• * chanson d'Alain Le Prest interprètée par Francesca Solleville

     

    7 mars, 11h00 cimetière du Père Lachaise (connaissez vous ? [♫ ♫]* )

    La fédération des cheminots commémore l'assassinat de P Sémard.

    Une grand partie de la direction de la fédération CGT était au Père Lachaise, les autres était présents à Bragny lieu de la naissance de P Semard et d'autres à Evreux lieu de son exécution. A travers tout le pays par dizaines voire plus des cérémonies ont été organisées. Pas des commémorations tournées vers le passé mais une prise d'appuie sur l'histoire pour dire qu'il faut aujourd'hui poursuivre le combat.

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    Un peu plus d'une centaine de personnes représentant les cheminots actifs et reraités d'Ile de France, des syndicalistes CGT d'autres professions, une délégation du PCF,  (Pierre Semard en fut le premier ouvrier secrétaire général), la Ville de Paris (Pierre Semard était conseiller de la Seine) .

     

     

     

     

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    Des drapeaux rouges, tricolores, des fleurs. La Marseillaise et

     

    une grande et belle internationale qui ont toute deux attirés les visiteurs d'un des importants monuments culturels de Paris.

    Un discours de Gilbert Garrel que La Canaille mettra en ligne dès qu'il sera disponible 

     

     

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    Notons l'absence remarquée de la direction de la SNCF. Dommage. Entendre la partie de l'allocution du secrétaire général de la fédération CGT des cheminots sur la façon dont l'entreprise nie la place des cheminots dans le combat contre les nazis, la collaboration et sa direction de la SNCF d'alors aurait fait le plus grand bien à ceux qui tirent les rennes de l'entreprise dans ce sens là.

     

     

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    Pour sa part, La Canaille regrettera aussi que si les cheminots ont su porter ce jour la mémoire du combat antifasciste, d'autres professions à partir de leur propre histoire n'aient pu faire de même ce jour là.

    Ces militants qui aujourd'hui ne sont pas moins engagé dans le combat contre les idées de la droite et l'extrême droite n'ont pas saisi l'occasion pour marquer le jour qui est aussi celui de l'exécution de leur premier dirigeant fédéral.

    C'est par exemple le cas de Corentin Cariou de l'énergie ou de Réné Le Gall de la construction fusillés le pemier à Compiègne, le second à Clairvaux ce 7 mars 42.

    Tout comme à Châteaubriant en octobre, la présence hier au Père Lachaise du secrétaire général de la CGT aurait permi de donner un plus grand relief à ces cérémonies qui dans ce moment de remise en cause massif et profond des acquis de la Libération et la revanche du capital sur les nationalisations voulues par le programme du CNR auraient trouvé là moyen à être stigmatisé fort opportunément.

    Par canaille le rouge


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  • 7 mars 2012: 70ème anniversaire de l'assassinat de Pierre Sémard par les nazis

    pierre-semardFils de cheminots, Pierre Sémard était né à Bragny-sur-Saône le 15 février 1887. En juin 1921, il fut élu Secrétaire général de la Fédération des cheminots, et jouera alors un rôle de première importance dans la fondation de la CGTU.

    En juillet 1924 il deviendra le secrétaire général du jeune Parti Communiste Français (SFIC) après être entré à son Comité Central quelques mois auparavant.

    À l'automne 1933, Pierre Sémard renoue avec le syndicalisme, et devient secrétaire général de la Fédération des cheminots CGTU le 26 juin 1934, et joue un rôle central dans la réunification des fédérations de cheminots.

    Lors du congrès de fusion entre la CGT et la CGTU, le 24 novembre 1935, il est élu au secrétariat de la fédération réunifiée comme secrétaire général, aux côtés de Jarrigion qui représentait les ex-confédérés.

    En 1935, est élu Conseiller Général de Drancy.

    En juin 1936, il fait partie de la délégation syndicale qui rencontre le nouveau président du conseil Léon Blum (le 1er ministre) et les ministres concernés pour réclamer l'attribution aux cheminots de 21 jours de congé, la semaine de 40 heures, les conventions collectives et la réintégration des révoqués de la grande grève des cheminots de 1920.Au nom de la CGT, Pierre Sémard se prononce en faveur de la nationalisation des chemins de fer.

    Lorsque la SNCF est créée, il devient l'un des quatre administrateurs salariés issus de la représentation syndicale. Malgré ses multiples responsabilités il se rendra souvent sur la frontière espagnole pour s'occuper de l'acheminement de l'aide matérielle à la République espagnole.

    Il est arrêté à Loches  le 18 octobre 1939 par la police française, sous l'inculpation d'infraction au décret du 26 septembre 1939 qui interdisait le Parti communiste Français.

    Il fut alors interné successivement à Fresnes, puis à la prison de la Santé à Paris, puis à la prison de Bourges.

    Au début 1942, Pierre Sémard, bien que sa levée d'écrou ait été prononcée, est transféré de Bourges au camp d'internement de Gaillon (Eure) en application des décrets adoptés le 18 novembre 1939 par le gouvernement Daladier. Le 6 mars, on l'enverra à la prison d'Évreux à la demande des autorités allemandes. Il est fusillé comme otage le lendemain par les nazis.

    Pierre Sémard était un homme libre, épris de liberté.

