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    Santé

    Remboursement de soins : comment mutuelles et assurances peuvent abuser de votre crédulité

    Par Benoît Lorentz (27 juin 2013)

    Vous pensiez être pris en charge à « 100% » ? Mais vous ne comprenez plus grand-chose aux taux de remboursement que pratique votre complémentaire santé ? Normal. Mutuelles et assurances débordent de créativité pour que leurs clients ne s’y retrouvent pas, avec des prises en charge alléchantes sur le papier assorties d’options en tout genre. Petit décryptage, pour mieux comprendre ce que votre assurance ne vous dit pas, et s’apercevoir que, finalement, la Sécurité sociale est bien meilleur gestionnaire.

    Votre complémentaire santé promet une prise en charge à 100 % de votre couronne dentaire. Et vous payez pourtant plus de 300 euros de votre poche... Votre monture de lunettes est remboursée à 1500 %, indique votre mutuelle ? Elle vous versera 42,60 euros, alors les montures coûtent plus de 60 euros. Deviner combien vous serez remboursés pour vos dépenses de santé semble relever du coup de chance, voire de la divination. Entre les pourcentages de prise en charge, les franchises, les dépassements d’honoraires éventuels, l’offre de remboursement de votre complémentaire santé – mutuelles ou assurances – est loin d’être limpide. Du coup, il est impossible de faire des comparaisons avec l’offre du concurrent. Le système français des remboursements de santé est-il si complexe ? Ou cette complexité est-elle savamment entretenue ?

    Mutuelles et assurances interviennent en complément du régime obligatoire de sécurité sociale. Avec un mode de cotisation différent : alors que vous cotisez pour la sécurité sociale au prorata de votre revenu, les tarifs des complémentaires varient aujourd’hui selon l’âge de l’assuré. Résultat : les prix grimpent à 1241 euros par an en moyenne pour les personnes de plus de 80 ans, censés dépenser plus en matière de santé [1]. Autre différence : la Sécurité sociale délivre les mêmes prestations à tous ses assurés, alors que chaque assureur privé propose plusieurs offres, plusieurs tarifs, avec maintenant de plus en plus d’options. Ce qui les rend encore plus illisibles.

    Calculer ses remboursements : mode d’emploi

    Comment s’y retrouver ? Prenons un exemple, pioché sur le site d’un assureur, la Maaf. Le tableau ci-dessous présente les taux de remboursement pour la consultation d’un médecin généraliste, selon que l’on a choisi le niveau 1 ou 4 de l’offre de santé :

    Doit-on comprendre que dans le 1er cas, on sera remboursé intégralement ? Et, dans ce cas, que signifie un remboursement à 200% ? Il faut se référer à trois notes de bas de page, écrits en tout petits caractères, pour en comprendre le contenu ! BR signifie « base de remboursement ». Pour une consultation de médecin généraliste, la BR est de 23 euros. Mais ce serait évidemment trop compliqué de le préciser directement ! Pourquoi faire simple... Deuxième piège : l’indication « 100 % BR » ne signifie pas que vous serez remboursé de ces 23 euros. La seconde note précise qu’il faut soustraire la participation forfaitaire – un euro non remboursé par consultation – créée par le bon docteur Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, pour « responsabiliser » les patients.

    Dans la langue des complémentaires santé, 100 % BR signifie donc 22 euros... C’est ce que vous rembourseront la Sécurité sociale (à 70 %) et votre complémentaire (pour les 30% restants). A condition cependant d’avoir bien respecté le « parcours de soins » ! C’est-à-dire d’avoir consulté votre médecin traitant et non un autre médecin (ce que ne peuvent pas faire les 15 % de Français qui n’ont pas déclaré de médecin traitant). En dehors de ce parcours de soin, précise une autre note de bas de page, vous ne serez remboursé au total que 12,80 euros pour une consultation (voir le calcul en note [2]). Soit moins de 56 % du coût de la consultation. Et ce calcul ne tient pas compte des éventuels dépassements d’honoraires du médecin.

    Ce que votre complémentaire santé ne dit pas

    Le niveau 4 de cette complémentaire est plus cher, mais prendra en charge une partie des dépassements d’honoraires. Ce qui peut parfois être utile : l’accès à un gynécologue ne pratiquant pas de dépassement d’honoraires est difficile pour 80 % de la population française, selon une étude de Que Choisir [3]. La prise en charge à « 200 % BR » correspond à 45 euros (deux fois 23 euros, moins la franchise d’un euro). Hors parcours de soins, le montant se réduira à 35,80 euros (voir le savant calcul en note [4]). Par comparaison, à Paris, le montant moyen d’une consultation pour un médecin spécialiste de secteur 2 – c’est-à-dire autorisé à faire des dépassements d’honoraires – est de 43,6 euros. Ne serait-il pas plus clair d’écrire directement le montant maximum des remboursements dans le tableau d’offre de soins ?

    Autre exemple, trouvé sur le site de la Mutuelle de la Police nationale : Il faut ici deviner que les prothèses auditives peuvent coûter plus de 100 % de la base de remboursement. Le montant de celle-ci n’est pas indiqué. Pour les appareils les plus courants, ce 100 % correspond à 199,71 euros. Et 170 % équivaut à 339,50 euros. Le coût moyen d’un appareil auditif était de 1475 euros en 2008 [5]. Donc, même si vous avez pris l’option Solidum, le top du top de cette mutuelle, il vous restera plus de 1000 euros à régler de votre poche. Pour chaque oreille. « Total prestation à 100% » écrivent-ils...

    Vous avez lu prise en charge à « 1000 %» ?

    Dans ce labyrinthe, bon courage pour arriver à comparer les services ! En plus de la multiplication des offres qui rendent illisibles les tableaux de remboursement, les assureurs ont inventé un autre système : les options. Optique, dentaire, hospitalisation : de plus en plus d’offres de santé proposent d’ajouter des prestations à ce que vous auriez dû normalement percevoir. Mais en matière d’assurance santé, les options, c’est comme le loto : mathématiquement, le meilleur moyen de gagner est de ne pas jouer. Prendre une option, c’est tenter de jouer contre l’assureur en se disant : « J’aurai besoin de lunettes cette année donc je prends l’option optique à 5 euros par mois ». Sauf que celui-ci a largement anticipé votre comportement. Et c’est lui qui fixe les tarifs, donc la règle de ce jeu.

    Pour un assureur, plus la population couverte est importante, plus le risque est dilué, et donc moins l’assurance coûte cher. Ces options sont souscrites par un petit nombre de personnes qui vont très probablement les utiliser. Elles seront donc toujours plus chères que le surplus de prestations qu’elles vous apporteront. Exemple : l’option optique à 5 euros par mois – qui vous aura donc coûté 60 euros en un an – vous permettra de bénéficier d’un bonus de prise en charge de 1000 %. Génial !? Non : vous serez remboursé de 22,90 euros pour un verre de lunettes courant. Car la base de remboursement d’un verre simple pour adulte est de 2,29 euros. 1000 % c’est donc 10 fois la base de remboursement, soit 22,90 euros.

    Une illisibilité choisie ou subie ?

    Qui est responsable de cet embrouillamini ? L’assureur, par sa présentation et ses astuces d’épicier, ne favorise pas la compréhension. Mais les mesures empilées par le législateur depuis 10 ans compliquent aussi l’exercice. Depuis les réformes Douste-Blazy en 2004, les gouvernements successifs ne s’attaquent plus directement aux taux de prise en charge de la Sécurité sociale, qui n’avait cessé de diminuer. Ils procèdent plus discrètement : franchises ou changements de niveau de remboursement de certains types de médicaments (couleur de la vignette)... Dans les deux cas, c’est l’assuré ou la complémentaire santé qui paient la différence.

    Ces réformes – menées comme toujours pour « sauver la Sécu » ! – ont abouti à réduire le périmètre de prise en charge « universelle ». En cinq ans, les Français ont vu leurs dépenses de santé augmenter de 16 %, indique l’UFC-Que Choisir en 2011. Un bond de 571 euros à 665 euros par an par personne, en additionnant cotisation au régime complémentaire et dépenses de soins non remboursées. « En 2004, la Sécurité sociale finançait 78,3 % de la dépense de soins et biens médicaux. En sept ans, la part du financement de la Sécurité sociale a diminué de 1,6 points et s’établit à 76,7 % en 2011 », détaille la Mutualité française. Coup double pour les fossoyeurs de la sécurité sociale : celle-ci rembourse moins, et plus personne ne comprend quoique ce soit à ces remboursements... Les prochaines réformes et les prochains transferts passeront plus facilement : personne ne défend ce qu’il ne comprend pas.

    La Sécurité sociale plus compétitive que le privé

    Est-il possible de rendre plus lisibles les offres de santé ? La situation ne s’est guère améliorée ces dernières années dénonce le Collectif Interassociatif sur la Santé (Ciss), une association de patients. Et ce, malgré les engagements sur le sujet, en 2010, de l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (Unocam). « Les usagers constatent plutôt les onéreux moyens développés pour la promotion publicitaire des complémentaires, que leurs efforts pour faire progresser la comparabilité des garanties en regard d’un prix donné », déplore le Ciss.

    La concurrence entre les acteurs, loin de faire baisser les prix, coûte beaucoup d’argent à la collectivité. Les complémentaires santé font payer à chacun de leurs assurés 126 euros par an de frais de fonctionnement, rappelle Que choisir. Dont 40 euros rien que pour le marketing ! Alors que la Sécurité sociale assume cinq fois plus de remboursements que les complémentaires santé, les coûts de fonctionnement sont quasiment identiques : environ 7 milliards d’euros par an.

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    Source : Drees, Autorité de contrôle prudentiel

    La sécurité sociale est donc bien meilleure gestionnaire que les acteurs privés, qui tentent de séduire les consommateurs de soins à coups de campagnes marketing. Les Français payent tous les ans plus de 2,2 milliards d’euros pour le marketing des complémentaires santé. C’est sans doute avec cet argent que les assureurs travaillent à rendre les offres de soin encore plus illisibles !

    Benoît Lorentz

    Photo : © Gael Kerbaol

    Notes

    [2La Sécurité sociale rembourse 70 % d’une consultation médicale effectuée dans le cadre du parcours de soin, moins un euro forfaitaire. Et la complémentaire prend en charge les 30 % restants (si l’on a souscrit à une offre remboursement 100% BR !). Hors parcours de soin, ce taux de prise de charge par la Sécu est de 30%. La complémentaire prend toujours en charge 30%. Le taux de prise en charge total est donc de 60% de 23 euros, moins l’euro forfaitaire. Soit 12,80 euros.

    [4La Sécurité sociale prend en charge 30% de la base de remboursement, hors parcours de soins, au lieu de 70% dans le parcours de soins. « 200% BR » correspond donc en réalité à 130% pris en charge par la complémentaire. Un petit calcul : 130% pour la complémentaire + 30% pour la Sécu, soit 160% x 23 euros = 36.8 euros. Moins un euro forfaitaire : 35,8 euros.

    [5Source


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    Social

    Avec la future réforme des retraites, les égoutiers seront-ils condamnés à mourir au travail ?

    Par Marianne Rigaux (24 juin 2013)

    Ils partent en retraite à 52 ans, mais meurent beaucoup plus tôt que les autres catégories de travailleurs. Victimes d’une surmortalité liée à leur travail insalubre, au milieu des gaz mortels, des produits chimiques ou des rejets radioactifs d’hôpitaux, les égoutiers peinent à faire reconnaître leurs pathologies comme maladies professionnelles. A l’heure des privatisations, les égoutiers du secteur public se battent pour conserver leurs droits à une retraite anticipée et à des conditions de travail sécurisées. Reportage en Ile-de-France.

