’en sortent : ils peuvent compter sur leurs économies – vestiges de la croissance des années 1990, sur les appartements qu’ils ont acquis pendant l’énorme exode rural des années 1960 – vides de locataires maintenant, ou tout simplement sur la famille – lien invisible qui relie la ville à la campagne et permet encore de se nourrir. Mais il y a quelque chose dont on parle peu dans les médias européens. Dans ce fameux laboratoire, on mène d’autres sortes d’expériences. De manière tout à fait concomitante avec la destruction de la société, le gouvernement de la Troïka a pris ses dispositions pour exploiter les ressources naturelles. Evidemment cela se fait par les moyens classiques, c’est-à-dire la diminution des fonds accordés à la protection et la gestion de l’environnement. Cela passe aussi par la remise en cause des dispositions législatives et règlementaires qui barraient tant bien que mal la route à la surexploitation des ressources naturelles. Mais cela va jusqu’à la remise en cause de la constitution grecque qui empêchait (dans plusieurs articles dont l'article 24) l'exploitation privée du littoral et des espaces forestiers ; le mémorandum 2, voté au printemps 2012, accorde désormais cette possibilité. Les plages, par exemple, sont cédées pour 50 ans ! On assiste déjà ou très bientôt à une vague de privatisations, de concessions, de ventes et, d’une manière générale, d’accaparements sans précédent : des ressources minières, des terres, du littoral, de la mer, des forêts, des îles, des sources thermales et des grottes, des monuments archéologiques et des ports ou de la gestion des déchets et de l’eau. A titre d'exemple, fin janvier 2013, l'Acropole et le lac de Cassiopée à Corfou ont été vendus à NCH Capital pour y construire des logements touristiques. Cela se traduit aussi par ce qu’on appelle des éléphants blancs, c’est-à-dire des grands projets inutiles construits contre les besoins des populations, y compris dans une période de récession de cette ampleur : c'est le cas du projet de détournement du fleuve Akhelóös ou des investissements nécessaires pour les énergies renouvelables industrielles. Mais, les formidables cadeaux qu’offre le gouvernement grec au « monde de l’entreprise », ne servent même pas à créer de l’emploi ou améliorer le sort de la population, puisque le chômage atteint 27% en 2012. Dans cette Grèce du XXIème siècle où l'on brade tout pour rien, c’en est fini de la vie telle qu’on l’a connaissait. Le pays devient un protectorat énergétique et la nature se transforme en un nouvel espace d’investissement, immense casino pour les profits des capitalistes avides de continuer à s’enrichir. Bienvenu dans ce monde où cette déesse moderne, la dette, exige qu’on sacrifie à son autel tout ce qui faisait le socle de la société humaine.

     

    Contretemps : On parle d’une nouvelle pollution dans les grandes villes grecques. Peux-tu nous expliquer ?

    En effet, depuis quelques temps une nouvelle a réussi à briser les murs du silence européen, et est arrivée jusque dans les journaux télévisés français. Athènes et Thessalonique seraient recouvertes d’un nuage de pollution. Cette nuée noire dans le ciel des grandes villes grecques rappelle amèrement aux grecs la période glorieuse de la croissance, où l’on construisait des stades et des routes inutiles pour accueillir les athlètes du monde entier et où l’on prenait la voiture pour faire ses courses à l’épicerie du quartier. Ainsi la population française a appris que les grecs, désormais trop pauvres pour pouvoir se chauffer au fioul (soumis à une taxe de consommation spécifique, il a vu son prix grimper de 40% rien que pendant l’année 2012), se replient sur le bois de chauffage. Ils brûleraient même n’importe quoi selon les médias grecs, y compris des bouts d’arbres coupés illégalement dans les parcs menus ou des vieux meubles chargés de produits chimiques d’entretien. Comme quoi la décroissance forcée n’est pas forcément écologique. La situation est désormais très préoccupante, puisque le taux de pollution du ciel citadin dépasse régulièrement le seuil de dangerosité préconisé par les experts. Mais aussi, on apprend régulièrement que des écoles ou des universités doivent fermer leurs portes parce qu’elles n’ont plus de budget pour acheter du fioul. On entend dire enfin que les victimes d’incendies ou d’intoxication de gaz sont de plus en plus nombreuses. Pour affronter le nuage chimique, des mesures concrètes existent : interdire de nouveau de rouler au diesel dans les villes, annuler la taxe spéciale sur le carburant de chauffage et développer les moyens de transports collectifs. Mais, le gouvernement et ses collaborateurs Troïkiens ont manifestement d’autres plans : par exemple, dans un effort d’assainissement des dépenses publiques comme ils disent, mais en réalité afin de récolter le maximum d’argent – et surtout pas auprès de leurs riches amis – ils augmentent encore le prix des transports en commun. Au moment où la population athénienne arrête massivement de prendre la voiture, le prix du billet du métro subit une énième augmentation pour atteindre 1 euros 75 centimes. Son prix a augmenté de 135% en quatre ans.

     

    Justement, à propos des transports, quel est l’impact des « plans de sauvetage » ? On se souvient que la hausse des péages avait entrainé un mouvement de refus de payer. Il y a d’abord les liaisons maritimes, dont la fréquence a fortement diminué vers les îles où elles étaient subventionnées. Le prix du carburant ayant également augmenté, les billets pour les bateaux coutent désormais très cher. On ne peut plus aller au Pirée, prendre ses billets à la dernière minute et sauter dans le bateau pour une île des Cyclades au hasard. Mais ceci n’est qu’une évolution culturelle, à laquelle les grecs devront s’habituer. Quid des habitants de ces îles qui ne pourront plus aller à leur préfecture, à l’hôpital, à l’école ? Ainsi en Grèce tout devient payant, et c’est brutal. Les autoroutes ont vu naître en leur sein le premier mouvement de désobéissance civile appelé « je ne paye pas » qui prônait le refus de payer les péages. Les usagers n’acceptaient pas l’augmentation brusque et démesurée du prix des péages, pour des autoroutes construites avec leurs impôts, cédées gracieusement au même « monde de l’entreprise ». Les premiers jugements pour ces actes de résistance arrivent en ce début 2013. Cette répression fera peut-être oublier aux usagers que le réseau routier, desservant des zones très difficiles dont des montagnes, est totalement laissé à l’abandon depuis que des dizaines de milliers de fonctionnaires ont été mis en disponibilité.

     

    En France, on a eu vent de l’achat d’îles par l’émir du Qatar. Est-ce que ça correspond à une politique plus générale ?

