• Mali, le piège s’est refermé...

    sur lepcf.fr :


    Les médias présentent une intervention militaire Française à la demande de l’état malien avec un large soutien du peuple malien. On comprend que ceux qui ont vu leur ville et leur village occupé avec violence par des djihadistes cherchant à imposer leur conception de la charia par les mutilations, les viols et les meurtres, ont été soulagé de voir une armée chasser ces mercenaires.

    On sait pourtant, des guerres de la Yougoslavie aux guerres d’Irak et d’Afghanistan que les médias occidentaux sont experts dans la manipulation pour présenter des témoignages de soutien populaire aux interventions de l’OTAN, comme la foule acclamant la chute de la statue de Saddam Hussein, ou des témoignages des horreurs de l’ennemi, comme le faux charnier de Timisoara.

    La situation peut sembler différente au Mali. Lors des dernières rencontres internationalistes de Vénissieux, notre camarade malien Bassirou Diara, de l’Union Malienne, Rassemblement Démocratique Africain, par ailleurs secrétaire général adjoint de la Présidence de la République du Mali, nous confirmait la demande urgente de l’état malien d’une aide militaire. Dans la discussion, nous avions compris que cette demande s’inscrivait dans l’objectif d’une force africaine en soutien à l’armée malienne, avec une aide technologique et logistique des occidentaux. La discussion avait aussi évoqué l’importance de l’histoire récente du Mali qui conduit à cette situation d’une armée désorganisée et sans moyens...

    L’affaiblissement des partis communistes, du mouvement communiste international, de ses réseaux militants, tout comme l’intégration des associations humanitaires et de la plupart des journalistes dans les interventions militaires rend très difficile d’avoir une connaissance réelle et précise, indépendante du discours officiel. L’état malien a-t-il le contrôle de ce qui se passe ? Les interventions militaires sont-elles sous le commandement militaire malien ? Les "buts de guerre", les objectifs militaires, les contacts pour la recherche de solutions politiques sont-ils maitrisés par l’état malien ou par la France ?

    Ces questions ne sont pas anodines et l’expérience de l’Afghanistan ou 10 ans de guerres occidentales, y compris Françaises pour "chasser les talibans" conduit à une situation ou l’OTAN (dont la France), négocie avec ces mêmes talibans les conditions de leur retrait, devrait faire réfléchir. (fin du chapeau)

     

    Le discours officiel nous présente l’intervention militaire comme une opération contre des terroristes, de petits groupes dangereux mais qui seraient en quelque sorte "extérieur" au peuple malien. L’intervention a simplement pour but de les détruire [1] pour retrouver une situation "normale" ou le peuple malien pourrait retrouver la démocratie et résoudre ses problèmes.

    Quels objectifs politiques légitiment une intervention militaire ?

    L’expérience récente montre que cette approche de l’intervention militaire comme d’une "opération de police" permettant une guerre de courte durée qui pourrait résoudre des problèmes nationaux est toujours démentie par les faits qui suivent les premiers succès. En Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, les guerres se sont révélées longues, très couteuses en vie humaine, tactiquement complexe avec des alliances changeantes... En Libye, si la guerre a semblé courte, la période d’instabilité actuelle semble tout aussi longue que celle connue en Irak et nous n’en connaissons sans doute encore pas la réalité, le niveau de violence, ni bien sûr la fin. En Syrie, l’intervention militaire se fait pour l’instant par mercenaires interposés, mais tout le monde en connait le prix terrible pour les Syriens. On sait que le chemin d’une reconstruction nationale sera très très long. Tout montre ainsi que, dans la diversité des situations évoquées, la guerre ne crée pas de solutions politiques. Elle peut détruire des pouvoirs, des armées, des institutions, mais laisse sans réponses le chantier de la construction d’une société, de la réponse aux défis de l’unité du peuple, de l’indépendance nationale, de la démocratie, des intérêts populaires.

    On sait depuis Clausewitz que "la guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens", elle n’est donc qu’un moyen, pour quelle politique ? c’est toute la question à propos du Mali. Personne ne peut croire que le seul objectif politique est d’éliminer quelques groupes de mercenaires...

    Car quel est l’ennemi ?

    Il est constitué d’une alliance de différentes forces, dont plusieurs mouvements de Touaregs, peuple historique du Sahel et du Sahara, dont les revendications à l’indépendance ne sont pas moins légitimes que celles des Saharouis ! Si certains des mouvements qui les représentent se sont "islamisés" et ont fait alliance avec des groupes qui font vivre la "guerre des civilisations" souhaitée par Georges Bush, il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas d’issue politique au Mali sans réponse politique pour les Touaregs.

    Si l’intervention Française peut sembler dans un premier temps être une intervention de libérateurs, chassant l’occupant, que se passera-t-il quand elle sera confrontée à des populations qui soutiennent les "rebelles"... Or, ces populations, principalement nomades, existent et sont fortement présentes dans le Nord du Mali...

    D’ailleurs, s’il ne s’agissait que d’éliminer quelques milliers de mercenaires, il aurait suffi de leur couper tout soutien logistique, ce qui devrait être facile pour l’OTAN. Nous avons installé un pouvoir ami au Nord, en Libye. Nous sommes les alliés stratégiques du Qatar (pour la France), de l’Arabie Saoudite (pour les USA), sans lesquels aucun groupe djihadiste ne peut vivre plus de quelques mois. Il aurait donc suffit d’un voyage de Hollande à Daho... Mais nous n’avons entendu aucun gouvernement occidental s’adresser à ses alliés des monarchies pétrolières pour leur dire "STOP", plus aucun financement à des groupes armés, par touche au Mali !

    Par contre, les enjeux géopolitiques de la région sont importants et connus, ses minerais, l’uranium notamment, stratégique pour la France, et le jeu géopolitique dans la concurrence entre la FranceAfrique et les USA qui travaillent depuis de nombreuses années pour la création d’une base militaire pour l’Afrique au coeur du Sahara. La prise d’otage en Algérie souligne l’enjeu essentiel du gaz dans toute la région... Ces questions sont-elles oui ou non présentes dans les décisions militaires de la France ?

    Le piège s’est refermé ?

    Mais si la France a des objectifs géopolitiques à défendre dans la région, a-t-elle fait le bon choix ? Il était certes contraint devant la pression militaire des forces touaregs et islamistes sur le sud du Mali. Mais il n’est que la conséquence d’une stratégie antérieure incapable de considérer l’indépendance et la souveraineté nationale des pays africains comme une chance pour la France. La destruction de l’état Libyen a ouvert la boite de Pandore des conflits tribaux, transformé la situation politique des touaregs, et le refus de laisser le Mali s’armer [2] a laissé le champ libre... La tentative de coup d’état qui voulait bousculer l’attentisme de ATT a conduit à de laborieuses négociations maintenant le Mali dans une situation d’assisté... Quel rôle jouait la France dans cet attentisme, pendant que de l’autre coté, de Libye en Syrie, elle continuait de faire ami ami avec les financiers des djihadistes...

    Les USA peuvent laisser la France en première ligne, avec sans doute l’arrière pensée, qu’elle ne s’en sortira pas seule. Les différences de commentaires sur l’intervention militaire algérienne contre la prise d’otages sont éclairants. Les enjeux géopolitiques sont énormes pour la France dans cette région historique de colonisation, et notamment en Algérie avec les efforts importants d’implantation des USA, et plus récemment l a présence chinoise croissante...

    Toute la question pour la France est de savoir ce que deviendra la situation militaire. Les premiers succès, qui étaient attendus compte tenu des moyens militaires mis en œuvre, ne nous disent rien sur la suite de la guerre, et personne ne sait quels sont les objectifs des forces françaises face aux touaregs.

    L’état malien qui souhaitait une aide militaire n’a sans doute pas eu beaucoup de liberté dans la définition des conditions de l’intervention Française. En acceptant la solution militaire occidentale, pourra-t-il garder sa souveraineté sur la solution politique dans un an, deux ans ? En tout cas, les négociations que tentaient d’organiser l’Algérie entre le Mali et les touaregs et qui devaient commencer... le jour de l’intervention Française, seront évidemment plus difficiles à relancer.

    Par contre, comme en Irak ou en Afghanistan, les djihadistes peuvent se frotter les mains... Ils ont la guerre qu’ils ont cherché, ils peuvent renforcer leur choc de civilisations, s’implanter dans de nouvelles zones ou les relais islamiques ont les moyens de prendre la direction des mosquées, dénoncer le diable occidental avec des arguments sur les inévitables "dommages collatéraux", tout en imposant une régression moyenâgeuse de la société, qui peut paraitre comme la seule issue de société, en l’absence d’un projet libérateur et progressiste.

    L’honneur des communistes se joue à leur congrès...

    Dans ce contexte, l’unanimité des parlementaires au sénat et à l’assemblée pour soutenir l’action gouvernementale, intégrant apparemment la totalité des parlementaires communistes, est un évènement considérable. Dans les guerres de Yougoslavie, d’Irak ou d’Afghanistan, les députés et les dirigeants communistes avaient toujours fait entendre une voix discordante contre le consensus militariste, même si des ministres communistes avaient participé à un gouvernement décidant de la guerre.

