• Libye  : Une intellectuelle américaine décrypte la manip Sarko-BHL


    de : Le Monde
    mardi 29 mars 2011 (12h43) 1 commentaire

    29 mars 2011 LIBYE - Fait-on la guerre pour la popularité de Sarkozy ?

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne 

    Plus d’une semaine après le début de l’intervention militaire internationale en Libye, l’éditorialiste américaine Anne Applebaum n’y va pas par quatre chemins et s’interroge publiquement sur Slate.com : “Le président français a-t-il défendu l’intervention en Libye pour avoir de meilleures chances d’être réélu ?”

    Depuis le début de cette intervention militaire, la France a en effet joué un rôle prépondérant. Paris a été le premier pays à reconnaître officiellement les rebelles libyens du Conseil national de transition. L’article rappelle que c’est surtout grâce à Bernard-Henri Lévy, “philosophe-pop tellement français qu’il n’y a pas d’équivalent américain”.

    “Nous n’avons pas de philosophes qui portent des chemises déboutonnées, épousent des actrices blondes, et choisissent avec enthousiasme un camp dans des guerres au Bangladesh, en Angola, au Rwanda, en Bosnie.”

    La diplomatie française a également largement contribué à faire adopter la résolution 1973 à l’ONU. Et le gouvernement français a pris les devants politiques, en organisant un sommet à Paris pour acter le début des bombardements.

    Sarkozy espère clairement que l’aventure libyenne va le rendre populaire, écrit Anna Applebaum, avant de raconter l’anecdote suivante :

    “Personne ne s’en étonne, d’ailleurs. Lors d’une conférence de presse à Bruxelles, la semaine dernière, j’ai vu un participant français se vanter du rôle de la France dans la campagne aérienne en Libye. A peine une minute plus tard, il était tout à fait d’accord pour dire que cette guerre était un stratagème pour aider à la réélection de Sarkozy.”

    Pour Anne Applebaum, les Etats-Unis sont désormais embarqués dans une intervention militaire dont les buts ne sont pas précis et l’issue plus qu’incertaine. L’Union européenne, elle, ressort de cette guerre en très mauvaise posture. “Si le but de Sarkozy était d’exposer la faiblesse et les incohérences de la diplomatie européenne, il n’aurait pu mieux faire”, écrit-elle.

    Pour étayer son analyse, l’éditorialiste fait ensuite un paralèlle entre les bombardements en Libye et les élections cantonales en France :

    “Les socialistes français ont triomphé lors d’élections locales ce week-end. Les rebelles libyens ont triomphé à Brega et Ras Lanouf. En France, les regards sont déjà tournés vers l’élection présidentielle de 2012. En Libye, le regard des rebelles est tourné vers Tripoli. Vous ne pensez pas que ces choses sont liées. Mais, bien entendu, elles le sont.”

    Elle conclut en disant que pour Nicolas Sarkozy – “un président français dont l’empressement à prendre de vrais risques pour jouer un rôle, n’importe quel rôle (…), est sans précédent” –, cela se joue désormais “à quitte ou double”.


    De : Le Monde
    mardi 29 mars 2011

    Anne Applebaum  Née à Washington, DC en 1964, elle est diplômée de la Sidwell Friends School en 1982. Elle fréquente l’Université Yale, puis la London School of Economics et le Saint Antony’s College à l’Université d’Oxford, avant de s’installer à Varsovie en 1988. En tant que journaliste pour The Economist, elle a couvert les changements sociaux et politiques en Europe de l’Est, avant et après la chute du mur de Berlin en 1989. En 1992, elle est récompensée par le Charles Douglas-Home Memorial Trust Award.

    Son œuvre la plus connue est sa synthèse sur l’histoire du Goulag, saluée par la critique, et qui comble un vide non négligeable dans l’historiographie. Achevé en 2003 au terme de plusieurs années de recherches et d’enquête sur les lieux, le livre a été traduit en de nombreuses langues. C’est cet ouvrage qui lui a valu le prix Pulitzer, la plus haute distinction journalistique américaine. Sa traduction française, Goulag. Une histoire, a paru en 2005 chez Grasset.

    (Source : Wikipédia)


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  • Libye: l'étrange déclaration Sarkozy-Cameron 

    sarkozy-cameron.jpg

    A 16h 30, l'Elysée et le 10 Downing Street ont publié ensemble une déclaration sur la Libye, en préparation de la réunion de Londres de demain. 

    Outre son appel désormais classique au départ de Kadhafi et à la défection de ses affidés, le texte franco-britannique  (que vous trouverez ici: le texte de la déclaration.doc) contient des passages - et des omissions - pour le moins étranges. 

    - Il y est affirmé que l'intervention militaire a permis de sauver des "centaines de milliers de personnes d'une catastrophe humanitaire annoncée". D'où vient ce chiffre très important? Mystère.

    - Il n'y est pas fait mention de l'initiative diplomatique franco-britannique que le président Sarkozy a évoquée il y a quelques jours.

     - Il n'y est pas fait mention non plus d'un contrôle "politique" des opérations militaires, contrôle qui devait pourtant, selon Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, être l'objet même de la réunion de demain.  

    - Il présente des buts de guerre confus. Il y est dit que la réunion de demain sera occasion pour la communauté internationale d'exprimer son soutien au "peuple libyen dans sa lutte visant à faire tomber une dictature violente". Qu'est-ce que ce soutien? Un soutien militaire pour renverser Kadhafi? 

    Il semble que ce texte, rédigé à la hâte, ait pour objectif premier de contrer l'initiative diplomatique germano-italienne qui devrait être présentée demain et qui comprend un cessez le feu garanti par l'Onu, un "couloir humanitaire permanent", une consultation des tribus (et non du Conseil National de Transition cher à Nicolas Sarkozy) et, pour les Italiens, un exil de Kadhafi.

