• Triple piège

    Le glaive des marchés est sorti du fourreau. Une de leur agence de mercenaires, Standard & Poor’s a décidé aujourd’hui de dégrader la note de la France.

    A quoi jouent les agences de notation, ces officines privées toutes liées aux mondes des banques et des affaires ? Quel événement ces derniers jours justifie que cette dégradation ait lieu aujourd’hui ? Aucun !

    Au moment ou s’accélère la campagne pour l’élection présidentielle en France, les marchés forcent les portes pour s’inviter dans les débats pour mieux les tuer. Non contentes d’avoir obtenu la casse de la retraite à 60 ans, la RGPP, les plans d’austérité, probablement bientôt la TVA sociale qui serait un troisième plan d’austérité, habile manière de faire subventionner les employeurs par les pauvres, elles resserrent aujourd’hui l’étau qui maintient tous les candidats à l’exception de celui du Front de Gauche, dans la direction qu’elles souhaitent, celle de l’austérité pour les plus modestes. Ce n’est pas seulement l’économie française qui est attaquée, mais aussi la démocratie. Rappelons-nous des diatribes des ministres et du président de la République. La sauvegarde du triple A était leur prétexte pour la rigueur. Qu’en reste t-il aujourd’hui ? Et ce n’est pas sans arrière pensée que l’agence prend soin de préciser que l’Allemagne conserve, elle, la note maximale, elle qui est montrée comme l’exemple du meilleur élève en classe d’austérité.

    Tout cela vise à exciter la peur des français, pour les paralyser et accepter le sort qu’on veut leur faire : plus d’impôts, achèvement de la casse des services publics, démantèlement de la Sécurité Sociale. Les taux d’intérêts auxquels la France emprunte aujourd’hui sur les marchés pour refinancer sa dette vont augmenter, enrichissant les banques et nous étouffant encore un peu plus. Cela ne fait que nous renforcer dans la conviction qu’il faut obliger la Banque Centrale Européenne à prêter directement aux Etats, gratuitement ou presque, en nous libérant les peuples des diktats des marchés.

    J’appelle les français, les modestes, ceux qui souffrent de l’austérité à opposer à ces intimidations la plus ferme résistance et à rester vigilant. Il nous faut choisir entre le peuple et la finance. Entre le travail et le capital. Nous choisissons le peuple !

    Publié le par Patrick Le Hyaric


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    Au moment où les regards se détournent de la Grèce parce que le ciel bleu sans la fumée des gaz semble banal, il faut le faire lire. Pour qu’ici, les fumées électorales dissipées, on ne lise jamais, sur un blog "crise en France" l’expression du désespoir qui vient. Pour que nos amis et camarades grecs se sentent moins seuls. . .

    pilhaouer

    Lettres mortes

    Panagiotis Grigoriou

    Historien - Ethnologue

     

    Athènes janvier 2012

     

    Nous vivons en prime time le premier vrai renversement en Europe occidentale, parmi les pays de cette Union Européenne, relevant de sa vieille numismatique. Car cette fameuse construction, jamais adoptée réellement par les peuples, se résume et finira par l'euro. Euro barbe à … Papadémos que nous haïssons davantage, jour après jour. C'est aussi cela le renversement, l'effacement des opinions politiques, les idéologues faciles de tout bord ne sont plus au petit lait mais à la cigüe. La coupure est «entre eux, et nous» comme On entend dire partout. Ceux qui en ont et ceux qui finiront par mourir. Donc, au fil des semaines, tout débat politique devient vite anachronique, «ils auront notre peau ou sinon, nous allons les exécuter». Nous sommes déjà dans l'utopie, le non lieu. Tout reste à faire. Les supposées grandes mesures et autres mesurettes ou petites phrases des campagnes électorales nous semblent dépassées. Elles appartiennent au monde théâtrale d'hier, une scénographie qui dissimule tant bien que mal sa seule fonction, tenir fermés les stores de la démocratie, ainsi que les paupières des citoyens.
     

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  • Bleitrach 97

     Refuser le complotisme n’exclut pas loin de là que l’on ne puisse s’étonner de la capacité courtelinesque que le système à engendrer des normes que rien ne justifie si ce n’est la volonté de présenter une apparence de raison, le phénomène s’accélérant en période de transition quand il va falloir rendre des comptes et l’équipe qui récupère le mistigri n’a guère plus envie d’éclairer la question… Et comment ces normes deviennent parole d’évangile dans une Europe à la recherche de régulations qui soient conciliables avec le néo-libéralisme…  Le fond du problème est sans doute l’utilisation de gadget pour éviter de se poser des questions plus fondamentales sur les changements que nous devons affronter, changement que personne ne veut envisager avec une élection présidentielle qui par certains côtés fait songer en pire à ce passage de Giscard à Mitterrand sur fond de la préservation du carcan néo-libéral européen et ses critères de Maastricht (3%). Comme quoi la preuve est faite que le néo-libéralisme loin de “dégraisser l’Etat”, de nous débarrasser de la bureaucratie s’il attaque le service public développe au contraire à l’extrême le cancer bureaucratique comme un instrument anti-démocratique par excellence et l’Europe en est l’illustration jusqu’à l’absurde. Et pour qui aime le burlesque financier ce texte est réellement irrésistible …

    (Note de Danielle Bleitrach)

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  • Bleitrach 97

     Refuser le complotisme n’exclut pas loin de là que l’on ne puisse s’étonner de la capacité courtelinesque que le système à engendrer des normes que rien ne justifie si ce n’est la volonté de présenter une apparence de raison, le phénomène s’accélérant en période de transition quand il va falloir rendre des comptes et l’équipe qui récupère le mistigri n’a guère plus envie d’éclairer la question… Et comment ces normes deviennent parole d’évangile dans une Europe à la recherche de régulations qui soient conciliables avec le néo-libéralisme…  Le fond du problème est sans doute l’utilisation de gadget pour éviter de se poser des questions plus fondamentales sur les changements que nous devons affronter, changement que personne ne veut envisager avec une élection présidentielle qui par certains côtés fait songer en pire à ce passage de Giscard à Mitterrand sur fond de la préservation du carcan néo-libéral européen et ses critères de Maastricht (3%). Comme quoi la preuve est faite que le néo-libéralisme loin de “dégraisser l’Etat”, de nous débarrasser de la bureaucratie s’il attaque le service public développe au contraire à l’extrême le cancer bureaucratique comme un instrument anti-démocratique par excellence et l’Europe en est l’illustration jusqu’à l’absurde. Et pour qui aime le burlesque financier ce texte est réellement irrésistible …

    (Note de Danielle Bleitrach)

     

    Guy Abeille était chargé de mission au ministère des Finances sous Giscard puis au début de l’ère Mitterrand. Il révèle pour La Tribune comment est né, en France et non en Allemagne, le sacro-saint ratio de 3% du PIB pour les déficits publics. A l’origine, il s’agissait d’imposer la rigueur aux ministres socialistes. Puis cette référence cardinale a fait école, bien qu’elle fut dépourvue du moindre sens économique.

     

    Par les temps qui courent, les attentions sont focalisées sur les déficits publics. Il vous intéressera peut-être de savoir quelle est la toute origine du seuil de 3% de déficit public rapporté au PIB – référence devenue cardinale, et critère retenu par le traité de Maastricht.Je suis un ancien chargé de mission (agent non titulaire de l’Etat : non pas fonctionnaire donc, mais mercenaire) du Ministère des Finances, où, jeune diplômé de l’ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique), je fus en fonction d’octobre 1977 à juin 1982, à la Direction du Budget, 1ère sous-direction (celle des synthèses, les autres étant spécialisées par ministères : justice, armée, etc…).J’y fus chargé de suivre, analyser et commenter au mois le mois l’exécution du budget de l’Etat, et de fournir tout au long de l’année, et de façon de plus en plus pressante quand approchait la fin de l’exercice budgétaire, la prévision de son solde d’exécution – en l’espèce, de son déficit. Cette mission se concrétisant par la rédaction d’une « note au ministre » mensuelle, révisée et visée par mon chef de bureau et mon sous-directeur (ainsi va l’Administration), puis signée du Directeur du Budget après entrevue avec lui, et adressée au Ministre; de là filant aux cabinets de Matignon et de l’Elysée.

     

    Et en fin d’exercice, nous recevions mandat, selon la météo électorale – c’est à dire explicitement selon l’horizon des plus proches élections -, de jouer des marges de liberté que pouvaient nous ménager quelques zones de flou de la comptabilité publique pour améliorer (ou dégrader si les élections étaient à deux ans) le résultat qui serait pour finir gouvernementalement publié, transbordant donc d’un exercice à l’autre l’impedimentum de telles ou telles recettes ou dépenses miraculeusement devenues migratoires. En réalité, en ces temps rivoliens (dont je n’imagine pas qu’ils ne fussent également révolus…) c’était moi, et moi seul, qui, entre décembre et février (le mastodonte budgétaire, en certains de ses organes, s’étale de deux mois sur l’année suivante), étais officieusement chargé de faire preuve d’inventivité, de sagacité, et de doigté (cela va sans dire), pour établir la liste chiffrée, et manuscrite (rien ne serait imprimé), de ce qu’il était possible de faire; ou de faire encore, car d’année en année nous finissions – moi, et ceux qui d’un goupillon cardinalice, hiérarchique et discret bénissaient mes trouvailles – par griller nos successives cartouches, ne pouvant revenir impunément sur une règle que nous avions nous même hautement, et bruyamment hélas, proclamée l’année précédente parce qu’elle arrangeait la présentation comptable voulue cette année-là par nos ministres. Cela sans autre soutien, on l’aura compris, que l’approbation – orale – donnée par mes autorités (habituellement le mistigri était lestement repassé jusqu’au cabinet du Ministre), et en prenant garde de ne pas faire trop monter le rythme des hoquets ni d’exagérer le niveau des remontrances qui ne manqueraient pas d’être, hoquets et remontrances, émis par la Cour des Comptes – mais deux années plus tard, en fait, au moment de la loi dite de règlement, à laquelle, au vrai, plus personne n’accorderait intérêt. Durant deux mois, ainsi, tout allait son train par téléphone et additions, ou soustractions, sur de petits papiers; et début mars le rutilant résultat budgétaire était porté sur les fonts médiatiques (cela, il faut bien le reconnaître, mais telle est l’incurable myopie politico-technocratique, dans l’indifférence colossale éprouvée par l’électeur de base, pour la financière édification duquel pourtant toutes ces habiletés avaient été tissées).

     

    L’entrée en déficits

    J’en viens au seuil magique – pour un peu, chamanique – du déficit à 3% du PIB.

     

    Le premier choc pétrolier se produit à l’automne 1973: quadruplement du prix – la bombe la plus nocive de la guerre du Kippour est celle qui frappe l’économie mondiale. Exit les Trente Glorieuses.

     

    La crainte première est celle du déséquilibre extérieur et de l’inflation: Giscard d’Estaing, tout nouveau Président, y répond par le “plan de refroidissement” Fourcade. Plan qui se traduit par un volontaire et notable excédent budgétaire. Stop and go d’anthologie: le plan de relance Chirac qui le suit en prend le contrepied (un modèle de relance keynésienne, qu’on cite encore dans les écoles). Nous sommes en 1975, les finances publiques viennent d’entrer lourdement dans le rouge. C’était il y a 35 ans. Nul ne le sait encore: la trappe s’est ouverte, elles n’en sortiront plus.

     

    Pourtant, s’il ne tenait qu’à lui, Raymond Barre, qui en 1976 passe aux manettes de l’économie, gèrerait les finances à l’équilibre (on sait combien il aime à se portraiturer en bon père de famille). Giscard d’Estaing, c’est à dire la nécessité électorale (la gauche passe à un cheveu de la victoire en 1978), lui en impose autrement. Même l’exquis soulagement qu’apportent les législatives de mars 1978 ne lui donne pas le loisir de ressaisir ses principes. Car le vent souffle d’ouest, Thatcher et Reagan bientôt seront élus: après l’austérité des années 76-77, l’air se fait libéral (on se souvient des barristes “bois mort” et autres “canards boîteux”, comprendre textile, sidérurgie…). Ainsi après un premier tour de piste en début de septennat, arrive pour la fin du mandat la seconde figure du tango économique qu’aura conduit Giscard, accordéoniste télégénique mais de faible renom: un pas sur l’inflation (refroidissement Fourcade, austérité des premières années Barre), un pas sur le chômage (relance Chirac, libéralisation Barre). Le déficit, tenu en 1976 et 1977 en lisière des 25 milliards, bondit en 1978 à un, libéral faut-il croire, 41 milliards de francs. Et voilà que fin 1979 débute le second choc pétrolier. Ainsi, tous les budgets de Giscard (sauf le premier), et de Barre, auront été en déficit. Pour des montants (hormis la relance Chirac, plus massive) légèrement supérieurs à 1% du PIB. Mais en ce temps, nul n’use de cette référence. Ce ratio est absent des esprits; il n’a pas d’existence.

