• Il y a 140 ans, la Commune...

    crédits : © Parisienne de photographie
    [12/04/2011]

    Une exposition au salon d’accueil de l’Hôtel de Ville ressuscite la Commune de Paris de 1871, la parole des insurgés et la fougue des chroniqueurs de l’époque, tels Courbet, Vallès ou Louise Michel. Des photos, gravures et affiches illustrent ce récit exaltant qui a marqué à jamais l’histoire de Paris. A voir gratuitement jusqu’au 28 mai. Dernier accès à 18h30.

    L’histoire de la Commune

    Depuis la déclaration de guerre à la Prusse (juillet 1870) jusqu’à la répression de la Commune (juin 1871), ces 12 mois que Victor Hugo appelle "L’Année terrible" sont parmi les plus tragiques de l’histoire de la France au xixe siècle.

    Le 1er mars 1871, Paris est occupée par l’armée allemande. Le 18 mars la ville se soulève contre le gouvernement dirigé par Adolphe Thiers qui décide de quitter la capitale pour s’établir à Versailles. Le Comité central de la garde nationale parisienne organise alors des élections pour la formation d’une Commune qui s’installe le 28 mars dans l’Hôtel de Ville pavoisé de drapeaux rouges.


    la
    commune
    par mairiedeparis


    L’assemblée parisienne, offre un profil exceptionnellement populaire et jeune. Parmi les élus se trouvent des figures illustres tels l’écrivain Jules Vallès ou le peintre Gustave Courbet . De nombreuses femmes, comme l’emblématique Louise Michel , s’engagent dans la lutte et de nombreux réfugiés étrangers combattent pour le mouvement communaliste. Mais l’inorganisation militaire et les dissensions qui éclatent parmi les dirigeants vont rapidement mettre fin à la généreuse utopie des premiers jours.

    La « Commune », période insurrectionnelle de deux mois, du 18 mars au 28 mai 1871 s’est achevée par une lourde répression nommée la "semaine sanglante" du 21 au 28 mai.

    La Commune en images

    Les troupes versaillaises entrent dans Paris le 21 mai et reconquièrent la ville en se livrant à une impitoyable répression et à des exécutions qui causent la mort de près de 20 000 personnes. De sanglantes batailles de rues ont lieu autour des barricades élevées par les communards qui mettent le feu à plusieurs monuments (Hôtel de Ville, Tuileries…). Les derniers combats se déroulent dans le cimetière du Père-Lachaise le 27 mai, et s’achèvent à Belleville le 28. Des milliers de prisonniers sont alors emmenés à Versailles où ils vont attendre leur jugement dans des conditions de détention souvent effroyables.

    Pour en savoir plus sur l’histoire de la Commune, visionnez ce documentaire

    retrouver
    ce média sur www.ina.fr

    L’exposition

    Ce sont plus de 200 gravures, photographies, affiches et manuscrits qui illustrent les exaltants et dramatiques événements qui se sont déroulés dans la capitale il y a 140 ans.

     
     
     

     

    Ce parcours chronologique illustré et commenté à travers une iconographie variée vous propose d’aider à la compréhension des événements qui ont eu lieu à Paris de mars à juin 1871 et dont l’Hôtel de Ville fut le théâtre principal.

    Les oeuvres et documents exposés, dont plusieurs manuscrits originaux, proviennent des collections municipales (Bibliothèque de l’Hôtel de Ville , Bibliothèque historique de la Ville de Paris , bibliothèque Marguerite-Durand , musée Carnavalet-Histoire de Paris ).

    Infos pratiques
    Du 18 mars au 28 mai 2011
    Exposition gratuite à l’Hôtel de Ville
    Entrée Salon d’accueil, 29 rue
    de Rivoli 75004 Paris
    Tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h
    Dernier accès à 18h30.

    »
    Télécharger la brochure de l’exposition au format Pdf

    Réservations et informations pour les visites de groupe au 01.42.76.51.53

    Et aussi

    Du lundi 30 mai au dimanche 19 juin

    Exposition  : La Commune de Paris (1871) - Une histoire moderne
    Commissaire : Jean-Louis Robert, historien, professeur émérite à l’Université Paris I Panthéon - Sorbonne
    Salle des Cordeliers , 15 rue de l’Ecole de médecine, Paris VIe (métro Odéon)

    - Du 29 avril au 17 juin
    Cycle de huit conférences
    les vendredis de 12h30 à 14 heures,
    Petit Palais, Musée des Beaux Arts de la ville de Paris
    Av Winston Churchill, Paris VIIIe
    29 avril : Histoire politique de la Commune,
    Jean-Louis Robert ;
    6 mai : La Commune et l’art, Bertrand Tillier ;
    13 mai : La Commune et la démocratie, Jacques Rougerie ;
    20 mai : La Commune et les femmes, Claudine Rey ;
    27 mai : La Commune et la justice, Jean-Louis Robert ;
    3 juin : Contre la Commune, Laure Godineau ;
    10 juin : La Commune et les étrangers, Sylvie Aprile ;
    17 juin : La mémoire de la Commune, Danielle Tartakowski

    - Du 21 au 28 mars
    Mairie du XIVe arrondissement de Paris
    Exposition La Commune et les femmes
    Inauguration d’une plaque portant les noms des élus de la Commune
    Soirée théâtrale ; Conférence.

    - Du 21 mars au 1er avril
    Mairie du XIIIe arrondissement de Paris
    Exposition sur la Commune de Paris dans le XIIIe
    Conférence ; Promenade communarde dans l’arrondissement.

    - Du 9 au 30 mai
    Mairie du XIe arrondissement de Paris
    Exposition, cycle de projection de films et de conférences.

     

    A voir également à l’Hôtel de Ville : Paris au temps des impressionnistes

    Monet, Vuillard, Degas, Caillebotte et Béraud traversent la Seine pour emménager à l’Hôtel de Ville. Grâce au soutien exceptionnel du Musée d’Orsay, un nombre considérable d’oeuvres - peintures, pastels, dessins - ressuscite le "Paris au temps des impressionnistes". Du 12 avril au 30 juillet - Gratuit.

    http://www.paris.fr/accueil/culture/la-commune-de-paris-de-1871/rub_9652_actu_96694_port_24330

    De : militant pas virtuel


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  • Le 25 avril 1945 : hommage aux partisans italiens (videos)

     de : Roberto Ferrario
    lundi 25 avril 2011

    Le 25 avril 1945, les partisans libèrent Milan de l’occupation des nazis et des fascistes. Même la population civile s’insurge et de vastes zones
    de l’Italie du Nord - et un grand nombre de villes - seront libérées avant l’arrivée des troupes anglo-américaines qui, une fois surmonté le dernier obstacle de la Ligne Gothique en Toscane, harcèlent les troupes allemandes qui battent en retraite dans la plaine du Pô.

    Pendant ce temps, en Europe, l’Armée Rouge soviétique déferle en territoire allemand et parvient aux portes de Berlin tandis que les Anglo-américains, après leur débarquement en Normandie, avancent à travers la Belgique ; Hitler, devant la défaite, se suicide dans son bunker.