    Une belle cacophonie européenne en perspective!

    http://globe.blogs.nouvelobs.com


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  • Les réalités de la guerre en Libye 


    Louis-Dalmas.jpgLe nuage de morale martiale et "droitdel’hommiste" vaporisé par nos politiciens sur la guerre en Libye cache un certain nombre de réalités qu’il est utile de rappeler.Par Louis Dalmas *

    1) La “révolte“ libyenne n’a rien à voir avec les soulèvements populaires en Tunisie, Egypte et autres Etats arabes. Elle est une opposition politique de rivaux de Kadhafi, préparée et entretenue de l’étranger pour des motifs stratégiques (comme les “révolutions de couleur“ dans le Moyen Orient), et très différente des manifestations de masses spontanées contre les injustices et inégalités sociales de régimes quasi-féodaux.
    2) Un détail est à noter : le foyer de la “rébellion“ – l’est de la Libye, la Cyrénaïque – se recommande d’objectifs religieux et monarchiques (complètement absents des autres insurrections) et a envoyé plus d’hommes combattre l’invasion US en Irak que tous les autres pays arabes.
    3) La guerre à Kadhafi n’a rien d’une expédition humanitaire. Elle n’est qu’un épisode de plus dans la traque des chefs d’Etats de taille moyenne (Russie et Chine étant de trop gros morceaux) résistant au Nouvel ordre mondial, qui doivent être éliminés le uns après les autres. Ceaucescu, Milosevic, Noriega, Saddam Hussein l’ont déjà été. Ahmadinejad, Lukashenko, Gbagbo, Chavez sont en point de mire. Ils n’avaient –et n’ont – rien de commun, si ce n’est leur insubordination, qui suffit à les désigner comme cibles.
    4) Cette guerre a bien entendu comme enjeu principal le contrôle des sources de pétrole et de gaz. Pour donner une idée de son importance, le géant anglais BP a pour plus de 15 milliards de dollars de contrats d’exploitation offshore avec la Libye.
    5) Kadhafi a sans doute beaucoup de défauts, mais il a aussi reparti dans son peuple une partie de la manne pétrolière. Par exemple, la Libye a le meilleur Indice de développement humain (IDH) de toute l’Afrique.
    6) La notion d’ingérence “humanitaire“ s’est perfectionnée : elle est devenue totalement préventive. Elle repose toujours sur des mensonges (les “épurations ethniques“ de Milosevic ou les “armes de destruction massive” de Saddam), mais elle se justifie désormais par une simple intention. Plus la peine de dire “le criminel a commis des crimes (même inventés) ; il suffit d’affirmer qu’il va les commettre. Kadhafi n’a encore massacré personne, mais il va noyer Benghazi dans un bain de sang.
    7) Le soit-disant mandat de la Ligue arabe n’a été “voté“ que par 11 membres présents à la réunion (sur 22) dont deux – la Syrie et l’Algérie – se sont prononcés contre. Les grands médias ont complètement ignoré la résolution vigoureusement négative de l’Union africaine, qui compte 53 pays membres, et qui s’est prononcée contre toute intervention, et même contre toute interdiction de vol.
    8) L’unanimité guerrière proclamée par Sarkozy et ses médias aux ordres est un mythe : l’Allemagne, l’Italie, la Russie, la Chine, la Turquie, d’autres pays de l’Union européenne, le Vénézuéla et une grande partie de l’Amérique latine ont exprimé de vives réticences. Même le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est revenu sur son premier accord.
    9) La profondeur du gouffre séparant les peuples de leurs dirigeants – que j’ai décrite dans mes deux derniers livres – se constate à nouveau : en Grande-Bretagne, par exemple, les députés de la Chambre des Communes ont approuvé l’engagement militaire anglais par 557 voix contre 13, alors qu’un sondage montrait au même moment que 54 % des interrogés s’opposaient à ce que leurs soldats meurent pour les insurgés libyens et que 43 % désapprouvaient les frappes aériennes.
    10) Le premier assentiment de la Ligue arabe a été le résultat d’un marché, d’un message aux divers chefs d’Etats quasi-féodaux : vous justifiez notre intervention ; en échange, on ferme les yeux sur vos écrasements de soulèvements populaires. Résultat : des répressions violentes en Arabie Saoudite, au Bahrein, en Jordanie, au Yemen, en Syrie, en Algérie, au Maroc, dont certaines comparables à celles reprochées à Kadhafi. Et une reprise en mains soigneusement calculée en Tunisie et en Egypte.
    11) Les ambassadeurs des pays de l’UE restés à Tripoli (Italie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Grèce, Pays-Bas, Malte et Chypre – les autres étant partis) ont soutenu, le 8 mars, la proposition de Kadhafi de créer une commission de l’ONU indépendante qui enquêterait sur les accusations d’abus des droits de l’homme en Libye. Elle n’a obtenu aucune réponse.
    12) Quelles que soient les déclarations rassurantes, toute guerre fait des victimes civiles, soit en les tuant directement, soit en détruisant les infrastructures de leur pays, Les morts sont souvent plus nombreuses que celles causées par le “tyran“ que l’on combat. Les ruines de la Yougoslavie, de l’Afghanistan et de l’Irak sont là pour en témoigner.
    13) Si l’on ajoute à ces différents faits qui ôtent toute crédibilité à la version officielle, la honte de voir le ministère français des Affaires étrangères désormais dirigé par un pseudo philosophe mythomane et menteur – à la grande fureur de Juppé qui n’en démissionne pas pour autant – on aura une idée de l’abîme dans lequel sombre une France dirigée par un matamore épileptique au service des Etats-Unis.


    * Journaliste et écrivain


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  • 25/03/2011 | Mise à jour : 10:47 Réactions (100)
    Nicolas Sarkozy en conversation avec le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, jeudi à Bruxelles.
    Nicolas Sarkozy en conversation avec le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, jeudi à Bruxelles.Crédits photo : Yves Logghe/AP

    L'Europe cherche à promouvoir une forme de réconciliation nationale. 

    De notre correspondant à Bruxelles

    Difficile d'organiser une sortie de crise au bout de cinq jours d'une offensive aérienne qui déchire l'Europe, laisse indemne l'ennemi public numéro un et risque de durer. Mais deux semaines après avoir décidé d'user «de toutes les options nécessaires» contre Kadhafi, les Vingt-Sept devaient s'attaquer jeudi soir au seul sujet susceptible de les rassembler: que faire le jour d'après, quand les armes auront cessé de parler?