     

    Les dernières années, budgétairement Giscard d’Estaing n’a qu’un point de fixation: ne plus laisser au déficit franchir la ligne des 30 milliards de francs; elle aurait à ses yeux une portée politique. Les deux budgets d’avant la gauche s’y tiennent vaillamment (-31 milliards de francs chacune des années 1979 et 1980); au prix, s’il m’en souvient, d’un art de l’évitement dans la confrontation avec l’écueil comptable, qu’après trois années de pratique à la Direction du Budget, je commence à assez posséder.

     

    Arrive 1981

     

    Le budget a été présenté avec un déficit de 29 milliards de francs (on reconnaît là la limite fétiche, et un sens du marketing d’étiquette que nous aurons souvent vu à l’oeuvre chez Giscard d’Estaing, dès lors qu’il s’agissait de publier des chiffres – prière d’annoncer, par exemple, que les prix augmenteront de 9,9% et non de 10%). Cependant, dans les quelques mois qui précèdent le vote, la compétition électorale est gagnée par de vives ardeurs, on a des inquiétudes, et tout Barre qu’on soit, il faut bien en accepter les contingences financières collatérales: on n’aurait garde de ne pas s’attacher ceux qui pourraient pencher pour soi, ou bien seraient possiblement tentés de regarder ailleurs; ces saisons ne sont guère propices à une gestion retenue des finances publiques. Et quand, au terme du combat, la gauche tient sa victoire, on n’en est plus à résister sur la ligne des 30 milliards de francs. Sans que rien n’en eût filtré en dehors de nos murs (d’ordinaire le fonctionnaire est loyal), les élections ont fait sauter, sinon la banque – après tout, on n’en est encore qu’à sept années de dette -, du moins le seuil. Je me revois ainsi, au surlendemain de l’élection, enfiler un des longs couloirs du Louvre, dans l’aile Richelieu où depuis cent dix ans comme un coucou nichait le Ministère des Finances (aujourd’hui le marbre ailé d’Apollon poursuivant Daphné a remplacé l’airain terrible du Budgétaire traquant la Dépense stérile), pour donc informer le rond, le gai et l’affablement zézayant Jean-Paul Huchon, chef du bureau Agriculture et Communautés européennes (lier les deux c’est déjà toute une époque), lequel est au sein du Budget un des représentants connus de l’état-major socialiste (adjoint de Rocard à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine, il sera dès le 22 mai, et pour dix ans, son directeur de cabinet), l’informer que le déficit sur lequel il faut tabler, avant même tout geste du nouveau pouvoir, n’est pas en deçà des 30 milliards de francs jusqu’ici proclamés, mais maintenant au-delà des 50 milliards: dans les chaleurs pré-électorales, le libéralisme de Giscard et de Barre s’est dénudé en libéralité. Deux mois plus tard, la première loi de finances rectificative socialiste en prendra acte, actualisant le déficit à 55 milliards; et dès le début juin, sans attendre, Laurent Fabius va rendre ce chiffre public.

     

    Car le ministre qui nous est dévolu s’appelle Laurent Fabius (un jour, se rappelle-t-on, par souveraine onction présidentielle il en sera fait don, comme Premier Ministre, à la France). Laurent Fabius a obtenu d’inaugurer le titre, jusque-là inconnu au bataillon, de Ministre délégué – derechef bruisse dans les couloirs la rumeur, attendrie, qu’il aurait trépigné pour qu’on le distinguât de cette innovation (on ne connaissait jusque-là que des Secrétaires d’Etat, le premier des Ministre du Budget dans l’histoire de tous les gouvernements ayant été le prédécesseur de Fabius, Maurice Papon, grand commis de l’Etat – n’importe quel Etat), cela à la seule fin, courte vanité, d’avoir rang de ministre à un âge inférieur à celui de Giscard: Fabius donc sera ministre, délégué hélas! Mais ministre tout de même à 36 ans moins trois mois, quand Giscard misérablement ne le fut qu’à 36 ans moins quinze jours… Ce qui lui donne, tout de même, droit de présence aux conseils des ministres, et, car il l’a obtenu, signature des lois de finances sans le ternissant voisinage de Jacques Delors, son ministre de prétendue tutelle.

     

    Nous arrivons fin juin, et s’il y a urgence pour adapter l’action budgétaire à la nouvelle donne, plus grande elle est encore pour préparer le budget de l’année 1982, qui sera la première de plein exercice pour la gauche au pouvoir. Las! Malgré l’autorité toute neuve due au Ministre délégué, et à son rang, il nous revient assez vite que, dans l’effervescence de cette aube nouvelle, camarade! et l’inaccoutumance des néo-ministres aux règles de gouvernement, ces derniers multiplient à qui mieux mieux les visites du soir auprès du Président pour plaider in vivo leurs besoins en crédits (or, l’expérience séculaire du Budget montre qu’en réalité il n’existe pas de demandes de crédit qui ne soient authentiquement justifiées – le gouvernement, du moins le budgétaire, commence avec l’art de faire tomber l’oukase du refus). Et, au vu des données qui s’agglomèrent peu à peu sur mon bureau, il apparaît assez vite qu’on se dirige bon train vers un déficit du budget initial pour 1982 qui franchira le seuil, jusque-là hors de portée mentale, des 100 milliards de francs, chiffre que les plus intrépides d’entre nous n’auraient même en secret pas osé murmurer.

     

    Une commande, un soir

     

    C’est dans ces circonstances qu’un soir, tard, nous appelle Pierre Bilger (qui à quelque temps de là s’envolera vers Alcatel pour y faire la carrière que l’on sait), devenu le tout récent n°2 de la Direction du Budget à son retour du poste de directeur de cabinet de Maurice Papon (qui Ministre du Budget donc, mais aussi considérablement septuagénaire, s’est acquis dans nos couloirs une manière de fan-club pour ses assoupissements parfaits lors des débats techniques à l’Assemblée Nationale, et ses brusques réveils au profond des séances de nuit, que les plus avertis d’entre nous, ou les mieux pourvus en ancêtres vivants, ont eu tôt fait de diagnostiquer comme la, bien documentée, insomnie du vieillard).

     

    Donc nous voici convoqués, c’est à dire moi-même, et Roland de Villepin, cousin de Dominique, mon camarade de promotion et récent chef de bureau (ce poste est réservé en apanage à ceux qui, comme lui, sont fonctionnaires: il est Administrateur de l’INSEE). Formés à l’ENSAE, nous sommes considérés dans la faune locale comme appartenant à l’espèce, rare au Budget, des économistes (les autres sont des énarques, ces grands albatros de l’administration généraliste), et plus spécialement, car passablement mâtinés de mathématiques (nous sommes des ingénieurs de l’économie, en quelque sorte), de la sous-espèce des économistes manieurs de chiffres – sachant faire des additions, nous plaisante-t-on, en référence, évidemment, aux agrégés-sachant-écrire.


     Bilger nous informe en quelques mots du ballet budgétaire élyséen en cours, et il nous fait savoir que le Président a urgemment et personnellement demandé à disposer d’une règle, simple, utilitaire, mais marquée du chrême de l’expert, et par là sans appel, vitrifiante, qu’il aura beau jeu de brandir à la face des plus coriaces de ses visiteurs budgétivores.


     Il s’agit de faire vite. Villepin et moi nous n’avons guère d’idée, et à vrai dire nulle théorie économique n’est là pour nous apporter le soutien de ses constructions, ou pour même orienter notre réflexion. Mais commande est tombée du plus haut. Nous posons donc, d’un neurone perplexe, l’animal budgétaire sur la table de dissection.

     

    Nous palpons du côté des dépenses, leur volume, leur structure, avec dette, sans dette, tel regroupement, tel autre, ou leur taux d’accroissement comparé à celui de l’économie. Il y aurait bien moyen de détailler à la main quelques ratios consommables, mais tout cela est lourd et fleure son labeur: norme flasque, sans impact, aucune n’est frappante comme une arme de jet, propre à marquer l’arrêt aux meutes dépensières. Nous retournons la bête du côté des recettes: impôts d’Etat sur revenu national? Mais les impôts fluctuent avec la conjoncture, plusieurs sont décalés d’un an… Surtout, nous ne pouvons échapper à l’attraction des prélèvements obligatoires, dont la fiscalité d’Etat n’est guère qu’une part : peut-on valablement se cantonner à elle? Le débat ne manquera pas de naître, à juste titre, et prendra vite le tour d’un brouhaha technique. Tout ça sera confus et sans force probante, au rebours du principe-étendard que nous avons reçu commande de faire surgir pour ostension publique. La route des recettes est coupée. Une seule voie nous reste: le déficit.

     

    Le déficit, d’abord, du citoyen lambda au Président de format courant, ça parle à tout le monde: être en déficit, c’est être à court d’argent; ou, si l’on préfère, tirer aujourd’hui un chèque sur demain, qui devra rembourser. Ensuite, le déficit a depuis Keynes acquis ses lettres de noblesse économique: il figure vaillamment dans les théories, il est une des plus visiblement opératoires variables des modèles. Lui seul, c’est évident, a la carrure et la netteté pour nous tirer d’affaire. Le déficit ! mais qu’en faire ? à quelle contrainte le plier pour en extraire une norme?


     Le coup est vite joué. La bouée tous usages pour sauvetage du macro-économiste en mal de référence, c’est le PIB: tout commence et tout s’achève avec le PIB, tout ce qui est un peu gros semble pouvoir lui être raisonnablement rapporté. Donc ce sera le ratio déficit sur PIB. Simple; élémentaire même, confirmerait un détective fameux. Avec du déficit sur PIB, on croit tout de suite voir quelque chose de clair.


     Un critère douteux

     

    Arrivé à ce point, un peu de réflexion s’impose.


     On commencera par noter que le déficit est un solde; c’est à dire non pas une grandeur économique première, mais le résultat d’une opération entre deux grandeurs. Ce simple fait, trivial, emporte deux remarques. La première, c’est qu’un même déficit peut être obtenu par différence entre des masses dont l’ampleur est sans comparaison: 20 milliards sont aussi bien la différence entre 50 et 70 milliards qu’entre 150 et 170. Or, et c’est la deuxième remarque, on conviendra qu’il ne peut être tout à fait indifférent à la marche de l’économie que la masse des dépenses et recettes publiques soit d’une certaine ampleur (moins de 35% du PIB, comme aux USA ou au Japon) plutôt que d’une autre, bien plus grande (nettemment plus de 50% comme en France ou dans les pays scandinaves); sans même parler du contenu de chacune des masses: ce n’est pas la même chose d’aspirer un certain volume de recettes avec une TVA à 10% et un impôt sur le revenu montant jusqu’à 80%, qu’avec une TVA à 20% et un impôt sur le revenu de 30% au pire; ou bien encore d’aligner un même volume de dépenses, mais avec 5% de subventions d’investissement dans un cas ou 20% dans l’autre. On voit donc que s’intéresser au déficit en soi, à son montant seul, n’a qu’un sens relatif. Première observation.

     

    La deuxième observation touche à la pertinence du ratio lui-même: ne divise-ton pas des choux par des carottes? Car un déficit n’est rien d’autre qu’une dette: il est le chiffre exact de ce qu’il faut, tout de suite, emprunter, c’est à dire, cigale, aller demander à d’autres; et donc de ce qu’il faudra épargner – au fil des années suivantes – pour rembourser ceux qui auront prêté. Autrement dit, afficher un pourcentage de déficit par rapport au PIB, c’est mettre en rapport le flux partitionné, échelonné des échéances à honorer dans les années futures avec la seule richesse produite en l’année origine. Il y a discordance des temps. Où l’on saisit que le seul critère pertinent est celui de la capacité de remboursement à horizon donné (qui est celui de l’emprunt); laquelle est elle-même fonction, non pas tant du déficit consenti une année donnée, que de la dette globale accumulée – cette année-là, mais aussi celles qui ont précédé et peut-être celles qui suivront – et de la prévision qu’en regard on peut faire des ressources futures, c’est à dire du couple croissance et rendement fiscal. Le reste n’est qu’affichage.

     

    Dernière observation enfin, plus générale: on conçoit bien qu’un déficit n’a pas le même sens économique selon qu’il est purement ponctuel, rupture dans une série d’années à l’équilibre, laquelle sera réabsorbée en une à trois années par la réactivation même de l’économie que ce choc aura provoquée (keynésianisme pur); ou selon qu’à l’inverse il n’est que le morne jalon d’une longue chronique de déficits, courant les décennies, installés, devenus entière partie prenante, mode de fonctionnement même de l’économie, si usuels, si métabolisés, à elle si consubstantiels que c’est le retour à l’équilibre, la désaccoutumance, qui a un effet de choc (du keynésianisme à rebours en somme). Je rappelle qu’en 2010, la France en est à sa… 36ème année de déficit ininterrompu, et donc de dette couche à couche empilée, cumulée – 36 années, bien plus qu’un tiers de siècle -, et dont elle ne pourra mécaniquement se délester d’un coup: à vue humaine il est probable qu’au point où nous en sommes et où en sont les perspectives longues de notre économie, nous finirons par avoir stocké, dans la meilleure des hypothèses, de la dette pendant pas loin d’un demi-siècle, continûment, tenacement, c’est à dire sans avoir jamais commencé de seulement la rogner; laquelle, pour finir, soit sera remboursée (perspective vertueuse, ou bien enchanteresse), soit détruite (par inflation, ou restructuration comme on dit pudiquement), soit plus vraisemblablement aura été traitée par un mixte empirique des deux, c’est à dire fonction des rapports de force dans la partie à trois entre gouvernements, Banque Centrale et marchés.