    En Grèce, les forêts, les landes et le littoral sont publics. C’est un pays sans histoire féodale, où les terres n’ont pas de valeur en soi, puisqu’elles sont faiblement productives. Un des premiers objectifs de la Troïka a été de les privatiser afin que des investisseurs puissent les « valoriser ». Les forêts grecques subissent en même temps les politiques de privatisation, de désengagement de l’état et de destruction de l’environnement. Non seulement il apparaît qu’elles sont surexploitées pour satisfaire la demande croissante pour le bois de chauffage, et du même coup enrichir les quelques intermédiaires qui se sont placés sur le marché, mais elles sont de moins en moins protégées. Les responsables politiques ont soigneusement fait sauter les législations qui régulaient aussi bien l’exploitation des forêts par la sylviculture que la possibilité de bâtir. Ils ont également coupé les budgets alloués aux agences de gestion des zones protégées, en attribuant la majeure partie des fonds de la « caisse verte » au remboursement de la dette. La « caisse verte », créée par la voie législative en 2010, est destinée au financement de programmes, de mesures et d'actions dans le but de favoriser la croissance par la valorisation et la protection de l'environnement. Elle sert aux programmes de lutte contre les incendies, de reforestations, de zones protégées, de protection de la mer et des zones côtières, d'amélioration des espaces urbains. Alimentée par la vente de l’environnement grec et les taxes spéciales sur le fioul à hauteur de 1,85 milliards d’euros, elle sert à rembourser prioritairement la dette (95% des fonds disponibles selon le mémorandum 2). Depuis la décision du gouvernement de novembre 2012, seulement 2,5% de ses ressources pourront financer des actions en faveur de l’environnement. Voilà donc comment on sacrifie la nature pour payer les intérêts de cette dette qui n'a cessé de croître depuis 2010, début de l'expérimentation menée par la Troïka (on est passé de 120 à 180% du PIB). Aussi, le plan d’aménagement du territoire a été modifié (dans un pays sans cartes forestières et sans cadastre, tout devient possible !) pour permettre d’utiliser les espaces forestiers et semi forestiers pour le tourisme de masse, pour la production énergétique et tout simplement pour y construire sa maison. Dans le même sens, une des premières mesures qui a été prise en 2011 (toujours dans le but affirmé de payer la dette !), c’est de légaliser les maisons construites sans permis après avoir réglé une somme forfaitaire. La période pour ce faire a déjà été prolongée quatre fois : on peut donc construire n’importe quoi, n’importe où en s’acquittant d’une amende ! Dans ce même effort d’accaparement des communs, la troïka proposait que l’état Grec vende les îles avec moins de 50 habitants pour renflouer les caisses. Même si cette proposition a choqué l’opinion publique, un certain nombre d’îles inhabitées sont actuellement en vente par des propriétaires privés. Mais bientôt les investisseurs du monde entier vont pouvoir se partager les plages, le littoral ou les fonds marins : il suffit de faire un tour sur le site internet de « la caisse des dénationalisations » cette institution nommée TAIPED et constituée pour vendre la propriété de l’état grec (d’ailleurs pas assez rapidement selon le FMI qui propose de virer les quelques grecs qui la composaient pour y mettre des experts internationaux). On peut par exemple, si on a suffisamment d’argent, acheter des terres dans le sud de Rhodes (Prasonisi) en zone Natura 2000, pour y construire un golf, des équipements de sports nautiques et des hôtels pour accueillir des hordes de touristes. Aussi, selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) Grecque, 40 îles seraient menacées d’être placé dans la caisse de dénationalisation, dont 24 classées Natura 2000 : l’objectif est d’y construire des complexes touristiques. Quand on sait que la Grèce est un « hotspot » de biodiversité, que le littoral grec équivaut à un quart des côtes européennes, on peut prendre la mesure de ce qui nous attend. Ceux qui avaient comme habitude de profiter de la mer pour leurs vacances, leur loisir ou pour vivre n’auront évidemment plus accès à cet espace de manière gratuite et libre. Ces privatisations auront des effets de longue durée sur l’environnement, puisque les investissements prévus ne vont pas dans le sens d’un développement durable en accord avec les spécificités du milieu naturel. Aussi, pour permettre ce type d’investissements, une nouvelle loi a été votée début janvier 2013 qui autorise le changement d’usage des terres, et l'installation de complexes touristiques « all inclusive », avec spa et golf. Ces énormes constructions ne seront pas soumises au plan d’urbanisme, puisqu’elles seront elles aussi légalisées par des procédures « fast track ». Quel sera le bénéfice pour la société locale ou pour l’environnement de ce type de développement touristique d'un genre colonial, décrié en Espagne pour avoir engendrer une bulle immobilière et pour avoir détruit le littoral ? Aucun, il s’agira encore une fois de payer les intérêts de la dette et d’enrichir les investisseurs. Bien sûr, cette vague d’accaparements est présentée par le gouvernement et les investisseurs comme un développement durable alliant protection de l’environnement et investissement économique. Il n’en est rien. En réalité il s’agit de vastes plans de quasi-cession de terres publiques vers des entreprises.

     

    Comment s’organise la résistance au programme de la Troïka ?

    L’exemple de la lutte à Elliniko et de la préservation de toute la côte entre le Pirée et le cap Sounion est à ce titre tout à fait parlant. L’ancien aéroport d’Elliniko s’étend au sud de l’agglomération athénienne et longe la mer. Cet espace de 650 hectares fait rêver les promoteurs immobiliers. Ils voient déjà les ensembles touristiques luxueux et les casinos qu’ils pourraient construire pour accueillir les nouveaux riches de ce monde, saoudiens et chinois en visite au pays de Socrate. Depuis les jeux olympiques de 2004, en attendant la « valorisation » promise par les différents gouvernements, l’espace de l’ancien aéroport est laissé à l’abandon : on y voit des bâtiments vides et délabrés ainsi que des boîtes de nuit illégales construites sur la côte. Pendant longtemps, les différents gouvernements ont évoqué la mise en place d’un « parc vert métropolitain » qui manque cruellement à Athènes, ainsi que la construction de logements et de bureaux. Mais la crise a libéré les convoitises et cette propriété publique se retrouve dans la « caisse des dénationalisations ». Prête à être vendue pour quatre fois moins que son prix, c’est-à-dire pour seulement cinq milliards d’euros. Elliniko deviendra donc un immense parc à logements, hôtels et casinos, avec ports privatifs et plages fermées : le gouvernement grec a définitivement abandonné le projet du « parc métropolitain ». Toute la zone côtière est soumise désormais au même type de plan de privatisations et d’investissements. Ainsi, on envisage même de créer des îles artificielles pour y construire des ports de plaisance pour permettre le stationnement des yachts. L’idée est de faire de la baie de Saronikos, de Pirée au cap Sounion, une nouvelle riviera, un nouveau Monaco. Selon Panos Totsikas, militant sur la lutte de Elliniko, il s’agit de la continuation d’un développement de type « Jeux Olympiques » qui vise à bâtir toutes les terres (et même la mer) qui étaient publiques. La péninsule d’Astéras (municipalité de Vouliagmeni – au sud d'Athènes), où vivent les familles les plus fortunées de Grèce, est elle aussi à vendre. Les plages, publiques et privées, un hôtel luxueux, un temple dédié à Apollon, ainsi que quelques îlots non habités seront bradés pour à peine quelques millions d'euros... Face à ce processus, des résistances se sont développées : les habitants d’Elliniko, après avoir lutté pour que leur plage ne soit pas cédée à des entrepreneurs grecs douteux, occupent maintenant une partie de l’ancien aéroport ! Des oliveraies (1150 arbres) et des jardins sont plantés et cultivés. Elliniko est devenu un lieu d’émulation pour le mouvement social athénien puisqu’on peut y suivre des débats, des événements artistiques, des formations sur les techniques agronomiques et même se faire soigner, quand on ne peut faire autrement, dans le dispensaire de santé solidaire et autogéré qui s’est installé dans le même quartier. Les coalitions progressistes des villes concernées par la vente de la côte d’Athènes se rebellent également : de Moschato à Glyfada, Vouliagmeni ou Anavyssos, ces projets de « valorisation » ne passent pas auprès des habitants.