    Les urgences, du rôle militaire à confier à l'Otan à l'aide humanitaire en passant par l'éventuel afflux de clandestins, auront laissé peu de temps aux chefs d'État et de gouvernement pour dresser des plans d'avenir. Mais l'UE, laissée en première ligne d'une guerre que Barack Obama ne veut pas conduire, doit revenir à l'objectif qu'elle s'est elle-même assignée: «En fin de parcours, il faudra bien asseoir tous les Libyens à une même table et transformer ce pays», insiste un représentant européen. En clair, il s'agit de trouver la porte de sortie et d'amener la Libye sur le même itinéraire de réformes que la Tunisie et l'Égypte.

    Le préalable absolu est l'élimination politique de Kadhafi, qu'il disparaisse sous les bombes, choisisse l'exil comme Ben Ali ou rejoigne une discrète retraite comme Moubarak. C'est d'ailleurs le seul principe d'action qui réunisse sur une même ligne les Européens, les insurgés libyens, les Américains et la Ligue arabe. «Tout pourrait revenir dans l'ordre, si seulement le Guide jetait l'éponge!», lâchait Hillary Clinton il y a quelques jours.

    Les alliés cherchent encore dans le ciel libyen les moyens d'y parvenir. Pourtant, les heures qui ont conduit au sommet de jeudi ont vu s'additionner, mezzo voce, les appels européens en vue d'une forme de réconciliation nationale, une fois l'orage passé. Signe qui ne trompe pas, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, va convier, mardi à Londres, le Conseil national de transition libyen (CNT), porte-parole de l'insurrection, pour une conférence internationale annoncée comme décisive.

    Il est prématuré de jouer la carte de la diplomatie, mais le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, ne désespère pas de son côté de lancer une «médiation» avec Tripoli si le colonel Kadhafi consent à s'effacer après avoir cessé les hostilités. Du côté français, l'idée est aussi de passer sans trop tarder «à la phase politique» de la gestion de crise. Autrement dit, il n'est pas trop tôt pour en débattre à Vingt-Sept.

    Remettre Tripoli dans le jeu 

    Sous quelle forme? Le sommet européen, laisse-t-on entendre, pourrait avancer sur la ligne arrêtée par les Vingt-Sept le 11 mars, à savoir la recherche en Libye d'«un dialogue qui repose sur une large assise» politique. D'un côté, il faudrait aller chercher des interlocuteurs au-delà de Benghazi et du CNT. De l'autre, afin d'éviter l'éclatement du pays, il s'agirait de remettre Tripoli dans le jeu - à l'exception, bien sûr, de Kadhafi, de son clan et de tous ceux qui ont du sang sur les mains. Les paris sont ouverts…

    Plus concrètement, le sommet avait à préciser les conditions de son aide humanitaire à la Libye, après avoir abandonné les opérations militaires à l'Otan. Les Vingt-Sept voulaient aussi augmenter leur aide économique à la région et préparer l'éventuel afflux d'immigrants clandestins venus d'une Afrique du Nord déstabilisée.

    http://www.lefigaro.fr/international/


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  • mardi 22 mars 2011

    Non à la guerre de Libye! 


    On part la fleur au fusil et on revient avec des fleurs sur la tombe. Ainsi vont les guerres avec toujours ce cortège d'images enthousiastes de ces combattants brandissant leurs armes et puis les mêmes, cette fois pleurant la mort de leurs compagnons.

    Dans un camp comme dans l’autre, ils sont tous semblables : De « La Liberté guidant le Peuple » de Delacroix, à la fameuse photo de Cappa sur la guerre d’Espagne et aux représentations mythiques de la guerre, on retrouvera toujours cette même exaltation qui sème la violence et la mort depuis l’aube de l’humanité. La liberté ou la mort ! Tu parles ! Idéologies corsetées par et pour ceux qui s’en repaissent ! Thèses, antithèses, foutaises !

    La victoire en chantant ce n’est pourtant pas pour la chair à canons mais bien pour ceux qui, au loin, calculent et spéculent, tissent leurs lauriers sur des champs d’os et de larmes ravagés par leur seule ambition. Mais par magie, ça marche. La magie. Oui, ce truc qui consiste à montrer ce que fait la main droite tandis que la main gauche traficote et vous roule !

    La magie : l’art de la politique. Diversion, propagande, poudre aux yeux, flonflons, Mirages… Images de mères regardant le porte avion glisser sur les flots, les larmes, les mains s’agitant au ciel dans un adieu, les mêmes images se superposant à celle des siècles passés, tissant l’épopée d’une nation à grands flots de mensonges et de sang… La grande boucherie de l’Histoire avec sa belle vitrine ! Approchez, approchez, du sang, du sang, y’en aura pour tout le monde, tiens t’auras du boudin !

    Plus que jamais : Vive Céline !
    Relisez ce début du « Voyage au bout de la nuit ». Regardez les ces « héros » ! Ou bien encore Zola : « La débâcle » pour cette guerre de 1870 qui vit Napoléon III s’effondrer à Sedan. Napoléon le petit. L’Histoire se répète-t-elle ?
    Napoléon III qui se croyait soutenu dans sa guerre par l’Italie et l’Autriche-Hongrie, espérant un soutien diplomatique de l’Angleterre et de la Russie, se retrouva seul.

    Aujourd’hui, quelques jours après le déclenchement des opérations en Libye, les américains envisagent déjà de se défiler, les norvégiens pressentis s’en vont et la ligue arabe et tant d’autres commencent à se demander dans quel bourbier ils se sont laissés entraîner. La coalition s’effrite. On se mord les doigts de s’être laissés entraîner si vite quand seul Sarkozy à intérêt à cette guerre.

    Sarkozy ! Rappelons-nous, c’était en décembre, son ultimatum de 48 heures à Laurent Gbagbo !
    Tiens, encore là, celui-là ?
    Et que ses milices aient assassiné de sang froid quelques manifestantes pacifistes pour célébrer « la journée de la femme » cela n’aura guère ému nos médias et, encore moins, Notre Président...
    Mais à la Côte d’Ivoire on préféra la Libye, allez savoir pourquoi ! A la guerre comme à la guerre! Après tout, plutôt que des noirs, des arabes feront bien l'affaire!

    Les Droits de l’Homme, la protection des victimes ! Allons, allons… Plus sûrement quelques intérêts que vous n’avez pas à connaître. Alors aux oubliettes les ivoiriens et le coup de menton de l’ultimatum !

