• Tunisie : Meurtre de Chokri Belaid

    Meurtre de Chokri Belaid, crime contre la Révolution

    Chokri Belaid est mort. Victime du premier attentat politique dans la Tunisie d’après la Révolution. L’assassin a tiré quatre balles sur le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, en ce mercredi 6 février. Belaid a été touché à la tête, au cœur, à la nuque et à l'épaule. L’assassin ne lui a laissé aucune chance.

    Oualid Chine

    Du travail de professionnel a souligné Hamma Hammami, le leader du Front Populaire, dont fait parti le mouvement dirigé par le martyr de la gauche tunisienne. Pour son camarade Hammami, «l’opération a été organisée et perpétrée par des spécialistes».

    Le pire ? C’est que cet attentat qui endeuille aujourd’hui toute la Tunisie ne représente même pas vraiment une surprise. Chokri Belaid a tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme. Sans que ses appels à l’aide ne soient véritablement entendus. Le lundi 23 janvier 2012, soit plus d’une année avant qu’il ne tombe sous les balles de ses meurtriers, Belaid avait affirmé avoir été menacé de mort en pleine rue, sur l’avenue Habib Bourguiba, à un jet de pierre du ministère de l’Intérieur. Et ce ne sera pas la seule fois que Chokri Belaid dénoncera publiquement de tels agissements, en révélant être la cible potentielle d’un meurtre politique.

    chokri-belaidSon compagnon de route de toujours, Hamma Hammami, pointera du doigt «l'indulgence coupable du gouvernement, et de certains hommes politiques à l'égard des appels à la violence». Alors que des milices ont multiplié les menaces et les agressions physiques dans l’impunité. Les appels au meurtre ont trop souvent retenti dans les mosquées, et en marge des manifestations. Des mouvements politiques s’en sont même faits une spécialité, faisant de tels agissements une banalité. Sans que les autorités ne s’en inquiètent ou ne réagissent avec la détermination requise.

    Pis : certains députés d’Ennahdha leurs trouvent même des justifications, leurs donnant ainsi une pseudo-absolution, voire même une légitimité, sous le toit de l’Assemblée Nationale Constituante. Les voici désormais, mis face à leurs responsabilités.

    Du slogan au meurtre
    Parce que manifestement, la Tunisie est passée du stade des slogans, à l’exécution de meurtres politiques froidement planifiés. Les menaces dans le champ politiques, même verbales, peuvent dégénérer à tout moment en agression physique. Et en assassinat. Le martyr de Chokri Belaid vient de le prouver de manière sanglante.  Pour Hamma Hammi, il n’y a pas de doute : «cet acte a été commis par des mouvements politiques qui veulent entraîner le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement assume la responsabilité de ce crime ignoble».

    Or la situation est d’autant plus grave, que des armes à feu sont désormais en circulation en Tunisie. Revolvers et kalachnikovs sont effectivement disponibles sur le marché noir… Et les caches d’armes clandestines disséminées sur tout le territoire de la République sont régulièrement découvertes par les autorités.

    Les revendications de la Révolution Tunisienne ont été et demeurent, malgré les difficultés, des exigences de dignité et de liberté. Les Tunisiens vont-ils aujourd’hui y renoncer pour se laisser entraîner dans la spirale sanglante de la violence ? Ou donneront-ils enfin, dans un sursaut salutaire, un coup d’arrêt à ceux qui veulent tuer et enterrer la Révolution ? Ne reste plus qu'à espérer que l'appel de Hamma Hammami soit entendu: «ce crime doit unir tous les Tunisien, pour que le sang de Chokri Belaid ne soit pas versé en vain». 

    (Article paru sur le journal électronique Mag 14)

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/tunisie-meurtre-de-chokri-belaid-crime-contre-la-revolution.html

    Meurtre de Chokri Belaid : Tunis en ébullition

    Mercredi, 06 Février 2013 19:44

    manif-chokri-belaidDes hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. En un ultime hommage à Chokri Belaid. Reportage.

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    Des milliers de Tunisiens sont descendus dans les rues de leur capitale après l’annonce de l’assassinat de Chokri Belaid, le leader du Mouvement des Patriotes Démocrates Unifiés, et le coordinateur général du Front Populaire. La foule a commencé à affluer à l’avenue Habib Bourguiba dès 11h, en cette matinée du mercredi 6 février.

    Des hommes de tous les âges. Des jeunes filles en jeans, d’autres en hijeb, des vieilles femmes… Tous sont venus exprimer leur colère, en réaction au premier attentat politique qui a visé la Tunisie d’après la Révolution. Vers le coup de 13h, près de 10 000 personnes seront ainsi rassemblées dans la principale artère de la capitale. Des manifestants pacifiques. Même si les slogans entonnés appelleront à «la chute du gouvernement», et clameront que «le ministère de l’Intérieur est celui de la terreur». Peu de figures politiques connues dans une foule essentiellement constituée par des citoyens en colère.

    Manifestations spontanées
    manif-belaidMaya Jeribi, secrétaire générale du Parti Républicain, ne fera que passer. Tout comme Mohamed Jemmour, du Parti du travail national et démocratique, qui fera une brève apparition. Quant à Jawhar Ben M’barek, la figure de proue de Doustourouna, il ne s’attardera guère dans les rangs des manifestants. Les leaders historiques de la gauche tunisienne, eux, sont en cet instant trop occupés pour organiser une riposte populaire.

    Vers 14h, la place Mohamed-Ali, celle du siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, ce bastion de la contestation, est quasi-déserte. Les syndicalistes étant encore en réunion pour se concerter sur la stratégie à adopter. Mais les manifestants ne les ont pas attendus pour descendre dans la rue.