    Plus de cinq ans, donc, après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, la guerre mondiale touche à son épilogue (le Japon, par contre, ne
    se rendra qu’en septembre, après le largage de deux bombes atomiques par les Américains).

    En Italie, le dernier hiver de la guerre est terrible. Les Alliés sont bloqués sur la Ligne Gothique qui coupe la péninsule d’Est en Ouest à la hauteur de la Toscane tandis que les atrocités des nazis à l’encontre de la population civile se multiplient.

    Ce n’est qu’au début du printemps que le général Alexander lance l’offensive finale : le 21 avril, les Anglo-américains entrent à Bologne, s’ouvrant définitivement la route vers la plaine du Pô. Au même moment, les bandes de partisans attaquent les villes encore occupées, où la population civile se soulève contre les nazis et les fascistes. Le 25 avril, les centres les plus importants seront déjà libérés, quelques jours avant l’arrivée des troupes alliées.

    Le dernier acte du fascisme, c’ est la tentative de fuite d’abord, l’exécution ensuite de Benito Mussolini. Au début de l’insurrection de Milan, le dictateur se trouve encore en ville et, face à la précipitation des évènements, il tente de se mettre d’accord avec le Comité de Libération Nationale, pour une reddition honorable. Mais les dirigeants du CLN-AI sont inébranlables et exigent une reddition sans condition. Mussolini décide alors de s’enfuir en Suisse, déguisé en soldat allemand et sous l’escorte des SS (projetant de se réfugier ensuite en Espagne, toujours gouvernée par le général Franco). Mais, arrivé aux abords de la frontière et à cause des difficultés à la franchir, le groupe se joint à un détachement allemand qui se retire. A Dongo, le dictateur est reconnu et fait prisonnier par un groupe de partisans.

    La reconstitution détaillée des dernières heures de vie du "Duce" après sa capture et les circonstances de son exécution sont aujourd’hui encore au cœur d’un débat serré entre historiens et de nombreux détails n’ont toujours pas été élucidés. Selon la version officielle, il est immédiatement fusillé sur ordre du CLN-AI, en même temps que sa maîtresse Claretta Petacci qui l’a suivi dans sa fuite. Le 29 avril, leurs corps sont exposés, ainsi que ceux d’autres dignitaires du fascisme, Piazzale Loretto à Milan, pendus la tête en bas à l’auvent d’une station service (à l’ endroit même où avaient été entassés, quelque temps auparavant, les cadavres de 15 partisans).

    Durant les jours qui suivent, plusieurs exécutions sommaires ont lieu et de nombreuses vengeances s’exercent contre des "repubblichini" (soldats de la republique sociale italienne) et des collaborateurs, tenus pour auteurs ou complices des violences commises sous l’occupation.

    C’est ainsi, par ce tragique épilogue, que se conclue une période caractérisée par vingt ans de dictature fasciste, cinq années de guerre et surtout par les deux dernières années où les Italiens sont acteurs et victimes de cette guerre dans la guerre que le jugement historiographique le plus récent (Claudio Pavone) définit comme une véritable guerre civile.

    ANPI

    De : Roberto Ferrario
    lundi 25 avril 2011


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  • http://www.ldh-toulon.net/local/cache-vignettes/L306xH250/transistor_1961-c8d82.jpg

    Il y a certes eu les transistors mais surtout un travail clandestin permanent violemment    réprimé qui à maintenu contre les putschistes l'esprit républicain et les a mis en échec.

    Il y a 50 ans s'écrivait une de ces grandes    pages d'histoire qui montrent que ce sont les peuples qui la font.

    A elle seule, outre ses conséquences durables dans notre histoire, elle explique pourquoi la droite, le    capital par nature impérialiste et répressif n'a eu de cesse de supprimer l'armée de conscription démomocratique issue de la révolution de 89. Elle avait la capacité de lui mettre des bâtons dans    les roues au point de la faire chuter. C'est la raison de la suppression du service national : couper le lien armée-nation  pour avoir à sa botte des opérateurs de mort professionnelle    autorisant les aventures bellicistes de la période sans risques internes autre que de souvent mortels "accidents de travail".

    Jacques en me donnant l'autorisation de publier ces bonnes pages (il y en a tant d'autres sur son blog)    m'a joint un petit mot que je met en fin. Ce que vous aller lire explique et jusifie ses souhaits et arguments. Lisez ses livres. A la limite de sa santé, il courre les ventes de livres dans les    rencontres anticoloniales et d'amitiés entre les peuples. Si vous le rencontrez passez lui le bonjour de La Canaille.....

     http://canaille-le-rouge.over-blog.com/article-une-ballade-dans-une-tres-belle-page-d-histoire-72304482.html     


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyennePrendre cette question, oui, mais par quel bout?

    Nous vivons dans cette partie du monde où l’anticommunisme a précédé l’avènement du premier Etat socialiste.

    Tout commence sous la Révolution française. Et le Comité de salut public va laisser un traumatisme sanglant dans la mémoire collective travaillée par la propagande réactionnaire. Durant tout le XIXème siècle, alors que le prolétariat est exploité (des enfants de 5 ans travaillent dans les mines), qu’il n’a aucun droit reconnu, qu’il subit la répression au cours de révoltes pour le moins justifiées, qu’il se bat pour obtenir, un à un, des droits sociaux, l’idéologie dominante recourt aux pires abominations pour décrire et stigmatiser tout à la fois ouvriers et révolutionnaires.

    Lorsqu’on lit l’oeuvre d’Emile Zola, Les Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le 2nd empire, on ne peut que constater ce fait : au départ, Gervaise donne naissance à Nana, Claude et Etienne. Pas à Jacques. Pourtant, Jacques, héros de La bête humaine, sera décrit comme fils de Gervaise et Lantier. Pourquoi cette entorse dans l’arbre généalogique pourtant si minutieux d’Emile Zola?

    Au départ, ce qui était prévu, c’est qu’Etienne Lantier, héros révolutionnaire de Germinal, devait devenir le héros fou et criminel de La bête humaine. Car, dans la conscience individuelle, créatrice et artistique d’Emile Zola, le révolutionnaire Etienne Lantier devait fatalement et nécessairement le fol assassin criminel de femmes qu’est Jacques.

    Voilà qui en dit long sur les représentations de l’écrivain Zola qui rejoint les représentations collectives de classe de la bourgeoisie de l’époque. C’est au cours de l’affaire Dreyfus que, rencontrant les dirigeants socialistes, Zola modifie sont point de vue, double le nombre initial prévu des romans, passant de 10 à 20, et fait naître Jacques alors qu’il n’existait pas dans l’Assommoir. Un révolutionnaire est un fou assoiffé de sang, un sanguinaire sadique.

    Journaliste, Zola commet des articles durant la Commune de Paris. Il décrit les communards comme étant des révolutionnaires ouvriers alcooliques, n’étant révolutionnaires parce qu’alcooliques avinés.

    C’est l’époque où l’on fait dire et redire par ce peuple petit-bourgeois que les communistes ont le couteau entre les dents et mangent des enfants.

    Tel est le décor idéologique à l’époque de l’immense charnier de 14-18. Les Rouges sont ces fous sanguinaires, immoraux et sadiques qui font de l’ordre social (bourgeois) un véritable chaos.