     

    Y a-t-il d'autres secteurs privatisés ?

    Tout à fait ! Toujours avec ces mêmes procédures « fast track », qui permettent de passer outre le parlement et se sont multipliées afin d’éviter tout débat démocratique en temps de crise, le gouvernement et ces alliés du FMI et de l’UE préparent le terrain pour exploiter le juteux marché des déchets. Des partenariats de type public-privé ont été mis en place, dans le but de multiplier les centres d’enfouissement et d’incinération dans tous les pays (sont concernés 4 centres à Athènes, Thessalonique, la Macédoine de l’ouest et le Péloponnèse). Non seulement il s’agit de centres de traitement allant à l’encontre des recommandations de l’Union Européenne (qui promeut d’abord la prévention) mais la part de la participation financière des acteurs privés sera diminuée, puisqu’une partie des « aides » allouées à la Grèce par l’UE iront dans le financement de ces projets. Afin de bien servir les intérêts des investisseurs, il s’agissait d’écarter toute gestion rationnelle (la fameuse prévention-recyclage, etc.) qui pourrait nuire aux plans d’enrichissement de ces derniers. C’est pourquoi on a écarté les élus territoriaux (et a fortiori les populations locales et les contre-projets de gestion des déchets), en confiant cette tache à des institutions régionales fantômes. Les boîtes privées (et les décideurs qui se serviront) pourront donc s’enrichir, sur le dos des habitants et au détriment de l’environnement, des sols, des eaux et des sites archéologiques, en exploitant des décharges et des incinérateurs. Une gestion des déchets par des entreprises privées signifie recherche maximale de profit. Plus de déchets, c’est plus d’argent à se faire au détriment de la santé, de l’environnement, du territoire et du patrimoine. Un des combats, des plus virulents et radicaux de la dernière période a eu lieu dans le quartier de Kératéa, dans l’agglomération athénienne. Une véritable guérilla a opposé les habitants aux CRS. Le gouvernement, dépassé par plusieurs années de lutte acharnée contre le projet d’incinérateur, a dû même faire appel aux forces de police ! Mais malgré ces menaces les habitants n’ont pas reculés. La lutte de Kératéa a été victorieuse : depuis 2010 le projet est abandonné ! Aujourd’hui il existe en Grèce une coordination des comités s’opposant à ces projets de gestion de déchets et proposant une gestion décentralisée et coopérative (prosynat). Pour recevoir le « paquet de sauvetage » qui sert à financer les partenariats publics-privés au profit du privé dans le cas de la gestion des déchets, il y a une condition expresse : privatiser la gestion de l’eau. La vente d’EYDAP, la compagnie des eaux d’Athènes et d’EYATH – la très profitable compagnie des eaux de Thessalonique – ainsi que des barrages hydroélectriques ne signifie pas seulement perdre le contrôle d’une ressource naturelle d’une importance majeure pour le pays. Les créances de l’état et des municipalités sont beaucoup plus élevées que la valeur de mise sur le marché, dans le cas d‘EYDAP. Ainsi, ces dettes qui pourront être réclamées par le nouveau propriétaire, de même que le bon bilan financier d’EYDAP (5 millions d’euros de bénéfice pour le premier trimestre 2012), confirment qu’il s’agit d’une pure concession coloniale établissant un monopole naturel pour le repreneur privé. Cette acquisition scandaleuse sera accompagnée d’une augmentation des tarifs, comme le sous-entendent déjà les médias grecs. Enfin, des doutes planent quant à la qualité d’un réseau privé dans un pays géographiquement difficile et par endroit très aride, où la gestion de l’eau a toujours été un sujet majeur. Comme pour la gestion des déchets, il existe aujourd’hui en Grèce une initiative contre la privatisation de l’eau et qui propose des modèles de gestion de l’eau au niveau local (initiative 136 à Thessalonique), de manière non lucrative, par les citoyens et en exerçant un contrôle social. Les habitants organisés par quartiers sont prêts à racheter des parts lors de la privatisation d’EYATH. Encore une fois, contrairement à ses engagements internationaux en termes de droits humains ou de préservation de l’environnement, le gouvernement promeut et finance des travaux gigantesques de détournements de rivières (Akhelóös en Thessalie, Aóös en Epire, et le projet de Árakhthos depuis peu abandonnés grâce à la mobilisation de la population) ou de barrages pour conforter ce modèle d’utilisation de l’eau qui va dans le sens du gaspillage et de la privatisation de la ressource. Evidemment, les investisseurs privés ne sont pas intéressés par une gestion de l’eau économe, proche des besoins de la population et respectueuse des contraintes naturelles.

     

    Qu’en est-il du projet de lancer la Grèce dans le capitalisme vert et d’en faire grand producteur d’énergie renouvelable ?

