• L’opération lancée par la BCE est un vrai triomphe… pour qui?

    L’opération lancée par la BCE est un vrai triomphe… pour qui? Institutions supranationales et recomposition du capital

    Par Danielle Bleitrach

     

    Bleitrach 84

     L’opération de refinancement de 489 milliards d’Euros accordée aux banques a été un vrai triomphe. Les banques se sont précipités au guichet de la BCE avec enthousiasme; Il faut dire que rarement conditions ont été plus attractives: taux fixe de 1% et trois ans. Que peut-on en attendre ?

     

    La zone euro, une extraordinaire arnaque

    Vous avez compris je pense la logique du système, elle est la même depuis 2007, depuis la crise dite des subprimes qui avait débuté souvenez-vous en par une banque européenne, française,  la BNP… s’était amplifiée en 2008, avec la crise de la société Générale… Toujours des banques françaises. je rappelle à ceux qui l’auraient oublié que notre cher  pays a joué un rôle de pointe en matière usuraire grâce à deux dispositions, la première est la disposition prise en 1973 qui faisait passer tous les emprunts d’Etat par le goulet des banques et privait  la Banque de France de la gestion de notre propre monnaie. Nous avons défendu cette intéressante innovation et nous en avons fait la doctrine européenne, après nous pouvons toujours faire une crise de germanophobie. En oubliant complètement que nous avons imposé à l’Allemagne des critères tels qu’ils devaient nous assurer durablement une soumission de la dite Allemagne à l’Europe et qu’aujourd’hui Madame Merkel ne fait que renvoyer le carcan néolibéral que nous Français nous avons imposé à l’Europe.

     

    La seconde disposition est intervenue en 1981 avec les nationalisations (très chèrement payées) par Mitterrand à travers lesquelles on a opéré une restructuration du capital français qui s’est essentiellement spécialisé dans l’usure (avec le rachat des industries par l’Etat) et le privilège accordé à l’armement sous toutes ses formes. Entre les nationalisations, restructurations et privatisations, le tout aux frais du contribuable, on peut dire qu’à quelques exceptions près la plupart des milliardaires qui gravitent aujourd’hui autour de Sarkozy sont issus de l’ère Mitterrand. Comme l’on peut dire que durant la même période le capitalisme français s’est restructuré d’industriel, il est devenu financier…

     

    Sans perdre ce côté marchand de canons duquel dépendent les empires de presse… Ce qui nous assure une soumission quasi-totale à tous les bellicismes.

     

    Cette même presse ne cesse de nous effrayer avec la dette souveraine française qui aurait pris des proportions inouïes, ce qui est parfaitement exact mais ce qu’on oublie de vous décrire c’est le mécanisme par lequel on en est arrivé là: rien que la description précédente devrait vous aider à le comprendre, qu’il s’agisse de l’emprunt obligatoire auprès des banques que l’Etat achète à un taux d’intérêt de 3% alors qu’il s’agit de notre argent qu’on leur donne à 1% suffit à faire comprendre l’intérêt du système … pour les banquiers. Mais si vous ajoutez à cela que les dites banques françaises mais aussi allemandes se sont fait des choux gras selon le même système dans toute l’Europe avec des taux d’intérêt encore plus élevés vous mesurez à quel point cette zone euro a été un lieu d’arnaque pour les peuples alors même qu’on les invitait à la fête consumériste tout en faisant pression sur les services publics. Tout cela a fonctionné de la même manière pour les particuliers, on a fait pression sur les salaires et invité les citoyens consommateurs à compenser la faiblesse des salaires par l’endettement des ménages, au point que dès 2007, je notais dans un article de changement de société, avant la crise des subprimes qu’il y avait là un vrai problème puisque 20% des ménages français étaient surendettés. Même si l’épargne française (que l’on a tout fait pour réduire) créait un matelas qui aurait dû en bonne logique être utilisé pour la dette souveraine.

     

    Si vous ajoutez à cela le trou réel du budget français, les dépenses militaires et celles du nucléaire militaire (la France étant le quatrième budget militaire du monde), d’autant plus difficile à réduire que désormais on a tout restructuré, en particulier une masse d’emploi autour de ce secteur totalement occulte, vous commencez à comprendre que le gouffre de la dette souveraine n’est pas dû au désir de vivre mieux des Français comme on nous le répète à l’envie. Il faut encore en effet pour comprendre le système considérer à quel point de niches fiscales en niche fiscale il a pompé l’argent aux mêmes, en gros les couches moyennes et mêmes populaires (impôts indirects) et préservé les mêmes.