     

    Où l’on aura compris que fixer le projecteur sur le déficit d’une année donnée n’a guère de sens; et que le rapporter au PIB de cette même année lui en fait perdre un peu plus. Le ratio déficit sur PIB peut au mieux servir d’indication, de jauge: il situe un ordre de grandeur, il soupèse une ampleur, et fournit une idée – mais guère plus – immédiate, intuitive de la dérive. Mais en aucun cas il n’a titre à servir de boussole; il ne mesure rien: il n’est pas un critère. Seule a valeur une analyse raisonnée de la capacité de remboursement, c’est à dire une analyse de solvabilité: n’importe quel banquier (ou n’importe quel marché, ce qui revient au même) vous le dira.


     Certes; mais la question politique – politique, et non économique – demeure: comment transmuter le plomb d’une analyse raisonnée de solvabilité en l’or apparent d’une règle sonore, frappante, qui puisse être un mot d’ordre? C’est, dans son prosaïsme, la question qui se pose à nous, et l’impossible auquel nous nous heurtons, en ce soir de juin 81.


     Fabriquer une norme

     

    Pressés, en mal d’idée, mais conscients du garant de sérieux qu’apporte l’exhibition du PIB et de l’emprise que sur tout esprit un peu, mais pas trop, frotté d’économie exerce sa présence, nous fabriquons donc le ratio élémentaire déficit sur PIB, objet bien rond, jolie chimère (au sens premier du mot), conscients tout de même de faire, assez couverts par le statut que nous confèrent nos études, un peu joujou avec notre boîte à outil. Mais nous n’avons pas mieux. Ce sera ce ratio. Reste à le flanquer d’un taux. C’est affaire d’une seconde. Nous regardons quelle est la plus récente prévision de PIB projetée par l’INSEE pour 1982. Nous faisons entrer dans notre calculette le spectre des 100 milliards de déficit qui bouge sur notre bureau pour le budget en préparation. Le rapport des deux n’est pas loin de donner 3%.

     

    C’est bien, 3% ; ça n’a pas d’autre fondement que celui des circonstances, mais c’est bien. 1% serait maigre, et de toute façon insoutenable: on sait qu’on est déjà largement au-delà, et qu’en éclats a volé magistralement ce seuil. 2% serait, en ces heures ardentes, inacceptablement contraignant, et donc vain; et puis, comment dire, on sent que ce chiffre, 2% du PIB, aurait quelque chose de plat, et presque de fabriqué. Tandis que trois est un chiffre solide; il a derrière lui d’illustres précédents (dont certains qu’on vénère). Surtout, sur la route des 100 milliards de francs de déficit, il marque la dernière frontière que nous sommes capables de concevoir (autre qu’en temps de guerre) à l’aune des déficits d’où nous venons et qui ont forgé notre horizon.


     Nous remontons chez Bilger avec notre 3% du PIB, dont nous sommes heureux, sans aller jusqu’à en être fiers. Et lui faisant valoir que, vu l’heure (ça, on ne le lui dit pas) et foi d’économistes, c’est ce qu’actuellement nous avons de plus sérieux, de plus fondé en magasin. En tout cas de plus présentable. Puis nous rentrons chez nous, vaquer. On sait ce qu’il en est advenu.


     L’envol du 3%


     Le Franc très vite plonge. Il faut écoper le vaisseau. Mitterrand déleste le budget 1982, en cours de finition (on le présente en septembre), du déficit de 120 milliards où il se propulsait jusqu’à celui de 95 milliards qui sera annoncé, soit bien visiblement moins que le seuil symbolique – chiffon… rouge pour marchés en émoi – des 100 milliards de francs (nos 3% du PIB). Et c’est en août que Fabius, prince soyeux du verbe, pour la première fois dans toute l’histoire de la langue publique universelle (car nul encore nulle part, serait-ce à l’étranger, n’a jamais avancé ce ratio), réfère le déficit au PIB – pour le rendre bénin sans doute, et couvrir sa rudesse d’une gaze savante: car enfin, ces 2,6% du PIB qu’il cite aux journalistes sans s’y appesantir, presque comme en passant, comme une chose qui serait dans les mœurs, et du moins ne saurait inquiéter qui a fait des études et sait de quoi il parle, ces 2,6%, que pèsent-ils au fond, sinon le poids d’une pincée de PIB? – et non la centaine de milliards de francs que rajoutés aux autres il faudra un jour, avant la fin des temps, ou avant la faillite, par l’impôt rembourser.


     Mais l’automne déjà, ses bourrasques; et le Franc balayé avec les premières feuilles: il faut dévaluer (dans la govlangue on dit « réajuster »), non sans avoir âprement négocié, négocié et plaidé, comme de juste, comme chaque fois, avec l’Allemagne – l’Allemagne au mark toujours trop fort, à l’inflation trop faible, à l’industrie trop fiable, l’Allemagne, ce modèle irritant et exténuant voisin qui construit sa confiance, interne et externe, comme ses machines-outils et comme ses berlines, sur le long terme, et sans désemparer, sans versatilité, unanime à ne pas tolérer que quiconque jamais y porte une ébréchure, tandis que nous changeons de pied, désunis, impatients et fragiles, plus inquiets d’affirmer une autorité que de faire autorité, plus sensibles à l’effet produit sur le théâtre de l’intelligence qu’à l’effort soutenu dans l’avancée commune.

     

    Dans le combat des influences qui se joue cet automne, Delors reprend la main. Il ose parler de pause (un spectre hante la gauche, celui de Blum en février 37 demandant « une pause nécessaire dans la montée des finances publiques… »). Et il est le premier à faire expressément savoir que le déficit ne doit plus franchir les 3% du PIB, et cela pour l’ensemble des comptes publics (il sera bien le seul à être aussi strict, et précis, et complet). Fabius ne saurait lui abandonner cette paternité, qui est un empiètement et une dépossession. Et d’affirmer hautement, trois semaines plus tard: « Pour le budget, j’ai toujours posé comme règle que le déficit n’était acceptable qu’à condition de ne pas dépasser un montant raisonnable, de l’ordre de 3% du PIB ».


     

    Ici, une station s’impose: ainsi viennent de naître, et, pire, d’infiltrer les esprits comme un contaminant, les notions de « déficit acceptable » et de « montant raisonnable »: tomber en très lourd déficit, cela ne s’analyse qu’en référence à l’année dont on parle et non au parcours d’endettement sur lequel on s’inscrit, et, ainsi myopement circonscrit, ce n’est plus un défaut de ressources qu’il faudra, au plus vite, remonter, c’est un acte par nature conforme à la raison, aux Lumières pour un peu, mais à la condition, bien entendu, car on est aussi l’ennemi pondéré de tout ce qui est excès, qu’on ne rajoute guère à tout ce qu’on doit déjà que, bah, bon an mal an, une centaine de milliards – acceptable, raisonnable… superbes déplacements du sens: ou ce que la langue assouplie à l’ENA fait de la rhétorique d’Ulm.

     

    Dès lors dans les déclarations – Fabius, Delors, Mauroy – le 3% du PIB revient comme une antienne. Il est le phare qui balise la route (quand il n’est guère que le quinquet qui suit la descente à la dette). Tandis que les attaques contre le Franc reprennent de plus belle, et que la préparation du budget 83, sous la pression énervée des ministres, livre des premiers scénarios assez époustouflants (à son plus haut le décompte produit un déficit de 210 milliards de francs), le 3% du PIB, désormais bien en selle, devient le marqueur proclamé, martelé, d’une « politique maîtrisée des finances publiques » – en somme, on peut dévaler la pente de l’endettement sur un cheval qu’on cravache, mais à la condition, raisonnable, qu’il ne s’emballe pas. Le petit calcul discutable, mais malin, et tout de circonstance que nous avons commis un soir d’il y a quelques mois est maintenant devenu une norme publique, qui vaut principe, affiché, assumé, presque revendiqué, pour la conduite du gouvernement. Assurément, un succès assez rare.

     

    Ce calcul, ce principe, il lui reste à recevoir encore, par les voies les plus solennelles, l’onction du Président. C’est chose faite le 9 juin 1982 (après qu’on a durant tout le printemps, venus de l’Elysée, trouvé dans les journaux les mots “directive donnée de 3% du PIB”, “consigne impérative de 3% du PIB”); lors de sa seconde conférence de presse du septennat, le Président dans son intervention liminaire déclare: “Le déficit est d’environ 3% et il ne faut pas qu’il dépasse ce pourcentage appliqué au produit intérieur brut. J’attends du gouvernement qu’il respecte – je n’ai pas lieu d’en douter sachant l’engagement du gouvernement tout entier – ce plafond de 3% et pas davantage.” (… sachant l’engagement du gouvernement tout entier : on imagine qu’un ange – armé d’un coupe-coupe budgétaire -, fors Delors, sur les ministres passe).


     Le processus d’acculturation est maintenant achevé; on a réussi à déporter le curseur: ce qui est raisonnable, ce n’est pas de voir dans le déficit un accident, peut-être nécessaire, mais qu’il faut corriger sans délai comme on soigne une blessure; non, ce qui est décrété raisonnable c’est d’ajouter chaque année à la dette seulement une centaine de milliards (en francs 1982). C’est cela, désormais, qu’on appelle “maîtrise”: en dessous de 3% du PIB, dors tranquille citoyen, la dette se dilate, mais il ne se passe rien – quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, dit le proverbe chinois; quand le sage montre l’endettement, l’incompétent diplômé regarde le 3% du PIB.

     

    Extension du domaine du ratio

     

    Puis un jour le traité de Maastricht parut sur le métier. Ce 3%, on l’avait sous la main, c’est une commodité; en France on en usait, pensez! Chiffre d’expert ! Il passe donc à l’Europe; et de là, pour un peu, il s’étendrait au monde.


     Sans aucun contenu, et fruit des circonstances, d’un calcul à la demande monté faute de mieux un soir dans un bureau, le voilà paradigme: sur lui on ne s’interroge plus, il tombe sous le sens (à vrai dire très en dessous), c’est un critère vrai. Construction contingente du discours, autorité de la parole savante, l’évidence comme leurre ou le bocal de verre (celui dans lequel on s’agite, et parade, sans en voir les parois): Michel Foucault aurait adoré.

     

    Parfois lorsque j’entends, repris comme un mantra, le 3% du PIB, je m’amuse de ce trois que nous avons choisi. Me revient le souvenir du numéro deus impare gaudet – le nombre impair plaît à la divinité – qu’on trouve dans Virgile. Et la traduction qu’en donne Gide dans Paludes: le nombre deux se réjouit d’être impair. Et il a bien raison, ajoute Gide.


     Le 3% du PIB se réjouit d’être critère… Et il a bien raison.


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  • Comment Goldman Sachs, petite maison de courtage fondée en 1869 par un immigré allemand, est-elle devenue la banque d'affaires la plus puissante du monde ? La première chose que l'on apprend chez Goldman Sachs c'est que l'on ne doit pas parler de Goldman Sachs. Les anciens ont peur, les stagiaires se cachent. Depuis décembre 2006, les banquiers de Goldman Sachs savaient qu'une crise financière se préparait et ont largement tiré profit de cette précieuse information. Les Américains, eux, en ont subi les conséquences et commencent à se réveiller. Ce plongeon au coeur de l'une des plus grandes institutions de Wall Street permet de lever le voile sur les méthodes de la finance mondiale.



    Comment changer la planète sans soigner le cancer qui la gangrène? La Goldman Sachs est un des axes du mal sur cette planète, à l’origine du krach de 1929, à l’origine également de cette crise mondiale, et responsable directe de l’état financier de l’Europe! Qui va réagir? Personne, la banque en question contrôle tout, est implantée partout, et sera responsable de l’avenir!

     

    USA 135

     

    © inconnu


    Tour Goldman Sachs au New Jersey

     

    Ils manipulent le monde, le cours du zinc et de l’aluminium, et pourquoi pas celui de l’or ? Nous vous présentons ce reportage édifiant d’un monstre qui était à la base au service du bien public et qui est devenu un monstre boulimique de capitaux. Humanistes s’abstenir !


     

    Le reportage diffusé sur Canal Plus en novembre 2011 est édifiant. Il raconte, interviews à l’appui, l’ascension et la dégénérescence d’une banque multinationale échappant à tout contrôle. Nous l’évoquions déjà dans notre dossier sur Le rôle des banques.


