• « Big business avec Hitler »

    « Hitler a comblé les attentes qu’industriels et banquiers avaient placées en lui. En effet, il réalisa tous les points de leur “programme ” plus diligemment, plus complètement et plus impitoyablement qu’ils n’auraient osé le faire eux-mêmes ». La 4e de couverture du livre « Big Business avec Hitler » résume bien la démonstration implaquable de Jacques Pauwels, l’auteur du livre. Extraits.

    Au cours de l’été 1943, la moitié des quelque cinq mille travailleurs de Ford à Cologne étaient des travailleurs (et des travailleuses) étrangers mis au travail de force. On est loin de cette pub idyllique… (Photo Ford Werke AG Köln 1939)

    La politique d’Hitler, que ce soit au niveau économique, de la répression des droits démocratiques ou de la guerre elle-même, a été du pain bénit pour les grands industriels allemands. Et pour cause : Hitler n’aurait jamais pu accéder au pouvoir sans le soutien de l’élite économique de l’époque. Dans son livre publié récemment en français aux éditions Aden, Jacques Pauwels montre les relations qui unirent d’une part le monde des affaires en Allemagne et aux États-Unis et d’autre part Hitler, le NSDAP puis le régime nazi. Le big business, c’est ainsi que Pauwels choisit de nommer le « grand capital », a soutenu Hitler de ses premiers pas en politique jusqu’à la guerre. Le régime nazi allait d’ailleurs faire grimper les profits du big business de façon vertigineuse. Comment ? D’abord par l’augmentation des commandes de l’État en vue de préparer la guerre. Ensuite, en diminuant les salaires, en allongeant la durée de la journée de travail et en recourant au travail gratuit des déportés de camp de concentration. Solidaire publie un extrait du livre qui revient sur l’exploitation organisée par le régime nazi tout en insistant aussi sur le profit réalisé par le capitalisme américain qui a entretenu de cordiales relations avec l’Allemagne entrée en guerre.

    De très bons profits

    En 1943, les autorités nazies rapportèrent que depuis le début du conflit non seulement Ford-Werke, Opel et Singer mais d’autres firmes américaines telles que Kodak et Hollerith (IBM) avaient « gagné beaucoup d’argent », et même que les profits des filiales américaines avaient « atteint des sommets ».
    Comme les entreprises purement allemandes (…), les filiales allemandes des grandes entreprises estrangères semblent avoir continué à réaliser d’importants bénéfices presque jusqu’à la fin de la guerre. En 1943 encore, l’année de la catastrophe de Stalingrad, on rapporta que les profits des filiales américaines et britanniques en Allemagne restaient « très bons ». Et il s’agissait bien de bénéfices après impôts. En effet, les autorités nazies examinèrent longuement la possibilité d’écrémer ces bénéfices, mais y renoncèrent finalement au début de 1945 en évoquant des raisons « techniques ».
        Tandis que, dès le début de la guerre, les nazis s’attaquèrent aux salaires des ouvriers, ils s’efforcèrent, jusqu’à la fin de la guerre, de favoriser les bénéfices des entreprises, notamment en s’abstenant de prélever des impôts appropries. Autrement dit, tout au long de la guerre, les nazis continuèrent à faire ce qu’ils avaient commencé en 1933, à savoir ce que le big business avaient attendu d’eux : augmenter la part du capital, et diminuer la part du travail, du produit social.

    Gel des salaires

    Un des facteurs de cette rentabilité élevée fut sans conteste la politique d’emploi régressive du régime nazi et l’emploi massif de travailleurs forcés. Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis avaient liquidé les syndicats et transformé la classe ouvrière allemande, naguère si militante, en un « troupeau de moutons » impuissant et soumis. De ce fait, les salaires réels en Allemagne baissèrent, entre 1933 et 1939, alors que les bénéfices augmentèrent à l’avenant. La pénurie de main-d’œuvre pendant la guerre, conséquence de la mobilisation de millions de travailleurs, aurait dû aboutir à une hausse des salaires, comme ce fut alors le cas aux Etats-Unis ou, du moins, à des salaires en phase avec la hausse des prix. Sur le « marché de l’emploi » comme sur tous les marchés, le prix du produit est en effet déterminé par le rapport entre l’offre et la demande. Si l’offre de l’emploi baisse, son prix, celui des salaires donc, doit augmenter. Ce ne fut toutefois pas le cas. Le régime nazi intervint en effet au détriment des ouvriers et des autres salariés. Le 4 septembre 1939 déjà, quelques jours à peine après le déclenchement de la guerre, les nazis gelèrent les salaires et les prix – prétendument pour empêcher qu’on ne pût profiter de la guerre. Dans la pratique, les prix continuèrent à varier. Dans le courant de la guerre, les heures de travail furent systématiquement étendues partout, car les chefs d’entreprises avaient insisté, et c’est un euphémisme, auprès de Berlin, pour obtenir « des dispositions aussi élastiques que possible sur le plan des horaires de travail ».
        Dans les filiales allemandes des sociétés américaines aussi, il fallait travailler plus longtemps pour des salaires plus bas. Nous savons que chez Opel et chez Singer, par exemple, les travailleurs furent mis au travail au moins 60 heures par semaine à partir de mai 1940. En même temps, leurs salaires furent diminués, ce qui, chez Opel, déclencha des protestations contre ce « vol salarial », comme l’appelaient les travailleurs. Malgré cela, la semaine de travail à Rüsselsheim ne cessa de s’allonger et, fin 1942, les travailleurs durent même s’échiner 66 heures par semaine.

    Travail forcé

    Pendant la guerre, les investissements américains en Allemagne furent donc très rentables aussi parce qu’ils tiraient avantage du système nazi des bas salaires et, plus encore, des longues plages de travail. Ces conditions de travail pénibles furent le sort des travailleurs allemands, dont le recrutement était de plus en plus malaisé du fait qu’ils étaient de plus en plus nombreux à devoir servir de chair à canon. Dans les usines, ils allaient surtout être remplacés par des travailleurs forcés. On pouvait faire travailler ces derniers encore bien plus longtemps, on ne devait (presque) pas les payer. Cela représentait un gain considérable. Les entreprises allemandes comme les filiales allemandes des grandes firmes américaines en profitèrent.
        La pénurie allemande de main-d’œuvre devint permanente après la faillite, catastrophique pour le Reich, de la guerre éclair en Union soviétique, fin 1941. Ce tournant dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale empêcha les travailleurs mobilisés de quitter le front après une campagne qui n’aurait pas dû excéder quelques mois, comme on l’avait prévu à Berlin, afin de retourner dans les usines. Les nazis eurent alors massivement recours aux travailleurs étrangers qui, dans bien des cas, durent être déportés afin d’être mis au travail en Allemagne dans des conditions sou- vent inhumaines. Accompagnés par des centaines de milliers de prisonniers de guerre soviétiques ou français ainsi que d’innombrables détenus des camps de concentration, ces travailleurs étrangers allaient former une armée gigantesque de main-d’œuvre qui pouvait être engagée par n’importe quel employeur à même de les utiliser. En échange, l’employeur devait payer une somme plutôt modique à la SS, qui se chargeait de faire régner la discipline parmi ces esclaves, car il s’agissait bel et bien d’une forme d’esclavage.