     

    L’Europe qui est le train fantôme du néo-libéralisme est encore venue aggraver le système… Au départ le couple franco-allemand a pu paraître bénéficiaire, l’Allemagne vendant sa production industrielle et la France ses armements et ses banquiers pratiquant le prêt usuraire. Déjà il suffit de comprendre que même le couple le mieux nanti est inégalement placé puisque l’un l’Allemagne emprunte à 1% et la France à 3% (notez que l’emprunt est obligatoire puisque ce ne sont plus les Etats qui ont une monnaie dont ils sont les maîtres). Mais l’inégalité est encore plus flagrante si on considère le commerce extérieur à l’intérieur de la zone euro et le fait que le système consiste à réprimer les endettements mais à refuser le partage des excès, alors que les uns sont liés aux autres. Donc nous sommes dans une zone monétaire qui n’a plus la maîtrise de sa monnaie et qui doit passer par des banques privées pour établir un budget, une zone qui sanctionne les déficits mais refuse le partage des excédents.

     

    Cette opération de refinancement des banques par la BCE n’est pas la première.


    Déjà le 26 octobre, cela avait été le dernier acte de J.-Cl. Trichet, une ligne de prêt avait été ouverte mais elle avait connu un faible succès puisque seules 181 banques s’étaient présentées au guichet pour un total limité à 56,9 milliards d’euros. Pourquoi une offre aussi généreuse avait-elle été boudée/ les Banques qui pratiquent sans problème le délit d’initié vu qu’elles ont désormais leurs hommes ou femmes à la tête des Etats et de l’Europe s’attendaient à une baisse des taux.  Ce qui est arrivé puisqu’un des fondés de pouvoir de Goldman et Sachs désormais à la présidence de la BCE,  Mario Draghi, a détricoté les deux tours de vis monétaires opérés par son illustre prédécesseur entre avril et juillet, lorsque le ciel européen semblait s’éclaircir, ramenant le loyer de l’argent de 1,5 % à 1 %. L’opération de mercredi remplaçait une adjudication à treize mois, une maturité qui était elle aussi inédite, et sera suivie d’un second LTRO à trois ans, le 29 février 2012.

     

    Goldman et Sachs: une illustration de la théorie des complots, en fait une reconcentration du capital


     Je rappelle pour ceux qui n’auraient pas suivi le film  que c’est Goldman et Sachs qui avait fait le rapport bidon qui a permis à la Grèce de rentrer dans la zone euro. Goldman et sachs est surnommé la firme et est quelquefois surnommée Government Sachs tant elle fournit de hauts dirigeants aux États dans le secteur politique, économique et financier : Mario Monti, nommé chef du gouvernement italien, Robert Rubin et Hank Paulson, anciens Secrétaire du Trésor des États-Unis, Loukás Papadímos, premier ministre grec par intérim, Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie puis Président de la Banque centrale européenne, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, Karel Van Miert et Peter Sutherland, anciens Commissaires européens à la Concurrence. Elle recrute d’anciens hauts responsables financiers tels Otmar Issing, qui fut membre du conseil d’administration de la Deutsche Bundesbank et économiste en chef de la Banque centrale européenne. ce qu’il faut bien comprendre c’est ce que recouvre en fait Goldman et Sachs.

     

    Son nom plus juif qu’il n’est possible est une véritable aubaine pour les débiles de l’anti-impérialisme et toute l’extrême-droite… Il paraît une illustration de la théorie des complots, en fait si les fondateurs étaient juifs et si les théoriciens du complot mettent les noms des gestionnaires en évidence, il faut voir que cette institution témoigne surtout d’une recomposition du capital à ce stade des monopoles financiarisés.

     

    Il y a eu mutation. La montée en puissance de la Firme est liée à la crise de Subprimes qui n’est que l’aboutissement d’une pratique financière particulièrement véreuse et qui a coïncidé avec la contre-révolution néo-libérale planétaire et qui a réellement débuté avec l’ultra- libéralisme et la manipulation du crédit qui lui est lié.

     

    Goldman et Sachs, la firme au 30.000 employés,  est le produit d’une recomposition face à la dite crise parce que c’est la seule entreprise à avoir su surfer sur la crise des subprimes et être passé du statut de banque d’investissement à un holding qui l’a fait changer de main. On peut dire que toutes les grosses fortunes se sont regroupées en son sein pendant qu’on nous amusait avec ce gagne petit de Madoff. Ainsi en 2008, Warren Buffett entre officiellement dans le capital de la banque en injectant 5 milliards de dollars. L’immense majorité des fortunes mondiales n’est pas juives et il y a beaucoup plus de protestants et désormais quelques personnalités de pays émergeants ont ainsi face à la crise recomposé le capital et partent directement à l’assaut des Etats en utilisant les institutions supranationales.