    Pour le parti qui s’est fondé dans le refus de la guerre, qui a grandi dans la conscience populaire avec l’action contre les guerres coloniales au Maroc, au Vietnam, en Algérie qui ont marqué des générations de militants, cette décision devrait interpeller les communistes a quelques semaines de leur congrès. La situation au Mali serait-elle de nature différente de celle de l’Afghanistan, ou d’autres guerres du siècle dernier ? Et sinon, jusqu’où les principes communistes sont-ils solubles dans le médiatiquement correct ?

    Les communistes sont pourtant très largement d’accord pour dénoncer l’OTAN, demander la sortie de la France, dénoncer l’alliance avec les monarchies pétrolières contre les peuples, dénoncer l’accumulation des armes, exiger le désarmement nucléaire, dénoncer la France Afrique et affirmer le droit à l’indépendance nationale pour tous les peuples... Mais leur direction les habitue à l’ambiguïté, à doses homéopathiques dans un premier temps, avant d’aller de plus en plus franchement dans la rupture avec l’histoire communiste et la solidarité internationaliste.

    Peuvent-ils décider collectivement à leur congrès de dénoncer l’intervention militaire Française, d’exiger le respect de la souveraineté du Mali, le blocus de l’aide pétrolière aux djihadistes, proposer l’organisation d’une conférence internationale de paix reposant sur la souveraineté des peuples ?


    [1] l’aisance avec laquelle les dirigeants socialistes assument le vocabulaire guerrier, Fabius appelant à éliminer Assad ou Hollande appelant à détruire l’ennemi rappelle les pires moments de l’histoire du parti socialiste

    [2] les derniers achats du président A.T. Traoré ont été bloqué par l’occident

     

    PAM

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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  •  Mali: le MNLA offre le thé à la France

    Le 6 avril 2012, le MNLA, mouvement Touareg "laïque", après avoir balayé l'armée du gouvernement de Bamako, avait déclaré l'indépendance de la partie Nord du Mali. Cette région, l'Azawad, est peuplé de Touaregs et de tribus arabes, populations marginalisées par les tenants du pouvoir à Bamako depuis l'indépendance du Mali en 1960.

    En proclamant l'indépendance, le MNLA croyait l'affaire conclue et avait décrété la fin des opérations militaires. Mais débordé par son allié Ansar ed-Dine (mouvement Touareg islamiste) qui s'était acoquiné avec le fascisme vert sévissant dans le Sahel, le MNLA a été repoussé tout au nord.

    Là, il vient de tenir congrès et se rendra lundi à Ouagadougou pour rencontrer le président du Burkina-Fasso, médiateur des états africains de l'Ouest dans ce conflit. Son objectif: aider militairement l'armée française contre les djihadistes et ne plus déclarer d'indépendance, mais un statut d'autonomie pour l'Azawad dans le cadre d'un Mali fédéral.

     

    Surtout, le MNLA prévient: "Pas de soldats maliens ni de forces de la CEDEAO dans l'Azawad". L'un de ses responsables déclare: "Si vous laissez s'introduire l'armée malienne, je peux vous garantir que la première victime sera un berger touareg ou arabe plutôt qu'un djihadiste. Les populations civiles sont menacées, c'est un génocide qui se prépare et la France dira qu'elle ne savait pas, comme au Rwanda!" Et de citer aussi les milices songhaïs et peuls (ethnies noires de l'Azawad) que Bamako forme à cet effet.

    L'Ong, Human Rights Watch, a annoncé samedi avoir des informations crédibles sur de graves exactions, dont des meurtres, commises par les forces de sécurité maliennes à l'encontre de civils dans la localité de Niono, dans le centre du pays."Nous invitons instamment les autorités maliennes, tout comme les soldats et les autorités françaises et ouest-africaines, à faire le maximum pour garantir la protection de tous les civils", a fait-elle savoir.

    Ni le ministre français de la Guerre, ni l'armée malienne n'ont encore réagi à ces informations.

     

    carte publiée dans Libération du 14 janvier 2013

    Sources: Le Monde-Slate Afrique.

    Prochain article du blog: Le gros gâteau africain...

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  • Les raisons françaises de la déstabilisation du Mali

    Calixte Baniafouna
     

    La France se prépare à déstabiliser le Mali. Et pour cause ? Il y en a trois qui relèvent principalement des raisons classiques : les intérêts « français » et « individuels ».

    Des intérêts français, la découverte du pétrole au Mali en est le déclencheur des hostilités. L’ex- président, Amadou Toumani Touré, faisait un rêve, celui de faire du Mali un pays producteur du pétrole. Mais le rêve ne dit pas que l’or noir est un or du diable, qui insère son producteur au rang de la malédiction où d’autres anciennes colonies françaises comme le Congo Brazzaville, le Gabon... sont depuis, tenus en laisse par Paris.

    Première raison

    Le Mali peut toujours jouer le jeu de la démocratie en organisant des élections crédibles et en assurant des alternances dans la paix tant qu’une goutte de pétrole ne coule pas encore du bassin de Taoudéni dans le nord du pays. Taoudéni ? C’est à la fois une cuvette dont le dépôt centre atteint plus de 5000 m d’épaisseur et une superficie d’environ 1.500.000 km², soit le plus vaste bassin sédimentaire on-shore d’Afrique occidentale, qui s’étend hors du Mali au Niger, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Algérie. Cette précision est d’une importante capitale à noter pour la suite de l’analyse.Il est de bon augure pour ATT de créer, dès 2004, l’Autorité pour la promotion de la Recherche Pétrolière au Mali (AUREP). Des conventions de partage de production et de concession pour 29 blocs répartis sur cinq bassins sédimentaires sont signées entre le gouvernement malien (9 blocs) et les sociétés de recherche pétrolière pour les 20 autres blocs. Parmi ces sociétés, il y a la compagnie italienne d’hydrocarbure ENI (50%), l’australienne Baraka Petroleum (25%) et l’Algérienne SIPEX (25%), dont les opérations de sondages sismiques des blocs 1, 2, 3, 4 et 9 sont assurées par l’Entreprise Nationale Algérienne de Géophysique (ENAGEO), une filiale de SONATRACH qui est la première des douze sociétés pétrolières d’Afrique. Sans oublier l’apport de 46 milliards de FCFA par PetroPlus Angola, destinés à la promotion de la recherche pétrolière, à l’exploitation, au transport, au raffinage des hydrocarbures liquides et gazeux, et à la formation du personnel technique malien.Très bien tout cela ! Sauf que dans l’Eden du pétrole d’un pays tenu en laisse par la France, citer ou ne pas citer le nom de Total/Elf est synonyme de consommation d’un fruit qui rend ivre et provoque de grands changements aux consommateurs. Car, présent ou non auprès d’eux, Total/Elf est un serpent toujours présent dans l’Eden du pétrole et dont on ne peut qu’être pénétré de son influence. L’ivraie s’introduit parmi le bon grain ; d’où le péché originel qui expose d’ores et déjà, pour de nombreuses décennies, des générations maliennes entières à en payer le prix.

    Deuxième raison

    Sans pétrole, les Maliens sont aujourd’hui fort différents de ce que, hélas, ils deviendront dans un proche avenir. Leur paisible existence n’est pas le fait de la pauvreté du pays qui les épargnerait du vampirisme de l’ancien colonisateur. Un ancien colonisateur qui, pour poursuivre le pillage de ses anciennes colonies, a toujours utilisé le principe de « diviser pour mieux régner ». Le Mali n’est pas en effet ce pays que l’on présente comme dépourvu des matières premières censées susciter la convoitise des requins occidentaux. Ce n’est pas rien que d’être, comme le Mali, le troisième producteur d’or d’Afrique derrière l’Afrique du sud et le Ghana. Son bétail, son coton, son fer, voire son arachide sont autant de produits d’exportation à forte demande mondiale.

    Avec le pétrole, les Maliens recevront bientôt un devenir formel et temporel. Tout ce qui en eux de spirituel actuellement se muera en chair, matière, instrumentalité et réceptivité… exactement comme au Congo Brazzaville ! Larmes et sang couleront bientôt dans la miséricorde d’une France, elle aussi en larmes de crocodile, qui se dira totalement effondrée par la pitié pour ce peuple africain dont elle n’aurait toujours voulu que du bien mais qui aurait préféré vivre dans des souffrances volontaires. Cette pauvre France qui sera encore obligée d’intervenir au Mali comme elle l’a fait en Côte d’Ivoire et en Libye où le peuple savoure désormais le fruit de la démocratie comme jamais il n’en était aussi savoureux dans aucune autre grande démocratie du monde.Comme en Côte d’Ivoire ou en Libye, le principe de « diviser pour mieux régner » est parfaitement sous orbite au Mali. Objectif : commencer par diviser le Mali en zones nord et sud avec, au milieu des deux zones, des armées étrangères d’interposition (genre Licorne, Casques blancs, Casques bleus…) qui, au nom de la réunification du pays, les occuperont progressivement pour s’y implanter quasi-définitivement, le temps que la France installe durablement ses larbins et s’assure de la mainmise de l’or noir annoncé afin de procéder au pillage avec autant de cruauté que d’avidité. Ficelle de la scission tirée dans la clandestinité depuis Paris et bien d’autres capitales occidentales, les rebelles se sont déjà constitués dans le nord du Mali en un mouvement tribal appelé Azawad. Équipés par les maîtres occidentaux d’une quantité impressionnante d’armes, de munitions et autres matériels de guerre en provenance d’Europe et de la Libye, ils ont lancé les attaques contre les garnisons militaires de la région et occupe actuellement toute la partie nord du pays. Pour affiner la stratégie de la déstabilisation du Mali, le Quai d’Orsay peut sans gêne recevoir à visage ouvert les membres voilés de cette rébellion d’autant que toute forme d’aide qui leur est due ne peut que relever du bon sens, le prétexte étant tout trouvé : le combat contre Al-Qaïda au Maghreb islamique.