    Source : d’après le blog de l’UL CGT de Dieppe


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  • De l’oubli de la Seconde période des désordres en Russie à l’oubli du Siècle des humiliations en Chine


    Domenico LOSURDO

    Grand Soir 76

    […] Avec une longue histoire derrière elle, qui l’avait vue pendant des siècles ou des millénaires en position éminente dans le développement de la civilisation humaine, la Chine, en 1820 encore, s’honorait d’un PIB qui constituait 32,4% du produit intérieur brut mondial ; en 1949, au moment de sa fondation, la République populaire chinoise est le pays le plus pauvre, ou parmi les plus pauvres, du monde [1]. Ce qui a déterminé cet effondrement est l’agression colonialiste et impérialiste qui commence avec la Guerre de l’opium. Célébrées en termes même emphatiques par les plus illustres représentants de l’Occident libéral (qu’on pense à Tocqueville et à John Stuart Mill), ces guerres infâmes ouvrent un chapitre extrêmement tragique pour le grand pays asiatique. Le déficit dans la balance commerciale chinoise provoqué par la victoire des « narcotraficantes britanniques », la terrible humiliation subie (« Des femmes chinoises sont approchées et violées » par les envahisseurs. « Les tombes sont violées au nom de la curiosité scientifique. Le minuscule pied bandé d’une femme est extirpé de sa tombe »), et la crise mise en évidence par l’incapacité du pays à se défendre des agressions externes, jouent un rôle de premier plan pour déterminer la révolte des Taiping (1851-64), qui mettent à l’ordre du jour la lutte contre l’opium. C’est « la guerre civile la plus sanglante de l’histoire mondiale, avec une estimation de vingt à trente millions de morts » [2]. Après avoir puissamment contribué à la provoquer, l’Occident en devient le bénéficiaire, car il peut étendre son contrôle sur un pays tenaillé par une crise de plus en plus profonde, et un pays de plus en plus dépourvu de défenses. S’ouvre alors une période historique qui voit « la Chine crucifiée » (la Russie et le Japon se sont joints entre temps aux bourreaux occidentaux). Car :... Lire la suite de l'article


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  • De l’oubli de la Seconde période des désordres en Russie à l’oubli du Siècle des humiliations en Chine


    Domenico LOSURDO

    Grand Soir 76

    […] Avec une longue histoire derrière elle, qui l’avait vue pendant des siècles ou des millénaires en position éminente dans le développement de la civilisation humaine, la Chine, en 1820 encore, s’honorait d’un PIB qui constituait 32,4% du produit intérieur brut mondial ; en 1949, au moment de sa fondation, la République populaire chinoise est le pays le plus pauvre, ou parmi les plus pauvres, du monde [1]. Ce qui a déterminé cet effondrement est l’agression colonialiste et impérialiste qui commence avec la Guerre de l’opium. Célébrées en termes même emphatiques par les plus illustres représentants de l’Occident libéral (qu’on pense à Tocqueville et à John Stuart Mill), ces guerres infâmes ouvrent un chapitre extrêmement tragique pour le grand pays asiatique. Le déficit dans la balance commerciale chinoise provoqué par la victoire des « narcotraficantes britanniques », la terrible humiliation subie (« Des femmes chinoises sont approchées et violées » par les envahisseurs. « Les tombes sont violées au nom de la curiosité scientifique. Le minuscule pied bandé d’une femme est extirpé de sa tombe »), et la crise mise en évidence par l’incapacité du pays à se défendre des agressions externes, jouent un rôle de premier plan pour déterminer la révolte des Taiping (1851-64), qui mettent à l’ordre du jour la lutte contre l’opium. C’est « la guerre civile la plus sanglante de l’histoire mondiale, avec une estimation de vingt à trente millions de morts » [2]. Après avoir puissamment contribué à la provoquer, l’Occident en devient le bénéficiaire, car il peut étendre son contrôle sur un pays tenaillé par une crise de plus en plus profonde, et un pays de plus en plus dépourvu de défenses. S’ouvre alors une période historique qui voit « la Chine crucifiée » (la Russie et le Japon se sont joints entre temps aux bourreaux occidentaux). Car :

     

    A mesure que l’on approche de la fin du 19ème siècle, la Chine semble devenir le jouet d’un destin contre lequel elle n’a plus aucun recours. C’est une conjuration universelle des hommes et des éléments. La Chine des années 1850-1950, celle des plus formidables insurrections de l’histoire, des canonnades étrangères, des invasions et des guerres civiles est aussi celle des grands cataclysmes naturels. Jamais sans doute dans l’histoire du monde le nombre de victimes n’avait été aussi élevé.

     

    L’abaissement général et drastique du niveau de vie, la désagrégation de l’appareil d’Etat et de gouvernement, avec son incapacité, sa corruption, sa subalternité et son assujettissement à l’étranger : tout cela rend l’impact des inondations et des famines encore plus dévastateur : « La grande famine de Chine du nord en 1877-78 […] tue plus de neuf millions de personnes » [3]. C’est une tragédie qui a tendance à revenir périodiquement : en 1928, le nombre des morts se monte à « près de trois millions dans la seule province du Shanxi » [4]. On n’échappe pas à la faim ni au froid : « Les poutres des maisons sont brûlées pour pouvoir se chauffer » [5].

     

    Il ne s’agit pas que d’une crise économique dévastatrice : « L’État est quasi détruit ». Une donnée est en soi significative : « 130 guerres civiles opposent entre eux 1.300 seigneurs de la guerre entre 1911 et 1928 » ; les « militaristes regroupés en cliques » ennemies sont parfois appuyés par telle ou telle puissance étrangère. Par ailleurs, « les guerres civiles répétées entre 1919 et 1925 peuvent être considérées comme de nouvelles Guerres de l’Opium. Leur enjeu est le contrôle de la production et du transport » de cette drogue [6]. Au-delà des corps armés des seigneurs de la guerre, le banditisme véritable déferle, alimenté par les déserteurs de l’armée et par les armes vendues par les soldats. « Vers 1930 on estime que la Chine compte 20 millions de bandits, soit 10% de la population masculine totale » [7]. D’autre part, on imagine facilement le destin qui incombe aux femmes. Dans l’ensemble, c’est la dissolution de tout lien social : « Parfois le paysan vend sa femme et ses enfants. On décrit dans la presse des colonnes de jeunes femmes ainsi vendues qui parcourent les routes, encadrées par des trafiquants, dans le Shaanxi ravagé par la famine en 1928. Elles deviendront des esclaves domestiques ou des prostituées ». Rien qu’à Shanghai, il y a « environ 50.000 prostituées régulières ». Et les activités de brigandage, tout comme le milieu de la prostitution, peuvent compter sur la complicité des concessions occidentales, qui développent à ce sujet de « lucratives activités » [8]. La vie des Chinois ne vaut à présent plus grand-chose, et les opprimés tendent à partager ce point de vue avec leurs oppresseurs. En 1938, dans sa tentative de freiner l’invasion japonaise, l’aviation de Tchang Kaï-chek fait sauter les digues du Fleuve Jaune : 900.000 paysans meurent noyés et 4 millions sont obligés de fuir [9]. Quinze ans avant environ, Sun Yat-Sen avait exprimé sa crainte qu’on puisse arriver « à l’extinction de notre pays et à l’annihilation de notre race » ; oui, peut-être les Chinois se préparaient-ils à subir la fin infligée aux « indigènes rouges » sur le continent américain [10].