    On parle de réguler les marchés ? De moraliser les banquiers ? Mais « les banquiers de Goldman Sachs sont malins, ils sont issus des meilleures écoles du pays et sont très habiles à contourner les nouvelles règlementations », confie la première journaliste interviewée.

     

    Jusqu’aux années 80, Goldman Sachs était une banque responsable, sérieuse, la bonne banque de famille à qui l’on pouvait laisser « dormir » son or et ses liquidités. Puis dans les années 90, la machine s’est emballée, sous l’impulsion ultra libérale d’un Reagan à la tête des Etats-Unis.

     

    Dans son blog « Naked Capitalism », Susan Weber (alias Yves Smith), une ancienne de la « pieuvre » y dénonce les changements du système bancaire dans les années 80. Les évènements ayant contribué au changement d’une simple banque en monstre sont de deux ordres. Dans les années 90, le marché du crédit devint plus important, plus risqué, plus profitable, plus rentable. D’autre part, le marché des produits financiers dérivés s’est développé et est devenu énorme. Un monstre est né.

     

    « Un renard pour surveiller le poulailler »

     

    John Cassidy, journaliste économique balance pêle-mêle : « Les grandes banques françaises ou allemandes ont créé des filiales qui ressemblent à tout point de vue à Goldman Sachs. Ce sont des casinos dissimulés à l’intérieur de banques à l’ancienne (…).Goldman Sachs conseillerait à ses clients de parier sur l’écroulement financier de l’Europe ». Un député européen vend aussi la mèche : « Goldman Sachs parie sur l’évolution des prix. Ils gagnent à chaque fois car ils font varier les prix en question, l’opacité totale des marchés leur permet ça. On est en train de créer + de risques qu’il n’en supprime ».

     

    La manipulation des cours est rendue facile par des échanges ultra rapides avec des logiciels ultra rapides. Nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe dans ces échanges à haute vitesse.

     

    Une des constatations les plus cyniques de ce reportage est qu’il est beaucoup plus rentable de détruire l’économie que de la soutenir. Alors comment peut-on espérer une sortie de crise, ou ne serait-ce qu’une amélioration économique en 2012 ? L’avenir sera beau pour les banques, mais les particuliers eux ont intérêt à placer leurs économies dans des valeurs sûres comme l’or, s’ils ne veulent pas les voir absorbées par l’hypoglycémie permanente des banques.

     

    « Nous ne vivons pas en démocratie mais dans un système totalitariste inversé ».

     

    Source: Sott.net


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  • Nicolas Sarkozy, Zorro des temps modernes volant au secours des pauvres grâce à l'adoption prochaine d'une taxe sur les transactions financières? La dernière histoire en date racontée par Henri Guaino, le Bernardo du président de la République, vient d'être démasquée par ATTAC.

    L'association porteuse de la taxe Tobin ne croit pas en la mise en place d'une taxation des transactions financières "avant la fin janvier" pour "montrer l'exemple", comme l'a soutenu sur BFM TV ce vendredi matin le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Et ce d'autant plus que la France ne serait pas suivie par Berlin et Rome, qui veulent une solution européenne. "De qui se moque le gouvernement? Il y a à peine un mois le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, s’opposait au vote par le Sénat d’une telle taxe, estimant que la France "ne peut légiférer seule" car ce serait "contre-productif" et cela "nuirait à la place financière de Paris"."

    Annonce purement opportuniste

    Dans son communiqué, Attac France dénonce les "envolées lyriques sur la taxe Tobin" dans les discours du chef de l'Etat depuis deux ans. "Cette annonce est purement opportuniste: elle ne vise qu’à atténuer l’effet désastreux de l’annonce de la TVA « sociale », dont chacun sait qu’elle frappera d’abord les couches populaires. Elle manque totalement de crédibilité: contrairement à ce qui se fait toujours avant d’introduire un nouvel impôt, tout indique que Bercy n’a mené aucune étude sérieuse de faisabilité pour préparer la mise en place d’une telle taxe au plan français."

    Sarkozy supprime l'impôt de bourse en 2008

    L'association pointe le double langage de Nicolas Sarkozy. D'un côté de belles promesses. De l'autre, des mesures, "réformes fiscales, réforme des retraites, sauvetage des banques sans contrepartie, casse des services publics…" qui "montrent qu’il gouverne pour la finance. Rappelons également que Nicolas Sarkozy a supprimé en 2008 l'impôt de bourse, qui taxait à la Bourse de Paris les transactions sur actions au taux de 0,3%. Nicolas Sarkozy joue donc de façon indécente avec le symbole de la taxe Tobin pour tenter de redresser son image de Président des riches. La manipulation politique est trop grossière pour que les citoyens se laissent abuser."

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  • La création et le contrôle de la banque centrale européenne

     

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    Ce document est certainement connu de plusieurs d’entre vous, mais il sera de fait certainement utile à plusieurs visiteurs pour mieux comprendre à la fois le pourquoi la crise évolue aujourd’hui dans le sens d’un chaos de la société occidentale, de la préparation des esprits, par Hollywood, d’une grave crise financière, économique et sociale pour 2012, et de la fin du bail de la Réserve fédérale le 21 décembre 2012.


     

    « En 1913 un groupe de banquiers internationaux se réunit d’urgence sur l’île de Jekyll (Géorgie, Etats-Unis). Pour cette réunion secrète, tous les habitants de l’île avaient été évacués. Des gardes empêchèrent les non invités pour le temps que dura la Conférence. Par la suite on apprit que, à cette occasion, le « Gouvernement Invisible » du monde occidental avait décidé l’institution du Federal Reserve Bank (l’actuelle Banque centrale américaine) qui devait enlever au gouvernement américain et au Congrès leur pouvoir sur l’émission de la monnaie et du crédit ; en cette même occasion, l’orientation de la guerre déjà décidée (1914-1918) avait été aussi arrêtée ». (Unité National de Montréal – Juin Juillet 1957)

     

    Europe 35

     

    Parmi les objectifs de cette guerre figurait, bien évidemment, la destruction de l’Autriche-Hongrie, puissance catholique, l’élimination de la dynastie des Hohenzollern, mais aussi la création de nouveaux Etats en Europe centrale, ainsi que la révolution russe.


     

    Des centaines de millions d’hommes allaient payer un lourd tribu humain et financier à la suite de cette réunion. Et ce n’est pas fini puisqu’après avoir contraint les nations à s’engager dans deux guerres mondiales pour accaparer le Pouvoir mondial, les descendants de ces personnages, complotent aujourd’hui le chaos qui doit maintenant être généré « à partir » de l’attentat du 11 septembre 2001, comme nous l’analysions dans l’ouvrage Attentats du 11 septembre 2001 – A qui profite le crime ? Mais, pour le moment, revenons à ce qui s’est passé et voyons la portée de cette réunion sur les événements du XXème siècle. Et pour cela, nous citerons Edward Griffin, auteur d’un livre très intéressant La créature de l’île de Jekyll.


     

    « Le titre du livre, La créature de l’île Jekyll, en dit long sur le contenu de ma présentation. L’île Jekyll existe vraiment. Elle se situe au large de la côte de la Géorgie. Le système de la Réserve fédérale fut conçu sur cette île, en 1910, lors d’une réunion ultrasecrète. Lorsqu’on opère en secret, on cache habituellement quelque chose. Tout ce dont je vous entretiendrai fut mis par écrit. En 1910, un petit groupe de millionnaires de New-York, dont J.P. Morgan, William Rockefeller et leurs associés, possédait l’île Jekyll en totalité. Leurs familles venaient y passer les mois d’hiver. L’île servait de lieu de vacances et on l’appelait le Club de l’île Jekyll. Depuis, l’Etat de la Géorgie a acheté l’île. On y trouve un pavillon où se trouve une pièce spéciale. Sur la plaque de laiton fixée à la porte de cette salle, on peut lire : « le système de la Réserve fédérale fut créé dans cette pièce ». On peut accéder à ces informations dans les bibliothèques.


     

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    En novembre 1910, le sénateur Nelson Aldrich envoya son train privé à une station de chemin de fer du New-Jersey, tard le soir. Le train était prêt à le recevoir ainsi que six autres hommes qui venaient à la condition ultime de n’en souffler mot à personne. […] Le train privé voyagea pendant deux nuits et une journée, parcourant mille milles, jusqu’à une voie d’évitement située à Brunswick, Géorgie.


     

    A partir de là, nos voyageurs prirent un traversier jusqu’à l’île Jekyll. Pendant neuf jours, ils restèrent autour de la table du pavillon et éclaircirent tous les points importants de ce qui allait devenir le système de la Réserve fédérale. Lorsqu’ils eurent terminé, ils retournèrent à New York et nièrent une telle réunion pendant un certain nombre d’années. […]


     

    […] Qui étaient ces hommes ? Le sénateur Nelson Aldrich, chef de file républicain du Sénat (membre de la Commission monétaire nationale -ce comité spécial du Congrès, créé dans le but d’émettre des recommandations relatives à la réforme législative des opérations bancaires d’Amérique). Même à cette époque, les Américains s’inquiétaient de laisser tout le pouvoir financier entre les mains d’un petit groupe de banques et de sociétés de placement new-yorkaises. Ils l’appelaient la Fiducie monétaire (le Money Trust). Les citoyens voulaient mettre un terme à l’empire de cette dernière. […] Toutefois, le sénateur entretenait une relation commerciale avec l’homme d’affaires J.P. Morgan. Ce dernier était le beau-père de John D. Rockefeller fils et devint par conséquent, le grand-père de Nelson Rockefeller, ancien vice-président des Etats-Unis.


     

    Le deuxième homme présent à la réunion se nommait Abraham Piat Andrews, le secrétaire-assistant du Trésor américain. Plus tard, il devint un membre du Congrès et fut, tout au long de sa carrière, un homme très influent au niveau des milieux bancaires.


     

    Europe 37

     

    Le troisième homme s’appelait Frank Vanderlip, le président de la National Bank de New York. Benjamin Strong, le directeur général de la J. P. Morgan’s Bankers Trust Company, y assistait également. Il était probablement l’homme le plus important en ces lieux grâce à ses connaissances bancaires européennes. Allemand de souche, il se fit naturaliser citoyen américain. En plus, il entretenait des liens étroits avec son frère Max, le directeur en chef du consortium bancaire Warburg en Allemagne et aux Pays-Bas. Paul Warburg était l’un des hommes les plus riches du mondeCes sept hommes qui se trouvaient sur l’île Jekyll, représentaient à eux seuls en ce temps, directement et indirectement, approximativement un quart de la richesse planétaire globale.


     

    Voici comment tout cela s’est vraiment déroulé. Frank Vanderlip affirma dans un article du Saturday Evening Post du 9 février 1935 : « Je ne crois pas exagérer en considérant notre expédition secrète sur l’île Jekyll comme une occasion en or de créer ce qui devint le système de la Réserve fédérale, et ce, même si le mot d’ordre voulait que l’on garde ce fait le plus secret possible. […] Nos noms réunis auraient pu à eux seuls donner une toute autre portée à notre expédition, tant à Washington, qu’à la Bourse de New-York ou même à Londres. Il ne fallait tout simplement pas que l’on nous découvre. »


    Pourquoi ?


     

    Vanderlip donne une réponse à cette question dans le même article : « Eventer le secret du rassemblement de notre groupe en particulier et de nos travaux, équivalaient à anéantir toutes chances que le Congrès vote la Loi sur le comportement des banques. » Pourquoi ? Parce que le but de cette loi consistait à mettre un terme à l’empire de la Fiducie monétaire et croyez-le ou non, cette loi avait été écrite par les membres mêmes de la Fiducie monétaire. C’est aussi simple que cela. Si le public avait eu connaissance de cette réunion, le système de la Réserve fédérale n’aurait jamais vu le jour. […]


     

    […] Ici, nous avons les Morgan, les Rockefeller, les Warburg et ainsi de suite, tous assis à discuter autour d’une table.


     

    […] Cette transition se produisit à cette période de l’histoire. Pendant les quinze années qui ont précédé le rassemblement sur l’île Jekyll, les groupes financiers de toutes les industries s’étaient progressivement associés en joint-ventures au lieu de se concurrencer mutuellement. Ils s’étaient rendu compte que cela fonctionnait. […] Nous verrons d’ailleurs qu’il ne s’agit aucunement d’une organisation gouvernementale. Il s’agit d’un CARTEL !


     

    Ils ont créé un CARTEL bancaire et l’ont rendu légal, conformément à la loi. Personne n’apprendra cela à l’école. Un troisième élément s’ajoute à cette histoire : ce CARTEL s’est associé au gouvernement.