    Sauf que Sarkozy risque finalement le même sort que Napoléon III : la défaite. L’armée lybienne tient bon, le peuple lybien ne se révolte pas à Tripoli, les bombes tomberont et alors ? Une semaine, un mois, un an, et après ? Pendant ce temps l’exaltation guerrière retombe et alors c’est la débandade.

    Alors qu’on parlait d’Europe et de politique étrangère commune, c’est Sarkozy qui casse tout cela en tournant délibérément le dos à l’Allemagne pendant que Malte et Chypre refusent leur territoire à la coalition.
    L’Italie comme d’autres regardent ailleurs. .. Et ceux-là même qui se sont laissés entraîner par Notre va-t-en guerre, risquent aussi de le lui faire payer. Et chèrement. Sauf que c’est nous qui paierons l’addition !

    Arrêtez la folie Sarkozy! Arrêtez cette guerre !

    P.S: «L'envoi d'une force d'occupation au sol est explicitement exclu», assure le Premier ministre. Mais, implicitement? Fillon ajoute: «2011 devra être aussi être celle de la création d'un état palestinien vivant en paix au côté d'Israël» Et pourquoi pas des cocotiers au Groënland?


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  • Libye : les manipulations de la gouvernance

     

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne
    Pierre PICCININ
     

    Présenté par la France, avec l’appui de la Grande-Bretagne, le texte de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU, voté ce 17 mars, constitue un nouveau pied de nez de la « gouvernance » pour le droit international, c’est-à-dire d’un interventionnisme arbitraire, comme au Kosovo, comme en Irak, comme en Afghanistan.

    Cette résolution, en effet, présente un caractère aberrant et constitue un lourd précédent : d’une part, elle transgresse les principes de non-ingérence et de souveraineté des États et, d’autre part, elle normalise un peu plus encore la politique des deux poids et deux mesures, qui caractérise de plus en plus radicalement l’action onusienne.

    Basée sur le postulat rhétorique que le gouvernement de Mouammar Kadhafi exercerait une répression criminelle « contre le peuple libyen et les populations civiles éprises de liberté » (dixit Alain Juppé, ministre des affaires étrangères français), la résolution appelle la communauté internationale à interdire tout vol dans l’espace aérien libyen et à tout mettre en œuvre pour « protéger la population civile et faire cesser les hostilités », soit un texte relativement vague qui occasionnera certainement bien des exactions de la part des États intéressés…

    Or, le postulat de base est biaisé : le gouvernement libyen, au moyen de l’armée régulière, pour dictatorial qu’il soit (la légitimité d’un gouvernement, selon le droit international, ne repose nullement sur le critère démocratique), ne vise en aucun cas à massacrer des civils, mais à réprimer une rébellion, armée, qui tente de renverser par la force l’ordre établi, et ce, en outre, dans un contexte tribal qui oppose le nord-est du pays (Benghazi et Tobrouk) aux tribus, majoritaires, qui soutiennent le clan Kadhafi. Il ne s’agit donc pas d’un « dictateur massacrant son peuple désarmé » : le chef de l’État, commandant des forces armées, combat des troupes rebelles, minoritaires, qui sèment le trouble dans le pays, et ce en parfait accord avec le droit international, qui fonde la légitimé de tout gouvernement à exercer souverainement l’autorité sur son territoire, à l’intérieur de ses frontières.

    Une intervention militaire à l’encontre de l’armée gouvernementale libyenne reviendrait ainsi à soutenir une rébellion armée qui tente de renverser un gouvernement légalement établi.

    C’est pourquoi plusieurs membres du Conseil de Sécurité de l’ONU –et non des moindres : la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde et l’Allemagne, soutenus par la Turquie- ont refusé d’avaliser cette résolution et se sont abstenus lors du vote.

    En outre, comment interpréter l’attitude des puissances signataires et de la Ligue arabe (à commencer par l’Arabie saoudite), qui s’indignent des événements qui se déroulent en Libye et proposent, Qatar et Émirats arabes unis en tête, une intervention militaire, alors que, dans le même temps, le roi du Bahreïn, voisin frontalier direct du Qatar et des Émirats, massacre sans pitié son peuple, des manifestants civils, non armés, eux, avec l’appui de l’armée saoudienne envoyée à sa rescousse ? Revoilà donc les deux poids et deux mesures…

    Cela étant, le gouvernement libyen, qui a déjà repris le contrôle de la majeure partie du pays, a accepté l’injonction de l’ONU, a décrété unilatéralement un cessez-le-feu pour éviter les frappes annoncées et a appelé la Chine, la Turquie et Malte à dépêcher des observateurs. Mouammar Kadhafi a ainsi désamorcé la crise et coupé l’herbe sous le pied des Occidentaux désireux de soutenir la rébellion, à commencer par la France qui avait parié un peu vite sur la chute du régime libyen et s’est trouvée en mauvaise posture lorsque celui-ci s’est révélé plus solide que prévu.

    Mais la France est passée outre, invoquant la supposée fallaciosité des déclarations du gouvernement libyen, et est intervenue en frappant plusieurs cibles au sol sous le prétexte de « protéger des civils », appuyant de la sorte la contre-attaque des rebelles. En cela, la question qui se pose est de déterminer les motivations acharnées de la France à vouloir renverser Mouammar Kadhafi. L’erreur stratégique commise par l’Élysée, en reconnaissant les rebelles comme nouveau gouvernement en Libye, peut expliquer que, dorénavant, la seule option pour Paris, soucieuse de maintenir son influence sur les ressources pétrolières libyennes, est de remplacer le gouvernement Kadhafi par les leaders de la rébellion qu’elle a soutenue. Et personne n’y perdrait au change, dans la mesure où Kadhafi ne s’est pas toujours montré aussi docile que l’Occident l’avait espéré. Aussi, probablement, un nouveau gouvernement serait-il plus complaisant, constitué des ministres et diplomates qui, croyant le moment venu, ont retourné leur veste de ces derniers jours et appelé à la chute du « dictateur » qu’ils avaient pourtant si bien servi jusqu’à présent.

    Mais attention, la partie n’est pas encore terminée : face à l’armée libyenne, puissamment équipée par l’industrie d’armement française, dont elle a fait les choux gras des années durant, les forces d’intervention étrangères pourraient bien y laisser des vies… Et cette résolution fumeuse, à présent qu’elle est suivie d’effets, risquerait d’entraîner la Libye dans le désordre dévastateur d’une guerre civile inextricable.

