Dossier « Stay Behind » :: C’était OTAN où l’Europe tremblait
En ce moment se déroule à Luxembourg, devant la 9e Chambre criminelle, le procès dit du « Bommeleeër » (poseur de bombes). Il y a une trentaine d’années, 20 attentats ont secoué le Grand-Duché de Luxembourg. L’importance de ce procès dépasse largement le Grand-Duché.
Herwig Lerouge
Sur la banc des accusés, Marc Scheer et Jos Wilmes, deux anciens membres de la brigade mobile, la section antiterroriste de la gendarmerie locale. On les accuse d’une vingtaine de délits dont des attentats avec des explosifs, d’une tentative d’assassinat et d’une tentative de meurtre. Il est possible que d’autres personnes aient été impliquées dans les attentats. La justice continue l’enquête. Mais les témoignages s’accumulent pour dire que ces gendarmes ne sont que les soldats d’une armée de l’ombre et que leurs généraux restent hors de portée.
Psychose au Luxembourg
Au total, entre mai 1984 et mars 1986, pas moins de 20 attentats ont semé la peur dans le paisible Grand Duché. Objectifs : des pylônes de haute tension, des gazoducs, les Casemates (bunkers, premières attractions touristiques du pays), des locaux de la gendarmerie, le Palais de Justice, des installations techniques de l’aéroport, la maison d’un colonel… Tout a débuté par un vol d’explosifs, fin janvier 1984, dans une carrière. Ces vols se sont poursuivis durant plus d’un an et les voleurs ont emmené 374 kg d’explosifs, 100 m de cordon et 465 détonateurs. Les auteurs des attentats cherchaient manifestement à créer une psychose et mettre à mal le sentiment de sécurité au Grand-Duché. Le gouvernement democrate-chrétien-socialiste de l’époque a donc renforcé les mesures de sécurité. Gendarmes, policiers et soldats surveillaient les points stratégiques du pays, les ponts, les dépôts de munitions, les antennes de RTL, les barrages, les installations de la Compagnie d’électricité. Il a mis en place un commandement unique gendarmerie-police pour mieux coordonner les efforts des enquêteurs. Extrêmement bien informés des actions de la police, les poseurs de bombes arrivent à éviter tous les traquenards. Des récompenses en échange de tuyaux n’ont rien donné. Très vite, on a compris qu’on avait à faire à un groupe d’hommes avec une expertise en matière d’explosifs et des infos d’initié sur les forces de police. L’enquête s’est dirigée alors dans la direction de la « brigade mobile », l’unité antiterroriste de la gendarmerie et le 23 novembre 2007 deux agents de cette brigade, Marc Scheer et Jos Wilmes, ont été arrêtés et suspendus. Ils ont toujours nié les faits. Mais une perquisition à leur domicile a permis la saisie d’un manuel et du matériel servant à fabriquer des explosifs.
Les forces spéciales américaines impliquées
Quelques jours avant l’ouverture du procès, l’affaire a pris une tournure inattendue suite aux déclarations d’un ancien sous-officier de l’armée, resté anonyme. Le 20 février 2013, il déclare sur RTL qu’au cours des années 1980 des soldats luxembourgeois ont été formés dans l’utilisation d’explosifs à des fins de sabotage au Luxembourg. Lui-même s’est entraîné à poser des bombes sur des pylônes, des ponts, des tunnels, des antennes radio, des châteaux d’eau. Il a fait cela avec des Français et des Néerlandais. Il a aussi participé à une action au cours de laquelle lui et ses hommes ont été formés en écosse, sont ensuite rentrés via Londres en portant leur uniforme sous leurs vêtements. De Londres, ils se sont envolés pour Luxembourg, ils ont sauté en parachute et ont poursuivi leurs actions. Ils étaient en possession d’armes et d’explosifs, ils ont sauté de l’avion avec 70 kg d’équipement en compagnie de « forces spéciales américaines ». Les Américains et les Anglais, dit-il, ont sélectionné les militaires qu’ils pouvaient utiliser, au sein des forces spéciales luxembourgeoises. Sa conclusion : les Bommeleeër ont été militairement formés et attaqué militairement des objectifs de l’Otan. C’est aussi la conclusion à laquelle qu’arrivent les avocats des deux gendarmes soupçonnés.
