• Pujadas et les autres de l'audiovisuel, où êtes-vous?

    13 Juin 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs Publié dans #histoire sociale

    Bon, écran noir et silence radio sur les chaînes de télé et les stations radios de la patrie des droits de l'Homme et du Citoyen. Sinon, le minimum accordé par une carte de presse: un commentaire au ras des pâquerettes, sans citer les raisons du coup d'état contre l'audiovisuel en Grèce, quand on n'a pas fait dans la forfaiture en donnant raison au gouvernement grec sur cette affaire.

     

    Petit rappel des faits donc:

    L'UE, la BCE et le FMI (et donc la France de François II) ont sommé le gouvernement grec de tailler dans les effectifs publics à fond, pour satisfaire le capitalisme qui gère notre planète. Tailler dans les services publics, mais aussi instaurer l'austérité extrême au peuple dans tous les domaines.

    Le gouvernement grec a accepté. Il est dirigé par un premier-ministre de droite (l'UMP à la sauce hellénique), avec le Parti socialiste (les camarade de François II au sein de l'Internationale socialiste) et le Modem grec.

    Pour cette raison, la droite française cautionne la fermeture sans préavis de l'audiovisuel grec et Madame Filipetti, chambellan de l'Elysée en charge de la culture française n'a pipé mot. Comment on dit démocratie et liberté en langage du parti à la rose? Ah, ça ne se dit plus?

    Le parti communiste de Grèce (KKE) avait cédé sa télé locale (canal 902) pour que la télé publique puisse émettre dans un petit rayon. Ni une ni deux, le gouvernement a coupé le canal 902. Ah, Pujadas ne vous l'a pas dit sur France télévision? Il était peut-être en train d'astiquer sa carte de presse.

     

    La CGT de l'audiovisuel, elle, a réagi et c'est ma fierté d'être à la CGT et jamais dans cette cohorte de cireurs de pompe de la pensée unique:

    13-06-12--Grece-CGT-1.JPG

     

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • A Narbonne, selon que vous serez coco ou commerçant...

    12 Juin 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs  

    Narbonne est administrée par par le maire Jacques Bascou du Parti socialiste. Lors du Premier mai 2013, voilà que des communistes ont entrepris de vendre du muguet sur la voie publique. C'est là une tradition qui remonte à loin dans l'histoire du mouvement ouvrier, notamment dans celle du PCF. Ce que confirme d'ailleurs le Journal officiel du 4 juin 2001: « Cette vente effectuée par des personnes non munies des autorisations nécessaires fait l'objet, de la part des autorités locales, d'une tolérance admise à titre exceptionnel, conformément à une longue tradition. Au demeurant, de nombreuses communes organisent elles-mêmes, par arrêté municipal, la vente du muguet par des particuliers le jour de la fête du Travail ».

     

    Mais revenons à ce Premier mai 2013. Ce jour-là donc, des cocos proposent du muguet lors du rassemblement syndical qui se tient devant les Halles commerçantes de la ville. A cause de travaux importants dans le centre de Narbonne, le rassemblement s'est replié à cet endroit.

    Or la police municipale est venue verbaliser Jean-Pierre Maisterra, ancien conseiller municipal coco de Narbonne, pour vente illicite, vu l'arrêté de monsieur le maire interdisant de vendre du muguet à des fins commerciales devant les Halles de Narbonne.

    Et zou, vendredi dernier, Jean-Pierre Maisterra est convoqué au commissariat de police de Narbonne pour répondre de son acte hautement répréhensible. Il attend désormais les suites à son sujet.

    Jean-Pierre Maisterra s'est expliqué sur cette tradition ouvrière de vendre le muguet le jour du 1er mai, une différence entre une vente sauvage à des fins commerciales et une vente militante. Surtout, il s'est étonné que le même Jean-Pierre Bascou ait autorisé deux fleuristes patentés des halles de vendre sur le parvis, par arrêté de monsieur le maire, "à titre gratuit, précaire et révocable, à occuper le sol de la voie publique pour y vendre du muguet à l'occasion de la fête du 1er Mai ".

    Deux poids, deux mesures donc dans Narbonne, qui plus est en bafouant une tradition ouvrière.

     

    Bon, oui, c'est vrai, le PS professe désormais qu'il n'y a plus de classes populaires en France. Et il y a longtemps qu'il a gommé le mot ouvrier ou camarade de son vocabulaire. Il est plus du côté des cols blancs que des bleus de travail.

    Et si le PCF de Narbonne avait proposé des roses lors du rassemblement syndical de ce 1er mai, ça aurait marché?

     

    Je me souviens de deux temps ancien dans Narbonne, ma ville natale.

    En 1871, elle s'enflamma et créa une Commune à l'instar de celle de Paris.

    En 1907, lors de la révolte du Midi viticole, elle s'enflamma à nouveau et la troupe fusilla dans les rues de la ville. Le 19 juin, on releva deux morts dont un adolescent de 14 ans. Le lendemain, 5 morts gisent à terre dont une jeune fille de 20 ans, et 32 blessés. Ernest Ferroul, le maire de Narbonne, qui a pris fait et cause pour la révolte, est arrêté.

    Lorsqu'il fut député, il siégeait à l'extrême gauche de l'Assemblée nationale, aux côtés de Jean Jaurès du Parti socialiste de l'époque.

    Mais c'était encore le temps du muguet et des ouvriers, pas celui de la trahison.

    Allez, la chanson du 17e, quand la troupe tourne les crosses à Béziers, la cité voisine, pour ne pas fusiller le peuple révolté:
     

    La vente du muguet le 1er mai est une tradition du mouvement ouvrier comme ici à Lille, en 2013

    Politique - le 11 Juin 2013

    A Narbonne, la vente militante de muguet est verbalisée

    Convoqué au commissariat vendredi dernier, Jean-Pierre Maisterra, militant et ancien élu communiste narbonnais, risque une amende pour vente de muguet lors du 1er Mai.

    Vendredi dernier, c’est en groupe que les militants du PCF de Narbonne se sont rendus au commissariat de la ville. Pas de gaieté de cœur mais par solidarité avec l’un des leurs, Jean-Pierre Maisterra, un ancien élu municipal communiste, qui a fait une triste expérience à l’occasion du dernier 1er Mai. Pour avoir vendu du muguet, il a été verbalisé par la police municipale, revenue à la charge à la fin du rassemblement syndical aux abords duquel avait eu lieu la vente. « C’est pourtant une tradition du mouvement ouvrier, s’indigne-t-on du côté des militants. Le principal intéressé qui, en l’occurrence, distribuait des tracts ce jour-là, mais « a donné son nom puisqu’il en fallait un », attend désormais la décision du commissaire quant à la potentielle amende dont il pourrait écoper.

    La législation, pourtant, n’établit pas formellement d’interdiction. « Cette vente effectuée par des personnes non munies des autorisations nécessaires fait l'objet, de la part des autorités locales, d'une tolérance admise à titre exceptionnel, conformément à une longue tradition », précise une réponse ministérielle publiée au Journal officiel, le 4 juin 2001. Mais elle poursuit : « Au demeurant, de nombreuses communes organisent elles-mêmes, par arrêté municipal, la vente du muguet par des particuliers le jour de la fête du Travail ».

    A Narbonne, c’est ce qui aurait valu au communiste d’être verbalisé. «La police municipale est intervenue mercredi, dès 6 heures du matin et jusqu'à 13 heures, pour faire évacuer plusieurs installations illicites selon les termes de l'arrêté. Tous les contrevenants se sont soumis aux injonctions de la force publique, sauf M. Maisterra et son groupe », a affirmé, à l’Indépendant, le cabinet du maire socialiste de la commune, Jacques Bascou, estimant que « le Parti communiste n'a jamais été autorisé à installer une table de vente sur le parvis des Halles ».
    « Mais il y a toujours eu, traditionnellement, des communistes, que ce soit les jeunes communistes, le PCF de Coursan ou de Narbonne, qui vendaient du muguet au rassemblement du 1er Mai », objecte Jacqueline Rougier, l’une des responsables de la section du PCF. « Par le passé, il y avait une sorte de consensus, de tolérance, rappelle Jean-Pierre Maisterra, or le rassemblement syndical, du fait des travaux en centre ville, s’est tenu, cette année, devant les Halles commerçantes ».