    La troisième raison

    La déstabilisation du Mali par la France, enfin, relève de la mesquinerie d’un homme : Nicolas Sarkozy. De Dominique de Villepin à Mouammar Kadhafi en passant par Laurent Gbagbo, chacun d’eux (du moins pour les survivants) a souvenir que Sarko n’oublie ni ne rate quiconque l’aurait éclaboussé sur le chemin de ses abus du pouvoir au point de réduire en affaire personnelle toute affaire d’État qui oserait contrarier sa vision des choses. Mieux que tout citoyen malien, Nicolas Sarkozy savait parfaitement qu’Amadou Toumani Touré était à un mois de sa retraite politique et ne se présenterait plus à l’élection présidentielle annoncée pour fin avril 2012. Malgré tout, le laisser partir sans l’humilier passerait Sarko pour vaincu ; d’où le putsch qui n’aura eu ni sens ni fondement. En incitant une partie de l’armée malienne à destituer un président en fin de mandat, Sarko a voulu tout simplement se faire plaisir, montrer qu’il reste le chef et pousser ses obligés (CEDEAO, larbins des palais, etc.) à s’occuper, à se rendre indispensables et à finir par décliner leur impuissance pour les obliger de faire appel à l’éternel sauveur, la France.Parvenue à ses fins, la France dirait qu’elle n’aurait rien fait en soi qui ne fût un ordre venu des Africains eux-mêmes ou de l’ONU. Vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, ATT aura ainsi payé un temps ses doutes dans la manière d’instaurer la démocratie en Côte d’Ivoire et son opposition à l’assassinat de Kadhafi par Nicolas Sarkozy, au nom de la démocratie alors qu’en réalité, les raisons de la haine sont strictement personnelles. ATT humilié, le putsch n’a plus de raison d’être ; les abrutis à l’ordre et au service du maître n’ont plus qu’à rétablir les institutions déclarées caduques il y a seulement quelques semaines et rentrer dans les casernes pour attendre, disciplinés, que l’armée véritable débarque de Paris pour venir tracer les limites de la division du Mali.

    En entendant que les larbins d’Abidjan et de Ouagadougou, courroie de transmission via la CEDEAO, transmettent l’ordre venu de l’Élysée pour annexer le Mali au concert des nations non plus de la démocratie initiée par ATT mais de celle de la Françafrique, si chère aux valeurs de la République française. Et ce, pour de longs siècles encore, tant que la « mère patrie » trouvera sur le sol africain des répondants qui sont toujours prêts à passer pour de braves soldats… en fait de piètres serviteurs.

    Calixte Baniafouna

    http://blogs.mediapart.fr/blog/ausmidt/090412/mali-les-raiso...

    URL de cet article 19005
    http://www.legrandsoir.info/les-raisons-francaises-de-la-destabilisation-du-mali.html

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  • La guerre au Mali ne cache pas la guerre sociale...

    Je n’ai pas à m’excuser... qu’ils disent!

     

     C’est la dernière trouvaille de Laurent Berger, nouveau secrétaire général de la CFDT, dont les débuts dans la carrière ne laissent pas d’interroger sur la réalité de  la nature « syndicale » de la CFDT en 2013.

    La même formule que Valls à propos de la scandaleuse extradition d’Aurore Martin. Rapprochement inouï quand on songe que pour l’un comme pour l’autre il s’est agi de la trahison pure et simple de quelques principes fondateurs dans un cas du principe de la citoyenneté, dans l’autre de la défense réelle des droits de salariés!

    Valls avait signé un livre d’entretiens Pour en finir avec le vieux socialisme...et être enfin de gauche (R.Laffont, 2008) dans lequel il montrait sans fard que ce qu’il appelait le vieux socialisme , c’était le socialisme fondé sur une base doctrinale ou théorique, porteuse d’une critique de la société contemporaine et du mode de production capitaliste; autrement dit que ce qu’il appelait la gauche, était, pour lui, une attitude, le choix opportuniste d’une ambition, une manière de communication plutôt qu’une philosophie politique  alternative à l’idéologie dominante.

    A la CFDT, Nicole Notat avait en 1995 apporté un soutien sans faille à la politique de Juppé, créant quelques remous internes dans son organisation syndicale. La confédération ayant choisi d’encourager son « aile gauche » à partir, il n’y a plus  désormais de débat interne lié à une lecture différente des événements, à une orientation stratégique en débat ou fondé sur une base théorique explicite ancrée dans une économie politique quelconque. La CFDT a externalisé son outil doctrinal au point de ne plus en avoir et le passage de Chérèque à Terra Nova n’en est que la banale  conséquence.

     

    Social démocrate?

     

    La question n'est plus de savoir s'il  y a eu un virage ou si François Hollande est social-démocrate ; au sens où on l'entend aujourd'hui, c'est-à-dire sans référentiel théorique alternatif à la pensée néo-libérale dominante, cela n'a plus de sens et l'article de JF Kahn, dans Libération (17.01.2013), l'illustre assez bien...

    DSK, lors d’un débat des primaires internes du PS  en 2006, avait dit qu’il était social-démocrate, « social pour le projet, démocrate pour la méthode » . Ce degré zéro de la théorie politique n’avait pas choqué grand monde à l’époque et  cela n’avait pas empêché une grande partie de dirigeants du PS d’envisager sérieusement de le soutenir  pour 2012. Le vide doctrinal du parti est tel que les seuls ressorts des décisions d’orientation sont des considérations électoralistes et sondagières. Telle  avait été la raison du choix de quelques ténors en 2006, telle fut la leur en 2011. A partir du moment où le PS n’a pas de référentiel idéologique en contradiction avec le néo-libéralisme ambiant, il ne peut en être autrement. Quand on refuse de penser un changement de société, on en est réduit à la godille politicienne.

     Les élus du PS sont frappés du même mal que ceux des partis de droite: ils considèrent le mandat politique comme une activité professionnelle rémunératrice, comme une carrière au sens plein du terme et de même que le cursus honorum romain pouvait conduire au consulat, le plus lamentable parlementaire ( et on en voit toutes les semaines au moment des questions au gouvernement relayées par la télévision) se verrait ministre et pense mériter de l’être... Il est vrai que de même qu’il y a un nombre considérable de ministres inutiles, il en est de parfaitement nuls, erreurs manifestes de casting ou besogneux fidèles récompensés pour des raisons d’équilibre interne dans les méandres du parti majoritaire.

    Tout cela n’est pas neuf.

     La deuxième raison qui peut servir à comprendre pourquoi les parlementaires pour la plupart  fonctionnent soit comme des lobbyistes, soit comme des godillots, c’est que leurs revenus, leurs avantages fonctionnels, leurs retraites même, en font des privilégiés qui les mettent dans la caste dirigeante, dans la fraction la plus favorisée des contribuables, et  aux côtés des patrons pour dire les choses crûment, en termes de style de vie. La connivence avec les éditocrates et autres manipulateurs de symboles achève de les couper de leur propre électorat et du peuple citoyen en général.

     A partir du moment où les partis ne sont plus des intellectuels collectifs mais des machines à sélectionner des candidats à présenter aux élections, selon des critères où le mérite en soi n’existe pas mais où le clientélisme lié à l’exercice d’autres mandats fait apparaître, après services rendus, des ambitions raisonnables pour des relèves possibles, syndrome de M. Perrichon inclus, il ne faut pas s’étonner que l’image des élus en général, dès qu’ils exercent un pouvoir qui peut être pour le citoyen lambda assimilé à une capacité de nuisance plus ou aussi bien qu’à l’accomplissement d’une mission d’intérêt général, soit dégradée, à proportion même de la réalité du pouvoir supposé. Les réticences sur le non-cumul des mandats, les considérations politiciennes qui entourent les délais de sa mise en oeuvre n’améliorent pas la situation.

    François Hollande, sur tout cela est le reflet de son parti, or c’est cela qu’il faut changer dans la vie politique. Malheureusement, c’est dans le même contexte, avec les mêmes gens que se prépare la phase dite III de la décentralisation.