    Cupidité des filiales américaines

    Comme quasiment toutes les grandes entreprises allemandes, les filiales des grandes entreprises américaines recoururent elles aussi avec cupidité aux « esclaves » mis à leur disposition par les nazis. La Yale & Towne Manufacturing Company, établie à Velbert en Rhénanie, par exemple, profita de « l’aide de travailleurs d’Europe de l’Est » afin de faire des « bénéfices considérables », et Coca-Cola tira parti de l’embauche de travailleurs étrangers aussi bien que de prisonniers de guerre dans son quartier général d’Essen et dans les nombreuses bouteilleries de sa filiale allemande. Kodak fit également un abondant usage de travailleurs forcés dans ses usines de Stuttgart et de Berlin-Köpenick.
        Chez Ford-Werke, il semble, dès 1941 – l’année où les travailleurs allemands, imitant les chevaliers teutoniques du Moyen Âge, partirent en croisade vers Ostland, « les terres de l’Est » –, la firme rechercha « avec zèle, agressivité et succès » d’engager aussi bien des travailleurs étrangers que des prisonniers de guerre. Au cours de l’été 1943, la moitié des quelque cinq mille travailleurs de Ford à Cologne étaient des travailleurs (et des travailleuses) étrangers mis au travail de force. Karola Fings, une chercheuse allemande qui a minutieusement étudié les activités de Ford-Werke pendant la guerre, a écrit que la filiale allemande tira de substantiels avantages de la politique nazie de bas salaires, mais qu’elle fit surtout accroître ses bénéfices en embauchant des Ostarbeiter, c’est-à-dire des travailleurs forcés de Pologne, d’Union soviétique et d’autres pays de l’Est. Ceux-ci devaient s’échiner au moins douze heures par jour (sauf le dimanche) et ne recevaient pas le moindre salaire. Ils étaient logés dans des camps de baraquements et ne recevaient que très peu de nourriture. Il paraitrait que le traitement subi par les détenus du camp de concentration de Buchenwald, qui furent engagés à Ford-Werke durant l’été 1944, fut pire encore.
        Opel ne recourut pas aux services de détenus des camps de concentration, du moins pas dans ses principales usines de Rüsselsheim et Brandebourg. La filiale allemande de General Motors avait toutefois un appétit insatiable pour d’autres formes de travail forcé, principalement les prisonniers de guerre. Selon la chercheuse allemande Anita Kugler, les caractéristiques principales de l’emploi de ce genre d’« esclaves », en majorité des citoyens soviétiques, dans les usines d’Opel, furent « une exploitation maximale, les pires traitements possibles et... la peine de mort, même dans le cas de petits délits ».

    (Les intertitres sont de la rédaction)

    Jacques R. Pauwels a étudié l’histoire à l’université de Gand. Ensuite, il a obtenu à Toronto (Canada) des doctorats en histoire et en sciences politiques. Il a enseigné dans plusieurs universités canadiennes et a publié des ouvrages dans plusieurs langues sur la Seconde Guerre mondiale et d’autres sujets historiques.
    Jacques Pauwels est également l’auteur d’un ouvrage de référence sur la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, Le mythe de la bonne guerre (publié également aux éditions Aden).
    Plus d’info sur www.jackpauwels.net  (site en anglais) et www.aden.be



    Jacques R. Pauwels, Big Business avec Hitler, éd. Aden, 2013, 384 p., 20 euros.

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/big-business-avec-hitler.html


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  • L'appel de Charles Tillon (P.C.F.) à la Résistance le 17 juin 1940

    Source : F.T.P. Soldats sans uniformes.

     

     

    2167228-3020256.jpgCharles TILLON

     

    Mobilisé en 1916 dans la marine, Charles Tillon est l’un des dirigeants de la mutinerie de la mer Noire (26 juin 1919), et est condamné à cinq ans de bagne au Maroc. Il adhère au PCF et à la CGTU, entre au Comité central du Parti Communiste (1932). Député d’Aubervilliers (1936).

     

    En 1939, il rentre dans la clandestinité et organise la Résistance communiste à travers les Francs-Tireurs et Partisans (Francs-Tireurs et Partisans, juin 1941) dont il est le chef du Comité militaire national.

    Cinq fois ministre à la Libération, élu député communiste de la Seine en 1945 et réélu en 1951, il est membre des deux Assemblées constituantes en 1945 - 1946, puis il siège à l’Assemblée nationale jusqu’en 1955. Il est membre du Bureau politique du PCF (1945 - 1952), et dirigeant du Mouvement de la Paix. Il est écarté de la direction du PCF en 1952 (affaire Marty-Tillon), réintégré en 1957, et exclu en 1970 après avoir protesté contre l’invasion de la Tchécoslovaquie et critiqué le fonctionnement stalinien du PCF.

    1) TEXTE DE L’APPEL DE CHARLES TILLON

    "Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.

    Ils ont tout trahi.

    Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler , livrer le pays entier au fascisme.

    Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.

    Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.

    Il est le nombre : uni, il sera la force.

    Pour l’arrestation immédiate des traîtres

    Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.

    Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION !"

    Charles Tillon, Gradignan, 17 juin 1940


    2) Antoine Porcu présente le texte de cet appel et en explique le sens dans L’Humanité

     

    « L’appel de Charles Tillon est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles Tillon est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme.

    Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIe Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement antiimpérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. À l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le « fascisme hitlérien », dans le droit fil de la stratégie du Front Populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu.

    Depuis la Libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti Communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d ‘accusation, c’est le rapport même des communistes au peuple français de l’époque qui est questionné. L’appel de Charles Tillon permet de lever toute ambiguïté. Il prouve que l’engagement des communistes s’est fait indépendamment des directives de la IIIe Internationale.

    Car cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige, Charles Tillon est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé par de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été avant tout un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. »

    Antoine Porcu (1) dans un entretien donné à « l’Humanité » du 4 mars 2006.

     

    appel-tillon2.jpg

     

    http://pcf-auchel.over-blog.com/pages/l-appel-de-charles-tillon-p-c-f-a-la-resistance-le-17-juin-1940-5836337.html

     


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  • Le matin du 10 juin 1944, des chenillettes chargées de soldats allemands s'arrêtent à Oradour-sur-Glane. Cette bourgade paisible, proche de Limoges, compte au total 1200 habitants.

    La compagnie qui vient d'y pénétrer appartient à la division SS Das Reich du général Lammerding.

    Les Allemands ont été attaqués dans les jours précédents par les maquisards qui veulent freiner leur remontée vers la Normandie où les Alliés viennent de débarquer. En guise de représailles, le général Lammerding ordonne à la compagnie de détruire Oradour-sur-Glane. La compagnie SS compte environ 120 hommes qui se sont déjà illustrés en Russie dans l'extermination des populations civiles.

    En début d'après-midi, le bourg est cerné et la population rassemblée sur le champ de foire sous le prétexte d'une vérification d'identité, sans oublier les enfants des écoles.

    Les SS agissent dans le calme et la population s'exécute sans broncher.

    Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Ils sont divisés en six groupes et enfermés dans des granges, sous la menace de mitraillettes. Vers 16 heures, les SS tirent des rafales et tuent les malheureux en quelques secondes. Puis ils mettent le feu aux granges bourrées de foin et de paille où gisent les cadavres.

    Pendant ce temps, les femmes et les enfants sont enfermés dans l'église et des SS y déposent une caisse d'explosifs et de la paille. Le feu commence de ravager l'édifice. Pour s'assurer de l'extermination de tous les occupants, les SS leur tirent dessus.

    Leur forfait accompli, ils pillent le village et achèvent de l'incendier. Au total, ils laissent 642 victimes. Parmi elles 246 femmes et 207 enfants, dont 6 de moins de 6 mois, brûlés dans l'église. Oradour-sur-Glane est devenu en Europe occidentale le symbole de la barbarie nazie.

    10 juin 1944 Oradour-sur-Glane

    10 juin 1944 Oradour-sur-Glane

    10 juin 1944 Oradour-sur-Glane

    10 juin 1944 Oradour-sur-Glane


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  • 165 ANS APRÈS, JUIN 1848

    Publié par A. Campagne sur 1 Juin 2013

    165 ANS APRÈS, JUIN 1848

    Les sanglantes journées de Juin 1848, où l'alliance des petits-bourgeois et des grands-bourgeois, de l'armée réactionnaire et des classes capitalistes, des républicains conservateurs (Thiers), des royalistes et des faux socialistes bonapartistes, écrasa sans pitié un prolétariat parisien pas assez offensif pour s'imposer mais encore trop (avoir osé protester contre l'arrêt des Ateliers nationaux) pour ne pas être massacré, constituent un événement décisif de l'histoire française. Marx et Engels écrivirent nombre de textes à ce propos : Les journées de Juin 1848 ; Les luttes de classe en France (1848-1850) ; et enfin, même s'il est moins centré sur cet événement, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. La tradition républicaine-socialiste (qui se réclame étrangement de Robespierre) étudiera également l'événement : dès son écrasement, François Pardigon en livrera un récit poignant, à vif, dans Épisodes des journées de Juin 1848, tandis qu'un contemporain (Louis Ménard) écrira quant à lui sa genèse dans Prologue d'une révolution. Février-Juin 1848 ; Henri Guillemin, avec son La tragédie de Quarante Huit (1948), offre également une contribution intéressante à l'histoire des journées de Juin 1848 ; et, beaucoup plus récemment, Michèle Riot-Sarcey et Maurizio Gribaudi ont livré un récit complet de 1848, La révolution oubliée.

    http://pensee-radicale-en-construction.overblog.com


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  • LES ALLOCATIONS FAMILIALES VUES PAR CROIZAT

    Publié par aragon 43 

    AMBROISE CROIZAT LE BÂTISSEUR DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

    LES ALLOCATIONS FAMILIALES VUES PAR AMBROISE CROIZAT

    Je viens d’entendre les décisions prises par le gouvernement concernant les allocations familiales.