    En somme, les Tunisiens qui occupent aujourd’hui par milliers la rue, se sont spontanément réunis. De simples citoyens, issus de toutes les couches sociales. L’expression la plus vivace d’une société tunisienne en ébullition, chauffée à blanc par l’actualité mortifère. L’atmosphère, du côté de l’avenue Habib Bourguiba est électrique. La violence policière se déchaînera aux alentours de 14h30. Le gaz lacrymogène se répandra massivement pour finir par ensevelir l’avenue sous la fumée. L’air devient rapidement irrespirable.

    Vers l’affrontement
    manif-belaidLa manifestation pacifique tournera peu à peu à l’affrontement. Quelques adolescents surexcités finiront par jeter des bouteilles de plastiques aux policiers. Les forces de l’ordre chargeront les manifestants, les poursuivront jusqu’à la rue Jean Jaurès, et dans le quartier du Passage. A 14h45, des adolescents souvent cagoulés jetteront des pierres aux policiers du côté de l’avenue Mohamed V. La charge des policiers se fera encore plus violente. Les coups de matraques s’abattent sur les manifestants, et les quelques piétons égarés. Certains se réfugieront dans les gargotes, pour éviter les coups de bâtons.

    manif-belaid

    L’arrivée de l’ambulance transportant le corps de Chokri Belaid, son passage près du ministère de l’Intérieur galvanisera la foule. Les gorges hurlent un ultime hommage au leader martyr de la gauche tunisienne. «Ali Laâridh, le ministre de l’Intérieur doit démissionner» scande la foule. Le slogan «Echaâb yourid isqat ennidham», «le peuple veut la chute du régime», retentira de nouveau, comme pour saluer le passage de cet opposant historique à Ben Ali, dans ces conditions dramatiques.

    Le gaz lacrymogène est toujours plus épais. Il ne parviendra pourtant pas à étouffer les hurlements déchaînés.  Les heurts se poursuivront durant des heures. Les plus déterminés tenteront même de dresser des barricades, même si la foule ne sera plus aussi dense. Et voici que l’on apprend que les funérailles de Chokri Belaid auront lieu demain, jeudi, au cimetière de Jallez. Le convoi funéraire sortira demain, à partir de la maison des parents du défunt, à Jbel El Jelloud.

    Soufia Ben Achour

    http://www.mag14.com/national/40-politique/1515-meurtre-de-chokri-belaid--tunis-en-ebullition.html

    Tunisie: Chokri Belaïd tué, un crime politique selon l'opposition

    Chokri Belaïd, l'un des responsables de l'opposition laïque en Tunisie, a été abattu ce mercredi devant son domicile à Tunis. Le meurtre de ce dirigeant du Front populaire intervient alors qu'il avait dénoncé la collusion entre les militants du parti au pouvoir Ennahda et les islamistes.

    Un rassemblement est organisé à partir de 18 heures ce mercredi devant l'Ambassade de Tunisie à Paris, 25 Rue Barbet de Jouy. Métro : Ligne 13 / Station : St François Xavier. À Marseille, rendez-vous devant le Consulat de Tunisie en fin d'après-midi.

    «Des échauffourées ont eu lieu et une dizaine de nos militants ont été blessés» avait déclaré mardi Chokri Belaïd, secrétaire général du parti des Patriotes démocrates. Il avait alors dénoncé l'inaction des forces de sécurité et mis en garde contre la menace de nouvelles violences. Il avait surtout dénoncé les "tentatives de démantèlement de l’Etat" qui allait de paire avec la "création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence à travers les ligues de protection de la révolution", aux mains des islamistes. Pour lui, cet enchaînement de violence était instrumentalisé par le parti Ennahda au pouvoir.

    Menaces contre Chokri

    Cet assassinat a été "planifié et exécuté par des professionnels", a estimé Hamma Hammami qui pointe la responsabilité du gouvernement, d'une indulgence coupable, selon lui, vis-à-vis des violences islamistes. "Il a été commis par des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement, et tout le pouvoir assume la responsabilité de ce crime odieux car les menaces contre Chokri et d'autres ne datent pas d'aujourd'hui", a expliqué cet autre leader du Front de gauche, qui s'exprimait ce matin devant la clinique d'Ennasr où Chokri Belaïd avait été amené en  urgence et où une foule compacte s’est rassemblée dès l'annonce du meurtre.

    "J'accuse Rached Ghannouchi"

    La famille du défunt a d'ores et déjà accusé le mouvement islamiste Ennahda d'être l'instigateur du crime sans plus d'explications. Le frère du défunt, Abdelmajid Belaïd, a ainsi lancé: "J'accuse (le chef d'Ennhada) Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère", sans plus d'explication pour étayer cette accusation.

    Acte de terrorisme

    Dans un tel contexte, le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, du parti islamiste Ennahda, s'est empressé ce mercredi de dénoncer un "acte de terrorisme" contre toute la Tunisie, commis selon lui par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue, qui a tiré trois balles à bout portant.

    Il s'agit d'un "virage dangereux" a poursuivi le chef du gouvernement. "Après la violence verbale et matérielle, on est passé à l’usage des armes", a-t-il déploré, avant de demander que "tout le monde soit soudé devant ce phénomène de violence". Cet appel intervient alors que la coalition au pouvoir est en train de se fissurer, les deux alliés de centre-gauche Ettakatol et le Congrès pour la République, réclamant un remaniement d'ampleur du gouvernement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens.

    Second meurtre politique. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes, la Ligue de protection de la révolution, d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux. Les partisans de ce mouvement sont accusés notamment d'avoir tué en octobre un dirigeant régional du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine.


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