    En même temps que la propriété de l’ancien aéroport Elliniko a été, par voie législative, cédée à la caisse des dénationalisations, le dernier gouvernement grec socialiste (sic) a initié le débat sur le « Programme Soleil », qui a été voté pendant que le gouvernement technique était au pouvoir (printemps 2013) par le biais des procédures « fast track ». Ce plan est actuellement suivi par une commission composée de membres des gouvernements grec et allemand, de la commission, de la banque centrale européenne et d’un représentant commercial d’une entreprise de conseil en placements financiers (Guggenheim Capital). C’est un programme qui brade la propriété de l’Etat (espaces forestiers, terres agricoles cultivées), afin d’y installer des centrales photovoltaïques de dimension industrielle (en utilisant probablement une technologie allemande ancienne qui cause de nombreux problèmes). Comment ça se passe concrètement ? Les entreprises louent aujourd’hui des terres à des petits propriétaires pour une somme d’argent conséquente. Elles peuvent y installer des panneaux solaires. Mais dans le cadre du « programme soleil », l’Etat pourra exproprier ces terres : il s’agit d’un scandale d’ampleur, d’une appropriation non assumée des terres agricoles et des espace forestiers (à l’origine appartenant à des petits propriétaires ou tout simplement publiques) pour les céder à des entreprises privées, souvent allemandes. Un autre aspect du scandale est que ces installations seront faites avec de l’argent emprunté par l’état grec auprès de la banque centrale allemande et également avec des fonds provenant des « plans de sauvetage » accordés par l’Union Européenne et le FMI. Pour que la Grèce puisse avoir un retour suffisant sur l’investissement, il faudra produire des quantités énormes (10GW supplémentaires, qui doubleront pratiquement la production nationale) qui ne serviront pas pour satisfaire les besoins du pays. Il faudra également relier le réseau avec l’Allemagne, puisque le but est d’approvisionner le pays avec de l’énergie « verte ». Le coût de ce projet est gigantesque : installer le câble sous-marin et réaliser les travaux d’aménagement nécessaires élèvera la facture à plusieurs dizaines de milliards d’euros. De plus, c’est techniquement très difficile à cause des difficultés de transport de l’électricité. Le but non avoué pour les investisseurs est d’acheter cette « énergie verte » au sein du marché des émissions carbones à un prix très bas, afin de dédouaner l’Allemagne d’être un pays pollueur, et de recevoir des droits à polluer par ailleurs. La Grèce quant à elle augmentera très probablement sa dette dans l’opération : il suffit que le retour sur l’investissement ne soit pas suffisant, ou que techniquement les objectifs ne soient pas atteints. Dans tous les cas les investisseurs sont gagnants, puisqu’ils recevront les intérêts de la dette contractée par le gouvernement grec, ils investissent sans payer grande chose, ils possèdent des terres, ils peuvent acheter des droits à polluer, et éventuellement ils récupèrent de l’énergie qualifiée comme renouvelable. Dans certains cas, comme dans le village de Sitanos que j'ai visité, littéralement entouré de panneaux photovoltaïques, les habitants admettent amèrement qui se sont faits avoir, puisque une seule personne est employée pendant une demi-journée par semaine, les terres ont été vendues très peu cher (y compris celles qui servaient de pâturage) et leur territoire est détruit à jamais. En effet les panneaux photovoltaïques en question sont anciens et mal entretenus ce qui augmente la probabilité d’écoulements toxiques sur le sol. Par ailleurs ils augmentent la température au sol jusqu’à soixante degrés dans une région déjà très aride. Ce « village électrique » fera partie du « programme soleil » quand celui-ci verra le jour.

     

    Contretemps : Le photovoltaïque industriel est un aspect du problème. Qu'en est-il des éoliennes ou des centrales hydro-électriques ?

    Mais le bal des énergies renouvelables industrielles ne s’arrête pas là : il y a aussi l’éolien industriel (130 mètres de haut équivalent à un gratte-ciel, 50 mètres de diamètre au sol) qui se combine au photovoltaïque dans un merveilleux mix énergétique. Placées sur les crêtes des montagnes, ces installations occupent des terres publiques, en grande partie cédées quasi gratuitement à des entrepreneurs grecs ou étrangers (EDF se prépare à entrer dans le marché par exemple). En plus, un réseau routier conséquent accompagnera ces installations, ce qui altérera fortement le paysage de montagne. Dans le Magne au Péloponnèse, dans la Grèce continentale, ou dans les îles du Nord de la mer Egée, ces projets suscitent de vives oppositions. A Límnos, Lesbos et Chios, on prévoit 28 parcs éoliens, avec 353 éoliennes pour produire 706MW d’énergie dans le but de l’exporter. En Icarie, 110 éoliennes sont programmées, 2 seulement seraient suffisantes pour la consommation locale. En Crète, une coordination de plus de 200 associations lutte contre ses projets pharaoniques : une plainte par plusieurs milliers de personnes et de collectifs a été déposé sur cette question au conseil d’Etat. Pour réaliser les projets industriels en énergies renouvelables qui devraient couvrir 8 fois les besoins de l’île (des milliers d’éoliennes, des hectares de panneaux photovoltaïques, des centrales hybrides avec réservoirs de millions de m³ d’eau, des usines héliothermiques avec tours de 150m de haut, les lignes électriques et leurs pylônes, les câbles sous-marins pour exporter cette électricité…), il va falloir creuser profond, raser des montagnes, déforester, ouvrir des routes, pomper dans les nappes phréatiques. L’emploi créé est négligeable par rapport aux problèmes que ces projets créeront aux activités touristiques ou agricoles qui font vivre aujourd’hui les régions concernées. Le but est de faire de la Grèce un pays de production énergétique à bas coût qualifiée de « verte ». Mais l’échelle industrielle de production n’est pas compatible avec la préservation des espaces naturels, des paysages et de la qualité de vie des populations locales. Un dernier aspect inquiétant est le récent classement des grandes centrales de production hydro-électrique (plus de 15GB) en sources d’énergies renouvelables. Quant on sait qu’elles sont en voie de privatisation, on imagine bien que leur sort sera aussi de participer au marché des émissions carbones. Les entrepreneurs qui les achèteront pourront là aussi classer cette production énergétique comme renouvelable et vendre des droits à polluer par ailleurs. Evidemment des pistes réellement alternatives pour la production énergétique « renouvelable » existent en Grèce. La géothermie, insérée dans un mix énergétique tourné vers la satisfaction des besoins locaux, pourrait permettre à ce pays très sismique et volcanique de produire 600 fois plus d’énergie que l’Islande. Mais ce projet a été développé par DEH (EDF grecque publique) qui sera bientôt bradée elle aussi ; rien d’étonnant donc dans le fait que ces projets ne soient pas retenus. Avec une production de petite échelle, et des plans de réduction de la consommation, la Grèce pourrait atteindre la souveraineté énergétique.

     

    Est-ce que c'est uniquement l'énergie dite verte qui est visée ? Où en est l'exploitation des ressources minières ?