    Il ne touche pas aux allocations familiales et à leur universalité, c'est-à-dire pour toutes les familles.

    Croizat et les législateurs de l’époque avaient une haute idée de la politique familiale, de la natalité pour relever le pays et d’assurer la continuité et le développement générationnel, de l’aide à toutes les familles, quelles qu’elles soient, pour une France capable de redresser sa pyramides des âges compromise à cette époque.

    Chacun se rappellera du formidable Baby-boom des années d’après guerre et aujourd’hui encore de ce taux de natalité qui est le plus important d’Europe et qui assure le renouvellement des générations.

    En touchant au quotient familial le gouvernement casse cependant une dynamique, celle d’un renouvellement des âges, et aussi créé un appauvrissement des familles qui n’auront plus droit à certaines prestations sociales.

    Il ouvre aussi la porte à la différenciation selon les ressources des allocataires par les attaques sur le quotient familial qui pourront se faire ensuite pour d’autres prestations et notamment pour l’assurance maladie et les complémentaires où déjà les compagnies d’assurance proposent des tarifs différents selon les ressources ou l’âge.

    Voici la déclaration d’Ambroise Croizat à l’Assemblée nationale lors de la présentation de la loi concernant les allocations familiales qui allaient permettre de doter notre pays d’un taux de natalité incomparable.

    Bernard Lamirand, animateur du Comité d’honneur national Ambroise Croizat

    J’en cite des extraits les plus significatifs de la loi présentée par Ambroise Croizat lors de la séance de l’Assemblée nationale du 6 Aout 1946.

    Extraits :

    S’adressant aux députés de l’Assemblée constituante :

    « Vous savez quels ont été les principales étapes des efforts accomplis. La première tâche a consisté à édifier une administration capable de prendre en charge la Sécurité sociale de tous les habitants du pays »…

    « Dans cette organisation, les allocations familiales avaient naturellement leur place. On a soutenu, sans doute, qu’elles possédaient une technique qui leur était propre, qu’elles répondaient à des préoccupations démographiques et familiales qui risquaient d’être méconnues si ce système d’allocations étaient confondu dans l’ensemble de la Sécurité sociale. Ces réserves n’ont pas résisté à l’examen.

    D’une part, la technique des allocations familiales n’est pas autre chose qu’une technique de répartition qui ne diffère en rien, par sa nature, de la technique de répartition appliquée dans le domaine des assurance sociales.

    D’autre part, et peut surtout, des préoccupations démographiques et familiales dominent non seulement la législation des prestations familiales mais aussi celles de toute la Sécurité sociale .»…

    « C’est une vérité évidente qu’un plan de Sécurité sociale ne peut être efficace sans un redressement de la natalité, sans un effort de tous les instants pour donner au pays une jeunesse vigoureuse et nombreuse.

    D’autre part, la Sécurité sociale tout entière s’adresse avant tout aux familles. Son but est de débarrasser toutes les familles de ce souci du lendemain, de cette hantise de la misère qui pèsent si lourdement sur tous les travailleurs. Ce ne sont pas seulement les prestations familiales proprement dites, c’est l’ensemble des prestations de la Sécurité sociale, c’est l’ensemble des réalisations sanitaires et sociales qui doivent être commandées par ces préoccupations qui sont et qui demeureront au premier plan de l’activité de tous les promoteurs de la Sécurité sociale.

    Sans doute a-t-on parfois exprimé la crainte que lorsque les mêmes institutions auront la charge, d’un côté, d’encourager les naissances et de subvenir aux besoins des enfants et, de l’autre, de servir des retraites, l’on ne soit tenté de sacrifier les enfants aux vieillards. Mais, je le disais il y a un instant, il ne saurait y avoir de concurrence entre les enfants et les vieillards puisque ce sont les enfants qui deviendront un jour les travailleurs dont l’effort permettra de servir les retraites aux vieillards »…

    « L’expérience montre d’ailleurs, par un singulier retour des choses, que, dans la pratique, ce sont les vieillards qui vont venir en aide dès le début du fonctionnement du régime nouveau, aux familles et aux enfants. En effet, le relèvement considérable de la charge des prestations familiales que vous allez voter aujourd’hui va exiger de toutes les caisses d’allocations familiales un effort de trésorerie que beaucoup d’entre elles ne seront pas en mesure d’assumer du jour au lendemain. Il va donc falloir, et c’est là le paradoxe, leur fournir cette trésorerie et celle-ci, pendant quelques semaines au moins, va être assurée sur les fonds d’allocations aux vieux travailleurs. »….

    « Vous savez aussi que la législation de ces caisses d’allocations familiales enlevées au monopole patronal sera désormais le fait d’administrateurs représentant les allocataires eux-mêmes, désignés provisoirement par les organisations professionnelles intéressées et, dans quelques semaines, élues au suffrage universel par l’ensemble des allocataires. »…

    « Les Allocations familiales ont été créées, à l’origine, sur des initiatives patronales, dont je me plais à soulignais la générosité et les réalisations audacieuses et fécondes. »…

    « C’est seulement en 1932 que le législateur est venu donné une consécration définitive à cette institution en lui conférant un caractère général obligatoire. »…

    « Les allocations, en effet, se sont en partie détachées du salaire. Leur taux, fixé nationalement par la loi, est indépendant, en fait, des salaires touchés par les salariés. D’autre part, les allocations elles-mêmes ont été étendues à des catégories de personnes qui n’accomplissent pas un travail salarié, aux travailleurs indépendants d’abord et surtout, et ensuite aussi à certaines catégories de personnes n’appartenant pas à la population active, les veuves et les pensionnés de guerre, par exemple.

    Ainsi d’une manière imperceptible, les allocations familiales sont devenues véritablement une charge nationale, la contribution du pays tout entier aux charges qui pèsent sur ceux qui font l’effort d’avoir un enfant ; elles sont devenues la participation de la collectivité aux charges qu’exige l’éducation des enfants. »…

    « C’est de ce point de vue surtout que la loi que vous discutez aujourd’hui marque une étape nouvelle. Elle consacre, en effet, formellement, le caractère de charge nationale de l’ensemble des prestations familiales. Elle affirme le droit de toutes les familles, sans distinction au bénéfice des prestations familiales.

    Comme la Sécurité sociale, les prestations familiales doivent s’étendre à toute la population du pays, c’est la règle nouvelle qui est aujourd’hui posée. »…

    « C’est ce principe qui justifie légalement l’établissement, pour couvrir l’ensemble des prestations familiales, d’une cotisation uniforme applicable quelles que soient les régions et quelles que soient les professions, ainsi que le prévoyait déjà l’ordonnance du 4 Octobre 1945 entrée en application le 4 juillet dernier. »…

    « C’est ainsi qu’un ensemble d’innovations essentielles se trouve consacré dans cette loi. C’est d’abord l’institution des allocations prénatales, qui fait remonter à la conception le point de départ des allocations servies pour chaque enfant et qui doit permettre plus aisément à chaque mère de couvrir les charges nécessitées par sa grossesse et la préparation de naissance.

    C’est ainsi également que les primes de première naissance se trouvent remplacées, sur l’initiative heureuse prise par votre commission, par des allocations de maternité, combinant le souci d’encourager les naissances et l’aide à apporter à toutes les mères pendant les premières semaines qui suivent l’accouchement. »…

    « Nous considérons toujours que le problème social ne doit pas rester à l’état d’immobilité absolue. Il doit évoluer comme tous les autres. Mais il est aussi, dans les circonstances présentes, fonction de l’amélioration substantielle de notre situation économique générale. C’est dans ce sens et par l’effort des producteurs eux-mêmes que nous pourrons ainsi, dans le cadre de la prospérité générale envisager l’instauration dans notre pays d’un véritable système social qui assurera à tous les français et françaises le maximum de sécurité à l’égard de tous les risques dont ils sont ou peuvent être menacés au cours de leur existence. En disant cela, je songe aux familles, aux mères, et aux enfants de notre pays.