     

    Cette histoire tragique en amont de la révolution chinoise disparaît dans l’historiographie et dans la propagande qui entourent le culte négatif des héros. Si dans la lecture de l’histoire de la Russie on procède au refoulement de la Seconde période des désordres, pour le grand pays asiatique on glisse sur le Siècle des humiliations (la période qui va de la Première guerre de l’opium à la conquête communiste du pouvoir). Comme en Russie, en Chine aussi, ce qui va sauver la nation et jusque l’Etat, est en dernière analyse la révolution conduite par le parti communiste. Dans la biographie citée plus haut de Mao Tsétoung, non seulement on ignore l’histoire sommairement reconstruite ici, mais le primat de l’horreur est attribué au leader communiste chinois en portant à son compte les victimes provoquées par la disette et par la famine qui ont affecté la Chine. Un silence rigoureux est observé sur l’embargo infligé au grand pays asiatique immédiatement après l’avènement au pouvoir des communistes.

     

    Sur ce dernier point il faut alors consulter le livre d’un auteur états-unien qui décrit avec une grande empathie le rôle de premier plan joué au cours de la Guerre froide par la politique d’encerclement et d’étranglement économique opérée par Washington aux dépens de la République populaire chinoise. Celle-ci, à l’automne 1949, se trouve dans une situation désespérée. Notons qu’entre-temps la guerre civile est loin d’être terminée : le gros de l’armée du Kuomintang s’était réfugié à Taiwan, et de là continuait à menacer le nouveau pouvoir par des raids aériens et des incursions, d’autant plus que des poches de résistance continuaient à être actives sur le continent. Mais ceci n’est pas l’aspect principal : « Après des décennies de guerres civiles et internationales, l’économie nationale était au bord du collapsus total ». L’inflation s’intrique à l’écroulement de la production agricole et industrielle. Et ce n’est pas tout : « Cette année-là de graves inondations avaient dévasté une grande partie de la nation, et plus de 40 millions de personnes avaient été frappées par cette calamité naturelle » [11].

     

    L’embargo décrété au moment opportun par les USA rend cette crise économique et humanitaire plus catastrophique que jamais. Les objectifs de cet embargo ressortent clairement des études et des projets de l’administration Truman, et de ce que ses dirigeants admettent ou déclarent : faire en sorte que la Chine « subisse la plaie » d’un « niveau de vie général autour ou en dessous du niveau de subsistance » ; provoquer une « arriération économique », un « retard culturel », « un taux de natalité primitif et incontrôlé », des « désordres populaires » ; infliger « un coût lourd et plutôt prolongé pour toute la structure sociale » et créer, en dernier ressort, « un état de chaos » [12]. C’est un concept qui revient de façon obsédante : il faut conduire un pays aux « besoins désespérés » vers une « situation économique catastrophique », « vers le désastre » et le « collapsus » [13]. Ce « pistolet économique » pointé contre un pays surpeuplé est meurtrier, mais cela ne suffit pas à la Cia : la situation provoquée « par les mesures de guerre économique et par le blocus naval » pourrait être ultérieurement aggravée par une « campagne de bombardements aériens et navals contre des ports sélectionnés, des centres ferroviaires, des structures industrielles et des dépôts » ; pour faire bonne mesure, et avec l’assistance des USA, les raids aériens du Kuomintang se poursuivent sur les villes industrielles, Shanghai comprise, de la Chine continentale [14].

     

    A la Maison-Blanche, un président succède à un autre, mais l’embargo reste et il inclut médicaments, tracteurs et engrais [15]. Au début des années soixante, un collaborateur de l’administration Kennedy, Walt W. Rostow, fait remarquer que, grâce à cette politique, le développement économique de la Chine a été retardé « pour des dizaines d’années » au moins, tandis que les rapports de la Cia soulignent « la gravité de la situation agricole en Chine communiste », désormais gravement affaiblie par « une surcharge de travail et de malnutrition » (overwork and malnutrition) [16]. S’agit-il alors de diminuer la pression sur un peuple réduit à la faim ? Au contraire, il ne faut pas ralentir l’embargo « pas même pour un réconfort humanitaire ». Profitant aussi du fait que la Chine « est privée de ressources naturelles-clé, en particulier de pétrole et de terre cultivable » et s’appuyant aussi sur la grave crise intervenue entre-temps dans les rapports entre Chine et URSS, on peut tenter l’estocade finale : il s’agit d’ « explorer les possibilités d’un embargo occidental total contre la Chine » et de bloquer dans la mesure la plus complète possible les ventes de pétrole et de blé [17].

     

    Quel sens cela a-t-il alors d’attribuer exclusivement ou principalement à Mao les responsabilités de la catastrophe économique qui s’est longuement abattue sur la Chine, et qui a lucidement et impitoyablement été projetée par Washington dès l’automne 1949 ? Engagés comme ils le sont à faire un portrait grandguignolesque de Mao et à dénoncer ses folles expériences, les auteurs de la monographie à succès ne se posent pas cette question. Et pourtant, ce sont les dirigeants états-uniens eux-mêmes qui, au moment de l’imposer, savent que l’embargo sera encore plus dévastateur à cause de l’ « inexpérience communiste dans le domaine de l’économie urbaine » [18]. Ce n’est pas un hasard si nous les avons entendus parler explicitement de « guerre économique » et de « pistolet économique ».