    Laurent Regnault a 44 ans et le foie déréglé à cause du temps passé dans les égouts. Il travaille depuis 16 ans pour le Conseil général du Val-de-Marne (94). Si rien n’avait changé, il aurait pu partir à la retraite après les 20 ans réglementaires passés les pieds dans la boue. « S’il n’y a plus d’avantage, je ne vois plus de raison de faire ce métier là », répète-t-il. Le 6 juin, avec ses collègues, Laurent Regnault a crié son ras le bol sous la tour Eiffel. Venus de toute la France, les égoutiers ont protesté contre une proposition qui repousserait leur départ en retraite. Jusque là, un agent d’assainissement gagnait six mois de bonification pour un an passé en sous-sol. Ce qui leur permet de partir en retraite 10 ans avant les autres salariés. Dorénavant, ce ne serait plus que trois mois, ce qui poussera les égoutiers du public à travailler jusqu’au même âge que les salariés du privé.

    « On fait ce métier pour partir plus tôt, nos conditions de travail sont difficiles. On ne peut pas nous demander de travailler plus longtemps », explique Rudy Pahaut, l’un des 360 égoutiers parisiens, et syndiqué à la CGT. Face à l’ampleur de la manifestation, le gouvernement a accepté de trouver un autre compromis sur leurs retraites. « Imaginez un peu : sans nous, les villes seraient complètement insalubres, les rats et autres immondices envahiraient nos rues, des maladies referaient surface… Sans nous, nous reviendrions 500 ans en arrière. Notre métier est indispensable au bon fonctionnement de la société. »

    Un égoutier meurt 13 ans plus tôt qu’un cadre

    Les égoutiers bénéficient d’une retraite anticipée au titre de l’insalubrité de leur métier. Jusqu’en 2010, ils pouvaient partir à 50 ans, à condition de justifier vingt années de travail en réseau souterrain. Avec la réforme Fillon, leur départ a reculé comme tout le monde de deux ans. Un changement qui a provoqué l’an dernier la première manifestation nationale de l’histoire de cette profession. Le 29 mai 2012, 500 à 600 agents d’assainissement défilent de la tour Eiffel au ministère du Travail pour exiger un retour à leur régime précédent.

    Tous les égoutiers ne bénéficient pas de la retraite anticipée. Sur 4 700 agents d’assainissement en France, seuls les 2 000 du secteur public y ont droit. Il n’est pas accordé aux 1 000 d’entre eux qui travaillent dans le privé et aux 1 700 autres qui exercent en station d’épuration. « L’argument d’insalubrité n’est retenu que pour ceux qui descendent en sous-sol. Pourtant, en surface, on respire les mêmes effluents », assure Didier Dumont, secrétaire de la fédération CGT des services publics. Après avoir travaillé 22 ans à la station d’épuration d’Achères dans les Yvelines, il souffre de furoncles et de maladies respiratoires.

    Si la plupart font ce métier par passion, c’est loin d’être une partie de plaisir. La journée d’un égoutier commence à 6h50 et finit à 13h30, pour un salaire de 1 500 euros nets. Il faut descendre, inspecter, déboucher, remonter, décharger, prélever, analyser, signaler. Une vie entière à veiller sur les sous-sols, dont ils paient le prix en fin de carrière. « On meurt autour de 55 ans, et on voudrait nous faire travailler jusqu’à 62 ? Il y a quelque chose qui cloche », insiste Rudy Pahaut.

    Une mortalité en hausse de 56% en dix ans

    Un égoutier vit en moyenne 7 ans de moins qu’un ouvrier [1] les ouvriers ayant eux-mêmes une espérance de vie inférieure aux autres catégories de travailleurs (6 ans de moins que les cadres). Bref, un égoutier décède, en moyenne, 13 ans avant un cadre. Sans même évoquer « l’espérance de vie sans incapacité », qui permet à un retraité de profiter pleinement, s’il n’est pas malade ni handicapé, de sa seconde vie après le travail. Infections, cancers et cirrhoses ont raison des égoutiers peu de temps après leur départ en retraite.

    « C’est une profession épouvantable, c’est injuste de les faire travailler plus longtemps. Certains n’arrivent déjà pas à 52 ans », dénonce le biologiste Claude Danglot. Si la surmortalité des égoutiers est avérée, il est cependant impossible de faire reconnaître leurs pathologies comme maladies professionnelles. « Les médecins leur disent qu’ils boivent trop, sans faire de lien avec leurs conditions de travail », pointe le biologiste.

    Arrivé à la médecine du travail de la mairie de Paris en 2005, Claude Danglot lutte pour faire reconnaître les maladies des égouts. En 2004, il avait déjà montré une augmentation des cancers du foie (+ 85 %) et de l’œsophage (+ 97 %) chez les égoutiers par rapport à la population ouvrière. Ces dernières semaines, le docteur a mené 200 entretiens avec des agents d’assainissement. Bilan : « Peu de choses ont évolué depuis que je fais des recommandations à la mairie. Les jeunes sont plus attentifs à leur santé, mais les anciens ne font même plus attention aux risques ». Et leur mortalité a augmenté de 56% en dix ans.

    Un gaz qui attaque poumons et tube digestif

    « Passer 20 ans les deux pieds dedans, ça porte pas chance », résume Rudy Pahaut. Rien ne prédestinait ce conseiller en Hi-Fi à se reconvertir dans l’assainissement. En poste depuis six ans aux égouts de Paris, il constate déjà une baisse de son système immunitaire, des allergies alimentaires ou bien des problèmes de peau. Même chose pour Laurent, dans le Val-de-Marne, dont le beau-père et son grand-père étaient égoutiers. « J’ai des problèmes au foie à cause des gaz toxiques qu’on respire chaque jour ».

    Dans les égouts, les matières en décomposition produisent du sulfure d’hydrogène (H2S). En petite concentration, ce gaz attaque les poumons et le tube digestif. D’où des diarrhées à répétition. Chaque égoutier porte un capteur qui sonne dès que le seuil de tolérance de l’organisme est atteint, soit 5 particules par millions (ppm). A ce stade, quelques minutes suffisent pour perdre l’odorat. En 2006, dans les Yvelines (78), trois égoutiers de 22 à 44 ans sont morts intoxiqués par un pic de H2S.

    Produits chimiques et rejets radioactifs des hôpitaux

    En cas d’alerte, l’égoutier doit mettre au plus vite son masque de fuite. Problème : « Celui-ci a été conçu par des gens qui ne sont jamais descendus en égout. Il faut enlever le casque et la frontale pour l’enfiler !, déplore le docteur Claude Danglot. On retient notre respiration et on remonte le plus vite possible », avoue Rudy Pahaut. Les égoutiers comme Laurent qui effectuent le curage, c’est-à-dire le débouchage des canalisations, sont les plus exposés.

    Outre les gaz, les égoutiers subissent les graisses de restauration, les produits chimiques des pressings et les rejets radioactifs des hôpitaux. En charge des prélèvements dans les égouts de Paris, Rudy Pahaut constate que « les rejets de substances illégales se multiplient malgré une loi répressive ». Il y a aussi la leptospirose, une maladie transmise par l’urine des rats qui attaque le système nerveux. Un vaccin, avec rappel tous les deux ans, était obligatoire pour descendre en égout, jusqu’à ce que l’Association Liberté information santé (ALIS), qui milite contre les vaccins obligatoires, s’y oppose en avril 2013.

    Régies publiques ou privatisations

    Le tribunal administratif vient de donner raison à l’association, au motif que le vaccin était facultatif ailleurs. « Il n’y a eu aucun cas de leptospirose à Paris depuis 1979 grâce à cette obligation, alors qu’il y a eu des décès chez les égoutiers ailleurs en France », remarque Rudy Pahaut, consterné. La mairie de Paris s’est engagée à poursuivre la prévention. Mais la profession se sent encore un peu plus fragilisée.

    Touché par les maladies, le service public l’est aussi par les privatisations. La ville de Paris, les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne ont fait le choix d’une régie publique lorsque ce service d’Etat a été transféré aux départements dans les années 1980. « Mais nous sommes obligés de déléguer certains chantiers au privé par manque de moyens », reconnaît Mercedes Galano, directrice de l’assainissement du Val-de-Marne. Son homologue de Seine-Saint-Denis, Patrice Dupont, confirme : « Quand ça devient pointu, on ne sait pas toujours le faire ». Les deux départements, qui comptent chacun environ 170 égoutiers, attribuent alors les marchés à Véolia, Suez ou leurs filiales.

    Dans le privé : même métier et moins de droits

    Un choix différent a été fait dans les Hauts-de-Seine (92) : le Conseil général a créé une délégation de service public en 1994, confiant les eaux usées à la Sevesc (Société des eaux de Versailles et Saint-Cloud). Qui elle-même peut externaliser des chantiers à une autre société privée. Pour parler à la direction ou aux agents de la Sevesc, il faut l’aval de la maison mère, La Lyonnaise des eaux. Sans succès pour nous. Anne Guyon, directrice de l’eau dans les Hauts-de-Seine, assure que « le département contrôle les activités de la Sevesc », du résultat d’exploitation annuel à la sécurité des agents.

    « Déléguer ne veut pas dire se désintéresser », affirme Patrice Dupont, en Seine-Saint-Denis. « Le Conseil général valide les équipements et les compétences des égoutiers du privé avant la descente ». Sur le terrain, les agents du public sont moins catégoriques. « On les voit ceux du privé : des bottes à la place des cuissardes et une casquette au lieu du casque », déplore Didier Dumont à la CGT. Si les syndicats existent dans le privé, aucun égoutier n’accepte cependant de parler de ses conditions de travail. Exposés aux mêmes maladies, ils ne bénéficient pas pour autant de la retraite anticipée.

    Marianne Rigaux

    Photos : © Source (Égouts de Bruxelles) / Marianne Rigaux (Égoutiers du Val-de-Marne lors d’un curage de canalisation et d’un déchargement à la station d’épuration).

    Notes

    [1Selon une étude de l’INRS en 2004, confirmée par une thèse de l’Inserm.


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  • LE SYSTEME DE SANTE VA T-IL DISPARAITRE EN EUROPE?

    Le journal médical d’information en ligne Egora.fr  publie une série de 3 articles sur les conséquences tragiques de la politique mise en place par la troïka (Commission Européenne, Fond Monétaire International, la Banque Européenne) contre les peuples, pour enrichir toujours plus les riches. N’oublions pas qu'en Grèce les armateurs quoi sont parmi les très grandes fortunes de la planète ne paient pratiquement aucun impôt! Les grandes fortunes sont bien à l'abrit en Suisse et en Allemagne. Merci pour eux! Et pour la santé des riches il y a des cliniques de grend luxe, n'est ce pas Monsieur Cahuzac?

     

    Gre-ce-mise-re.jpg Grèce : sans Sécu,

    le système D

     

     

     

    Pour la première fois depuis 1975, les dépenses de santé ont reculé en Europe. Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), publié en novembre dernier, pointe ainsi l’impact sanitaire de la crise économique qui souffle sur le continent.

     

    On l’appelle l’ "underground clinic", la clinique souterraine. Le centre médical et social d’Ellinikon, situé en banlieue d’Athènes sur une ancienne base militaire américaine, accueille depuis 2011 des patients grecs frappés par la crise qui n’ont plus accès au système de santé. Un lieu devenu indispensable alors que, désormais, près de 40 % de la population n’a plus de couverture maladie, et qu’un droit d’entrée de 5 euros a été instauré à l’hôpital.

