• 15 mai 1943 : le Conseil national de la Résistance est créé

    15 mai 1943 : le Conseil national de la Résistance est créé

    L’information qui est officialisée le 15 mai 1943 est considérable puisqu’elle démontre aux Alliés l’influence réelle du général de Gaulle et de ses envoyés puisque le Conseil national de la Résistance est désormais créé en métropole et qu’il va se réunir dans les meilleurs délais, dans un lieu tenu secret pour d’évidentes raisons de sécurité. Ce sont trois télégrammes datés du 8 mai 1943 et signés «Rex», pseudonyme dans la clandestinité du préfet Jean Moulin qui sont réceptionnés à Londres dans la soirée du 14 mai.
    La France combattante décide de communiquer sans tarder sur le sujet alors que le déplacement du général de Gaulle à Alger se précise. C’est un atout patent avant son arrivée en Afrique du Nord. Un communiqué qui fait la synthèse des trois documents expédié par Rex est rédigé. Ce texte doit être publier au plus vite dans des journaux de grande diffusion et lu autant que possible sans tarder à la radio. De fait, la presse joue le jeu et dans leurs éditions datées du 15 mai, “France”, le “Times “et le “New York Times” font paraître le communiqué. Il est également diffusé dans la journée sur Radio-Brazzaville qui est de plus en plus écoutée dans l’Empire.

     

    couvertures des premiers tirages du programme du CNR

     

    LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE se réunit pour la première fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle (installé à Londres puis à Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrêté par les nazis en juin de la même année. Lui ont succédé Georges Bidault, démocrate chrétien, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

    Le CNR regroupait :

      • huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure : "Combat", "Libération zone Nord", "Libération (Sud)", "Francs-tireurs partisans (FTP)", "Front national" (rien à voir avec le Front national actuel), "Organisation civile et militaire" (OCM), "Ceux de la Résistance" (CDLR), "Ceux de la Libération" (CDLL),
      • les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC,
      • six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

     

    Du CNR aux 30 glorieuses

     

    L’application du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) a permis le démarrage des 30 glorieuses.

    Le programme du CNR, créé le 27 mai 1943 et unifiant l’ensemble des mouvements de la résistance, adopté le 15 mars 1944, prévoit un certain nombre de réformes économiques et sociales.

    Il indique : «  … Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du CNR proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération… Afin de promouvoir les réformes indispensables :

    1 – sur le plan économique

    • l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie… l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;
    • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques…

    2 – sur le plan social

    • le droit au travail et au repos ;
    • la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
    • la reconstruction dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;
    • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;
    • la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, le rétablissement des délégués d’ateliers…  »

    À partir de 1944, un intense travail législatif se met en place pour atteindre ces objectifs, tout en poursuivant la lutte contre les nazis avec une participation des armées françaises intégrant une partie des forces de la résistance.

    Sur le plan économique les nationalisations sont réalisées en trois vagues de 1944 à 1948.

    Certaines ont pour but d’assurer la reconstruction du pays comme :

    • les houillères avec la création des Charbonnages de France en 1946 permet de lancer la bataille de la production du charbon source essentielle de l’énergie dans le pays,
    • la création d’EDF/GDF pour assurer la production et la distribution d’électricité et de gaz sur tout le territoire (les 400 compagnies existantes sont incapables ou ne veulent pas couvrir l’ensemble du territoire),
    • Air France (gage d’indépendance nationale),
    • nationalisation de la Banque de France et d’une partie du système bancaire (Crédit Lyonnais, Société Générale, Banque Nationale du Commerce et de l’Industrie et Comptoir National d’Escompte de Paris qui deviendront en 1966 la Banque Nationale de Paris) afin de donner au gouvernement des moyens supplémentaires,

    Ces quatre banques de dépôt représentent les 2/3 du marché, mais les banques d’affaires et les sociétés de crédit échappent à la nationalisation.

    D’autres nationalisations sont des nationalisations sanctions pour collaboration avec l’occupant nazi comme :

    • Renault qui devient Régie Nationale des Usines Renault (RNUR),
    • l’avionneur Gnome et Rhône devenant la SNECMA
    • le fabricant de camions Berliet.