    Et à cet endroit, tout le monde ce jour-là n’a pas été logé à la même enseigne. « Pour faire plaisir à quelques fleuristes, un arrêté municipal réglemente la vente dite sauvage du muguet et interdit de fait la vente militante devant les Halles », s’indigne Jean-Pierre Maisterra, qui y voit « une assimilation entre la vente militante et la vente sauvage commerciale ». Et, de fait, si les militants se sont vus sanctionnés, certains commerçants ont obtenu des autorisations spéciales. C’est le cas de deux fleuristes exerçant dans les Halles centrales, « autorisés, à titre gratuit, précaire et révocable, à occuper le sol de la voie publique pour y vendre du muguet à l'occasion de la fête du 1er Mai » par arrêtés du 29 avril 2013. 
    « Sur le fond, conclut le militant, cette affaire nous inquiète parce qu’avec cette réglementation, c’est la pratique citoyenne qui est encadrée au-delà de toute tradition, de toute compréhension et même de toute volonté de la développer. »

    Vente du muguet sur la voie publique le 1er mai : quelle réglementation ? (Direction de l'information légale et administrative). La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) précise la réglementation en matière de vente du muguet sur la voie publique le jour du 1er mai. La vente du muguet sur la voie publique par les particuliers le 1er mai s’apparente à une tolérance admise à titre exceptionnel de la part des autorités locales conformément à une longue tradition. De nombreuses communes réglementent cependant par arrêté municipal la vente occasionnelle du muguet ce jour-là. En dehors de la vente du muguet le 1er mai, les ventes de fleurs, ainsi que toutes ventes sur la voie publique, sont réglementées.

    Julia Hamlaoui


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  • Social-Eco - le 13 Juin 2013

    Transports

    La réforme ferroviaire met en danger le statut cheminot

    Le projet gouvernemental, qui scinderait le système ferroviaire en trois établissements, soulève une large hostilité chez les salariés en grève ce jour à l’appel de quatre syndicats. Pour eux, c’est une libéralisation du secteur qui se prépare.

    Le message est clair. Les cheminots, unis en intersyndicale, rejettent la réforme ferroviaire servie par le gouvernement et qui devrait, après présentation en début d’été, être débattue à l’Assemblée dès la rentrée. Aujourd’hui, les quatre organisations syndicales représentatives à la SNCF (CGT, SUD Rail, CFDT, Unsa) appellent à une journée de grève (depuis hier soir 19 heures et jusqu’à demain matin 8 heures) pour dénoncer un projet de réforme passée sous les fourches caudines bruxelloises, dictée par la course à la rentabilité et qui prépare, de fait, la libéralisation du secteur à l’horizon 2019. Un mouvement de grève massif, un signal fort lancé au gouvernement. Dans un communiqué commun largement diffusé, l’intersyndicale dénonce les méthodes d’une « direction de la SNCF (qui) déstructure l’entreprise publique et désorganise la production, presse les conditions sociales pour atteindre ses objectifs contre le service public et le statut des cheminots ».

    Vers une privatisation

    Principal point d’achoppement, la structuration de l’entreprise, que la réforme prévoit de diviser en trois établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), alors que les syndicats de cheminots réclament de longue date un système unifié au sein d’une seule entreprise publique intégrée. « Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que la division en deux Epic (création de RFF en 1997 – NDLR) était néfaste… Mais maintenant, ils veulent diviser la SNCF en trois ! » pointe le syndicat Sud Rail. Pour Guy Rymarczyk, agent administratif SNCF à la gare de Lyon (Paris) et animateur du syndicat, « le gouvernement et la direction, en morcelant l’entreprise, préparent la vente à la découpe pour mieux privatiser la SNCF par lots ». Or, en matière d’ouverture à la concurrence, le fret devrait servir de mauvais exemple. Gilbert Garrel, secrétaire général de la CGT cheminots, rappelle : « Depuis les premières mesures de libéralisation prises en 2003 et étendues en 2006, le nombre de tonnes de marchandises transportées par rail a été divisé par deux. » La réforme en cours ne prévoit néanmoins aucun plan de relance pour le secteur du fret.

    Mobilisés aujourd’hui dans toute la France, les cheminots dénoncent à l’unisson un projet qui escompte réduire la dette abyssale du système ferroviaire (qui atteint près de 40 milliards d’euros) par « des gains de productivité au détriment de l’emploi, des salaires, des conditions sociales et de travail ». Le flou entretenu sur le volet social de la réforme fait craindre aux salariés une harmonisation par le bas des conditions de travail des cheminots en alignant les 155 000 cheminots du service public sur le modèle de ceux du privé. « Un abaissement du cadre social » qui, en plus de la dégradation des conditions de travail et de la perte du pouvoir d’achat, menace la sécurité du trafic et l’efficacité de la production.

    La casse du service public

    « La nouvelle organisation va générer de nouveaux conflits d’intérêts entre les différents acteurs, la séparation entre la gestion de l’infrastructure et l’exploitation des trains va accroître les risques d’accidents, le poids de la dette va étouffer l’entreprise publique et ne permettra donc pas de répondre aux attentes des usagers », résume la CGT. Très suivie, la mobilisation d’aujourd’hui, dont le mot d’ordre est de faire reculer le gouvernement sur son projet de réforme, veut défendre un véritable service public ferroviaire pour les usagers, car, conclut Fabrice Desplanches, secrétaire général CGT de la gare de Lyon, « la SNCF n’appartient pas qu’aux cheminots ».

    RFF-SNCF : des dirigeants sourds
    Interrogés par le Figaro, Guillaume Pepy, président de la SNCF, et Jacques Rapoport, président de RFF, saluent d’une même voix une réforme qui, proclament-ils, va « sauver le système ferroviaire », et se montrent clairs sur l’ouverture à la concurrence du secteur. « La concurrence est programmée, sur toutes les lignes, régionales, TGV… Pour 2019. La SNCF se prépare à y faire face », a déclaré Guillaume Pepy, qui prétend, par ailleurs, que la réforme « répond aussi aux attentes des cheminots ». Il évoque « un projet d’entreprise » 
qui sera présenté cet automne et par lequel il vise, « sans toucher au statut des cheminots » mais par « plus de souplesse sur l’organisation du travail », à accroître la rentabilité de la SNCF.


    Marion d’Allard


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  • Le Parti Communiste grec (KKE) prête son canal local pour que la télévision publique continue d’émettre

    Les salariés des chaînes publiques grecques ERT, dont la diffusion a été arrêtée autoritairement par le gouvernement mardi soir, continuaient leurs émissions mercredi matin, accessibles sur internet et sur un canal local prêté par le parti communiste, a constaté une journaliste de l’AFP au siège de l’audiovisuel public grec.

    Derrière les banderoles et les débris des manifestations de la veille, après l’annonce surprise par le gouvernement qu’il fermait les chaînes publiques mal gérées, les studios tentaient de continuer de fonctionner mercredi matin au siège de ERT, situé à Aghia Paraskevi, dans la banlieue nord-est d’Athènes.

    A l’écran, accessible sur www.ert.gr et sur la chaîne locale 902 appartenant au parti communiste KKE, des plateaux où débattent les journalistes de la chaîne sur le coup de massue qu’ils ont reçu la veille, privant d’emploi près de 2.700 salariés, alors que le gouvernement est sommé par les créanciers du pays de réduire le nombre de salariés dans la fonction publique.

    Le président du syndicat de salariés Panayotis Kalfayanis a appelé à l’occupation du bâtiment, et a indiqué qu’il allait «saisir la justice européenne et la justice grecque». «Même s’ils veulent détruire la démocratie, les lois s’appliquent encore et je vais me battre» a-t-il dit à l’AFP.

     

    Nous réitérons notre soutien au peuple grec et aux salariés en lutte. Continuons d’offrir des perspectives et des moyens de lutte concrets.

    Vive le PCF, Vive le KKE

    Section du PCF de Saint-Quentin

     

    source : article de 20 minutes

     

    Complément de vivelepcf :

    Fermeture brutale de la Télévision publique grecque: pourquoi une telle provocation politique ? Solidarité!

     

    En moins de 12 heures, ce 11 juin, le gouvernement grec de coalition (ND, PASOK, DIMAR) a annoncé et mis en application l’arrêt des trois chaînes de télévision et des 26 stations de radio publiques, regroupées dans l’organisme ERT.

    La police a coupé les émetteurs en soirée.

    Le gouvernement a ainsi fait le choix de poursuivre sa politique de super-austérité et de bradage du pays par une provocation politique sans précédent.

    Il ferme l’une des entreprises publiques les plus emblématiques, accusée d’être un foyer de déficit, au moment même où la « troïka », UE, BCE et FMI, expédie ses proconsuls à Athènes réclamer de nouveaux comptes. Un gage aux organismes les plus détestés du peuple !