    En seulement une année, 4 500 patients sont venus se soigner à Ellinikon. "Des gens issus de la classe moyenne, des gens qui travaillent ou qui ont perdu leur emploi, des gens bien habillés…", raconte Olga Baklatzi, l’une des nombreuses volontaires du centre. Car, ici, tout le monde travaille bénévolement, y compris les médecins. Une collecte de médicaments a également été mise en place auprès de la population via le site Internet du centre qui publie régulièrement la liste de ses besoins. Ceux qui le peuvent envoient les boîtes de médicaments qui traînent dans leur armoire à pharmacie. Un système D pour pallier les carences de l’État, qui doit près de 1 milliard d’euros aux laboratoires pharmaceutiques et aux personnels travaillant dans le domaine de la santé.

    Les tentatives de suicide ont progressé

     "Tout est très aléatoire en Grèce : l’hôpital peut ne plus avoir tel ou tel traitement, le médecin peut être absent… en fait, ça dépend des moments. C’est extrêmement anxiogène pour le patient. Et puis, il y a le coût. Beaucoup de Grecs ne peuvent plus payer les cotisations pour bénéficier de la sécurité sociale, ils ne vont donc plus chez le médecin. Ils préfèrent ne pas connaître le diagnostic plutôt que de savoir qu’ils vont devoir dépenser tant d’argent." Nathalie Simonnot est en charge du réseau international chez Médecins du monde (MdM). L’ONG, dont les centres médicaux étaient initialement destinés aux immigrants et aux réfugiés, a dû multiplier par deux ses programmes en Grèce. "Avant la crise, il y avait moins de 3% de Grecs qui venaient dans nos centres. Aujourd’hui, près d’un patient sur deux est grec, et jusqu’à 88 % selon le quartier. Et là où on ne voyait qu’une dizaine de personnes par demi-journée, maintenant on en voit 90 !"

    Le fait est que les Grecs sont plus malades qu’avant. Le chômage très élevé –il est de 56,5% chez les moins de 25 ans–, l’isolement, les conditions de vie dégradées ont fait naître un malaise profond au sein de la population. De plus en plus de personnes souffrent de dépression, et les tentatives de suicide ont progressé ces dernières années. En 2009, on avait recensé 677 tentatives contre 927 en 2011 et déjà 690 en août dernier. Les données du gouvernement ne précisent pas combien de tentatives ont été mortelles.

    VIH : une augmentation inquiétante

    Outre cette souffrance morale, le Centre de contrôle et de prévention des maladies en Grèce voit une augmentation notable du nombre de malades depuis 2009. Malaria, virus du Nil occidental, rougeole, coqueluche, le nombre de cas rapportés n’a cessé d’augmenter entre 2009 et 2012. Mais l’augmentation la plus inquiétante concerne le VIH. Entre 2010 et 2011, le nombre de nouvelles contaminations a augmenté de 57%. Premières victimes : les toxicomanes, que les coupes budgétaires n’ont pas non plus épargnés. Un tiers des centres de prévention a fermé, et de nouvelles drogues ont fait leur apparition, telles que la sisa, très bon marché et aux effets dévastateurs (insomnie, agressivité, noircissement de la peau, plaies cutanées).

    "Ce sont des personnes qui étaient déjà marginalisées, mais qui le sont d’autant plus avec la crise, note Nathalie Simonnot, de MdM. Aujourd’hui, ce n’est évidemment pas sur elles que se porte l’attention vu tout le travail qu’il y a à faire avec les personnes âgées, les enfants… La situation est d’ailleurs la même pour les immigrés, qui se trouvent davantage rejetés."

    Le parti d’extrême droite Aube dorée n’hésite d’ailleurs pas à stigmatiser les populations migrantes. L’été dernier, il a mené campagne pour inciter les donneurs de sang grecs à réserver leurs dons à leurs seuls compatriotes, une initiative jugée "inhumaine" par les autorités politiques et médicales du pays. Toutefois, cela n’a pas empêché le gouvernement d’adopter une loi ouvrant la voie à la détention et à l’expulsion de migrants sans papiers atteints de maladies infectieuses ou jugés à risque pour la santé publique. En période de crise, les relents racistes ne se font jamais trop attendre, créant un climat nauséabond.

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    Tous les systèmes de santé des pays européens sont touchés: la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne le Portugal .... mais aussi la France, chacun de nous en fait l'expérience quotidiennement. 

    Mais le pire est à venir, si nous ne réagissons pas ..... 

    http://www.jacques-lacaze.com/

    LA FIN DE L'HOPITAL PUBLIC?

    Delepine-Nicole.jpeg Lettre ouverte du Dr Nicole Delépine

    à Mme le Ministre de la Santé

    contre l’asphyxie accélérée  de l’hôpital

     

    Ce coup de gueule du Docteur Nicole Delepine est important. C'est pourquoi je le publie sur ce blog. Mais je ne partage pas entièrement son analyse. Les mises en cause du personnel ne sont certainement pas de mise. Mais aussi, je ne pense pas qu'il y ai eut un âge d'or de la médecine hospitalière. Quand à moi, je ne garde pas un souvenir extraordinaire des hôpitaux des années 60. Je ne suis pas convaincu du tout par son plaidoyer sur la cancérologie. On connaît mes positions: la voie royale est de mettre en place une politique publique de prévention active des cancers. Ce qui bien sur n'éliminera pas d'un coup de baguette magique le nombre de personnes atteintes mais permettra de baisser progressivement ce nombre. Il faut saluer par ailleurs la très forte implication du Docteur Nicole Delepine dans la recherche sur des traitements innovant.

    J'espère très fort que la discussion pourra avoir lieu sur ce salvateur coup de gueule dans ce blog et ailleurs.

    Docteur Jacques Lacaze

     Le premier mai 2013

     

    Madame la Ministre,

    Médecin pédiatre depuis plus de 40 ans à l’hôpital public, j’ai fait la nuit dernière ce rêve étrange et pénétrant d’un hôpital qui soigne,  accueille, aime,  cajole, réconforte, améliore, soulage, répare le patient, du petit au plus âgé, du moins atteint au plus handicapé, du plus faible au plus armé pour la vie, du plus riche au plus pauvre, du plus fou au plus normal, de l’illettré au savant, du bien tonique au mourant.

     Cet hôpital avait pour mission de soigner, guérir si on le pouvait et non pas de tuer .On n’avait pas encore imaginé la trouvaille de l’année 2013, formations multiples aux LATA, je vous le donne en mille : « limitations et arrêt de thérapeutiques actives ». Et les hérétiques qui n’accepteront pas ces nouvelles formes de « soins » seront jetés au feu comme tous les dissidents. Ils le sont déjà. Mais ce cri d’alarme contre l’euthanasie sera l’objet d’un autre plaidoyer qu’on ne peut limiter à quelques lignes.

    Quand j’arrivai pour  la première fois dans une grande salle commune de l’hôpital saint Antoine à Paris en 1965 en tant que stagiaire, je fus frappée par une grande chaleur humaine qui régnait malgré la promiscuité. La propreté aussi  sautait aux yeux, le sol brillait ! Cela sentait bon l’eau de javel qui ne coutait pas cher et surtout l’amour diffusé partout. Chacun à son niveau se savait utile et ne mettait pas son ego à toutes les sauces.

    La femme de ménage qu’on n’appelait pas encore technicienne de surface comprenait instinctivement l’importance de son office tant pour le confort que pour le bien des patients et leur guérison. On ne parlait pas de sécurité, mais elle existait et chacun en était garant. Le malade qui appelait trouvait un relais auprès du voisin pour interpeler  l’aide-soignante qui ne se disait pas « attendez, je suis en pause » et ne se trouvait pas en salle de repos pour parler du dernier feuilleton télé avec les collègues. Pendant les heures de travail, on travaillait, c’est très bête évidemment et cette remarque me vaudra les gémonies de beaucoup, mais d’autres, à commencer par les patients seront d’accord avec moi pour dire que les infirmières dans le bocal (les locaux sont transparents quand des affiches multiples et variées n’ont pas cachées ce qu’on ne saurait voir..) cela suffit.

     Sous prétexte de transmission, de tâches administratives, de préparations etc., le malade doit toujours attendre et attendre. Certes le nom de « patient » ne date pas d’aujourd‘hui mais quand on dépense 13 % du PIB pour la santé on pourrait espérer ne pas redescendre au Moyen âge. La multiplication des cases à cocher sur le papier puis sur l’écran, des formulaires à remplir a désinvesti les soignants, médecins inclus, pour lesquels le respect des règles qui seront contrôlées  par les multiples audits a remplacé l’obsession du patient  par celle de la « réglementation ».

     

    Que s’est-il passé ? comment en est-on arrivé là ? Dans mon rêve, une grande salle commune, d’innombrables lits serrés les uns contre les autres, des mamans serrant dans leurs bras un enfant hospitalisé et des soignants à l’écoute, des patients accueillis même s’il fallait mettre un lit supplémentaire. Bêtement à l’époque, les soigner paraissait plus important que les accueillir en client comme au Hilton et les laisser dehors si l’hôtel était plein. Personne n’eut imaginé refuser les malades graves sous prétexte de normes de qualité, de sécurité, de responsabilité etc. Personne n’eut imaginé que quelques décennies plus tard ce serait le directeur d’hôpital qui aurait l’autorité pour « admettre » les patients et menacerait  les docteurs de sanction s’ils voulaient accepter un malade en plus du quota prévu. Et quels moyens pour échapper à ce diktat puisque tout un réseau « sanitaire » a été mis en place pour empêcher les docteurs de soigner ! Les empêcheurs de soigner en rond, flattés de leur pouvoir sur les médecins qui les dominaient depuis des lustres (avant la tragique loi de 1991), ont été créés à tour de bras : surveillantes dénommées cadre de soin, de pôle, directeur de soins de l’hôpital et du groupe, directeur du site et du groupe, chef de pôle, président de la commission d’établissement etc. L’APHP a de plus le privilège d’avoir un « siège » fort qui double encore ces mêmes fonctions.

    L’autoritarisme règne en maître avec des incohérences permanentes au sein des établissements. Comment expliquer les si nombreux brancards dans les couloirs des services d’urgence de l’APHP et le refus dans cette même institution d’un lit supplémentaire en oncologie pédiatrique un vendredi soir même si une chambre est libre ? L’autocratie aveugle, subjective et partisane règne partout sans respect de l’intérêt des malades, les grands oubliés des bureaucrates gestionnaires.

    Comment résister à cette soviétisation destructrice de l’hôpital ?  Le malade vient consulter un médecin, mais entre eux deux qui devraient pouvoir bénéficier d’un « colloque singulier », les interférences sont légion, érigeant un mur de Berlin, entraînant le désespoir voire le renoncement de trop d’entre nous (rappelons que les suicides de médecins et soignants sont beaucoup plus fréquents que dans la population générale et qu’à France Télécom). Les inquisiteurs nommés des Agences régionales de santé (ARS) font régner l’ordre, leur ordre ; et leurs capos, les directeurs d’hôpitaux et leurs subordonnés  jouissent de leurs petites prérogatives.

    Comment résister, protéger les patients ? Impossible d’où cette lettre ouverte, seule issue visible pour un simple médecin des hôpitaux en dehors de l’abandon, de la fuite, ou du suicide.