     

     

     Syndicat réformiste?

    L’interview de Laurent Berger dans Le Monde  pose pour sa confédération une série de questions de même nature quant aux pratiques à l’oeuvre.

     

    Ainsi LB se vante d’apporter un plus aux salariés et d’avoir « encadré la flexibilité dans les entreprises » ; traduisons pour ce qui concerne la mobilité interne: l’employeur est désormais tenu d’engager une négociation sur « les conditions de mobilité professionnelle ou géographique interne » mais en cas de refus de mobilité, le salarié ne bénéficiera pas des mesures de reclassement prévues pour un licenciement économique car son licenciement sera analysé comme ayant un motif personnel! Le Code du travail prévoit actuellement que l’accord express du salarié est requis pour une mobilité géographique quand elle entraîne une modification du contrat de travail...

     Il faut un talent de casuiste certainement très supérieur à la moyenne pour estimer que le salarié devrait voir dans la modification prévue  une amélioration de ses droits.

     

     En ce qui concerne la facilitation des procédures de licenciements économiques, l’entreprise aura désormais le choix entre la négociation d’un accord collectif majoritaire avec les syndicats présents dans l’entreprise (on remarquera que nombre d’entreprises sont totalement dépourvues de syndicats dans notre pays...) ou l’homologation par l’inspection du travail qui a un délai de 21 jours pour donner son avis sur le plan social, sa non réponse valant approbation du licenciement! En fait c’est la direction du travail qui est saisie et non l’inspecteur qui aurait l’entreprise dans son secteur de responsabilité, détail que Laurent Berger curieusement ne relève pas: on voit qui en profite quand on connaît la hargne du Medef contre les inspecteurs du travail... Dans le cas d’un accord dans l’entreprise, la consultation du Comité d’entreprise est prévue dans un délai très bref au-delà duquel l’accord ne pourra plus être contesté. Les délais de recours étant raccourcis, on voit là encore qui est immédiatement gagnant.

     Dans l’indemnisation des licenciements abusifs, c’est encore l’employeur qui est protégé: encourageant les accords amiables dans les procédures prud’homales, et non plus judiciaires, l’accord a prévu une grille d’indemnisation si faible qu’on voit mal qui pourrait encourager les salariés à accepter un accord à l’amiable (2 mois de salaire pour moins de deux ans d’ancienneté, 4 mois entre 2 et 8 ans, 8 entre 8 et 15 ans, 10 entre 15 et 25 ans, 14 mois au-delà de 25 ans...)

     

     Ce que voulait le Medef: moins d’intervention du juge, une accélération des délais, une diminution des droits réels du salarié est acté dans l’accord, quant à l’accord compétitivité-emploi, on peut faire confiance aux cabinets d’experts pour établir des diagnostics économiques conformes aux voeux patronaux et une clause de retour et de maintien de l’emploi la moins contraignante possible.

     Bon prince, M. Berger n’interdit pas au Parlement de faire son travail de législateur mais il sait que le président veut introduire un clause de dialogue social dans la Constitution ce qui est un bouleversement institutionnel considérable car cela introduit un corps intermédiaire de plus entre le citoyen souverain et le législateur qu’il a mandaté.

     Le paysage syndical français n’offre d’ailleurs aucune garantie supplémentaire de prise en compte des intérêts des salariés, cet accord en est  une bonne illustration.

    En revanche, il va falloir se poser sérieusement la question, dans le mouvement syndical tout entier, de savoir si la direction de la CFDT est encore une direction "syndicale", en charge de la défense des intérêts "matériels et moraux" de ses mandants; il me semble que les deux vont de pair... et selon la conclusion qu'on en tire, cela aurait quelques conséquences pratiques sur la construction des rapports de force à prévoir et sur les alliés utiles dans cette démarche. 

     

     Il est clair que la valorisation de la notion de contrat, entre partenaires à la représentativité discutable et en tout cas non opposable à la qualité de citoyen, il n’y a pas d’un côté le salarié et de l’autre le citoyen, la première qualité est subsumée dans la seconde, valorisation contre la Loi, est une régression en termes démocratiques: si l’on peut contester que les élus du peuple soient systématiquement soucieux de l’intérêt général, ils sont élus au suffrage universel direct, et  l’inégalité des contractants dans un accord social n’encourage et ne favorise  à coup sûr que le plus cohérent et le plus fort. 

    Dans un pays où la piétaille politicienne, jusqu’au ministre du budget, ne croie pas  ou fait semblant de ne pas croire que la lutte des classes existe, cet accord présenté comme historique par des ministres de deuxième ordre est une vraie ouverture de régressions sociales.

     Chateaubriand écrit qu’il se trouve parfois « un des ces hommes qui jaillissent des événements et qui sont les enfants spontanés du péril »; nous ne sommes pas dans ce cas de figure et face aux géants que l’Histoire produit parfois, à raison d’un par siècle, personne en France aujourd’hui n’est à la hauteur de ce rôle, en Europe non plus, hélas!

    http://2007-aux-armes-citoyens.over-blog.com


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  • RETOUR AU MOYEN AGE ET A L'INQUISITION

      Hollande.jpeg "Massacrez-les,

    car le seigneur

    connaît les siens".

     

     

    En 1204, le pape Innocent II envoie Arnaud Emery en Occitanie soutenir l'action du légat  pontifical Pierre de Castelnau, qui prêche contre les Cathares. Arnaud Amaury passe pour avoir dit, lors du sac de Béziers,  à des soldats qui lui demandaient comment distinguer les bons fidèles des hérétiques: « Massacrez-les, car le seigneur connaît les siens. »

     

     

    MAINTENANT, J'EN SUIS CONVAINCU: J'AURAIS TOUT VU! 

    Et en dernier, le surréaliste  François Hollande qui se prend pour un habile chef de guerre et envoie tout seul, comme un grand  une armada d'avions, de tanks, de drones, de bombardements qui bien sur épargnent les civils, contre des "terroristes islamistes" se déplaçant en pick up armés de kalachnikovs et lances roquettes. Cette aventure coloniale s'accompagne d'une propagande totalement mensongère mais bien huilée. Et "la classe politique", y compris le pathétique Kouchner sorti ce mercredi 16 janvier de son sarkophage sur France Inter, est toute entière derrière cette guerre qui va apporter de nouveaux massacres, qui va faire contribuer à faire sombrer notre image aux yeux des progressistes et des peuples du Monde, et qui va coûter très cher aux travailleurs de France invités à passer à la caisse.  

    N'oublions pas que la situation catastrophique dans cette zone d'Afrique est la conséquence :

    - de la colonisation qui a entraîné entre autre la mise en place de structures étatiques artificielles

    - du pillage qui continue des richesses de ces pays (au Mali et au Niger, ça fleure bon pétrole, gaz, uranium etc ... ) et l'exploitation des peuples de la région. Cela s'appelle toujours la France-Afrique de de Gaulle, Pasqua Mitterrans Sarkozy et maintenant Hollande.

    - de la destruction de la Libye par la France de Sarkozy les USA et l'OTAN, qui a permis l'armement des "terroristes". En fait qui a jeté toute une fraction de ces populations dans le désespoir et la révolte.  Désespoir et révolte récupérés par les forces réactionnaire islamistes elles même manipulées par les gens du Pentagone, de l'OTAN et des services secrets français. Par exemple, Hollande soutient et arme très activement des  djihadistes  qui opérent en Syrie et lance une guerre contre ceux qui opérent au Mali !  

     

     Le mardi 15 janvier 2013 le nouvel Arnaud Amaury qu'est François Hollande à la question d'un journaliste "que faire des terroristes au Mali": "Les détruire!"

    Il a oublié de préciser s'il pense que Dieu reconnaitra les siens ...... 

    Cette France de l'Inquisition, des massacres coloniaux, n'est pas la France des droits de l'Homme et du Citoyen. Elle n'est pas notre France. Sachons le faire savoir, même si aujourd'hui nous ne sommes pas nombreux!

    Notre France est celle que chante Jean Ferrat.

    Jacques Lacaze

     


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  • Qu'est-ce que la France fait au Mali ? Le gendarme ? le douanier ?

    Au Mali, contre les islamistes, la France s'est faite gendarme de l'Europe. Pour prévenir la prise de Bamako par les djhadistes, mais aussi, peut-être bien, pour éviter que, la situation dégénérant, une partie des 400'000 réfugiés maliens (250'000 déplacés à l'intérieur du pays, 150'000 réfugiés au Niger, en Mauritanie et au Burkina Faso) ne fasse le choix de la migration européenne. Remettre de l'ordre au Mali, y restaurer quelque chose qui ressemble à une autorité : Le soutien européen à l'intervention française au Mali ne pourrait-il pas s'expliquer aussi par l'espoir d'éviter que trop de Maliens ne viennent en Europe ?


    « Moi président de la République »... et de la Françafrique ? 