    Le problème démographique reste, en effet, au centre de nos préoccupations et la politique de la France, la politique de la République française, consiste à se pencher particulièrement sur cette question car elle constitue également un élément de première importance pour retrouver la prospérité nationale. »…

    Intervention Ambroise Croizat,

    Bernard LAMIRAND

    Animateur national du Comité d’honneur Ambroise Croizat

    http://ber60.over-blog.com/les-allocations-familiales-vues-par-croizat


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  • 25 mai 1913, Pré Saint-Gervais, discours de Jean Jaurès contre la loi de 3 ans de service militaire devant 150 000 personnes. Photo : Roger Viollet

    Politique - le 24 Mai 2013

    l'Humanité des débats. Histoire

    Il y a un siècle, Jean Jaurès enflammait Le Pré-Saint-Gervais

    Par Pierre Clavilier. Le dimanche 25 mai 1913, au Pré-Saint-Gervais, au lieu-dit la butte du Chapeau-Rouge, à proximité de Paris, la SFIO organisait un rassemblement populaire. L’image du tribun socialiste s’adressant à la foule de 150 000 personnes devait rester dans la mémoire collective.

    Depuis 1912, les opposants à la guerre, dont les socialistes sont au premier rang, manifestent régulièrement leur mécontentement en se retrouvant notamment sur la butte du Chapeau-Rouge, devenue le rendez-vous habituel des pacifistes.

    Au début de 1913, l’empire allemand augmente ses effectifs militaires. Les responsables de l’armée française désirent en conséquence obtenir le même nombre de soldats. Une loi prolongeant d’un an le service militaire, le faisant passer à trois ans, leur semble la solution afin de rivaliser avec l’armée du Reich. Pour les responsables de l’état-major, la force d’une armée c’est son nombre. Partisans d’une stratégie fondée sur l’offensive, les généraux ont besoin dans cette optique de l’effectif le plus large possible.

    Dans cet état d’esprit, le président de la République, Raymond Poincaré, a proclamé, deux jours après son arrivée à l’Élysée : « Il n’est possible à un peuple d’être efficacement pacifique qu’à la condition d’être toujours prêt à faire la guerre. » En réponse, le 1er mars, l’Humanité, en France, et Vowärts, en Allemagne, publient un même texte en allemand et en français : « C’est le même cri contre la guerre, la même condamnation de la paix armée qui retentit à la fois dans les deux pays. »

    Début mars, le projet de loi étant soutenu par le gouvernement, le débat peut avoir lieu. Cette loi est pour Jaurès le symbole du militarisme, de la force outrancière de l’armée. C’est l’occasion de mobiliser l’ensemble du mouvement ouvrier contre ce projet en réactivant son antimilitarisme et son pacifisme.

    Dès le 16 mars 1913 se déroule à la butte du Chapeau-Rouge un rassemblement contre le projet de loi. « Le drapeau rouge, tout pur de marques et d’insignes, je retrouverai toujours pour lui l’œil que j’ai pu avoir à dix-sept ans, quand, au cours d’une manifestation populaire, aux approches de l’autre guerre, je l’ai vu se déployer par milliers dans le ciel bas du Pré-Saint-Gervais », témoignera André Breton.

    Certes, cette manifestation est moins massive et moins populaire que celle dont nous célébrons le centenaire. L’Humanité pourtant la décrit comme un temps fort : « La démonstration d’hier, par sa grandeur, son ordre et son élan, est la digne sœur de cette autre démonstration qui, il y a trois mois, réunissait au même endroit, sur invitation du parti socialiste, tous les citoyens décidés à clamer leur haine de la guerre », écrivait dans son éditorial Louis Dubreuilh.

    Le congrès national de la SFIO, le 23 mars, marque également l’opposition farouche à cette loi. Celle-ci lui semble être une provocation contre l’Allemagne. Chaque fédération départementale y est représentée par un nombre de délégués proportionnel au nombre d’adhérents. On y note la présence de Jean Longuet, Pierre Renaudel, Francis de Pressensé, Jacques Sadoul, ou encore Édouard Vaillant. D’autres socialistes sont absents. C’est en particulier le cas de Jean Jaurès et de Jules Guesde. L’actualité politique, entre la discussion de la loi des trois ans et le remaniement ministériel (le gouvernement Briand est renversé le 18 mars), les contraint à rester à Paris. 

    Le rassemblement du 25 mai est initialement prévu salle Wagram, à Paris, pour commémorer, comme tous les ans, la semaine sanglante qui mit fin à la Commune. Il est interdit. Contournant l’interdiction, la manifestation initiale est transformée en un rassemblement pacifiste. « Si, comme nous l’espérons, le nombre de citoyens qui seront aujourd’hui présents au Pré-Saint-Gervais est plus grand encore que dans les deux démonstrations antérieures, déjà si imposantes, le pouvoir aura l’impression qu’il est en face d’une force populaire et réglée, c’est-à-dire invincible. Et la loi de réaction, loi funeste, antinationale et antirépublicaine, aura reçu un coup profond », annonce le jour même l’Humanité.

    Parmi les orateurs se trouvent Marcel Cachin, les anciens communards Édouard Vaillant et Jean Allemane, mais aussi, et c’est assez rare à l’époque pour le souligner, trois femmes : Maria Verone, Louise Saumoneau et Alice Jouenne. Leur présence marque la modernité des socialistes de l’époque et leur volonté de faire de la défense de la paix la question de tous.

    Jaurès, hissé sur un camion qui fait office de tribune, la main sur la hampe d’un drapeau rouge, la barbe et le chapeau melon au vent, fait vibrer la multitude venue dénoncer la guerre. Il évoque les acteurs de la Commune, souligne qu’ils n’avaient pas « lutté pour se ménager de vains honneurs, pour les joies du pouvoir, ils avaient combattu pour préparer un avenir de justice. Leur foi, leur ardeur doivent être un exemple, car c’est, cette fois, cette ardeur qui fait notre force et qui fera la force des générations nouvelles. »

    Un combat socialiste Le meeting du 25 mai 1913 est un point d’orgue dans la campagne des socialistes contre la loi des trois ans. La date du 6 mars est tout aussi décisive. Ce jour-là, le gouvernement présidé par l’ancien compagnon de route de Jean Jaurès, Aristide Briand, déposait sur le bureau de la Chambre des députés le projet que les socialistes, unis derrière leur chef de file Jean Jaurès, vont combattre de toutes leurs forces. Il sera voté en juillet par la Chambre des députés 
et ensuite par le Sénat, malgré cette vive opposition des radicaux et surtout des socialistes. Mais cette contestation permit d’une certaine manière de reconstituer le Bloc des gauches. Un bloc mis à mal puisque certains radicaux, reniant leurs engagements antérieurs, votèrent finalement la loi, confortablement adoptée à la Chambre des députés par 339 voix contre 223. L’évocation de ce combat des socialistes et 
de Jaurès marque pour nous le premier acte 
de la commémoration du centenaire de la mort de Jaurès. Le 31 juillet 1914, il était assassiné par Raoul Villain au café du Croissant, à Paris.

    Pierre Clavilier est l’auteur de Jean Jaurès, l’éveilleur 
des consciences, éditions du Jasmin, 2013, 
206 pages, 16 euros.


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  • Montée au Mur des Fédérés

    Samedi 25 mai 2013, Rendez-vous à 14h30 devant l'entrée du cimetière du Père-Lachaise Rue des Rondeaux, Paris 20e (métro Gambetta).

    Réhabiliter les communards c'est reconnaître que grâce à leur combat la République a pu être installée durablement dans notre pays. Dès les premiers jours de sa courte existence la Commune met en place le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle installe la laïcité en décrétant la séparation de l'Eglise et de l'Etat. L'école devient laïque, gratuite et obligatoire pour les filles comme pour les garçons. La Commune lutte contre le chômage en réquisitionnant les ateliers abandonnés par les patrons et en instaurant l'autogestion par les salariés. Elle invente le salaire minimum, elle supprime les amendes sur les rémunérations. Elle commence à mettre en place l'égalité hommes-femmes. Elle défend et développe le service public. Elle réquisitionne les logements vacants pour les sans abris. Elle donne aux étrangers comme Léo Frankel, Dombrowski, Dmitrieff, Wroblewski et d'autres …la place qui leur revient dans la société en les déclarant citoyens à part entière.