    Un seul exemple : j’ai reçu la semaine dernière par mail un ukase de la cadre de pôle exigeant que les médecins de l’unité annulent à 13 heures les malades prévus dans l’après midi (certains venaient de province). Ces patients devaient être hospitalisés pour recevoir leur traitement de chimiothérapie dont chacun sait (ou devrait savoir) que le retard à l’administration entraine des pertes de chance de survie. Ce mail m’était adressé en tant que responsable de l’unité et également à neuf cadres  impliqués par cette injonction de ne pas soigner.

     Parmi eux au moins trois infirmières montées en grade, et qui en d’autres temps, eussent pris, pour quelques heures, le relais auprès des patients, de leurs subordonnés qu’elles sont censées encadrer. Quant au nombre d’administratifs qui se multiplient comme des petits pains, ils sont là pour gérer la pénurie (sauf la leur), imposer leur pouvoir qui satisfait leur ego et oublier le malade qui n’est qu’un gêneur encombrant.[1]

      Mme la Ministre, en quarante ans l’hôpital fut détruit !  Que s’est–il passé ?

    Comme le reste de la société à partir des années Reagan, Thatcher, et Mitterrand en France, l’argent devint roi, le modèle fut le golden boy et l’hôpital devint entreprise. Comment  imaginer il y a quarante ans que les mutuelles assurances seraient cotées en Bourse… que les médecins seraient sommés de tenir compte de la tarification à l’activité pour prescrire des actes supplémentaires invasifs et souvent inutiles, et raccourcir ou allonger la durée d’hospitalisation des patients en fonction des bornes hautes ou basses de la classification sécurité sociale permettant de rapporter plus d’argent à l’hôpital (et de couter plus cher à la sécurité sociale) … cherchez la logique du système !

     Ne croyez pas que j’exagère, tout le monde le sait maintenant ! Alors plutôt que de vous donner mille exemples[2] de cette dégénérescence de notre médecine au milieu de la destruction globale de la société, il me semble plus positif de vous proposer quelques sujets de réflexion voire quelques propositions susceptibles de redorer le blason de votre ministère et d’améliorer le sort des patients.

     Madame la Ministre, n’ayant pas le loisir dans une simple lettre ouverte de vous proposer un programme de restauration du système de la santé en France, je me contenterai ici d’aborder trois problèmes cruciaux dont la solution transformerait déjà rapidement le climat, redonnant fierté, estime de soi aux médecins jusque-là stigmatisés, dévalorisés, déprimés, ainsi qu’à leurs incontournables alliés auprès des malades, toutes les catégories de soignants qui subissent les mêmes tracas.

    1) S’attaquer sans complaisance aux conflits d’intérêt qui ruinent l’image des politiques, des experts et ruinent le budget  de la Sécurité Sociale

    Je vous proposerai donc de vous attaquer sans attendre aux conflits d’intérêt entre l’industrie pharmaceutique, la politique et les leaders d’opinion universitaires.

    SI la population toujours désinformée par les médias n’en a peut-être pas pris la mesure, vous ne pouvez pas ignorer que l’affaire Cahuzac n’est que la face émergée de l’iceberg et que les rapports incestueux des  décideurs sont fort partagés dans le milieu des premiers cercles du pouvoir. Monsieur Cahuzac, loin d’être une exception représente le mode de fonctionnement de nombreux décideurs. Nous vous le démontrerons si nécessaire, mais vous avez surement conscience comme moi qu’une grenade dégoupillée vous menace et qu’il serait plus raisonnable d’aborder tout de suite ce dossier brûlant avant qu’il n’explose. à moins que vous ne le puissiez ?

    Les économies engendrées par un choix impartial, sans influence de lobbys, des médicaments recommandés et autorisés par les agences (ou mieux le ministère lui-même) permettraient des économies de plusieurs milliards d’euros annuels. économies du budget de la sécurité sociale  soi-disant recherchées mais ces gisements évidents restent oubliés.

    2) S’attaquer aux agences sanitaires multiples et variées  source de gabegie, de paralysie et d’inefficacité.

    Dans un deuxième temps, je vous ferai quelques propositions pour assainir le pouvoir de décision en santé curieusement accordé aux multiples et une agences qui se permettent de faire la pluie et le beau temps en votre nom sur la vie et la mort des hôpitaux ainsi que sur celles des patients en imposant leurs démarches thérapeutiques et en diabolisant les autres voies possibles.

     Les économies  rapidement obtenues par votre seule volonté politique seront la récompense au courage qu’il ne manquera pas de vous falloir pour affronter tous les bénéficiaires de ces petites combines organisées qui permettent aux hauts fonctionnaires de se recaser après un changement de gouvernement et aux fonctionnaires de bénéficier de salaires non limités dès lors qu’ils sont affectés hors du ministère.

     3) Abrogation de la loi « Hôpital patients santé territoire » promulguée par vos adversaires politiques et que vous maintenez en l’état malgré les « promesses de campagne » du président Hollande qui s’appuie pourtant souvent sur celles-ci pour faire passer des lois qui divisent les Français. Pourquoi cette promesse est-elle oubliée ? Pourquoi ? 

    4) En conclusion, et avec ces quelques propositions que nous pourrions développer à votre demande, peut-être éviterions nous ensemble que notre hôpital public et nos patients ne subissent de fait une euthanasie au moins passive. Quant à la médecine de ville que vous maltraitez tellement pour des raisons qui paraissent obscures, ce sera l’objet d’une autre lettre probablement mieux rédigée par mes collègues qui la vivent tous les jours mais partagent avec moi cette sensation terrible de destruction rapide de notre système de santé malgré son coût faramineux, un des plus élevés du monde. Je vous conseille de suivre régulièrement leur actualité en consultant « les médecins ne sont pas des pigeons ». Cela vous permettra, Madame la Ministre d’éviter d’être coupée du monde réel comme le sont trop souvent les ministres. Je crains, Madame que vous n’y échappiez pas.

    Je vous remercie de l’attention que vous ne manquerez pas de prêter à ces propositions raisonnables et rapidement applicables. Je  vous adresse mes sentiments respectueux.

     

    Dr Nicole Delépine

    Pédiatre Oncologue

    Responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'Hôpital Universitaire Raymond Poincaré Garches AP/HP.



    [1] Le livre des pr Debré et Even « avertissement aux malades, aux médecins et aux élus  2002 avait déjà mis en exergue cette extraordinaire multiplication des administratifs (détournant de plus  des soignants médecins et infirmiers  formés pour en faire des « cadres »)dans les hôpitaux bientôt constitué d’une armée de colonels sans soldats au front. La situation n’a fait qu’empirer avec la multiplication des agences sanitaires , la création des pôles , le regroupement des hôpitaux qui reconduisent les hiérarchies en rajoutant une couche supplémentaire. Les économies doublées d’une efficience meilleure sont faciles à trouver en supprimant purement et simplement ces échelons .

    [2] Vous trouverez  toutes sortes de témoignages de patients d’associations sur internet tous plus poignants le sens que les autres démontrant que les accidents et incidents hospitaliers ne sont plus à la marge mais bien le résultat de politiques successives de normalisation et accréditation au service de l’argent roi servi par tous ceux qui ont un temps bénéficié du système mais se voient rapidement rattrapé par l’affaire Cahuzac . Pas assez vite néanmoins.

    http://www.jacques-lacaze.com/


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  •  Marisol Touraine ne manque pas d'air

    Ce n'est pas à cause qu'elle soit imposable sur les grandes fortunes. D'abord, il faut dire ISF: Impôt de Solidarité sur la Fortune, comme si les très riches furent un jour solidaires... Enfin, chacun appréciera.

     

    Mais, pour en revenir à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé que pour l'Elysée, je trouve la dame quelque peu gonflée.

    Elle accorde une interview au Figaro, le porte-voix historique de la droite et du patronat, pour dire qu'elle va réformer le système des retraites. Aïe, une nouvelle merde et pas à dire dans un journal de gauche qui soutient encore François II!

     

    En effet, qu'est-ce qu'elle dit la gente dame: "Un effort sera nécessaire et tous les Français devront y participer". Pour ceux qui prennent encore des vessies pour des lanternes, comme les Français les moins aisés sont la majorité, ce sera à eux de cracher au bassinet, puisque madame Touraine annonce que l'augmentation de la durée de vie doit être pris en compte.

     

    Toujours dans Le Figaro, la ministre des affaires sociales et de la Santé du palais de l'Elysée en a profité pour défendre la première année du quinquennat de François Hollande qui «restera comme une année utile pour la France et les Français. Nous avons mis en place les conditions du redressement, de la croissance et de l’emploi.»

    Serge Dassault, industriel et sénateur UMP, patron aussi du Figaro, n'a pas donné l'ordre à l'un de ses porte-plumes de la contredire. Entre gens du même monde, quand on va dans le même sens, ça baigne mon coco.

    Que les gros patrimoines du gouvernement lèvent le doigt!

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com/article-marisol-touraine-ne-manque-pas-d-air-117542934.html


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  • Semaine de la vaccination du 20 au 27 avril 2013

    Publié le Vendredi 19 avril 2013

    Lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Semaine de la vaccination se déroule du 20 au 27 avril 2013 dans près de 200 pays dans le monde, dont la totalité des pays d’Europe. Pour la 7ème année consécutive, la France participe à cette initiative destinée à rappeler les principaux enjeux de prévention liés à la vaccination. 

    La Semaine européenne de la vaccination est une occasion supplémentaire pour les professionnels de santé d’aborder le sujet, de faire le point avec leurs patients sur leurs vaccins, de vérifier leur carnet de santé ou leur carnet de vaccination et de répondre aux questions qu’ils se posent.

    Le ministère des Affaires sociales et de la Santé et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) coordonnent conjointement l’événement au ni veau national et, dans les 26 régions, les agences régionales de santé (ARS) pilotent de nombreuses actions mises en œuvre sur le terrain.

    Dans les régions, des actions sont mises en place pour informer et encourager les français à vérifier leur carnet de vaccination et à mettre à jour leurs vaccinations : expositions, stands d’information, prospectus, affiches, conférences et débats, jeux, séances de vaccination … Au cœur de ces actions de proximité, médecins, pédiatres, pharmaciens, infectiologues, sages-femmes, infirmières, etc., sont mobilisés. Des actions sont également mises en place pour les professionnels de santé : courriers d’information, affiches, conférences… sont créés à leur intention.

    L’Inpes met à disposition des 26 régions divers outils : dossiers documentaires, résultats d’enquêtes, documents sur les vaccinations qu’il édite (notamment le « Guide des vaccinations »). En 2012, près de 1 350 00 0 documents ont été diffusés.

    En 2013, un nouveau calendrier des vaccinations est publié. Il est plus simple : moins d’injections pour les petits, et pour les adultes des rendez-vous moins fréquents à âges fixes à 25, 45, 65, puis 75, 85 ans…

    Quels sont les vaccins obligatoires ou recommandés ? À quels âges vacciner ? Quand procéder aux rappel s ou mises à jour ? Profitez de la Semaine de la vaccination pour faire le point avec vos patients. Pour plus d’informations, consultez le site interne t dédié à la Semaine européenne de la vaccination : www.semaine-vaccination.fr

    http://www.mypharma-editions.com/semaine-de-la-vaccination-du-20-au-27-avril-2013-2

    Le nouveau carnet de vaccination

    samedi 20 avril 2013
    par Sylvie Simon


    La Semaine européenne de la vaccination qui débute ce 20 avril est l’occasion de faire une publicité éhontée sur la vaccination et son « Nouveau calendrier ». Ainsi, le Haut Conseil de Santé indique que ce nouveau calendrier vaccinal est simplifié « pour optimiser le nombre d’injections de vaccins nécessaires à la protection de la population » et il « permet de diminuer le nombre d’injections chez les nourrissons et de prévoir des rappels de vaccination à âge fixe chez les adultes, modalité plus facile à mémoriser pour les patients et pour les professionnels de santé. » Il espère ainsi faire oublier aux Français les mensonges sur le H1N1 et la manipulation des citoyens et ainsi « améliorer l’acceptabilité des vaccinations par les médecins et en conséquence la couverture vaccinale tout en assurant une protection tout au long de la vie ».

