• 405104 rail300 Les effets désastreux de la privatisation du rail britannique épinglés dans un rapport commandé par les syndicats

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    « The great train robbery : les conséquences économiques et politiques de la privatisation du rail » : voilà le titre du rapport réalisé par le Centre de recherche sur le changement socio-culturel de Manchester, commandité par le Congrès des syndicats britanniques (TUC).

     

    Le rapport a fait la une de la presse britannique. Il est dans notre intérêt en France, au moment où le gouvernement socialiste prépare une « réforme ferroviaire » qui irait dans le sens de la mise en concurrence, d'apprendre les leçons de la privatisation britannique.

     

    Tout d'abord, rappelons que la privatisation du rail avait été préparé dans les années 1980, sous Thatcher, avec l'éclatement de l'unicité du British Rail en entités autonomes par secteurs géographiques (Network SouthEast) ou secteur d'activité (fret).

     

    En application de la directive européenne 91/440, la Grande-Bretagne divise en 1993 gestion du réseau confiée à RailTrack, et exploitants mis en concurrence, à l'origine une vingtaine d'entités publiques sectorisées.

     

    En 1996, avant les élections législatives, le Parti conservateur privatise l'ensemble des opérateurs, gestionnaires du réseau, fret comme exploitants voyageurs.

     

    Reniant ses promesses, le gouvernement de Tony Blair va achever la privatisation de ce qu'il restait à vendre … avant de re-nationaliser le gestionnaire du réseau car c'est un poste structurellement déficitaire et donc non-rentable. Il faut bien socialiser les pertes !

     

    Vingt ans après, le bilan de la libéralisation-privatisation du rail est édifiant, un véritable « pillage » des usagers et des fonds publics, siphonnés par une poignée de monopoles privés. Reprenons l'argumentaire des privatiseurs, point par point :

     

     

    1. Les tarifs les plus élevés au monde : l'argument de la « baisse des tarifs » ne tient pas en Grande-Bretagne. Les tarifs du rail sont désormais, en moyenne, deux fois plus élevés qu'en France, dans le secteur nationalisé. Depuis 1996, l'augmentation des tarifs du train a été trois fois supérieure à celle de l'augmentation moyenne des salaires. La Grande-Bretagne dispose des tarifs les plus élevés du monde : une conséquence de la privatisation ;

     

    1. Des trains qui arrivent de moins en moins à l'heure : les trains qui n'arrivent pas à l'heure, c'est aussi cela l'efficacité du privé. Un train sur six circule avec plus de 10 minutes en Grande-Bretagne (15%), contre un train sur dix en France (10%). La faute est rejetée sur « Network Rail », le gestionnaire du réseau, condamné ainsi à une amende de 90 millions d'euros la semaine dernière ;

       

    2. Un matériel roulant de plus en plus vieux : la modernisation conséquence de la privatisation, rien n'est plus faux. Depuis la privatisation, l'âge moyen du matériel roulant a augmenté, il était de 16 ans en 1996, il est de 18 ans aujourd'hui. L'investissement dans le renouvellement du matériel roulant a chuté de moitié entre 1993 et 2013 ;

       

    3. Un système excessivement coûteux : comme pour la Santé ou l'Education, contrairement aux idées reçues, le rail public coûte excessivement moins cher que le rail privé. Déjà le rapport McNulty publié en 2011 rappelait que les coûts du système fragmenté britannique étaient 40% supérieurs à ceux du système nationalisé français ;

       

    4. L'ouverture à la concurrence … c'est la domination des monopoles étrangers !: dans un secteur où un seul réseau existe, la « libre concurrence » est encore plus qu'ailleurs un leurre. De fait, le système privatisé britannique a conduit rapidement à l'émergence de monopoles nationaux, comme le britannique FirstGroup qui contrôle 7 des 23 « opérateurs privés » et surtout à la main basse des grands monopoles européens : l'Allemand Deutsche Bahn, l'Hollandais NS et enfin la SNCF (via Keolis) ont pris possession de 11 des 23 opérateurs du chemin de fer britannique. Quatre entreprises contrôlent donc 80% du rail britannique !

       

    5. Des investissements publics et une dette publique ! : la privatisation n'a pas conduit à la baisse des investissements publics mais au contraire à leur augmentation : 6 milliards d'euros de subventions par an pour financer les projets d'infrastructures, c'est deux fois plus qu'avant la privatisation. Ces projets d'infrastructures plombent les comptes du « Network Rail », sciemment re-nationalisée en 2001 : le gestionnaire public accumule désormais une dette de 40 milliards d'euros ;

       

    6. Mais des profits privés !: Si les pertes sont socialisées, les profits, eux, sont bien privatisés : en 2012, la seule Deutsche Bahn a réalisé 1 milliard d'euros de profit sur le réseau anglais. Les opérateurs privés bénéficient des investissements publics dans le réseau puisque 90% des profits sont ensuite directement reversés aux actionnaires. En outre, le gestionnaire public du réseau, malgré son endettement, continue à pratiquer des tarifs préférentiels pour l'usage du réseau : les droits de péage ont baissé de moitié depuis dix ans ;

     

    La libéralisation puis la privatisation du rail, suivant les directives européennes mais en fonction d'un choix délibéré du grand capital britannique : un désastre patent pour les usagers, les contribuables et les travailleurs mais une opportunité pour les monopoles.

     

    Un désastre qui a coûté la vie à plusieurs centaines d'usagers et de travailleurs britanniques, il suffit de se rappeler de la catastrophe de Landgrove-Broke qui a coûté la vie à 31 usagers et blessé 500 autres : les opérateurs privés ne voulaient pas à l'époque investir dans des dispositifs de sécurité.

     

    Le désastre est tel que certaines fractions du capital britannique commencent désormais à reconsidérer l' (in-)efficacité d'un système ferroviaire privatisé : le Parti travailliste se déchire désormais sur la re-nationalisation potentielle du rail.

     

    Dans le même temps, les syndicats du rail défendent ardemment la nationalisation du rail. Certains liés aux calculs d'une fraction du camp travailliste. D'autres, comme le syndicat de classe RMT, dans une perspective véritable de refondation d'un service public national.

     

    Pour nous français, ces débats nous ramènent un siècle en arrière, avant la nationalisation de la SNCF : la défense du monopole public est plus que jamais une nécessité !


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  • La dernière blague de Thatcher : des bourses d’études pour les « dirigeants du futur »

    Rust in peace, Thatcher !Cela ressemble fort à un canular venu tout droit de Grande-Bretagne. Comme vous le savez, Margareth Thatcher s’est éteinte le 8 avril. Effectuant le plus long mandat ininterrompu de Premier ministre depuis le XIXème siècle, la Dame de fer était connue pour avoir géré d’une manière très personnelle les affaires publiques, déclenchant au passage de violentes polémiques de la part de ses détracteurs.