    Pierre PICCININ
    Professeur d’histoire et de sciences politiques

    http://www.un.org/News/fr-press/doc...


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenneNon, je vous rassure ou vous déçois, mais ce n’est pas contre la Chine, car trop gros et trop compliqué et puis, pas rentable. C’est un pays plus petit qui a été choisi : la Lybie. Exit donc du séisme japonais qui de fait devient moins crucial, on verra plus tard. De toute manière ces réacteurs qui n’en finissent pas de chauffer sans exploser devenaient lassants, ce qui leur avait valu d’être relégués en milieu de page des médias, préférant une affaire autrement plus importante telle que le retour de Ribery en équipe de France.

    Tellement ému de cette bonne nouvelle, le maquettiste du Figaro s’en est même mélangé les pinceaux. Une photo de notre ministre des affaires étrangères à la mine aussi épanouie qu’un gagnant du loto avec pour légende « Un char de l’armée libyenne mercredi à Ajdabiya », il fallait le faire. Toujours est-il que l’ONU a donné son feu vert, la Chine et la Russie s’étant abstenus sans pour cela utiliser leurs droits de veto, contrairement aux US pour tout ce qui concerne Israël.

    La Chine n’est toutefois pas étrangère à ce choix puisque c’est en raison de ses interventions que l’Iran et la Corée du Nord ont échappé au sort qui attend Kadhafi. Empêtrés en Afghanistan, l’ONU et surtout les Occidentaux ont ainsi enfin trouvé un terrain de manœuvres où les journalistes vont pouvoir se presser afin de passionner une opinion publique à coup d’images de bombardements et de victoires sur un ennemi enfin à leur niveau.

    Bonne opération également pour les compagnies pétrolières qui vont pouvoir justifier d’une nouvelle hausse et pour les dirigeants français qui vont récupérer quelques voix d’électeurs guerriers juste avant les cantonales. À moins d’une résistance peu probable de la partie de l’armée Libyenne restée fidèle au dictateur, ce conflit devrait être de courte durée, la population voyant d’un bon œil tant le départ se son actuel dirigeant que les dollars venant inévitablement calmer une population meurtrie par les « dommages collatéraux » causés par les bombardements onusiens.

    Reste à savoir quand aura lieu la première attaque, même si cette décision attendue a laissé le temps de graisser les canons et de faire la cargaison de bombes. Si Kadhafi a menacé de s’en prendre au trafic maritime en méditerranée, ses jours semblent comptés, surtout après avoir fait planer le doute avec l’annonce de révélations fantaisistes ou non concernant le financement de la campagne du président français.

    Voilà comme dit plus haut qui va occuper les journalistes tout juste rentrés du Japon pour cause de radiation qui vont ainsi pouvoir exercer leurs talents sur un terrain d’opérations moins hostile et plus maîtrisable. Seule déception, aucun gaz toxique, ni aucune arme de destruction massive n’est annoncée, ce qui les obligera à faire avec ce qu’il leur tombera sous la main, ce qui ne devrait pas poser de problèmes majeurs à ces personnes expérimentées.

    http://www.refletsdechine.com


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenneLa résolution 1973 des Nations Unies est, de facto, une déclaration de guerre contre le régime de Kadhafi. Dans le langage hypocrite et mensonger des grandes puissances qui contrôlent l’ONU, cette nouvelle intervention militaire serait motivée par des considérations démocratiques et humanitaires. Comme lors des invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, il s’agirait de « protéger des civils », de promouvoir la « démocratie » et ainsi de suite. En réalité, cette résolution de l’ONU – comme toutes ses décisions, sans exception – vise à défendre les intérêts économiques et stratégiques des grandes puissances impérialistes.

    Comme les révolutions en Tunisie et en Egypte, la révolution libyenne était une catastrophe pour les impérialistes. La vague révolutionnaire qui déferle à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient a renversé ou menace de renverser toute une série de régimes dont la stabilité était d’une importance stratégique vitale, pour les impérialistes. Toutes ces dictatures servaient à terroriser les masses du monde arabe, à faciliter l’exploitation des travailleurs qui vivaient sous leur joug et à assurer le pillage des ressources de la région. Sarkozy, Cameron et Obama font mine de découvrir le caractère sanguinaire et dictatorial de Kadhafi. Mais ils ont soutenu son régime jusqu’à la veille de la révolution. Et même lorsque celle-ci a éclaté, ils ont d’abord adopté une attitude extrêmement prudente. La seule et unique chose qui les préoccupait était la préservation de leurs propres intérêts. Cet objectif n’a pas changé. Si les impérialistes ont finalement décidé d’agir contre Kadhafi, c’est précisément pour contrecarrer le mouvement révolutionnaire et protéger leurs investissements, leur propriété, leurs intérêts commerciaux et militaires.

    Il est arrivé à maintes reprises, dans l’histoire, que l’action de la classe révolutionnaire profite à une fraction de l’ancienne classe dirigeante qui, une fois au pouvoir, applique une politique tout aussi réactionnaire que l’ancien régime. C’est ce qui menace la révolution libyenne. Celle-ci a commencé sous l’impact et l’inspiration des révolutions tunisienne et égyptienne. Dans ces deux pays, les dictateurs ont été renversés avec une relative facilité. Les masses libyennes se sont mobilisées pour en finir avec Kadhafi. A Benghazi et ailleurs, c’est le soulèvement des travailleurs et des jeunes qui a permis de rallier une importante section de l’armée et qui a désarmé les contre-révolutionnaires. Dans un premier temps, les masses semblaient invincibles. Des soulèvements victorieux éclataient dans toute une série de villes.

    Il semblait que le sort de Kadhafi était scellé. Sous les coups de butoir de la révolution, le régime a commencé à se disloquer. Chefs militaires, anciens ministres et diplomates abandonnaient leurs postes. Les rats quittaient le navire en perdition. Toutes ces « personnalités » jouissaient jusqu’alors de la confiance de Kadhafi. Or ce dernier ne l’accordait pas sans de sérieux gages. Tous ces gens avaient participé à l’implacable sauvagerie qui s’abattait sur tous ceux qui osaient défier le régime. Mais face à l’apparente imminence de son effondrement, ils se sont empressés d’adopter une posture « oppositionnelle », aux côtés de nombreux grands capitalistes libyens. Leur objectif est clair : profiter de la révolution pour prendre la place de Kadhafi. Ce sont précisément ces éléments réactionnaires qui dominent le « Conseil National de Transition ». C’est sur eux que les impérialistes misent, à présent, pour arrêter la révolution et protéger leurs intérêts.