     

    Lorsque l’on forme un partenariat, toutes les parties doivent profiter de certains avantages. Qu’est-ce que le gouvernement gagne avec tout cela ? Examinons ensemble par quel mécanisme le gouvernement fédéral crée l’argent. Comment est-ce que l’argent voit le jour ? […]


     

    […] Le Congrès a besoin d’argent et en quantité beaucoup plus importante que ce qu’il perçoit en impôts. Les impôts représentent une fraction de ce que le Congrès requiert pour fonctionner. Comment peut-il dépenser plus que ce qu’il touche en impôts ? Etudions son mode de fonctionnement… Supposons que le Congrès ait besoin d’un milliard de dollars pour payer les dépenses du jour. […] Puis, le Congrès passe par l’imprimerie non pas pour faire imprimer de l’argent, mais plutôt des certificats. De beaux billets où apparaissent, dans la partie supérieure, un aigle et la mention : Bon du Trésor des Etats-Unis (billet ou promesse, suivant la date d’échéance). En fait, ce sont des reconnaissances de dettes et le Congrès espère qu’elles inciteront les gens à emprunter au gouvernement en retour. Plusieurs personnes le font parce qu’elles ont entendu dire qu’il s’agit de l’un des meilleurs investissements à faire. […] Cela signifie que le gouvernement s’engage solennellement à vous rendre votre argent avec des intérêts, même s’il doit vous prendre tout ce que vous possédez en impôts pour y arriver.


     

    Europe 38

     

    Puis, les représentants du Congrès et du Trésor se rendent ensemble jusqu’à l’immeuble de la Réserve fédérale. La Fed les attend. Elle rédige immédiatement un chèque d’un milliard de dollars au Trésor des Etats-Unis. Qui a payé ce milliard de dollars ? La réponse : il n’existe pas. Il n’y a même pas de compte de chèques, seulement un livret. De l’argent instantané. […] Le gouvernement peut ainsi accéder instantanément au montant d’argent qu’il désire et au moment qu’il le souhaite, sans avoir besoin de demander l’approbation des contribuables sous forme d’impôt direct. […] Le gouvernement fait partie de ce partenariat pour cette raison. Toutefois, on peut se demander pourquoi le CARTEL bancaire y participe également.


     

    Le CARTEL bancaire est impliqué dans ce partenariat parce que le trésorier-payeur général prendra le chèque d’un milliard de dollars et le déposera dans le compte de chèque du gouvernement qui se trouve à la Réserve fédérale. A ce moment, l’ordinateur indiquera que le compte du gouvernement contient un milliard de dollars instantanés. Cela signifie qu’à partir de cet instant, le gouvernement peut émettre des chèques gouvernementaux d’un montant égal. Prenez l’exemple d’un chèque de 100$ libellé au nom d’un employé des postes. Cette personne ne croirait pas que cet argent n’existait pas deux jours plus tôt. D’ailleurs, elle ne s’en soucierait pas puisqu’elle peut le dépenser. L’argent se trouve maintenant ailleurs qu’à la Fed ou qu’entre les mains des partenaires du gouvernement, c’est-à-dire du côté bancaire commercial. Le banquier se dirige alors vers la fenêtre des prêts et annonce : ”Puis-je avoir votre attention s.v.p.? Nous avons de l’argent à prêter.” Maintenant, tout le monde est heureux et pourtant, chacun d’entre eux ressent de l’inquiétude face au maigre montant de 100$. Alors, le banquier les rassure en disant de ne pas s’inquiéter parce qu’il peut leur prêter 900$. Comment est-ce possible?


     

    Comment est-ce que les banques peuvent prêter un montant de 900$ alors que la somme déposée n’était que de 100$ ?


     

    Voici la réponse.


     

    Le système de la Réserve fédérale exige des banques qu’elles gardent en réserve au moins 10% des dépôts effectués. Elles doivent conserver $10 par tranche de 100$ et prêter la différence, soit 90$. Puis, dès qu’un citoyen emprunte ce 90$ et le dépose dans son compte de chèques, le même cercle vicieux recommence et ainsi de suite.


     

    D’où venait tout cet argent ?


     

    La réponse est la même : l’argent n’existait pas. Il est apparu au moment précis où quelqu’un fit l’emprunt. Rappelez-vous. L’argent créé à partir de rien et remis au gouvernement, a été dépensé par ce dernier pour réaliser ses projets. D’autre part, les banques n’ont pas dépensé l’argent créé à partir de rien pour elles, elles nous l’ont plutôt prêté afin que nous réalisions nos projets. Toutefois, elles perçoivent de l’intérêt sur les prêts ! C’est la raison pour laquelle le CARTEL bancaire est partenaire dans cette affaire. Tout cela est légal. On charge de l’intérêt sur rien. Cependant, le processus ne s’arrête pas là.


     

    Europe 39

     

     

    Quelles en sont les conséquences ?


     

    Cet argent créé à partir de rien se retrouve dans le système économique et ces nouveaux dollars diminuent la valeur de ceux qui y circulent déjà. On peut comparer ce phénomène au principe de délaiement de la soupe. Lorsqu’une soupe est trop épaisse, on y ajoute de l’eau pour la diluer. Les prix commencent alors à augmenter et l’inflation s’abat sur l’économie. En fait, contre toute apparence, on a l’impression que les prix augmentent. Et le mot apparence est juste. En théorie, les prix n’augmentent pas. En réalité, la valeur des dollars diminue. Si l’argent des Américains valait le prix de l’or, de l’argent ou d’un tout autre effet de commerce tangible et qu’il n’ait pas été créé à partir de rien, les prix resteraient fixes. […]


    […] Depuis la création de la Réserve fédérale, nous vivons dans un cycle économique en dents de scie. Si vous ne pouvez effectuer vos paiements, les banques vous prennent tout. Ceux qui profitent de votre perte et qui achètent le pouvoir sont le gouvernement et les Cartels Bancaires.


     

    Pour résumer la situation, voici la vérité au sujet de l’argent : soulignons et comprenons d’abord l’importance de certaines réalités fondamentales de notre système bancaire et monétaire. Tout l’argent que les banques émettent et font circuler est produit sous forme de prêt. Cet argent comporte donc un coût, c’est-à-dire de l’intérêt. Lorsque les gouvernements permettent aux banques d’émettre la masse monétaire d’un pays, ils doivent percevoir des taxes afin que les banques puissent récolter de l’intérêt sur l’argent qu’elles ont créé. Cela dévalorise automatiquement les citoyens puisque les banques ne créent jamais d’argent pour payer l’intérêt imposé par l’utilisation de leur argent, mais seulement le principal. En conséquence, pour acquitter l’intérêt, on puise inévitablement dans l’actif du pays et des citoyens par des mécanismes tels que la création de dettes, les faillites et les forclusions. On prélève, de surcroît, des taxes à la source pour accélérer les processus. Une société qui admet et qui accepte que l’on utilise l’argent des banques plutôt que sa propre devise créée librement par elle expose inéluctablement ses citoyens au cycle économique des dépressions et au désarroi de la population.


     

    Europe 40

     

    […] Ce modèle de partenariat fut conçu en Europe, au 16e siècle. On l’expérimenta et le perfectionna éventuellement avec la formation de la Banque d’Angleterre en 1694. A partir de cette date, tous les gouvernements européens ont utilisé ce mode de fonctionnement. Bien entendu, ils ne l’ont pas appelé le mécanisme de Mandragore, mais plutôt la Banque centrale. Amener ce mode de procédé en Amérique exigeait qu’on le nomme différemment. Alors, après un long débat, ses créateurs, qui commencèrent par lui trouver le nom « Fédérale », parce que cela évoquait une opération gouvernementale, optèrent ensuite pour le mot « Réserve » afin que l’on croie à l’existence de réserves en un certain endroit. Enfin, ils ajoutèrent le mot « Système » parce qu’il semblait beaucoup plus important qu’il en a l’air aujourd’hui. Souvenez-vous de la première concentration new-yorkaise du pouvoir – ils devaient convaincre les Américains qu’ils créaient un système réunissant plusieurs banques et non une seule. Construire d’énormes édifices bancaires à travers le pays. Nous savons maintenant que ce que nous avons obtenu n’a rien de fédéral, que les réserves n’existent pas, qu’en réalité, le système ne répartit pas ses pouvoirs et que les Réserves fédérales ne sont pas des banques.


     

    Ils ont monté cette brillante manipulation de toute pièce puis l’ont vendue aux Américains. La première ébauche du projet de loi sur la Réserve fédérale s’appelait la Loi Aldrich (the Aldridge Bill) parce que le sénateur Aldrich lui accordait son appui. Paul Warburg lui déconseilla toutefois d’agir ainsi parce qu’à son avis, le Congrès voterait contre ce projet de loi étant donné qu’on identifiait trop souvent Aldrich à des grandes entreprises. Toutefois, l’ego du sénateur Aldrich était tellement gonflé qu’il présenta tout de même le projet de loi Aldrich au Congrès. Warburg avait raison. Le Congrès refusa de l’accepter. Ce fut un contretemps mineur. Ils retirèrent alors le nom d’Aldrich du projet de loi et trouvèrent quelques démocrates millionnaires (le parti ami des petits contribuables) afin que ceux-ci y apportent leur appui. Ces hommes s’appelaient Carter Glass, de la Chambre des représentants, et le sénateur Owen, un banquier lui-même très respecté au sein du Sénat. Puis, on changea le nom du projet de loi pour le Glass-Owen (the Glass-Owen Bill). Aldrich et Vanderlip commencèrent alors à répondre à des entrevues pour condamner le projet de loi… qu’ils avaient eux-mêmes écrit. Ils affirmaient que ce système ruinerait les banques et la nation. Le grand public se dit alors : « si les grands banquiers ne sont pas en faveur de ce projet de loi, il doit alors s’agir d’un très bon système. » Une grande déception planifiée ! Il va sans dire que l’on comprenait parfaitement le fonctionnement de la psychologie de masse. Pendant ce temps, les mêmes individus finançaient secrètement des messages pour louanger le nouveau projet de loi sur la Réserve fédérale. Ils donnèrent de l’argent aux universités. Ils établirent de nouveaux départements d’économie. Ils sélectionnèrent les professeurs et les directeurs de ces départements parmi leurs gens. Ces professeurs commencèrent à vanter les mérites de ce nouveau et merveilleux système. […]


     

    (…) La Loi fut adoptée majoritairement le 22 décembre 1913, avec l’appui du Congrès et du public. La créature quitta finalement l’île Jekyll pour s’installer dans le district fédéral de Washington.


     

    […] Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale affirme qu’ils font cela pour aider les gens, pour stabiliser l’économie, afin que le peuple américain n’ait pas à subir une inflation démesurée ! Depuis sa création, la Réserve fédérale a présidé les Krachs de 1921 et 1929, la Grande dépression de 1929-1939, les récessions des années 53, 57, 69, 75 et 81 et le lundi noir de 1987, où 22% des valeurs totales de la Bourse chutèrent en une journée. Nous savons tous que la dette des entreprises monte en flèche, que les dettes personnelles s’accroissent démesurément. Les faillites d’entreprises et personnelles n’ont jamais été si nombreuses. Les banques et les sociétés de crédit immobilier n’ont jamais essuyé un si grand nombre d’échecs. L’intérêt sur la dette nationale ronge la moitié de nos dollars imposés. L’industrie lourde est maintenant presque entièrement remplacée par des compétiteurs outre-mer. Pour la première fois dans l’histoire, nous faisons face à une balance commerciale internationale déficitaire. Des étrangers possèdent maintenant 75% du quartier centre de Los Angeles et des autres régions métropolitaines. Plus de la moitié de la nation est officiellement en récession. Voici les résultats scolaires obtenus par le système de la Réserve fédérale après 80 années d’une prétendue stabilisation de notre économie. La Fed n’a pas atteint ses objectifs.


     

    Pourquoi ? Parce qu’à mon avis, ces derniers n’ont jamais été ses buts réels!


     

    Quels sont les véritables objectifs de la Fed ?


     

    Quels buts réels un CARTEL quelconque peut-il viser? Tous deux cherchent à accroître les marges bénéficiaires des membres et à stabiliser leur situation sur le marché. En gardant cela à l’esprit, une image différente s’offre maintenant à nos yeux. Ils remportent un grand succès. Les banquiers de l’île Jekyll voulaient atteindre trois objectifs :


     

    1- Mettre un terme à l’éparpillement de leur pouvoir pour le concentrer à New-York. (…)

    2- Renverser la tendance de ce qu’ils appelaient la formation du capital privé. Ils ne voulaient pas que les individus dépensent leur propre argent. Ils désiraient que tout le monde aille à la Banque pour se procurer de l’argent. En début de siècle, la formation de capital privé tendait à s’établir et plus particulièrement en affaires. Les entreprises investissaient certains de leurs profits dans un fonds. Ce capital prenait de la valeur, puis les dirigeants de ces entreprises utilisaient leur propre argent pour construire des usines, organiser la recherche et le développement ou pour faire quoi que ce soit d’autre. Les banques n’appréciaient pas cette tendance. Elles voulaient inciter les entreprises à recommencer à emprunter leur argent. […]

    3- Transférer les pertes inévitables des banques aux contribuables au nom de la protection des gens. Ceux-ci sont les véritables objectifs de la Réserve fédérale.


     

    Quel fut le bilan de cette « opération » ?