    D’après Damien Mascret, du Figaro, cette simplification du calendrier vaccinal 2013, serait « l’aboutissement de 4 années de travail du Haut Conseil de la santé publique. » Les « pôvres » doivent être épuisés. Le journaliste remarque que « la première simplification concerne la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, les infections à Haemophilus influenzae b et l’hépatite B (vaccin hexavalent) ». On peut ainsi constater l’amalgame fait entre les vaccins obligatoires et ceux qui ne le sont pas afin de mieux embrouiller le consommateur de vaccins qui ignore souvent que seuls trois vaccins sont obligatoires : diphtérie, tétanos, et poliomyélite. La différence est qu’en cas d’accident, pour ces vaccins, il est possible de se retourner contre le gouvernement et avoir quelque chance d’être dédommagé un jour, le plus tard possible ; mais avec les autres, les non obligatoires même s’ils sont « fortement conseillés » et qui sont au nombre de trois également – ce qui fait six en même temps —, les victimes auront affaire à une armée d’avocats bien formatés qui nieront tout rapport avec le vaccin et l’accident et ne pourront se défendre faute de moyens financiers.

    Une autre simplification concernerait le ROR (vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole). Le nouveau calendrier recommande une première dose à l’âge de 12 mois pour tous les enfants et la deuxième entre 16 et 18 mois. À nouveau, tout est fait pour que les mères de famille le croient obligatoire, alors qu’il ne l’est pas et qu’en vérité, il ne s’agit pas d’un seul vaccin mais de trois administrés en même temps. Monsieur Floret, qui est à l’origine de ce document, ignore-t-il que d’après l’Annuaire statistique de la France, entre 1906 et 1983, avant le lancement de la campagne de vaccination, le nombre de morts dus à la rougeole est passé de 3 754 à 20, soit une diminution de 99,5 % malgré une augmentation parallèle de la population de 33 % ? Ignore-t-il pareillement que son collègue, le Pr Lévy-Bruhl de l’Institut de veille sanitaire, a répondu, devant des milliers de téléspectateurs au cours de l’émission sur la santé de TV5 le 4 février 2009, à Jean-Marie Mora, Président de la Ligue pour la Liberté des vaccinations, qui lui demandait comment il était possible que de très nombreux cas de rougeole adviennent chez les vaccinés : « quand tout le monde est vacciné, ceux qui attrapent la maladie sont forcément vaccinés ».

    Il ne s’est sans doute pas rendu compte de sa bévue, qui implique que le vaccin contre la rougeole ne sert à rien si ce n’est à générer des effets secondaires alarmants, évidemment toujours niés par l’industrie. Quant à la vaccination contre le papillomavirus, elle est proposée aux filles entre 11 et 13 ans et non plus à 14 ans — c’est toujours ça de gagné pour les laboratoires — sous le prétexte que cette différence d’un an devrait permettre de « déconnecter de la délicate question de la sexualité ». On prend vraiment tous les gens, jeunes ou âgés, pour des idiots, d’autant que ce vaccin, commercialisé depuis des années et vendu aujourd’hui dans le monde entier à des millions de doses, n’a jamais démontré qu’il était capable d’éviter l’apparition d’un cancer du col ou d’un décès. Enfin, le vaccin contre les infections invasives à pneumocoque conjugué à 13 valences reste « recommandé » selon le schéma comportant deux injections à 2 mois et 4 mois. En revanche, le rappel est avancé à 11 mois alors qu’il se faisait antérieurement à 13-15 mois.

    Lorsque vous lisez cette longue liste de vaccins dont on ne différencie plus ceux qui sont obligatoires ou pas, ne croyez pas que, puisque vous êtes adultes et « bien vaccinés pour la vie » comme on nous le répète trop souvent, vous en avez fini avec toutes ces fortes recommandations. En effet, le calendrier qui ne s’adressait autrefois qu’aux enfants poursuit à présent les adultes, dont les rappels sont désormais recommandés à âges fixes, tout particulièrement avec l’instauration de rappels anti-diphtérie, tétanos et poliomyélite (dTP) aux âges de 25, 45 et 65 ans puis à 75 et 85 ans. 

Or, pour ces 3 vaccins, aucun texte légal ne prévoit ces rappels (décret n° 66-618 du 12 août 1966 et BEH 28-29 de 2004) quel que soit le vaccin utilisé. L’obligation est satisfaite par 3 injections à un mois d’intervalle et une injection dite de rappel un an après. On réclame pareillement un rappel de la coqueluche à l’âge de 25 ans sous le prétexte que ce rappel protège aussi les nourrissons de moins de 3 mois que l’on ne peut pas encore vacciner. En ce qui concerne le vaccin anti-Hépatite B, on nous rappelle que « si la vaccination n’a pas été effectuée au cours de la première année de vie, elle peut être réalisée jusqu’à 15 ans inclus. » À partir de 16 ans, elle est recommandée uniquement chez les personnes exposées au risque d’hépatite B. Nous sommes ici en plein délire. La plupart des enfants recevant le vaccin hexavalent ont ainsi déjà été vaccinés, la plupart sans le savoir, contre une maladie qui ne s’attrape que par des voies sexuelles ou des transfusions, donc des années après la vaccination qui n’est guère active aussi longtemps.

    Enfin, nous arrivons au vaccin anti-grippe. La vaccination est recommandée chaque année pour les personnes à risque y compris les enfants à partir de 6 mois, les femmes enceintes et pour toutes les personnes âgées de 65 ans et plus. On se demande pourquoi les femmes enceintes seraient plus vulnérables à la grippe que les autres. En pratique, les accidents graves et décès liés à la grippe sont tellement rares qu’il est quasiment impossible de mettre en évidence l’efficacité du vaccin sur la mortalité, à supposer que cette efficacité existe. N’oublions pas, entre autres, que le Dr J. Anthony Morris, virologiste et ancien chef du contrôle des vaccins qui travaille avec la FDA, donc bien placé pour savoir de quoi il parle, est catégorique : « Il n’existe aucune preuve que le vaccin contre la grippe soit utile. Ses fabricants savent bien qu’il ne sert à rien, mais ils continuent néanmoins à le vendre. » Et la Cochrane Library a publié une étude remarquable qui démontre qu’il n’existe aucune preuve de l’utilité des vaccins contre la grippe, qu’ils contiennent des virus vivants, atténués et tués, ou des fractions de virus tués, et que les seules études qui montrent des avantages sont financées par l’industrie qui est bien la seule à en tirer des bénéfices indéniables.

    Ce nouveau carnet de santé prouve, une fois de plus, que ceux qui l’ont élaboré sur des données épidémiologiques plus que contestables n’ont qu’un désir : imposer une idéologie sanitaire dogmatique, qui se contente de reprendre, année après année, des idées reçues qui ont été mille fois contestées mais répétées à l’envi par des médias corrompus, des citoyens désinformés sous l’emprise de la peur de la maladie et de la mort. Elles sont à présent considérées comme incontestables par une trop grande partie de la population qui ne réfléchit plus.

    Sylvie Simon

    http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article22799


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  • HOLLANDE SABORDE NOTRE SYSTEME DE SANTE

    Centre-Hospitalier-Sud-Paris.gif LA SANTE DES MALADES ET DES SOIGNANTS BRADEE AU PRIVE PAR

    LE GOUVERNEMENT HOLLANDE  

    Les deux textes qui suivent sont publiés par une revue médicale:

    Témoignage d'une infirmière: "Le partenariat public-privé met ma santé mentale en danger”

     Mme A.  est à bout. Elle n’en peut plus. Infirmière depuis trois ans au sein du centre hospitalier sud francilien (pour en savoir plus cliquez sur: link et surlink), elle décrit les “abominables” conditions de travail qui sont devenues son quotidien depuis la signature d’un accord de coopération de l’hôpital public avec la société privée Eiffage.

     "Depuis le déménagement dans le nouvel hôpital sud francilien, issu du partenariat public-privé avec Eiffage, mes conditions de travail sont devenues un enfer. Dans l’ancien hôpital, cela allait encore, bien que nous ayons déjà beaucoup de travail. Depuis le déménagement, on est submergé. C’est de l’esclavagisme. On parcourt des kilomètres de couloir pour faire la moindre démarche comme aller récupérer des résultats d’analyse. Ils ont réduit les effectifs pour un établissement beaucoup plus grand. Je ne comprends pas la logique.

     Pour faire encore plus d’économies, l’hôpital a commandé un audit pour chronométrer tous nos gestes. Bien sûr, tous les à côtés n'ont pas été comptés. Résultat, il faut tout faire encore plus vite. Trop vite. On bâcle le travail. On n’a plus le temps de parler aux patients. Je n’ai pas choisi d’être infirmière pour exercer de cette manière. Les rapports humains ont disparu de la profession. On pourrait nous remplacer par des robots. J’ai à peine fini avec un malade que j’ai déjà la main sur la poignée de porte pour aller en voir un autre. Il arrive que les patients sonnent pour nous appeler et que personne n’aille les voir par manque de temps. Lorsque c’est comme ça, on espère qu’il n’y a rien de grave pour eux. Et cela arrive tous les jours.

     Travail à la chaîne

    Cette course perpétuelle fait courir un danger aux malades et c’est terrible. Je travaille avec une boule au ventre dans la crainte de faire une erreur qui pourrait être irréparable. La direction est contente de nous voir travailler à la chaîne mais si demain il y a un problème, il n’y aura personne pour nous sortir de là. Je me rappelle par exemple le cas d’un patient admis dans le service. Il avait l’air d’aller bien. Le lendemain matin lorsque je suis arrivée, j’ai appris qu’un collègue l’avait retrouvé mort dans sa chambre. Les médecins nous disent que ce n’est pas de notre faute mais je sais que le patient n’avait pas été assez surveillé.

     Ce qui est terrible c’est que nous sommes tous à bout. Epuisés. Nous faisons environ deux heures supplémentaires par jour qui ne sont pas rémunérées. Quand ce n’est pas plus. L’ambiance dans le service est de plus en plus compliquée à gérer. Tout le monde se tire dans les pattes et se regarde de travers. Si on part sans avoir terminé quelque chose, cela fait du travail qui s’accumule en plus pour les collègues qui prennent la suite. Lorsque je quitte l’hôpital, je suis souvent en larmes. Mon état de fatigue et de stress se ressent aussi à la maison. Les relations avec mon mari sont de plus en plus tendues. Je sais que c’est de ma faute. Je deviens irascible. Un rien m’énerve. Je dors très mal la nuit.

     Je suis en plein burn-out

     Mon médecin veut m’arrêter. Je suis tremblante, j’ai des cernes. Je pense que je vais le faire. Je ne peux pas continuer comme ça. Je suis en plein burn-out. Ma santé mentale est en danger. Il va falloir que je me recentre sur moi-même et que je trouve une solution. Je vais aussi essayer de réfléchir à mon avenir. Je n’arrive pas à me projeter plus loin dans cet hôpital. J’adore mon métier mais je n’ai pas l’impression de le faire correctement. Je suis partie du privée pour venir à Evry, ce n’était pas une bonne idée. Même dans le privé les conditions de travail n’étaient pas aussi abominables.