     

    C’est une pratique qui ne disparaît pas, même après la fin de la Guerre froide. Quelques années avant l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, un journaliste états-unien décrivait ainsi en 1996 le comportement de Washington : « Les leaders américains dégainent une des armes les plus lourdes de leur arsenal commercial, en visant de façon ostentatoire la Chine, et discutent ensuite furieusement s’ils appuient ou non sur la gâchette ». Une fois mis en acte, l’effacement des rapports commerciaux normaux qu’ils menacent de faire aurait constitué, « en termes de dollars, la plus grande sanction commerciale dans l’histoire des USA, à l’exclusion des deux Guerres mondiales » ; cela aurait été « l’équivalent commercial d’une attaque nucléaire » [19]. C’était aussi l’opinion d’un illustre politologue états-unien, Edward Luttwak : « On pourrait affirmer dans une métaphore que le blocus des importations chinoises est l’arme nucléaire que l’Amérique tient pointée sur la Chine » [20]. Agitée comme menace dans les années quatre-vingt dix, l’ « arme nucléaire » économique a été systématiquement utilisée au cours de la Guerre froide contre le grand pays asiatique, alors que Washington se réservait le droit, de façon explicite et répétée, d’avoir recours aussi à la véritable arme nucléaire.

     

    Au moment de la conquête du pouvoir, Mao est bien conscient du fait que le « problème assez difficile de la reconstruction économique » l’attend : car il est nécessaire d’ « apprendre le travail dans le domaine industriel et économique » et d’ « apprendre de tout expert (quel qu’il soit) » [21]. Dans ce contexte le Grand Bond en avant apparaît comme la tentative désespérée et catastrophique d’affronter l’embargo [22]. Ceci est en partie valable pour la Révolution culturelle elle-même, caractérisée elle aussi par l’illusion de pouvoir promouvoir un développement économique rapide en faisant appel à la mobilisation de masse et aux méthodes adoptées avec succès dans la lutte militaire. Le tout, dans l’espoir toujours de mettre fin une fois pour toutes aux dévastations de la « guerre économique », derrière laquelle s’entrevoit la menace d’une guerre encore plus totale. En ce qui concerne aussi le comportement de despote oriental assumé par Mao surtout pendant la Révolution culturelle, deux choses vont s’employer à l’expliquer : l’histoire de la Chine ainsi que l’idéologie et la personnalité de celui qui exerce le pouvoir ; il n’en demeure pas moins qu’on n’a jamais vu progresser sur la voie de la démocratisation un pays qui est sauvagement agressé sur le plan économique, isolé sur le plan diplomatique et soumis à une terrible et constante menace sur la plan militaire. Devant cet état de fait, il est doublement grotesque de porter exclusivement au compte de Mao « plus de soixante-dix millions de personnes […] mortes en temps de paix à cause de son mauvais gouvernement » [23].

     

    En réalité, « les conquêtes sociales de l’ère de Mao » ont été « extraordinaires » : elles ont vu un nette amélioration des conditions économiques, sociales et culturelles et une forte augmentation de l’ « espérance de vie » du peuple chinois. Sans ces présupposés, on ne peut pas comprendre le prodigieux développement économique qui, ensuite, a libéré des centaines de millions de personnes de la faim, et même de la mort par famine [24]. Si ce n’est qu’on assiste, dans l’idéologie dominante, à un véritable renversement des responsabilités : le groupe dirigeant qui a mis fin au Siècle des humiliations devient une ramassis de criminels, tandis que les responsables de l’immense tragédie d’un siècle et ceux qui ont tout fait pour la prolonger avec leur embargo, se présentent comme les champions de la liberté et de la civilisation.

     

    D. Losurdo

     

    Extrait du livre de D. Losurdo, Staline. Histoire et critique d’une légende noire (Editions Aden, Bruxelles, 2011, traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio), p. 424-32.

     

    http://www.aden.be/index.php?aden=staline-histoire-et-critiq...

     

    Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur.

     

    [1] Davis (2001), p. 299.

    [2] Losurdo (2005), chap. IX, § 6 et VIII, § 3 (pour Tocqueville et J. S. Mill) ; Davis (2001), p. 22 et 16 ; Spence (1998), p. 53, 62, 134-5 et 234-5 (pour les infamies des envahisseurs et la lutte des Taiping contre l’opium).

    [3] Gernet (1972), p. 530 ; Roux (2007), p. 40.

    [4] Gernet (1972), p. 530.

    [5] Roux (2007), p. 41.

    [6] Idem, p. 34-6.

    [7] Idem, p. 39 et 37.

    [8] Idem, p. 41 et 37.

    [9] Idem, p. 72.

    [10] Sun Yat-Sen (1927), p.32 et 53.

    [11] Zhang (2001), p. 52 et 56.

    [12] Idem, p. 20-1.

    [13] Idem, p. 22, 25 et 27.

    [14] Idem, p. 24, 32 et 71.

    [15] Idem, p. 83, 179 et 198.

    [16] Idem, p. 250 et 244.

    [17] Idem, p. 249-52.

    [18] Idem, p. 22.

    [19] Dale (1996).

    [20] Luttwak (1999), p. 151.

    [21] Zhang (2001), p. 53 et 55.

    [22] Idem, p. 218 et 235.

    [23] Chang, Halliday (2006), p. 734.

    [24] Arrighi (2008), p. 406-7.

     

    URL de cet article 15934 
    http://www.legrandsoir.info/de-l-oubli-de-la-seconde-periode-des-desordres-en-russie-a-l-oubli-du-siecle-des-humiliations-en-chine.html


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  • Après avoir semé la terreur en Algérie l’OAS, organisation criminelle d’extrême droite, va étendre l’insécurité sur le territoire métropolitain. Les attentats se développent et prennent de l’ampleur en novembre, décembre 1961, en janvier 1962.