    Nous sommes en 2011. On peut, à partir d’aujourd’hui, regarder ce décor idéologique avec un sourire amusé devant tant de candeur et de naïveté.

    Sauf que, dès 1918, les USA, qui viennent de façon très réaliste s’assurer du leadership mondial, proclament très officiellement que l’ennemi planétaire est le communisme. Ils l’ont dit, ils le font.

    Ce sera la guerre froide de 1945 à 1989. Soit 44 ans. Avec une logistique médiatique aux dimensions mondiales qui convoque presse écrite, radiophonique, télévisée et cinéma. Ce sera surarmement, ogives nucléaires et bases militaires à travers le monde. Ce sera exterminer les communistes en Corée, exterminer les communistes au Vietnam, exterminer les communistes en Indonésie. Ce sera les dictatures fomentées partout dans le monde pour massacrer les communistes, les rouges, les partageux, les mangeurs d’enfants, ceux qui ont le couteaux entre les dents, ces prolos lourdauds et alcolos.

    Devant l’irruption du nazisme, quel pouvait être l’attitude US? Car, au fond, le nazisme et le monde libre, démocratique, avaient EXACTEMENT le même ennemi et le même objectif. De là à dire que le nazisme fut instrumentalisé par ce monde libre, il n’y a plus qu’un petit pas. Et on n’ignore pas que certains hommes d’affaires US entretinrent d’excellentes relations avec l’Allemagne nazie pour réaliser de très bons coups industriels et commerciaux.

    En 45, les USA dominent l’Europe occidentale et s’insinuent dans la décolonisation. Non pour rendre aux pays colonisés leur réelle indépendance, mais pour exploser les empires coloniaux et affaiblir la Grande Bretagne et la France. Dit autrement : pour réussir là où, par 2 fois, l’Allemagne avait échoué.

    Quel pouvait être le regard US et, plus largement, occidental sur l’URSS, pays des rouges, du prolétariat, des ouvriers assommés par la vodka?

    Le même, exactement le même que celui de la bourgeoisie des historiens bourgeois du XIXème siècle, les Taine, les Guizot. Ou des hommes "politiques", les Thiers et autres Cavaignac, qui assassinèrent, exilèrent et emprisonnèrent les alcooliques mangeurs d’enfants ayant un couteau entre les dents.

    Lorsqu’on lit Le livre noir du communisme, c’est exactement ce qui est réactualisé. Des morts à la louche. Par millions. En vrac. Au prix de gros. L’ouvrage n’est pas scientifique. Il est idéologique.

    Nous vivons cette période particulière de l’Histoire qui est le lendemain de l’effondrement soviétique. La mort du communisme, comme ils disent. La fin des idéologies. La victoire historique du monde "libre". Et alors? Tout va mieux?

    Non!

    Non, car il y a désormais la menace islamiste, terroriste, extrémiste. Ils ne boivent pas, ne sont pas rouges, ne mangent pas les enfants, mais ils menacent le monde. Les USA ont donc décidé d’une guerre sans fin, morale, justifiée : la défense du monde libre et civilisé contre l’obscurantisme, l’anachronisme, le fanatisme. Les pays tombent les uns après les autres : Afghanistan, Irak, Libye... Toujours sur la base de l’élan du coeur, par générosité et même sacrifice. C’est humanitaire, c’est pour bâtir une démocratie, c’est pour défendre les populations.

    Putain que le mensonge est gros. Enorme. Mais quoi? Ben, ça marche, camarades. Ca marche.

    Flash back en URSS. Il y a eu la déviation stalinienne qui reste à condamner. Pour autant, ne tombons plus dans le piège. Attendons les résultats des chercheurs et des penseurs. Ne nous précipitons pas, suite à l’idéologie bourgeoise du XIXème siècle, à Trotski et Kroutchev, échos exacts de la propagande US et occidentale. Regardez devant vous. Regardez les mensonges, les montages, les manipulations. Mesurez l’impact des campagnes médiatiques. Notre seule issue : un travail archivistique d’historiens travaillant pour la science et non l’idéologie.

    De : yapadaxan
     samedi 16 avril 2011


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  • Face à une nouvelle entreprise négationniste de réhabilitation de Louis Renault

    Aimé Halbeher, Roger Silvain et Michel Certano, militants syndicaux et politiques des usines Renault, réclament le droit de réponse
     

    Rétablir la vérité historique, un devoir de mémoire pour l’honneur de toutes les victimes de la barbarie nazie.

    Depuis ces dernières années, une entreprise de réhabilitation des dirigeants du haut patronat français sous l’Occupation est organisée sans la moindre source d’’archives et faits vérifiables.

    Se servant d’un jugement de la cour d’appel de Limoges où les petits enfants de Louis Renault ont obtenu une condamnation intolérable contre le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane (pour motif d’utilisation d’une photo de louis Renault serrant la main à Hitler à Berlin en 1939), une nouvelle campagne est lancée au travers du "Monde magazine" du 8 janvier 2011.

    Cette nouvelle entreprise négationniste, relayée par d’autres médias, vise à présenter Louis Renault en victime osant affirmer qu’il n’aurait pas collaboré avec l’ennemi !

    C’est une insulte intolérable envers la mémoire de toutes les victimes de la barbarie nazie et en particulier envers les résistants de l’entreprise morts sous les balles nazies ou dans les camps de déportation. Tous ces crimes n’ont été possibles que grâce à la participation active de leurs complices au gouvernement de Vichy ainsi que dans la période dite "de la drôle de guerre" où débuta une répression féroce envers les militants.

    Malgré la répression interne du "saigneur de Billancourt", la résistance intérieure, par ses actes de sabotage, a freiné dès les premiers jours de l’’occupation la machine de guerre au service de l’occupant nazi.

    Comme le signale Arsène Tchakarian dans son livre "Les fusillés du Mont Valérien", les premiers à être fusillés au Mont Valérien sont les dix-huit ouvriers syndicalistes C.G.T. des usines Renault de Boulogne-Billancourt, accusés d’avoir fomenté dans l’usine le refus de travailler pour l’occupant.

    Durant toute l’occupation, la liste des martyrs de notre usine s’est allongée.

    Le temps qui passe n’autorise ni l’oubli, ni l’affront.

    Cette opération de réhabilitation de Louis Renault est également un affront aux élus du peuple qui ont clairement condamné les responsabilités de Louis Renault au travers du texte qui argumente l’exposé des motifs de l’ordonnance de nationalisation des usines Renault du 16 janvier 1945.

    Grâce en particulier au niveau des luttes sociales, chacun s’accorde à reconnaître que toute la période de nationalisation de l’entreprise a permis un progrès social bénéfique à l’ensemble du monde du travail conjointement au progrès économique pour notre pays.

    Trois militants syndicaux et politiques : Aimé Halbeher, Roger Silvain et Michel Certano, figures historiques de la période de la nationalisation des usines Renault, ont eu dans le passé à combattre plusieurs tentatives de réhabilitation de Louis Renault dont celle de 1994 visant à justifier la dénationalisation de la R.N.U.R.