     Ce partenariat public-privé est une catastrophe. La moindre démarche est compliquée. Le système informatique bug en permanence ce qui rend les télétransmissions impossibles. Plusieurs portes cassées attendent depuis des mois d’être réparées. Savoir qui doit réparer quoi est un véritable casse-tête. Des sonnettes, des tensiomètres et bien d’autres choses ne fonctionnent plus. Eiffage refuse d’intervenir.

     Les patients réalisent que les conditions d’hospitalisation se sont dégradées. Une chose est certaine, ma famille ne viendra jamais se faire soigner ici...”

     

     

    Industrie de santé : le gouvernement veut renforcer le partenariat public-privé

    Fioraso-Genevie-ve.jpeg "La ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso, a appelé à "renforcer le partenariat public-privé" et à "décloisonner" la recherche dans le secteur des industries de santé, en ouvrant dimanche à Lyon le Forum Biovision consacré aux sciences de la vie.

     Face à de "nouveaux défis" en matière de santé (allongement de la vie, maladies liées à l'environnement, cancer), "nous devons renforcer le partenariat public-privé" dans les secteurs de "l'industrie du médicament, du diagnostic, du dispositif médical et (des) biotechnologies", a dit la ministre. "Il nous faut plus que jamais décloisonner (...) la recherche académique et la recherche privée" et "resserrer les liens, du grand groupe à la start-up", a déclaré Mme Fioraso.

     Les effets positifs de la croissance des entreprises de santé sur l'environnement économique se sont accrus de 18% en dix ans, contre 6% dans le reste de l'industrie manufacturière, a fait valoir la ministre. Elle a également noté que le secteur des industries de santé représente 7% des exportations françaises, au 3ème rang après l'aéronautique et l'agro-alimentaire.

     Le directeur général du groupe Sanofi, Chris Viehbacher, a de son côté souligné l'importance des "partenariats" de coopération pour trouver des innovations de "rupture". En 2012, 39 nouveaux médicaments et vaccins ont été approuvés par l'agence américaine du médicament, la FDA, le niveau le plus élevé depuis 15 ans, et 40% venaient de "compagnies émergentes", a observé M. Viehbacher. Les biotechs "sont maintenant en mesure de déposer des demandes et de les commercialiser", a-t-il résumé.

     "Pour avancer, il faut des partenariats", a confirmé Jean-Marie Lehn, pris Nobel de chimie. "Si vous voulez transformer le savoir en action, le savoir en technologie, vous avez besoin de collaborations et de synergies", a-t-il dit.

     

    Bref, la grande misère de l'hôpital public n'intéresse pas la ministre ni le gouvernement. Les catastrophes du système anglais n'a pas traversé la manche. Hollande ne la traverse que pour aller dire à la City: continuez à faire du profit, je veille au grain!

    De même, l'échec et la dangerosité de la politqiue vaccinale n'est pas mise en question. 

    Le nombre de nouveaux cancers et le nombre de morts qu'ils provoquent augmentent d'année en année. Mais il n'est toujours pas question de mettre en place une politique de prévention, possible bon marché et nécessaire. Tous ceux qui dans les 8 ans déclarerons un cancer pourront dire merci à Madame Fioraso et à Monsieur Hollande!

    Les scandales à répétition : Médiator, prothèse mammaire PIP en silicone industriel, et le retour du distilbène etc etc, ne gènent en rien ce gouvernement et cette ministre qui ne trouve comme solution que de donner encore plus d'argent à l'industrie pharmaceutique qui étale au grand jour ses turpitudes.

    Ce gouvernement est totalement vendu à un mini groupuscule de marchands du temple qui en veulent toujours plus et prospèrent sur la santé et la mort des nôtres.

    Il est temps, grand temps de se révolter et d'exiger des comptes et un changement radical de politique. 

    Docteur Jacques Lacaze

     http://www.jacques-lacaze.com/


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  • L’’Hôpital debout’’ ! Les malades à genoux ?

    vendredi 5 avril 2013, par Ménard

    On ne compte plus les fermetures d’hôpitaux, le changement de majorité n’a rien changé !

    Chaque praticien sait combien il est difficile d’obtenir une place programmée dans un service hospitalier public. De plus, de manière sournoise, la difficulté est proportionnelle à différents facteurs concernant le malade : l’âge, la pathologie. Plus celle-ci est chronique, plus l’hospitalisation est difficile. Surtout, la vulnérabilité du malade constitue un facteur prohibitif à l’admission.

    Il est facile de comprendre que le niveau de productivité des actes effectués pendant les soins, ainsi que la valeur qui leur est impartie, sont déterminants pour l’attribution des places. Le cas le plus difficile est celui de la personne âgée, socialement isolée et en situation précaire. Ce constat ne veut pas dire qu’il y ait à l’entrée de chaque service un cerbère analyseur économique qui attribuerait les places. Le personnel des services est, dans la plupart des cas, toujours à la recherche de « la » place pour tenter de répondre à la demande du médecin traitant (c’est variable selon les CHU). Mais il faut raison garder : quand les pouvoirs publics font disparaître les lits d’hôpitaux, le moment arrive toujours où la demande est plus forte que l’offre et là, même en utilisant les couloirs, soigner à l’hôpital devient un exploit. C’est donc probablement pour sortir de ce scandale que l’Assistance publique des hôpitaux de Paris vient d’inventer « l’Hôpital debout » : elle a transformé le plus vieil hôpital de la capitale, l’Hôtel-Dieu, en un lieu où il n’y aura que de la consultation et des actes techniques.

    Puisqu’il n’y a plus de lits, il suffit de laisser le malade debout et le soigner dans cette posture. Puisque l’hôpital a décidé de vivre selon le principe de productivité, pourquoi donc perdre le temps de coucher le malade. L’essentiel de ce qui est produit étant des actes techniques, à quoi bon prévoir un hébergement. « L’Hôpital debout » devient un centre technique de réparation et d’entretien de la machine humaine, comme s’il s’agissait de n’importe quel modèle automobile. On rentre le matin pour suivre son programme, révision ou réparation, et l’on sort le soir. Cela peut paraître comme la démonstration de l’efficacité du progrès technique : les caméras des fibroscopes ce promènent dans tout le corps, les scanners et autre IRM observent tout ; à tel point que l’on ne sait plus à quoi correspond ce que l’on observe. Les robots opèrent, l’informatique compile les données, la médecine est devenue un écran plat.

    La pratique de cette médecine-là, ne guérit pas, elle répare. En ignorant la dimension humaine de la relation médecin-malade, on efface l’essentiel du rôle de la médecine qui est avant tout un accompagnement humain. Il n’est pas ringard de le dire, car si la médecine est capable de déboucher dans la journée une artère coronaire obstruée, nous savons que le meilleur de la médecine est de savoir empêcher que cette coronaire se rebouche. Qu’il n’y a pas de mérite à faire sortir la jeune mère dans les 48h post-accouchement quand on sait qu’une mère épuisée n’est pas disponible pour son bébé. Nous savons que le temps de l’hospitalisation est aussi le temps du dialogue, de l’échange des savoirs entre le médecin et le malade, c’est le temps d’une humanité qui soulage de la souffrance psychique, c’est le temps où la famille, les amis témoignent de leur amour. Certes, c’est un temps qui reste pénible, mais ô combien nécessaire à la guérison.

    Le malade, tripatouillé debout, va peut-être apprendre la nature de son mal dans la journée à « l’Hôpital debout » mais il en sortira à genoux, et il n’est pas bon de vivre à genoux, que l’on soit malade ou en bonne santé.

    http://www.pratiques.fr/L-Hopital-debout-Les-malades-a.html


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  • Coupes budgétaires

    Comment les plans d’austérité dégradent la santé des Européens

    Par Rachel Knaebel (4 avril 2013)

    Hausse généralisée des suicides et des troubles psychologiques, retour de maladies bannies comme la malaria, menace sur la santé des enfants des familles populaires… Tel est l’alarmant constat sur la santé des Européens que dresse une étude choc publiée par la revue médicale britannique The Lancet. En cause : l’orthodoxie économique et les plans d’austérité prônés dans toute l’Europe. L’étude dénonce également le silence des ministres de la Santé.

    En avril 2012, un retraité grec de 77 ans se suicidait en plein jour sur la place Syntagma d’Athènes, devant le Parlement. Le pharmacien à la retraite avait laissé une note : sa pension était devenue misérable et il ne voulait pas être réduit à fouiller les poubelles pour se nourrir. Son acte est devenu le symbole de l’explosion des suicides dans le pays. Leur nombre a augmenté de 40% en un an ! Plans d’austérité, baisse de revenus et chômage mèneraient-ils au suicide ?

    « Une hausse du chômage de plus de 3% dans un temps relativement court est associée à une augmentation d’environ 5% du taux des suicide et des blessures auto-infligées », estime, froidement, le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié début mars et consacré à l’Europe [1] En Grèce, le chômage a augmenté de 10% en seulement deux ans, pour atteindre 26,4% fin 2012...

    Il n’y a pas que les suicides. Dans son rapport « Crise financière, austérité et santé en Europe », publié le 27 mars, la revue médicale britannique The Lancet [2], dresse un constat alarmant : la santé des européens se dégrade, en particulier dans les pays frappés de plein fouet par les politiques d’austérité. Et confirme la hausse générale des suicides dans l’ensemble de l’Union européenne, dont la courbe s’envole depuis 2007, après une période de sept années de baisse constante.

    En Grèce : suicides, sida, malaria et dengue

    Selon les analyses du Lancet, les nouvelles infections au VIH chez les usagers de drogues par injection ont aussi explosé en Grèce ces deux dernières années. Avant l’austérité, sur la période 2007-2010, le pays comptait 10 à 15 nouvelles infections annuelles dans cette catégorie de population. Le chiffre est passé à 256 nouvelles infections en 2011 et à 314 pour les huit premiers mois de 2012 [3] ! Soit vingt fois plus !

    En cause : le recul de la prévention, avec, par exemple, l’arrêt des programmes d’échange de seringues depuis 2008. Le directeur de l’étude menée par The Lancet, Martin Mac Kee [4], signale même « la réapparition de la malaria et l’émergence de la dengue en Grèce ».

    En Espagne : la santé des enfants menacée

    Car les plans d’austérité mis en œuvre sous l’impulsion de la Commission européenne en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande ont touché de plein fouet les systèmes de santé. Le forfait à la charge des patients grecs a par exemple augmenté de 3 à 5 euros par consultation. Et le pays a supprimé 2 000 lits dans les hôpitaux publics. « En Grèce, la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, ndlr) a demandé à ce que les dépenses de santé ne représentent pas plus de 6% du PIB, notent les auteurs de l’étude, créant ainsi un précédent dans l’UE de prise du contrôle sur le système de santé national d’un État membre. »

    En Espagne, le gouvernement a adopté en 2012 un plan de réduction des dépenses de santé de 7 milliards d’euros sur deux ans. Le pays a ainsi exclu les sans papiers du système de soins, sauf pour les urgences. Et il a fermé ou privatisé des dizaines d’hôpitaux et de centres de santé. Les enfants ne sont pas épargnés : la proportion d’enfants vivant dans des familles sans emploi a été multipliée par trois en Catalogne [5], avec des conséquences certaines sur leur santé.