    François Hollande, président « normal » mué en chef de guerre, l'a reconnu : l'opération «Serval» ne pourra pas liquider l'islamisme armé au Mali en balançant quelques missiles sur des convois de 4x4 ou des camps djihadistes.  Que peuvent des opérations « Serval » contre des organisations comme  Aqmi, le Mujao ou Ansar Eddine? Les repousser hors des villes, sans doute -mais des membres de ces organisations y resteront tout de même, clandestins fondus dans la population. Détruire des colonnes blindées, ou des camps dans le désert ou la savane, sans doute aussi -mais les combattants se disperseront et se regrouperont plus discrètement. Le gouvernement malien, son armée, les contingents africains et l'armée française contrôleront les villes et les grandes routes. Mais le Mali est immense et ses frontières, tracées au cordeau lors de la colonisation et ne correspondant à aucun tracé naturel ni à aucune délimitation humaine, sont incontrôlables (l'Algérie a bien annoncé avoir fermé les siennes, mais comment fermer une ligne de 1000 kilomètres de désert ?).

    Soutenue politiquement par l'ONU, plusieurs pays occidentaux et les Etats ouest-africains de la CEDEAO, avec quelques mesures matérielles plus ou moins symboliques,  la France est pour l'instant, sur le terrain, seule face aux djihadistes. Juridiquement, son intervention s'appuie sur un accord de défense passé avec le Mali, sur la charte des Nations Unies, sur l'appui des Etats ouest-africains et même sur la connivence de l'Algérie et des rebelles touaregs. Politiquement, elle est, en France même, largement soutenue (à deux critiques près, celles de Jean-Luc Mélanchon et de Dominique de Villepin). Officiellement, l'intervention française est un appui à une reconquête du nord du Mali par l'armée malienne. Officiellement. Mais sur le terrain, ce ne sont pas les Français qui apportent leur soutien aux Maliens, ce sont les Maliens qui accompagnent les Français.

    Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad, proclamant l'existence d'une nation touareg, s'était, contre nature (il est laïc), allié aux islamistes armés (touaregs, eux aussi) d'Ansar Eddine. Mais les djihadistes se contrefoutent du droit des touaregs à disposer d'eux-mêmes : proclamant qu'il n'y a qu'une souveraîneté, celle de Dieu, qu'un droit, la charia, qu'une nation, l'islam, ceux d'Aqmi et du Mujao ont éliminé le MNLA du terrain, ont pris sa place, et, avec Ansar Eddine sont lancés vers le sud au printemps et à l'été de l'année dernière. Et les villes sont tombées les unes après les autres : Tessalit, Aguelhok, Kidal, Tombouctou, Gao, Léré, Kona, Douentza. Lorsque les djihadistes ont atteint Mopti, s'ouvrant la route de Bamako, la France est intervenue (plus tôt que prévu) pour les stopper, l'armée malienne s'en révélant incapable -et les djihadistes se révélant mieux armés (notamment grâce aux armes sorties de Libye à la chute de Kadhafi) que prévu.

    Les djihadistes ont donc été stoppés par l'intervention française, mais elle ne les chassera pas du Mali (et moins encore de l'immense zone sahélienne). Elle en préservera certes le sud du pays et en protégera pour un temps ce qu'on pourrait, cyniquement, considérer comme le « Mali utile », celui des villes, celui que visitent les touristes, celui de Bamako et de Tombouctou, mais ensuite, une fois les Français repartis (puisque François Hollande et Laurent Fabius ont assuré qu'ils n'étaient pas là pour rester) ? C'est grand, le Mali. Et c'est pauvre, le Mali. Et c'est traversé de conflits sociaux, politiques, culturels, le Mali. Et dans ce grand, pauvre et conflictuel Mali, les islamistes n'auront pas disparus, ni leurs soutiens. Or nul n'accorde aux contingents africains de la CEDEAO beaucoup de chances, une fois les Français repartis (s'ils repartent), de préserver réellement le Mali d'un retour des djihadistes, et si ce retour se fait, de les chasser à nouveau -mais les chasser où ? Au Niger, en Mauritanie, où il faudra à nouveau en protéger le régime en place ?
    Les gouvernements français depuis vingt ans jurent en avoir fini avec la « Françafrique ». Mais la «Françafrique», elle, n'en a pas fini avec la France : avant le Mali, la France est intervenue militairement en 2011 en Côte d'Ivoire pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, puis en Libye pour contribuer à renverser Kadhafi, puis en Centrafrique pour dissuader des rebelles de dégommer le président en place. Et aujourd'hui, il semble bien que ce ne soit pas François Hollande qui se veuille « président de Françafrique », mais son collègue malien qui tienne à le considérer comme tel...
    Devoir choisir entre l'ancien colonisateur et les fous de Dieu : l'alternative proposée à une bonne partie de l'Afrique, plus d'un demi-siècle après la « décolonisation », est exaltante...
    Et Thomas Sankara, décidément, manque cruellement...

    http://causetoujours.blog.tdg.ch

    Après Sarkozy en Libye, Hollande victime d’un mirage au Mali

    Les frappes françaises au Mali contre la prudence des Etats Unis (New York Times)

    Adam Nossite, Eric Schmitt, Mark Mazzetti
     

    Je ne sais pas quel jeu joue le gouvernement algérien qui a autorisé la France à faire transiter par son espace aérien des avions se rendant au Mali.

    Peut-être était-ce le prix à payer pour les déclarations alambiquées de François Hollande lors de son dernier déplacement à Alger, ou encore pour le remercier d’avoir écouté sans broncher la chorale féminine qui chantait ses louanges à Tlemcen.

    En tout cas, même si l’engagement algérien ne va pas plus loin, c’est déjà une faute et un reniement des principes qui ont animé la lutte anticoloniale.

    Quant à savoir ce qui a amené la France à intervenir sans mandat de l’ONU et prétendument à l’appel d’un gouvernement qui n’a d’autre légitimité que celle que lui a donné un coup d’Etat…

    La France va essayer maintenant de régulariser sa situation à l’ONU, ce qui laisse sous-entendre qu’à paris on est quelque peu conscient de la faiblesse de l’habillage légal donné à son intervention.

    Paris a aussi argué de la nécessité d’assurer la sécurité de ses ressortissants, ils sont quelques milliers, au Mali.

    Un argument étrange qui sera peut-être utilisé par un des multiples pays d’origine des migrants qui résident en France en cas d’accession à l’Elysée d’un candidat extrémiste !

    La vérité est que la France est partie en guerre pour défendre ses intérêts miniers et stratégiques et que si elle était disposée à laisser agir, sous son contrôle, une force africaine dominée par des représentants de la Françafrique, elle ne pouvait pas permettre à une autre puissance extra-africaine de prendre l’initiative militaire. Cette vérité est d’ailleurs affirmée clairement par le gouvernement français même si les journalistes la noient dans tout un fatras de considérations, notamment techniques et tactiques.

    François Hollande intervient militairement en Afrique au nom des intérêts de la France de de l’Europe

    La France ne pouvait pas même laisser la première place aux Etats Unis qui s’échinent patiemment depuis des années à rogner la place de la France dans la région même si sa stratégie a été quelque peu perturbée par l’arrivée de ce nouvel acteur de premier plan qu’est la Chine.

    Et cette intervention française tombe finalement plutôt bien pour les Etats Unis et, si on en croit cet article du New York Times, les Américains ne sont tout de même pas fâchés de voir la France s’y coller parce qu’ils n’avaient pas vraiment envie d’y aller eux-mêmes : trop compliqué pour des résultats aléatoires.

    Bien sûr, la France, avec le renfort éventuel de ses ‘’alliés’’ africains, a parfaitement les moyens de contenir, de repousser et d’infliger de lourdes pertes aux miliciens qui tiennent actuellement le nord du Mali (et aux populations civiles aussi soit dit en passant).

    Et les choses peuvent même aller très vite.

    Le problème étant justement celui de la durée. Sauf à occuper durablement le Sahara et la région sahélienne, en y installant des postes militaires, en y faisant circuler des unités motorisées et en patrouillant régulièrement l’espace aérien, les combattants qui se seront égayés dans la nature et au-delà du « limes » reviendront dès qu’ils auront reconstitué leurs forces.

    Le limes romain en Afrique

    Et compte tenu de l’instabilité (à laquelle l’Etat algérien a malheureusement contribué), et de la pauvreté, qui règnent dans une région à l’économie de laquelle l’intervention en Libye (avec la France en pointe déjà) a porté un coup très dur, il n’y a aucune raison pour que ces forces ne se reconstituent pas dans des délais assez brefs.

    Pour conclure, on dira qu’il est quand même piquant de voir François Hollande aller guerroyer contre des clones ce ceux qu’il soutient mordicus en Syrie.

    NB : j’ai hésité dans la traduction du titre. Au lieu de « supplantent (ou remplacent) la prudence », j’ai préféré « contre la prudence. » Il me semble que dans le verbe supplanter il y une notion d’antagonisme ou d’opposition.

