• Margaret Thatcher est morte

     

    Monde - le 8 Avril 2013

    Décès de Margareth Thatcher: David Cameron le digne héritier

     

    Malgré la mort de Margareth Thatcher ce lundi, le thatchérisme a encore de beaux jours à vivre grâce à David Cameron. L'Etat providence est "devenu un choix de vie pour certains" et le Premier ministre britannique s'est lancé dans la casse de ce qui reste des aides sociales.

    "L'Etat-providence a été inventé pour aider les personnes à sortir de la pauvreté, mais il a piégé trop de gens en les maintenant dans ce système. Il devait être une mesure provisoire en période difficile, mais il est devenu un choix de style de vie pour certains", a estimé David Cameron dans une lettre publiée dimanche dans le tabloïd The Sun. Le système des prestations sociales "a été conçu pour nous rassembler, il crée au contraire du ressentiment", a-t-il jugé.

    "Maintenir dans la dépendance des générations"

    "Personne ne veut travailler dur et voir ses revenus âprement gagnés utiliser à financer des choses qu'il ne peut pas s'offrir ou à maintenir dans la dépendance des générations", a-t-il poursuivi, défendant sa réforme du système des prestations sociales qui entre en vigueur ce mois-ci.

    Cette réforme de l'Etat-providence, la plus importante depuis plusieurs décennies au Royaume-Uni, prévoit notamment un plafond du montant des allocations versées à une personne en âge de travailler (16-64 ans), une diminution de l'aide au logement dans le cas où un foyer dispose d'un logement social plus grand que ses besoins et une refonte de l'aide aux personnes handicapées.

    "Nous faisons de grands changements. Ce sont des changements dictés par un principe simple: rétablir la justice qui devrait être au coeur de notre système social et de notre fiscalité", a assuré David Cameron. "Nous disons à toute personne qui travaille dur dans notre pays: nous sommes à vos côtés." Margareth Thatcher n'aurait pas renié pareil propos, elle qui disait: "Un homme a le droit de travailler comme il veut, de dépenser ce qu'il gagne, de posséder sa propriété, d'avoir l'État pour serviteur et non pour maître. Ce sont là les héritages britanniques. Ils sont l'essentiel d'une économie libre et de cette liberté dépendent toutes les autres."

    L'opposition travailliste a elle accusé le gouvernement d'imposer, avec cette réforme, une baisse de ressources "choquantes" à des millions de personnes.

    Monde - le 8 Avril 2013

    Mort de Margaret Thatcher: un œillet rouge pour Bobby Sands

    C'était ça, aussi, Margaret Thatcher:une Dame de fer capable de laisser mourir en prison, après soixante-six jours de grève de la faim, Bobby Sands, militant de l’IRA provisoire de 27 ans, qui venait d’être élu député à la Chambre des communes du Royaume-Uni. Rappel.

    Il y a trente ans deux ans, le 5 mai 1981, au terme de soixante-six jours de grève de la faim, mourait Bobby Sands, en Irlande du Nord, dans la prison de Maze. Cette prison, installée sur l’ancienne base de la Royale Air force nommée Long Kesh, fut d’abord un lieu de détention où l’armée britannique pouvait enfermer sans procès tout opposant à sa présence. Ainsi, en 1971, lors de l’opération «Démetrius», 450 hommes des quartiers catholiques de Belfast y furent parqués dans les H Blocks, des bâtiments en forme de H, dans des conditions très rudes. Bobby Sands avait vingt-sept ans. Après lui, dans les jours qui suivirent, moururent neuf autres prisonniers politiques qui, à son exemple, menèrent jusqu’au bout leur mouvement de protestation.

    La mort de Bobby Sands et de ses camarades provoqua une vague d’émeutes dans la population catholique irlandaise et ses funérailles furent suivies par 100 000 personnes. En France, même parmi ceux qui ne partageaient pas la stratégie et la tactique de l’IRA, la nouvelle suscita une très vive émotion.