    Aujourd’hui, ils s’insurgent contre cette nouvelle tentative de réhabilitation.

    Ils s’appuient et font leur le document ci-joint d’Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Denis Diderot, qui d’une manière irréfutable valide la décision prise en 1944 de nationaliser l’entreprise pour collaboration avec l’ennemi.

    Ces trois militants demandent au Monde de publier ce communiqué et le texte d’’Annie Lacroix-Riz au nom du droit de réponse.

    Ce texte est adressé aux journaux, radios et télés qui ont repris et commenté l’article du Monde Magazine du 8 janvier 2011 et au Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane.

    Ils appellent les organisations démocratiques à populariser et soutenir ce devoir de mémoire pour rétablir la vérité historique et combattre les nouveaux négationnistes.

    Lire Louis Renault et « la fabrication de chars pour la Wehrmacht »

     


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    Le Parti Communiste Français célèbre ses 90 ans

    Pour marquer cet anniversaire, la section du bassin Creusot-Montchanin
    vous invite à une conférence-débat le :

    Mercredi 23 mars 2011 à 18 heures,
    salle du Complexe Montvaltin au Breuil

    Cette conférence sera assurée par
    Monsieur serge WOLIKOW
    - Historien
    - Directeur de la Maison des Sciences de l'Homme à Dijon.
    - Professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Bourgogne à Dijon.
    - Auteur de nombreux ouvrages dont le dernier paru :
    "L'Internationale communiste, 1919 - 1943,
    Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution"

    Un verre de l'amitié clôturera cette manifestation à laquelle nous vous invitons cordialement

    Dans l'attente nous vous adressons nos amicales salutations.

     


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  • Jules Miot est né à Autun (Saône-et-Loire) en 1809 . Pharmacien, élu le 26 mars dans le 19è arrondissement avec 5520 voix. Condamné à mort par contumace se réfugie en Suisse.

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

    Jules est le fils de Claude Miot, pharmacien et de Marie Duchemin. La famille demeure Terrasse du Champ de Mars où l' officine s'ouvre à l'angle des actuelles rues du général Demetz et aux Cordiers dans un local remplacé depuis par un immeuble moderne qui abrite aujourd'hui une boutique de vêtements.

    Claude Miot, Haut-Marnais de Langres, s'est installé dans la cité éduenne dans les dernières années du siècle révolutionnaire. Il y a rencontré sa future épouse, de douze ans sa cadette, originaire de Moulins-Engilbert. Il l'épouse en novembre 1808. Au milieu des années 1820, le couple Miot qui a désormais trois enfants, Jules l'aîné, Amélie Madelaine née en 1811 et Jean-Baptiste né en 1812, quitte Autun pour retourner « chez Marie » à Moulins-Engilbert. C'est dans cette cité que Jules, après ses études, succède à son père.

    Jules est dévoré par la politique. Mais, contrairement à ses pairs, le jeune notable ne rejoint pas les partisans de la libérale Monarchie de Juillet qui compte dans la ville voisine de Château-Chinon l'une des personnalités les plus en vue du régime en la personne d'André Dupin, président de la Chambre des députés. Nostalgique de la Grande Révolution qui a balayé l'Ancien Régime quarante ans plus tôt mais dont les conquêtes ont été finalement reprises par la classe dirigeante, le jeune franc-maçon rêve d'une République sociale. Élu du conseil municipal en 1834, il défend « un système où tout appartiendra à tous le plus équitablement possible et où le salaire sera remplacé par l'association » (1) .

    Jules Miot voit donc arriver avec ferveur la Révolution de 1848 à l'avènement de laquelle il a travaillé sous la surveillance des autorités préfectorales. Il est élu maire de Moulins-Engilbert puis député en 1849. Mais les élections législatives qui le portent à l'Assemblée consacrent dans le pays le Parti de l'Ordre qui portera Louis-Napoléon à la présidence de cette IIe République naissante. Et lorsque ce Bonaparte organise son Coup d'État, Jules Miot figure sur les listes des personnes à neutraliser. Il est arrêté à Paris au petit matin du 2 décembre 1851 puis déporté en Algérie à la redoute de Sebdou dans l'Oranais.

    Libéré par l'amnistie du 15 août 1859, Jules Miot ne revient pas dans le Morvan. C'est à Paris, rue de Rivoli qu'il rouvre une pharmacie. Et renoue avec l'activisme politique. Nullement abattu par ses sept années de déportation, Jules Miot reprend la lutte contre le régime impérial. Accusé d'être l'instigateur d' une société secrète ayant pour objectif d'enlever Napoléon III, il est à nouveau arrêté et condamné à trois années de prison pour complot en 1861.


    Peine purgée il s'installe à Londres et adhère à l' Association Internationale des Travailleurs (Première Internationale) à l'origine des divers mouvements socialistes du XXe siècle.

    A la chute du Second Empire, Jules Miot rentre à Paris où il est nommé maire du VIIIe arrondissement en novembre 1870. Le peuple de Paris, craignant d'être trahi par le gouvernement Thiers installé à Versailles proclame la Commune. Jules Miot est élu le 26 mars 1871 au Conseil de la Commune par le XIXe arrondissement et siège à la commission de l'Enseignement. Le 28 avril, le « vieux jacobin » nostalgique de 1793 propose la création du Comité de Salut public destiné à organiser la défense contre les Versaillais.


    La Commune de Paris exerça son pouvoir durant deux mois, du 18 mars 1871 jusqu'à la « semaine sanglante », effroyable guerre civile au coeur de la capitale à l'issue de laquelle les troupes versaillaises, commandées, ironie de l'histoire, par un autre Autunois, le maréchal Patrice de Mac-Mahon, écrasèrent l'insurrection: 30 000 tués au combat ou fusillés dans Paris en ruine. La reprise en main par le gouvernement d'Adolphe Thiers s'accompagne d'une terrible répression: 38000 communards sont emprisonnés et 7000 autres déportés au bagne.

    Jules Miot réussit à quitter Paris et se réfugie à Genève. Il est condamné à mort par contumace par le conseil de guerre le 11 septembre 1872. Il rentre en France après l'amnistie du 19 juin 1880. Mais il ne reverra pas le Morvan: c'est à Adamville (aujourd'hui Saint Maur des Fossés) qu'il décède le 9 mai 1883.
    Jules Miot est enterré au Père Lachaise, 52e division.

    source http://www.gensdumorvan.fr/

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Miot 

     


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne« À l’aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ? Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques... Le prolétariat... a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir. Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte. (…) Le régime impérial est la forme la plus prostituée et en même temps la forme ultime de ce pouvoir d’État, que la société bourgeoise naissante a fait naître, comme l’outil de sa propre émancipation du féodalisme, et que la société bourgeoise parvenue à son plein épanouissement avait finalement transformé en un moyen d’asservir le travail au capital. L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune. (...) Paris s’était débarrassé de l’armée et l’avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C’est cet état de fait qu’il s’agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes. La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune. Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée. Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables. »

    Dans « La guerre civile en France » Karl Marx

    "La Commune de Paris (1871) est la première tentative de la révolution prolétarienne pour briser la machine d’Etat bourgeoise. Elle est la forme politique enfin trouvée par quoi l’on peut et l’on doit remplacer ce qui a été brisé."