     

    Il faut dire qu’elle a privatisé tout ce qui pouvait l’être (ou presque…) en engageant une politique économique d’une rare brutalité, inspirée par les idées de Hayek et de Friedman qu’elle s’efforcera d’appliquer jusqu’à leurs conséquences ultimes. Thatcher n’est probablement pas le personnage le plus adulé de l’autre côté de la Manche ; le jour-même de sa mort, des centaines de personnes se sont rassemblées dans les rues de Londres pour célébrer l’événement. La longue grève des mineurs, l’augmentation de la TVA de 8 à 15 % ou ses relations plus que cordiales avec le dictateur chilien Pinochet y sont certainement pour quelque chose.

     

    Mais la Dame de fer nous a encore glissé une petite dernière, à titre posthume cette fois-ci. La prestigieuse université d’Oxford a décidé de créer un fonds Margaret Thatcher délivrant des bourses d’études aux « futurs dirigeants ». Ce fonds est doté de 100 millions de livres (soit 118 millions d’euros) et a déjà ses parrains, parmi lesquels, excusez du peu, l’ex Premier ministre britannique Tony Blair ou l’ancien président étasunien George Bush. Chaque année, dix boursiers seront ainsi sélectionnés dans le monde entier, de préférence s’ils sont issus des milieux les moins favorisés.

     

    Le paradoxe, c’est que Thatcher n’a fait que passer à la moulinette les couches populaires durant ses mandats, en privatisant à tout va les services publics et en condamnant les moins lotis à la marginalité. Gageons que ces dix futurs dirigeants transmettront les idéaux et les valeurs chers à la Dame de fer qui est, avec Ronald Reagan, une des responsables de la financiarisation de l’économie… et de la crise dans laquelle nous sommes empêtrés.

     

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr/


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  • redwedgermtLe syndicat des cheminots britanniques pour la rupture avec l'Union européenne

     

    Introduction/Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    La colère monte en Grande-Bretagne face à la politique menée par l'UE du capital, payée d'abord par la classe ouvrière et les couches populaires. Mais la bourgeoisie britannique tente de canaliser la colère populaire vers les impasses politiques de la « droite euro-sceptique ».

     

    Les médias britanniques mettent en avant la droite conservatrice traditionnelle, membres du Parti conservateur ou dirigeants du parti d'extrême-droite « UKIP », relayant avant tout la position de la bourgeoisie financière de la City, partagée entre ligne pro-européenne et ligne euro-critique.

     

    Le Syndicat des cheminots britanniques (RMT), connu pour ses positions critiques envers l'Union européenne du capital et syndicat de masse et de classe, a appelé à ne pas laisser ce thème à l'extrême-droite et à lui donner un contenu de classe.

     

    bob-crow.jpgVoici le contenu de la déclaration du secrétaire-général du RMT Bob Crow :

     

    « La position du syndicat RMT est claire, non seulement il doit y avoir pour nous un référendum sur la sortie de l'Union européenne mais nous appelons sans équivoque à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE.

     

    Dans toute l'Europe, et en particulier en Espagne et en Grèce qui sont dans l’œil du cyclone, c'est la classe ouvrière qui souffre le plus. Du démantèlement de la démocratie, d'une UE et d'une banque centrale qui exigent des coupes dans les emplois, les salaires et les retraites ainsi que la privatisation intégrale du patrimoine public.

     

    Le RMT ne restera pas les bras croisés et ne permettra pas que le débat reste dominé par l'UKIP et la droite du Parti conservateur. Des ministres comme Michael Gove soulèvent désormais la question du retrait par pur opportunisme politique. Ils se fichent éperdument du taux de chômage des jeunes en Europe, la seule préoccupation des ces euro-sceptiques du lendemain, c'est de sauver leur carrière politique et leur peau.

     

    Le RMT continuera la campagne pour un retrait de l'UE, sur des positions de gauche, de classe, qui mettent les emplois, les conditions de vie, la démocratie au premier plan. La vérité, c'est que vous ne pouvez pas être pro-UE et anti-austérité lorsque toute la structure du projet européen est dominée par les intérêts des banquiers et du grand capital, les forces motrices derrière les mesures d'austérité imposées dans tout le continent. »


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  • nation-privat.jpgLes communistes britanniques rejettent les privatisations

     

    « La propriété publique est centrale dans notre lutte contre le gouvernement »

     

     Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    La propriété publique et la démocratie économique doivent être un point central dans notre bataille contre le régime conservateur-démocrate, tel est l'avis du Bureau politique du Parti communiste de Grande-Bretagne, rapporté par le secrétaire à l'international John Foster.

     

    Il a mis en garde contre le fait que le discours de la Reine, prévu pour mai, devrait confirmer l'intention du gouvernement de privatiser le fournisseur d'énergie nucléaire URENCO, la principale ligne de chemin de fer de la Côte Est et la Royal Mail (poste britannique).

     

    Ces privatisations « remettront en cause ces services publics, détruiront des emplois au seul profit des plus riches ».

     

    Foster a fait remarquer que la Commission européenne avait déjà donné son feu vert à l’État britannique afin qu'il fasse main basse sur les dettes des fonds de pension de la Royal Mail, dans le but de privatiser le service postal.

     

    « Voilà ce qu'il en est de l'UE et de la chimère d'une Europe sociale, quand la réalité c'est la privatisation des profits et la nationalisation des pertes », a fait remarquer M.Foster.

     

    Il a également souligné le fait qu'une série de rapports parlementaires avait exposé les conséquences désastreuses des privatisations dans les domaines de la fourniture d'énergie, des transports ferroviaires et autres services publics et sociaux.

     

    « L'effondrement des investissements du secteur privé dans l'industrie a désormais atteint des proportions critiques », a-t-il ajouté. « La propriété publique est une revendication centrale de la Charte du peuple* et elle doit être portée de façon massive par l'Assemblée populaire**, le 22 juin ».

     

     

    *La Charte du peuple (The people's charter – référence au mouvement chartiste du XIX ème siècle) est un programme de réformes portées par divers syndicats (cheminots, enseignants, télecoms...) et par plusieurs partis de gauche comme le Parti communiste prévoyant notamment la nationalisation des grands domaines de l'économie et une réforme fiscale touchant les plus riches et les grandes entreprises ;

     

    **L'Assemblée populaire (People's Assembly) est un prolongement de la People's charter, elle se présente comme un mouvement de convergence des luttes contre les privatisations et les mesures d'austérité, une force de proposition pour des manifestations ou grèves nationales, et une alternative sur le dénominateur commun de la « justice sociale ».

     

    Le mouvement est porté par des dirigeants syndicalistes des principales fédérations revendicatives du TUC, par quelques élus travaillistes contestataires et par des partis marxistes, en premier lieu le Parti communiste. Son assemblée fondatrice se tiendra le 22 juin.


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  • miners 84Les acteurs de la grève des mineurs britannique de 1984-1985 racontent : « C'était une guerre de classe »

     

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Des funérailles publiques pour une icône des privatisations, un paradoxe presque risible s'il n'était pas tragique pour des millions de familles ouvrières britanniques touchées depuis trente ans par le chômage, la précarité et l'abandon des autorités publiques.

