• Mali :: Pourquoi le PTB est opposé à l’intervention militaire

    Mali :: Pourquoi le PTB est opposé à l’intervention militaire

    Le PTB est contre la participation de la Belgique à l’intervention militaire de la France au Mali. Ce point de vue a suscité pas mal de réactions. Le PTB s’opposerait de la sorte à « l’intérêt des Maliens qui sont confrontés à des intégristes lourdement armés ». Il s’agirait d’un « point de vue égoïste » et nous serions « indifférents au sort des Maliens ».

    Notre réponse.

    Bert De Belder
    Mali :: Pourquoi le PTB est opposé à l’intervention militaireEn s’exprimant contre une intervention militaire occidentale, le PTB ne prétend en aucun cas que les intégristes qui terrorisent la population du Nord-Mali doivent garder les coudées franches. Il est clair que ces groupes, qui oppriment horriblement la population malienne, doivent être combattus et chassés. Mais cela signifie-t-il pour autant que l’intervention française a lieu dans l’intérêt même des Maliens ? Nous pensons que non et ce, pour trois raisons.

    Primo. La France est particulièrement mal placée pour intervenir « de façon désintéressée ». Même après l’indépendance, l’ancienne puissance colonisatrice a continué à se rendre coupable de pratiques néocoloniales au Mali et dans toute l’Afrique occidentale, sous l’appellation peu glorieuse de « Françafrique ». La France a toujours d’énormes intérêts dans la région. On peut donc affirmer que l’intervention de la France au Mali a plus à voir avec la protection de son hégémonie économique, politique et militaire qu’avec les droits de la population malienne.

    Secundo. Un pyromane qui intervient comme pompier doit quand même susciter des questions. La France a joué un jeu dangereux dans l’occupation du Nord-Mali par les intégristes. Entre autres, en soutenant et en armant les combattants islamiques extrémistes en Libye, dans la guerre de l’Otan en vue de renverser Kadhafi. Par la suite, d’énormes quantités d’armes en provenance des arsenaux de l’armée libyenne vaincue ont pu être acheminée vers le Nord-Mali. Paris a également imposé un embargo militaire à l’armée malienne au moment même où cette dernière était confrontée au début de l’offensive des intégristes dans le nord.

    Tertio. Une approche militaire d’un problème complexe fait plus de mal que de bien. Elle rend impossible tout dialogue véritable entre les divers groupes de population du Mali et ne fait qu’exacerber les tensions ethniques. Déjà, après quelques jours, l’armée malienne, couverte par la France, y allait abusivement d’exécutions et sanctions sommaires contre des citoyens soupçonnés de soutenir les intégristes. On déplore également un très grand nombre de victimes civiles et des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de prendre la fuite. Un habitant de Gao a expliqué devant les caméras de la chaîne française BFMTV que quatorze civils avaient perdu la vie lors de la prise de la ville, samedi dernier. Le journal britannique The Independent écrivait que, durant les quatre premiers jours de l’intervention, 10 000 Maliens avaient déjà fui vers les pays voisins. Des experts estiment que le nombre final des réfugiés pourraient atteindre 700 000 – aujourd’hui, ils seraient déjà quelque 320 000 à avoir dû s’expatrier.

    Que faire, dans ce cas ?

    Quelles sont les pistes existantes, pour résoudre la crise politique complexe du Mali et venir à bout des intégristes ? Il convient d’emprunter plusieurs voies :

    1) Nos gouvernements doivent être conséquents et ne plus collaborer « à la carte » avec des groupes et régimes intégristes là où cela arrange les pays de l’Otan. Ne pensons qu’aux intégristes afghans dans les années 1980 (contre le gouvernement soutenu par l’URSS) ou aux bandes intégristes armées en Libye et en Syrie. Où encore aux régimes réactionnaires de l’Arabie saoudite, du Qatar et des États du Golfe, qui soutiennent les islamistes radicaux avec des fonds et des armes.

    2) Il faut constituer et renforcer une vraie armée nationale malienne, susceptible de servir les intérêts de tous les Maliens. Une telle armée existait sous le président de gauche Modibo Keita, qui avait été renversé en 1968 par un coup d’État organisé par la France et qui avait été assassiné en exil, en 1977.

    3) L’aide nécessaire pour constituer une telle armée doit venir des pays africains, sans ingérence aucune ni conditions imposées par la France et les autres pays de l’Otan.

    4) Des multinationales comme Areva, Bouygues ou Total doivent payer à prix décent les matières premières qu’elles emportent de la région. De sorte que la richesse en matières premières de nombreux pays africains ne se traduise plus par la pauvreté de leur population, mais aboutisse à un véritable développement.

    http://www.ptb.be


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