     

    La révolution sociale, c’est bien la seule chose qu’ils n’auront pas volée

    Avec la nouvelle crise de 2008, nous ne pouvons plus compter, pour vivre et faire vivre nos familles, sur les institutions de la société ni sur le système social qui a gouverné pendant de si longues années, beaucoup de travailleurs se disent : comment on va vivre ? Eh bien oui, on a tous vécus sous le capitalisme et il faut bien reconnaître la vérité : ce système s’effondre de lui-même. Il a atteint ses limites. Si le Capital refuse de fournir un salaire au Travail, les travailleurs doivent se passer du Capital pour faire fonctionner la société. Certains sont sceptiques. « Ce n’est pas possible. Ça n’a pas marché. » se disent-ils. A quelques jours de l’anniversaire de la Commune de Paris du 18 mars 1871, il convient de rappeler que la Commune, dirigée et gouvernée par de simples ouvriers avait tellement bien marché que la seule solution qu’a trouvé la bourgeoisie française, c’est de massacrer tous les ouvriers parisiens !

    Aujourd’hui, 140 ans plus tard, la classe ouvrière est devenue une classe mondiale, qui joue un rôle central socialement dans toutes les villes du monde, sur tous les continents. Il lui reste à changer une très mauvaise habitude : laisser des membres des classes profiteuses gouverner. Il faut faire comme le faisaient les communards de 1871 : s’organiser en comités de travailleurs et d’habitants qui prennent les décisions et ne gouvernent jamais en fonction des intérêts d’une petite minorité de profiteurs. Alors oui, si on cesse de croire à la fatalité de l’exploitation, la crise aura eu quelque chose de bon !

    La révolution sociale, bien des travailleurs la craignent en se disant que ce sera des sacrifices. C’est vrai : les capitalistes et leurs Etats ne vont pas se laisser faire. Mais qui peut croire que, pour nous faire payer une crise systémique, les patrons ne sont pas prêts à toutes les violences, même si les travailleurs n’enclenchent pas de grandes luttes ? Quand Hitler a pris le pouvoir, il n’y avait pas encore de lutte révolutionnaire. Le fascisme a eu un rôle préventif.

    On n’évitera pas les luttes de classe. Il vaut mieux les mener consciemment. Et, pour cela, il faut dès maintenant mener la lutte défensive des emplois et des salaires, afin de transformer le rapport de forces et, ensuite, passer de la défensive à l’offensive. C’est la classe capitaliste qui est arrivée à une impasse et, avec elle, toutes les organisations réformistes, mais la classe ouvrière conserve toutes ses capacités.

    La classe travailleuse est la plus grande force sociale à l’échelle internationale. L’avenir dépend d’elle. Elle seule a la capacité d’éviter à l’humanité la catastrophe que l’on nous prépare. Cela nécessite qu’elle ne s’accroche pas à des « sauveurs » comme Obama, Sarkozy ou d’autres, qu’elle ne craigne pas de s’unir par delà les frontières et repousse les sirènes nationalistes, protectionnistes et xénophobes, pour adopter clairement son propre drapeau : le drapeau rouge des travailleurs du monde ! 

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  • Lamartine devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 25 février 1848
    Drapeau rouge ou drapeau tricolore ?

    Santé


    Le 25 février 1848, au lendemain du renversement de Louis-Philippe et de la proclamation de la République, une foule en armes fait irruption dans l'Hôtel de Ville et réclame l'adoption officielle du drapeau rouge en remplacement du drapeau tricolore. Depuis que la monarchie de Juillet avait imposé le retour des trois couleurs, en remplacement du drapeau blanc de la Restauration, le drapeau rouge était associé à la révolution sociale. De plus, l'idée de changer de drapeau lorsqu'on changeait de régime paraissait naturelle : n'est-ce pas ce qui s'était produit en 1789, en 1814 et enfin en 1830 ? Lamartine, au terme d'une longue lutte d'éloquence - cinq discours, dix-huit heures d'efforts et une quasi-syncope ! - parvint à imposer le drapeau tricolore en faisant prévaloir qu'il n'était pas l'emblème – remplaçable – d'un régime, mais celui de la nation dans sa continuité.
    Le sujet principal du tableau de Philippoteaux est la confrontation entre le poète, chef du gouvernement provisoire, et les partisans du drapeau rouge. Ceux-ci sont représentés par une Marianne coiffée du bonnet phrygien et montée sur un cheval blanc : on retrouve là les principaux attributs de l'allégorie de la République sociale. La scène se déroule sur le parvis de l'Hôtel de Ville, et non dans la salle de réunion du gouvernement provisoire, comme ce fut pourtant le cas. Lamartine est juché sur un fauteuil, le bras tendu pour signifier tout à la fois la prise de parole et le rejet du drapeau rouge. Comme les autres membres du gouvernement, il porte à la taille la ceinture bleu-blanc-rouge. Autour de lui, la foule brandit quelques drapeaux tricolores et salue, de la main ou du sabre, le poète et l'emblème. Cette dominance du drapeau tricolore n'est pas conforme à la réalité : c'est un drapeau rouge qui, le 25 février, flottait au-dessus de la porte de l'Hôtel de Ville et sur les toits environnants. Le tableau est à la gloire de Lamartine et de son drapeau, au détriment d'une représentation fidèle du rapport de force entre les partisans des deux emblèmes. Autour de cette scène centrale, le peintre a fait figurer quelques figures imposées de l'iconographie de février 1848. Un ouvrier mort, qui gît sur des pavés symbolisant les barricades, montré du doigt par un groupe de combattants, un blessé dans une civière, entouré et réconforté, se distinguent nettement. Dans les représentations de Février, les victimes sont ainsi souvent mises en exergue : la mort pour la révolution devient un sacrifice exemplaire qui ne saurait être vain puisqu'il appelle l'adhésion des coeurs aux vertus propres à fonder la république.
    Un homme déposant de l'argenterie sur un tas d'objet précieux est une représentation classique de la probité et de la discipline populaire unanimement glorifiées en 1848.
    La foule assemblée mêle toutes les classes sociales (ouvriers en blouse, bourgeois en chapeau), fait figurer gardes nationaux et soldats au milieu des combattants, symbolisant l'union du peuple. On notera l'absence de femmes (à l'exception de l'allégorique Marianne), caractéristique de l'iconographie de 1848 et qui s'explique par leur faible participation aux combats.
    Le tableau de Philippoteaux, composition dense et vivante qui semble figurer l'événement pris sur le vif, se décompose en autant de scènes allégoriques caractéristiques de l'iconographie quarante-huitarde et du discours qu'on a voulu imposer. La révolution emportée par le peuple unanime et discipliné accouche d'une république sage, que symbolise le drapeau tricolore.


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  •  IL Y A 90 ANS: LA NAISSANCE DU PCF 

    Le 29 décembre 1920, à Tours, une majorité des délégués du XVIIIe Congrès de la SFIO vote l’adhésion du parti à la IIIe Internationale, l’Internationale Communiste, fondée à Moscou en mars 1919. Une minorité du parti s’y oppose. C’est la scission – et l’acte de naissance du Parti Communiste Français (Section Française de l’Internationale Communiste).