    MOUNADIL AL DJAZAÏRI

    http://mounadil.blogspot.fr/

    * * * *

    Les frappes françaises au Mali contre la prudence des Etats Unis

    par ADAM NOSSITER, ERIC SCHMITT and MARK MAZZETTI.
    The New York Times (USA) 13 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

    Bamako, Mali – Des avions de combat français ont frappé en profondeur au cœur des bastions rebelles du nord du Mali ce dimanche, mettant fin à des mois d’hésitation internationale au sujet d’une action militaire dans la région et après l’échec de toutes les autres tentatives des Etats Unis et de leurs alliés pour contrer les extrémistes.

    Pendant des années, les États-Unis ont essayé d’enrayer la propagation du militantisme islamique dans la région en mettant en œuvre le plus ambitieux de ses programmes de lutte contre le terrorisme à travers ces vastes étendues turbulentes du Sahara.

    Mais quand les insurgés se sont répandus dans tout le désert l’an dernier, les commandants des unités d’élite des armées de ce pays, entraînées minutieusement pendant des années par les Etats Unis ont fait défection au moment où on avait le plus besoin d’eux – pour passer à l’ennemi en pleine bataille, avec leurs hommes, leurs fusils et leurs nouvelles compétences, selon des officiers supérieurs Maliens.

    "Ce fut un désastre,” déclare un des officiers Maliens qui confirme les défections.
    Puis, un officier formé par les Etats Unis a renversé le gouvernement élu du Mali, préparant le terrain pour que plus de la moitié du pays tombe entre les mains des extrémistes islamistes. Les avions espions et les drones de surveillance américains ont essayé de mettre de l’ordre dans cette pagaille, mais les officiels Américains et leurs alliés en sont encore à se triturer les méninges pour se faire une idée précise de ce qu’ils affrontent.

    Maintenant, malgré les avertissements américains de longue date sur le risque qu’une attaque occidentale sur le bastion islamiste fasse affluer des djihadistes de partout dans le monde et encourage des attentats terroristes aussi loin qu’en Europe, les Français sont entrés d’eux-mêmes en guerre.

    Ils ont d’abord freiné la progression islamiste, affirmant que le reste du Mali serait tombé entre les mains des militants en quelques jours. Puis, le dimanche, les avions de combat français sont passés à l’offensive, attaquant des camps d’entraînement, des dépôts et d’autres positions des militants loin à l’intérieur du territoire contrôlé par les islamistes, dans le but de déloger les militants qui ont créé là un des plus importants repaires au monde pour les djihadistes.

    Certains officiels du Départment de la Défense, en particulier des officiers du Joint Special Operations Command au pentagone ont plaidé en faveur d’une campagne d’assassinats [lethal campaign] pour tuer les hauts responsables de deux des organisations extrémistes qui tiennent le nord du Mali, Ansar Dine et Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Tuer les chefs, soutenaient-ils, pourrait provoquer un effondrement interne.

    Mais son attention et ses ressources étant concentrées sur d’autres conflits comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et la Libye, l’administration Obama a rejeté ces frappes en faveur d’une stratégie plus prudente et une action indirecte : aider les nations africaines à repousser et à contenir la menace par elles-mêmes.

    Ces quatre dernières années, les Etats Unis ont dépensé entre 520 et 600 millions de dollars dans un vaste effort pour combattre le militantisme islamiste dans la région sans faire des guerres comme celles qu’ils ont menées au Moyen Orient. Ce programme s’est étendu du Maroc au Nigeria et les officiels Américains présentaient l’armée malienne comme une partenaire exemplaire. Les forces spéciales américaines avaient formé les soldats Maliens au tir de précision, à la patrouille de frontière, à l’embuscade et à d’autres techniques du contreterrorisme.

    Mais toute cette planification délibérée a rapidement volé en éclats quand des combattants islamistes aguerris et lourdement armés sont rentrés des combats en Libye. Ils se sont alliés avec des djihadistes comme Ansar Dine, ont mis en déroute des forces maliennes mal équipées et les ont démoralisées à tel point qu’il s’en est suivi une mutinerie contre le gouvernement dans la capitale, Bamako.

    Une évaluation confidentielle à l’interne effectuée en juillet dernier par l’Africa Command (Africom) au Pentagone avait conclu que le coup d’Etat était allé trop vite pour que le commandement américain où les analystes du renseignement puissent en détecter de véritables signes avant coureurs.

    Le coup d’Etat au mali est allé si vite et il y avait si peu de signaux d’alerte, » explique le colonel Tom Davis, un porte parole du commandement. « L’étincelle qui l’a déclenché s’est produite chez les officiers de niveau intermédiaire qui ont fini par renverser le gouvernement, pas aux échelons supérieurs où on aurait pu plus aisément remarquer des signaux d’alerte »

    Mais un officier des Forces d’Opérations Spéciales n’est pas d’accord, qui affirme, “Les choses fermentaient depuis cinq ans. Les analystes étaient trop complaisants dans leurs hypothèses et ils n’avaient pas vu les gros changements et leur impact, comme l’armement lourd en provenance de Libye et la nature différente, plus ‘’islamique’’ des combattants qui revenaient.

    Les mêmes unités de l’armée entraînées par les Etats Unis et qu’on voyait comme la meilleure chance de repousser cette avance se sont avérées en fin de compte être à la base de la défaite militaire du pays. Les chefs de ces unités d’élite étaient des Touareg – de la même ethnique nomade qui envahissait le nord du Mali.

    Selon un officier supérieur, les commandants Touareg des quatre unités maliennes combattant dans le nord à l’époque avaient fait défection en faveur de l’insurrection ‘’au moment crucial », emportant avec eux les combattants, les armes et un peu d’équipement. Il affirme qu’ils ont été rejoints par environ 1 600 autres transfuges de l’armée malienne, portant un coup sévère aux espoirs du régime de résister à l’offensive.

    L’aide des Américains s’est révélée sans utilité,” déclare un autre officier supérieur Malien, engagé en ce moment dans les combats. ‘’Ils ont fait les mauvais choix,’’ dit-il en s’appuyant sur des chefs d’un groupe [ethnique] qui est en rébellion contre l’Etat malien depuis cinquante ans.

    Le quasi effondrement de l’armée malienne, y compris des unités entraînées par les forces spéciales américaines, suivi par un coup d’Etat avec à sa tête un officier formé par les Etats Unis, le capitaine Amadou Sanogo, a surpris et embarrassé le haut commandement militaire américain.

    ‘’J’ai été très déçu de voir un militaire avec qui nous étions en relation pour le former participer au renversement par l’armée d’un gouvernement élu,’’ a déclaré le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom, dans un discours prononcé à la Brown University le mois dernier. ‘’On ne peut pas qualifier ça autrement que complètement inacceptable.’’

    Les officiels Américains défendent leur entraînement de l’armée malienne, expliquant qu’il n’avait jamais eu pour but d’être aussi complet que ce que les Etats Unis ont fait en Irak et en Afghanistan. ‘’Nous avons entraîné cinq unités pendant cinq ans, mais est-ce que ça suffit à faire une véritable armée solide comme le roc ?’’ demande un officier de l’armée américaine bien au courant du dossier.

    Après le coup d’Etat, les extrémistes ont rapidement écarté les Touareg dans le nord malien et appliqué une version dure de l’Islam à la population, coupant des mains, flagellant les habitants et poussant à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Les pays occidentaux ont alors adopté une stratégie d’endiguement, exhortant les pays africains à boucler le nord du pays en attendant d’être en mesure de mobiliser une force armée pour chasser les islamistes à l’automne, au plus tôt. A cette fin, le Pentagone fournit à la Mauritanie des camions neufs et au Niger deux avions de reconnaissance Cessna, en plus de la formation militaire dispensée dans les deux pays.

    Mais même ce plan de sauvetage a échoué car les islamistes ont progressé dans le sud en direction de la capital. Avec des milliers de citoyens Français au Mali, son ancienne colonie, la France a décidé qu’elle ne pouvait pas attendre plus longtemps et a bombardé les militants sur la ligne de front et en profondeur dans leur repaire.

    Certains experts dissent que des troupes étrangères pourraient facilement reprendre les grandes villes du nord du Mali, mais que les combattants islamistes ont obligé des enfants à se battre pour eux, ce qui est dissuasif pour toute force d’invasion, et pourraient recourir à des tactiques insurrectionnelles meurtrières.

    ‘’Ils ont préparé ces villes pour en faire un piège mortel,’’ déclare Rudy Atallah, l’ancien directeur de la politique du contreterrorisme pour le Pentagone. ‘’Si une force d’intervention va là-bas, les militants en feront une guerre insurrectionnelle.’’

    source : http://www.nytimes.com/2013/01/14/world/africa/french-jets-s...

    Adam Nossiter reported from Bamako, Eric Schmitt from Niamey, Niger, and from Washington, and Mark Mazzetti from Washington. Steven Erlanger contributed reporting from Paris.

    URL de cet article 18977
    http://www.legrandsoir.info/apres-sarkozy-en-libye-hollande-victime-d-039-un-mirage-au-mali.html

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  • La guerre au Mali et l'Algérie

    L'Algérie a une frontière de 1376 km avec le Mali. Et le moins qu'on puisse dire est que la presse de ce pays commente aigrement l'entrée en guerre de la France chez son voisin. Même si l'Algérie vient de laisser survoler son espace aérien par l'aviation française et ferme ses frontières avec le Mali. Mais le pourra-t-elle ou le voudra-t-elle?