     

    Donc il faut en finir avec cette vision digne des feuilletons d’un pouvoir occulte pour bien comprendre le stade de l’impérialisme auquel nous en sommes aujourd’hui et le rôle joué par l’Europe puisque tel est notre sujet. Il faut bien voir qu’il ne s’agit plus seulement de délit d’initié mais bien de la main mise directe sur les institutions politiques et donc le renforcement de leur aspect le moins démocratique au profit d’une réorganisation directement copiées sur le drainage des capitaux. Ce n’est pas seulement l’institution mère, en l’occurrence Goldman et Sachs qui est renfloué aux Etats-Unis mais les institutions financières qui dépendent d’elle.

     

    Au cœur de la situation, il y a toujours le même problème, la réfaction du crédit, plus personne ne veut prêter à des banques dont un quart minimum des actifs sont toxiques, donc les Etats renflouent les banques qui reversent à la maison mère. Ainsi Goldman Sachs a reçu, à l’automne 2008, près de 13 milliards de dollars que lui devait American International Group, qui lui-même avait été renfloué par la Fed.

     

    Et l’opération aujourd’hui menée par la BCE va dans le même sens toujours sous le même prétexte. Donc si l’opération de Jean Claude Trichet en 2007 avait connu un faible intérêt, celle d’aujourd’hui va dans le bon sens: La demande a été servie en totalité, comme la BCE s’y était engagée, au taux fixe très avantageux de 1 %, le niveau de son principal taux directeur. Et elle a atteint un montant record pour une opération de refinancement à long terme – les LTRO (« long term refinancing operations ») – initiées au plus fort de la crise financière en 2009. Le sommet de 442,24 milliards d’euros, atteint lors de la première opération de ce type d’une maturité de douze mois, menée en juin 2009, a été pulvérisé, puisqu’un total de 489,191 milliards d’euros a été servi aux 523 établissements bancaires de la zone euro qui se sont présentés. Ce montant dépasse largement la prévision médiane des économistes, qui tablaient sur des demandes de 310 milliards d’euros, mais elle n’est pas non plus exorbitante compte tenu des besoins en liquidités des banques.


    Qu’est-ce qu’on peut espérer face à la récession d’une telle opération

     

    La logique du système est simple : les banques complètement vérolées souffrent d’un asséchement de crédit, une thrombose financière, la BCE et toute la zone euro derrière elle, nos politiciens véreux avec elle, n’ont qu’un seul credo qui les guide depuis le début de la crise : assurer la liquidités des banques, responsables de 75 % du financement de l’économie de la zone euro, est la priorité des priorités, bien sûr sans nationalisation (quel vilain mot) et l’austérité pour les peuples…


    Plus importante que la taille de l’opération de mercredi sera l’utilisation des fonds alloués par les banques. À ceux qui pensent encore que ce financement ultra-long est une invitation à acheter de la dette souveraine et à faire ainsi refluer les rendements obligataires, il convient de rappeler deux évidences. D’abord, les banques souffrent d’une véritable intoxication aux fonds procurés par la banque centrale, dont elles n’ont jamais été aussi dépendantes. Ensuite, et peut-être surtout, elles vont devoir faire face à de très lourdes échéances l’an prochain. Mario Draghi a rappelé récemment que 600 milliards d’euros de dette bancaire arrivent à maturité en 2012, dont 230 milliards pour le seul premier trimestre. Il n’en reste pas moins que la BCE a prouvé une fois encore qu’elle était le prêteur en dernier ressort… des banques.

     

    Est-ce que vous avez compris à quoi sert ce prêt au profit de qui et aux dépends de qui ?


    Et pourquoi je me refuse à voter au premier tour pour l’un quelconque de ces crétins qui nous fait participer à ce système et qui ne voient d’issue que dans un renforcement du rôle de la BCE et des institutions supra européennes …

     

    Danielle Bleitrach

    http://histoireetsociete.wordpress.com/2011/12/23/loperation-lancee-par-la-bce-est-un-vrai-triomphe-pour-qui-institutions-supranationales-et-recomposition-du-capital-par-danielle-bleitrach/


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