    Il est évident que cette mesure est surtout politique. Le gouvernement ferme un média qu’il juge insuffisamment complaisant à l’égard de sa politique. Le souvenir de la dictature ne peut que remonter dans la mémoire des Grecs.

    3000 salariés vont être licenciés. 1000 seront peut-être repris dans une nouvelle structure entièrement cadenassée par le pouvoir et le patronat.

    Des manifestations de soutien se sont aussitôt organisées avec les salariés de l’audiovisuel qui tentent de résister en continuant à travailler. Un mouvement de grève se prépare dans les médias privés. L’occupation du siège d’ERT est envisagée. L’hypothèse d’une épreuve de force nationale est probable.

    Par la voix de son secrétaire, Dimitri Koutsoubas, le Parti communiste grec, KKE, a mis en garde contre la privatisation de l’information et appelé aussitôt à un large mouvement de solidarité de toute la classe ouvrière. Les syndicats réformistes condamnent fermement le gouvernement. Le leader de la nouvelle gauche réformiste, Syriza, Alexis Tsipras est accouru se placer en tête des premières manifestations. Il se relance après « l’Altersummit » de la semaine dernière, forum organisé par Syriza et 188 organisations européennes, qui ont rassemblé à peine 1500 personnes dans les rues d’Athènes.

    Mais l’opposition vient aussi des rangs des forces gouvernementales. Le PASOK, parti socialiste, et le DIMAR, « Gauche démocrate », parti issu d’une scission de Syriza, se désolidarisent du premier ministre conservateur Antonis Samaras et annoncent qu’ils ne voteront pas le décret de liquidation d’ERT.

    Samaras et ses donneurs d’ordres capitalistes ne pouvaient ignorer cette évolution totalement prévisible. Quelles intentions prêter alors à leur recherche d’une épreuve de force à l’issue incertaine ?

    S’agit-il pour eux d’obtenir une victoire symbolique définitive sur le mouvement social ?

    S’agit-il de détourner la colère populaire en renforçant les courants populistes, réactionnaires et même fascistes qui prospèrent dans le pays à la faveur de la crise ? Le parti néonazi, ouvertement raciste, « l’Aube dorée », est donné en hausse par les sondeurs à 12/14%. Il ne cesse de conspuer la télévision publique. Ces mêmes sondeurs, à la solde de l’idéologie dominante, posent maintenant la question de l’avènement d’une nouvelle dictature.

    En cas d’échec, notamment au Parlement, la droite ne prend que le risque d’une alternance, avec un retournement de coalition et une union de tous les partis de gauche socio-démocrates. Alexis Tsipras a passé ces derniers mois à rassurer les capitales occidentales sur son orientation atlantiste et pro-européenne. Lui passer la main, c’est peut-être une façon d’apaiser la situation tout en renforçant la résignation en Grèce et dans les autres pays d’Europe. Christine Lagarde, présidente du FMI, estime qu’il vaut mieux abaisser la pression sur un pays déjà pillé à 25% au nom de la crise capitaliste.

    Malheureusement, ces trois perspectives sombres sont combinables.

    Communistes français, nous serons très attentifs aux analyses et initiatives de la seule force politique d’alternative en Grèce, le Parti communiste grec, KKE et son émanation syndicale PAME. Nous ferons tout notre possible pour les relayer et les soutenir.

    Nous savons que la Grèce est le laboratoire des politiques capitalistes européennes de répression des travailleurs.

    http://pcfsaintquentin.unblog.fr


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  • Antonis Samars, premier ministre grec, a signé le décret ce mardi

    Monde - le 11 Juin 2013

    La télévision publique grecque fermée par décret

    Les chaînes de la télévision publique grecque ont été fermées par décision du gouvernement ce mardi. Les Grecs sont appelés à manifester dès ce soir contre cette mesure dictée par l'austérité et cette attaque contre le pluralisme.

    Cette loi signée par décret par le premier ministre grec et le conseil des ministres est extrêmement dangereux pour la démocratie. Selon des sources de l'Humanité, les ministres auraient la possibilité de supprimer n’importe quel organisme public sous sa tutelle s’ils considèrent nécessaire de le fermer. Une mesure imposée par la Troika. Objectif: baisser les dépenses publiques. Par ricochet, c'est le pluralisme qui se trouve attaqué.

    2656 salariés

    Cette décision a dores et déjà des conséquences importantes sur ERT, le groupe public regroupant les chaînes de la télévision publique grecque. Selon des sources de l’Humanité, le Ministre de l’Information, Simos Kedikoglou a été soumis depuis plusieurs semaines à des pressions pour licencier des équipes. Ce dernier a expliqué à la presse ce mardi soir: "La diffusion d'ERT s'arrêtera après la fin des programmes ce soir". Le porte-parole du gouvernement, a souligné qu'ERT, qui est composée de trois chaînes, constitue "un cas d'absence exceptionnel de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant".

    Simos Kedikoglou a précisé que ce service public, où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s'opposer aux plans de restructuration, rouvrirait sous une autre forme, avec un nombre réduit de salariés. Tous les salariés actuels d'ERT, au nombre de 2.656, recevront une compensation et seront autorisés à postuler à nouveau à un emploi dans la nouvelle structure, a-t-il dit. Cette mesure radicale et sans précédent a été annoncée sans préavis au moment où les chefs de file de la troika des créanciers de la Grèce (UE-BCE-FMI) sont à Athènes.

    Les salariés actuels travaillent sous un type de convention collective dont la disparition est programmée dans les programmes d’austérité développés par la troïka et les gouvernements grecs. La télévision publique serait ensuite réouverte et d’autres salariés embauchés, en contrat individuel.

    Satisfaire les créanciers

    Les salariés ont occupé les lieux ce mardi soir. Ils ont été rejoints par des personnalités politiques dont Dimitris Stratoulis, de Syriza. "ERT appartient au peuple grec... c'est le seul média indépendant et la seule voix publique, qui doit rester dans le domaine public (...) nous condamnons cette décision soudaine" a écrit le syndicat GSEE dans un communiqué. Le syndicat de journalistes Poesy a appelé à une grève immédiate de soutien dans les médias privés.

    "Le gouvernement est déterminé à sacrifier la télévision publique et la radio" pour satisfaire ses créanciers, a déploré le syndicat. Selon les syndicats, en fermant ERT, le gouvernement remplit d'un coup l'objectif assigné par les créanciers de la Grèce de supprimer 2.000 emplois publics d'ici à la fin juin.

    Démocratie attaquée

    C'est une "solution facile pour répondre aux exigences de la troïka", souligne le syndicat Poesy, tandis que la Confédération des fonctionnaires du service public Adedy a qualifié le texte législatif de "coup d'Etat".

    Dans le fond, c’est aussi la pluralité de l’information qui est en danger. En Grèce, la démocratie semble attaquée sur tous les fronts. Les Grecs sont appelés à manifester ce mardi soir contre la fermeture de ces chaînes

    Fabien Perrier

    Les images que la télévision publique grecque ne diffusera pas

    Par Agnès Rousseaux (12 juin 2013)

    10 000 manifestants ont convergé le 11 juin vers les locaux de la télévision publique grecque, dont le gouvernement a annoncé la fermeture dans l’après-midi. Dans les couloirs, les salariés ont du mal à réaliser qu’ils viennent d’être licenciés, sans aucun préavis. Les forces de l’ordre ont pris le contrôle des émetteurs pour empêcher toute diffusion de programme. Devant le siège de la télévision, leaders politiques et artistes se relaient pour exprimer leur indignation et leur inquiétude face à cette décision autoritaire. Aperçu en image d’une soirée pendant laquelle la démocratie grecque a de nouveau été bafouée.

    Réalisation : © Agnès Rousseaux / Basta !

    http://www.bastamag.net/article3121.html

    Les employés de ERT aux fenêtres du siège à Athènes mardi soir.

    Monde - le 12 Juin 2013

    Face au "coup d’État" sur l'audiovisuel public en Grèce, les syndicats appellent à la grève générale

    Au lendemain de la décision brutale du gouvernement grec de fermer les chaines de radios et de télévisions publiques, les deux grandes centrales grecques du privé et du public ont appelé à une grève générale de 24 heures, jeudi.

    Qualifiant "de coup d'Etat" la décision du gouvernement de fermer l'Ert, la confédération syndicale grecque GSEE (secteur privé) s'oppose dans un communiqué "à la persistance du gouvernement à prendre des décisions antidémocratiques extrêmes". La Confédération des fonctionnaires du service public Adedy appelle également à participer à cette grève en dénonçant "la mort brutale de l'Ert par un décret législatif (....) dont l'objectif est la suppression des organismes publics et le licenciement de 14.000 fonctionnaires" dans le cadre des politiques d'austérité et pour exprimer leur "solidarité aux employés de la télévision publique et protester contre ces réformes inacceptables du secteur public exigées par les créanciers", a dit le secrétaire général du syndicat, Ilias Iliopoulos.