    Portugal et Irlande : baisse de la couverture santé

    Au Portugal, l’accord conclu en 2011 entre Lisbonne et la troïka prévoit une coupe de 670 millions d’euros dans la santé. Le reste à charge des patients a doublé – de 2,25 à 5 euros – pour une consultation en ville et jusqu’à 20 euros pour une visite aux urgences. Seuls les patients à bas revenus, les malades chroniques – si la visite est en lien avec leur maladie – et les personnes handicapées en sont exemptés. En Irlande, la couverture santé a été réduite pour les plus de 70 ans et même les bas revenus doivent maintenant payer un ticket modérateur.

    D’autres pays ont réduit leurs dépenses de santé à l’occasion de la crise. En plus de la Grèce et du Portugal, la Lettonie, la Slovénie et le Danemark ont accéléré la restructuration de leur secteur hospitalier. Et les professionnels de santé ont vu leurs salaires réduits en Grèce, au Portugal, en Irlande, mais aussi à Chypre, en Lituanie et en Roumanie.

    L’Islande en meilleure forme

    « De telles répercussions de la crise sur la santé ne sont toutefois pas inévitables », note la revue britannique, qui prend l’Islande en contre-exemple. Le premier pays touché par la crise financière « a rejeté l’orthodoxie économique qui se faisait l’avocate de l’austérité, a refusé d’être comptable de l’irresponsabilité de quelques banquiers et a investi dans son peuple », et a pu maintenir à niveau ses politiques de santé.

    Ailleurs, là où les services publics sont sacrifiés sur l’autel des économies budgétaires, la véritable ampleur des conséquences sur la santé des citoyens ne seront visibles que dans plusieurs années. Alors que les données financières sont mises à jour à la semaine près, il faut environ deux ans pour obtenir les données sanitaires des populations, notamment le suivi du taux de mortalité. Du coup, « l’analyse des effets immédiats de la crise sur la santé » est « impossible », soulignent les auteurs de l’étude.

    « Des ministres de la Santé bien silencieux »

    A leurs yeux, « les voix des responsables de la santé publique sont restées inaudibles dans le débat sur la réponse à apporter à la crise. Nombre de ministres de la Santé sont demeurés silencieux. Le directeur général chargé de la santé et de la protection du consommateur à la Commission européenne a l’obligation légale d’examiner les conséquences des politiques européennes sur la santé. Il ne l’a pas fait pour la politique d’austérité de la troïka. Au lieu de cela, il s’est limité à conseiller les différents ministères de la Santé des pays membres sur comment ils pouvaient couper dans leurs budgets ». Pendant ce temps, les gouvernements ont les yeux rivés sur le moindre point de croissance.

    « Une petite lueur d’espoir vient des organisations de la société civile européenne, dont les professionnels de santé, qui se sont prononcées sur les effets néfastes des coupes budgétaires en matière de santé et de dépenses sociales. La question est : quelqu’un les écoute-t-il ? », conclut l’étude. Le président du groupe des socialistes et sociaux-démocrates au Parlement européen, l’Autrichien Hannes Swoboda, a vite réagi à l’étude britannique. « Tous les rapports de la Commission devraient porter le label “L’austérité tue” », a-t-il déclaré le 27 mars. Sera-t-il entendu ?

    Rachel Knaebel

    Photo : Pedro Armestre

    Notes

    [1] Chez les moins de 65 ans. Source : “The European health report 2012 : charting the way to well-being”, p 78.

    [2] “Financial crisis, austerity, and health in Europe”, disponible ici.

    [3] Voir l’étude “European Centre for Disease Prevention and Control. Risk assessment on HIV in Greece”.

    [4] A écouter ici.

    [5] De 3,7% à 11,2% entre 2005 et 2010.

    http://www.bastamag.net/article3014.html


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  • Lente dégradation de l’assurance-maladie française

    D’autres pistes pour la santé publique

    Des dépassements d’honoraires qui atteignent des sommets dans certaines régions, un désert médical qui gagne du terrain dans les zones rurales ou les quartiers pauvres… En France, la santé est en péril. M. François Hollande a promis des changements, tout en prônant une « nouvelle rationalisation » des dépenses. Après quarante ans d’érosion continue du système de soins, la ministre Marisol Touraine osera-t-elle la rupture ?

    par André Grimaldi, Frédéric Pierru et Laurent Sedel, juin 2012

    Le système de santé français s’est construit sur une tension qui, désormais, le menace. En effet, la Sécurité sociale a permis de mutualiser plus de trois quarts des dépenses de soins grâce aux cotisations, alors que l’offre a toujours comporté une composante privée importante. Le corps médical n’ayant jamais vraiment accepté le principe des assurances sociales, la charte libérale de 1927 a gravé dans le marbre cinq principes fondamentaux : liberté de choix du médecin, respect du secret professionnel, liberté de prescription et d’installation, contrôle des malades par les caisses et des médecins par leurs syndicats, libre entente ou liberté pour le médecin de fixer le montant des honoraires qu’il réclame à son patient. Il fallut attendre 1971 pour que, au terme de conflits homériques, les syndicats de médecins libéraux acceptent d’abandonner le principe de la libre entente sur les honoraires au profit d’une convention nationale signée entre eux et l’assurance-maladie. Les médecins libéraux se considèrent néanmoins davantage comme des artisans indépendants que comme des acteurs du service public de la médecine de proximité. De même, le mouvement mutualiste, après avoir longtemps campé sur ses positions, a accepté dans les années 1950 le rôle qui lui incombe : couvrir le ticket modérateur de 20 % laissé à la charge des assurés sociaux.

    En 1980, la Sécurité sociale est à son apogée. Les assurés voient enfin leurs frais pris en charge à hauteur de 80 %, tandis que l’hôpital public bénéficie, depuis les années 1970, d’investissements importants en équipements et en salaires. Il en résulte un formidable essor qui améliore les conditions d’accueil des malades et l’efficacité des traitements.

    Ce progrès a cependant un coût : les dépenses augmentent rapidement, au moment même où la France entre dans la crise. Dès la seconde moitié des années 1970, des inspecteurs des finances, en lien avec le cabinet du premier ministre Raymond Barre, avaient élaboré deux scénarios. L’un consistait à instaurer, sur le modèle allemand (déjà !), une contrainte budgétaire pour l’ensemble du système de santé : la progression de l’enveloppe allouée ne devrait pas dépasser le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), de façon à stabiliser la part des dépenses dans la richesse nationale. L’autre scénario, imaginé à la fin des années 1970 par les inspecteurs des finances Simon Nora et Jean-Charles Naouri, suggérait de dérembourser le « petit risque », qui serait couvert par les assurances complémentaires, tandis que l’assurance-maladie obligatoire se concentrerait sur le « gros risque ». Pourtant, des experts signalent qu’un petit risque mal soigné, ou pas du tout, a de fortes chances de devenir un « gros risque » très coûteux. Le père de la Sécurité sociale, Pierre Laroque, juge, lors des Etats généraux de 1987, que ce partage est contraire au principe d’universalité inspirant le système français. Abandonnée, l’option va réapparaître au tournant du siècle... sous couvert de la sauvegarde de l’assurance-maladie.

    Patients sous pression

    Dès la fin des années 1980, les gouvernements de gauche puis de droite vont s’employer à imposer une « enveloppe globale », sur le modèle du premier scénario. En 1983, la dotation globale pour les hôpitaux remplace le prix de journée. Avec celui-ci, les établissements avaient économiquement intérêt à retenir le plus longtemps possible les patients afin de multiplier les journées ; avec la dotation globale, ils reçoivent une enveloppe budgétaire fermée et théoriquement contraignante (1) qui les incite à limiter la durée de séjour. De fait, la part des dépenses hospitalières diminue fortement dans les dépenses de soins à compter de la seconde moitié des années 1980. Mais ce succès reste partiel, car les composantes privées — cliniques, médecine libérale — opposent une résistance farouche à ce qu’elles dénoncent comme relevant d’une « maîtrise comptable ». Les syndicats de médecins libéraux les plus virulents refusent toute contrainte budgétaire a priori. C’est aussi vrai dans le secteur hospitalier, où maires, praticiens et syndicats s’efforcent d’atténuer la rigueur affichée des dotations globales.

    Tous entrent en guerre contre le plan Juppé de 1995, qui crée l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), voté dans le cadre du nouveau projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Il s’agit de faire reposer la maîtrise des dépenses sur les médecins, et non sur les seuls patients. Le courroux se manifestera d’abord dans les urnes, lors des élections législatives de 1997, ce qui contribuera à faire gagner la gauche. Puis les syndicats entameront une bataille juridique et obtiendront l’annulation de tous les dispositifs collectifs et individuels de sanction en cas de dépassement de l’Ondam. Celui-ci devient un simple curseur politique censé indiquer le degré de détermination gouvernementale à maîtriser les dépenses. Il sera toujours dépassé (sauf en 1997), et le gouvernement de la gauche plurielle garantira une partie importante des recettes de l’assurance-maladie par l’impôt, en créant la contribution sociale généralisée (CSG).

    Cet échec amènera le tournant néolibéral de la politique de santé. La droite, qui revient au pouvoir en 2002, a promis aux médecins qu’il « n’y aurait plus de trahison (2) ». Désormais, seuls les assurés sociaux supporteront le fardeau de la « maîtrise » des dépenses de santé, au nom de leur nécessaire « responsabilisation » et de la lutte contre les « abus » et les fraudes. En revanche, celles liées aux prélèvement sociaux — dont les montants se situeraient entre 13,5 et 15,8 milliards d’euros par an, selon l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (3) — ou aux bénéfices annuels à deux chiffres de l’industrie pharmaceutique ne seront guère mis en cause.

    Le tout nouveau Mouvement des entreprises de France (Medef), ancien Conseil national du patronat français (CNPF), désormais dominé par son aile bancaire et assurantielle, pousse dans cette direction : les 171 milliards d’euros de l’assurance-maladie aiguisent les appétits. MM. Claude Bébéar, Denis Kessler et François Ewald rivalisent d’ingéniosité pour élaborer des projets dans lesquels les assureurs, et plus généralement les complémentaires, disposeraient d’une place accrue. Ils sont bientôt rejoints par d’anciens socialistes, tel M. Gilles Johanet, qui, après avoir officié dans plusieurs cabinets ministériels, s’est recasé chez AGF (devenu Allianz) et propose en 2006 une assurance-maladie complémentaire très haut de gamme pour « cadres de haut niveau » — une « Sécu pour les riches ». Ils obtiennent gain de cause avec la réforme de l’assurance-maladie de 2004. Celle-ci les associe officiellement à la gestion du régime général, au même titre que les partenaires sociaux, qui ne rendent plus qu’un avis consultatif sur les décisions du directeur général.

    En effet, le véritable patron est désormais le directeur général de la Caisse nationale de l’assurance-maladie, un haut fonctionnaire nommé en conseil des ministres. On redécouvre les « vertus » du projet Nora-Naouri : de franchises en hausse de forfaits en passant par les vagues de déremboursements, le taux de prise en charge des soins courants tombe à 50 % en 2011 (4). Les assureurs, les instituts de prévoyance et les mutuelles — contraintes de s’aligner sur les compagnies privées en raison du démantèlement du code de la mutualité sous la houlette de l’Union européenne — sont appelés à couvrir le « petit risque », c’est-à-dire les soins hors hospitalisation et hors affections de longue durée (ALD).