    Les mesures que les communards ont prises restent d'une brulante actualité. Nous voulons qu'aujourd'hui justice leur soit rendue. Plus de 10 000 personnes ont signé la pétition initiée par les Amis de la Commune de Paris pour demander la réhabilitation de la Commune et des Communards car l'amnistie n'a pas effacé l'injustice des condamnations iniques. Les interventions auprès de la présidence de la République, de la présidence de l'Assemblée nationale et celle du Sénat demandent une reconnaissance officielle des élus du printemps 1871. Leurs noms ont été gravés dans plusieurs halls de mairie mais aucune mairie parisienne, aucun des bâtiments publics où la Commune a été présente, ne devrait pouvoir se soustraire à ce devoir de mémoire.

    Pour l'enseignement de la Commune à l'école, les fiches pédagogiques du ministère de l'éducation nationale destinées aux enseignants ont été modifiées afin que la Commune soit prise en compte. Il reste que les programmes scolaires et les livres d'histoire doivent être transformés pour laisser la juste place qui revient à l'histoire de la Commune dont les idées sont porteuses de progrès et de justice sociale.

    Avec vous, exigeons que la date du 28 mars, jour anniversaire de la proclamation de la Commune, devienne une journée officielle de commémoration. L'enseignement de son histoire deviendrait ainsi incontournable !

    Ce que le peuple a voulu en 1871 nous avons le moyen de le réaliser aujourd'hui. Ensemble nous pouvo

    ns obtenir les mesures nécessaires afin d'établir une république sociale comme l'ont rêvée les communards.

    C'est en étant nombreux le 25 mai à 15 heures, rue des Rondeaux 20eme, à la montée au Mur des Fédérés, que nous prouverons cette volonté commune et fédératrice de faire de notre pays un modèle de progrès et de justice sociale. Conjuguons le passé au présent ! La Commune n'est pas morte !

     Lien : http://www.demosphere.eu/rv/25371
    Source : http://ulcgt10.fr/spip.php?article2507
    Source : message reçu sur servicespublics75 le 25 mars 13h
    Source : message reçu le 1 avril 09h
    Source : http://www.commune1871.org/spip.php?page=even...


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  • Le travail à la chaîne a 100 ans

    Un anniversaire discret pour cette "innovation technologique" totalement inhumaine.
    vendredi 17 mai 2013 par  auteurs à lire

    Un petit article prudent et pas trop détaillé dans l’Usine Nouvelle, Pas un mot sur le site de la CGT. Pas un mot sur le site de l’INRS. Pas un mot dans la revue mutualiste Viva, pourtant active dans le domaine des conditions de travail. Pas un mot dans la presse militante...

    Silence on se détruit, on se bousille, on se casse le dos ou les poignets, on se liquéfie le cerveau...

    Il y a des choses dont il ne faut pas parler. Le travail à la chaîne, le travail de nuit, le travail aux pièces sur les machines, bref tout ce qui touche à l’organisation même du processus de production, façonnée par le capitalisme pour extraire le maximum de plus-value, quoi qu’il en coûte de l’ouvrier, considéré simplement comme une ressource humaine jetable et remplaçable. A PSA, sur les postes de la chaîne les plus durs, on met des intérimaires, le bout du bout de l’exploitation. Et chaque annonce de hausse de la cadence est l’annonce de souffrance supplémentaire.

    Il ne suffit pas de parler de pénibilité, et de compensation au travail pénible, de tenter de grappiller quelques années de retraite, tout à fait légitimes par ailleurs, bien sûr. On ne peut pas se contenter d’adoucir la peine, ou de limiter les dégâts. Il faut remettre en cause toutes ces conditions de travail totalement inhumaines, qui détruisent le corps et l’esprit des prolétaires. Les syndicats, et en particulier la CGT, sont aujourd’hui tellement intégrées à la logique du capitalisme, de la guerre économique, de la production à tout prix, qu’ils ont abandonné ce combat pour la disparition du travail à la chaîne, esclave à la machine, pour l’interdiction du travail de nuit comme l’avait promulgué la Commune de Paris en 1871...

    Le syndicalisme de classe ne part pas d’une analyse de la production, il part de l’intérêt ouvrier et de rien d’autre. Nous ne voulons plus de ce monde de barbares, nous voulons en finir avec l’exploitation, avec la destruction de ce que nous sommes. Alors, il faut aller jusqu’au bout dans la défense de nos intérêts, sans concession avec la marche du capitalisme, avec la guerre économique mondialisée.

    Le travail à la chaîne nous détruit depuis 100 ans, et bien nous revendiquons

    Abolition du travail à la chaîne !

    Et on baisse des cadences, tout de suite !

    Et cela doit apparaître haut et fort dans nos revendications !

    Pour mémoire, nous livrons ci-dessous un texte qui date de 1978 sur le travail à la chaîne, 35 ans. Aujourd’hui, la chaîne a changé, le travail s’est intensifié, les tâches se sont élargies, mais la description du sort de l’ouvrier enchaîné à la machine reste totalement vivante - ou plutôt totalement mortelle...

    « C’est comme une anesthésie progressive : on pourrait se lover dans la torpeur du néant et voir passer les mois — les années peut-être, pourquoi pas ? Avec toujours les mêmes échanges de mots, les gestes habituels, l’attente du casse-croûte du matin, puis l’attente de la cantine, puis l’attente du casse-croûte de l’après-midi, puis l’attente de cinq heures du soir. De compte à rebours en compte à rebours, la Journée finit toujours par passer. Quand on a supporté le choc du début, le vrai péril est là. L’engourdissement. Oublier jusqu’aux raisons de sa propre présence ici. Se satisfaire de ce miracle : survivre. S’habituer. On s’habitue à tout, paraît-il. Se laisser couler dans la masse. Amortir les chocs. Eviter les à-coups, prendre garde à tout ce qui dérange. Négocier avec sa fatigue. Chercher refuge dans une sous-vie. La tentation…

    On se concentre sur les petites choses. Un détail infime occupe une matinée. Y aura-t-il du poisson à la cantine ? Ou du poulet en sauce ? Jamais autant qu’à l’usine je n’avais perçu avec autant d’acuité le sens du mot “ économie ”. Economie de gestes ; Economie de paroles. Economie de désirs. Cette mesure intime de la quantité finie d’énergie que chacun porte en lui, et que l’usine pompe, et qu’il faut maintenant compter si l’on veut en retenir une minuscule fraction, ne pas être complètement vidé. Tiens, à la pause de trois heures, j’irai donner un journal à Sadok et discuter de ce qui se passe chez Gravier. Et puis, non. Aujourd’hui, je suis trop fatigué. L’escalier à descendre, un autre à monter, le retour en se pressant. Un autre jour. Ou à la sortie. Cet après-midi, je ne me sens pas capable de dilapider mes dix minutes de pause.

    D’autres, assis autour de moi, le regard vide, font-ils le même calcul : aller au bout de l’atelier parler à Untel ou lui emprunter une cigarette ? aller chercher une limonade au distributeur automatique du deuxième étage ? On soupèse. Economie. Citroën mesure à la seconde près les gestes qu’il nous extorque. Nous mesurons au mouvement près notre fatigue.