Enquête sabotée
Selon eux, le procureur de l’époque a négligé les témoignages et les preuves recueillies, il n’a pas transmis tous les documents aux enquêteurs qui lui ont succédé : plus de 80 pièces à conviction ont disparu soit au FBI américain ou à la BKA (office fédéral de police criminelle) allemande. Une empreinte digitale retrouvée après un attentat a disparu, un collaborateur du Service de renseignements (SREL) a détruit des documents et de nombreuses pistes ont été négligées, notamment celle de l’implication de l’armée et des réseaux « Stay behind ». Ces réseaux font partie des mesures prises par l’OTAN dans sa lutte contre le communisme lors de la guerre froide (voir encadré).
Le témoin indésirable
La piste des provocations de l’armée secrète constituée à partir de l’OTAN est confirmée par plusieurs témoins au Luxembourg. Andreas Kramer, un historien allemand, ancien archiviste en chef au Parlement allemand, a témoigné sous serment. Son père, décédé en 2012, avait été capitaine à l’armée avant de travailler pour le Service fédéral de renseignement allemand (BND). A ce titre, il a coordonné un groupe d’agents qui ont travaillé avec les services de renseignement d’autres pays de l’OTAN, dont les services de renseignement en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Son père lui a dit avoir été directement impliqué dans 18 attentats au Luxembourg entre 1984 et 1986. Il aurait écrit lui-même trois lettres de chantage à la compagnie d’électricité, une des cibles des attaques. Un groupe du BND et des agents « Stay Behind » allemands, mais aussi dix Luxembourgeois, auraient été impliqués. Son père les aurait recrutés dans une unité spéciale de la gendarmerie. Il a cité Ben Geiben, qui était responsable à la fois à l’unité anti-terroriste de la police et de la « brigade volante », et qui a souvent travaillé avec son père. Geiben a très tôt été considéré comme suspect et chargé aussi par un autre témoin. Il avait travaillé sur le concept de sécurité de l’aéroport. Lors de l’un des attentats, la commande électronique de guidage et d’atterrissage a été détruite par deux bombes. Un enquêteur a expliqué la manière dont les bombes et les explosifs ont été construits et a affirmé que cela nécessitait de grandes connaissances. Selon lui, les méthodes et les connaissances provenaient de la gendarmerie. Geiben nie, mais il n’a pas d’alibi. Le premier octobre 1984, il a démissionné de la gendarmerie en appelant à un renforcement massif de la « Brigade mobile ». Une troisième personne est impliquée : le chef du service de renseignement, Charles Hoffman, aurait été à la fois le chef des « sleepers » (les éléments dormants) du « Stay Behind » luxembourgeois et d’un groupe opérationnel dont faisaient partie les six militaires formés par le MI6 en Écosse, qui ont participé aux attentats. Ces agents étaient chargés entre autres des vols d’explosifs dans les différentes carrières.
Kramer contre Kramer
Pour prouver que son père était l’auteur de trois lettres, Kramer a donné un échantillon d’ADN. Il justifie son silence depuis tant d’années par des pressions exercées par le BND et parce que son père, qui était un véritable terroriste, un nazi, a menacé de le tuer s’il divulguait ce qu’il savait. C’est après la mort de son père, le 8 novembre 2012, qu’il est sorti de son silence. Le procureur a tenté de soulever des contradictions chez Kramer. La presse a parlé d’un imposteur. La juge a décidé de le faire interroger plus en détail par la police. Mais une autre personnalité a évoqué sur les antennes de RTL la piste des « Stay behind ». Il s’agit de l’ancien président de la Cour des comptes, Gerard Reuter, qui devait autoriser les écoutes du service secret et contrôler les comptes de celui-ci. Il parle aussi de l’implication de la CIA qui exigeait d’entreprendre les actions nécessaires pour repousser le communisme.