     

    "Paris a mis tout le monde devant le fait accompli", commentait en tous cas dimanche 13 janvier le quotidien El Watan.

     

    "L'intervention militaire française au Mali a été baptisée du nom de code Serval. Pour ceux qui ne le savent pas, le serval est un petit félin africain qui a la particularité d'uriner trente fois par heure pour marquer son territoire. Justement..., dit l'éditorial du journal Liberté. "La France ainsi décidé de faire l'impasse sur les résolutions onusiennes pour partir en guerre contre le terrorisme au Sahel. Toute seule, comme le serval, elle n'a pas résisté à la tentation épidermique de revenir dans son ancien pré carré pour montrer à tout le monde qu'elle est la seule qui connaît le mieux les intérêts des Maliens. Leurs anciens colonisés". Et le journal de poursuivre: "Quand l'intérêt français est menacé en FrançAfrique, Paris dégaine son costume de gendarme et envoie ses hélicoptères. Protéger les gisements d'uranium du Niger vaut tous les sacrifices de dépenses militaires même en pleine crise économique".

     

    Preuve d'une décision purement intéressée, estime L'Expression: "la France est bien seule à faire le coup de feu au Mali. Cet isolement de la France contredit l'argument de 'la légalité internationale' avancé par le président français pour justifier son intervention qui a, de toute évidence, été décidée dans la précipitation". 

     

    "La France ne chercherait-elle pas à déstabiliser l'Algérie?", estime Le Temps d'Algérie:"Derrière l'enjeu malien, la France coloniale cherche à la punir l'Algérie. Cette crise n'est qu'une étape pour l'atteindre in fine, dont le Sud est cerné par l'armée française qui opère en Lybie, en Côte d'Ivoire, au Niger, en Mauritanie, au Tchad et au Mali. La France cherche par les armes à réaliser un rêve colonial" et "la préservation des intérêts de la France dans la région du Sahel".

     

    Une position partagée par Le Soir d'Algérie:  "l'intervention militaire française au Mali est une des étapes d'un plan visant l'installation de forces étrangères dans la région du Sahel"

     

    Seul voix discordante, Le Matin critiquant Alger et sa position  "ni claire ni cohérente" sur la question du Mali et du Sahel.

     

    Quels que soient les intérêts en jeu, "l'intervention militaire en cours n'est pas et ne pourra être la panacée à la crise malienne comme le prétendent les partisans maliens et étrangers de la solution militaire", analyse le Quotidien d'Oran.  "Au vu de l'étendue et de la configuration du terrain d'opérations, il ne faut pas en attendre l'éradication totale et définitive de ces groupes armés, d'autant que le tout militaire qui l'inspire ne s'embarrasse nullement de répondre favorablement aux revendications légitimes des populations du nord du Mali et que partagent une grande partie des éléments enrôlés dans les groupes armés qui sévissent dans cette région du Mali", prédisant "l'enlisement dans la guerre" et "la pérennisation de l'état d'insécurité. Les frontières [de l'Algérie] sont si grandes que l'Etat ne peut  contrer  les infiltrations des groupes terroristes et l'afflux des populations à la recherche d'un refuge sur son territoire."

     

    L'Amenokal du Hoggar, chef traditionnel des Touareg algériens, prédit, dans El Watan, que cette "guerre déclarée à nos portes engendrera le chaos" et de "graves répercussions" sur toutes les villes du sud de l'Algérie, comme en témoigne, selon lui, l'arrivée de nombreux réfugiés.

     

    Note de ma pomme: Il faut savoir que le fascisme islamique est aussi présent en Mauritanie, au Niger et au Burkina-fasso, tout comme en Algérie. Il faut savoir aussi que tous les états du Sahel ont des frontières fluctuantes héritées du colonialisme français qui avait découpé "son" Afrique pour mieux la mettre sous son joug.

    Pour le Mali, la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l'ONU (votée sans veto et à l'unanimité) n'autorisait pas la France à y entrer en guerre. Outre que l'ONU sollicitait ce pays pour y "rétablir l'ordre constitutionnel et l'unité nationale" notamment par des élections présidentielles, elle exigeait que les groupes rebelles maliens du Nord rompent tout lien avec les organisations terroristes islamiques. Elle autorisait aussi la formation des soldats maliens par des techniciens étrangers. Et était prévu l'envoi d'une force militaire internationale formée majoritairement de contingents africains et placée sous un commandement expressément africain, tout "en préservant la population civile". Et jamais, le Conseil de sécurité de l'ONU n'avait entériné le déclenchement soudain d'une offensive dans la partie nord du Mali.

    François Hollande, président de la République et chef des armées, seul dans son palais de l'Elysée, s'est arrogé d'autres droits. Comme au meilleur temps de la France et de ses colonies africaines et de la canonnière. Et preuve que l'esprit démocratique n'étouffe pas l'éxécutif français, Jean-Marc Ayrault, son grand chambellan, souhaite un "débat au parlement rapidement mais sans vote" alors que la guerre est déclarée depuis vendredi soir et que la Constitution impose la réunion du Parlement dans les 3 jours du début des combats. Pour autant, les présidents socialistes de l'Assemblée nationale et du Sénat n'ont pas mouftés à cette heure. Ni l'un de ces constitutionnalistes de service dans les téloches et encore moins le Conseil constitutionnel.

    Mais lorsqu'on va-t-en guerre, a-t-on le temps de s'emmerder avec des textes régissant la 5e République?

     

    Enfin pour le débat, les Touaregs, population éclatée en 5 pays et malmenée dans tous:

     

    Touareg


    Populations
    Population totale 1 300 000 (1994)
    Populations significatives par régions
    Niger  700 000 (1994)
     Mali 400 000 (1994)
     Algérie 40 000 (1994)

     Burkina Fasso
      

    Lybie

    160 000 (1994)
    Autre
    Région d'origine: Sahara  
    Langue(s): Touareg  (Tamasheq, Tamajeq, Tamahaq)
    Religion: Islam  
    Groupe(s) relié(s): Berbères  

    Tuareg area.png
    Carte de répartition

     http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • ALGERIE de la colonisation à la guerre : une exposition réalisée par l'Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC)

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    cliquez sur les images

     

    Photos: EL DIABLO (fête de l'Humanité 2012)

    L’hommage de François Hollande à Maurice Audin

    vendredi 21 décembre 2012
    par  algerep

    "L’écrivain Benamar Médiène revient sur l’importance de l’hommage rendu aujourd’hui au militant communiste, mort sous la torture des troupes coloniales françaises, par François Hollande lors de sa visite en Algérie.

    Maurice Audin à Alger par Ernest Pignon - DR

    Benamar Médiène : C’est un grand symbole, très attendu par les intellectuels, les anciens combattants, les militants communistes, dont la mémoire a été délaissée par le pouvoir algérien. Certaines façons d’évoquer le combat de Maurice Audin me paraissent outrageantes. Il ne s’agit pas d’un Européen qui aurait «  aidé les Algériens  ». Maurice Audin n’était pas extérieur à ce peuple, il était un Algérien.

    Maurice Audin

    Comme Fernand Yveton, comme Henri Maillot et beaucoup d’autres communistes algériens tombés au maquis, non pas comme des supplétifs, mais comme des patriotes. Audin est un Algérien mort pour l’Algérie mais aussi pour l’honneur de la France, selon l’expression de Francis Jeanson. La remise de documents à Josette Audin, la clarification attendue sur la place Audin participent d’une symbolique forte, d’une espérance et d’un pari sur l’avenir." (Extraits d’un entretien avec l’écrivain dans l’Humanité du 20 décembre).

    Cependant Benamar Médiène croit devoir ajouter au sujet de l’hommage de Hollande à Audin : "Ce geste contribuera aussi à laver les socialistes du terrible soupçon qui pèse sur eux, du fait de l’attitude qui fut la leur pendant la guerre d’Algérie."

    Maurice Audin : LA DISPARITION

    Or, il ne s’agit pas de "soupçon" mais d’une réalité. Ce sont les socialistes qui ont réclamé et obtenu que les pleins pouvoirs soient accordés aux forces colonialistes de répression. C’est sous la direction du gouverneur général de l’Algérie, Robert Lacoste, un dirigeant de la SFIO, ancien nom du Parti socialiste, que les exactions des colonialistes sont coordonnées et couvertes. Il est hypocrite de se recueillir à la mémoire de Maurice Audin et de ne pas condamner le fait que les paras qui l’ont étranglé, après l’avoir affreusement torturé, l’ont fait en application du feu vert des socialistes à la guerre implacable contre le peuple algérien pour sa liberté. Il est vrai qu’il y a quelques années le Parti socialiste français s’est revendiqué de tout l’héritage des socialistes, donc y compris de ses crimes en Algérie, notamment pendant la guerre de libération.