    Enfant de la classe ouvrière

    Originaire d’une famille modeste de Newtownabbey, Bobby Sands avait quitté l’école tôt pour faire un apprentissage en carrosserie. «J’étais seulement un enfant de la classe ouvrière d’un ghetto nationaliste, écrit-il dans l’un de ses textes de prison. Mais c’est la répression qui a fait naître en moi l’esprit révolutionnaire de liberté.» En 1972, à dix-huit ans, il avait rejoint l’IRA provisoire dont il était devenu un militant. La même année, des loyalistes (protestants favorables à la couronne d’Angleterre) obligèrent sa famille à quitter leur logement et à partir s’installer dans un autre quartier, à Twinbrook, dans l’ouest de Belfast. Une première fois, en 1972, Bobby fut condamné à quatre ans de prison pour détention d’armes à feu. Quelque temps après sa libération, en 1976, il se fit à nouveau arrêter, avec plusieurs de ses camarades, dans une voiture, après une fusillade avec la police royale d’Ulster et fut condamné à quatorze ans de prison

    En prison, Bobby Sands se retrouva bientôt officier commandant des membres de l’IRA et il contribua à relancer la lutte pour que leur soit reconnu le statut de prisonniers politiques, pour que soit mis fin aux mauvais traitements (passages à tabac et humiliations étaient monnaie courante de la part des gardiens), pour le droit de recevoir des visites et le droit de porter des vêtements civils. Devant la fin de non-recevoir obstinée opposée par les autorités anglaises, les prisonniers menèrent d’abord ce qu’on appela le «Blanket protest». Refusant de porter l’uniforme des détenus, 300 d’entre eux décidèrent de rester en permanence nus ou seulement enveloppés d’une couverture, malgré le froid qui régnait dans la prison.

    Dirty protest

    Puis, ils durcirent leur mouvement. Ce fut le «Dirty protest» ou le «No wash protest» qui consista pour les prisonniers à refuser de se laver et même à étaler leurs excréments sur les murs… Thatcher continuant à faire la sourde oreille, ils décidèrent alors d’engager les uns après les autres la grève de la faim de telle manière que, si l’un d’entre eux mourait, le relais soit pris par ses camarades. Mais la «Dame de fer» refusa de se laisser fléchir… Ce mouvement suscita un grand écho. (En tous temps et en tous lieux, le martyre est une forme de lutte. Évidemment particulièrement efficace dans des pays où les sentiments religieux sont forts (comme hier dans l’Irlande catholique ou aujourd’hui dans le monde musulman). Mais cela vaut aussi pour ceux qui ont fait le choix de Prométhée, cette « religion » ou, en tout cas, cette foi en l’homme qu’est le communisme. Il suffit de penser à la force des exemples de Rosa Luxemburg ou Che Guevara…)

    Prisonnier et candidat

    En avril 1981, après le décès d’un de leurs députés, les républicains présentèrent le prisonnier de Long Kesh aux élections législatives partielles. Et Bobby Sands fut élu. Ce qui conduira le gouvernement Thatcher à modifier la loi pour interdire à des prisonniers d’être candidats. L’intransigeance dont fit preuve madame Thatcher pendant la grève de la faim et le cynisme qu’elle exprima ensuite («Il a choisi de s’ôter la vie, a-t-elle déclaré. C’est un choix que son organisation ne laisse pas à beaucoup de ses victimes.») ne furent pas pour rien dans l’émotion qui suivit sa mort.

    Mais la détermination de Bobby Sands et de ses compagnons, ainsi que la force de leur conviction furent aussi pour beaucoup dans le mouvement de sympathie qui se leva. À certains égards, Bobby Sands n’était pas seulement une victime du système carcéral britannique, mais un combattant dont on pouvait comprendre et partager la cause. «Je n’arrêterai pas, avait-il écrit, tant que l’Irlande ne sera pas devenue une République, indépendante et socialiste.»

    Vaincu dans la vie, Bobby Sands remportait dans la mort une victoire morale et devenait un martyr de la liberté.