    Indiscutablement, le facteur principal qui a mené à l’affaiblissement de l’élan révolutionnaire a été l’apparition, comme « représentants de la révolution », de ces réactionnaires notoires, ainsi que leur connivence avec les grandes puissances. Par le passé, les Libyens ont terriblement souffert de la domination impérialiste. Sous l’occupation italienne, en particulier, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été massacrés. Que doivent penser les masses libyennes qui voient un réactionnaire tel que Berlusconi soutenir l’opposition à Kadhafi ?

    La révolution est en danger. Elle risque d’être désarmée et écrasée à la fois par les forces de Kadhafi et par les nouveaux amis « oppositionnels » des impérialistes. Pour que la révolution soit victorieuse, il est absolument impératif que les travailleurs et les jeunes qui la portent soient armés, organisés et mobilisés sous leur propre drapeau et autour d’un programme indépendant pour la défense de leurs propres intérêts, qui ne sont pas les mêmes que ceux des ex-Kadhafistes. Ceux-ci veulent dominer le pays pour leur propre compte et pour celui des impérialistes.

    L’objectif des travailleurs n’est pas de remplacer un oppresseur par un autre, mais d’en finir avec toute oppression. Ils doivent s’organiser autour d’un programme pour l’expropriation et le désarmement de tous les réactionnaires, de tous les complices de Kadhafi. Ils doivent avancer un programme social qui réponde à leurs besoins en matière de salaires, de conditions de travail et de vie. Les travailleurs libyens ne peuvent compter que sur leurs propres forces et celles des travailleurs des autres pays. Ils devraient notamment en appeler aux travailleurs d’Egypte et de Tunisie, pour qu’ils prennent le pouvoir dans leurs pays respectifs. Les gouvernements actuels, en Egypte et en Tunisie, ne représentent pas les intérêts des travailleurs. Leur rôle essentiel est le même que celui des ex-Kadhafistes : protéger les intérêts des impérialistes.

    Dans tous les pays en révolution, les travailleurs ont besoin d’une stratégie révolutionnaire internationaliste visant à détruire les fondements de l’exploitation et de l’oppression, par la suppression de la propriété capitaliste de l’industrie et des banques – et par le désarmement de la contre-révolution. A la place des armées dirigées par des généraux réactionnaires, il faut armer les travailleurs et les soldats qui ont rallié leur cause. La propriété publique de l’économie, sous le contrôle des forces révolutionnaires, et l’armement de la révolution contre ses ennemis : telles sont les deux conditions essentielles de l’émancipation des masses.

    Les difficultés créées par l’absence d’une organisation et d’un programme indépendants de la classe ouvrière libyenne ont ouvert une brèche dans laquelle les impérialistes veulent s’enfoncer. Si les frappes aériennes que l’ONU vient d’autoriser font chuter Kadhafi, il risque d’être remplacé par un gouvernement qui devrait son existence et sa « stabilité » aux grandes puissances. Tel est le véritable calcul de la résolution 1973. Dans le cas où Kadhafi arriverait à se maintenir au pouvoir à Tripoli, il conserverait le contrôle de toute une partie du pays. Une intervention militaire des impérialistes n’apportera rien de bon aux masses libyennes. Nous ne pouvons en aucun cas la cautionner ou la soutenir.

    Greg Oxley et Jérôme Métellus (PCF Paris)


    http://www.lariposte.com


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  • Après l'Irak et l'Afghanistan, la Libye ?

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

     

     Analyse. A lire aussi: Des combats malgré le cessez-le-feu?

    "L'Union européenne (qui doit se réunir ce samedi à Paris avec la Ligue arabe – ndlr) envisage d'apporter un soutien essentiellement humanitaire en Libye mais qui pourrait prendre la forme d'une opération militaire dans le cadre de l'assistance aux réfugiés, ont indiqué vendredi des diplomates européens". Cette « info » a été diffusée ce vendredi par le site SFR info.

    A quel point de maquillage des mots et de perversion des valeurs en est-on arrivé ? En accolant dans un même souffle les termes « humanitaire » et « opération militaire » on avoue que la guerre annoncée n'est ni humanitaire, ni dans le but d'aider la marche du peuple libyen vers la liberté et la démocratie. Car, quoi qu'en disent les « experts » salivant du sang en fantasmant sur des bombardements aériens « humanitaires », il s'agit de pétrole, celui que l'on tire du sous-sol libyen. Que ce soit le « livre blanc de la défense » - bible de Nicolas Sarkozy, ou la doctrine militaire US actualisée, la « préservation des ressources énergétiques » est d'un « intérêt stratégique » prioritaire, c'est-à-dire qu'on est prêt à déclencher dans cet objectif, y compris à titre préventif, un conflit armé, une guerre.

    L'article 4 de la résolution 1973 adoptée dans la nuit de jeudi à vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU « autorise les États Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires, (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen. » Et, ajoute l'article 8, ces États et ceux « de la Ligue des États arabes » sont autorisés à prendre « au besoin toutes mesures nécessaires pour faire respecter l'interdiction de vol imposée au paragraphe 6 et faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile ».

    • Mais tout ceci n'est-il pas une mascarade effroyable ?

    A Paris, on se répand dans les milieux bien informés en déclarations guerrières proclamant que l'opération militaire a été préparée depuis des jours, soit bien avant le vote de la résolution, qui, donc n'est là que pour « amuser la galerie ». Les mêmes qui condamnent « la violation flagrante et systématique des droits de l'homme, y compris les détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et exécutions sommaires » perpétrés par Kadhafi et exigent qu'il y mette fin, n'ont pas jugé utile d'en faire de même, par exemple, avec le dictateur Ali Abdallah Saleh du Yemen qui a fait tirer ses nervis sur des milliers de manifestants à Sanaa, ce vendredi, tuant au moins 41 personnes. Ce dernier fait partie de la Ligue arabe signataire de la résolution contre Kadhafi, comme ses comparses de Barhein et d'Arabie Saoudite, ce royaume moyenâgeux où l'on décapite les condamnés à mort sur la place publique et où l'on ampute les voleurs au couteau... Autre observation : cette fameuse « communauté internationale » a-t-elle jamais évoqué une action militaire pour mettre fin aux bombardements israéliens sur la population civile de la Bande de Gaza?