    Selon le syndicat de journalistes grecs Poesy, le gouvernement remplit d'un coup l'objectif assigné par les créanciers de la Grèce de supprimer deux mille emplois publics. C'est une "solution facile pour répondre aux exigences de la troïka", souligne-t-il. Le syndicat a indiqué la poursuite de son mouvement jeudi tandis que les marins ont également décidé de participer à cette grève générale ce qui va perturber les transports maritimes jeudi en Grèce.

    La droite de la Nouvelle-Démocratie, principal parti de la coalition gouvernementale droite-gauche, dirigée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, a décidé par décret mardi la fermeture autoritaire de la radiotélévision historique Ert, ce qui a provoqué un choc dans le pays et qui fait de la Grèce le premier pays européen sans télévision et radios publiques. La décision de suspendre l'ERT pourrait aussi avoir des répercussions politiques. Les socialistes du Pasok et la Nouvelle gauche, associés à Nouvelle démocratie, disent ne pas avoir été consultés et ont indiqué qu'ils contesteraient cette décision.

    Rassemblement ce mercredi à 18h30 devant l’ambassade de Grèce à Paris, 17 Rue Auguste Vacquerie – 16e – Métro Kléber

    Pour que l’audiovisuel public grec reste ouvert (les journalistes de l’ERT)

    le 12 juin 2013

    Mardi 11 juin, le porte-parole du gouvernement grec annonçait brutalement la fermeture immédiate, par décret, de l’audiovisuel public grec (ERT). L’objectif ? Couper encore davantage dans les dépenses publiques sous la pression des créanciers européens de la Grèce, et mettre au pas un secteur où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s’opposer aux plans de restructuration. Mais les journalistes de l’ERT ne l’entendent pas ainsi : ils ont décidé d’occuper leurs locaux. Voici la déclaration de leur Assemblée générale (Acrimed).

    Dernière minute : rassemblement aujourd’hui 12 juin à 18h30 devant l’Ambassade grecque à Paris. Métro KLEBER, 17 rue Auguste Vacquerie, 75016 Paris - "Le coup d’état ne passera pas ! Solidarité avec les travailleurs licenciés !" Initiative des étudiants et travailleurs grec-que-s à Paris.

    Le gouvernement grec vient d’annoncer la fermeture immédiate de l’organisme de l’audiovisuel public (ERT) sous prétexte d’« assainissement et de restructuration ». Toute émission devrait cesser ce soir, mardi 11 juin, à minuit.

    Cette décision prise en catimini et appliquée par simple décret ministériel entraine le licenciement direct de 2 656 travailleurs et la suppression de presque 4 000 postes au total. L’assemblée générale des travailleurs d’ERT a décidé l’occupation du siège et des studios de l’organisme, ainsi que la poursuite du programme afin d’en informer la population. Ils appellent au soutien et à la solidarité. Voici leur appel.

    Pour que l’ERT reste grande ouverte !

    L’ERT doit rester ouverte à la société ; aux contradictions, aux problèmes, aux angoisses, aux idées et aux actions de la société.

    L’ERT doit rester ouverte à la culture ; aux gens, aux différentes tendances, aux aspirations et à la dynamique de la culture.

    L’ERT doit rester ouverte à tous les citoyens du monde, en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique, en Australie.

    Les employés de la radio et la télévision publique ont le pouvoir et la volonté de préserver le bien commun de l’information, de la culture, du sport. Ils ont l’audace et la volonté de se battre pour que l’ERT cesse d’être manipulée par le ou les partis politiques au pouvoir.

    Nous, travailleurs, nous sommes encore debout et nous serons à la hauteur des circonstances. Nous allons nous battre pour un cadre institutionnel de fonctionnement de l’ERT qui établira et garantira l’indépendance de l’audiovisuel public et qui coupera, enfin, le cordon ombilical avec tout gouvernement et tout centre de décisions et d’interventions politiques ou clientélistes.

    ERT doit rester ouverte en tant que bien public et propriété de tous les citoyens grecs. Ceux qui élaborent les plans de fermeture d’ERT ne font que servir d’autres intérêts. Ils sont dangereux.

    Nous, journalistes de l’audiovisuel public, affirmons de la manière la plus catégorique que nous allons maintenir l’ERT ouverte par tous les moyens.

    Nous appelons tous les citoyens, de Gavdos à Evros, à annuler ce plan cauchemardesque. À annuler toute tentative similaire ayant comme but d’étouffer l’organisme d’audiovisuel public du pays.

    Tous ceux qui se croient en plein cauchemar ont le choix : rester paralysés par la peur, ou se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.

    Quant à nous, nous restons éveillés.

    Nous sommes en assemblée générale permanente et nous invitons tous les citoyens, les acteurs sociaux et politiques, les scientifiques, les hommes de lettres et les artistes au siège d’ERT à Agia Paraskevi.

    Nous ne reculons pas. L’ERT est ouverte et le restera.

    L’Assemblée générale des journalistes de l’ERT

    Agia Paraskevi, le 11 juin 2013

    http://www.acrimed.org/article4088.html#


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  • Chandelle! par G.G.

    Qui ne connaît le jeu du mouchoir ? Des enfants disposés en cercle chantent une comptine, assis les yeux tournés vers l’intérieur du cercle. Pendant ce temps, un autre môme tourne derrière eux mouchoir en main. Soudain, il laisse tomber le mouchoir derrière un gosse moins vigilant ; et si celui-ci ne s’en aperçoit pas à temps, s’il ne rattrape pas son adversaire à la course, il fait « chandelle » au milieu du cercle.

    Dans la réalité, les Français des classes populaires et des couches moyennes sont assis en rond et chantent à longueur de journée The sun is shining (on leur serine depuis l’enfance qu’il faut positiver, si possible, in english). Le gentil Hollande tourne dans leur dos avec une belle matraque rose. Il est lui-même chronométré par deux gendarmes : A. Merkel, la Thatcher de l’Empire européen, et M. Roux de Baisieux, le patron de combat que le MEDEF vient de porter à sa tête. Hollande a pour consigne de déposer un max de mouchoirs dans le dos d’un max de Français : ouvriers, fonctionnaires, assurés sociaux, artisans,  etc. ; il vient même d’obtenir deux tours de plus de Cruella Merkel pour distribuer son lot de coups de matraque. Que cognera-t-il d’abord si nous continuons à regarder ailleurs, à nous surveiller en chiens de faïence et à réagir séparément ? Les allocs ? Les statuts ? Les conventions collectives ? Le droit du travail ? Les retraites ? L’EDF ? L’école ? De toutes façons, pour Berlin et pour ses gentils collaborateurs du CAC-« 40 » (à la jolie date !), tout doit disparaître des conquêtes sociales puisqu’il faut aligner le peuple français, tantôt sur le « modèle » allemand, tantôt sur le « modèle » anglo-saxon…

    Comme on le voit, la différence avec le jeu enfantin est de taille : au Monopoly du Merkholland, les « perdants » ne gagnent rien quand ils gagnent et ils perdent tout quand ils perdent : emploi, pouvoir d’achat, remboursement des soins, pensions, services publics… Quant au « mouchoir », c’est sur leur fierté nationale qu’il peuvent le mettre. Ce joli jeu ne s’arrête que lorsque chacun est fauché et s’est fait cent fois traiter de feignant par les nantis qui lui ont bourré le crâne et vidé les poches !

    Il y aurait pourtant un moyen de ne pas tout perdre : ce serait de tous FAIRE FACE à tout moment… en montant les dents et en serrant le poing. Mais ce serait encore une posture défensive. Le mieux est de rompre le cercle bleu de l’Europe du capital et de se dresser tous en même temps pour chasser la Walkyrie, l’Ogre patronal et le médiocre personnage chargé de nous rouler.

    Faire « chandelle » ou leur « mettre le feu », à chacun de choisir selon l’idée qu’il se fait de sa propre dignité !

     http://www.initiative-communiste.fr/billet-rouge-2/chandelle-par-g-g/


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  • Dossier « Stay Behind » :: C’était OTAN où l’Europe tremblait

    En ce moment se déroule à Luxembourg, devant la 9e Chambre criminelle, le procès dit du « Bommeleeër » (poseur de bombes). Il y a une trentaine d’années, 20 attentats ont secoué le Grand-Duché de Luxembourg. L’importance de ce procès dépasse largement le Grand-Duché.