     

    La presse communiste britannique, le Morning star, a décidé de parler ceux qui furent les protagonistes de la grève des mineurs de 1984-1985, une guerre contre un « ennemi de classe » représenté par Thatcher. Une vision des événements de l'autre côté de la barrière de classe.

     

    Ken Radford, survivant de la bataille d'Orgreave : « c'était une guerre de classe »

     

    Pour les mineurs britanniques, la « bataille d'Orgreave », cet affrontement sous forme de bataille rangée entre la police et les mineurs en grève des hauts-fourneaux du Yorkshire, cristallise à la fois les sentiments de fierté, de rage et d'amertume.

     

    Ken Radford a participé à la « Bataille », il raconte au Morning Star le sens de la défaite des mineurs aujourd'hui.

     

    En 1984 Ken était un jeune homme qui voulait « un salaire décent, de quoi manger sur la table et de meilleures conditions de vie. Je ne parle pas seulement pour ma famille, mais pour toute la communauté. ».

     

    « Je dois être honnête avec vous – la grève des mineurs, ce fut les 12 meilleurs mois de ma vie ».

     

    Je suis surpris. Ken avait été arrêté trois fois pendant la grève. Il était plus pauvre qu'il ne l'avait jamais été.

     

    Mais il décrit un sens de la solidarité et de la communauté qui compensait tout le reste. « Cela reste un des meilleurs Noël que j'ai vécu », dit-il pour sa famille. Les mineurs ont reçu de l'aide aux origines les plus improbables.

     

    « Ma femme a récupéré un manteau de fourrure. Moi, j'ai eu une vraie paire de chaussures en cuir italiennes ! », rappelle-t-il.

     

    L'aide venait de partout, et plus d'une fois sur deux, les mineurs n'arrivaient pas à comprendre les descriptions de la nourriture envoyée dans les paquets, ou des jeux que des sympathisants avaient envoyé à leurs enfants.

     

    A l'époque, Ken sentait qu'il luttait aux côtés de milliers comme lui pour essayer de donner à sa famille et à sa communauté un avenir. Il baisse la tête lorsqu'il lance : « nous aurions gagné si les jaunes n'avaient pas tout cassé ». Il ne parle toujours pas aux jaunes qui vivent encore dans le coin.

     

    Il se rappelle de la date, le 4 janvier 1994, où il avait pu entendre dans un reportage sur la quatrième chaîne que si les mineurs avaient tenu six semaines de plus, ils auraient battu « cette femme ». Ses yeux comme les miens étaient emplis de larmes.

     

    Je ramène à Orgreave, un souvenir mitigé : « Je me suis fait des bons amis » dit-il. « De bons souvenirs, j'ai rencontré Arthur Scargill [NdT : le leader national du syndicat des mineurs en 1984], j'ai serré sa main ».

     

    « Mais ce que ces bâtards nous ont fait. C'est profondément ancré, très profondément ancré en nous ».

     

    Ce 18 juin 1984, tout a changé. La police a accompagné les mineurs vers Orgreave, le sourire aux lèvres.

     

    « Ce jour-ci à Orgreave, tout était prévu » raconte Ken. « Ils ont emmené les gars là-bas, en nous disant : 'allez-là bas les gars, mettez-vous dans le champ là-bas'. Nous n'avions pas compris à l'époque ce qui allait se passé mais on a vite réalisé ».

     

    « Ils ont nous ont dérouillé. Vous avez vu les images, les gars en T-shirts. C'était effrayant. »

     

    « Ils ont bouclé le champ, il y avait plus de policiers qu'en temps normal et ils allaient en ville. Ils ont bloqué les entrées et les sorties. Tout à coup, ils ont sorti leurs boucliers et on a compris ce qui allait se passer. Ils étaient comme des animaux. »

     

    « J'avais beaucoup de respect pour la police auparavant, mais ce jour-ci j'aurais pu les tuer. Ils nous ont tué ».

     

    Ken a transporté son beau-père hémophile à travers le champ pour empêcher une hémorragie fatale.

     

    « C'était une guerre sur le champ, les rangs se sont ouverts et ce fut au tour de la cavalerie. Ils ont chargé ».

     

    « Je ne sais pas combien furent blessés – il y avait beaucoup de camarades couverts de sang. Cela ressemblait à un champ de bataille ».

     

    « Je luttait pour mon boulot, et c'était devenu une guerre de classe ».

     

    « Orgeave était une bataille de masse. Tout était orchestré est planifié », rappelle-t-il, faisant référence à la façon dont les médias ont inversé la suite des événements, donnant l'impression que les mineurs avaient commencé par attaqué les forces de police.

     

    Les emplois sont partis, et l'industrie minière et sidérurgique ont été réduites à peau de chagrin, massacrées par Thatcher.

     

    « Cela me tue de voir tous ces gens autour de moi dire : notre gamin n'a pas de boulot. Je ne sais pas ce qu'il va devenir quand nous serons plus là. Je leur dis : Luttez ! ».

     

    « Pour Thatcher et les gens de son espèce, on est de la merde. Ils nous regardent avec mépris et ça fait mal. Nous sommes pareil sauf qu'ils ont l'argent et ils pensent qu'ils sont meilleurs que moi. C'est pas le cas. »

     

    « Ils nous parlent du comportement anti-social de nos jeunes », remarque-t-il. « C'est l'héritage de Thatcher – l’héritage qu'elle a laissé à des quartiers sans avenir, sans espoir ».

     

    Evoquant ces enfants, au chômage ou précaires, le sort de tant de jeunes britanniques, il enrage :

     

    « Comment ce putain de pays peut supporter cela ? », demande Ken. « Comment la classe ouvrière peut supporter cela ? Vous pensez que je m'en fous ? Je pourrais parler et parler encore tellement cela me frustre. »

     

    Je lui demandai combien de ces amis pensant la même chose : « Pas beaucoup. Je pense qu'ils se sont résignés que ce pays n'allait pas résister. Ca fait mal au cœur ».

     

    C'est aussi est l'héritage de Thatcher. Nos funérailles également.

     

    Davey Hopper, leader du syndicat des mineurs du Nord-est

     

    Davey Hopper est le secrétaire-général du Syndicat des mineurs (NUM) de la région nord-est de l'Angleterre et il est le président de l'Association des mineurs de Durham. Il a été impliqué dans la grève, assistant à une répression atteignant des niveaux sans précédent.

     

    La description que Thatcher faisait des mineurs, dont la seule récompense pour l'extraction du charbon était une paye modeste, une vie sous terre pleine de dangers, et souvent une mort prématurée, était celle d'un « ennemi de l'intérieur ».

     

    Hopper en garde toujours des « souvenirs très amers ». C'était « une grève honorable. Ce n'était pas une question de gain ou d'argent. C'était juste une histoire de travail et d'assurer un avenir à nos communautés et à nos enfants » rappelle-t-il.

     

    Mais le gouvernement a essayé d'écraser le syndicat des mineurs, souvent perçu comme l’avant-garde du mouvement ouvrier britannique.