    • Alors vraiment, s'agit-il de droits de l'homme, de liberté et de démocratie ?

    Les Etats-Unis, dit-on, étaient « réticents » tandis que Sarkozy et le Britannique Cameron auraient fait des pieds et des mains pour obtenir une résolution autorisant la force armée contre Kadhafi. La manœuvre a été menée de main de maître : en réalité la Maison Blanche est en faveur d'une intervention armée sans limitation de forme. Et comme vient de l'avouer Mme Clinton l'« objectif final » de la résolution 1973 doit être le départ de Moummar Kadhafi et l'instauration d'une d 'exclusion aérienne dans le ciel libyen n'est "qu'une étape importante". Autrement dit, un changement de régime, ce que n'évoque en aucune manière la résolution 1973.

    Washington ne peut se permettre – avec les guerres d'Irak et d'Afghanistan – de prendre en charge un troisième conflit ouvert. Aux « alliés » donc, de faire le « sale boulot ». Pour Sarkozy et Cameron cette exigence est du « pain béni » : un moyen exceptionnel, pensent-ils, pour se refaire une santé politique face à leurs opinions publiques en jouant va-t-en-guerre, quel qu'en soit le gâchis!

    Et en premier lieu celui de la reprise en main des révolutions populaires arabes par la puissance hégémonique états-unienne. Pour Washington, mais aussi pour Paris, Londres ou encore Berlin, ces soulèvements doivent rester dans le carcan de la souveraineté limitée des peuples face aux puissances occidentales. Ils ne doivent donc pas induire un changement de régime allant jusqu'à mettre en cause les diktats du capitalisme de la « concurrence libre et sans entraves ».

    On sait comment commencer une guerre, on ne sait jamais comment elle prend fin. Les expériences catastrophiques et coûteuses en centaines milliers de victimes civiles des guerres des Balkans, d'Irak et d'Afghanistan montrent que la guerre n'est pas une solution pour la liberté des peuples.

    Les insurgés libyens réclament la liberté et la démocratie et la prise en main de leurs affaires face à un régime ossifié où le clanisme clientéliste est devenu la règle de survie. A la différence des soulèvements populaires tunisien et égyptien, il ne s'agit pas d'une révolte sociale: ce sont avant tout les deux millions de travailleurs immigrés égyptiens, tunisiens, tchadiens, indiens ou encore sri-lankais qui constituent les populations exploitées, souvent dans un quasi-esclavage – comme c'est d'ailleurs le cas dans les pays pétroliers du Golfe. Ces derniers sont en quelque sorte les otages de la guerre civile. L'exigence de démocratie des citoyens libyens doit aboutir et la condition en est l'abolition de la dictature. Une aventure militaire de puissances intéressées avant tout par le pétrole ne peut répondre à cette aspiration fondamentale de liberté.

    • Alors comment aider les Libyens?

    Comment aider le peuple libyen à se libérer d'un dictateur qui pendant des décennies a été choyé par Washington, Londres et Paris comme repoussoir « idéal » dans la « guerre contre le terrorisme » puis comme « allié privilégié » dans cette même prétendue guerre, mais toujours comme fournisseur de pétrole et acheteur d'armes sophistiquées? Une action diplomatique, multiforme, multilatérale, appuyée certes par la menace dissuasive de la force, n'aurait-elle pas pu venir à bout du despote de Tripoli? Pourquoi a-t-il fallu attendre la décision d'une action militaire pour décréter un embargo général sur la fourniture d'armes et une saisie des biens de la dictature et de ses vassaux?

    Ne nous y trompons pas, Kadhafi aura beau jeu de se présenter comme « une victime de l'impérialisme » et, dans le même temps on aura frustré les peuples arabes de leur victoire sur le despotisme des féaux des puissances « occidentales ». Le désespoir n'engendrera-t-il pas, plus tragiquement que jamais, un replis sur la folie du fanatisme identitaire?

    A lire: Une nouvelle guerre? Notre édito

    A lire aussi: les reportages de nos envoyés spéciaux en Libye

    Michel Muller


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  • Vers une intervention militaire française en Libye

     Après que le Conseil de sécurité des Nations-Unies a approuvé, dans les heures qui viennent, une résolution sur la Libye, le droit international permet de déclencher des opérations militaires. Leur nature exacte reste à définir, même si l'on sait qu'elles seront aériennes. La France sera au premier rang.

    L'affaire pourrait ne pas traîner et un raid aérien peut être déclenché très vite, pour montrer à Kadhafi la détermination de la communauté internationale alors que ses troupes se rapprochent de Benghazi, la capitale des insurgés.

    La France jouerait un rôle leader en cas d'intervention militaires, aux côtés des Britanniques. Ces deux pays risquent de se retrouver bien seuls. Il y aura moins de volontaires pour aller à la guerre que pour voter - ou laisser voter - une résolution.
    Les Américains accepteront de fournir un soutien, mais sans doute pas de s'engager directement. L'Otan devrait rester - officiellement - hors jeu, à la demande de la France. Les pays arabes ne se bousculent pas au portillon, le plus puissant d'entre eux, l'Egypte, faisant valoir que ses ressortissants en Libye risqueraient de pâtir d'une intervention. En Europe, l'Allemagne et l'Italie sont contre une action de vive force, et en tout cas n'y participeront pas. Peut-être que l'Espagne fournira quelques moyens. Bref, on risque de se retrouver bien seuls et en première ligne.

    Militairement, que peut-il se passer ? Une zone d'exclusion aérienne est longue et lourde à mettre en place. Or, le temps presse. Le plus probable est donc un raid de frappes contre des cibles stratégiques (bases aériennes, radars, postes de commandement), et éventuellement sur les forces "loyalistes" - en détruisant par exemple une batterie d'artillerie ou en "tapant" leur logistique. Tout cela peut se faire en quelques heures, en partant d'Istres ou de Solenzara, sans problème.