Mais il est à craindre que cette piste sera une nouvelle fois enterrée. Les questions traitant de l’implication des agents du réseau « Stay-Behind » ne pourront plus être évoquées par la défense dans le procès pour le moment. C’est ce qu’a décidé la justice. Les pièces apportées par la défense sont considérées comme confidentielles et donc irrecevables. Elles proviendraient de sources jugées illégales. La justice a décidé qu’il est impossible d’aller contre le secret de tels documents pour le moment et appelé la Cour constitutionnelle a émettre une décision sur la question de savoir si un article protégeant les services secrets prend le pas ou non sur un article de la Constitution concernant la protection des droits individuels. Entretemps, le procès continue et devient chaque jour un peu plus le procès du sabotage de l’enquête, des manipulations et des interventions en provenance du sommet de l’État, des services de renseignements et de l’armée. À l’heure d’écrire ses lignes, un autre personnage est inquiété : le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden. Il est accusé d’avoir fait pression sur la justice alors qu’il en était le ministre, en 2001. Il voulait étouffer l’affaire du « Bommeleeër »…
Les armées de l’OTAN Le professeur suisse Daniele Ganser, de l’Université de Bâle, a étudié à fond les réseaux dans un ouvrage intitulé Armées secrètes de l’OTAN1. Il montre que, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1990, existaient dans les pays membres de l’OTAN, à côté des troupes ordinaires de l’Alliance, des armées secrètes (nommées aussi « Stay-Behind » ou « Gladio ») mises en place par la CIA et le MI6 britannique. Ces armées secrètes étaient commandées et coordonnées par un bureau de la sécurité au sein du quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Les organisateurs de ces réseaux ont recruté dans l’armée, la police, la gendarmerie, dans des groupes d’extrême droite qui luttaient contre le communisme. Des entraînements étaient organisés. Par exemple, des exercices aux cours desquels ces « résistants » s’opposaient à des troupes régulières des armées occidentales, à qui on faisait jouer le rôle des Soviétiques. Le but était de créer des structures clandestines pour armer l’Europe de l’Ouest contre une invasion soviétique et pour empêcher les communistes dans les pays européens d’arriver au pouvoir. Dans les pays concernés, il n’y avait que quelques représentants politiques bien choisis qui étaient informés de l’existence de ces armées secrètes. Un manuel de l’état-major américain (Field Manuel 30-31B) décrit les « opérations sous fausse bannière » à mener par ces réseaux. Il s’agit d’attentats terroristes initiés ou perpétrés par des services secrets ou les armées clandestines de l’OTAN qui sont ensuite imputés aux communistes. Dans certains pays membres de l’OTAN, on a eu recours à cette tactique, selon Ganser. Les USA ont ainsi massivement influencé la politique en Italie entre 1945 et 1993. La CIA, les services de renseignements italiens, l’armée secrète italienne de l’OTAN (« Gladio ») et des terroristes d’extrême droite ont mené une guerre secrète contre les communistes italiens (PCI). « Gladio » a participé à des attentats qui ont ensuite été attribués aux Brigades Rouges. En 2000, la commission du Parlement italien chargée d’enquêter sur « Gladio » et sur les attentats perpétrés dans le pays conclut : « Ces tueries, ces bombes, ces opérations militaires ont été organisées, encouragées ou soutenues par des personnes travaillant pour les institutions italiennes et par des individus liés aux structures du renseignement américain. » Après 1990, on a appris que des armées secrètes étaient à l’œuvre dans tous les pays européens. La Belgique, l’Italie et la Suisse ont mis sur pied des commissions d’enquête. Mais l’OTAN et le MI6 leur ont refusé l’accès à leurs archives. Des opérations des services secrets (meurtres, massacres, coups d’Etat et attentats terroristes) ne peuvent donc pas être élucidées parce que l’OTAN et le MI6 refusent d’ouvrir leurs archives… 1. Editions Demi-lune, 2007
Raison d’État ? Des attentats tout à fait semblables et même beaucoup plus graves, avec des dizaines de morts, ont eu lieu dans d’autres pays européens, dont la Belgique. C’était le cas des CCC et des Tueurs du Brabant (voir ici). Pour les CCC, on a condamné les petits soldats, mais il est fort douteux que les quatre membres connus de ce groupe aient agi seuls. Nous le disons depuis des années et nous ne sommes pas seuls. Quant aux Tueurs du Brabant, on refuse toujours d’investiguer la piste de la provocation d’extrême droite orchestrée à partir de l’OTAN. Pourtant, les éléments apparus à la surface à Luxembourg sont tellement lourds qu’exclure cette piste revient à sciemment couvrir des crimes odieux pour des raisons d’État. Cela reviendrait à accepter que l’OTAN constitue dans nos pays un pouvoir de l’ombre tellement puissant que même des hommes politiques élus n’osent affronter…
Dossier « Stay Behind » :: Une armée secrète en Belgique ?