    Le 7 février 1962, dix attentats au plastic sont commis par l’OAS suscitant une profonde réprobation dans l’opinion publique.

    Le 8 février 1962, à l’appel des UD CGT Seine et Seine et Oise, de l’Union Régionale CFTC, de l’UNEF, du SGEN, de la FEN de Seine et Oise, une manifestation est organisée avec le soutien du PCF, du PSU, des Jeunesses Communistes, des Jeunesses Socialistes Unifiées de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du Mouvement de la Paix.

    Cette manifestation pacifique contre les attentats de l’OAS, la complicité du gouvernement et la poursuite de la guerre en Algérie est réprimée avec une violence terrible et meurtrière.

    Neuf syndicalistes tombent sous les coups des forces de police placées sous l’autorité de Papon, Préfet de police et Frey, Ministre de l’intérieur ; des centaines d’autres sont gravement blessés.

    Ainsi, Anne-Claude Godeau, Fanny Dewerpe, Suzanne Martorell, Daniel Fery, Jean-Pierre Bernard, Edouard Lemarchand, Hyppolite Pina, Maurice Pochard et Raymond Wintgens sont lâchement assassinés.

    Le 13 février, un million de Parisiens leur rendant hommage au cours d’obsèques grandioses, de la République au Père Lachaise, élevait une protestation solennelle : paix en Algérie, droit du peuple algérien à son indépendance.

    Le massacre de Charonne s’inscrit dans une période plus large de brutalités policières et de luttes contre la colonisation. La plus sauvage des répressions est marquée par des dates :

    Le 14 juillet 1953, sept manifestants dont 6 algériens sont tués par la police.

    Le 17 octobre 1961, des milliers de manifestants algériens défi lent pacifiquement à Paris, plusieurs centaines seront assassinés par la police de Papon.
    Derrière les auteurs, n’y a-t-il pas des responsables à ce moment là aux plus hauts niveaux de l’Etat ?

    Charonne va constituer un tournant, un basculement de l’opinion publique française qui va aboutir le 19 mars 1962 à la fin de la guerre et au 1er juillet 1962 à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie.

    En donnant leurs vies pour la justice, la liberté et la paix ces militants ont oeuvré pour que vivent toutes les valeurs du progrès social d’antiracisme, de solidarité.

    Celles-ci sont pleinement d’actualité au moment où tant de peuples se révoltent et cherchent des voies nouvelles pour la démocratie et la coopération internationale, au moment où l’extrême droite en France et en Europe relève la tête de façon inquiétante.

    En une période où le besoin d’histoire est si prégnant dans la société française, où est revendiquée une exigence de vérité, il n’est pas inutile de se souvenir, de s’indigner et d’agir.

    Se souvenir pour honorer la mémoire de ses hommes et femmes, faisant le choix de surmonter leur peur pour refuser le colonialisme et proclamer leur attachement à la démocratie.

    Agir pour exiger justice et vérité, reconnaissance par les plus hautes autorités de la France de ces crimes commis par l’Etat que furent le 17 octobre 1961 et Charonne le 8 février 1962.

     

    Organisations signataires

    Comité Vérité et Justice pour Charonne - Union Régionale CGT Île-de-France - Fédération Syndicale Unitaire - Parti Communiste Français - ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui) ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants) - FNACA Paris (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie - Paris) - UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) - AACCE ( Association des Amis de la Commission Centrale de l’Enfance) - ANPROMEVO (Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS) - Institut d’Histoire Sociale CGT Île-de-France - Mouvement Jeunes Communistes de France - CGT RATP - UNEF (Union Nationale des Étudiants de France) - Les amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons ....


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  • A l’instar de Norbert Gilmez, les anciens mineurs illicitement licenciés pour fait de  grève exigent toujours ré paration pour le préjudice subi. Ils manifestent une impatience à la mesure de leur âge avancé… 

     

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     Avec Norbert Gilm ez lors d'un e manif pour la défense du régime minier (juin 2011).


    Il y a quelques jours disparaissait Jean Blondeau, 82 ans, de Flines-lez-Raches. Il faisait partie des 17 anciens mineurs ou leur ayant droit à réclamer « justice » pour avoir été indûment congédiés par les Houillères dans la foulée des grèves de l’automne 1948 mais aussi de 1952. L’embellie n’aura donc été que de courte durée. En mars 2011 en effet, la cour d’appel de Versailles avait condamné l’établissement public Charbonnages de France, à travers son liquidateur, à verser  à chacun des requérants 30.000 euros à titre de dommages-intérêts. La Justice reconnaissait ainsi le caractère « discriminatoire » d’un licenciement fondé à l’époque sur un fait de grève pourtant reconnu par la Constitution. « Un premier pas vers la reconnaissance », se félicitait Norbert Gilmez de Grenay, licencié en 1948. L’Etat aurait pu en rester là. Il n’en a rien été. Sa nature de classe l’a naturellement rattrapé. Il a ainsi saisi la Cour de cassation.  « Il avait deux mois pour le faire. Il s’est exécuté quelques jours avant l’échéance, comme s’il voulait faire traîner encore plus les choses. Une histoire de fou pour les vieillards que nous sommes  », s’indigne Norbert, 90 ans. L’Etat joue-t-il la montre ? Compte-t-il régler ce dossier de la plus cynique des façons en misant sur la disparition des demandeurs, octogénaires pour la plupart ?


    Bassins miniers en état de siège !