     

    « Thatcher a formé des forces de police auxquelles elle a donné une totale liberté de manœuvre. Aucun policier pendant ces 12 mois n'a été poursuivi pour faits de violence alors qu'il existe des millions d'exemples de mal-traitements subis par les mineurs ».

     

    « Ils ont fabriqué des preuves à Orgreave pour tenter d'emprisonner les mineurs sous prétexte d'incitations à l'émeute. C'étaient les forces de police les plus corrompues qu'ait connu notre pays, et tout cela Thatcher l'a rendu possible ».

     

    Aujourd'hui, Durham, connu autrefois pour sa solidarité, son entraide, est dévasté par le chômage et le désespoir :

     

    « Elle a introduit des changements dramatiques dans la façon dont nos communautés vivent. Désormais, nous sommes gangrenés par les problèmes sociaux », déclare tristement Hopper.

     

    « Nos jeunes ont été abandonnés, avec tous les comportements anti-sociaux possibles, les drogues. Certains avaient acheté leurs maisons, mais ils n'ont pas tenu longtemps, ils ont été expulsés. La situation est vraiment dramatique, horrible. Ces communauté ont eu leur cœur arraché par cette femme sans cœur ».

     

    Alors quand il a eu la nouvelle de la mort de Thatcher, pour son 70 ème anniversaire, sa réponse est sans équivoque : « J'étais ravi », dit-il.

     

    « J'étais heureux de voir la disparition de cette femme en raison de tous les dégâts qu'elle a fait à notre industrie, à nos quartiers ».

     

    A ceux qui demandent le respect pour la défunte, Hopper s'insurge :

     

    « Montrer du respect ? Je pense que vous devriez sérieusement jeter un coup d’œil à ce que représente la famille Thatcher. »

     

    « Son fils a réalisé un trafic d'armes à hauteur de 18 millions de £ avec l'Afrique, semant le chaos sur des personnes innocentes, perpétuant la guerre civile. Sa fille surnommait les noirs de 'golliwog' [NdT : poupée noire de chiffon représentative de l'imaginaire colonial britannique vis-à-vis des populations africaines]. Ces gens ne méritent pas de respect pour la perte de leur mère, et on ne va certainement pas leur en donner », affirme-t-il.

     

    « On va boire un coup pour fêter cela. On va se faire une belle fête pour marquer le départ d'une femme qui a fait plus de mal aux communautés minières du Nord-est qu'Adolf Hitler ».


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  • Les résultats éloquents de Margaret Thatcher

    Déposé par admin dans 8 avril 2013 – 16:39Pas de commentaire

    Nous republions l’article paru dans L’Anticapitaliste n° 65 (15 mars 2012) à l’occasion de la sortie du film La Dame de fer.

    Incarnation de l’offensive néolibérale, Margaret Thatcher a parfaitement rempli la tâche que lui avait confiée la classe dominante britannique, en réussissant à laminer un mouvement ouvrier qui était organisée sur le plan syndical et avait une tradition de lutte.

    A la fin des années 1970, le capitalisme britannique est en crise profonde. La récession économique a accru la concurrence mondiale et favorisé les pays où l’exploitation de la force de travail est plus rentable. Le moment est venu pour la classe dominante de modifier durablement les règles de répartition de la production nationale. Dans la confrontation avec la classe ouvrière, le Parti conservateur ne pouvait pas léguer le rôle de chef à un personnage lié à la finance ou à l’aristocratie, ce qui aurait donné une illustration de classe trop manifeste. Margaret Thatcher est plus présentable. Issue de la petite-bourgeoise de province, imbue d’intégrisme religieux méthodiste, elle a toujours défendu une ligne ultralibérale et anticommuniste. Ainsi, la distribution gratuite de lait aux enfants de 7 à 11 ans a été supprimée lorsqu’elle était ministre de l’Education.

    Première mise à l’épreuve de cette nouvelle ligne politique, la situation en Irlande du Nord. Deux mouvements de grève de la faim ont été lancés par un groupe de prisonniers politiques de l’IRA à la prison de Long Kech. Le gouvernement montre toute sa fermeté et son inhumanité en laissant mourir les dix grévistes, dont Bobby Sands, décédé après 66 jours.

     

    La guerre contre l’Argentine

    L’intervention militaire dans les îles Malouines en avril 1982 sera un élément marquant de la volonté de reprise en main de la scène internationale par les puissances impérialistes. La défaite militaire au Vietnam et la forte opposition antiguerre aux Etats-Unis avaient réduit leur capacité d’intervention. Ainsi, une révolution populaire avait emporté le shah d’Iran, allié et gendarme du golfe Persique pour les puissances occidentales, en 1979. La même année, un des fidèles dictateurs d’Amérique centrale était aussi tombé, vaincu par la révolution sandiniste au Nicaragua, sans que les Etats-Unis n’aient la capacité militaire et politique d’intervenir.

    Au début des années 80, la dictature militaire en Argentine est isolée sur le plan international et confronté à une récession économique qui alimente la contestation. La fibre nationaliste va être stimulée par une aventure militaire: reprendre l’archipel des Malouines, possession britannique. Mais les dictateurs argentins, dans leur fuite en avant, n’ont pas compris la volonté des puissances impérialistes de revenir jouer les gendarmes du monde. La force aéronavale britannique va bénéficier de la logistique et de la diplomatie américaine. Le message est adressé à tous les pays  qui seraient tentés de chercher des avantages territoriaux ou économiques sans l’accord préalable des puissances impérialistes. L’intervention américaine pour faire tomber le gouvernement Bishop en Grenade en 1983 va marquer le retour d’une présence directe, sans intermédiaires douteux ou encombrants (comme les talibans en Afghanistan).

    Epreuve réussie pour Thatcher, qui va être facilement réélue en 1983 et qui peut désormais passer à son objectif principal, s’affronter au mouvement ouvrier britannique.

     

    La grève des mineurs

    L’occasion va se présenter lors de la mise en exécution d’un plan de restructuration de la production minière de charbon. Face aux plans de fermeture de puits, synonyme de chômage durable pour la plupart des mineurs, une très longue grève va se dérouler de 1984 à 1985. Une polarisation extrême de la lutte de classe va se produire. Une partie de l’appareil syndical va faire un mauvais calcul, en espérant que le gouvernement réduise au silence uniquement les éléments révolutionnaires ou combatifs dans les syndicats. Mais la nouvelle orientation du gouvernement était de casser toute forme d’organisation collective, même modérée, afin de rétablir une nouvelle marge de profit pour les capitalistes. Cinq lois seront votées entre 1980 et 1988 pour réduire le pouvoir des syndicats et leurs activités. Puis viendront les privatisations, dont celles de British Airways et de British Steel, qui deviendra le premier producteur d’acier européen.

     

    Résultats éloquents

    Les familles pauvres ont passé de 8% en 1979 à 22% en 1990. Les inégalités se sont accrues entre 1980 et 1990. Le revenu moyen des 10% les plus pauvres a été réduit de 10%, celui des 10% des plus riches s’est accru de 60%, selon une étude de l’hebdomadaire The Economist en 1994. Les films de Ken Loach (Raining Stones, The Navigators) sont de bien meilleurs témoins que la faible Dame de fer actuellement sur les écrans.