    Herwig Lerouge

    Sur la banc des accusés, Marc Scheer et Jos Wilmes, deux anciens membres de la brigade mobile, la section antiterroriste de la gendarmerie locale. On les accuse d’une vingtaine de délits dont des attentats avec des explosifs, d’une tentative d’assassinat et d’une tentative de meurtre. Il est possible que d’autres personnes aient été impliquées dans les attentats. La justice continue l’enquête. Mais les témoignages s’accumulent pour dire que ces gendarmes ne sont que les soldats d’une armée de l’ombre et que leurs généraux restent hors de portée.

    Psychose au Luxembourg

    Au total, entre mai 1984 et mars 1986, pas moins de 20 attentats ont semé la peur dans le paisible Grand Duché. Objectifs : des pylônes de haute tension, des gazoducs, les Casemates (bunkers, premières attractions touristiques du pays), des locaux de la gendarmerie, le Palais de Justice, des installations techniques de l’aéroport, la maison d’un colonel…
        Tout a débuté par un vol d’explosifs, fin janvier 1984, dans une carrière. Ces vols se sont poursuivis durant plus d’un an et les voleurs ont emmené 374 kg d’explosifs, 100 m de cordon et 465 détonateurs.
        Les auteurs des attentats cherchaient manifestement à créer une psychose et mettre à mal le sentiment de sécurité au Grand-Duché.
        Le gouvernement democrate-chrétien-socialiste de l’époque a donc renforcé les mesures de sécurité. Gendarmes, policiers et soldats surveillaient les points stratégiques du pays, les ponts, les dépôts de munitions, les antennes de RTL, les barrages, les installations de la Compagnie d’électricité. Il a mis en place un commandement unique gendarmerie-police pour mieux coordonner les efforts des enquêteurs.
        Extrêmement bien informés des actions de la police, les poseurs de bombes arrivent à éviter tous les traquenards. Des récompenses en échange de tuyaux n’ont rien donné.
        Très vite, on a compris qu’on avait à faire à un groupe d’hommes avec une expertise en matière d’explosifs et des infos d’initié sur les forces de police.
        L’enquête s’est dirigée alors dans la direction de la « brigade mobile », l’unité antiterroriste de la gendarmerie et le 23 novembre 2007 deux agents de cette brigade, Marc Scheer et Jos Wilmes, ont été arrêtés et suspendus. Ils ont toujours nié les faits. Mais une perquisition à leur domicile a permis la saisie d’un manuel et du matériel servant à fabriquer des explosifs.

    Les forces spéciales américaines impliquées

    Quelques jours avant l’ouverture du procès, l’affaire a pris une tournure inattendue suite aux déclarations d’un ancien sous-officier de l’armée, resté anonyme. Le 20 février 2013, il déclare sur RTL qu’au cours des années 1980 des soldats luxembourgeois ont été formés dans l’utilisation d’explosifs à des fins de sabotage au Luxembourg. Lui-même s’est entraîné à poser des bombes sur des pylônes, des ponts, des tunnels, des antennes radio, des châteaux d’eau. Il a fait cela avec des Français et des Néerlandais. Il a aussi participé à une action au cours de laquelle lui et ses hommes ont été formés en écosse, sont ensuite rentrés via Londres en portant leur uniforme sous leurs vêtements. De Londres, ils se sont envolés pour Luxembourg, ils ont sauté en parachute et ont poursuivi leurs actions. Ils étaient en possession d’armes et d’explosifs, ils ont sauté de l’avion avec 70 kg d’équipement en compagnie de « forces spéciales américaines ». Les Américains et les Anglais, dit-il, ont sélectionné les militaires qu’ils pouvaient utiliser, au sein des forces spéciales luxembourgeoises. Sa conclusion : les Bommeleeër ont été militairement formés et attaqué militairement des objectifs de l’Otan. C’est aussi la conclusion à laquelle qu’arrivent les avocats des deux gendarmes soupçonnés.

    Enquête sabotée

    Selon eux, le procureur de l’époque a négligé les témoignages et les preuves recueillies, il n’a pas transmis tous les documents aux enquêteurs qui lui ont succédé : plus de 80 pièces à conviction ont disparu soit au FBI américain ou à la BKA (office fédéral de police criminelle) allemande. Une empreinte digitale retrouvée après un attentat a disparu, un collaborateur du Service de renseignements (SREL) a détruit des documents et de nombreuses pistes ont été négligées, notamment celle de l’implication de l’armée et des réseaux « Stay behind ». Ces réseaux font partie des mesures prises par l’OTAN dans sa lutte contre le communisme lors de la guerre froide (voir encadré).

    Le témoin indésirable

    La piste des provocations de l’armée secrète constituée à partir de l’OTAN est confirmée par plusieurs témoins au Luxembourg. Andreas Kramer, un historien allemand, ancien archiviste en chef au Parlement allemand, a témoigné sous serment. Son père, décédé en 2012, avait été capitaine à l’armée avant de travailler pour le Service fédéral de renseignement allemand (BND). A ce titre, il a coordonné un groupe d’agents qui ont travaillé avec les services de renseignement d’autres pays de l’OTAN, dont les services de renseignement en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Son père lui a dit avoir été directement impliqué dans 18 attentats au Luxembourg entre 1984 et 1986. Il aurait écrit lui-même trois lettres de chantage à la compagnie d’électricité, une des cibles des attaques. Un groupe du BND et des agents « Stay Behind » allemands, mais aussi dix Luxembourgeois, auraient été impliqués. Son père les aurait recrutés dans une unité spéciale de la gendarmerie.
        Il a cité Ben Geiben, qui était responsable à la fois à l’unité anti-terroriste de la police et de la « brigade volante », et qui a souvent travaillé avec son père. Geiben a très tôt été considéré comme suspect et chargé aussi par un autre témoin. Il avait travaillé sur le concept de sécurité de l’aéroport. Lors de l’un des attentats, la commande électronique de guidage et d’atterrissage a été détruite par deux bombes. Un enquêteur a expliqué la manière dont les bombes et les explosifs ont été construits et a affirmé que cela nécessitait de grandes connaissances. Selon lui, les méthodes et les connaissances provenaient de la gendarmerie.
        Geiben nie, mais il n’a pas d’alibi. Le premier octobre 1984, il a démissionné de la gendarmerie en appelant à un renforcement massif de la « Brigade mobile ».
        Une troisième personne est impliquée : le chef du service de renseignement, Charles Hoffman, aurait été  à la fois le chef des « sleepers » (les éléments dormants) du « Stay Behind » luxembourgeois et d’un groupe opérationnel dont faisaient partie les six militaires formés par le MI6 en Écosse, qui ont participé aux attentats. Ces agents étaient chargés entre autres des vols d’explosifs dans les différentes carrières.

    Kramer contre Kramer

    Pour prouver que son père était l’auteur de trois lettres, Kramer a donné un échantillon d’ADN. Il justifie son silence depuis tant d’années par des pressions exercées par le BND et parce que son père, qui était un véritable terroriste, un nazi, a menacé de le tuer s’il divulguait ce qu’il savait. C’est après la mort de son père, le 8 novembre 2012, qu’il est sorti de son silence.
        Le procureur a tenté de soulever des contradictions chez Kramer. La presse a parlé d’un imposteur. La juge a décidé de le faire interroger plus en détail par la police.
        Mais une autre personnalité a évoqué sur les antennes de RTL la piste des « Stay behind ». Il s’agit de l’ancien président de la Cour des comptes, Gerard Reuter, qui devait autoriser les écoutes du service secret et contrôler les comptes de celui-ci. Il parle aussi de l’implication de la CIA qui exigeait d’entreprendre les actions nécessaires pour repousser le communisme.
Mais il est à craindre que cette piste sera une nouvelle fois enterrée. Les questions traitant de l’implication des agents du réseau « Stay-Behind » ne pourront plus être évoquées par la défense dans le procès pour le moment. C’est ce qu’a décidé la justice. Les pièces apportées par la défense sont considérées comme confidentielles et donc irrecevables. Elles proviendraient de sources jugées illégales. La justice a décidé qu’il est impossible d’aller contre le secret de tels documents pour le moment et appelé la Cour constitutionnelle a émettre une décision sur la question de savoir si un article protégeant les services secrets prend le pas ou non sur un article de la Constitution concernant la protection des droits individuels.  
        Entretemps, le procès continue et devient chaque jour un peu plus le procès du sabotage de l’enquête, des manipulations et des interventions en provenance du sommet de l’État, des services de renseignements et de l’armée. À l’heure d’écrire ses lignes, un autre personnage est inquiété : le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden. Il est accusé d’avoir fait pression sur la justice alors qu’il en était le ministre, en 2001. Il voulait étouffer l’affaire du « Bommeleeër »…