    Et après ? On entre clairement dans une logique de guerre. Et la différence entre la guerre et les exercices, c'est qu'à la guerre l'ennemi réplique à sa manière. Mieux vaut s'attendre à quelques surprises. Quant à penser que quelques frappes aériennes suffiront à débander l'armée libyenne ou à contraindre Kadhafi à la reddition, c'est sans doute faire preuve d'un optimisme déraisonnable.

    http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense

    La guerre de Libye : un fragile soutien diplomatique 

    La guerre de Libye : un fragile soutien diplomatique
    Succès diplomatique pour la France aux Nations Unies, mais à quel prix ? Sur les quinze membres du Conseil de sécurité, dix ont approuvés le projet de résolution franco-britannique et cinq se sont abstenus. Ce ne sont pas les moindres : Allemagne, Brésil, Russie, Chine et Inde ! Ces abstentions doivent être comprises pour ce qu'elles sont : une opposition à l'action militaire, sans prendre le risque d'apparaitre comme un soutien au régime de Kadhafi.

    Voici ce que les représentants de ces cinq pays ont dit :
    L'Allemagne "ne souhaite pas s’engager dans une confrontation militaire".
    L'Inde est convaincu qu'il "n’existe pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place" qui puisse justifier la décision d’établir une zone d’exclusion aérienne et ne "sait pas plus comment les mesures prises seront appliquées ».
    Le Brésil estim que "le texte présenté aujourd’hui envisage des mesures qui vont bien au-delà de l’appel de la Ligue des États arabes qui demandait des mesures fortes pour faire cesser la violence. « Nous ne sommes pas convaincus que l’utilisation de la force, permettra d’atteindre l’objectif commun qui est de mettre un terme à la violence et de protéger les civils"
    La Russie s'y oppose « pour des raisons de principe ». et déplore le fait de n'avoir pas obtenu de réponses sur les moyens permettant de mettre en place le régime d’exclusion aérienne. « Non seulement, nous n’avons obtenu de réponses à nos questions aux cours des délibérations, mais nous avons aussi vu passer sous nos yeux un texte dont le libellé n’a cessé de changer, suggérant même par endroit la possibilité d’une intervention militaire d’envergure".
    La Chine rappelle qu'elle " s’était toujours opposé au recours à la force dans les relations internationales" et qu'elle " éprouve toujours de grandes difficultés à l’égard de plusieurs dispositions importantes du texte de la résolution ".

    La présence de l'Allemagne parmi les abstentions montre où en est la construction d'une politique étrangère et de sécurité commune en Europe... La France et l'Allemagne sont censé former un "couple". Sur un dossier aussi grave que la paix et la guerre, il vient de voler en éclat. Deux membres permanents du Conseil de sécurité (Russie et Chine) sont contre cette action, mais ils auraient pu faire usage de leur droit de veto, ce qu'ils n'ont pas fait. En revanche, la présence du Brésil et de l'Inde montrent que les puissances émergentes n'approuve pas le choix franco-britannique. Ce n'est pas, là non plus, un bon signe. 

    Dix pays, en revanche, le soutiennent. Outre la France et le Royaume-Uni, on y trouve les Etats-Unis, Le Liban, la Bosnie, la Colombie, le Portugal, le Nigeria et l'Afrique du sud. Certaines approbations ne sont exprimées que du bout des lèvres : le Liban, seul pays arabe, "espère que la résolution aura un rôle dissuasif et permettra d’éviter tout recours à la force". Quant à l'Afrique du sud, elle ne l'a voté que "par principe".

    Bref, la communauté internationale est moins unanime qu'il n'y parait et le peloton de tête franco-britannique, appuyé par les Américains, pourrait se retrouver sous le feu des critiques si les choses tournent mal sur le terrain.

    Quant au soutien de la Ligue arabe, là encore, il faut examiner les choses dans le détail. Deux pays se sont opposés : la Syrie et l'Algérie. Et si la Ligue arabe a "décidé d'ouvrir des canaux de contact" avec le Conseil national de transition libyen (les autorités provisoires de Benghazi), elle ne le reconnait pas explicitiment, comme l'a fait la France.
     
    Vendredi 18 Mars 2011
    Jean-Dominique Merchet
     

    Le cadre juridique de la guerre de Libye


    Le cadre juridique de la guerre de Libye

    Des opérations militaires vont être déclenchées dans les prochaines heures contre la Libye. La France, qui sera l'un des principaux pays engagés, a emporté, cette nuit, une victoire diplomatique aux Nations-Unies, en faisant adopter une résolution, présentée conjointement avec le Royaume-Uni. Cette résolution 1973, que l'on peut lire intégralement sur le site des Nations Unies, autorise en effet le recours à la force sous couvert du chapitre VII.

    C'est dans ce cadre légal que la guerre - n'ayons pas peur des mots - se déroulera.

    Que dit le texte ? L'ONU "autorise les États Membres (...) à prendre toutes mesures nécessaires (...)pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen."

    Elle "décide d’interdire tous vols dans l’espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin d’aider à protéger les civils"

    Elle "autorise les États Membres (...) à prendre au besoin toutes mesures nécessaires pour faire respecter l’interdiction de vol et faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile".

    Traduit en termes militaires, le Conseil de sécurité donne le feu vert à la destruction de l'aviation libyenne ("faire en sorte que les aéronefs ne puissent être utilisés..."). Reste à bien comprendre ce que signifie "les mesures nécessaires pour prétéger les populations et les zones civiles" ? Cet alinéa peut être lu comme l'autorisation de s'en prendre, par les airs, aux forces loyalistes (convois, artillerie, etc...)

    L'opération comporte également un aspect naval, avec l'embargo sur les armes, le texte demandant "à tous les États Membres (...) de garantir la stricte application de l’embargo sur les armes, de faire inspecter sur leur territoire, y compris dans leurs ports maritimes et aéroports et en haute mer, les navires et aéronefs en provenance ou à destination de la Jamahiriya arabe libyenne, si l’État concerné dispose d’informations autorisant raisonnablement à penser que tel chargement contient des articles dont la fourniture, la vente, le transfert et l’exportation sont interdits».


    Vendredi 18 Mars 2011
    Jean-Dominique Merchet
     

     

     

     


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