     

    1- Ont-ils réussi à garder le contrôle en ce qui a trait aux grandes banques new-yorkaises ? Oui !

    2- A-t-elle réussi à renverser la tendance à former du capital privé ? Oui ! La réduction des taux d’intérêt durant certaines périodes allécha les individus et les entreprises à un point tel qu’il eût été fou de ne pas en tirer profit. Pourquoi économiser votre argent ? C’est stupide ! Alors, ces derniers se ruèrent dans les banques et empruntèrent considérablement. Puis, l’économie vacilla. Par conséquent, ils ne purent rembourser leurs dettes et durent déclarer faillite.(…) Une fois encore, la Réserve fédérale obtient un « A »  grâce à sa devise souple. Elle est parvenue à renverser la tendance de la capitalisation privée.

    3- Transférer les pertes inévitables des banques aux contribuables au nom de la protection des gens. […] Des entreprises majeures telles la Penn Central Railroad and Lockheed Corporation en 1970, la Commonwealth Bank of Detroit en 1972, la ville de New York en 1975, la Chrysler Corporation 1978, la First Pennsylvania Bank en 1980, la Continental Illinois, la plus importante banque à ce jour, en 1982 et de nombreux pays, qui n’arrivaient pas à effectuer les paiements auparavant, les font maintenant grâce à l’argent prêté par le Fonds monétaire international et laWorld Bank. Ces derniers ont obtenu cet argent de la Réserve fédérale qui l’a, elle, obtenu de vous et moi à travers le mécanisme de Mandragore.


     

    Comme dernier sujet de ce chapitre, nous aborderons le thème de l’usure. Qu’est-ce que l’usure ?


     

    Un intérêt de taux excessif. Autrefois (au temps biblique), on définissait l’usure comme un intérêt sur un prêt. Aujourd’hui, cela signifie intérêt excessif sur un prêt. Thomas Edison disait que les gens qui ne contribuaient en rien à un projet, en récoltaient plus d’argent que ceux qui y investissaient tout le travail et les matériaux. Je me suis imaginé que sur le prix d’une maison de 100.000$, 30.000$ serviraient à payer les frais de l’architecte, le terrain, les permis, etc. Le reste de l’argent, soit 70.000$, permettrait de payer les matériaux de construction et les travailleurs. J’ai supposé que l’acheteur irait à la banque pour déposer 20% du montant total et faire un emprunt sur 30 ans à un taux d’intérêt de 10%. En calculant tout cela, vous arriverez à la même conclusion que moi : l’acheteur payera plus de 172.741$ en intérêt à la banque, comparativement aux 70.000$ versés aux travailleurs. En d’autres termes, la banque gagnera 2,5 fois plus que les autres. Cet argent fut créé à partir de rien. Charger 172.741$ d’intérêt sur rien est excessif. Il est temps de donner une nouvelle définition au mot usure : tout intérêt chargé sur tout prêt d’argent créé à partir de rien. Cet exemple de maison de 100.000$ ne représente qu’un infime petit grain de sable dans le désert du Sahara. Vous devez multiplier ce procédé par toutes les maisons, tous les hôtels et les gratte-ciel, tous les avions à réaction, les automobiles, les usines, tous les entrepôts et sur toutes les fermes et leurs équipements de l’Amérique pour obtenir le montant récolté par les banques. On parle ici d’une rivière de richesses non gagnées et flottant continuellement à l’intérieur du CARTEL bancaire qui est tellement éparpillé qu’il nous est impossible à imaginer. La somme totale dépasse tout entendement. Cet argent devrait revenir à ceux qui travaillent pour le produire et non à ceux qui ont monté un extraordinaire racket !

     

    Où va cet argent?

     

    Lorsqu’on possède tout l’argent nécessaire pour s’offrir tous les petits plaisirs de la vie, que reste-t-il à acquérir ? Le POUVOIR !

     

    Les membres du CARTEL bancaire utilisent cette rivière de richesses pour se procurer le pouvoir à nos dépens. Ils achètent le monde avec cet argent. Ils contrôlent les sociétés et les institutions qui offrent leurs directions et leurs orientations à des gens qui dépendent, vivent et agissent en fonction de ces dernières. Sur le plan technique et en termes sociologiques, on les appelle des centres de pouvoirs. Ils achètent l’influence et le contrôle de leurs dirigeants. Ce qui signifie qu’ils achètent politiciens, partis politiques, réseaux de télévision, réseaux câblés, journaux, magazines, agences de publicité, agences de presse, studios cinématographiques, universités, syndicats de travailleurs, organismes religieux, associations commerciales, institutions à but non lucratif, sociétés multinationales, mouvements de scoutisme pour garçons et filles, et ainsi de suite. N’importe quel groupe qui exerce une influence constitue une cible parfaite pour accroître ce contrôle. Et plus précisément, ceux qui s’opposent à eux. Ce phénomène existe dans la plupart des pays industrialisés. Il est absolu dans plusieurs pays en voie de développement. Ils ont acheté ces pays. »

     

    Voilà la cause profonde de la grande misère du monde… et l’une des raisons majeures pour laquelle l’attentat du 11 septembre 2001, à New York, devait servir d’événement catalyseur pour une Troisième Guerre mondiale, comme il en fut de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, en juin 1914, pour la Première Guerre mondiale. Le système mis en place à l’issue de cette réunion sur l’île de Jekyll est en train de s’écrouler littéralement, comme l’a annoncé David Rockefeller en 1994…

     

    2012 verra donc bien cette « bonne crise majeure ».

     

    Source: liesi

    http://www.wikistrike.com/article-la-creation-et-le-controle-de-la-banque-centrale-europeenne-95771722.html


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  • par danielle Bleitrach (titre modifié par RC)

    Légende, le trés beau flm chinois : the city of death and life sur le massacre de nakin par l’armée japonaise

    La Chine et le Japon ont annoncé lundi avoir signé un accord pour utiliser leurs monnaies respectives au lieu du dollar dans leurs échanges commerciaux. C’est un événement d’une grande importance à la fois pour ce qu’il représente en matière d’évolution monétaire par rapport au primat de la monnaie de réserve qu’est le dollar mais aussi parce qu’il symbolise d’évolution politique entre les deux pays longtemps hostile l’un à l’autre à la fois à cause des atrocités commises par l’Armée japonaise en Chine et la manière dont le Japon, géant économique et nain politique (comme l’Allemagne) s’était placé sous la protection des Etats-Unis.

    Incontestablement la maivaise santé de l’économie nord américaine et l’incapacité dans laquelle celle-ci se trouve de maîtriser son système financier, la débâcle de l’Euro mais aussi le bellicisme sans moyen réels de tenir les pays que l’OTAN occupe, le fiasco irakien, la ridicule expédition de Libye et désormais les menaces sur la Syrie et L’Iran acentuent la crise de crédibilité face au dollar.

     Cette décision doit être replacée dans le contexte de la stratégie de la Chine en Asie où en pratiquant une politique régionale d’avantages mutuels et de non intervention dans les politiques locales, un respect des souveraineté et la création d’échanges systématiques mutuellement avantageux. la Chine a réussi dans cette zone non seulement à dénouer des conflits traditionnels avec le Japon mais aussi avec le Viet-Nam (encore plus difficiles à dénouer) mais encore à apparaître comme la force économiqur capable d’empêcher l’extension de la crise venue des Etats-Unis et de l’Europe.

    Cette décision se comprend d’ailleurs aussi par rapport à la crise de l’euro et le fait que les échanges commerciaux entre la Chine et ke Japon n’ont cessé de s’étendre, le Japon vendant plutôt les biens d’équipement, faisant donc des transferts de technologie et  la Chine des biens de consommation à des prix défiant toute concurrence. Jusqu’à présent les échanges étaient réglés en dollars et l’accord prévoit que désormais leurs entreprises préféreront le yen et le Yuan.

    Cet accord n’est pas le premier du genre, il y a deux ou trois mois un accord semblable a été signé avec la Russie et avec des banques centrales d’Asie et surtout sud-américaines où ils vont dans le sens voulu par Chavez de se dégager de l’impact du dollar, du FMI et de toutes les institutions qui consacrent la suprématie des Etats-Unis à travers sa capacité de monnaie de réserve. Mais le Japon est plus caractéristique dans la mesure où il s’agit là de l’allié traditionnel des Etats-Unis et Chine et Japon sont les deux pays ayant le plus de réserve d’obligations des EtatsUnis. Comme il n’existe pas de marché du yuan comme il existe un marché du dollar ou même de l’euro, le japon va accumuler des réserves sans que pour autant la Chine ait à changer la convertabilité de sa monnaie.
    Enfin il faut voir que la Chine peut agir ainsi sans faire monter le cours du Yuan en maitrisant le taux de leur monnaie (100 yuan font 15 dollars) parce que Pekin conserve le contrôle de sa monnaie, il s’agit d’un secteur tout à fait nationalisé et entrant dans un système de planification. La Chine ne veut pas l’hégémonie, elle veut pour elle et d’autres pays du sud échapper au fait que toutes les matières premières, énergétiques en particulier ont des prix fixés en dollars, une monnaie de facturation et de réglement,ce qui fait que quand un pays veut acheter du blé, du pétrole ou n’importe quoi il est obligé d’acheter du dollar pour payer la facture. Les etats-Unis n’ont qu’à faire agir la planche à billet que les autres pays doivent  acheter pour pratiquer les échanges et donc constituer des réserves.

     la CHine tente  donc avec l’accord d’un nombre grandissant de pays de changer le système en instituant un troc à l’échelle mondiale et en commençant à faire du yuan une monnaie de réserve tout en continuant à contrôler le taux du yuan et en empchant la baisse du dollar.  L’euro a raté par soumission aux Etats-Unis la possibilité qu’espérait de lui les pays du sud et les émergeants de sortir de la dictature du dollar, il est évident qu’aujourd’hui il n’est plus en état de présenter une alternative et la Chine avec le Yuan s’est glissé dans cette situation pour bouleverser la donne.

    J’avais écrit il y a quelques années les chapitres des Etats-Unis de Mal empire, ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud, dans lequel j’annonçais à la fois l’unification de l’Amérique latine et la manière dont la Chine est en train de permettre un changement mondial et de nouveau rapports sud-sud. Nous y sommes et la Chine est en train de fournir les moyens à ce renversement. tandis que l’Amérique latine a mis en place le CELAC qui est une grande étape dans l’indépendance de ce continent traditionnel lieu de ressources de matière première poir les Etats-unis.

    Nous franchisson un nouveau seuil dans l’évolution avec l’accord d’échange monétaire avec le Japon.  le phénomène extraordinaire est cette fois le changement japonais qui face à la crise transforme de fait sa relation aux Etats-unis et rentre dans ce qui peut paraître une nouvelle alliance.

    je signale également un autre événement important qui n’a pas manqué de provoquer l’intérêt de Pekin, les manoeuvres de la marine iranienne dans le détroit d’ormuz et de fait la menace de bloquer le détroit d’ormuz. pour ceux qui l’ignoreraient par le détroit transite 40 % de l’énergie mondiale et une bonne partie de l’énergie de la Chine et de l’Europe. le blocage du détroit d’ormuz cela peut faire monter le baril à deux cent euros et là il ne reste plus qu’à vivre de crèpes sur un feu de bois.

    Quand on élargit un peu son champ de vision on trouve d’un ridicule achevé les fanfaronnades de la france tout juste capable d’aller pilonner un petit pays de 6 millions d’habitants sans se rendre compte de ce qui est en train de se mettre en place à l’échelle mondiale. cela rend encore plus ridicules les réactions de la classe politique française face à la demande de prêt à la Chine comme si la Chine avait besoin de l’euro, Le ridicule en matière de vision de la Chine n’avait d’équivalent que l’unanimité à soutenir le bellicisme du président sarkozy et les folies otanesques. L’histoire jugera sévérement ce moment de décadence ubuesque des anciennes grandes puissances qui sont actuellement en guerre avec toute la planète qui semble marquer une volonté grandissante de les isoler.

    Danielle Bleitrach


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  • L’opération lancée par la BCE est un vrai triomphe… pour qui? Institutions supranationales et recomposition du capital

    Par Danielle Bleitrach

     

    Bleitrach 84

     L’opération de refinancement de 489 milliards d’Euros accordée aux banques a été un vrai triomphe. Les banques se sont précipités au guichet de la BCE avec enthousiasme; Il faut dire que rarement conditions ont été plus attractives: taux fixe de 1% et trois ans. Que peut-on en attendre ?