    Les armées de l’OTAN
    Le professeur suisse Daniele Ganser, de l’Université de Bâle, a étudié à fond les réseaux dans un ouvrage intitulé Armées secrètes de l’OTAN1. Il montre que, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1990, existaient dans les pays membres de l’OTAN, à côté des troupes ordinaires de l’Alliance, des armées secrètes (nommées aussi « Stay-Behind » ou « Gladio ») mises en place par la CIA et le MI6 britannique. Ces armées secrètes étaient commandées et coordonnées par un bureau de la sécurité au sein du quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Les organisateurs de ces réseaux ont recruté dans l’armée, la police, la gendarmerie, dans des groupes d’extrême droite qui luttaient contre le communisme. Des entraînements étaient organisés. Par exemple, des exercices aux cours desquels ces « résistants » s’opposaient à des troupes régulières des armées occidentales, à qui on faisait jouer le rôle des Soviétiques.
        Le but était de créer des structures clandestines pour armer l’Europe de l’Ouest contre une invasion soviétique et pour empêcher les communistes dans les pays européens d’arriver au pouvoir. Dans les pays concernés, il n’y avait que quelques représentants politiques bien choisis qui étaient informés de l’existence de ces armées secrètes.
        Un manuel de l’état-major américain (Field Manuel 30-31B) décrit les « opérations sous fausse bannière » à mener par ces réseaux. Il s’agit d’attentats terroristes initiés ou perpétrés par des services secrets ou les armées clandestines de l’OTAN qui sont ensuite imputés aux communistes. Dans certains pays membres de l’OTAN, on a eu recours à cette tactique, selon Ganser. Les USA ont ainsi massivement influencé la politique en Italie entre 1945 et 1993. La CIA, les services de renseignements italiens, l’armée secrète italienne de l’OTAN (« Gladio ») et des terroristes d’extrême droite ont mené une guerre secrète contre les communistes italiens (PCI). « Gladio » a participé à des attentats qui ont ensuite été attribués aux Brigades Rouges. En 2000, la commission du Parlement italien chargée d’enquêter sur « Gladio » et sur les attentats perpétrés dans le pays conclut : « Ces tueries, ces bombes, ces opérations militaires ont été organisées, encouragées ou soutenues par des personnes travaillant pour les institutions italiennes et par des individus liés aux structures du renseignement américain. »
        Après 1990, on a appris que des armées secrètes étaient à l’œuvre dans tous les pays européens. La Belgique, l’Italie et la Suisse ont mis sur pied des commissions d’enquête. Mais l’OTAN et le MI6 leur ont refusé l’accès à leurs archives. Des opérations des services secrets (meurtres, massacres, coups d’Etat et attentats terroristes) ne peuvent donc pas être élucidées parce que l’OTAN et le MI6 refusent d’ouvrir leurs archives…
    1. Editions Demi-lune, 2007

     

     

    Raison d’État ?
    Des attentats tout à fait semblables et même beaucoup plus graves, avec des dizaines de morts, ont eu lieu dans d’autres pays européens, dont la Belgique. C’était le cas des CCC et des Tueurs du Brabant (voir ici). Pour les CCC, on a condamné les petits soldats, mais il est fort douteux que les quatre membres connus de ce groupe aient agi seuls. Nous le disons depuis des années et nous ne sommes pas seuls. Quant aux Tueurs du Brabant, on refuse toujours d’investiguer la piste de la provocation d’extrême droite orchestrée à partir de l’OTAN. Pourtant, les éléments apparus à la surface à Luxembourg sont tellement lourds qu’exclure cette piste revient à sciemment couvrir des crimes odieux pour des raisons d’État. Cela reviendrait à accepter que l’OTAN constitue dans nos pays un pouvoir de l’ombre tellement puissant que même des hommes politiques élus n’osent affronter…

     

    Dossier « Stay Behind » :: Une armée secrète en Belgique ?

    Il ressort de notre dossier que les attentats du Luxembourg s’inscrivaient dans une stratégie de terreur. A la même époque, des attentats similaires ont frappé la Belgique.

    Herwig Lerouge
     

     Le début des années 1980 en Belgique, gouvernée par le gouvernement Martens/Gol (coalition social-chrétienne/libérale), est marqué par des licenciements massifs, une grande grève des cheminots, la lutte contre les plans de restructuration de Cockerill-Sambre, des luttes pour la défense de l’index.
        En même temps, l’Europe occidentale et la Belgique connaissent une immense mobilisation populaire contre le danger de guerre. Le projet d’installation de missiles nucléaires américains Cruise en Europe conduit à des mobilisations immenses (200 000 manifestants à Bruxelles en 1981, plus encore en 1983). Même les partis au pouvoir sont déchirés sur la question.
        Les CCC apparaissent en 1983. Ce groupuscule armé se définissant comme révolutionnaire sera actif deux ans. C’est dans ce contexte qu’on apprend en mai 1984 l’attaque d’une caserne à Vielsalm. On retrouvera de nombreuses armes volées dans la caserne dans une cache des CCC. Mais vu l’ampleur du vol, il ne s’agit pas d’une attaque de quatre membres des CCC, comme on l’a prétendu à l’époque. Il faut chercher plutôt du côté des manœuvres « Oesling 84 » de l’OTAN, des manœuvres conjointes belgo-luxembourgeoises orchestrées par les Forces spéciales américaines.

    « Special forces » américaines

    En octobre 1985, quinze mois après l’attaque de Vielsalm, Lucien Dislaire, un habitant de Houffalize, révélait au journaliste René Haquin qu’il avait participé aux manœuvres « Oesling 84 » visant à l’entraînement de « Special forces » américaines, parachutées sur la province début mai et engagées dans des opérations conjointes avec des paras belges.
        La mission de Dislaire (comme d’une dizaine d’autres civils, la plupart anciens militaires de la province) était de fournir nourriture et munitions, assurer les contacts radio entre les groupes – tous en civil – et assurer leurs déplacements à bord de véhicules civils. Il a transporté des commandos belges et des hommes des « Special forces » dans les environs de la caserne de Vielsalm. Des attaques-surprises avaient déjà été menées depuis le début du mois contre la gendarmerie de Neufchâteau, contre un dépôt de carburants à Bastogne, etc.
        Au lendemain de l’attaque de Vielsalm, la manœuvre tourna court. Les Américains furent évacués vers l’Allemagne, les commandos rentrèrent. Les autorités judiciaires, peu informées par les militaires, convoquèrent leurs responsables belges et américains (en novembre 1985). Puis le dossier fut transmis à Bruxelles. Les CCC ne furent jamais inculpés pour Vielsalm, le parquet général ayant conclu à un vol commis par des inconnus.

    Un scénario identique

    Un mois plus tard, des explosifs sont volés dans la carrière d’Ecaussines. Puis, à partir d’octobre 84, une série d’attentats commence contre des firmes américaines liées à l’industrie de l’armement, des banques, des bâtiments du patronat, des locaux de partis politiques et des oléoducs de l’OTAN, des installations de communication et des pylônes près de bases militaires et contre la gendarmerie. Comme au Luxembourg…
        Les services de police lancent une vaste opération sous le nom d’ « Opération Mammouth » : une centaine de perquisition frappent les milieux communistes, anarchistes, etc.
        Lors d’un attentat contre la FEB commis par les CCC, le 1er mai 1985, deux pompiers sont tués dans l’explosion. Les CCC diffusent un document contre le PTB, accusé de trahir le communisme. Plus tard ils lanceront un cocktail molotov contre la voiture du dirigeant de la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD), co-organisateur des manifestations antiguerre.
        Les attentats s’arrêtent, tout comme au Luxembourg, début 1986. Les quatre membres connus de l’organisation sont arrêtés et lourdement condamnés. Aujourd’hui encore, ils refusent d’admettre qu’ils puissent s’être fait manipuler. Pourtant…
        Il aura fallu 14 mois avant que les quatre membres des CCC soient arrêtés. Alors que ce groupe était surveillé depuis des années. Quand, en juin 1984, Pierre Carette (l’un des présumés leaders) se réfugie dans la clandestinité, les services de police savent parfaitement qui il est, quels sont ses contacts et les personnes sur qui il peut compter pour des adresses clandestines et autres formes de soutien logistique.