    Pour finir cette balade cauchemardesque, il faut rappeler que l’actualité grecque de ce début 2013 est marquée par un débat virulent sur l’exploitation des ressources minières. Tout récemment, on faisait croire que les problèmes du pays seraient résolus grâce aux gisements de pétrole se trouvant dans la mer Egée, Ionienne ou Libyenne. C’est très contestable! En fin de compte très peu de fonds vont arriver dans les caisses de ce pays dépourvu de code minier (ce qui permettrait de défendre les intérêts du pays face aux entreprises qui exploiteraient ses gisements). De plus, même s’ils se révélaient intéressants, il faudrait plusieurs années (voir plusieurs dizaines années) avant que les retombées économiques se fassent ressentir (seules 10% des retombées totales iraient à l’Etat grec faute de code minier). Dans tous les cas, leur exploitation est tout à fait questionnable, quant à l’impact sur l’environnement, sur la société locale et sur les activités économiques actuelles. Est-il pertinent de risquer des pollutions importantes dans un archipel qui vit de tourisme ou de pêche, et qui constitue un environnement remarquable ? De la même manière, des mouvements importants émergent dans différents endroits du Nord de la Grèce (à Skouries dans le Chalcidique, à Evros, dans le Rhodope ou à Kilkis) contre les mines d’or qui sont installées dans des forets précieuses, du point de vue environnemental, économique mais aussi patrimonial. Toujours pour un petit gain en termes d’emploi, mais surtout avec des dégâts sur l’environnement (pollution de l’eau par des métaux lourds et du souffre) ou sur l’apiculture, la sylviculture, la pêche, sur l’élevage, mais aussi sur le tourisme. A Skouries (Iérissos) près du célèbre Mont Athos, la population organise régulièrement des manifestations de plusieurs milliers de personnes dans la forêt ou en ville. Les deux partenaires, Eldorado Gold (société canadienne) et Hellenic Gold (entreprise grecque) sont protégées par des CRS qui n’hésitent pas à frapper et à arrêter la population qui lutte ni même à lancer des bombes lacrymogènes dans les forets qui prennent naturellement feu (et récemment dans les écoles). Le calcul est simple : l'Etat grec a vendu les mines pour 11 millions d’euros, puis a accordé une subvention de 15,3 millions d’euros à cette entreprise privée qui vaut 2,3 milliards d’euros. La valeur des gisements s’élève elle à 15,5 milliards d’euros. Les permis sont douteux, les mines cédées pour si peu, et le gain pour la population de ces espoirs dorés est nul. Encore une fois, qui sont ces investisseurs costumés pour brader les terres, le patrimoine, les communs, et la nature qui appartient à la population, en usant de tous les moyens ?

     

    Quelques mots de conclusion ?

    La danse macabre sur l’environnement grec va-t-elle continuer ? C'est la question que les écologistes grecs, la gauche et les mouvements citoyens se posent. Les entreprises qui convoitent les ressources du pays tentent de s'imposer (et de plus en plus en employant la force) à l’aide de la Troïka grecque et internationale. Pour n’en citer que quelques unes : EDF, Iberderola, Eldorado Gold, Gazprom, Suez ou Siemens font tout leur possible pour pouvoir continuer à faire des profits sur le dos de la population et de l’environnement. Elles souhaitent employer des « esclaves modernes » pour 300 euros par mois dans les hôtels « all inclusive » pour très riches, racler toute ressource énergétique et hydrique, posséder les terres publiques et occuper in fine une place stratégique en méditerranée. Elles rêvent d'un nouveau colonialisme énergétique et foncier du XXIème siècle. Mais, c’est sans compter sans les mouvements d'ampleur qui se développent un peu partout sur le territoire !

     

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    date: 
    16/04/2013 - 04:25
    Roxanne Mitralias

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  • Entre faim et pauvreté, l’ombre est tombée sur le Parthénon…

    Grèce - manifestationsIls sont certainement nombreux ceux qui, dans les salons où se décide l’avenir de l’euro, pensent qu’après tout, les Grecs méritent tout ce qu’ils endurent. Ils le méritent parce que l’Europe du nord est fondamentalement convaincue que l’Europe méditerranéenne a pendant des années tellement vécu au-dessus de ses moyens qu’il ne reste plus aujourd’hui aux Hellènes qu’à tendre la main vers ceux qui seront enclins à les aider, comme les Allemands par exemple, qui ont toujours su jouer de leur position dominante.

     

    C’est une position cynique qui ne tient pas compte du fait que les peuples de la Méditerranée ont vécu jusqu’ici chichement avant de sombrer aujourd’hui dans une misère noire. Si ceux qui ont effectivement préjugé de leurs moyens représentent une toute petite partie de la population de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne ou du Portugal, ceux qui possèdent suffisamment pour éviter la crise qui s’abat sur les pauvres, sur les faibles, sur les vieux, etc., ne sont pas plus nombreux. L’opinion publique internationale ne peut plus fermer les yeux sur les enfants qui, à Athènes, fouillent les poubelles pour trouver quelque chose à manger, ou ces étudiants qui demandent de la nourriture aux copains. Le New York Times a découvert la semaine dernière que le « tiers-monde » est situé au cœur de l’Europe, dans l’indifférence de la troïka et des sommets européens. « Je n’aurais jamais imaginé une situation pareille, même dans mes pires cauchemars. Nous sommes désormais au point de voir partir nos enfants à l’école le ventre vide. Les familles n’ont pas seulement de difficultés avec le chômage ; elles luttent tout simplement pour survivre », a dit au quotidien étasunien Leonidas Nikas, directeur d’une école élémentaire à Athènes. On estime aujourd’hui que 10 % des élèves d’écoles élémentaires souffriraient de la faim en Grèce, ce qui rapprocherait le pays de certains pays africains.

     

    Alexandra Perri travaille dans une école d’Acharnes. Elle a déclaré au New York Times que 60 des 280 élèves qui y étaient scolarisés souffraient de malnutrition, ajoutant que « les cas avaient nettement augmenté cette année ». Il y a donc un lien direct entre les coupes claires dans les budgets sociaux et l’explosion de de la pauvreté. Sans parler du nombre de suicides qui est allé crescendo ces deux dernières années. Et comme si ça ne suffisait pas, le système de santé semble être à l’agonie, et nombreux sont les Grecs qui ne peuvent plus s’offrir les soins appropriés. Pour bien comprendre la portée du phénomène, le taux de mortalité par suicide et par homicide a respectivement augmenté pour les hommes de 22,7 % et 27,6 % entre 2007 et 2009.

     

    La Grèce est le meilleur exemple de l’échec des politiques d’austérité. Ce test grandeur nature effectué sur les ressortissants grecs peut ainsi montrer au monde entier qu’il est impossible de supposer une reprise économique sans intervention active de l’État. Davantage d’interventionnisme donc, à l’opposé du fanatique recours aux privatisations et au démantèlement de l’État imposés par une poignée d’inexpiables libéraux sans scrupules. Mais n’est-ce pas tout simplement illusoire dans le cadre de l’Union européenne qui impose systématiquement… des réductions de dépenses publiques ? Et sans investissement public… c’est la mort !

     

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr/


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  • Grèce : un superviseur d’une ferme tire sur ses employés bangladais. Près de 30 blessés.

    Par Okeanos /18 avril 2013 

     

    La région de Nea Manolada dans le Péloponnèse a déjà connu des épisodes d'abus sur les migrants par le passé. Hier, alors que 200 employés bangladais demandaient leurs 6 derniers mois de salaire impayés, un -au moins- des superviseurs est sorti avec son fusil de chasse et a tiré sur les migrants. Plus de 20 blessés ont été transportés à l’hôpital hier soir. 4 d'entre eux étaient dans un état critique.