    L’ex-employé au jour du groupe de Béthune des Houillères a donc repris son bâton de pèlerin avec d’autant plus d’entrain que le jugement de Versailles ne lui convenait pas tout à fait. « La cour a reconnu le caractère illicite du licenciement, mais n’a pas ordonné l’application complète de  la loi d’amnistie de 1981, avec reconstitution de carrière ». Aussi de colloque sur la résistance en projection cinématographique, de congrès syndicaux en conférences de presse, Norbert se saisit de chaque opportunité pour crier son exigence d’une réparation à la hauteur du préjudice subi. Des cris lancés comme autant de SOS ! Le jeu en vaut d’autant plus la chandelle que la grève de 1948 en réaction aux décrets Lacoste de remise en cause du Statut des mineurs, a laissé des traces indélébiles. Jules Moch, le ministre socialiste de l’Intérieur, l’avait à tort qualifiée d’insurrectionnelle pour mieux la réprimer dans le sang, encouragé par la presse bourgeoise invitant le gouvernement à « bombarder les quartiers généraux de la CGT », rappelle Norbert Gilmez.


    « La guillotine pour Jules Moch ! »


    Dans le Nord-Pas-de-Calais, depuis soixante ans maintenant, la rancœur à l’endroit de la social-démocratie se nourrit toujours  des récits nés de l’expérience traumatisante de 1948, des images du mineur Jansek assassiné à coup de crosses en Moselle, du docteur Versquel de Nœux-les-Mines interdit d’exercer la médecine, de cités minières quadrillées par l’armée, des milliers de grévistes condamnés, emprisonnés ou licenciés dont de nombreux résistants à l’occupant allemand, des Polonais expulsés, des délégués révoqués, des sections syndicales orphelines de leur direction. Et de la misère noire promise aux licenciés à vie dans une région où les Houillères régnaient en maître. « De petits boulots en petits boulots, sans prise en charge ni du loyer, ni du chauffage comme cela se faisait pour les mineurs, ma femme, mes enfants et moi avons connu la grande misère. Deux mois de grève, les dettes, l’amende à payer… Nous vivions presqu’uniquement de solidarité », se souvient Norbert Gilmez. Et ce dernier de fustiger avec toujours autant d’émotion « le terrorisme d’Etat meurtrier et tortionnaire dont nous avons été victimes ». Pour ses crimes, « Jules Moch aurait dû être traduit devant une cour d’assise, avec la guillotine à la clé », lâche Achille Blondeau, ancien dirigeant de la Fédération CGT du sous-sol.

     

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    Quelles perspectives ?


    Sans doute une entière réparation même bien tardive contribuerait à refermer ces plaies  restées béantes ? « Un gouvernement français s’honorerait à réparer le préjudice qu’ils ont subi, en leur appliquant la loi d’amnistie avec reconstitution de carrière », écrivait récemment Dominique Watrin, sénateur communiste, à Xavier Bertrand, le ministre de l’Industrie. Au nom de l’équité et aussi « par souci d’apaisement » ! Comment obliger le gouvernement à renoncer son pourvoi en cassation ? N’est-ce pas désormais aux plus jeunes de relayer sur le terrain de la lutte cette légitime revendication ? Norbert Gilmez ose à peine évoquer cette perspective. Mais quel plus bel hommage pourraient rendre les enfants et petits-enfants de mineurs à ces « héros de 1948 » dont ils laveraient ainsi « l’honneur sali » ?

     

     gugul-html-m65ed1c20 Jacques KMIECIAK


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    Soldats soviétiques à Stalingrad

    Devoir de mémoire, connaissance de l'histoire :

     

    La bataille de Stalingrad a constitué une déculottée pour les armées nazies et le commencement de la fin de l'armée allemande (et ce qui a vraisemblablement accéléré la tentative de débarquement américaine à l'ouest de l'Europe.) - Pour que les soviétiques ne soient pas les seuls libérateurs en Europe.

    Un site qui en donne un résumé : cliquez ici

    http://eldiablo.over-blog.org/


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    Texte publié initialement sur le blog « ça  n’empêche pas Nicolas ! »

     

    L'Histoire telle qu'elle est "racontée" aux Français

    Les années qui ont précédé la guerre

    De nombreux téléfilms sont projetés sur nos écrans diffusant des documents sur la France pendant l'Occupation. Ils sont destinés à éclairer nos concitoyens sur la réalité historique de cette période. Ils sont censés apporter, images à l'appui, un éclairage sur la Résistance, le régime de Vichy, la répression , la vie quotidienne dans notre pays, durant les années noires.

    La progression des mesures antijuives conduisant à la Shoah est l'un des thèmes les plus popularisés.

    Ces leçons d'histoire pourraient permettre de transmetttre  la mémoire de ces quatre années aux jeunes générations. Celles-ci  sont en effet dépourvues d'informations, car le temps qui passe efface un passé mal connu.
    Sans méconnaître l'intérêt de ces films documentaires, ceux-ci sont le plus souvent, par de graves omissions ou par une désinformation pure et simple, des outils de propagande . Ils participent par la réécriture de l'Histoire à une opération idéologique anticommuniste.

    Deux moyens essentiels sont utilisés.
    Le premier, c'est d'ouvrir le dossier à partir de juin 1940, par la simple évocation de la défaite. Le désastre militaire constituerait ainsi l'explication unique de la capitulation,  de l'occupation militaire allemande et de l'installation du régime de Vichy . Ce qui est occulté, ce sont les raisons, les évènements, qui ont conduit la France à la catastrophe.

    Il s'agit du "Choix de la défaite", objectif délibéré des "élites" de cette époque.

    Le second moyen utilisé par la nouvelle Propaganda Abteilung française pour dénaturer la réalité historique, c'est de gommer le rôle et l'action des communistes durant la première année d'occupation, c'est-à-dire avant l'agression allemande contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941. 

    Examinons, aujourd'hui, les évènements qui ont précédé le désastre militaire.

    Rappelons les faits essentiels :

    30 janvier 1933 : Hitler devient chancelier du Reich. Son parti, le NSDAP, le Parti national-socialiste, avait obtenu 37% des vois aux dernières élections. Fruit des frustrations nées du traité de Versailles, des crises économiques et sociales des années 20, puis suite à l'effondrement de Wall Street, en

     

    Octobre 1929, les nazis progressent d'élections en élections, soutenus financièrement par le grand patronat allemand des Krupp et Thyssen. Les maîtres de la Ruhr et des Banques voient en Hitler l'homme qui va éliminer l'opposition ouvrière, les communistes en premier lieu, et qui par un effort de guerre sans précédent, peut donner à l'Allemagne la première place en Europe, puis, militairement, la dominer.