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=9533


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    Monde - le 8 Avril 2013

    Décès de Margareth Thatcher: David Cameron le digne héritier

     

    Malgré la mort de Margareth Thatcher ce lundi, le thatchérisme a encore de beaux jours à vivre grâce à David Cameron. L'Etat providence est "devenu un choix de vie pour certains" et le Premier ministre britannique s'est lancé dans la casse de ce qui reste des aides sociales.

    "L'Etat-providence a été inventé pour aider les personnes à sortir de la pauvreté, mais il a piégé trop de gens en les maintenant dans ce système. Il devait être une mesure provisoire en période difficile, mais il est devenu un choix de style de vie pour certains", a estimé David Cameron dans une lettre publiée dimanche dans le tabloïd The Sun. Le système des prestations sociales "a été conçu pour nous rassembler, il crée au contraire du ressentiment", a-t-il jugé.

    "Maintenir dans la dépendance des générations"

    "Personne ne veut travailler dur et voir ses revenus âprement gagnés utiliser à financer des choses qu'il ne peut pas s'offrir ou à maintenir dans la dépendance des générations", a-t-il poursuivi, défendant sa réforme du système des prestations sociales qui entre en vigueur ce mois-ci.

    Cette réforme de l'Etat-providence, la plus importante depuis plusieurs décennies au Royaume-Uni, prévoit notamment un plafond du montant des allocations versées à une personne en âge de travailler (16-64 ans), une diminution de l'aide au logement dans le cas où un foyer dispose d'un logement social plus grand que ses besoins et une refonte de l'aide aux personnes handicapées.

    "Nous faisons de grands changements. Ce sont des changements dictés par un principe simple: rétablir la justice qui devrait être au coeur de notre système social et de notre fiscalité", a assuré David Cameron. "Nous disons à toute personne qui travaille dur dans notre pays: nous sommes à vos côtés." Margareth Thatcher n'aurait pas renié pareil propos, elle qui disait: "Un homme a le droit de travailler comme il veut, de dépenser ce qu'il gagne, de posséder sa propriété, d'avoir l'État pour serviteur et non pour maître. Ce sont là les héritages britanniques. Ils sont l'essentiel d'une économie libre et de cette liberté dépendent toutes les autres."

    L'opposition travailliste a elle accusé le gouvernement d'imposer, avec cette réforme, une baisse de ressources "choquantes" à des millions de personnes.

    Monde - le 8 Avril 2013

    Mort de Margaret Thatcher: un œillet rouge pour Bobby Sands

    C'était ça, aussi, Margaret Thatcher:une Dame de fer capable de laisser mourir en prison, après soixante-six jours de grève de la faim, Bobby Sands, militant de l’IRA provisoire de 27 ans, qui venait d’être élu député à la Chambre des communes du Royaume-Uni. Rappel.

    Il y a trente ans deux ans, le 5 mai 1981, au terme de soixante-six jours de grève de la faim, mourait Bobby Sands, en Irlande du Nord, dans la prison de Maze. Cette prison, installée sur l’ancienne base de la Royale Air force nommée Long Kesh, fut d’abord un lieu de détention où l’armée britannique pouvait enfermer sans procès tout opposant à sa présence. Ainsi, en 1971, lors de l’opération «Démetrius», 450 hommes des quartiers catholiques de Belfast y furent parqués dans les H Blocks, des bâtiments en forme de H, dans des conditions très rudes. Bobby Sands avait vingt-sept ans. Après lui, dans les jours qui suivirent, moururent neuf autres prisonniers politiques qui, à son exemple, menèrent jusqu’au bout leur mouvement de protestation.

    La mort de Bobby Sands et de ses camarades provoqua une vague d’émeutes dans la population catholique irlandaise et ses funérailles furent suivies par 100 000 personnes. En France, même parmi ceux qui ne partageaient pas la stratégie et la tactique de l’IRA, la nouvelle suscita une très vive émotion.

    Enfant de la classe ouvrière

    Originaire d’une famille modeste de Newtownabbey, Bobby Sands avait quitté l’école tôt pour faire un apprentissage en carrosserie. «J’étais seulement un enfant de la classe ouvrière d’un ghetto nationaliste, écrit-il dans l’un de ses textes de prison. Mais c’est la répression qui a fait naître en moi l’esprit révolutionnaire de liberté.» En 1972, à dix-huit ans, il avait rejoint l’IRA provisoire dont il était devenu un militant. La même année, des loyalistes (protestants favorables à la couronne d’Angleterre) obligèrent sa famille à quitter leur logement et à partir s’installer dans un autre quartier, à Twinbrook, dans l’ouest de Belfast. Une première fois, en 1972, Bobby fut condamné à quatre ans de prison pour détention d’armes à feu. Quelque temps après sa libération, en 1976, il se fit à nouveau arrêter, avec plusieurs de ses camarades, dans une voiture, après une fusillade avec la police royale d’Ulster et fut condamné à quatorze ans de prison

    En prison, Bobby Sands se retrouva bientôt officier commandant des membres de l’IRA et il contribua à relancer la lutte pour que leur soit reconnu le statut de prisonniers politiques, pour que soit mis fin aux mauvais traitements (passages à tabac et humiliations étaient monnaie courante de la part des gardiens), pour le droit de recevoir des visites et le droit de porter des vêtements civils. Devant la fin de non-recevoir obstinée opposée par les autorités anglaises, les prisonniers menèrent d’abord ce qu’on appela le «Blanket protest». Refusant de porter l’uniforme des détenus, 300 d’entre eux décidèrent de rester en permanence nus ou seulement enveloppés d’une couverture, malgré le froid qui régnait dans la prison.

    Dirty protest

    Puis, ils durcirent leur mouvement. Ce fut le «Dirty protest» ou le «No wash protest» qui consista pour les prisonniers à refuser de se laver et même à étaler leurs excréments sur les murs… Thatcher continuant à faire la sourde oreille, ils décidèrent alors d’engager les uns après les autres la grève de la faim de telle manière que, si l’un d’entre eux mourait, le relais soit pris par ses camarades. Mais la «Dame de fer» refusa de se laisser fléchir… Ce mouvement suscita un grand écho. (En tous temps et en tous lieux, le martyre est une forme de lutte. Évidemment particulièrement efficace dans des pays où les sentiments religieux sont forts (comme hier dans l’Irlande catholique ou aujourd’hui dans le monde musulman). Mais cela vaut aussi pour ceux qui ont fait le choix de Prométhée, cette « religion » ou, en tout cas, cette foi en l’homme qu’est le communisme. Il suffit de penser à la force des exemples de Rosa Luxemburg ou Che Guevara…)

    Prisonnier et candidat

    En avril 1981, après le décès d’un de leurs députés, les républicains présentèrent le prisonnier de Long Kesh aux élections législatives partielles. Et Bobby Sands fut élu. Ce qui conduira le gouvernement Thatcher à modifier la loi pour interdire à des prisonniers d’être candidats. L’intransigeance dont fit preuve madame Thatcher pendant la grève de la faim et le cynisme qu’elle exprima ensuite («Il a choisi de s’ôter la vie, a-t-elle déclaré. C’est un choix que son organisation ne laisse pas à beaucoup de ses victimes.») ne furent pas pour rien dans l’émotion qui suivit sa mort.