Il ressort de notre dossier que les attentats du Luxembourg s’inscrivaient dans une stratégie de terreur. A la même époque, des attentats similaires ont frappé la Belgique.
Herwig Lerouge
Le début des années 1980 en Belgique, gouvernée par le gouvernement Martens/Gol (coalition social-chrétienne/libérale), est marqué par des licenciements massifs, une grande grève des cheminots, la lutte contre les plans de restructuration de Cockerill-Sambre, des luttes pour la défense de l’index. En même temps, l’Europe occidentale et la Belgique connaissent une immense mobilisation populaire contre le danger de guerre. Le projet d’installation de missiles nucléaires américains Cruise en Europe conduit à des mobilisations immenses (200 000 manifestants à Bruxelles en 1981, plus encore en 1983). Même les partis au pouvoir sont déchirés sur la question. Les CCC apparaissent en 1983. Ce groupuscule armé se définissant comme révolutionnaire sera actif deux ans. C’est dans ce contexte qu’on apprend en mai 1984 l’attaque d’une caserne à Vielsalm. On retrouvera de nombreuses armes volées dans la caserne dans une cache des CCC. Mais vu l’ampleur du vol, il ne s’agit pas d’une attaque de quatre membres des CCC, comme on l’a prétendu à l’époque. Il faut chercher plutôt du côté des manœuvres « Oesling 84 » de l’OTAN, des manœuvres conjointes belgo-luxembourgeoises orchestrées par les Forces spéciales américaines.
« Special forces » américaines
En octobre 1985, quinze mois après l’attaque de Vielsalm, Lucien Dislaire, un habitant de Houffalize, révélait au journaliste René Haquin qu’il avait participé aux manœuvres « Oesling 84 » visant à l’entraînement de « Special forces » américaines, parachutées sur la province début mai et engagées dans des opérations conjointes avec des paras belges. La mission de Dislaire (comme d’une dizaine d’autres civils, la plupart anciens militaires de la province) était de fournir nourriture et munitions, assurer les contacts radio entre les groupes – tous en civil – et assurer leurs déplacements à bord de véhicules civils. Il a transporté des commandos belges et des hommes des « Special forces » dans les environs de la caserne de Vielsalm. Des attaques-surprises avaient déjà été menées depuis le début du mois contre la gendarmerie de Neufchâteau, contre un dépôt de carburants à Bastogne, etc. Au lendemain de l’attaque de Vielsalm, la manœuvre tourna court. Les Américains furent évacués vers l’Allemagne, les commandos rentrèrent. Les autorités judiciaires, peu informées par les militaires, convoquèrent leurs responsables belges et américains (en novembre 1985). Puis le dossier fut transmis à Bruxelles. Les CCC ne furent jamais inculpés pour Vielsalm, le parquet général ayant conclu à un vol commis par des inconnus.