    En France, la peur du peuple, la hantise du 'bolchevisme' poussent  l'oligarchie industrielle et financière à regarder avec intérêt l'expérience hitlérienne. Mais, au-delà de ces considérations, ce qui conduit le patronat français à "faire le choix " de la défaite, c'est l'imbrication totale du capital de secteurs entiers de notre économie avec celui de leurs homologues allemands. C'est vrai dans la sidérurgie, les mines, l'industrie chimique.
    Leur communauté de destin les lie et va déterminer les choix politiques de la bourgeoisie française durant cette décennie.

     

    D'abord, celle-ci va tenter d'instaurer en France un régime totalitaire. Elle dispose d'organisations fascistes diverses - les Croix-de-feu, les Jeunesses Patriotes, la Solidarité française, les Camelots du Roi, les Francistes - qui vont tenter le 6 février 1934, un coup de force contre la République. Ils seront à la tête du gouvernement de Vichy, avec Pétain, en juillet 1940.

     

    Ils échouent provisoirement en 1934, devant la levée en masse du peuple : les communistes et les socialistes vont s'unir dans le Front populaire en 1935, et gagner les élections en 1936.

     

    Les grandes grèves, avec l"occupation" des usines et des magasins,  en  juin 36,  vont imposer un printemps social inégalé.

    C'est la grande peur des possèdants.

    Ceux-ci obtiennent du gouvernement socialiste, la "pause" dans les réformes, c'est-à-dire leur mise en cause.

    La bourgeoisie et la réaction  reprennent le pouvoir avec le radical Edouard Daladier et le représentant de la droite Paul Reynaud.

    Finie "la semaine des deux dimanches !".

     

    Pendant ce temps, dès 1935, l'Allemagne récupère la Sarre.

    En 1936, elle peut ensuite réoccuper militairement la rive gauche du Rhin, sans réactions hostiles de la part des gouvernements français. 

     Puis, les armées italienne et allemande interviennent en Espagne, en juillet 1936, pour soutenir les militaires fascistes de Franco. La France, comme la Grand-Bretagne, décrètent la "non-intervention" et laissent écraser la république espagnole.

    Seuls, les volontaires ouvriers des Brigades internationales sauvent l'honneur en se portant au secours des Républicains. Une majorité de militants communistes français en fait partie. Ils formeront plus tard les cadres de la résistance des Francs-Tireurs et Partisans.

    Ensuite, l'Autriche est annexée en mars 1938.

    La France et la Grande-Bretagne, contrairement aux accords qui les lie à la Tchécoslovaquie, abandonnent à Hitler la région frontière de celle-ci, les Sudètes, où se trouvait la ligne fortifiée tchèque.

    Ce sont les Accords de Munich, signés en septembre 1938, et ratifiés par l'ensemble des députés, sauf les  communistes et un élu socialiste, qui votent contre.

    En mars 1939, la Whermacht occupe l'ensemble du territoire tchécoslovaque et attaque la Pologne le premier septembre...

    On connaît la suite : la guerre, le 3 septembre, que le gouvernement ne mènera que contre les communistes, dont le Parti est dissout et ses militants arrêtés en masse, alors que les politiciens qui vont se vautrer dans la collaboration, tiennent le haut du pavé.

    RESULTATS : 

    En sept ans, Hitler franchira la distance qui va de Berlin à Paris.

    La guerre des panzers nazis durera cinq semaines. 
    Pétain obtient les pleins pouvoirs  de la majorité des parlementaires le 10 juillet 1940.
    L'Occupation allemande commence.

    L'Etat français s'installe.

    Jean Lévy 

    Lire sur cette période :

    "Le choix de la défaite" d'Annie-Lacroix-Riz, chez Armand Colin
    "De la République à l'Etat français" Le chemin de Vichy de Jean LEVY et Simon PIETRI , chez L'Harmattan

     

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  • Je me souviens de la lutte des classes. Qu'il fallait se battre pour survivre, pour sauvegarder un peu de dignité, pour arracher quelque miette au gâteau qu'ils voulaient garder pour eux, alors que nous avions sué sang et eau pour le faire.

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    Ils disaient que nous prônions la lutte des classes, que c'était très mal de dresser les citoyens les uns contre les autres, que les riches ne pensaient qu'à augmenter la richesse de tous et qu'ils prêtaient même de l'argent aux pauvres pour qu'ils puissent, eux aussi, avoir tout le confort moderne, ils défendaient l'alliance du capital et du travail !!! autant dire dela carpe et du lapin...

    Je me souviens de la dénonciation des multinationales qui, par-dessus les frontières, réalisaient des bénéfices qui dépassaient parfois le PIB de certains pays, qui dictaient aux gouvernements des mesures qui leur étaient favorables, qui s'arrangeaient pour ne pas payer d'impôts. Ils disaient que nous nagions en plein fantasme : pourquoi ne pas dénoncer les 200 familles, tant que vous y êtes! Ringards, passéistes, inaptes à comprendre les lois élémentaires et naturelles de l'économie politique. Eux-mêmes donnaient beaucoup d'argent aux économistes pour qu'ils énoncent "scientifiquement" les dites lois.

    Je me souviens des valets du capitalisme qui mettaient toute leur énergie et leur intelligence au service des capitalistes; lesquels les récompensaient généreusement en leur offrant des prébendes juteuses. Mais ils disaient que la pensée est libre et que c'est du totalitarisme que de dénoncer les théories brillantissimes des essayistes affairistes ; d'ailleurs, ce n'est pas de leur faute, disaient-ils, si les élèves les plus brillants sortents des lycées les plus huppés et entrent dans les plus grandes écoles, ils ne vont quand même pas mettre leurs enfants dans des quartiers suburbains.