     

    La zone euro, une extraordinaire arnaque

    Vous avez compris je pense la logique du système, elle est la même depuis 2007, depuis la crise dite des subprimes qui avait débuté souvenez-vous en par une banque européenne, française,  la BNP… s’était amplifiée en 2008, avec la crise de la société Générale… Toujours des banques françaises. je rappelle à ceux qui l’auraient oublié que notre cher  pays a joué un rôle de pointe en matière usuraire grâce à deux dispositions, la première est la disposition prise en 1973 qui faisait passer tous les emprunts d’Etat par le goulet des banques et privait  la Banque de France de la gestion de notre propre monnaie. Nous avons défendu cette intéressante innovation et nous en avons fait la doctrine européenne, après nous pouvons toujours faire une crise de germanophobie. En oubliant complètement que nous avons imposé à l’Allemagne des critères tels qu’ils devaient nous assurer durablement une soumission de la dite Allemagne à l’Europe et qu’aujourd’hui Madame Merkel ne fait que renvoyer le carcan néolibéral que nous Français nous avons imposé à l’Europe.

     

    La seconde disposition est intervenue en 1981 avec les nationalisations (très chèrement payées) par Mitterrand à travers lesquelles on a opéré une restructuration du capital français qui s’est essentiellement spécialisé dans l’usure (avec le rachat des industries par l’Etat) et le privilège accordé à l’armement sous toutes ses formes. Entre les nationalisations, restructurations et privatisations, le tout aux frais du contribuable, on peut dire qu’à quelques exceptions près la plupart des milliardaires qui gravitent aujourd’hui autour de Sarkozy sont issus de l’ère Mitterrand. Comme l’on peut dire que durant la même période le capitalisme français s’est restructuré d’industriel, il est devenu financier…

     

    Sans perdre ce côté marchand de canons duquel dépendent les empires de presse… Ce qui nous assure une soumission quasi-totale à tous les bellicismes.

     

    Cette même presse ne cesse de nous effrayer avec la dette souveraine française qui aurait pris des proportions inouïes, ce qui est parfaitement exact mais ce qu’on oublie de vous décrire c’est le mécanisme par lequel on en est arrivé là: rien que la description précédente devrait vous aider à le comprendre, qu’il s’agisse de l’emprunt obligatoire auprès des banques que l’Etat achète à un taux d’intérêt de 3% alors qu’il s’agit de notre argent qu’on leur donne à 1% suffit à faire comprendre l’intérêt du système … pour les banquiers. Mais si vous ajoutez à cela que les dites banques françaises mais aussi allemandes se sont fait des choux gras selon le même système dans toute l’Europe avec des taux d’intérêt encore plus élevés vous mesurez à quel point cette zone euro a été un lieu d’arnaque pour les peuples alors même qu’on les invitait à la fête consumériste tout en faisant pression sur les services publics. Tout cela a fonctionné de la même manière pour les particuliers, on a fait pression sur les salaires et invité les citoyens consommateurs à compenser la faiblesse des salaires par l’endettement des ménages, au point que dès 2007, je notais dans un article de changement de société, avant la crise des subprimes qu’il y avait là un vrai problème puisque 20% des ménages français étaient surendettés. Même si l’épargne française (que l’on a tout fait pour réduire) créait un matelas qui aurait dû en bonne logique être utilisé pour la dette souveraine.

     

    Si vous ajoutez à cela le trou réel du budget français, les dépenses militaires et celles du nucléaire militaire (la France étant le quatrième budget militaire du monde), d’autant plus difficile à réduire que désormais on a tout restructuré, en particulier une masse d’emploi autour de ce secteur totalement occulte, vous commencez à comprendre que le gouffre de la dette souveraine n’est pas dû au désir de vivre mieux des Français comme on nous le répète à l’envie. Il faut encore en effet pour comprendre le système considérer à quel point de niches fiscales en niche fiscale il a pompé l’argent aux mêmes, en gros les couches moyennes et mêmes populaires (impôts indirects) et préservé les mêmes.

     

    L’Europe qui est le train fantôme du néo-libéralisme est encore venue aggraver le système… Au départ le couple franco-allemand a pu paraître bénéficiaire, l’Allemagne vendant sa production industrielle et la France ses armements et ses banquiers pratiquant le prêt usuraire. Déjà il suffit de comprendre que même le couple le mieux nanti est inégalement placé puisque l’un l’Allemagne emprunte à 1% et la France à 3% (notez que l’emprunt est obligatoire puisque ce ne sont plus les Etats qui ont une monnaie dont ils sont les maîtres). Mais l’inégalité est encore plus flagrante si on considère le commerce extérieur à l’intérieur de la zone euro et le fait que le système consiste à réprimer les endettements mais à refuser le partage des excès, alors que les uns sont liés aux autres. Donc nous sommes dans une zone monétaire qui n’a plus la maîtrise de sa monnaie et qui doit passer par des banques privées pour établir un budget, une zone qui sanctionne les déficits mais refuse le partage des excédents.

     

    Cette opération de refinancement des banques par la BCE n’est pas la première.


    Déjà le 26 octobre, cela avait été le dernier acte de J.-Cl. Trichet, une ligne de prêt avait été ouverte mais elle avait connu un faible succès puisque seules 181 banques s’étaient présentées au guichet pour un total limité à 56,9 milliards d’euros. Pourquoi une offre aussi généreuse avait-elle été boudée/ les Banques qui pratiquent sans problème le délit d’initié vu qu’elles ont désormais leurs hommes ou femmes à la tête des Etats et de l’Europe s’attendaient à une baisse des taux.  Ce qui est arrivé puisqu’un des fondés de pouvoir de Goldman et Sachs désormais à la présidence de la BCE,  Mario Draghi, a détricoté les deux tours de vis monétaires opérés par son illustre prédécesseur entre avril et juillet, lorsque le ciel européen semblait s’éclaircir, ramenant le loyer de l’argent de 1,5 % à 1 %. L’opération de mercredi remplaçait une adjudication à treize mois, une maturité qui était elle aussi inédite, et sera suivie d’un second LTRO à trois ans, le 29 février 2012.

     

    Goldman et Sachs: une illustration de la théorie des complots, en fait une reconcentration du capital


     Je rappelle pour ceux qui n’auraient pas suivi le film  que c’est Goldman et Sachs qui avait fait le rapport bidon qui a permis à la Grèce de rentrer dans la zone euro. Goldman et sachs est surnommé la firme et est quelquefois surnommée Government Sachs tant elle fournit de hauts dirigeants aux États dans le secteur politique, économique et financier : Mario Monti, nommé chef du gouvernement italien, Robert Rubin et Hank Paulson, anciens Secrétaire du Trésor des États-Unis, Loukás Papadímos, premier ministre grec par intérim, Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie puis Président de la Banque centrale européenne, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, Karel Van Miert et Peter Sutherland, anciens Commissaires européens à la Concurrence. Elle recrute d’anciens hauts responsables financiers tels Otmar Issing, qui fut membre du conseil d’administration de la Deutsche Bundesbank et économiste en chef de la Banque centrale européenne. ce qu’il faut bien comprendre c’est ce que recouvre en fait Goldman et Sachs.

     

    Son nom plus juif qu’il n’est possible est une véritable aubaine pour les débiles de l’anti-impérialisme et toute l’extrême-droite… Il paraît une illustration de la théorie des complots, en fait si les fondateurs étaient juifs et si les théoriciens du complot mettent les noms des gestionnaires en évidence, il faut voir que cette institution témoigne surtout d’une recomposition du capital à ce stade des monopoles financiarisés.

     

    Il y a eu mutation. La montée en puissance de la Firme est liée à la crise de Subprimes qui n’est que l’aboutissement d’une pratique financière particulièrement véreuse et qui a coïncidé avec la contre-révolution néo-libérale planétaire et qui a réellement débuté avec l’ultra- libéralisme et la manipulation du crédit qui lui est lié.

     

    Goldman et Sachs, la firme au 30.000 employés,  est le produit d’une recomposition face à la dite crise parce que c’est la seule entreprise à avoir su surfer sur la crise des subprimes et être passé du statut de banque d’investissement à un holding qui l’a fait changer de main. On peut dire que toutes les grosses fortunes se sont regroupées en son sein pendant qu’on nous amusait avec ce gagne petit de Madoff. Ainsi en 2008, Warren Buffett entre officiellement dans le capital de la banque en injectant 5 milliards de dollars. L’immense majorité des fortunes mondiales n’est pas juives et il y a beaucoup plus de protestants et désormais quelques personnalités de pays émergeants ont ainsi face à la crise recomposé le capital et partent directement à l’assaut des Etats en utilisant les institutions supranationales.

     

    Donc il faut en finir avec cette vision digne des feuilletons d’un pouvoir occulte pour bien comprendre le stade de l’impérialisme auquel nous en sommes aujourd’hui et le rôle joué par l’Europe puisque tel est notre sujet. Il faut bien voir qu’il ne s’agit plus seulement de délit d’initié mais bien de la main mise directe sur les institutions politiques et donc le renforcement de leur aspect le moins démocratique au profit d’une réorganisation directement copiées sur le drainage des capitaux. Ce n’est pas seulement l’institution mère, en l’occurrence Goldman et Sachs qui est renfloué aux Etats-Unis mais les institutions financières qui dépendent d’elle.

     

    Au cœur de la situation, il y a toujours le même problème, la réfaction du crédit, plus personne ne veut prêter à des banques dont un quart minimum des actifs sont toxiques, donc les Etats renflouent les banques qui reversent à la maison mère. Ainsi Goldman Sachs a reçu, à l’automne 2008, près de 13 milliards de dollars que lui devait American International Group, qui lui-même avait été renfloué par la Fed.

     

    Et l’opération aujourd’hui menée par la BCE va dans le même sens toujours sous le même prétexte. Donc si l’opération de Jean Claude Trichet en 2007 avait connu un faible intérêt, celle d’aujourd’hui va dans le bon sens: La demande a été servie en totalité, comme la BCE s’y était engagée, au taux fixe très avantageux de 1 %, le niveau de son principal taux directeur. Et elle a atteint un montant record pour une opération de refinancement à long terme – les LTRO (« long term refinancing operations ») – initiées au plus fort de la crise financière en 2009. Le sommet de 442,24 milliards d’euros, atteint lors de la première opération de ce type d’une maturité de douze mois, menée en juin 2009, a été pulvérisé, puisqu’un total de 489,191 milliards d’euros a été servi aux 523 établissements bancaires de la zone euro qui se sont présentés. Ce montant dépasse largement la prévision médiane des économistes, qui tablaient sur des demandes de 310 milliards d’euros, mais elle n’est pas non plus exorbitante compte tenu des besoins en liquidités des banques.


    Qu’est-ce qu’on peut espérer face à la récession d’une telle opération

     

    La logique du système est simple : les banques complètement vérolées souffrent d’un asséchement de crédit, une thrombose financière, la BCE et toute la zone euro derrière elle, nos politiciens véreux avec elle, n’ont qu’un seul credo qui les guide depuis le début de la crise : assurer la liquidités des banques, responsables de 75 % du financement de l’économie de la zone euro, est la priorité des priorités, bien sûr sans nationalisation (quel vilain mot) et l’austérité pour les peuples…


    Plus importante que la taille de l’opération de mercredi sera l’utilisation des fonds alloués par les banques. À ceux qui pensent encore que ce financement ultra-long est une invitation à acheter de la dette souveraine et à faire ainsi refluer les rendements obligataires, il convient de rappeler deux évidences. D’abord, les banques souffrent d’une véritable intoxication aux fonds procurés par la banque centrale, dont elles n’ont jamais été aussi dépendantes. Ensuite, et peut-être surtout, elles vont devoir faire face à de très lourdes échéances l’an prochain. Mario Draghi a rappelé récemment que 600 milliards d’euros de dette bancaire arrivent à maturité en 2012, dont 230 milliards pour le seul premier trimestre. Il n’en reste pas moins que la BCE a prouvé une fois encore qu’elle était le prêteur en dernier ressort… des banques.

     

    Est-ce que vous avez compris à quoi sert ce prêt au profit de qui et aux dépends de qui ?


    Et pourquoi je me refuse à voter au premier tour pour l’un quelconque de ces crétins qui nous fait participer à ce système et qui ne voient d’issue que dans un renforcement du rôle de la BCE et des institutions supra européennes …

     

    Danielle Bleitrach

    http://histoireetsociete.wordpress.com/2011/12/23/loperation-lancee-par-la-bce-est-un-vrai-triomphe-pour-qui-institutions-supranationales-et-recomposition-du-capital-par-danielle-bleitrach/


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  • France - dette publique Bon, il faut bien reconnaitre que la dette, c’est un problème ! On emprunte parce qu’on dépense trop, non ?

    Tu te souviens que grand-père disait : « on, c’est un con ». Tout à l’heure, tu vas voir que ce « on » est vraiment bizarre parce que ce sont les grandes banques elles-mêmes qui empruntent en notre nom !


    Mais pour ce qui est des dépenses publiques, elles n’ont pas augmenté entre avant « la crise » et maintenant : de 2004 et 2008, elles ont même un peu baissé, passant de 53,4% à 52,7% du PIB, c'est-à-dire une baisse de 0,7% ! La dette ne vient pas de là.