     

    Manolada-356x267-copie-2.jpg

                                                     Manolada : deux des migrants blessés

     

    L'incident s'est produit lorsque 200 travailleurs auraient exigé l'équivalent de six mois de salaires impayés à leur employeur dans la région d'Ilia. Après des échanges verbaux entre les migrants et les trois superviseurs de la ferme, l'un des superviseurs - au moins-  a tiré sur les employés avec un fusil de chasse. Près de 30 travailleurs ont été blessés dans l'incident, plusieurs d'entre eux étaient dans un état critique mercredi soir. 

     

    Le propriétaire de la ferme, qui n'aurait pas été présent lors de la fusillade, a été arrêté mais les trois superviseurs étaient recherchés. La Police semble connaître l'identité des hommes qu'elle recherche.

    Manolada a été au centre d'affaires de violence contre les travailleurs migrants un certain nombre de fois au cours des dernières années. L'an dernier, deux grecs ont été arrêtés pour avoir battu un égyptien de 30 ans, bloquant sa tête dans la fenêtre d'une porte de voiture et le traînant pendant environ un kilomètre.

     

    En 2008, les migrants travaillant dans les plantations de Nea Manolada, connue pour ses fraises, ont entamé une grève de quatre jours pour protester contre des salaires de misère et des conditions de vie sordide.

     

    Alors que le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe indiquait dans son rapport hier que l'Etat grec doit agir avec force contre le racisme dans le pays, il semble que l'esclavage est encore en place dans le pays.

     

    Les réactions sur les réseaux sociaux ont été très vives et un appel à boycotter les fraises de la ferme de Manolada est déjà en place.

     

    Nom de code sur twitter : #bloodstrawberries (les fraises de sang) et #Manolada.


    ManoladaBoycott-377x483 Boycottez les fraises de Manolada, de Grèce

     

    Avant que vous n'achetiez encore des fraise de Manolada, en Grèce, pensez juste qu'elles sont couvertes du sang de travailleurs immigrés.

     

    Le 17 avril 2013, plus de 20 migrants qui demandaient à être payés pour leur travail ont été attaqués et blessés [au fusil de chasse] par leurs employeurs grecs.

     

    Le gouvernement grec couvre les meurtriers qui agissent avec le support du parti néo-nazi Aube Dorée

    #bloodstrawberries


    BoycottManolada1-400x267.jpg

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    SOURCE : OKEANEWS

     

    http://www.okeanews.fr/20130418-grece-un-superviseur-dune-ferme-tire-sur-ses-employes-bangladais-pres-de-30-blesses

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/



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  • HISTOIRE

    La Grèce avait aussi son Archipel du Goulag

    vendredi 5 avril 2013, par Anna Spillmann

    Cliquez sur l’image ci-dessous pour télécharger la page en pdf.

     

    http://www.gauchebdo.ch/?La-Grece-avait-aussi-son-Archipel


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  • L’Aube dorée et le visage du nazisme européen.

    Jimmy Dalleedoo
     

    Le 28 mars dernier, en Grèce, a eu lieu une manifestation devant le siège de « méga TV », une télévision privée grecque. L’Aube dorée, avait appelé à manifester suite à la diffusion d’une série turc sur méga TV. Cette série appelée « fatmagul’un suçu ne ? » a été diffusée le jour de la fête nationale du 25 mars. Ce jour de fête commémore le soulèvement de la Grèce contre l’empire ottoman de 1821. A la lumière des flambeaux, le parti Aube dorée et ses partisans, ont brûlé le drapeau national Turc.  

    L’Aube dorée, un parti politique avec à sa direction un homme, Nikolaos Mickaloliakos, est un parti d’extrême droite néonazi. On peut d’ailleurs constater sur leurs sites internet les éloges en direction de personnalités du troisième Reich, comme la Waffen SS ou Magda Goebbels. Dans leurs manifestations, l’Aube dorée présente des signes comme la croix gammée stylisée, les méandres noires ou encore le salut nazi. Ils ont évidemment un discours, qui est tout à fait cohérent avec leurs propagandes. En effet, Nikolaos Mickaloliakos a, plus d’une fois, rendu hommage aux atrocités effectuées par le troisième Reich (si vous entrez son nom sur internet, vous constaterez ces types de propos dans ses interviews). L’Aube dorée qui a été crée en 1992, reconnu en 1993, est membre du Front National Européen.

    Mais c’est pendant les élections législatives en Grèce du 17 juin 2012 que ces néonazis trouveront un écho en Grèce. Effectivement, les suffrages exprimés accorderont près de 7% à ce parti néonazi. 18 députés d’Aube dorée feront leur entrée au parlement grec. 
     
    Pourquoi sont-ils entrés au parlement grec ?

    Les conditions économiques et sociales de la Grèce sont très difficiles : le chômage progresse, les travailleurs qui ont encore leurs emplois peuvent à peine nourrir leurs familles car, entre autres, les taxes ont été augmentées, le pouvoir d’achat est très bas et les conditions d’existence des Grecs deviennent de plus en plus difficiles. 

    L’Aube dorée a avancé des idées très concrètes. Comme, par exemple, des agressions idéologiques à l’encontre des immigrés, avec les rhétoriques de base « les immigrés volent le pain des grecs » ou encore les immigrés coûtent trop cher, et Ils présentent des idées comme miner la frontière de la Turquie parce que l’objectif est d’éviter que ces derniers immigrent en Grèce. Aussi, pour semer la confusion et la tromperie, ils prônent le rejet du plan de sauvetage de la Grèce bien qu’ils travaillent aux côtés de ceux qui ont conduit le pays et le peuple dans cette situation catastrophique de crise aiguë.
     
    Les conséquences de cette entrée au parlement ?
     
    L’entrée de leurs députés au parlement, qui les rend quelque part légitimes, va attiser leurs violences et agressions sur le terrain. En effet, les membres de l’Aube dorée sont très présents et imposants : ils organisent des rondes dans les quartiers pour « mater » les immigrés sous prétexte d’accompagner et protéger des personnes âgées et des personnes en difficulté, ils distribuent de la nourriture aux plus pauvres et, évidemment, seuls les grecs « pur sang » reçoivent les colis alimentaires.

    Les agressions contre les immigrés sont vraiment très inquiétantes. D’après plusieurs témoignages, ces agressions ont été soutenues par la police grecque. En effet, la police est un métier idéologique, la machine d’état et bras armé du gouvernement. Certaines actions de l’Aube dorée seraient donc encadrées par la police grecque. Ces attaques et agressions multiples ne visent pas seulement les immigrés. Des groupes sont envoyés par l’Aube dorée pour agresser les militants de gauche, en particulier les communistes et syndicalistes qui organisent les luttes et la solidarité contre l’austérité et contre les memoranda imposés par l’UE. Même l’ONG Médecins du Monde a été menacée. Ainsi l’Aube dorée attaque et exploite l’instinct de survie des classes exploitées. Par exemple, ils proposent des consultations médicales gratuites par des médecins de l’Aube dorée, ou dans des cabinets privés. En revanche, lors de dépistage comme celui du cancer du sein, il faut attendre des mois pour recevoir des soins et des examens supplémentaires.