    Mais la détermination de Bobby Sands et de ses compagnons, ainsi que la force de leur conviction furent aussi pour beaucoup dans le mouvement de sympathie qui se leva. À certains égards, Bobby Sands n’était pas seulement une victime du système carcéral britannique, mais un combattant dont on pouvait comprendre et partager la cause. «Je n’arrêterai pas, avait-il écrit, tant que l’Irlande ne sera pas devenue une République, indépendante et socialiste.»

    Vaincu dans la vie, Bobby Sands remportait dans la mort une victoire morale et devenait un martyr de la liberté.


    La bande-annonce du film Hunger, de Steeve McQueen, à propos de Bobby Sands

    Francis Combes, Poète et éditeur

    Margaret Thatcher est morte

    Le Monde.fr avec AFP | 08.04.2013 à 14h20 Margaret Thatcher devant le 10 Downing Street, à Londres, peu après l'annonce du débarquement des troupes britanniques sur les îles Malouines, le 21 mai 1982.

    L'ex-première ministre britannique Margaret Thatcher est morte à l'âge de 87 ans à la suite d'une attaque, a indiqué son porte-parole. Surnommée "la Dame de fer", Margaret Thatcher aura remodelé le Royaume-Uni avec un libéralisme économique intransigeant. Le personnage ne fut sans doute jamais mieux saisi que par elle-même, lorsqu'elle lâcha : "Je suis pour le consensus. Le consensus sur ce que je veux faire." 

    Ce refus exacerbé du compromis, au service de principes profondément ancrés – conservatisme social, libéralisme économique, idée de la grandeur de son pays –, ne s'est jamais démenti en onze années d'exercice (1979-1990).

    Margaret Hilda Roberts naît le 13 octobre 1925 à Grantham, dans le Lincolnshire, d'un père commerçant et d'une mère couturière. Elle fait ses études à l'université d'Oxford où elle milite activement au sein de l'Association des étudiants conservateurs (Oxford University Conservative Association).

     

    MÉFIANCE ENVERS LES "ÉLITES"

    Issue de la petite bourgeoisie, elle est mal à l'aise dans cet univers de privilégiés qu'on dit "nés pour gouverner". Animée du désir de revanche sociale de la "boursière" envers les "héritiers", elle gardera toujours une solide méfiance envers les "élites", et les "intellectuels", qui le lui rendront bien.

    A 25 ans, elle est candidate conservatrice à Dartford dans le Kent. A deux reprises, en 1950 et 1951, elle perd honorablement aux élections, grignotant la majorité du Labour. En décembre 1951, elle se marie "au-dessus de sa condition", avec l'homme d'affaires Denis Thatcher. Conservateur bon teint, il encourage l'ambition politique de sa nouvelle femme, qu'il appellera bientôt "le patron".

    Elle devient avocate et rejoint les conservateurs, entre en 1959 à la chambre des Communes comme députée de Finchley (nord de Londres), puis elle devient ministre de l'éducation entre 1970 et 1974. En 1975, elle prend la tête des Tories et quatre ans plus tard terrasse des travaillistes usés. 

    PRIVATISATIONS À TOUT-VA

    Contestée au sein même de son parti, Margaret Thatcher démissionne les larmes aux yeux en novembre 1990. John Major (droite) prend sa suite.

    Elle devient première ministre en le 4 mai 1979, et ce jusqu'au 22 novembre 1990. C'est la première femme à la tête d'une grande démocratie d'Occident. Avant d'entrer au 10 Downing Street, elle déclame une citation attribuée à Saint-François d'Assise : "Où règne la discorde, puissions-nous apporter l'harmonie...".

    Un mot nouveau, le "thatchérisme" est popularisé. Pour relancer une économie qui a fait du pays le "malade de l'Europe", elle privatise à tout-va, fait baisser impôts et dépenses publiques et musèle les syndicats. Mais la barre des 3 millions de chômeurs est dépassée, alors que la grève des mineurs au début des années 1980 se heurte à son intransigeance.

    Elle cherche à rétablir le prestige de l'ex-Empire. La reconquête des îles Malouines en 1982 y contribue. Mais son caractère implacable se retourne contre elle. Le rejet de la "poll tax", cet impôt local qu'elle ne parvient pas à imposer, sonne sa fin. Contestée au sein même de son parti, elle démissionne les larmes aux yeux en novembre 1990.

     

    Pendant plus de onze ans, le monde va vivre avec "Maggie". Elle est l'un des grands acteurs politiques des années 1980, avec Ronald Reagan, Mikhaïl Gorbatchev et François Mitterrand.

    http://www.lemonde.fr


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  • Irlande, le faux bon élève de l’austérité

    MERCREDI 13 MARS 2013

    UNION EUROPÉENNE • Bruxelles et la Banque centrale européenne veulent prouver que l’austérité permet de sortir de la récession. L’Irlande va leur servir de vitrine déformante.

    «L’Irlande sort de la crise et inspire l’Europe du Sud.» Ce titre barre la une du quotidien Le Monde, vendredi 22 février1. Il ne manque qu’une série de points d’exclamation pour retranscrire l’effet que produit chez le lecteur cette phrase écrite en caractères gras. Une fantaisie que ne s’est pas autorisée le titre le plus prestigieux de la presse française. Les sous-titres reprennent la mélodie de l’austérité, qui tourne en boucle depuis des années: «Les sacrifices de Dublin paient: le coût du travail a chuté, la croissance revient.» «Les réformes en Espagne et au Portugal créent la possibilité d’un rebond.» «En matière de compétitivité, France et Italie restent à la traîne.» Pour quelle raison l’Irlande, un pays qui enchaîne les plans d’austérité depuis 2010, est-elle soudain portée au pinacle? «Dans un environnement déprimé où la zone euro est promise, au mieux, à une croissance nulle en 2013, l’Irlande, avec un produit intérieur brut (PIB) attendu en hausse de 1% à 1,5%, fait figure de ‘success story’», selon Le Monde

      Au-delà de cette croissance tout de même bien modeste, présenter l’Irlande comme sortie d’affaire, c’est faire volontairement un trait sur l’Europe réellement existante. Le 7 février dernier, après un an et demi de tractations, le pays a obtenu de la Banque centrale européenne (BCE) un moratoire de vingt-cinq ans (!) sur le remboursement d’une partie importante des sommes empruntées en catastrophe lors de l’explosion de la bulle immobilière, en 2010.   
     