    Les débats politiques qui animaient le mouvement ouvrier français de l’époque sont toujours d’une grande actualité, 90 ans plus tard. Le programme et les idées fondamentales qui ont déterminé la scission de Tours n’ont rien perdu de leur force et de leur pertinence. Tous ceux qui veulent lutter contre le capitalisme ont intérêt à étudier cette période, et en particulier les textes fondateurs de la IIIe Internationale.

    La faillite de la IIe Internationale

    La scission de Tours ne fut ni un accident, ni une surprise. Partout, en Europe, la profonde crise de la social-démocratie donnait jour à des Partis ou des courants communistes qui cherchaient à rompre avec les dérives réformistes et opportunistes des dirigeants socialistes. Le Congrès de Tours fut la conséquence directe de deux bouleversements historiques : la Première Guerre mondiale et la Révolution Russe de 1917, qui étaient eux-mêmes étroitement liés.

    En 1905, sous l’impulsion de Jean Jaurès et Jules Guesde, le mouvement socialiste français s’unifiait dans un seul parti, la SFIO, membre de la IIe Internationale. Mais à peine neuf ans plus tard, en août 1914, quelques jours après l’assassinat de Jaurès, les dirigeants du parti succombaient à la grande épreuve de la guerre impérialiste. A l’exception des Bolcheviks russes et du petit Parti Socialiste serbe, toutes les directions des partis de la IIe Internationale rallièrent le camp de leur bourgeoisie nationale, à laquelle ils livrèrent les travailleurs pour qu’ils aillent tuer un maximum de leurs frères, sur les champs de bataille. Toutes les résolutions adoptées en Congrès Internationaux, les années précédentes, qui se prononçaient pour la « grève générale » en cas de guerre impérialiste, firent place à une virulente propagande patriotique et chauvine. En France, les socialistes Jules Guesde, Albert Thomas et Marcel Sembat entrèrent dans le gouvernement d’Union Sacrée. La direction de la CGT capitula, elle aussi. Lors des obsèques de Jean Jaurès, le 4 août 1914, le secrétaire général de la CGT, Léon Jouhaux, déclara : « je crie devant ce cercueil que ce n’est pas la haine du peuple allemand qui nous poussera sur les champs de bataille ; c’est la haine de l’impérialisme allemand ». Ainsi Jouhaux justifiait-il son soutien à l’impérialisme français, qui n’était pourtant pas moins réactionnaire et haïssable que l’impérialisme allemand.

    La dégénérescence de la IIe Internationale reposait, en dernière analyse, sur la longue phase de croissance économique qui précéda la Première Guerre mondiale. Les classes dirigeantes étaient en mesure de faire des concessions à la classe ouvrière, et en particulier à ses couches supérieures. Graduellement, presque imperceptiblement, un fossé se creusait entre les conditions de vie, les aspirations et la psychologie de la masse des travailleurs – et celles de la mince couche d’officiels (dirigeants syndicaux, parlementaires, etc.) qui formaient les sommets du mouvement ouvrier. La routine syndicale et parlementaire absorbait et émoussait les esprits. Certes, les dirigeants parlaient encore de « révolution socialiste », mais surtout les jours de fête. Des théories révisionnistes émergeaient qui s’efforçaient de donner une base doctrinale à l’abandon des idées marxistes. Le cas le plus connu est celui du théoricien réformiste allemand Edouard Bernstein, auquel Rosa Luxembourg répliqua avec vigueur dans son livre : Réforme ou révolution.

    Ceci dit, le marxisme demeurait la doctrine officielle de la IIe Internationale. Sa dégénérescence réformiste n’était pas aussi évidente que l’est, aujourd’hui, celle d’un Dominique Strauss-Khan ou d’une Martine Aubry, par exemple. Ainsi, lorsqu’il apprit que les députés socialistes allemands avaient voté les crédits de guerre, en août 1914, Lénine refusa d’abord d’y croire. Il pensait qu’il s’agissait d’un mensonge mis en circulation par l’Etat-major allemand.

    Révolutionnaires contre « pacifistes »

    La capitulation des dirigeants socio-démocrates, au seuil de la guerre impérialiste, ne rencontra tout d’abord qu’une très faible opposition, au sein du mouvement ouvrier. La vague patriotique emportait tout sur son passage. Rares étaient ceux qui y résistaient. Lénine se retrouva très isolé. En Allemagne, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht dirigeaient une opposition de gauche ultra-minoritaire – les spartakistes – au sein du SPD. Exilé en France, le révolutionnaire russe Léon Trotsky y partit « à la recherche de révolutionnaires, une bougie à la main », selon ses propres termes. C’est là qu’il se lia aux « syndicalistes révolutionnaires » qui animaient l’extrême gauche de la CGT. Leur journal, la Vie ouvrière, était dirigé par deux syndicalistes de renom : Alfred Rosmer et Pierre Monatte. Dans une SFIO en pleine décomposition, c’est l’instituteur Fernand Loriot qui menait le combat contre la capitulation nationaliste des dirigeants.

    L’opposition numériquement la plus importante, au sein de la SFIO et de la CGT, était constituée par le courant « pacifiste ». Ses représentants affirmaient la nécessité de la « défense nationale », soutenaient le vote des crédits de guerre au Parlement, acceptaient la participation gouvernementale des socialistes – mais se déclaraient partisans d’une « paix juste et rapide ». Lénine et Trotsky consacraient leurs plus vives critiques aux dirigeants de ce courant, qui dans les faits couvraient le flanc gauche des dirigeants les plus chauvins. Aux formules vagues et trompeuses du pacifisme, Lénine opposait le mot d’ordre : transformer la guerre impérialiste en guerre de classe révolutionnaire. En France, l’aile pacifiste du Parti, qui admettait en son sein plusieurs nuances, était animée notamment par Louis Oscar Frossard, Paul Faure et Jean Longuet (le petit-fils de Karl Marx). Au fur et à mesure que les atrocités de la guerre douchaient l’enthousiasme initial des masses, ce courant gagnait du terrain.

    L’impact de la révolution russe

    La révolution d’Octobre 1917 eut un impact considérable sur le mouvement ouvrier européen. Les bolcheviks proposèrent une paix immédiate et sans annexion. Dans le même temps, ils appelaient les travailleurs de tous les pays à renverser leur propre bourgeoisie. Ils réaffirmèrent la nécessité de fonder une IIIe Internationale et s’attelèrent pratiquement à cette tâche. Ces appels rencontraient un large écho. Au lendemain de la guerre, les masses écoeurées par le massacre impérialiste se tournaient de plus en plus vers ces communistes russes qui avaient accompli la révolution non en paroles, mais dans les faits.