    Comment aurais-je pu imaginer que l’on pût me voler une minute, et que ce vol me blesserait aussi douloureusement que la plus sordide des escroqueries ? Lorsque la chaîne repart brutale, perfide, après neuf minutes de pause seulement, les hurlements jaillissent de tous les coins de l’atelier : “ Holà, c’est pas l’heure ! Encore une minute ! … Salauds ! ” Des cris, des caoutchoucs qui volent en tous sens les conversations interrompues, les groupes qui s’égaillent en hâte. Mais la minute est volée, tout le monde reprend, personne ne veut couler, se trouver décalé, empoisonné pendant une demi-heure à retrouver sa place normale. Pourtant, elle nous manque, cette minute. Elle nous fait mal. Mal au mot interrompu. Mal au sandwich inachevé. Mal à la question restée sans réponse. Une minute. On nous a volé une minute. C’est celle-là précisément qui nous aurait reposés, et elle est perdue à jamais. Parfois, quand même, leur mauvais coup ne marche pas : trop de fatigue, trop d’humiliation. Cette minute-là, ils ne l’auront pas, nous ne nous la laisserons pas voler : au lieu de retomber, le vacarme de la colère s’enfle, tout l’atelier bourdonne. Ça hurle de plus en plus, et trois ou quatre audacieux finissent par courir au début de la chaîne, coupent le courant, font arrêter à nouveau. Les chefs accourent, s’agitent pour la forme, brandissent leur montre. Le temps de la discussion, la minute contestée s’est écoulée, en douce. Cette fois, c’est nous qui l’avons eu ! La chaîne repart sans contestation. Nous avons défendu notre temps de pause, nous nous sentons tellement mieux reposés ! Petite victoire. Il y a même des sourires sur la chaîne ».

    Robert Linhart, L’Etabli (1978).

    http://lepcf.fr/Le-travail-a-la-chaine-a-100-ans


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  • 15 mai 1943 : le Conseil national de la Résistance est créé

    L’information qui est officialisée le 15 mai 1943 est considérable puisqu’elle démontre aux Alliés l’influence réelle du général de Gaulle et de ses envoyés puisque le Conseil national de la Résistance est désormais créé en métropole et qu’il va se réunir dans les meilleurs délais, dans un lieu tenu secret pour d’évidentes raisons de sécurité. Ce sont trois télégrammes datés du 8 mai 1943 et signés «Rex», pseudonyme dans la clandestinité du préfet Jean Moulin qui sont réceptionnés à Londres dans la soirée du 14 mai.
    La France combattante décide de communiquer sans tarder sur le sujet alors que le déplacement du général de Gaulle à Alger se précise. C’est un atout patent avant son arrivée en Afrique du Nord. Un communiqué qui fait la synthèse des trois documents expédié par Rex est rédigé. Ce texte doit être publier au plus vite dans des journaux de grande diffusion et lu autant que possible sans tarder à la radio. De fait, la presse joue le jeu et dans leurs éditions datées du 15 mai, “France”, le “Times “et le “New York Times” font paraître le communiqué. Il est également diffusé dans la journée sur Radio-Brazzaville qui est de plus en plus écoutée dans l’Empire.

     

    couvertures des premiers tirages du programme du CNR

     

    LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE se réunit pour la première fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle (installé à Londres puis à Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrêté par les nazis en juin de la même année. Lui ont succédé Georges Bidault, démocrate chrétien, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

    Le CNR regroupait :

      • huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure : "Combat", "Libération zone Nord", "Libération (Sud)", "Francs-tireurs partisans (FTP)", "Front national" (rien à voir avec le Front national actuel), "Organisation civile et militaire" (OCM), "Ceux de la Résistance" (CDLR), "Ceux de la Libération" (CDLL),
      • les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC,
      • six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

     

    Du CNR aux 30 glorieuses

     

    L’application du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) a permis le démarrage des 30 glorieuses.

    Le programme du CNR, créé le 27 mai 1943 et unifiant l’ensemble des mouvements de la résistance, adopté le 15 mars 1944, prévoit un certain nombre de réformes économiques et sociales.

    Il indique : «  … Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du CNR proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération… Afin de promouvoir les réformes indispensables :

    1 – sur le plan économique

    • l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie… l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;
    • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques…

    2 – sur le plan social

    • le droit au travail et au repos ;
    • la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
    • la reconstruction dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;
    • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;
    • la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, le rétablissement des délégués d’ateliers…  »

    À partir de 1944, un intense travail législatif se met en place pour atteindre ces objectifs, tout en poursuivant la lutte contre les nazis avec une participation des armées françaises intégrant une partie des forces de la résistance.

    Sur le plan économique les nationalisations sont réalisées en trois vagues de 1944 à 1948.

    Certaines ont pour but d’assurer la reconstruction du pays comme :

    • les houillères avec la création des Charbonnages de France en 1946 permet de lancer la bataille de la production du charbon source essentielle de l’énergie dans le pays,
    • la création d’EDF/GDF pour assurer la production et la distribution d’électricité et de gaz sur tout le territoire (les 400 compagnies existantes sont incapables ou ne veulent pas couvrir l’ensemble du territoire),
    • Air France (gage d’indépendance nationale),
    • nationalisation de la Banque de France et d’une partie du système bancaire (Crédit Lyonnais, Société Générale, Banque Nationale du Commerce et de l’Industrie et Comptoir National d’Escompte de Paris qui deviendront en 1966 la Banque Nationale de Paris) afin de donner au gouvernement des moyens supplémentaires,

    Ces quatre banques de dépôt représentent les 2/3 du marché, mais les banques d’affaires et les sociétés de crédit échappent à la nationalisation.

    D’autres nationalisations sont des nationalisations sanctions pour collaboration avec l’occupant nazi comme :

    • Renault qui devient Régie Nationale des Usines Renault (RNUR),
    • l’avionneur Gnome et Rhône devenant la SNECMA
    • le fabricant de camions Berliet.

    Certains groupes évitent la nationalisation grâce à des pressions extérieures (anglo-saxonnes notamment) et intérieures. C’est le cas de St Gobain, Air liquide, la plus grande partie de la sidérurgie, les compagnies pétrolières.

    Les nationalisations seront donc plus limitées que prévues pourtant le préambule de la constitution de la IVème République (1946) prévoit : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a/ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. » 

     

    Sur le plan social

    • une hausse des salaire de 25 à 30 % est effective dès octobre 1944,
    • la mise en place de la Sécurité Sociale, par les ordonnances de 1945 complétées par la loi de mai 1946 qui « instaure un régime complet de sécurité sociale avec la maladie, les accidents du travail, l’invalidité, la maternité et la vieillesse et aussi les allocations familiales », qui permet une politique de redistribution des revenus.

    Mais aussi :

    • le 3 janvier 1946 est décidée la mise en place d’un Commissariat Général du Plan (CGP) sous la direction de Jean Monet. Cet organisme est chargé de définir la planification économique et le développement du pays, notamment par la mise en place de plans quinquennaux. C’est au travers de concertations et de prévisions que se forge l’idée du plan initialement proposée par la CGT avant la guerre,
    • la création du conseil économique et social, assemblée consultative comprenant les organisations sociales et donne son avis au gouvernement,
    • la mise en place du statut de la Fonction Publique en octobre 1946 initié par Maurice Thorez,
    • les ordonnances de février 1945 rendent obligatoire les comités d’entreprises pour les entreprises de plus de 50 salariés,
    • les entreprises nationalisées bénéficient de statuts, les syndicats siègent dans les conseils d’administration et deviennent souvent une vitrine d’une nouvelle politique sociale (exemple de Renault)
    • en mai 1945 le ministre du travail fixe par ordonnance la représentation syndicale mais ce n’est qu’en 1946 qu’est reconnu le Conseil National du Patronat Français (CNPF ancêtre du Medef) dirigé par Georges Villiers ancien déporté.

     

    La mise en place du programme du CNR à la libération voit la naissance d’une économie mixte, d’une démocratie économique et sociale et d’un renforcement conséquent de l’État. Celui-ci ayant des moyens économiques renforcés.

     

    Tous ces moyens vont permettre l’essor de l’économie et le début des 30 glorieuses.

     

    http://lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/2013/05/14/15-mai-1943-le-conseil-national-de-la-resistance-est-cree/

    http://rogeroustry.unblog.fr/articles-publies-dans-la-presse/du-cnr-aux-30-glorieuses/

     

     

     
    Un document d’actualité.

    Programme du Conseil national de la Résistance

    DIVERS
     

    Denis Kessler est ou a été : maoïste, n°2 du MEDEF, Directeur général d’Axa, banquier, président de la fédération française des sociétés d’assurances, président du groupe de réassurance Scor, membre du Conseil économique et social, du Conseil national des assurances, du Comité européen des assurances, de la Commission des comptes de la nation.