        Cadeaux en rafales
     
    Avec 64 milliards d’argent frais, l’Irlande avait alors sauvé ses banques de la faillite, évitant du même coup un effet domino qui aurait envoyé toutes celles de l’Union européenne (UE) au tapis. Le report concerne 30 milliards d’euros sur lesquels Dublin n’aura que les intérêts à payer jusqu’en 2038, date à partir de laquelle le remboursement du prêt proprement dit s’étalera jusqu’en 2053. Cela allège l’effort des finances publiques irlandaises de 20 milliards pour le quart de siècle à venir, même si la BCE se rattrapera largement après (lire ci-dessous).
     
      Longtemps, Angela Merkel a refusé un tel deal. Si bien que Der Spiegel se montrait assez alarmiste lors du voyage de la «dernière chance» effectué par le premier ministre irlandais en Bavière, en janvier dernier: «Si les Allemands refusent, il est probable que l’Irlande devra être renflouée une deuxième fois cet automne.» En effet, le montant de son endettement public est supérieur de 22% à son produit intérieur brut. Aujourd’hui, ce scénario s’éloigne.
     
        A contrario, le geste de la BCE – conforme à la volonté de la Commission européenne et de l’Eurogroupe – a pour but de prouver que l’austérité imposée sur le continent n’est pas la cause de la récession mais sa solution. L’économiste irlandais David McWilliams ne voit aucune générosité dans ces évolutions: «Du point de vue de l’Union européenne, un défaut sur la dette irlandaise doit être évité à tout prix. (...) L’UE a besoin d’une victoire en Irlande car toute sa stratégie fondée sur l’austérité repose sur la sortie de ce pays du plan de sauvegarde l’an prochain2
     
        Au point qu’une nouvelle aide se prépare. Début mars, les ministres des Finances de l’UE ont recommandé à la Troïka (FMI, Commission européenne et BCE) d'accepter un report de 15 ans du remboursement d’autres dettes contractées par Dublin. Sont notamment concernés, 10 milliards d'euros de prêts qui avaient été accordés par le Fonds européens de stabilité financière (FSEF) et 18 milliards apportés par le FMI. Une demande bien accueillie par la directrice générale de ce dernier, Christine Lagarde.   
     
         Rôle de composition
     
    De son côté, Dublin a compris tout l’intérêt qu’elle peut retirer de ce rôle de composition. «Nous voulons servir d’exemple et redonner de l’espoir à tous les pays européens endettés», répète Eamon Gilmore, le vice-premier ministre irlandais, depuis janvier lorsque le pays a pris la présidence l’UE.
     
        Mais pour cela, le moratoire doit passer au second plan. Le Monde résume d’ailleurs ce deal particulièrement avantageux en une seule phrase: «L’accord conclu avec la BCE il y a quelques semaines, en allégeant le poids de la dette héritée de la crise bancaire, aide beaucoup.» C’est tout.
     
      «Ce type d’article peut être lu un peu partout en Europe. Il est calqué sur le discours des autorités européennes et des banquiers», remarque Ronald Janssen, chargé de l’étude des politiques économique et monétaire à la Confédération européenne des syndicats. L’économiste basé à Bruxelles juge cet optimisme infondé. «Les statistiques publiées par l’Irlande sont biaisées», prévient-il. En effet, le régime fiscal très avantageux de l’impôt sur les bénéfices pousse de nombreuses multinationales à y déclarer des profits qui ont été réalisés ailleurs. Ces écritures comptables gonflent artificiellement le montant des exportations, diminuent en apparence les coûts salariaux et camouflent en partie l’endettement public. En réalité, le coût de la main-d’œuvre n’a que peu baissé. «Supprimé en 2010, le salaire minimum a été rétabli l’année suivante lors de l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel. A titre de comparaison, le salaire grec moyen a reculé de 20%», ajoute Ronald Janssen.
     
      L’excédent commercial ne résulte pas d’un bond des exportations, mais de l’effondrement des importations (-25%), lui-même engendré par la fonte des revenus des Irlandais sous les coups de la rigueur. Comment pourrait-il en être autrement avec un chômage record (15%), alimenté notamment par les coupes dans l’emploi public? Et, avec l’une des proportions les plus élevées parmi les membres de l’UE de jeunes ayant quitté les études et se retrouvant sans emploi?
     
        Constat accablant
     
    La dite «austérité à visage humain» s’est ici traduite également par la diminution des allocations pour les chômeurs, des pensions pour les fonctionnaires à la retraite et des prestations familiales. Les associations humanitaires dressent un constat accablant. Selon Social Justice, un Irlandais sur dix ne mange pas à sa faim. A force de rogner les contours de l’Etat social, «les gens sont poussés dans la pauvreté et ne peuvent accéder aux biens de base comme la nourriture, le chauffage ou l’éducation», explique Paul Geoff Meagher, président de la congrégation Saint Vincent de Paul. Celle-ci aide désormais près de deux fois plus de personnes (+80%) qu’au début de la crise. En dépit de tous les tours de passe-passe, la crise n’est pas finie pour les Irlandais.
     
    • 1. Sorti le vendredi à midi, mais est daté du samedi 23
    • 2. The Independent du 12 mars

     

    en lien avec cet article: 
     

    Cadeau empoisonné

    Le moratoire de vingt-cinq ans obtenu par l’Irlande avant les premiers remboursements des 30 milliards d’euros de dette contractée en 2010 pour renflouer ses principales banques est bien utile pour maquiller les comptes actuels.    A terme, c’est loin d’être un cadeau. En fait, l’accord va augmenter considérablement la facture pour les Irlandais. Le Sinn Fein (le Parti républicain, gauche) l’a expliqué au parlement de Dublin: en étalant le remboursement sur quarante ans, contre les vingt ans prévus initialement, la masse des intérêts va gonfler et la facture finale devrait approcher 60 milliards, contre les 45 milliards attendus.    Mais d’ici là, l’exemple austéritaire de Dublin aura déjà joué le rôle qu’on lui a attribué.
     

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  •  Les communistes irlandais dénoncent l'accord avec la BCE sur la restructuration de la dette : « Refusons de payer cette dette illégitime! »

    logo-colour2Les travailleurs ne doivent pas se laisser berner : refusons de payer cette dette illégitime!

     

    Introduction et traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    Le premier ministre irlandais a présenté « L'accord sur la dette » conclu entre le gouvernement et la BCE comme un « pas historique dans le redressement économique du pays ».

     

    L'accord prévoit la transformation de 28 milliards d'euros de prêts de la BCE en obligations à long-terme qui pourront s'échelonner sur une période plus longue de 40 à 50 ans.

     

    En 2008, l’État irlandais avait renfloué à hauteur de 64 milliards d'euros (un quart du PIB du pays!) les banques irlandaises justifiant le « plan d'aide » de la Troïka (FMI-BCE-UE) en échange désormais de sept plans d'austérité successifs

     

    Parmi les mesures prévues par ces plans d'austérité : la baisse des salaires de 15% dans la fonction publique, la suppression de 25 000 postes de fonctionnaires, la réduction de 25% des budgets sociaux d'ici 2014 ou encore la baisse du salaire minimum de 12%.