    La bande-annonce du film Hunger, de Steeve McQueen, à propos de Bobby Sands

    Francis Combes, Poète et éditeur

    Margaret Thatcher est morte

    Le Monde.fr avec AFP | 08.04.2013 à 14h20 Margaret Thatcher devant le 10 Downing Street, à Londres, peu après l'annonce du débarquement des troupes britanniques sur les îles Malouines, le 21 mai 1982.

    L'ex-première ministre britannique Margaret Thatcher est morte à l'âge de 87 ans à la suite d'une attaque, a indiqué son porte-parole. Surnommée "la Dame de fer", Margaret Thatcher aura remodelé le Royaume-Uni avec un libéralisme économique intransigeant. Le personnage ne fut sans doute jamais mieux saisi que par elle-même, lorsqu'elle lâcha : "Je suis pour le consensus. Le consensus sur ce que je veux faire." 

    Ce refus exacerbé du compromis, au service de principes profondément ancrés – conservatisme social, libéralisme économique, idée de la grandeur de son pays –, ne s'est jamais démenti en onze années d'exercice (1979-1990).

    Margaret Hilda Roberts naît le 13 octobre 1925 à Grantham, dans le Lincolnshire, d'un père commerçant et d'une mère couturière. Elle fait ses études à l'université d'Oxford où elle milite activement au sein de l'Association des étudiants conservateurs (Oxford University Conservative Association).

     

    MÉFIANCE ENVERS LES "ÉLITES"

    Issue de la petite bourgeoisie, elle est mal à l'aise dans cet univers de privilégiés qu'on dit "nés pour gouverner". Animée du désir de revanche sociale de la "boursière" envers les "héritiers", elle gardera toujours une solide méfiance envers les "élites", et les "intellectuels", qui le lui rendront bien.

    A 25 ans, elle est candidate conservatrice à Dartford dans le Kent. A deux reprises, en 1950 et 1951, elle perd honorablement aux élections, grignotant la majorité du Labour. En décembre 1951, elle se marie "au-dessus de sa condition", avec l'homme d'affaires Denis Thatcher. Conservateur bon teint, il encourage l'ambition politique de sa nouvelle femme, qu'il appellera bientôt "le patron".

    Elle devient avocate et rejoint les conservateurs, entre en 1959 à la chambre des Communes comme députée de Finchley (nord de Londres), puis elle devient ministre de l'éducation entre 1970 et 1974. En 1975, elle prend la tête des Tories et quatre ans plus tard terrasse des travaillistes usés. 

    PRIVATISATIONS À TOUT-VA

    Contestée au sein même de son parti, Margaret Thatcher démissionne les larmes aux yeux en novembre 1990. John Major (droite) prend sa suite.

    Elle devient première ministre en le 4 mai 1979, et ce jusqu'au 22 novembre 1990. C'est la première femme à la tête d'une grande démocratie d'Occident. Avant d'entrer au 10 Downing Street, elle déclame une citation attribuée à Saint-François d'Assise : "Où règne la discorde, puissions-nous apporter l'harmonie...".

    Un mot nouveau, le "thatchérisme" est popularisé. Pour relancer une économie qui a fait du pays le "malade de l'Europe", elle privatise à tout-va, fait baisser impôts et dépenses publiques et musèle les syndicats. Mais la barre des 3 millions de chômeurs est dépassée, alors que la grève des mineurs au début des années 1980 se heurte à son intransigeance.

    Elle cherche à rétablir le prestige de l'ex-Empire. La reconquête des îles Malouines en 1982 y contribue. Mais son caractère implacable se retourne contre elle. Le rejet de la "poll tax", cet impôt local qu'elle ne parvient pas à imposer, sonne sa fin. Contestée au sein même de son parti, elle démissionne les larmes aux yeux en novembre 1990.

     

    Pendant plus de onze ans, le monde va vivre avec "Maggie". Elle est l'un des grands acteurs politiques des années 1980, avec Ronald Reagan, Mikhaïl Gorbatchev et François Mitterrand.

    http://www.lemonde.fr


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