    Un commando professionnel

    Lors de la plupart des attentats des CCC, c’est de la dynamite qui est utilisée. Et c’est également de la dynamite qui a été dérobée, en juin 1984, dans une carrière près d’Ecaussinnes. La dynamite se trouvait dans un bunker doté d’une muraille de béton de trois mètres de haut et surmonté de barbelés. Au milieu du bunker se trouvait le dépôt d’explosifs, protégé par du béton et un blindage en acier de 8 mm d’épaisseur. Pour arriver au dépôt, les voleurs ont dû franchir successivement trois portes, deux portes grillagées ainsi qu’une porte blindée en acier. Ils ont utilisé des foreuses, des lampes à souder et des scies électriques. Ensuite, ils ont emporté 32 caisses de 25 kg de dynamite.
        Comme au Luxembourg, la police était d’avis qu’il s’agissait d’un commando professionnel de 3 à 5 personnes. Aucun des membres des CCC arrêtés n’avait la moindre expérience qui lui aurait permis de commettre un tel vol.
        Le 12 décembre 1984, en 45 minutes, les CCC commettent cinq attentats à des endroits éloignés l’un de l’autre. Tout le monde reste bouche bée face à tant d’efficacité et de professionnalisme.
        Le but poursuivi est le même que celui des forces pro-américaines. A l’époque, le rédacteur en chef du Standaard écrit : « Les actions des CCC ont lieu à un moment où la Belgique ne se comporte pas comme le plus soumis des alliés de l’Otan (il y a des manifestations massives contre l’installation des missiles nucléaires américains). Le terrorisme des CCC affaiblit la pensée pacifiste et renforce l’influence des faucons de la guerre. La question centrale est donc de savoir qui trouve son intérêt dans ces attentats. » La stratégie de la tension avait atteint ses objectifs.

     

    Stratégie de la tension
    Les CCC démarrent leur campagne au moment où les Tueurs du Brabant poussent à son paroxysme la guerre psychologique contre la population. Les Tueurs, qui tuent des gens dans les supermarchés Delhaize sans raison apparente, mènent une campagne de terreur qui fait penser aux assassinats aveugles des partis d’extrême droite en Italie. La chronologie s’adapte parfaitement à la méthode de travail utilisée dans la stratégie de la tension. Presque en même temps que l’arrestation des membres des CCC, on assiste à la fin de la terreur des Tueurs du Brabant. L’objectif de la stratégie est de créer l’inquiétude parmi la population pour préparer un climat propice à une législation plus répressive et un appareil de répression plus important avec des compétences élargies.
    Efficace, le binôme Tueurs du Brabant-CCC l’a été : après leurs actions, l’arsenal des lois répressives s’est considérablement étoffé et les services de police ont reçu plus d’effectifs et de moyens.

     http://www.ptb.be

     


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  • LE MARCHÉ TRANSATLANTIQUE, STADE SUPRÊME DE L'EUROPE CAPITALISTE DES MULTINATIONALES

    Le marché transatlantique est un vieux projet de l'impérialisme capitaliste étasunien, qui date probablement des années 1920 où il n'était encore qu'une lointaine utopie capitaliste. La création européenne, sous l'impulsion de Washington et de ses affidés (Spaak, Schumann et Monnet) qui couplée au Plan Marshall et au Pacte Atlantique ouvrit l'Europe aux capitaux, marchandises et armées américaines à partir de 1947 (voir une conférence d'Annie Lacroix-Riz en deux parties,l'une sur 1945-1949, l'autre sur ce qui se passe après 1949 ; voir également un article de Plan B sur ce sujet ; et celui de Thierry Meyssan ; et celui de Rémi Kauffer du magazine Historia), trouve donc aujourd'hui son aboutissement comme l'avaient pressenti avec raison Europe Inc. de l'association Corporate Europe Observatory et Raoul Marc Jennar dans son ouvrage Europe, la trahison des élites. Les années 1990 avaient en effet vu renaître ce vieux projet d'union transatlantique sous l'impulsion du puissant lobby patronal TABD (Trans-Atlantic Business Dialogue, groupant des grandes multinationales américaines et européennes), qui a pignon sur rue à Bruxelles et à Washington, et qui souhaitait un marché transatlantique au plus vite. En 1990, une Déclaration Transatlantique (mettant en place un nouveau dispositif institutionnel favorable à l'établissement du marché transatlantique et au renforcement de l'alliance européo-américaine à tous niveaux) est adoptée, suivie 5 ans plus tard du Nouvel Agenda Transatlantique (qui prévoit l'avènement d'un marché transatlantique en 2015) et, en 1998, du Partenariat Économique Transatlantique. L'opposition de Paris (sous pression du mouvement antimondialisation) en 1998, ainsi que l'espoir placé dans un vaste marché américain (ZLEA ou Zone de Libre-Échange des Amériques), prévu pour 2005, repousse ce projet de quelques années. La guerre d'Irak, qui divisera profondément l'Europe, ne permet pas un retour des négociations : c'est finalement en 2005 que refait surface ce projet de marché transatlantique, avec l'Initiative économique UE - États-Unis. La marche en avant du projet reprend : accord-cadre de 2007, création d'un Conseil Économique Transatlantique (état du projet en 2007),résolution (sans valeur légale) du Parlement Européen en faveur du projet en 2009 (qui vote depuis 2006 de nombreuses résolutions dans ce sens), Sommet UE - États-Unis en 2011, et enfin accord de 2013 du Conseil Européen qui autorise l'ouverture des négociations finales entre Bruxelles et Washington concernant l'établissement d'un marché transatlantique en 2015 (document ci-joint).

    Les États européens, déjà eux-mêmes au service des classes capitalistes, et sans parler des États du Tiers-Monde, dans une situation encore pire, n'avaient déjà plus beaucoup de souveraineté économique, sociale et politique avec l'OMC, l'Union Européenne et l'OTAN. Ils n'avaient plus beaucoup de politique commerciale, industrielle, financière (économique) indépendante ; plus beaucoup de politique sociale (déjà bien grignotée de l'intérieur, certes) indépendante ; et plus beaucoup de politique extérieure indépendante. Avec ce nouveau marché transatlantique, nous aurons encore moins de souveraineté étatique (sans parler de souveraineté populaire, déjà réduite à néant). Le nouveau marché transatlantique entraînera une "harmonisation" des normes et des réglementations, à un niveau encore plus poussé qu'au sein de l'OMC : encore moins de législation environnementale et sociale en Europe (déjà qu'il n'y avait pas grand chose), puisqu'on s'alignera sur celle de Washington ; encore plus de chômage, de baisse de salaires et de faillites, puisqu'on montera encore d'un cran niveau concurrence/productivité (entre Monsanto et l'agriculture paysanne française, enfin ce qu'il en reste, qui gagne, à votre avis ?), et on diminuera probablement encore l'aide aux "petits" capitalistes ; encore plus d'impérialisme, avec l'alliance européo-américaine encore renforcée ; encore plus du gâteau pour l'empire des multinationales (américaines, mais aussi françaises, allemandes et britanniques), qui écraseront encore mieux PME et salariés ; et une crise du capitalisme encore plus forte, bien sûr, puisqu'il y aura encore plus de concurrence, donc encore moins de forces de travail exploitées, donc encore moins de valeur/de demande ... Plus de SMIC ou de droit du travail, des boeufs aux hormones (pour ceux qui ne sont pas végétariens) et des OGM dans vos assiettes, tout un programme !

    L'objectif est évidemment d'arriver à une Union Transatlantique, à l'image de l'Union Européenne actuelle ; puis à une Union Transatlantique à tous niveaux, y compris militaires ; puis à des États-Unis d'Europe et d'Amérique, avec abolition complète des restes de souveraineté étatique ; avant, peut-être, un gouvernement mondial, qui abolira ce qui reste de souveraineté populaire (déjà qu'elle est infime aujourd'hui, je vous laisse imaginer).

    Que faire ? Il ne faut pas se contenter de s'opposer à cette nouvelle offensive de l'impérialisme capitaliste des multinationales soutenues par Washington et Bruxelles (et par nos gouvernements et nos "représentants", d'ailleurs), destinées à renforcer encore plus l'exploitation capitaliste et l'impérialisme des multinationales en Europe ; non, il faut s'opposer au système capitaliste impérialiste même, à ses institutions étatiques comme supranationales ; il est temps d'en finir avec une stratégie défense à l'égard du système qui nous exploite et nous oppresse ; il faut faire comme lui : aller de l'avant et préparer l'écrasement de l'adversaire. Non plus pour plus d'impérialisme et plus d'exploitation capitaliste ; mais pour un socialisme démocratique sans valeur, sans domination étatique ni exploitation capitaliste.

    Un autre article à ce sujet

    http://pensee-radicale-en-construction.overblog.com

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    Celui qui fut directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy a bien touché 10.000 euros de prime par mois durant deux ans.