    Je me souviens de l'idéologie dominante qui empoisonnait les esprits dès leur plus jeune âge, grâce à la complicité des principaux medias et des organisateurs des jeux du cirque ou du stade ; mais c'est nous qu' ils traitaient d'idéologues et qu'ils accusaient de faire de la propagande quand nous distribuions quelques malheureux tracts. ou que nous osions contester leur(bon) droit.

    Je me souviens de la dictature du prolétariat - le mal absolu - même Marchais (mais qui s'en souvient ?) l'avait supprimée. Ils disaient que c'était la plus sanglante qui soit, ils tremblaient d'indignation à l'idée que des prolos puissent être aux postes de commande, ils se délectaient des crimes du stalinisme soviétique qui en donnait l'image la plus immonde - et en cela ils n'avaient pas tort mais s'exonéraient du même coup des crimes qu'ils accomplissaient au nom de la liberté.

    Je me souviens du rêve révolutionnaire. Rêve révolu...

    Je me souviens de Marx.

    Avez-vous oublié, mes camarades, ces outils qui nous permettaient d'être en prise avec le réel et de mener des combats qui n'étaient pas tous inutiles ? vous les avez laissé tomber et en même temps vous vous êtes faits à l'idée que les choses étaient ce qu'elles sont parce qu'elles ne peuvent pas être autrement. Des riches et des pauvres. Des riches toujours plus riches. Des pauvres toujours plus nombreux et toujours plus pauvres. Plus de classe ouvrière. Plus de syndicats ouvriers. Plus de parti ouvrier. Plus de projet commun, mais la défense obtuse de quelques avantages acquis

    Eux n'ont pas oublié, je vous l'assure. Ils n'ont pas oublié leur frousse à l'idée qu'ils pourraient tout perdre. Et tout ce qui leur avait été arraché, par de rudes combats, vous vous souvenez ? les congés payés ! la sécurité sociale ! la retraite par répartition ! etc. ils sont bien décidés à le casser définitivement, histoire de vous, de nous ôter une fois pour toutes l'envie de changer le monde. La lutte des classes, ils nel'ont pas oubliée et entendent bien la mener jusqu'à son terme. Les multinationales, ils ne les ont pas oubliées mais simplement dissimulées derrière les oripeaux de la mondialisation. L'idéologie dominante, ils ne l'ont pas oubliée et ils ont su faire le nécessaire pour qu'elle domine encore plus tôt et encore plus les esprits. La dictature, ils ne l'ont pas oubliée non plus ; ils se sont seulement assurés qu'eux seuls et leurs maîtres seraint en mesure de l'exercer. La révolution, ils ne l'ont pas oubliée non plus et dès qu'en un pays elle pointe le bout de son nez, voyez leur visage devenir grave , entendez-les appeler au respect de ce qui est le socle même de leur pouvoir - l'argent, les ressources pétrolières etc.

    Que faudra-t-il donc pour que vous retrouviez votre mémoire ? Pour que vous retrouviez votre fierté ?

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    http://blogs.mediapart.fr/


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  • 8 décembre 1991 chute de l’URSS, vive la liberté! pour qui ?

    8 décembre 1991 chute de l’URSS, vive la liberté ! pour qui ?

    Vous vous souvenez de cette date ? On en parle peu dans les médias, donc rien pour vous aider à vous en souvenir. J’ai enfin trouvé un article dans le Courrier Picard (et rien dans Wikipedia).

    Le 8 décembre 1991, le président russe Boris Eltsine et ses homologues d’Ukraine et du Bélarus signent l’acte de décès de l’Union soviétique: l’empire communiste aura duré quelque 70 ans et sa disparition marque la fin d’un ordre mondial basé sur la rivalité URSS-USA.

    Tout le monde était joyeux et se réjouissait de la liberté retrouvée sur tout le globe, enfin. Pas moi.

    Moi je pensais depuis la chute du mur que tous les gens qui avaient des protections sociales allaient tout perdre.

    A ce jour les Russes ont perdu 20 ans d’espérance de vie en 20 ans. À ce jour ils n’ont toujours pas la démocratie.

    Je me souviens que l’animateur de musique classique sur France-Inter parlait souvent de cette liberté. J’ai même un jour écrit un message sur le site de France-Inter l’informant qu’il n’était pas là pour nous parler politique mais uniquement de musique classique. Il s’est arrêté. Sans doute que d’autres auditeurs en ont eu marre comme moi.

    Enfin donc la liberté. Plus de guerre froide que nous vivions depuis 1946, la planète pouvait communiquer d’un bout à l’autre sans restriction… ah non : pas en Birmanie, pas en Corée du Nord, pas en Chine, pas dans les dictatures de droite d’Amérique du Sud (qui sont devenues démocratie récemment, pas toutes).

    Si j’écris ce billet qui vous semble sans trop d’intérêt pour l’instant c’est pour vous faire comprendre que la liberté est celle des marchés. La libéralisation de commercer à travers le monde, de faire fabriquer à des prix sans concurrence en Asie (bientôt en Afrique, l’Asie devenant « trop cher »). Et « grâce » à cette liberté nous pouvons consommer tant que nous le voulons. Mais le pouvons nous ?

    Grâce à cette liberté les capitaux peuvent jouer avec nous, nos gouvernants sont à genoux devant ce pouvoir de l’argent, grâce à cette liberté nous voyons chaque jour nos protections sociales s’envolées l’une après l’autre.

    Tant qu’il y avait 2 camps, nous avons pu vivre les Trente Glorieuses, garder et améliorer notre redistribution. Les gouvernants savaient que nous avions d’autres exemples… maintenant qu’il n’y a plus aucune concurrence politique, libre au libéralisme de sévir sur toute la planète au dépend des peuples.

    La liberté est de quel côté ? et la réduction de la liberté de quel autre ?

    http://www.penseelibre.fr/


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