    Alger républicain

    21.12.12


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  • Egypte le piége du referendum ou comment diviser un peuple en insurrection :

    Egypte : Le chaos politique s’approfondit

    Nouvelles d’Egypte envoyées par un lecteur, 12 décembre 2012 :

    Après les manifestations d’hier mardi, avec moins de monde que d’habitude semble-t-il, tout le monde prépare la manif de vendredi. Ceci dit, les Islamistes bloquent toujours par la force la Haute Cour Constitutionnelle et certains médias jugés trop hostiles à leur cause (notamment ceux qui ont révélé leurs chambres de torture).

    Au niveau du référendum de samedi proposé par les islamistes sur leur constitution ( qui interdit un peu tout) l’opposition libérale a battu des records de crétinisme électoral. Alors que la rue veut le boycott de ce qu’ils considèrent comme une farce, le Front National de Salut, de Baradei, Moussa et Sabbahi, a d’abord dit qu’il boycottait, mais que ses dirigeants participeraient, puis ce matin a déclaré qu’il fallait y participer en votant « non », mais à condition que les juges ne le boycottent pas ( or les juges ont annoncé hier qu’ils le boycottaient) que l’armée en garantisse la sécurité (!!!!!!!!!!!!), que le dépouillement soit fait le jour même sous contrôle, et qu’il n’ait pas lieu sur deux jours ( Morsi pour contrer le boycott des juges qui sont nécessaires pour le déroulement du scrutin a décidé de le faire en deux fois pour avoir suffisamment de juges à chaque fois. Il y a environ 14.000 bureaux de votes et 7 000 juges environ qui se déclareraient prêts à y participer). Comprenne qui pourra: ni boycott, ni participation, mais quand même vote « non ». La droite française est dépassée …

     

    Le discours du dirigeant socialiste nassérien, le Mélenchon local, est un sommet. Il commence par dire qu’il faut boycotter cette farce électorale, parce que les juges le boycottent mais que si les juges ne le boycottaient pas, il faudrait y participer, et que partout où il aura lieu, il faudra voter « non », mais qu’il faut que ce soit un scrutin surveillé, puisqu’il n’y aura pas de juges à ce scrutin pour compter les votes « non » et donc que les juges doivent le surveiller… En conséquence, il faut voter « non ». CQFD. Si vous avez compris vous êtes
    fort.

    Mais Morsi a compris cette capitulation et a aussitôt annoncé que le vote aurait lieu en deux temps pour tourner le boycott des juges et a fait condamné dans la foulée un juge qui avait refusé de juger des manfiestants anti-Morsi… Bref Morsi n’existe que par l’incapacité de l’opposition. Il faudrait dire lâcheté.

    En effet, les libéraux qui participent aux manifestations sont, d’après les témoignages, littéralement terrorisés par le peuple des manifestants. Ils ont peur du peuple. Plus peur du peuple que de la dictature. Ils préfèrent presque les Frères Musulmans et leur dictature au peuple des manifestations. Ca rappelle hélas de l’histoire ancienne, quand ces gens-là, les démocrates, se jettent dans les bras de la dictature contre le peuple. Juin 1848…

    Bref les libéraux lâchent les juges en lutte, lâchent les manifestants en lutte, les artistes, les journalistes, et bien sûr les ouvriers. En conséquence, les démocrates du « mouvement du 6 avril » changent de position, appellent aussi à participer en votant « non », même les socialistes révolutionnaires épousent le tournant en expliquant qu’ilfaut boycotter de toutes les manières y compris en votant « non » !!!!!!!

    Quelle honte!!!! Il existe toutefois un collectif du boycott, qui appelle à venir perturber le scrutin par des manifestations ou tout autre expression.

    On peut annoncer le résultat du référendum qui sera donné par les Frères Musulmans qui tiennent les leviers du scrutin y compris le compte des bulletins. En plus ils menacent de l’enfer ceux qui ne voteront pas et aussi, pour les athées, d’amendes de 500 livres Egyptiennes. Donc, voila le résultat: plus de 50% de participation et très large victoire du « oui ».

    Ensuite quelle légitimité cela aura ? Très faible à mon avis. Dés le lendemain les gens recommenceront à manifester (dans la constitution pour laquelle est organisé le référendum, il y a par exemple l’interdiction des syndicats, que ça ! Interdiction de critiquer la religion, aucun droit pour les femmes, etc, etc…)

    En attendant, manif de boycott vendredi.

    Vive la révolution !


    https://communismeouvrier.wordpress.com/2012/12/13/egypte-le...

    URL de cet article 18675
    http://www.legrandsoir.info/egypte-le-piege-du-referendum-ou-comment-diviser-un-peuple-en-insurrection.html

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  • Morsi et les forces contre-révolutionnaires

    Mohamed Morsi a annulé le décret qui lui conférait des pouvoirs élargis mais a maintenu le référendum sur le projet constitutionnel qui cherche à consolider la position politique dominante des Frères musulmans dans le pays. Lee Sustar, journaliste au SocialistWorker.org, analyse ces efforts du président égyptien pour empêcher l’aboutissement du printemps arabe.

     

    Le projet constitutionnel que Morsi veut soumettre au vote le 15 décembre ancre non seulement la loi islamiste dans la Constitution, mais garantit à l’armée égyptienne les pouvoirs et privilèges dont elle a joui durant les trente ans du règne de Moubarak, y compris le contrôle de son propre budget et de la politique étrangère de l’Egypte.

    Les conséquences de cette distribution du pouvoir seraient la continuation de l’accord de paix que l’Egypte a signé avec Israël, ainsi que le maintien des aides en provenance des Etats-Unis. Tant pour les leaders des forces armées égyptiennes que pour l’administration Obama, ce sont des motifs suffisants pour fermer les yeux alors que Morsi s’empare définitivement du pouvoir politique au nom des Frères musulmans.

     

    Un vote opposant islamistes et laïcs?

    Le vote – organisé dans un délai très court ne permettant pas un vrai débat – est la dernière étape vers une nouvelle Constitution après la destitution de Moubarak. Vingt-deux membres de l’Assemblée constituante, qui comportait initialement cent membres, ont déjà démissionné et sept autres membres remplaçants sont également partis, majoritairement des représentants de la gauche et des chrétiens coptes. Ils ont jugé le processus de rédaction de la Constitution biaisé en faveur des Frères musulmans.

    Les Frères musulmans et leurs alliés, les Salafistes, tentent de dépeindre le vote comme un affrontement entre les valeurs des islamistes et celles des laïcs – qui ne reconnaissent pas le rôle de l’islam dans la société égyptienne ou qui sont pro-occidentaux et donc «décadents».

    En même temps, Morsi continue à affirmer que les Frères musulmans et leur aile politique, le Parti liberté et justice, représentent les vrais gardiens de la révolution. Ainsi, il a révoqué le procureur général, un vestige détesté de l’ère Moubarak; il a neutralisé le pouvoir judiciaire qui est également assimilé Moubarak et il a promis de poursuivre les personnes impliquées dans le meurtre et la torture de révolutionnaires. De cette manière, Morsi essaie de présenter l’opposition démocratique comme un véhicule des partisans de l’ancien régime, connus en Egypte sous le nom de «feloul».

    Les feloul et les révolutionnaires

    Les révolutionnaires égyptiens doivent lutter contre les tentatives de Morsi d’établir les Frères musulmans comme force politique dominante, sans s’aligner pour autant sur les feloul, comme l’explique Hossam el-Hamalawy, journaliste et membre des Socialistes révolutionnaires: «Nous devons prendre en considération qu’il y a une partie du feloul qui souhaite également le départ de Morsi. Et qu’elle participe à la mobilisation actuelle… Quand la polarisation devient celle entre les islamistes et les laïcs, ça veut dire que [l'ancien ministre des Affaires étrangères de Moubarak] Amr Moussa peut soudainement devenir un défendeur ardent de l’Etat de droit; ça veut dire que [l'animateur d’un talk-show pro-Moubarak] Tawfiq Okasha devient un symbole de la liberté d’expression; ça veut dire que [le blogueur contre-révolutionnaire] Ahmed Spider peut marcher dans les rues pour récupérer [la cape] des martyrs. Ceci est ridicule et ouvre la porte aux forces contre-révolutionnaires. Les révolutionnaires doivent donc être très prudents. Les fils de Hosni Moubarak, les orphelins d’Omar Suleiman et les loyalistes [de l'ancien ministre de l'Intérieur et récent candidat au poste présidentiel Ahmed] Shafiq ne peuvent jamais être nos alliés.»

    Tamer Wagih, rédacteur du site Web Egypt Independent, fait une remarque similaire: «En raison de l’absence d’un bloc révolutionnaire cohérent majoritaire, l’opposition à Morsi est un méli-mélo de pouvoirs appartenant à l’ancien régime Moubarak corrompu et d’autres pouvoirs populistes-réformistes-libéraux-centristes. La tâche des révolutionnaires est difficile, mais inévitable. Ils devront s’engager dans une lutte contre la dictature des non- révolutionnaires et des Frère,s sans tomber dans le piège d’une alliance avec les autres ennemis de la révolution.»

    Lee Sustar

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=8415


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