    ANTONIOL ANTOINE/SIPA
    ANTONIOL ANTOINE/SIPA
    L’information a été donnée par l’AFP : quelque 10.000 euros par mois « en provenance de frais d’enquête et de surveillance » ont été « remis à Claude Guéant quand il était directeur du cabinet du ministre » de l’Intérieur (à l’époque Nicolas Sarkozy). Et ce, durant plus de deux ans : entre mai 2002 et l’été 2004, selon les conclusions de deux inspections rendues, aujourd’hui, publiques.

    Cette enquête administrative avait été demandée en mai dernier à la suite d’éléments relevant des factures payées par Claude Guéant en liquide. Selon ce dernier, ces factures avaient été réglées par des primes « non déclarées de toute éternité ». Et ces primes concernaient « des milliers de fonctionnaires ».

    Le problème est que l’on apprenait dans la foulée que ces primes avaient été supprimées par un décret de Lionel Jospin en 2001. Ancien ministre de l'Intérieur de ce dernier, Daniel Vaillant, avait, d'ailleurs, confirmé sur France Info  : « Il n'y a plus eu de primes versées aux collaborateurs dès le 1er janvier 2002, avec un avenant au contrat de travail stipulant que l'équivalent serait versé sur la feuille de salaire », et non plus en espèces.

    Opérant une prudente retraite, Guéant avait affirmé ensuite que les primes qu'il a touchées ne provenaient pas des fonds spéciaux mais d'un système spécifique au ministère de l'Intérieur, qui aurait perduré jusqu'en 2006, date à laquelle Nicolas Sarkozy et lui-même y auraient mis fin.

    Là encore, cette version avait été mise à mal par un ancien membre de cabinet de Dominique de Villepin, ministre de l'Intérieur de mars 2004 à mai 2005 qui avait déclaré au journal Le Monde  :  « Il n'y avait aucun système organisé, officiel ou officieux, de versement de telles primes en liquide aux collaborateurs du cabinet. »

    Donc, nous savons désormais que, en effet, ces primes  ne provenaient pas d’un système organisé pour compenser la situation salariale des fonctionnaires de la Place Beauvau mais qu’elles étaient détournées de leur objectif initial. A savoir assurer des « frais d’enquête et de surveillance ».

    A moins que Guéant se considère, lui-même, à cet époque comme un enquêteur ou un indic. Quand on connaît par la suite les ratés de notre système d’enquête et de surveillance, on ne peut s’empêcher de penser que les sommes détournées auraient sûrement pu et du être mieux utilisées.

    Le second point est que les bénéficiaires n’ont pas été des milliers de fonctionnaires comme nous l’a conté Claude Guéant mais Claude Guéant, lui-même. Pour quel usage ? On attend avec intérêt l’enquête judiciaire et l’enquête fiscale.

    Pendant des années, une légende urbaine en Sarkozie, nous présentait celui qui fut directeur de cabinet puis ministre de l’Intérieur comme un homme de grande vertu, le symbole du serviteur de l’Etat, austère, désintéressé, travailleur, dur à la tâche.

    C’est un tout autre profil qui se dessine au fur et à mesure des révélations successives. Du coup, ce rouage essentiel de la Sarkozie qui se grippe, jette aussi une lumière différente sur dix ans de pratique politique.

    Au passage, rappelons juste que lorsque Roselyne Bachelot avait dit, s'agissant de son ancien collègue au gouvernement : « Soit c’est un menteur, soit c’est un voleur ». Elle avait été attaquée par bon nombre de politiques et d’éditorialistes. On attend les excuses.
     

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  • Des salariés à 2,86 euros de l'heure

    REPORTAGE - Il y aurait quelque 300.000 travailleurs européens détachés en France, notamment sur des chantiers auvergnats. Un dumping social qui ne dit pas son nom.

     

    http://cdn-lejdd.ladmedia.fr/var/lejdd/storage/images/media/images/economie/laurent-dias/9001375-1-fre-FR/Laurent-Dias_pics_390.jpgLaurent Dias, délégué CGT (de face à droite), informe les salariés hongrois de leurs droits, à l’entrée d’un chantier. (Bernard Bisson/JDD)

     

    Son coffre est rempli de plaquettes éditées en roumain, en portugais, en polonais. Chacune porte un petit drapeau et une inscription : "Les mêmes droits pour tous". Le jour se lève à peine lorsque Laurent Dias, délégué CGT Auvergne, déballe son matériel pour "tracter" devant un chantier, en périphérie de Clermont-Ferrand. Une vieille voiture immatriculée en Hongrie déboule sur le parking.

     

    Cinq ouvriers sortent, en casques blancs et habits de travail. Certains sont arrivés en France il y a deux ans, d'autres il y a cinq ans ! Tous sont plaquistes, logés dans un gîte à Saint-Nectaire, à trois quarts d'heure de route, employés par une cascade de sous-traitants : une entreprise de l'ouest de la France en cheville avec un recruteur hongrois, un sous-traitant auvergnat et au bout de la chaîne, un grand groupe de BTP… "Vous êtes bien payés? entame le cégétiste. Vous avez un panier-repas le midi?" – "C'est difficile", répond l'un d'entre eux. "Si vous avez un problème, mon numéro est ici. Appelez-moi…"

    "Le nouvel esclave moderne"

    Laurent Dias explore le visage le plus dur de l'Europe sociale. Quelque 300.000 "travailleurs détachés" sont employés chaque année en France, dont 150.000 non déclarés, selon deux rapports rédigés ce printemps par le Sénat et l'Assemblée nationale. La pratique vise à faciliter le prêt de main-d'œuvre, notamment dans la construction et l'agroalimentaire, secteurs frappés par une pénurie en France.

    Elle est encadrée par une directive européenne de 1996 : les règles du pays d'accueil s'appliquent au salarié détaché pour le salaire et le temps de travail, mais les cotisations sociales – généralement moindres qu'en France – sont payées dans le pays d'origine. "L'écart de coût peut atteindre jusqu'à 30 %", souligne le sénateur communiste Éric Bocquet, qui dénonce une "évasion sociale" au même titre que l'évasion fiscale. Jusqu'ici silencieuse, la Fédération française du bâtiment chiffre le manque à gagner en cotisations, pour son secteur, entre 300 à 400 millions d'euros par an.

     

    Lorsqu'ils ne sont pas déclarés, ces employés au rabais sont souvent payés en dessous du smic, travaillent plus longtemps et échappent au contrôle de la médecine du travail… "Le travailleur low cost devient le nouvel esclave moderne", regrettent les députés Gilles Savary, Chantal Guittet (PS) et Michel Piron (UDI) dans leur rapport. 

    Les syndicats européens manifestent mercredi

    Le syndicaliste Laurent Dias espère, lui, aller jusqu'au procès dans le dossier du Grand Carré de Jaude, complexe immobilier au centre de Clermont-Ferrand, où des salariés recrutés par une société écran portugaise se sont retrouvés rémunérés… 2,86 euros de l'heure! "Dans les années 1960, les Portugais avaient un salaire correct, rappelle ce fils de réfugiés politiques. Aujourd'hui, la nouvelle immigration est payée au lance-pierre."

     
    La nuit, le délégué CGT continue de sillonner le département pour informer les travailleurs de leurs droits. "Certains dorment dans des voitures pour faire des économies. Les grands groupes s'en foutent, du moment qu'ils ne sont pas pénalisés!" Chaque maillon de la chaîne de recrutement se renvoie la balle. "S'interdire d'employer des travailleurs détachés est impossible, affirme le salarié d'un constructeur. Nous sommes dans un marché compétitif, c'est la pratique la plus économique. Cela va deux fois plus vite et c'est deux fois moins cher…"

     

    C'est bien ce qui gêne la ministre de l'Artisanat et du Commerce, Sylvia Pinel, qui doit faire des propositions avant l'été sur ce sujet, également au menu de la conférence sociale des 20 et 21 juin. "Nous renforcerons les contrôles dans les prochains mois, assure-t-elle. Nous devons aussi mener un travail de sensibilisation auprès des collectivités locales pour indiquer que, derrière une offre plus basse, il peut y avoir de la sous-traitance en cascade…"

     

    Laurent Dias, lui, manifestera mercredi devant le Parlement européen, à Strasbourg, avec ses homologues venus de toute l'Europe, pour dénoncer le projet de refonte de la directive, insuffisant à leurs yeux. Les banderoles sont déjà prêtes, quadrillées du slogan "Halte au dumping social". En français, en portugais, en polonais…

    http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Des-salaries-a-2-86-euros-de-l-heure-612385


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