    Sentant le sol se dérober sous leurs pieds, des dirigeants qui avaient été « pacifistes » et « chauvins », pendant la guerre, se proclamèrent d’accord pour rallier la IIIe Internationale. Ils subissaient la pression d’un mouvement ouvrier qui se déplaçait rapidement vers la gauche. En France, c’était notamment le cas de Louis Oscar Frossard (ex-pacifiste) et Marcel Cachin (ex-chauvin). Lorsqu’ils se rendirent au IIe Congrès de l’Internationale Communiste, à Moscou, en juillet 1920, ils furent très froidement accueillis par les dirigeants bolcheviks, qui n’hésitèrent pas à leur reprocher leur récent passé. Cependant, Cachin et Frossard firent amende honorable et rentrèrent en France avec la volonté de rallier la SFIO à la IIIe Internationale.

    Les « 21 conditions »

    Les dirigeants bolcheviks ne nourrissaient pas de grandes illusions sur le parcours politique de dirigeants du type de Cachin et Frossard. Mais ils ne pouvaient pas simplement leur tourner le dos, car derrière eux se tenait la masse des militants sincères qui s’orientaient vers l’Internationale Communiste. Aussi les dirigeants de l’Internationale firent-ils adopter, lors de son IIe Congrès, les célèbres « 21 conditions d’admission des Partis Communistes à la IIIe Internationale ». Les dirigeants qui voulaient adhérer à la IIIe Internationale devaient s’engager à s’y conformer – puis passer des engagements aux actes.

    Ces 21 conditions résumaient, dans des termes extrêmement clairs, une série de principes fondamentaux du marxisme en matière de programme, de propagande, de politique syndicale, de politique internationale et d’organisation. Contrairement à ce qu’affirment des légendes bourgeoises et réformistes, les 21 conditions n’étaient pas destinées à soumettre les sections de l’Internationale à la « dictature centrale » de Moscou. Elles avaient pour but de donner à l’Internationale un socle politique et organisationnel commun, à un moment où, comme le disait le préambule aux 21 conditions, « l’Internationale Communiste est, d’une certaine façon, à la mode ». Il s’agissait de tenir à l’écart de l’Internationale tous les anciens dirigeants pacifistes et chauvins qui voulaient y rentrer sans rien renier de leur passé. Il s’agissait également de rompre avec les pratiques funestes de la IIe Internationale, dans laquelle les dirigeants de chaque section fermaient les yeux sur les erreurs et trahisons des dirigeants des autres sections. Comme l’écrivait Trotsky en juillet 1920 : « les éléments qui s’insurgent qu’on pose, "du dehors", des conditions à leur entrée, démontrent par là leur complète incompréhension des principes et des méthodes d’action de la IIIe Internationale. […] L’Internationale Communiste n’est pas un rassemblement de partis ouvriers nationaux. Elle est le parti communiste du prolétariat international. […] Les communistes russes ont le droit et le devoir, en examinant la question de l’admission dans la IIIe Internationale des socio-démocrates indépendants d’Allemagne ou des socialistes français, de poser les conditions qui, de leur point de vue, puissent garantir notre parti international contre la liquéfaction et la décomposition. Mais toute organisation qui entre dans l’Internationale communiste acquiert à son tour le droit et la possibilité d’exercer une influence active sur la théorie et les pratiques des bolcheviks russes, des spartakistes allemands et des autres. »

    Le Congrès de Tours

    Quels étaient la nature et le rapport de force des différentes tendances de la SFIO, lors du Congrès de Tours ? Très minoritaire à la base du parti, l’opposition ouverte à l’adhésion à l’Internationale Communiste était menée par l’aile droite, dont Renaudel, Sembat et Blum. Ces « social-patriotes » – suivant l’expression de Lénine – s’inclinaient poliment devant la révolution d’Octobre, mais accablaient les communistes russes de toutes sortes de prétendues « déviations » théoriques et organisationnelles. Ils assumaient entièrement leur attitude pendant la guerre. Ils étaient, au fond, d’irréductibles réformistes et des adversaires résolus du bolchevisme.

    Le « centre » du parti était lui-même divisé en deux tendances : la droite, emmenée par Jean Longuet et Paul Faure, proposait d’adhérer à la IIIe Internationale « sous réserves » et en refusant de s’engager sur l’application des « 21 conditions ». Le long discours de Paul Faure, à Tours, montre que ce courant rejetait non pas le « principe » ou la « méthode » des 21 conditions, mais bien leur contenu révolutionnaire. Politiquement, Faure et Longuet étaient beaucoup plus proches de Sembat et Blum que de la IIIe Internationale. Aussi le Comité exécutif de l’Internationale prit-il fermement position contre l’intégration de ce courant dans le futur Parti Communiste Français. Signé par tous les membres de l’Exécutif – y compris, donc, par Lénine et Trotsky –, le célèbre « télégramme de Zinoviev » [1] fut lu aux délégués de Tours le 28 décembre 1920. L’Exécutif expliquait : « De la révolution mondiale, de la dictature du prolétariat [2], du système soviétique, Longuet et ses amis préfèrent, ou bien ne rien dire du tout, ou bien dire les plus banales ambiguïtés […] Nous sommes profondément convaincus que la majorité des ouvriers conscients de France n’admettra pas un compromis aussi ruineux avec les réformistes et qu’elle créera enfin à Tours le vrai Parti communiste un et puissant, libéré des éléments réformistes et semi-réformistes. »

    Cette prise de position avait notamment pour objectif d’empêcher la « gauche du centre » – emmenée par Frossard et Cachin, qui acceptaient, en parole, les « conditions d’adhésion » – de conclure un compromis avec le courant de Longuet et Faure. Les dirigeants de l’Internationale n’ignoraient pas que Frossard, Cachin et leurs amis manquaient de fermeté politique et pouvaient être tentés par un tel compromis. Le Congrès de Tours le confirma. Mais Longuet et ses partisans repoussèrent les perches qui leur furent tendues. Cela conforta le courant minoritaire de gauche, dirigé par Loriot et Souvarine, qui refusait tout accord avec Faure et Longuet. Des lors, le rapport de force était clair. Les deux courants de gauche – la gauche de Loriot/Souvarine et la « gauche du centre » de Frossard/Cachin – détenaient ensemble une nette majorité, dans le parti : environ 70 % des mandats. La scission était inévitable et salutaire. Le PCF, d’abord appelé SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste), était né. L.O Frossard en fut le premier secrétaire général.

    Crise larvée

    Les dirigeants bolcheviks savaient parfaitement qu’en elle-même, la scission de Tours ne suffisait pas à passer, comme le disait Lénine, du « vieux type de parti européen parlementaire » au « nouveau type de parti, vraiment communiste » dont les travailleurs français avaient besoin. Le Congrès de Tours était un pas très important dans cette direction, mais un pas seulement. Il fallait rapidement s’atteler à corriger les carences politiques et organisationnelles héritées de la SFIO. Léon Trotsky, qui avait vécu en France plusieurs années et connaissait bien son mouvement ouvrier, fut chargé par l’Internationale d’aider le PCF à accomplir sa transformation en un parti authentiquement révolutionnaire. Ses nombreux courriers, articles, discours et résolutions sur le PCF, entre 1921 et 1923, constituent un matériel incontournable pour comprendre ce que furent les premières années du parti. [3]