Un scénario identique
Un mois plus tard, des explosifs sont volés dans la carrière d’Ecaussines. Puis, à partir d’octobre 84, une série d’attentats commence contre des firmes américaines liées à l’industrie de l’armement, des banques, des bâtiments du patronat, des locaux de partis politiques et des oléoducs de l’OTAN, des installations de communication et des pylônes près de bases militaires et contre la gendarmerie. Comme au Luxembourg… Les services de police lancent une vaste opération sous le nom d’ « Opération Mammouth » : une centaine de perquisition frappent les milieux communistes, anarchistes, etc. Lors d’un attentat contre la FEB commis par les CCC, le 1er mai 1985, deux pompiers sont tués dans l’explosion. Les CCC diffusent un document contre le PTB, accusé de trahir le communisme. Plus tard ils lanceront un cocktail molotov contre la voiture du dirigeant de la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD), co-organisateur des manifestations antiguerre. Les attentats s’arrêtent, tout comme au Luxembourg, début 1986. Les quatre membres connus de l’organisation sont arrêtés et lourdement condamnés. Aujourd’hui encore, ils refusent d’admettre qu’ils puissent s’être fait manipuler. Pourtant… Il aura fallu 14 mois avant que les quatre membres des CCC soient arrêtés. Alors que ce groupe était surveillé depuis des années. Quand, en juin 1984, Pierre Carette (l’un des présumés leaders) se réfugie dans la clandestinité, les services de police savent parfaitement qui il est, quels sont ses contacts et les personnes sur qui il peut compter pour des adresses clandestines et autres formes de soutien logistique.
Un commando professionnel
Lors de la plupart des attentats des CCC, c’est de la dynamite qui est utilisée. Et c’est également de la dynamite qui a été dérobée, en juin 1984, dans une carrière près d’Ecaussinnes. La dynamite se trouvait dans un bunker doté d’une muraille de béton de trois mètres de haut et surmonté de barbelés. Au milieu du bunker se trouvait le dépôt d’explosifs, protégé par du béton et un blindage en acier de 8 mm d’épaisseur. Pour arriver au dépôt, les voleurs ont dû franchir successivement trois portes, deux portes grillagées ainsi qu’une porte blindée en acier. Ils ont utilisé des foreuses, des lampes à souder et des scies électriques. Ensuite, ils ont emporté 32 caisses de 25 kg de dynamite. Comme au Luxembourg, la police était d’avis qu’il s’agissait d’un commando professionnel de 3 à 5 personnes. Aucun des membres des CCC arrêtés n’avait la moindre expérience qui lui aurait permis de commettre un tel vol. Le 12 décembre 1984, en 45 minutes, les CCC commettent cinq attentats à des endroits éloignés l’un de l’autre. Tout le monde reste bouche bée face à tant d’efficacité et de professionnalisme. Le but poursuivi est le même que celui des forces pro-américaines. A l’époque, le rédacteur en chef du Standaard écrit : « Les actions des CCC ont lieu à un moment où la Belgique ne se comporte pas comme le plus soumis des alliés de l’Otan (il y a des manifestations massives contre l’installation des missiles nucléaires américains). Le terrorisme des CCC affaiblit la pensée pacifiste et renforce l’influence des faucons de la guerre. La question centrale est donc de savoir qui trouve son intérêt dans ces attentats. » La stratégie de la tension avait atteint ses objectifs.
Stratégie de la tension Les CCC démarrent leur campagne au moment où les Tueurs du Brabant poussent à son paroxysme la guerre psychologique contre la population. Les Tueurs, qui tuent des gens dans les supermarchés Delhaize sans raison apparente, mènent une campagne de terreur qui fait penser aux assassinats aveugles des partis d’extrême droite en Italie. La chronologie s’adapte parfaitement à la méthode de travail utilisée dans la stratégie de la tension. Presque en même temps que l’arrestation des membres des CCC, on assiste à la fin de la terreur des Tueurs du Brabant. L’objectif de la stratégie est de créer l’inquiétude parmi la population pour préparer un climat propice à une législation plus répressive et un appareil de répression plus important avec des compétences élargies. Efficace, le binôme Tueurs du Brabant-CCC l’a été : après leurs actions, l’arsenal des lois répressives s’est considérablement étoffé et les services de police ont reçu plus d’effectifs et de moyens.
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