    Dans un éditorial du journal « Challenge », le 4 octobre 2007, il écrit notamment :

    « … Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là . Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

    C’est à ce chantier que le pouvoir s’emploie avec constance, chaque ministre étant doté d’une masse à démolir déguisée en truelle pour bâtir l’avenir.

    Rédigé pendant la guerre (fin 1943 début 1944) par un éventail représentatif de la Résistance, le Programme du Conseil National de la Résistance est un programme de rénovation pour construire une vraie « démocratie sociale », avec une économie planifiée et la maîtrise par la Nation de grands secteurs industriels et des principaux moyens de production et d’échanges.

    Il allait permettre le redressement d’une France détruite et ruinée. Porteur d’espoir, d’enthousiasme, se référant comme jamais auparavant à la devise « Liberté, égalité, fraternité », il fut d’emblée une épine dans le pied d’un patronat apatride et égoïste.

    Par le vice des terribles campagnes médiatiques que notre pays subit depuis des décennies, on s’étonne aujourd’hui, à le lire ou à le découvrir, que ce programme ait été adopté à l’unanimité par des gaullistes, communistes, socialistes, royalistes, chrétiens de droite, bref, un ramassis de bolcheviks dont le MEDEF entend anéantir l’oeuvre sous la bannière de Nicolas Sarkozy.

    Le Grand Soir

    http://www.legrandsoir.info/Programme-du-Conseil-national-de-la-Resistance.html


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  •  LE CNR : A LA LUMIERE D'HIER PAR DENISE FOUCART

    affiche fasciste et pétainiste du temps de l'occupation et du régime de Pétain en fin d'article

    A la lumière d’HIER ……..

    Le 17 avril 1943, lorsque furent conclus ici les accords de réunification de la CGT, ouvrant la perspective d’une efficacité renforcée des combats intérieurs pour la libération de la France, j’étais à quelques jours d’avoir 20 ans.

    Un vingtième anniversaire qui s’inscrivait pour moi, non pas comme le plus beau jour de la vie, mais seulement comme le bonheur fragile d’être encore vivante, après 3 années d’action clandestine de résistance contre l’occupant, avec les cheminots de la CGT illégale de Toulouse.

    Trois années qui avaient largement confirmé la clairvoyance politique et syndicale dont j’avais vu le combat difficile durant toute mon enfance, pour éviter que l’Europe ne sombre dans le terrible désastre qu’annonçait le fascisme hitlérien.

    Son ascension en Allemagne sur fond de crise économique de chômage et de misère, suscitait en France une agitation agressive de l’extrême droite qui se sentit confortée, dés que furent accordés en 1933 les pleins pouvoirs à Hitler avec le soutien actif de la haute finance et des grands industriels.

    Les années qui suivirent connurent une intense activité des forces de paix et du syndicalisme CGT dans une France qui s’enfonçait dans une crise économique profonde, avec la montée grandissante du fascisme.

    Les manifestations et les grèves quasi-journalières, les multiples appels à la paix furent de plus en plus violemment réprimés par la police qui n’hésitait pas à tuer les manifestants.

    Les gouvernements de sinistre mémoire tels Daladier, Raynaud, Laval, étaient plus sensibles au chant des sirènes venu d’outre Rhin, oû le National Socialisme triomphant d’Hitler causait des dégâts humains considérables, que de la survie de la République Française gravement menacée.

    L’éclaircie de 1936 avec la victoire des forces Républicaines et les formidables avancées sociales acquises par l’action syndicale unie ne durera que 2 ans.

    La violente offensive des mouvements de régression sociale à caractère fasciste eurent raison de la faible résistance des gouvernants du Front Populaire.

     

    1 Ce qui fut appelé « la pause » aboutit en fait à une entreprise de destruction des avancées sociales avec la réduction répressive de l’action des organisations syndicales.

    Dés lors s’engagea l’escalade ouvrant la voie au pire.

    En 1938 le gouvernement français signera avec Hitler les accords de Munich, lui livrant la Tchécoslovaquie alors qu’il venait d’annexer l’Autriche. L’Europe fasciste était en marche et la France visée en premier lieu.

    Le général de Gaulle écrira dans ses mémoires sur cette période de notre histoire :

    « Il faut dire que certains milieux voulaient voir l’ennemi, plutôt dans Staline que dans Hitler. Ils se souciaient des moyens de frapper la Russie beaucoup plus que de la façon de venir à bout du Reich ».

    J’avais vu, dés mon plus jeune âge, l’énergie que déployait mon père, cheminot, aidant les plus démunis, s’associant aux actions porteuses d’un avenir de bonheur pour tous.

    Il faisait de sa vie, un apostolat contre l’oppression, la misère, l’exploitation, l’absence des droits élémentaires et s’opposait activement à toute tentative d’émergence des idées du fascisme.

    Cela l’avait conduit dés qu’il fut salarié, à l’action syndicale CGT, puis au Parti Communiste et tout naturellement dés 1940 à l’engagement dans la Résistance oû je l’avais suivi.

    Ainsi, dés l’âge de 15 ans, je compris que l’avenir que je m’étais tracé, oh !combien pacifique, entre les études, la compétition de natation et la danse au théâtre du capitole de Toulouse, risquait de ne rester qu’en l’état d’un beau rêve perdu, tant il me semblait incompatible avec ce qu’allait devenir la France.

    Orientée vers l’activité culturelle j’avais gardé en mémoire cet appel lancé en 1938 par André MALRAUX avec l’Association des Ecrivains et Artistes :

    « Depuis 10 ans, le fascisme étend sur l’Europe ses grandes ailes noires. Bientôt ce sera l’action sang contre sang. Les intellectuels persécutés en Allemagne, ne le sont pas en tant que marxistes, mais parce qu’ils ont gardé le sentiment de la dignité. Le fascisme allemand nous montre que nous sommes face à la guerre et nous devons tout faire pour l’empêcher ».

     

    2 Mais parallèlement, certains milieux de la haute finance et de la grande industrie manifestaient dans Paris sous le mot d’ordre :

    « Plutôt Hitler que le Front Populaire »

    Il faut bien dire qu’en matière d’ignominie Hitler n’a pas tout inventé. Ce sont des hommes politiques français qui déclaraient en 1940 :

    « Il est urgent de créer un ministère de la race en s’insurgeant contre l’invasion disaient ils des juifs venus d’Europe Centrale. Nous sommes d’accord avec Hitler pour proclamer qu’une politique n’atteint sa forme supérieure que si elle est raciale ».

    Toutes les conditions étaient donc bien réunies pour déclencher la 2éme guerre mondiale et son cortège d’atrocités.

    Le fascisme que l’on aurait pû combattre efficacement avec les forces progressistes issues des élections de 1936 va devenir le maître oppresseur de la France , avec les conséquences atroces que l’on connait.

    Le refus d’une telle déchéance de Français patriotes, à l’image du Général DE GAULLE et de Charles TILLON au nom du Parti Communiste, se manifesta par deux appels à la Résistance, lancés au peuple Français.

    Dés lors s’engagera, le plus incroyable des combats sur le sol national, contre l’occupation allemande et le gouvernement dit Français qui venaient de s’unir pour commettre un crime humanitaire sans précédent.

    Car il faut bien souligner que le maréchal traitre PETAIN qui livra la France à Hitler en déclarant « je fais don de ma personne à la France pour atténuer son malheur » fut lui-même l’artisan principal de cet immense malheur en devenant l’initiateur des acteurs zélés de son régime soumis aux occupants, qui allèrent jusqu'à en être les exécuteurs des basses œuvres les plus abjectes.

    Si j’ai voulu rappeler ces faits historiques, c’est essentiellement pour montrer qu’ils auraient pu être évités et que les horreurs qui ont accablé l’humanité, n’étaient pas fortuites, mais bien le résultat de 4 années de trahison et d’indignité nationale du pouvoir politique français.

    Et pourtant, il aura fallu un demi siècle pour qu’un Président de la République, Jacques Chirac admette la lourde responsabilité de l’Etat Français dans la déportation des familles juives, vers les camps allemands d’extermination massive.

     

    3 Car il faut bien savoir que les juifs comme les résistants, torturés, assassinés, le furent pour une grande part à la suite d’arrestation par la police française.

    Il n’en reste pas moins pourtant que quelques voix persistent à imaginer la réhabilitation, l’oubli ou même le pardon, de cette triste réalité historique qui est encombrante dans certains milieux.