    Évidemment, dans ces situations, les malades pauvres paieront ensuite le prix fort. Derrière ces initiatives qui paraissent « philanthropiques », se cache la volonté de maintenir la santé des ouvriers pour qu’ils puissent continuer à produire pour le capital et à être exploités, soutenir le système de santé privée et préserver l‘hégémonie de la classe dominante. La santé est devenue aussi un commerce dont la qualité et quantité dépendent des moyens matériels de chacun.

    Il y a quelques temps, 84 des 125 députés grecs ont déposé une motion devant le parlement dont l’objectif a été d’expulser des différentes institutions les citoyens grecques naturalisés. Cette motion présentée par le parti « démocrate » avait été soutenue par l’Aube dorée mais n’a pas été adoptée.

    Le journaliste Thassos Téloglou a, quant à lui, étudié les différents financements de l’Aube dorée. L’Aube dorée serait soutenue financièrement par des partis de l’arc constitutionnel, par des avocats, des promoteurs, et même une banque. Au nom de la lutte et de la propagande anti-communiste, plusieurs partis politiques et journaux en Europe se sont félicités de la victoire de l’Aube dorée aux élections législatives de 2012. Le journal polonais «  nacjonalista » a déclaré : « une campagne de haine et d’accusations orchestrée par les médias du régime. Depuis vingt ans, l’Aube dorée prétend combattre sans compromis dans l’esprit de la troisième voie contre le libéralisme et le marxisme, le capitalisme et le communisme, les traîtres de la gauche et de la droite, et le lobby sioniste. Aujourd’hui, l’Aube dorée se lève « pour la grande Grèce libre et pour l’Europe des nations libres ».

    Dans une vidéo qui a été présentée au parquet d’Athènes, Alexandre Plomaritis, porte-parole de l‘Aube dorée, a présenté les déclarations suivantes : « Nous sommes prêts à ouvrir les fours, nous en ferons des savons pour laver les trottoirs, on fabriquera des abat-jours avec leurs peaux ». Nous fait-il peur avec ses propos ? Évidemment non. A travers ses discours insupportables, l’Aube dorée fait des émules. 

    L’Aube dorée a déjà fait des émules dans d’autres pays d’Europe. En Espagne, un mouvement d’extrême droite, commence à prendre de l’ampleur. Ce mouvement qui s’appelle « España 2000 » récupère les idées et stratégies de terrain de l’Aube dorée. Actuellement, l’Espagne atteint la barre des six millions de chômeurs. Sur cette flambé du chômage, España 2000 rétorque que six millions de chômeurs signifient six millions d’immigrés en trop. En outre, l’ONG « lieu d’accueil patriote Maria Luisa Navarro » créée par España 2000 qui distribue, tout comme l’Aube dorée des colis alimentaires aux espagnols « pur sang », aurait été financée par le fond social européen (fse). L’Aube dorée entretien des liens solides, non seulement avec des organisations en Espagne, mais aussi avec des organisations néonazies allemandes. D’après le quotidien Allemand « der spiegel », l’Aube dorée aurait même créé plusieurs cellules dans le sud de l’Allemagne. 

    En Grèce, à l’heure de la crise actuelle, l’Aube dorée serait crédité de 14% des intentions de votes. Le retour du fascisme n’est donc pas une possibilité mais une réalité. Le fascisme est présent et il ne cesse de progresser partout en Europe. Contre ces fascistes, ces nazis et leurs organisations, il est urgent de créer une unité communiste en France et dans tous les pays d’Europe. Le Parti Communiste de Grèce, sur la première ligne de la lutte contre le capitalisme, contre l’impérialisme et contre le fascisme, essaie depuis plusieurs années de construire un mouvement communiste international et organise tous les ans les rencontres internationales des partis communistes et des partis ouvriers. En France, il est vital de faire renaître un véritable parti communiste. Un parti communiste qui défend la classe ouvrière, contre l’exploitation et la domination, pour la dictature du prolétariat, pour une véritable égalité, pour l’abolition des classes, et la lutte acharnée contre l’extrême droite. Toutes ces valeurs et luttes qui ont été abandonnées il y a quelques années.

    Jimmy Dalleedoo

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    http://www.legrandsoir.info/l-aube-doree-et-le-visage-du-nazisme-europeen.html

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  • Botte allemande sur drapeau grec : le metteur en scène Dimitris Kollatos arrêté

    Par Okeanos

     27 mars 2013 -

     

    Dimitris KollatosLe metteur en scène Dimitris Kollatos a été arrêté aujourd'hui pour avoir placé sur le balcon de sa maison une version modifiée du drapeau grec, avec une botte allemande et d'autres représentations suggérant la soumission du pays aux puissances étrangères.

     

    Dimitris Kollatos est bien connu tant pour ses activités artistiques (réalisateur, metteur en scène, acteur et écrivain) si discutées, que pour son activisme politique.

     

    Pendant la dictature des colonels en Grèce (1967-74), Kollatos vivait à Paris où, en tant que directeur du Théâtre d’Art, il monta 20 pièces de théâtre, dont La femme de Socrate et Philippe Pétain. En France, il réalisa également deux films, Le banquet (1972), où il s’interroge sur l’homosexualité et l’amour et La France de Giscard (1985), dans lequel il approche la France giscardienne des années 1970 d’un œil critique, voire hérétique. (plus d'infos sur Dimitris Kollatos sur grecehebdo).

     

    Dans l'attente de savoir si il sera inculpé ou libéré, le réalisateur, dont le domicile est proche de l’ambassade d'Allemagne à Athènes, aurait indiqué au site newsit.gr que son arrestation serait le résultat d'une plainte de l'ambassade allemande auprès des autorités grecques.

     

    Le drapeau à l'origine de l'arrestation (sources : newsit.gr) :

    Le drapeau (source : www.newsit.gr)

     

    Quand la police et le procureur sont intervenus à son domicile, Kollatos aurait refusé d'enlever le drapeau et c'est la police qui s'en est chargée.

     

    Selon les dernières information, le metteur en scène était encore à la station de police de Syntagme et devrait être libéré plus tard dans la journée. Il devrait être interrogé jeudi par le procureur.