     

    Voici la réaction du Parti communiste d'Irlande à cet « accord sur la dette » :

     

     

    Le Parti communiste d'Irlande déclare que les travailleurs ne devraient pas se laisser berner par le bluff et le baratin des gouvernements et des spin-doctors de l'UE.

     

    Ce n'est pas un accord qui changera quoi que ce soit à la réalité que vivent des centaines de milliers de familles irlandaises qui luttent actuellement pour conserver un toit au-dessus de leurs têtes ou pour gagner le pain de la famille.

     

    Comme nous l'avons souligné depuis un petit moment, la troïka irlandaise (Fianna Fáil, Fine Gael et Parti travailliste), représentant l'élite économique irlandaise, est toujours prête à s'engager à payer cette dette odieuse, quel que soit le prix à en payer pour le peuple. Ils ne se voient pas autrement qu'en agents subalternes des puissances impérialistes, comme en témoignent leurs déclarations d'allégeance à l'Union européenne.

     

    Ils sont satisfaits de sacrifier la souveraineté de la nation aux intérêts de la classe capitaliste et de l'élite de notre société. Le gouvernement est manifestement en train de chercher à gagner du temps – ce n'est pas une solution à la dette du pays. Cet accord sert les intérêts des maisons financières internationales, pas ceux du peuple irlandais.

     

    Ils ont gagnés un peu de temps et peut-être une victoire purement formelle juste à temps (hasard ou non) pour les manifestations de samedi. La troïka étrangère, représentant le capital financier international, a eu ce qu'elle voulait : l'Irlande est plongée dans l'asservissement par la dette pour une période encore plus longue.

     

    Ce prétendu accord a rivé le fardeau de la dette sur le dos de notre peuple et n'a fait que transformé les promissory notes (billets à ordre) en sovereign bonds (obligations souveraines), rendant très difficile pour le peuple irlandais l'inversion de la logique d'asservissement par la dette. Notre sort en tant que peuple est désormais fermement arrimé au contrôle et à la domination de l'Union européenne et de la BCE.

     

    Il n'y a aucune autre solution que le rejet de cette dette odieuse : elle est tout simplement impayable. L'asservissement permanent par la dette signifie pauvreté permanente et austérité permanente pour le peuple irlandais.


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  •  Les communistes britanniques et l'idée de référendum sur la sortie de l'Union européenne:

    UE-barbelés« Que le véritable combat contre l'UE commence ! »

     

    Éditorial publié dans le quotidien communiste britannique le Morning Star

     

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    David Cameron se trouve pris dans un sacré étau. Piégé entre ses amis millionnaires qui adorent les politiques de l'UE pro-patronales et les attaques contre les travailleurs, et de l'autre la droite raciste de son parti qui détestent une UE qu'ils analysent à l'aune de leur nationalisme aveugle.

     

    Guère étonnant qu'il en soit réduit à se tortiller, se contorsionner et à finasser sur la question, avec la promesse d'un référendum dans les cinq années à venir.

     

    C'est une promesse qu'il a aucunement l'intention de réaliser – mais il n'aura certainement à la respecter vu que les Tories (Parti conservateur) sont bien partis pour perdre le scrutin de 2015.

     

    Les divisions autour de l'UE ont paralysé le gouvernement de John Major dans les années 1990. Ce serait une très bonne nouvelle si la guerre de Cameron et George Osborne (ministre de l’Économie) contre les travailleurs étaient de la même façon paralysée par des luttes intestines.

     

    Mais du côté des bancs de l'opposition, il n'y a guère à attendre d'un gouvernement travailliste.

     

    La déclaration d'Ed Miliband, secrétaire du Labour, selon laquelle « nous ne voulons pas d'un référendum sur la sortie de l'UE »confirme, qu'au-delà de quelques postures conjoncturelles de gauche, sa vision pour le Labour est fondamentalement la même que ce néo-libéralisme totalement discrédité, adopté auparavant par Gordon Brown et Tony Blair.

     

    Rien à espérer d'une alternance travailliste pro-européenne

     

    Nous ne pouvons rien espérer d'un gouvernement Miliband qui se range du côté de l'Union européenne. Rien d'une austérité mise en œuvre avec l'UE. Rien de privatisations mises en œuvre avec l'UE. Rien d'attaques contre les droits des travailleurs mises en œuvre avec l'UE. Rien d'une transformation de nos forces militaires intégrées encore plus dans l'OTAN, tout cela dans le cadre de l'UE.

     

    Et certainement rien du déficit démocratique de l'UE. Ce bloc n'a cessé de resserrer l'étau sur les gouvernements nationaux afin de s'ingérer dans leurs affaires. Ses responsables non-élus se sont arrogé de plus en plus de pouvoir et dictent les politiques nationales.

     

    Sa guerre contre la démocratie est allé jusqu'à imposer des leaders « technocratiques » à l'Italie et en Grèce avec comme ordre de renforcer l'austérité par tous les moyens nécessaires.

     

    Ni les Tories ni le Labour, ni les malheureux Libéraux-démocrates, ne désirent réellement nous donner une opportunité d'avoir notre mot à dire sur l'appartenance de la Grande-Bretagne à cet machine supra-nationale belliciste, anti-démocratique et servant les intérêts du grand capital.

     

    L'appartenance à l'Union européenne est trop importante pour l'abandonner à la droite conservatrice ou à l'UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-uni – scission du Parti conservateur euro-sceptique), qui se trouvent du bon côté du débat pour toutes les mauvaises raisons possibles.

     

     

    La vraie ligne de fracture : Grande-Bretagne capitaliste (national, européen ou mondial) ou socialiste mais libérée du carcan de l'UE ?

     

    Socialistes et syndicalistes doivent oser pousser pour le retrait de l'UE. Nous ne devons pas les laisser nous faire chasser du champ de bataille par des critiques qui essaient d'amalgamer les Eurosceptiques comme des racistes ou des extrémistes faisant le jeu de l'UKIP.

     

    Nous pouvons gagner la bataille pour le retrait de l'UE basée sur l'espoir et non sur la peur. Un plan pour un monde meilleur, et non pour un repli vers le rêve d'une « Petite Angleterre ».

     

    Si le Labour de Miliband n'offre pas cette vision, alors c'est à nous de faire pression depuis la base. La campagne « People's Pledge », pour un référendum sur la sortie de l'UE, a déjà enregistré un nombre remarquable de signatures et la dynamique ne fera que s'amplifier au cours de l'année 2013.

     

    Un référendum sur l'appartenance à l'UE est fondamentalement un référendum sur le type de Grande-Bretagne que nous voulons et qui devrait être à sa tête.

     

    Les trois principaux partis veulent une Grande-Bretagne capitaliste dirigée par l’élite mondialisée. La droite conservatrice et l'UKIP veulent une Grande-Bretagne capitaliste dirigée par l'élite britannique.

     

    Nous voulons une Grande-Bretagne gouvernée par le peuple britannique. Nous voulons une Grande-Bretagne socialiste – et cela ne sera pas possible tant que nous ne serons pas libérés de l'emprise des banquiers bruxellois.


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