    L’une des questions qui inquiétait le plus Lénine et Trotsky était la conception erronée de la direction du PCF sur ses tâches au sein du mouvement syndical. Au nom de la prétendue « autonomie syndicale », les dirigeants du PCF refusaient d’organiser un travail systématique et « à drapeau déployé » dans la CGT. Au nom de la même théorie, ils renonçaient à critiquer les dirigeants syndicaux réformistes du type de Léon Jouhaux. Dans un courrier de juillet 1921 à Frossard et Cachin, Trotsky explique : « Le parti doit s’assigner pour tâche de conquérir les syndicats de l’intérieur. Il ne s’agit pas de priver les syndicats de leur autonomie et de les soumettre au parti ; ce serait une absurdité. Il s’agit que les communistes deviennent au sein des syndicats les meilleurs travailleurs syndicaux, qu’ils gagnent la confiance des masses et acquièrent une influence décisive dans les syndicats. » La nature ne tolère pas le vide. Si les syndicats échappent à l’influence des communistes, ils tombent sous une autre influence : celle des réformistes et de la bourgeoisie. La prétendue « indépendance syndicale » se traduit, dans les faits, par une indépendance à l’égard des révolutionnaires – et par une dépendance à l’égard des réformistes. 90 ans plus tard, ces idées méritent d’être méditées par tous les militants communistes et syndicaux. Aujourd’hui comme à l’époque, l’opposition entre « politique » et « syndicalisme » est un leurre qui profite toujours au courant le plus modéré du mouvement ouvrier.

    Trotsky et l’Exécutif de l’Internationale soulevèrent d’autres problèmes : la composition sociale de la direction du parti, insuffisamment ouvrière ; la nécessité d’un contrôle plus strict des élus, des journalistes et de la presse du parti ; le double jeu de nombreux dirigeants – dont Frossard – à l’égard des décisions de l’Internationale ; la phraséologie « pacifiste », « républicaine » et « patriotique » qui marquait de nombreux articles de l’Humanité. A partir de 1922, alors que le capitalisme s’était stabilisé et que la bourgeoisie reprenait l’offensive, Trotsky s’efforça de convaincre la direction du PCF de la nécessité d’appliquer la stratégie du « Front Unique », qui impliquait de proposer aux dirigeants et militants de la SFIO une lutte commune pour défendre les conditions de vie et de travail des masses. Face aux résistances de la direction et à la crise larvée dont le parti ne parvenait pas à sortir, l’Internationale Communiste mit la « question française » à l’ordre du jour de son IVe Congrès (novembre 1922). Trotsky, Zinoviev, Boukharine et Lénine lui-même siégèrent à la commission chargée de discuter du PCF, ce qui prouve que la situation était jugée sérieuse.

    Rédigés par Trotsky, les documents de congrès sur le PCF reprenaient les idées et propositions qu’il avait développées à maintes reprises, depuis le Congrès de Tours. A cette occasion, l’Internationale exigea d’en finir avec un véritable scandale : l’appartenance de militants et de dirigeants du PCF – dont Frossard – à la Franc-maçonnerie : « l’appartenance d’un nombre considérable de communistes français aux loges maçonniques est le témoignage le plus manifeste et le plus pitoyable que notre Parti français a conservé, non seulement l’héritage psychologique de l’époque du réformisme, du parlementarisme et du patriotisme, mais aussi des liaisons tout à fait concrètes, extrêmement compromettantes, avec les institutions secrètes, politiques et carriéristes de la bourgeoisie radicale. » L’Internationale sommait les communistes français de choisir entre la Franc-maçonnerie et le PCF. Frossard quitta le parti – avant de poursuivre sa carrière dans la SFIO.

    L’émergence et les conséquences du stalinisme

    Les pressions et les conseils de l’Internationale ne furent pas vains. L’Internationale s’appuyait sur la bonne volonté et l’instinct révolutionnaire des militants de la base du parti. Le départ de Frossard et d’autres dirigeants opportunistes était un signe sûr que le parti avançait dans la bonne direction. Cependant, ces développements furent interrompus par les conséquences d’événements qui se déroulaient à des milliers de kilomètres de Paris. La crise qui s’accentuait au sein du Parti russe, à partir de 1923-24, eut des répercussions dans les sections de l’Internationale. Après la défaite de la révolution allemande, l’isolement de la révolution russe et l’arriération économique de la Russie déterminèrent l’émergence d’une caste bureaucratique qui luttait pour ses propres intérêts et privilèges. Dès 1924, l’offensive de la « troika » – Zinoviev, Kamenev et Staline – contre « l’opposition de gauche », dirigée par Trotsky, commençait à se répercuter au sein du PCF. Les syndicalistes révolutionnaires Rosmer et Monatte – que l’Internationale était si fière d’avoir gagnés – furent exclus du parti, de même que Boris Souvarine et bien d’autres. Malade, Loriot protesta lors du congrès de janvier 1925. Puis, écoeuré, il quitta le parti.

    La dégénérescence bureaucratique de l’Internationale Communiste, que Staline transforma en un instrument servile de sa politique étrangère, est souvent interprétée comme la réalisation de la « prophétie » de Léon Blum et de tous ceux qui, au Congrès de Tours, annonçaient la soumission des sections de l’Internationale aux dictats de Moscou. Il s’agit en fait d’un énorme contresens historique. Sur les plans politique et organisationnel, le stalinisme fut une rupture complète – accomplie dans le sang – avec les quatre premiers Congrès de l’Internationale Communiste. A l’époque du Congrès de Tours, l’Internationale était une organisation vivante et démocratique, dans laquelle chaque militant avait le droit de défendre librement son point de vue. Les idées et les méthodes policières du stalinisme ne « découlaient » pas des 21 conditions : elles en étaient une monstrueuse caricature.

    La stalinisation de l’Internationale Communiste eut des conséquences graves sur la politique et les méthodes du PCF. Cependant, malgré les erreurs et, parfois, les trahisons de ses directions successives, le lien qui unissait le PCF aux meilleurs éléments de la jeunesse et de la classe ouvrière ne s’est jamais rompu. Aujourd’hui, ce lien est certes affaibli, mais il est toujours bel et bien vivant. C’est ce qui explique l’hostilité persistante de la classe dirigeante française à l’égard du PCF, qu’elle rêve d’enterrer. 90 ans après sa création, le PCF peut – et, selon nous, doit – devenir un pôle d’attraction pour tous ceux qui veulent en finir avec le capitalisme en crise. En cet anniversaire du Congrès de Tours, le mouvement communiste doit renouer avec les grandes idées et traditions révolutionnaires des quatre premiers Congrès de l’Internationale Communiste. Les documents de ces congrès sont, aux côtés du Manifeste de Marx et Engels, les textes fondateurs de notre mouvement. Ils sont plus que jamais d’actualité.

    Jérôme Métellus (PCF Paris 18e)

     

    [1] Zinoviev était alors le président de la IIIe Internationale.

    [2] A l’époque, le terme « dictature » n’avait pas la connotation péjorative qu’il a aujourd’hui. « Dictature du prolétariat » signifiait : l’exercice du pouvoir économique et politique par la classe ouvrière, contre la minorité des exploiteurs.

    [3] Ces textes de Trotsky ont été réunis par Pierre Broué dans Le mouvement communiste en France (Les Editions de Minuit). On trouve ce livre assez facilement sur internet.


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