    SOURCE : OKEANEWS

     

    http://www.okeanews.fr/botte-allemande-sur-drapeau-grec-le-metteur-en-scene-dimitris-kollatos-arrete/

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


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  • Poing

     Mardi 12 mars 2013

    La troïka à Athènes : « satisfaites l’appétit des marchés financiers ! »

     

    Dette et pays pauvresLes représentants de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) continuent à faire pression sur le gouvernement hellénique afin qu’il respecte les engagements qu’il avait pris de supprimer quelque 25.000 postes du secteur public d’ici la fin de l’année. En effet, les milieux financiers européens ont promis une nouvelle « aide » de 130 milliards d’euros à la Grèce et l’allègement de sa dette en échange du licenciement de fonctionnaires en deux vagues successives : 12.500 d’ici juin et 12.500 autres d’ici la fin de l’année. En tout, c’est un total de 150.000 fonctionnaires qui devraient avoir été licenciés d’ici 2015. Mais aucun des trois partis de la coalition gouvernementale (Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antónis Samarás, le PASOK du socialiste Evángelos Venizélos et la Gauche démocrate de Fótis Kouvélis) ne veut prendre la responsabilité de se montrer trop conciliant vis-à-vis des exigences de la troïka, de peur d’avoir à en pâtir lors des prochaines échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement tente d’un côté de trouver la solution pour liquider ces emplois publics sans en avoir l’air et de l’autre, les représentants de ces mêmes partis répètent à l’envi, comme l’a fait récemment le Premier ministre grec, que le peuple grec n’est plus en mesure de supporter d’autres sacrifices. Pourtant, les milieux financiers ne s’arrêtent pas au saccage des services publics : ils exigent aussi une réduction de 22 % du salaire minimum dans le privé, la diminution des épargnes retraite de 15 % et la réduction des indemnités de licenciement à trois mois de salaires contre six actuellement. Mais les organismes qui fournissent les prêts à la Grèce ne s’arrêtent pas là : ils lui enjoignent également d’annuler les emplois à durée indéterminée dans les entreprises publiques. Difficile dans ces conditions de porter crédit aux annonces faites par les partis de la coalition au pouvoir.

     

    Pendant ce temps, des mouvements sociaux éclatent à travers tout le pays. Tous les musées et les sites archéologiques de la Grèce – l’Acropole incluse – sont restés fermés vendredi. Les employés du ministère de la culture étaient en grève en signe de protestation contre la grève de salaires et les licenciements.    

     

    La veille, c’était au tour des étudiants de descendre dans la rue contre Athina, un plan gouvernemental qui vise à restructurer profondément les universités en fusionnant ou en fermant purement et simplement plusieurs départements universitaires. Le plan, dont le but est de ramener à 384 le nombre de facultés (contre 534 aujourd’hui), prévoit aussi de réduire de 4 % le nombre d’étudiants admis dans l’enseignement supérieur l’an prochain. Appliqué à une population qui n’a jamais été autant exposée au chômage - avec 55,6 % des moins de 25 ans au chômage – il attise les craintes sur l’avenir de ce que la presse grecque a appelé la génération perdue, souvent condamnée à l’exil à l’étranger. Un projet de fusion de vingt-huit facultés a été reporté en 2018 de façon que les étudiants déjà inscrits puissent terminer leurs études sans avoir à être transférés dans un autre établissement. Mais pour accélérer la manœuvre et être certain de son issue, le plan Athina a été présenté au Parlement sous la forme d’un décret présidentiel. Comme l’a écrit Corinne Gobin du groupe de recherche sur les acteurs internationaux (GRAI), « en acceptant cette obligation d’obéir à une technocratie transnationale qui bafoue les droits les plus élémentaires des peuples, nos gouvernants ne sont-ils pas en train de s’engager vers une situation de haute trahison envers leur population ? ».  La réponse coule de source.

     

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr/article-la-troika-a-athenes-satisfaites-l-appetit-des-marches-financiers-116123496.html


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  • Grèce :: L’enterrement du droit de grève

    Après la réquisition des travailleurs du métro, puis des marins, le gouvernement veut offrir au patronat une nouvelle arme contre les travailleurs : interdire le droit de grève.

    Cécile Chams

    Grèce :: L’enterrement du droit de grève

    Les premières salves ont été lancées début février au Parlement par des députés de la coalition au pouvoir, qui ont invoqué « l’intérêt public ».

    Des informations émanant du ministère du Travail sur le projet ont été publiées par le journal conservateur To Vima. Face à une menace de grève de la part du personnel, les entreprises auraient le droit de décréter un lock-out, une fermeture provisoire de l’entreprise.

    Actuellement, une grève peut être déclenchée avec l’accord d’une majorité des affiliés du syndicat de l’entreprise présents à l’assemblée générale. Le projet de loi prévoit qu’une grève serait uniquement autorisée si tout le personnel de l’entreprise donne son accord. Ce qui revient pratiquement à l’interdiction de toute grève. Le ministère prévoit également la possibilité pour le patron de décréter un lock-out en cas de grève de son personnel, ce qui est difficile aujourd’hui.

    Selon les mêmes fuites du ministère, le projet de loi sur les syndicats modifierait la structure du mouvement syndical, en revoyant les conditions d’existence et de fonctionnement des syndicats et en particulier leur droit à l’action au niveau régional. Les fonctionnaires du ministère du Travail estiment qu’« on ne peut permettre qu’un petit syndicat gèle des entreprises publiques ». Le ministre du Travail, Yannis Vroutsis, ajoute que « trente ans se sont écoulés depuis l’adoption de la loi que l’époque, les circonstances et la demande des syndicats avaient imposée ».

    Liquidation des droits syndicaux

    Ce sont les travailleurs eux-mêmes et leurs syndicats qui peuvent décider quels sont les besoins du mouvement syndical aujourd’hui et non le représentant du capital drapé d’un manteau ministériel, réplique Rizospastis (12 février 2013), le quotidien du Parti communiste de Grèce (KKE). Cette liquidation des droits syndicaux ne vise pas seulement les travailleurs du secteur public, mais aussi tous les travailleurs du privé. Elle s’ajoute aux saisies et interdictions déjà prononcées par la Justice contre des grèves, déclarées illégales.

    Cette escalade dans les attaques contre le droit de grève n’est pas une surprise. En février 2011, après consultation de la Cour européenne, la Commission européenne a préparé un projet de règlement contre les grèves des ouvriers des chantiers navals de Finlande et de Suède. Il prévoit que le droit de grève serait conditionné au respect de la « liberté économique » et notamment de la « liberté d’entreprise » et de la « libre prestation de services », c’est-à-dire la mise en œuvre harmonieuse d’une politique au service des intérêts des monopoles.

    Le 12 février 2012, lors du vote contre le deuxième Mémorandum d’austérité au Parlement grec, le groupe parlementaire communiste avait mis en garde contre ces plans. Aleka Papariga, députée et secrétaire générale du KKE, signalait : « Et vous avez signé un autre mémorandum qui dit qu’en Grèce, il n’y aura plus que de la main-d’oeuvre bon marché, très bon marché, et même gratuite; qu’en Grèce, il n’y aura plus de grève, qu’il n’y aura plus de manifestations, qu’il n’y aura plus de rassemblement et que la place Syntagma (face au Parlement, NdlR) sera une zone interdite. »

    http://www.ptb.be


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