    Dans le même temps, ce que l’on peut appeler l’« Etat sanitaire » se renforce. Hier nain administratif et politique, il connaît, au niveau national, un afflux exceptionnel de moyens matériels et humains comme de capacités d’expertise. La maîtrise des dépenses ainsi que la multiplication des scandales de santé publique à partir de l’affaire du sang contaminé (1991) conduisent les responsables politiques à se doter d’une administration plus étoffée. Lorsque survient l’épidémie de sida-VIH, au début des années 1980, seules deux personnes s’occupent, dans un bureau de la direction générale de la santé, des maladies infectieuses ou transmissibles que les médecins et biologistes signalent à l’administration de la santé (maladies à déclaration obligatoire) ; en 2007, la surveillance épidémiologique de la population est assurée par l’Institut de veille sanitaire (INVS), qui emploie près de trois cent quatre-vingts personnes (5). Les maigres services déconcentrés de l’Etat (partie « santé » des directions départementales et régionales des affaires sanitaires et sociales, agences régionales de l’hospitalisation) et les services régionaux de l’assurance-maladie sont fusionnés, en 2010, au sein des agences régionales de santé (ARS). De nouveaux instruments d’action publique sont déployés, comme la « contractualisation » en cascade : tous les échelons de l’administration sanitaire sont liés les uns aux autres par des contrats pluriannuels qui déclinent les objectifs et les moyens alloués, dessinant ainsi une chaîne hiérarchique très « nouvelle gestion publique ». Bref, l’Etat sanitaire n’a jamais été aussi fort, au moins au niveau national (6). Est-ce à dire que l’on assiste à une dynamique inverse à celle qui démantèle l’Etat social d’après-guerre (7) ?

    En se renforçant, l’Etat sanitaire, conformément aux préceptes du « nouveau management public » désormais en vogue dans tous les pays développés, a changé de nature. Le lancement de la révision générale des politiques publiques, en 2007, dans le sillage de l’élection de M. Nicolas Sarkozy, a consacré la dynamique enclenchée par la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), laquelle, votée en 2001, sous le gouvernement de M. Lionel Jospin, réforme la gestion des finances publiques. En matière de financement et d’offre de soins, l’Etat délègue à des opérateurs publics et privés en concurrence des missions relevant traditionnellement du service public. Nous sommes entrés dans l’ère de l’« Etat-providence délégué » (delegated welfare state), mécanisme bien connu aux Etats-Unis : il s’agit de « transférer la gestion des fonds publics destinés aux prestations sociales à des acteurs non étatiques. Plutôt que de mettre en place des agences et des administrations publiques pour atteindre un certain nombre d’objectifs, comme la distribution de prestations sociales ou la fourniture de services publics, les objectifs collectifs sont atteints au moyen d’entités privées qui peuvent être aussi bien à but lucratif que non lucratif (8) ».

    La coalition libérale qui avait combattu, en 1945-1950, l’édification de la Sécurité sociale prend sa revanche. Les assurances-maladie complémentaires lorgnent sur la prise en charge du « petit risque », rentable. Engagée dans une révolution conservatrice, la médecine libérale souhaite en revenir à l’application intégrale des principes de 1927, notamment la liberté de fixer les honoraires ; les chaînes de cliniques ont même récemment proposé de gérer les hôpitaux publics déficitaires (9). La pratique des dépassements se banalise et leurs montants explosent.

    Vers une prise en charge à 100%

    En 2009, la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) pulvérise, en le rétrécissant, le service public hospitalier en une liste très limitative de quatorze missions qui peuvent être allouées discrétionnairement aux établissements publics et privés, tandis que la tarification à l’activité et la convergence des tarifs public-privé font plonger dans le rouge les comptes des établissements publics, justifiant ainsi les suppressions de postes. De plus, les coûts politiques de la réorganisation de la médecine de ville (négociation des tarifs, conventionnement sélectif des médecins selon des critères de « performance » et de « qualité », etc.), face à des syndicats médicaux sourcilleux, sont peu à peu transférés aux assurances complémentaires, qui la financent de plus en plus. C’est à l’assuré social, sommé de devenir un consommateur avisé, de faire le bon choix en matière de contrats d’assurance ou de structures hospitalières, ou à l’individu, promu « gestionnaire de son capital santé », d’adopter des comportements « sains ».

    Surtout, les réformes induisent un rationnement individualisé des soins, qui devient politiquement invisible parce qu’il est assuré au quotidien par des pratiques médicales enserrées dans un carcan de contraintes budgétaires, de protocoles et de normes (10). Autrement dit, l’« Etat-providence délégué » permet un grand transfert de risques vers les médecins, sommés de rationner les soins, et vers les patients-consommateurs, rendus responsables de leur sort. La stratégie de la délégation vise également à montrer aux « marchés » et aux institutions européennes la détermination du gouvernement à limiter les dépenses publiques de santé, espérant ainsi sauvegarder le sacro-saint triple A. En vain.

    Pour refermer cette parenthèse néolibérale, il faudrait mettre fin à la dilution des quatre services publics-clés de la santé : Sécurité sociale, médecine de proximité, hôpital et, enfin, sécurité sanitaire et prévention collective. Il est nécessaire de revenir à un taux de remboursement de 80 % des dépenses de soins par la Sécurité sociale. On peut même, à terme, envisager la suppression complète des assurances-maladie complémentaires, avec un taux de prise en charge publique de 100 %. A condition toutefois de mieux rémunérer les actes en fonction de leur pertinence, de leur utilité et de leur qualité, ce qui est loin d’être la règle, et de revoir le périmètre des soins et actes couverts selon le principe de l’évaluation coût-utilité.

    La Sécurité sociale, c’est-à-dire l’argent des assurés sociaux, n’a pas vocation à étoffer les revenus et les profits des professionnels et de l’industrie sans contrepartie pour la santé de la population. Quitte à s’inspirer du « modèle allemand », autant regarder ce qui marche : le régime local d’Alsace-Moselle, calqué sur l’assurance-maladie allemande, rembourse mieux que le régime général, pour un coût légèrement supérieur, et dégage même un excédent financier…

    André Grimaldi

    Professeur de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, auteur de L’Hôpital malade de la rentabilité, Fayard, Paris, 2009.

    Frédéric Pierru

    Politiste et sociologue, chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS - Ceraps - Lille-II), coauteur de L’Hôpital en réanimation, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2011.

    Laurent Sedel

    Chirurgien hospitalier, ancien directeur de recherche au CNRS, auteur d’Il faut sauver les malades !, Albin Michel, Paris, 2011.

    (1) Théoriquement car, dans les faits, les coalitions locales emmenées par les maires-présidents des conseils d’administration ont su faire jouer leurs relais politiques au niveau national pour contourner ou adoucir la contrainte budgétaire.

    (2) Gérard Badou, «  Les médecins, victimes ou coupables  ?  », L’Express, Paris, 18 janvier 1996.

    (3) Dominique Tian, «  Rapport d’information sur la fraude sociale  », n° 3603, Assemblée nationale, 28 juin 2011.

    (4) Pierre-Louis Bras et Didier Tabuteau, Les Assurances maladie, Presses universitaires de France (PUF), coll. «  Que sais-je  ?  », Paris, 2012.

    (5) Site Internet de l’INVS.

    (6) Ce n’est pas vrai au niveau départemental, où l’on assiste, au contraire, à un désengagement de l’Etat avec la mise en œuvre de la révision générale des politiques publiques.

    (7) Cf. Laurent Bonelli et Willy Pelletier (sous la dir. de), L’Etat démantelé. Enquête sur une révolution silencieuse, La Découverte - Le Monde diplomatique, Paris, 2010.

    (8) Kimberly J. Morgan et Andrea Louise Campbell, The Delegated Welfare State. Medicare, Markets, and the Governance of Social Policy, Oxford University Press, 2011.

    (9) Communiqué de presse de la Fédération de l’hospitalisation privée, 26 janvier 2012.

    (10) Julien Dumesnil, Art médical et normalisation du soin, PUF, Paris, 2009.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/06/GRIMALDI/47859


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  • BIG PHARMA EN ACCUSATION - SI VOUS AVEZ RATE L'EMISSION....

    Bonnet-Sophie.jpgLaboratoires

    pharmaceutiques,

    un lobby en pleine santé

     

    Il était une fois une très fine journaliste de Capa nommé Sophie Bonnet (en photo de dos) , qui confia à un confrère la mission de se faire recruter pour six mois comme stagiaire dans le service marketing d’une importante firme pharmaceutique française. Capa lui confia une caméra cachée. La firme lui donna un bureau, un portable et le code intranet dont la jeune recrue ferait bon usage le soir une fois rentré a la maison.

    Sophie Bonnet de son côté s’en alla promener sa caméra cachée parmi le petit monde tout aussi fermé des visiteurs médicaux qui lui ont confié des choses comme ça : "On nous demande en formation de ne pas trop insister sur les effets secondaires. Ca peut être un problème d’avancer des qualités sur le médicament qui ne sont pas vérifiées scientifiquement." Nous avons rencontré cette journaliste embedded. Son documentaire, "Laboratoires pharmaceutiques, un lobby en pleine santé", passe ce vendredi sur France 2, à 22h25, dans la série "Les Infiltrés".

    Pour voir la suite: link

     

    Et pour revoir l'émission :  link

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    Y a t il une solution aux problèmes posé par l'industrie pharmaceutique? C'est à mon sens la question centrale. Et ma réponse est non! Du moins dans le cadre d'une industrie basée sur le profit capitaliste et donc la recherche du profit maximum et immédiat. Les scandales se suivent et se ressemblent! Et surtout durent depuis des décennies. Les énumérer serait beaucoup trop long. Et chacun sait que des milliers de médicaments dangereux sont prescrits chaque jour.

    Les pharmacies centrales des hôpitaux. A la Libération en 1945 des pharmacies Centrales ont été créées dans les grands centre hospitaliers qui commençaient à se développer. Leur fonction était de concevoir des médicaments et de les diffuser dans les hôpitaux et même auprès des médecins de terrain. Le travail de recherche s'appuyait bien entendu sur les services universitaires équipés pour, et la mise en place d'unités de production. Ces pharmacies se sont vite trouvées en concurrence avec l'industrie pharmaceutique qui se développait rapidement. Et très rapidement le choix des gouvernants sera de réduire les possibilités de ces pharmacies centrales. Actuellement elles sont des intermédiaires avec les industriels et fournissent des produits qui sont une charge sans rapport pour ces industriels.

    Imaginer que l'Etat qui s'est toujours mis au service du capitalisme ( exception de la courte période 45-48) allait protéger ces pharmacies centrales contre le privé relève du rêve éveillé. Et ce d'autant qu'actuellement cette industrie pharmaceutique est une des industries les plus prospère avec beaucoup de salariés. Et manifestement pour les gouvernants de droite et de gauche, il n'est pas question de mettre des bâtons dans les roues de cette industrie.

    Le livre" Notre usine est un roman" décrit l'évolution du Laboratoire Roussel-Uclaf par des syndicalistes et des salariés, anciens salariés, chercheurs ... de cette usine. Une véritable leçon de choses pour comprendre comment on passe d'une entreprise issue d'un capitalisme familial proposant des médicaments nécessaires à la grande industrie spéculative se moquant éperdument  de l'éthique ayant les yeux fixés sur les profits.

    A mon sens le problème posé est  de trouver une solution pour que cette industrie ne soit plus régie par le système de recherche du profit (nationalisation  avec contrôle des citoyens usagers serait une solution, mais d'autres solutions sont possibles). Pour moi cela veut dire qu'il faut changer de société et lutter pour mettre en place à contre courant du mouvement actuel qui privatise tout, une société réellement au service de tous.   

    Jacques Lacaze

    http://www.jacques-lacaze.com/


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