    Et il ne faut pas voir dans la « dépense publique » uniquement de l’argent jeté par les fenêtres : c’est le financement de ce qui reste des services publics : éducation nationale, recherche, hôpitaux, poste, etc., mais aussi, les bâtiments publics, par exemple. Ce sont aussi les dépenses des Collectivités territoriales (villes, départements et régions), qui construisent l’essentiel des routes, des ponts, des écoles, etc. Ce sont aussi les dépenses de la Sécurité Sociale, 
    des retraites, etc.


    Ces dépenses sont théoriquement couvertes par des recettes. Ce sont d’une part les impôts et les taxes, d’autre part les cotisations qui constituent le salaire qu’on appelle différé. Naturellement, chaque ligne de dépense ou de recette demande un regard critique : les impôts sont injustes, en particulier la TVA ; certaines dépenses sont beaucoup trop élevées, par exemple le prix des médicaments.


    Mais, si les dépenses sont constantes, les recettes, elles, baissent. C’est ainsi qu’est créé le déficit du budget. Et ça, depuis 1973. Le budget est déficitaire, parce que l’impôt n’est pas suffisamment levé. Par exemple, entre 2008 et 2009, l’impôt sur le revenu a baissé de plus de 4 milliards d’euros !


    Le taux de la tranche la plus haute est passé de 65% en 1986 à 41% en 2010. De même, le taux de l’impôt sur les sociétés est passé de 45% à 33,3% aux mêmes dates ! A cela s’ajoute quantité de dérogations qui font chuter les recettes des plus riches. Et de plus, un laxisme fort coupable permet une fraude massive qui ferait disparaître 40 à 50 milliards.


    Cela veut dire que l’impôt des capitalistes navigue entre rien du tout et pas grand-chose !


    Ainsi le budget de l’Etat est déficitaire. Et cette situation est tout à fait stable !

     

    Tu veux dire que le budget de l’État est maintenu volontairement en déficit ?

    Oui, exactement, parce que le capital ne veut plus payer l’impôt. Il cherche bien à baisser les dépenses, mais, comme on l’a vu, elles restent à peu près constantes. D’où le recours à l’emprunt.


    D’ailleurs, l’impôt qui n’est pas prélevé laisse aux plus riches des liquidités importantes, dont le meilleur usage est de les prêter à l’État déficitaire du fait du non-prélèvement d’impôt ! Mais il y a encore une autre cause à la dette qui monte, qui monte, … C’est la croissance faible ou nulle. Là encore, c’est le capital qui est à la manoeuvre. Parce
    qu’il considère qu’un investissement n’est bon que si sa rentabilité est d’au moins 15%. Si bien que l’investissement reste à peu près constant depuis 20 ans, que le chômage augmente, et que la croissance est faible ou nulle. Mais il faudra que je te reparle de ça une autre fois.

     

    Donc d’après toi, c’est le déficit qui crée la dette. Et ça dure depuis longtemps ?

    La cause de cette dette qui monte, qui monte, …, se cache dans une loi de 1973, qui, à l’époque, n’a pas fait beaucoup de vagues : cette loi dit que « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France ». En clair, l’État s’interdit, lui-même, d’emprunter à la Banque de France, mais s’oblige à le faire « auprès des marchés », c'est-à-dire les banques privées. La différence est énorme, puisqu’un emprunt à la Banque de France était gratuit ou presque, alors que les banques privées prennent à un intérêt substantiel.

     

    Oui, mais un prêt gratuit, ça n’existe pas. Il faut toujours payer un petit quelque chose, et il faut rembourser !

    Bien sûr, mais à l’époque, la Banque de France appartenait en quelque sorte à l’État. Imagine que tu as besoin de 500 € pour faire un achat, et que tu les as sur ton livret A. Tu te dis que tu remettras l’argent au fur et à mesure. Tu dépenses donc ces 500 € et tu remets chaque mois 20 € sur ton livret. En deux ans, tu as tout remboursé, et ça revient à un prêt à toi-même à 0% !


    Mais si, toi-même, tu t’interdis de prendre l’agent sur ton livret A et que tu les empruntes à ta banque, ça te coûte beaucoup plus cher !

     

    Oui, mais ce serait idiot, franchement ! C’est se tirer une balle dans le pied !

    Pas si ce n’est pas tout à fait ton argent que tu empruntes, et que tu es très proche de ton banquier ! En 1973, c’est Georges Pompidou qui est président de la République. C'est l’ancien fondé de pouvoir de la banque Rotschild. C'est Giscard d’Estaing qui est ministre des finances. C’est lui qui présente cette loi au parlement et qui la vote sans état d’âme. Il tire une balle dans le pied de la République, mais arrondit les fins de mois des banques.


    Mais ce n’est pas une exception française, puisque ce même dispositif est imposé à tous les pays de l’Union Européenne : le traité de Maastricht le prévoyait déjà dans son article 104. Le Traité Constitutionnel Européen l’avait aussi inscrit dans son article 123, et il resurgit dans le Traité de Lisbonne. Cette constance dans la volonté des promoteurs de l’Europe montre l’importance, à leurs yeux, de ce point !


    Depuis 1973, où la méthode fut inventée, jusqu’à aujourd’hui, les emprunts de l’État aux banques forment une dette qui n’a cessé d’augmenter. C’est une sorte de crédit revolving dont on ne sort pas. Aucun gouvernement n’a fait mieux qu’un autre, et il n’y a aucune raison que ça s’arrête ! Pour une bonne raison : le budget de l’État est maintenu en déficit à cause de recettes fiscales trop faibles. La dette publique commence à pointer le bout de son nez à la fin des années 70. En 1978, elle était d’environ 70 milliards d’euros, soit 20% du PIB de l’époque. Elle est en 2010 de presque 1600 milliards, soit plus de 80% du PIB. Ça veut dire qu’elle a été multipliée par 23 en 32 ans, alors que le PIB n’a été multiplié « que » par 7 !


    Le but de cette manœuvre est de permettre au capital financier, en l’occurrence les banques, de puiser directement dans les recettes fiscales des pays européens. Par exemple, en 2005, la charge de la dette était de même grandeur que les recettes de l’impôt sur le revenu !

     

    Mais alors, l’état n’a qu’à emprunter, et dépenser juste ce qu’il a !

    C’est très difficile pour l’État de ne pas emprunter. D’abord, parce que ces recettes sont hebdomadaires, mensuelles ou annuelles, alors que ces dépenses sont quotidiennes : de temps en temps, même si son financement est équilibré, il a un besoin de trésorerie qu’il résout par un emprunt à court terme. De plus, pour des investissements importants, un bâtiment par exemple, s’il n’a pas les réserves suffisantes, il doit faire un emprunt à long terme. Il est donc difficile d’échapper à l’emprunt.

     

    Bon, mais ce qui m’intrigue alors, ce sont les taux d’intérêt. Si tu dis que le capital n’investit qu’à des taux d’au moins 15%, pourquoi les emprunts sont de 2 à 3% ?  On est loin des 15% !

    Pas tant que ça ! La rentabilité se calcule sur le rapport du capital investi. Or, un prêt bancaire, ce n’est pas du vrai argent, ce sont des sommes qui ne sont possédées ni par la banque, ni par personne. C’est de l’argent que la banque vient de créer quand elle accorde le prêt : elle inscrit simplement la somme sur ton compte, sans avoir à déposer quelque part (à la Banque de France ou à la Caisse des Dépôts et Consignations, par exemple) la moindre caution. En fait, elle doit juste avoir en réserve, en fond propre, entre 5 et 10 % du prêt. Si bien que, lorsque la banque te prête 10.000€, elle n’en a vraiment à elle, tout au plus que 1.000 ! Admettons que tu empruntes à 2%. Au bout d’un an, tu dois 200€ d’intérêts. C’est ça qu’il faut comparer aux 1.000 € réellement investis par la banque. On est bien à au moins 20% de rentabilité. Et quand les taux tournent autour de 20%, comme pour la Grèce, en un an, les seuls intérêts représentent le double des sommes investit : c’est ça qui est hyper juteux !

     

    Mais les agences de notations, elles jouent quel rôle là-dedans ?

    Voilà le nœud du problème. Les économistes, même les plus sympathiques comme Frédéric Lordon, voient de l’incohérence, là où il y a, au contraire, la plus grande cohérence. Pour s’en apercevoir, il faut laisser tomber l’échelle gauche/droite, ou même la contradiction riches/pauvres, pour adopter une vision de lutte de classes, une opposition entre capitalistes et prolétaires. Alors, il devient clair que le capital cherche à tirer le meilleur profit de son investissement. Il le fait dans le processus de production en cherchant (et il y arrive !) à baisser les salaires pour augmenter ses profits. La seule limite qu’il conçoit s’appelle la révolte ouvrière. Si elle n’arrive pas, alors, il continue !


    Alors, à partir des années 70, le capital, devant l’absence de réactions ouvrières significatives, passe à la vitesse supérieure, en ponctionnant directement les recettes fiscales grâce à la dette qu’il a inventée. Aujourd’hui, rien ne s’opposant réellement à sa goinfrerie, il fait des expériences, particulièrement sur de petits pays. Que se passe-t-il si les taux d’intérêts de la Grèce grimpent à 20% ? Il y a des manifestations, quelques bagarres, mais rien de décisif. Alors, il continue.


    En fait, les agences de notation ne mesurent pas la qualité des finances publiques (qu’elles connaissent fort bien, par ailleurs). Elles mesurent la qualité de la réaction des populations : moins il y a de réactions, plus les notes se dégradent, plus les taux d’intérêts augmentent ! Et on passe au pays suivant ! Des pays un peu plus grands, où l’opération sera encore plus juteuse. C’est uniquement la révolte de la population, en particulier ouvrière, qui fera la bonne note, qui fera l’annulation de la dette, qui fera l’arrêt des plans d’austérité à répétition !

     

    Tout à l’heure, tu m’as dit que c’étaient les grandes banques qui empruntaient au nom de l’État. Qu’est-ce que c’est que cette histoire !

    Ah oui, c’est je que j’ai dit. Donc, l’État emprunte aux banques avec intérêts. Le 8 février 2001, le gouvernement prend une décision audacieuse : il crée l’Agence France Trésor, rattachée au Directeur du Trésor. Cette Agence a pour rôle de gérer la dette de l’État. L’arrêté fondateur est signé par Laurent Fabius ! Pour faire le boulot, l’Agence s’appuie sur des spécialistes en valeur du Trésor. Ces SVT sont justement les banques prêteuses ! On boucle la boucle. Le capital dit à l’État : « emprunte, et ne t’inquiète de rien, on s’occupe de tout ! ». Les banques mesurent donc les besoins de l’État, préparent les conventions, les font signer par le gouvernement, prêtent l’argent (en fait, crée les lignes de crédit), empochent les intérêts fort juteux, notent ce même gouvernement, lui dit qu’il est mauvais, demande de l’austérité (c'est-à-dire une baisse des salaires), prêtent encore à des taux plus élevés, etc., jusqu’à ce que nous soyons capables de mettre en prison tout ce beau monde !

     

    Bon, tu m’embrouilles avec tous ces trucs. Résume un peu pour qu'on puisse y voir clair !

    L’affaire est assez simple. Le capital mène une politique de classe. Le gouvernement (quelle que soit sa couleur) est son instrument. Un déficit budgétaire est créé de façon systématique en ne levant pas l’impôt (enfin, celui du capital, bien sûr !) : d’ailleurs, les traités européen, prévoient ce déficit structurel. Alors, il faut lui emprunter l’argent nécessaire pour payer les dépenses de l’État, qui, elles sont constantes.


    Tout ça est donc très cohérent, avec pour perspective de ruiner les État nationaux pour passer, enfin, au rêve du capital, une « gouvernance » européenne qui pourrait prendre les décisions qui sont utiles au capital de façon aussi rapide que brutale. Si je devais résumer la situation, en l’absence de révolte populaire, on va à grands pas vers un régime autoritaire. Le fascisme, si tu préfères !

     

    Mais le fascisme, c’est l’extrême-droite, voyons, le Front National !

    Non, le fascisme c’est lorsque le capitalisme gouverne directement, sans le paravent d’un parlement, toujours trop lent, toujours trop hésitant à ses yeux. Se passer des gouvernements nationaux est l’objectif final de l’Europe. L’expérience belge (pas de gouvernement pendant presque deux ans) et l’actuel gouvernement italien (désigné par Goldman Sachs) vont dans ce sens. Tous ceux qui approuvent l’Europe, qui laissent faire, sont coupables. Actuellement, les partis politiques qui travaillent pour ce résultat odieux s’appellent UMP et PS ! Le FN aimerait peut-être bien faire ça, mais, pour l’instant, il ne représente que le capital qui ne se conçoit que dans le cadre national : certains petits patrons, certains plus ou moins gros commerçants, des gens comme ça. Pas le capital mondialisé qui ne veut plus de cadre national : il ne veut plus de cadre du tout ! Il veut le pouvoir direct, sans perdre son temps avec un gouvernement plus ou moins élu !

     

    Mais, et la démocratie dans tout cela !

    Oui, et bien la démocratie, ça fait belle lurette qu’elle est aux abonnées absentes ! Je t’en reparlerai bientôt !

     

    D.R


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