    Bientôt il ne restera plus personne pour témoigner de ce que furent tant de jours, d’actions dangereuses, de ceux qui refusèrent l’asservissement de la France à l’idéologie fasciste. Tant de journées qui se concluaient avec le soulagement d’avoir échappé à la mort, tout en préparant la mission du lendemain.

    On ne dira jamais assez, combien cette période incroyablement douloureuse pour l’ensemble des français a coûté de souffrances et de tortures physiques et morales, de jeunesse brisée, de familles décimées.

    Nous avions pour certains d’entre nous entre 17 et 20 ans, nous aimions la vie, la liberté, l’amour, mais notre révolte était la seule voie pour soustraire la France à la servitude et au déshonneur.

    Il est vrai que parallèlement à ceux des nôtres qui sont tombés, il y avait aussi l’inespéré de la mission menée à bien et la satisfaction de sérieux dommages causés à l’occupant, de tortionnaires abattus, d’armes soustraites à leur violence, de résistants arrachés à leurs griffes, de familles juives sauvées des trains les menant à la mort, les voies de chemin de fer ayant été sabotées durant la nuit.

    La peur du lendemain se concevait toujours avec comme lueur d’espoir la certitude que notre action aboutirait à la victoire quel qu’en soit malheureusement le prix.

    Ces années de mon adolescence m’ont laissé des souvenirs vivaces et passionnants mais souvent très cruels. Mon frère fut arrêté à l’âge de 16 ans et demi et envoyé au camp allemand de la mort de MATHAUSEN.

    Ils m’ont aussi confortée dans cette certitude que l’histoire de la Résistance française est une très belle page, écrite dans le sang et les larmes par des militants épris de liberté, de justice, d’indépendance et de respect de la Nation. Il est donc indispensable d’en léguer les enseignements aux jeunes générations, comme devrait le faire l’Education Nationale.

     

    4 L’hommage rendu ici aujourd’hui aux patriotes courageux appelés « soldats de l’ombre » honore ceux qui l’ont organisé comme tous ceux qui y participent.

    Alors que le 2 février 1943, le IIIe Reich et son projet nazi sont défaits à Stalingrad, l’histoire vient de basculer le mythe de l’Allemagne invincible vient de disparaitre, ouvrant les conditions nouvelles d’une victoire des forces alliées. L’action de la résistance devient plus évidente et ses rangs s’en trouvent renforcés.

    La force syndicale unique, conclue en cette nuit du 17 avril 1943 permit à Jean Moulin qui en avait mandat de rallier toutes les organisations de résistance ce qui était la garantie d’une efficacité amplifiée.

    Il créa donc le 27 mai le Conseil National de la Résistance, c’était le tournant décisif pour aller vers la victoire.

    De cette création, naquirent les conditions propres à rendre à la France, dés la liberté retrouvée, son équilibre moral et social, en redonnant au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité nationale. Il fut alors élaboré un programme qui s’intitula « les jours heureux par le CNR ».

    En 1945 la libération enfin conquise s’accompagna d’un engagement solennel fait au monde entier : « Plus jamais ça, la bête immonde ne devra plus jamais renaître ».

    Le programme sera appliqué dés 1945 sous la présidence du Général DE GAULLE et des ministres issus des rangs de la Résistance. Il permettra à une France anéantie par la guerre, pillée par l’occupant, de prendre un essor réel, parce qu’il ouvrait un renouveau économique, accompagné d’un contenu social totalement novateur.

    Les années qui suivirent se définissent sous le nom des 30 glorieuses, même si le mouvement syndical doit faire preuve d’une détermination permanente pour que les conquêtes sociales bénéfiques au rayonnement de la Nation restent la ligne de conduite des gouvernements qui émaillèrent cette période.

    1968 et l’unité syndicale eurent raison provisoirement de l’offensive anti sociale revancharde qui s’attaquait déjà au contenu du programme du CNR.

     

     

    5 La situation catastrophique d’aujourd’hui méritant un tout autre débat que mon intervention dans le contexte de notre manifestation. J’en dirai simplement qu’elle assombrit considérablement la démocratie et suscite de graves inquiétudes, en France comme en Europe.

    Notre société est engluée dans de scandaleuses révélations d’évasions fiscales, qu’organisent les banques vers des paradis fiscaux au profit de grands chefs d’entreprises et de personnalités politiques.

    Cela jette le discrédit sur notre pays et ses instances dirigeantes alors que le peuple est injustement frappé par la dureté de la crise.

    Nous sommes là très loin de la grandeur de la France, telle que la concevaient ceux qui l’ont reconquise dans les conditions de ce que l’histoire appelle les années noires.

    Pour préserver la démocratie sans doute est-il impératif que soit effective la transparence financière des responsables politiques pour assurer la clarté de leur mandat et cela dépasse le cadre d’un patrimoine visible.

    D’autant qu’un nouveau et grave danger vient contredire le vœu du Conseil National de la Résistance de l’impossible résurrection des méfaits du fascisme.

    Dans plusieurs pays Européens, l’extrême droite issue des partis fascistes que l’on croyait éradiqués, relève la tête, avec des arguments trompeurs et parvient à s’implanter dans la vie politique des Nations.

    C’est un immense danger pour la civilisation de l’humanité.

    La France n’échappe pas à cette réalité qui demande la mobilisation morale et active du peuple en son entier.

    Ainsi 70 ans après le serment de non retour, la xénophobie, le racisme, les petites phrases empoisonnées et la pratique du maquillage médiatique, telle que fut le « détail de l’histoire » attribué à l’holocauste, ne sont en fait jugés, que comme des faits divers, puisque dédiabolisés par l’aspect physique souriant d’égéries féminines, pourtant issues d’une même lignée beaucoup moins rassurante.

    Combattre le Front National est une nécessité entièrement liée à la lutte à mener contre la politique de régression sociale. L’un est toujours le résultat de l’autre et les moyens utilisés porteurs d’illusions de camouflages et faux lendemains propres à détourner la colère du peuple.

     

    6 Voici ce qu’en disent ensemble les 4 associations nationales des victimes du fascisme, déportés résistants et fusillés :

    « Tant que nous pourrons prendre la parole nous devons dire aux générations nouvelles, que c’est surtout dans les moments de crise que surgissent les discours anti-démocratiques xénophobes, racistes et anti sémites dans lesquels elles doivent discerner les thèses de ceux qui ont exterminé les juifs d’Europe, massacré les tziganes, déporté et fusillé les résistants. Il est essentiel qu’elles reconnaissent dans d’autres discours, les vociférations d’Hitler et la voix soumise de Pétain. Ainsi averties elles pourront combattre le danger ».

    Le mouvement syndical CGT, selon son Secrétaire Général Thierry Le Paon, apparait effectivement comme un sérieux rempart face aux reculs sociaux et à l’austérité, comme il est l’une des forces principales interdisant la mise en cause de la démocratie.

    Hier, comme aujourd’hui, il est la forme légitime de la représentation des forces vives de la Nation, dont l’écrivain François Mauriac pouvait dire, au lendemain de la Libération : « Seule, dans sa masse, la classe ouvrière s’est montrée digne da la France profanée ».

    C’est en ce sens, que les accords du Perreux revêtent un poids historique incontestable.

    J’en terminerai en disant qu’il faut témoigner de la plus grande vigilance républicaine pour préserver le respect de l’être humain, de sa dignité et du droit à la différence.

    Tout faire, pour que les graves menaces d’aujourd’hui ne deviennent pas de sombres pages d’histoire pour demain.

     

    Denise FOUCARD

    Présidente d’Honneur de l’IHS-CGT du Val de Marne

    J'ai mis en ligne cette intervention de Denise Foucart, sœur de Georges Séguy lors de l'anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance.

    Cet article m' a été remis par Henri Tronchon, ancien dirigeant de la Fédération CGT de la Métallurgie.

    Denise, est une très grande militante de la CGT, je la remercie pour ce texte important qu'elle nous a léguée au moment où la bête immonde se manifeste à nouveau en Europe et particulièrement en France comme nous venons de le voir à travers les manifestations anti-mariage où elle a exprimé toute sa haine comme elle le faisait avec les ligues d'extrême droite dans les années trente.

    Bernard Lamirand http://ber60.over-blog.com/

     


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