    Certains groupes évitent la nationalisation grâce à des pressions extérieures (anglo-saxonnes notamment) et intérieures. C’est le cas de St Gobain, Air liquide, la plus grande partie de la sidérurgie, les compagnies pétrolières.

    Les nationalisations seront donc plus limitées que prévues pourtant le préambule de la constitution de la IVème République (1946) prévoit : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a/ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. » 

     

    Sur le plan social

    • une hausse des salaire de 25 à 30 % est effective dès octobre 1944,
    • la mise en place de la Sécurité Sociale, par les ordonnances de 1945 complétées par la loi de mai 1946 qui « instaure un régime complet de sécurité sociale avec la maladie, les accidents du travail, l’invalidité, la maternité et la vieillesse et aussi les allocations familiales », qui permet une politique de redistribution des revenus.

    Mais aussi :

    • le 3 janvier 1946 est décidée la mise en place d’un Commissariat Général du Plan (CGP) sous la direction de Jean Monet. Cet organisme est chargé de définir la planification économique et le développement du pays, notamment par la mise en place de plans quinquennaux. C’est au travers de concertations et de prévisions que se forge l’idée du plan initialement proposée par la CGT avant la guerre,
    • la création du conseil économique et social, assemblée consultative comprenant les organisations sociales et donne son avis au gouvernement,
    • la mise en place du statut de la Fonction Publique en octobre 1946 initié par Maurice Thorez,
    • les ordonnances de février 1945 rendent obligatoire les comités d’entreprises pour les entreprises de plus de 50 salariés,
    • les entreprises nationalisées bénéficient de statuts, les syndicats siègent dans les conseils d’administration et deviennent souvent une vitrine d’une nouvelle politique sociale (exemple de Renault)
    • en mai 1945 le ministre du travail fixe par ordonnance la représentation syndicale mais ce n’est qu’en 1946 qu’est reconnu le Conseil National du Patronat Français (CNPF ancêtre du Medef) dirigé par Georges Villiers ancien déporté.

     

    La mise en place du programme du CNR à la libération voit la naissance d’une économie mixte, d’une démocratie économique et sociale et d’un renforcement conséquent de l’État. Celui-ci ayant des moyens économiques renforcés.

     

    Tous ces moyens vont permettre l’essor de l’économie et le début des 30 glorieuses.

     

    http://lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/2013/05/14/15-mai-1943-le-conseil-national-de-la-resistance-est-cree/

    http://rogeroustry.unblog.fr/articles-publies-dans-la-presse/du-cnr-aux-30-glorieuses/

     

     

     
    Un document d’actualité.

    Programme du Conseil national de la Résistance

    DIVERS
     

    Denis Kessler est ou a été : maoïste, n°2 du MEDEF, Directeur général d’Axa, banquier, président de la fédération française des sociétés d’assurances, président du groupe de réassurance Scor, membre du Conseil économique et social, du Conseil national des assurances, du Comité européen des assurances, de la Commission des comptes de la nation.

    Dans un éditorial du journal « Challenge », le 4 octobre 2007, il écrit notamment :

    « … Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là . Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

    C’est à ce chantier que le pouvoir s’emploie avec constance, chaque ministre étant doté d’une masse à démolir déguisée en truelle pour bâtir l’avenir.

    Rédigé pendant la guerre (fin 1943 début 1944) par un éventail représentatif de la Résistance, le Programme du Conseil National de la Résistance est un programme de rénovation pour construire une vraie « démocratie sociale », avec une économie planifiée et la maîtrise par la Nation de grands secteurs industriels et des principaux moyens de production et d’échanges.

    Il allait permettre le redressement d’une France détruite et ruinée. Porteur d’espoir, d’enthousiasme, se référant comme jamais auparavant à la devise « Liberté, égalité, fraternité », il fut d’emblée une épine dans le pied d’un patronat apatride et égoïste.

    Par le vice des terribles campagnes médiatiques que notre pays subit depuis des décennies, on s’étonne aujourd’hui, à le lire ou à le découvrir, que ce programme ait été adopté à l’unanimité par des gaullistes, communistes, socialistes, royalistes, chrétiens de droite, bref, un ramassis de bolcheviks dont le MEDEF entend anéantir l’oeuvre sous la bannière de Nicolas Sarkozy.

    Le Grand Soir

    http://www.legrandsoir.info/Programme-du-Conseil-national-de-la-Resistance.html


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :