• Pour la dissolution des groupes néo-nazis, en Belgique comme en France

    Comac, le mouvement de jeunes du PTB (Parti du Travail de Belgique), tient à s’associer à la tristesse de la famille et des camarades de Clément Méric, à qui nous présentons nos sincères condoléances. Ce jeune français de 19 ans a eu le tort de croiser hier soir, vers 18h dans le centre de Paris, le chemin d’une bande de néo-nazis proche de groupes dénommés Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et Troisième Voie.

    Adrian Thomas, vice-président de Comac-ULg

    Clément était un jeune engagé, et reconnu comme tel. On pouvait le voir avec les couleurs de son syndicat estudiantin, SUD[1], ou lorsqu’il défendait l’antifascisme, valeur-phare de notre mémoire citoyenne.Comme jeunes de gauche, nous sommes choqués de la violence sauvage qui s’est exprimée hier soir sur un démocrate jusqu’à atteindre le sacrifice de sa vie.

    Cela n’est pas sans évoquer la tension croissante que les Belges perçoivent chez leurs voisins du sud à l’issue de l’adoption de la loi sur le mariage gay. Chacun a pu assister à la radicalisation de groupes fascistes lors des différentes manifestations opposées à cette loi. Dans ce durcissement, le grand parti de la droite française, l’UMP, eut de la peine à ne pas montrer qu’il ne pouvait échapper à côtoyer le FN, son rival d’extrême-droite. Ce parti-là même a entrainé dans son sillage ces groupes néo-nazis comme celui que Clément a croisé hier soir. Malgré la dédiabolisation du parti de Mme Le Pen, le climat français s’est détérioré, ouvrant la voie aux dangereux agissements de ligues fascistes.

    Ce jeudi soir, 15 000 Français ont marché dans tout leur pays en hommage à cette victime de ce que nos anciens appelaient au sortir de la guerre « la bête immonde », ainsi que pour appeler leur gouvernement à prendre au sérieux la menace que représente ces groupuscules au sein de notre démocratie. Pourquoi devoir en arriver à une telle extrémité pour comprendre le danger ? Les militants de gauche ne peuvent donc plus se promener librement dans leurs rues ? Désormais le fascisme ne se cache plus et tue pour des idées.

    En Belgique comme en France, nous appelons nos différents gouvernements à examiner le cas des groupes fascistes de nos pays. En Wallonie-Bruxelles, nous pensons par exemple à Nation. Solidaires de leurs congénères, il suffit de visiter leur site internet[2] pour prendre conscience de l’entreprise de justification ignoble qu’ils opèrent pour légitimer le meurtre de Clément. Nous appelons les autorités compétences à entamer les procédures de dissolution de ces groupes.

    Nous honorerons la mémoire de Clément Méric. Tout notre soutien accompagne ses proches. Un tel meurtre ne peut rester impuni, la justice doit avoir les moyens d’agir. 

    [1] Solidaires Unitaires Démocratiques.

    [2] http://www.nation.be/web/

    Rassemblement de solidarité à Bruxelles le samedi 08/06/13

    http://www.ptb.be


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  • Le PC turc analyse les derniers événements en Turquie

    tr}tkp4Sur les derniers événements en Turquie

     

    « Ouvrir une perspective dans les intérêts de la classe ouvrière »

     

    Communiqué du Parti communiste turc

     

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    1 – Cela fait plusieurs jours que la Turquie est le théâtre d'un authentique mouvement populaire. Les actions, manifestations qui ont commencé à Istanbul et se sont étendues à toute la Turquie sont autant massives, légitimes qu'historiques. Le plus important, c'est le changement frappant dans l'état d'esprit de notre peuple. La peur et l'apathie ont été surmontées, et le peuple a pris confiance.

     

    2 – Le Parti communiste de Turquie a été partie intégrante du mouvement populaire dès le premier jour et a mobilisé toutes ses forces, essayé de renforcer le caractère prolétarien et révolutionnaire du mouvement, s'efforçant d'apporter une forme de discipline et de maturité, organisant un certain nombre d'actions et de manifestations. Dans le processus, les forces de police ont mené une charge virulente contre le siège de notre parti à Ankara. Dans toute la Turquie, plusieurs membres du parti ont été arrêtés et blessés. Il y a eu même certaines tentatives d'enlèvement de cadres de notre parti. Mais ces provocations contre notre parti ont été mises en échec.

     

    3 – L'accent que nous mettons sur le rôle du TKP ne vise pas à minimiser la nature spontanée du mouvement ou la contribution d'autres acteurs politiques. Au contraire, le TKP insiste bien sur le fait que ce mouvement a une dimension qui va bien au-delà de l'impact de tel acteur politique ou de quelle que forme d'opportunisme politique que ce soit.

     

    4 – L'appel lancé par les masses à la démission du gouvernement est un fait dans ce mouvement. Bien qu'il soit évident qu'une alternative de gauche ne puisse pas être construite « dès maintenant », cette exigence doit être portée haut et fort. Une perspective favorable à la classe ouvrière ne pourra se dessiner qu'en profitant de l'énergie qui sortira de ce moment historique. Le TKP se concentrera sur ce point et dénoncera la véritable portée de fausses alternatives telles que la « formation d'un gouvernement national », qui vont être mises en avant et tromperont les travailleurs en leur faisant croire que la crise pourra être surmontée de cette façon.

     

    5 – Sans aucun doute, les tenants de l'ordre politique tenteront de calmer le peuple, de reprendre le contrôle des événements et y compris essaieront de retourner la situation à leur avantage. Ils pourront obtenir des succès temporaires. Même dans ce cas, le mouvement populaire ne doit pas être une opportunité manquée. Le TKP est prêt pour une phase de lutte obstinée mais intense.

     

    6 – Afin d'agir ensemble, les différentes branches du mouvement socialiste partageant les mêmes objectifs et les mêmes préoccupations doivent prendre immédiatement la mesure de l'émergence de ce mouvement populaire. Le TKP, sans interrompre ses missions et activités quotidiennes, va agir de façon responsable sur cette question et s'efforcer de créer une plate-forme commune sur la base des exigences urgentes ci-dessous.

     

    7 – Afin de mettre en échec les plans du gouvernement visant à diviser le mouvement populaire entre une partie illégitime et l'autre légitime, toutes les forces doivent éviter toute action qui pourrait nuire à la légitimité du mouvement. C'est le pouvoir politique qui attaque. Le peuple doit légitimement se défendre sans tomber dans le piège de la provocation tendu par le gouvernement.

     

    8 – Quand les masses scandent leur slogan « Démission du gouvernement », les négociations limitées à l'avenir du parc Taksim-Gezi n'ont aucun sens. Le gouvernement feint de ne pas comprendre que les vieux équilibres ont été complètement bouleversés et qu'ils ne pourront pas être rétablis. Tout le monde sait que le mouvement populaire n'est pas le produit du seul souci pour les arbres du parc Gezi. La colère du peuple porte sur les projets de rénovation urbaine, la toute-puissance du marché, les interventions envahissantes dans la diversité des modes de vie, l'Atlantisme et la subordination aux États-Unis, les politiques réactionnaires, et l'attitude belliciste vis-à-vis du peuple syrien. L'AKP ne peut pas tromper le peuple turc avec son discours du « Nous planterons plus d'arbres que ceux que nous allons déraciner ».

     

    9 – Il faut nous retrousser les manches, afin de créer une alternative dans les intérêts des travailleurs, il faut que le mouvement se porte sur certaines revendications concrètes. Ces revendications peuvent être actées en cas de démission du gouvernement ou d'Erdogan :

     

    a) Le gouvernement doit annoncer que les projets qui comprennent la démolition du parc Gezi et du Centre culturel Ataturk sont annulés ;

     

    b) Ceux qui ont été placés en garde à vue durant la résistance doivent être libérés et toutes les charges contre eux doivent être abandonnées immédiatement ;

     

    c)Tous les agents de l’État dont les crimes sont avérés par les rapports des commissions formées par le Syndicat des associations du barreau et autres associations d'avocats locales doivent être relevés de leurs fonctions ;

     

    d)Les tentatives de faire obstacle au droit du peuple à obtenir de véritables informations sur les événements doivent cesser immédiatement ;

     

    e)Toutes les interdictions concernant les réunions, manifestations et défilés doivent être levées ;

     

    f)Tous les obstacles de fait ou de droit qui empêchent la participation politique du peuple, y compris le seuil de barrage à 10% et les articles anti-démocratiques de la « loi sur les partis politiques », doivent être supprimés ;

     

    g)Toutes les initiatives qui tentent d'imposer un seul mode de vie à tout le monde doivent cesser ;

     

    10 – Ces revendications urgentes n'affecteront d'aucune manière notre droit et notre devoir consistant à s'opposer au pouvoir politique. La riposte populaire au gouvernement doit être renforcée, et les efforts doivent se concentrer sur l'élaboration d'une véritable alternative sur la scène politique.

     

    11 – Le drapeau turc, avec étoile et croissant, qu'on a tenté d'utiliser pour offrir une couverture aux attaques réactionnaires et chauvines contre les travailleurs, les militants de gauche, les Kurdes après le coup d'Etat militaire fasciste du 12 septembre 1980, est désormais repris des mains des fascistes par le peuple turc et a été remis entre les mains de Deniz Gezmis [NdT : militant révolutionnaire fondateur d'un groupe armé d'extrême-gauche après 1968, axé sur la libération de la Turquie de l'emprise de l'impérialisme américain, il est arrêté puis exécuté en 1972], un drapeau parmi les patriotes turcs.

     

    12 – Le mouvement populaire, depuis le début, n'a cessé de lutter contre la sinistre stratégie consistant à monter une communauté contre une autre en Turquie. Il nous faut maintenir cette attitude, ne cédant aucune place au chauvinisme ou au nationalisme trivial.

     

    13 – En lançant un appel à nos frères et nos sœurs kurdes, nous avons déjà déclaré qu' « il ne peut y avoir aucun accord de paix avec l'AKP ». Il ne peut y avoir aucun accord avec un pouvoir que son propre peuple désavoue, et dont la véritable face a été révélée. Les dirigeants politiques kurdes doivent abandonner « tout espoir d'aller plus loin dans le rapprochement avec l'AKP », et doivent devenir une composante forte d'un mouvement populaire uni, patriotique et éclairé.

     

    14 – Nos citoyens qui ont perdu leurs vies, victimes des forces de police du pouvoir en place, ont sacrifié leurs vies au nom d'une lutte juste et historique. Notre peuple n'oubliera jamais leurs noms, et ceux qui sont responsables de leur mort doivent en payer le prix devant la justice.

    Tous les projets en Turquie sont chamboulés

    Le rédacteur en chef du quotidien soL et membre du Comité Central du Parti Communiste de Turquie, Kemal Okuyan, répond aux questions sur la révolte du parc Gezi qui connaît un franc succès. Okuyan a apporté des éclaircissements aux questions récemment débattues : Où va la Turquie ?, Peut-on parler de révolution ?, Peut-on qualifier les récents événements de Printemps turc ?

    Le Parti communiste de Turquie

     

    S’attendait-on à un mouvement social de cette ampleur ?

    Kemal Okuyan. Personne n’aurait pu prévoir la tournure qu’allaient prendre les événements. Le gouvernement n’aurait pas pu, l’opposition n’aurait pas pu, ni même la gauche. Il existait certes quelques indices laissant penser que la situation atteindrait un stade critique, mais personne n’aurait pu prévoir ce qui est en train de se produire aujourd’hui. C’est important. Le climat politique et idéologique de la Turquie n’est plus le même qu’il y a 4-5 jours. Il n’est pas totalement différent, toutefois il a changé dans une mesure qu’on ne peut sous-estimer.

    Que se cache-t-il derrière le succès et l’ampleur du mouvement ?

    Kemal Okuyan. Il s’agit purement et simplement de l’exacerbation à un degré inimaginable du sentiment d’opposition, voire de haine, vis-à-vis du gouvernement de l'AKP et plus particulièrement vis-à-vis d’Erdoğan. Nous pensions tous le savoir, pourtant nous oubliions une chose, c’est que ce sentiment de haine envers Erdoğan s’est renforcé et intensifié au fur et à mesure qu’Erdoğan a développé son arrogance et a commencé à élargir ses prérogatives. Tayyip Erdoğan est devenu un point de mire, comme peu d’autres le sont devenus avant lui.

    Est-ce aussi simple que cela ? Je veux dire, toute cette affaire se résume-t-elle à un sentiment de rage envers Erdoğan ?

    Kemal Okuyan. Bien sûr que non. Erdoğan n’est qu’un catalyseur avec un effet multiplicateur. Ce que veut le mouvement c’est régler ses comptes avec les tendances et la mentalité qui prévalent au sein de l’AKP… Le premier ministre ne s’est pas rendu compte du sentiment de rage et de haine qu’il a suscité…

    La tendance dominante de l’AKP est le marketisme… Où est le lien ?

    Kemal Okuyan. On ne peut en effet esquiver le débat en se contentant de répondre que tout cela n’est qu’une réaction de la classe moyenne. Car si la réaction de la classe moyenne a atteint un tel niveau en Turquie, il nous faut nous poser d’autres questions. S’il est vrai que la classe moyenne joue un rôle important, il faut savoir qu’il y a également eu une forte mobilisation dans les quartiers ouvriers, en particulier à Istanbul et à Ankara. Si nous ne tenons pas compte de ce que nous savons et proférons des paroles en l’air, nous commettrons des erreurs. Premièrement, la Gauche a durant des années étiqueté de « Turc blanc » ce secteur… Il faut éviter les simplifications excessives. Deuxièmement, il y a la structure de la classe ouvrière en Turquie. Il n’est pas facile d’organiser sur le lieu de travail une masse laborieuse instable, en perpétuel mouvement, et confrontée au chômage. Il est temps de considérer la situation du travailleur avec une logique nouvelle. Des dizaines de milliers de personnes cataloguées de « classe moyenne » ont protesté d’un point de vue anticapitaliste. La raison est que la plupart de ses personnes sont des personnes dont le travail est exploité.

    Est-il approprié de parler de « Printemps turc » ?

    Kemal Okuyan. La référence au « Printemps turc » dans les médias impérialistes est un message adressé à Erdoğan. En réalité, ils sont satisfaits d’Erdoğan et ils n’ont pas l’intention de le remplacer, mais ils lui rappellent ainsi où sont ses limites. Il ne fait aucun doute qu’il est question de révolte populaire. Les gens sont en colère. Ceux qui sous-estiment l’opposition à Erdoğan et à l’AKP feraient bien de revoir leur jugement. Ceux qui pensent que la paix et la démocratisation seront possibles avec Erdoğan devraient faire de même. C’est d’un mouvement social qu’il est question et il ne va pas s’arrêter là. Les derniers événements ont contribué à organiser le mouvement populaire.

    La Gauche turque était-elle prête ?

    Kemal Okuyan. D’une part, il y a le caractère spontané du mouvement. Et d’autre part, le fait qu’en de nombreux endroits les gens réclament la coordination de l’organisation. Si l’on prend en compte l’ampleur des événements, la contribution directe de la gauche organisée est plutôt limitée, toutefois c’est des forces de gauche que dépend la détermination des gens.

    Comment pourrait-on définir la situation ? S’agit-il d’une crise révolutionnaire ?

    Kemal Okuyan. Non, bien sûr. Nous avons affaire à un déchaînement social d’une incroyable puissance, tant en ce qui concerne son étendue que son effet. Mais pour pouvoir parler de crise révolutionnaire, il faut que certains critères marxistes soient réunis. Et nous sommes loin de les avoir réunis, du moins pour l’instant….

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  • L'impasse portugaise

    L'impasse portugaise

    Dans ce texte, le militant portugais João Camargo - membre d'un collectif de travailleurs précaires ("Précaires inflexibles") - revient sur la situation politique au Portugal. Victime de programmes d'austérité brutaux, d'abord imposés par le PSP (Parti socialiste portugais) puis par le PSD (Parti social-démocrate, droite), le peuple portugais a relevé la tête à travers de gigantesques manifestations dans toutes les villes du pays, mettant le gouvernement de Passos Coelho sur la défensive sans pour autant le faire reculer. 

     

    L’impasse portugaise ne ressemble en rien à une impasse mexicaine1. Dans cette impasse digne d’un jeu vidéo, le tueur à gages (à savoir le gouvernement portugais), a été abattu, écrasé et enterré, et pourtant, son commanditaire (la Troïka), continue à lui envoyer des points de vie afin de le maintenir sain et sauf.

    Il s’agit là d’un cas classique de tromperie qui dure depuis longtemps, mais au lieu de jeter l’éponge, l’équipe portugaise se trouve renforcée. Le 2 mars, plus d’un million et demi de Portugais sont ainsi descendus dans la rue, sous le slogan : « Que la Troïka aille se faire foutre ». Dans près d’une trentaine de villes à travers le pays, les manifestants ont dénoncé clairement les politiques d’austérité ainsi que leurs promoteurs : le gouvernement et la Troïka, exigeant la démission du gouvernement et revendiquant le retrait du mémorandum imposé par la Troïka. Et ce n’était pas la première fois. Le 15 septembre de l’année dernière, les Portugais, outragés, avaient déjà élevé la voix contre le gouvernement et la Troïka, rassemblant près d’un million de personnes à travers le pays, en scandant pour la première fois le mot d’ordre : « Que la Troïka aille se faire foutre ».

    La légitimité démocratique du gouvernement a donc été réduite en lambeaux par la rue, qui exige à présent sa démission. Une telle exigence rassemble l’ensemble des partis de l’opposition2, les organisations de la société civile, les syndicats, et à présent la Cour constitutionnelle. En effet, pour la seconde année consécutive, la Cour constitutionnelle a jugé que les coupes budgétaires étaient contraires à la loi, et donc anti-constitutionnelles. Et alors que le gouvernement avait autorisé l’année dernière, de manière totalement illégale, les nouvelles coupes budgétaires, en prétextant de « l’urgence économique » dans laquelle le pays se trouvait plongé, cette année, la Cour a utilisé ses pleins pouvoirs pour exiger le rétablissement des salaires qui ont été retirés aux salariés, retraités, chômeurs, universitaires et fonctionnaires.

    Pour la seconde fois, le plan budgétaire du gouvernement était jugé anti-constitutionnel, et donc illégal, et la protestation générale a émergé de nouveau dans la société civile : démission immédiate. Le gouvernement, isolé et rendu incapable de se montrer publiquement pendant plus de deux mois (le Premier ministre, ses ministres et ses secrétaires d’Etat étaient interrompus à chaque audience), n’a donc présenté aucune mesure d’austérité durant cette période : d’abord de peur de provoquer de nouvelles mobilisations, ensuite en raison des rassemblements massifs. Entre le jour où le Parti socialiste a déposé la motion exigeant la démission du gouvernement et la décision de la Cour constitutionnelle, le ministre le plus important du gouvernement, celui qui lui a imprimé son orientation politique, Miguel Relvas, a présenté sa démission, laissant le Premier ministre orphelin de l’homme qui l’avait porté à la tête du Parti social-démocrate (PSD)3 et du pays.

    Le gouvernement emploie à présent la rhétorique bien connue de la peur et de la faillite, mais aussi de l’absence d’alternative. Le Président de la République, Cavaco Silva, qui avait lui-même demandé à la Cour constitutionnelle d’évaluer le nouveau budget de l’Etat, estime que le gouvernement est à même de se maintenir au pouvoir. Il est probablement le seul dans le pays à le croire, preuve de son caractère partisan et de sa loyauté envers son parti de toujours, le PSD. Les événements récents (notamment les manifestations du 2 mars), ont montré que le Président lui-même se trouve sur une pente glissante, étant considéré comme inefficace, partisan et incapable d’exercer la fonction qu’il occupe depuis sept ans.

    La décision de la Cour constitutionnelle relative aux coupes budgétaires exigées par la troïka, est un pas important en avant vers la reconnaissance de l’illégitimité des conditions imposées aux pays d’Europe du sud, particulièrement après l’épisode chypriote. Ce dernier a montré qu’il n’y a ni frontières ni scrupules en matière d’oppression et d’exploitation économique, dans cette vision plus que jamais impérialiste de l’Europe. L’exigence populaire et les manifestations historiques aux cris de « Que la troïka aille se faire foutre » ont eu, sur cette question, un rôle crucial, permettant à la Cour de faire primer des lois nationales et démocratiques sur des traités et des mémorandums européens, imposés sans vote.

    Le gouvernement portugais est à présent un esprit frappeur 4, hantant sa population bien qu’il ait perdu toute légitimité. Le principal parti au gouvernement (le PSD) a déclaré qu’il était en désaccord la décision de la Cour constitutionnelle, après avoir préventivement annoncé que la Cour était légalement soumise au mémorandum de la troïka. En s’opposant à la décision de la Cour dans sa réponse officielle, le Premier ministre a montré de manière frappante que son allégeance va, non pas à la Constitution sur laquelle il prêté serment, mais au mémorandum de la Troïka, qu’il fait respecter comme s’il s’agissait de la nouvelle loi fondamentale. Les quelques commentateurs qui persistent à soutenir le gouvernement ont d’ailleurs éprouvé quelques difficultés à justifier cette position. Ils s’y sont pourtant résolus, alors même qu’elle constitue la première attaque directe contre l’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif.

    La position du gouvernement a supposé l’invention d’un nouveau récit lui permettant de se maintenir au pouvoir : peu importe les coupes budgétaires qui seront imposées dans l’avenir, elles seraient attribuées aux décisions qu’aurait pris la Cour. Le Premier ministre, Passos Coelho, a annoncé ensuite que le gouvernement n’augmenterait pas les impôts, mais accélèrerait plutôt les coupes dans les services publics tels que la couverture santé et l’éducation. En insistant sur le déficit d’1,3 milliard d’euros provoqué par la décision de la Cour, il oubliait opportunément que les prédictions de son gouvernement étaient tombées de 1,9% du Produit intérieur brut (3,3 milliards d’euros). C’est oublier également qu’il avait annoncé 4 milliards d’euros de coupes supplémentaires, sans montrer le courage suffisant pour les exécuter face à la réponse populaire. 

    Enfin, il passait sous silence le fait que les 13 milliards de coupes déjà imposées ont produit une hausse du chômage (qui affecte actuellement 1,5 million de travailleurs), et une récession de -3,2%. Le Portugal a été le pays d’Europe où les coupes dans les budgets sociaux ont été les plus fortes : 3,7 milliards. Coelho a donc signé une lettre préventive de démission, prétextant d’une impossibilité d’exercer le pouvoir dans le cadre de la loi nationale, pour  justifier d’avance son éventuel échec ou l’acceptation d’une seconde rançon (auprès de la troïka). La population a réagi avec humour, ironisant sur internet à propos de la déclaration officielle du Premier ministre : « Margaret Thatcher est morte. La Cour constitutionnelle doit assumer sa responsabilité dans cet événement ».

    La Troïka a déjà étendu son emprise sur le Portugal, et elle sera amenée à « négocier » des coupes supplémentaires dans un moment de forte agitation politique et populaire. Ses représentants ont déjà annoncé qu’ils ne délivreraient la prochaine « tranche » de paiements que lorsque les coupes auront été exécutées. Le Président de la Commission européenne, le portugais Durão Barroso – qui est également membre du PSD – a quant à lui fait savoir que le Parti socialiste devait marcher main dans la main avec le gouvernement et accepter d’appliquer les coupes, essayant de satisfaire les ordres de la Troïka et d’imposer ainsi une transition paisible vers le nouveau régime d’austérité.

    Une impasse portugaise n’a donc rien à voir avec une impasse mexicaine. On peut en effet douter que la Troïka puisse envoyer de quelconques points de vie à son homme de main, pour le maintenir dans le jeu. L’équipe portugaise doit donc se préparer (et se préparera) pour le dernier round.

     

    Traduit de l'anglais par Milena Jakšić et Ugo Palheta.

    Photographie: Trente Parke

     

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    • 1. Une "impasse mexicaine" désigne une situation dans laquelle trois individus se menacent mutuellement, provoquant alors le blocage total. En effet, aucun d’entre eux n’a intérêt à attaquer l’un des deux autres, sous peine d’être attaqué par le troisième. En dehors des films de gangsters (cf. les films de Quentin Tarantino, notamment Reservoir Dogs), dans lesquels on retrouve souvent cette situation, on applique cette expression à des situations diplomatiques sensibles comme la crise des missiles de Cuba en 1962.
    • 2. Constituant actuellement le plus grand parti de l’opposition, le Parti socialiste portugais – qui dirigeait le précédent gouvernement et avait été à ce titre le signataire de la première « rançon » – a déposé, la semaine dernière, une motion de censure à l’Assemblée, demandant la démission du gouvernement. Mais la majorité parlementaire l’a emporté.
    • 3. Parti social-démocrate : il s’agit au Portugal d’un parti de centre-droit, défendant l’orthodoxie néolibérale.
    • 4. En anglais un « poltergeist », ce qui désigne une personne qui agit dans le secret et provoque des événements visibles de tous.
     
    João Camargo
     
     

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  • C’est parti : le JT de France 2 prépare une nouvelle réforme des retraites

    par Frédéric Panne, le 7 juin 2013

    Le JT 20 heures de France 2 du 4 juin 2013 (que l’on peut voir ici consacre deux minutes (de 14’15 à 16’23) au rapport de la commission chargée d’examiner plusieurs hypothèses sur la nouvelle réforme des retraites. Deux minutes d’informations tronquées et faussées.

    « L’actualité en France, c’est d’abord, je vous le disais, les premières pistes de la réforme des retraites. La commission chargée d’établir un rapport vient de rendre ses conclusions. Elle évoque de nombreuses possibilités  : revenir sur les avantages fiscaux des retraités, augmenter, soit l’âge de départ, soit la durée de cotisation, augmenter aussi les charges patronales, bref, il y en a pour tout le monde. Mais ce qui retient le plus l’attention c’est ce qui concerne l’harmonisation des régimes. La commission suggère de modifier les règles de calcul pour les fonctionnaires . »

    « Ce qui retient l’attention ». Mais de qui au juste et pourquoi ? Peu importe : l’attention est focalisée sur la sempiternelle « question » des régimes de retraite des fonctionnaires. Et en quoi est-elle de nature à justifier que le JT s’y intéresse tout particulièrement – plutôt qu’à celle des cotisations patronales, par exemple ? David Pujadas s’abstiendra d’en dire plus, mais le reportage qui suit, réalisé par « Margaux Manière, Didier Dahan, avec notre bureau à Poitiers », permettra peut-être d’y voir plus clair…

    Sur fond d’images de fonctionnaires au travail, la journaliste commente, ou plutôt pronostique : « Instituteurs, infirmiers ou encore employés de mairie, leur pension de retraite pourrait baisser. Aujourd’hui le mode de calcul des retraites du public est plus favorable que celui des salariés du privé ; la commission Moreau qui rendra son rapport au gouvernement la semaine prochaine propose de rapprocher les deux systèmes. Une piste qui fait bondir les fonctionnaires... »

    Manifestement, la journaliste considère qu’il est inutile de préciser que par « rapprocher les deux systèmes », il ne faut pas entendre aligner les retraites du privé sur celles, dont le mode de calcul serait plus avantageux, du public… Cela va de soi !

    La suite du reportage, sans doute censée illustrer à quel point l’idée fait « bondir les fonctionnaires  », propose l’interview d’une femme…

    Au téléspectateur de deviner non seulement qui elle est – ni le commentaire, ni aucune incrustation ne l’indiquent – mais aussi quelle question lui est posée – laquelle a été coupée au montage. Et si cette femme, qui est probablement fonctionnaire, retraitée ou non, ne semble pas « bondir », elle est effectivement opposée – quelle surprise – à une baisse éventuelle de sa (future ?) pension : « C’est perdre nos acquis, quelque part, parce que si nous, c’était calculé sur les 6 derniers mois… Il y a beaucoup de prise d’échelon en fin de carrière. C’est quand même plus intéressant.  »

    Avec l’infographie qui suit, que redouble le commentaire, la journaliste choisit de présenter les conséquences d’une telle réforme pour « un fonctionnaire » virtuel qui s’avère quelque peu atypique…

    « Aujourd’hui, les pensions sont calculées sur les derniers mois de la vie professionnelle. Ainsi un fonctionnaire qui gagne en fin de carrière 4000 euros par mois, touche aujourd’hui 3000 euros de retraite. Mais si la piste évoquée par le rapport était suivie, une période plus longue serait prise en compte, par exemple les 10 dernières années. Et sur cette période, le fonctionnaire n’a pas gagné 4000 euros en moyenne mais seulement 3500. Résultat sa retraite ne s’élèverait plus qu’à 2625 euros, 11 % de moins qu’aujourd’hui. »

    On reste perplexe devant cette simulation : en 2009, selon l’INSEE, le revenu moyen des fonctionnaires était d’un peu moins de 2400 euros… Alors qui sont ces fonctionnaires qui finissent leurs carrières à 4000 euros par mois ? Existent-ils ? Combien sont-ils ? De quoi parle-t-on ? Salaire net ou salaire brut ? Celui ou celle qui aurait voulu suggérer que les fonctionnaires sont des nantis ne s’y serait pas pris autrement…

    Le reportage enchaîne avec quelques mots d’Eric Aubin, présenté comme le responsable chargé des retraites à la CGT. Là encore, on ne sait quelle question lui a été posée…

    « C’est une mesure pour rien. Qui avait fait l’objet d’un débat en 2010 avec Eric Woerth qui avait, à l’époque, abandonné cette mesure parce qu’elle ne sert à rien et elle va crisper, effectivement, les salariés notamment du public. » Des propos si brefs et allusifs, qu’on ne pourra en retenir que son opposition à la mesure. Il aurait par exemple pu être intéressant de savoir pourquoi ce bon connaisseur du dossier affirme à deux reprises que ce serait « une mesure pour rien »... Mais ce n’est pas dans le JT France 2 que le téléspectateur l’apprendra.

    En revanche, ledit téléspectateur se voit apporter une nouvelle preuve des privilèges inouïs dont bénéficient les fonctionnaires, avec une nouvelle statistique dont on ne saura pas d’où elle sort, ni ce qui pourrait l’expliquer.

    « Aujourd’hui dans le privé la retraite est calculée sur les 25 dernières années. Et elle est moins élevée en moyenne : 1216 € contre 1724 pour le public. » On appréciera le souci de cohérence de la journaliste qui choisit de réfléchir sur une pension de 3000 euros quelques secondes avant d’annoncer qu’elles s’élèvent en moyenne à un peu plus de 1700 euros dans la fonction publique… Quant à savoir si, par exemple, des différences de qualification, et donc de rémunération, entre salariés des secteurs public et privé, ne pourraient pas contribuer à expliquer de tels écarts, ce serait trop demander…

    Et la journaliste de préciser que « ce soir, Matignon évoque de simples pistes. Les discussions sur les retraites commenceront réellement le 20 juin. » En plateau, David Pujadas conclue même avec un quasi scoop : « Précision importante il y a quelques minutes. L’entourage de François Hollande a confirmé que le calcul des retraites des fonctionnaires fera bien partie du débat. »

    Si la qualité de l’information, dans ce « sujet », fut d’une nullité affligeante, l’équipe de David Pujadas pourra au moins se féliciter d’avoir accompli son travail de « pédagogie »… en esquissant les conclusions de discussions qui n’ont pas commencé.

    Frédéric Panne

    http://www.acrimed.org/article4083.html#


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  • Gabriel Peri: "Non le nazisme n'est pas le socialisme"

    EXTRAITS

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    Charlatans saumâtres

        *  En attendant, des charlatans saumâtres nous expliquent que le fin du fin est de supprimer la lutte des classes. Ils ont tout dit quand ils ont dit ça. Ils veulent supprimer la lutte des classes par décret, en l'interdisant par affiches, comme on interdit certains apéritifs, certains jeux de hasard, la circulation dans Paris minuit passé, et le franchissement de la chaussée en dehors des passages cloutés. Nos charlatans saumâtres, s'ils n'étaient pas de vulgaires coquins, seraient de petits ignorants et mériteraient le bonnet d'âne. Tant qu'il y aura des pauvres et des riches, des exploités et des exploiteurs, ces catégories antagonistes se heurteront. On ne connaissait pas encore les théories du socialisme lorsque les esclaves romains se révoltaient sous la direction de Spartacus ; tout le Moyen-Age a été marqué des Jacqueries, ces révoltes des paysans contre les seigneurs féodaux.
        *  Il n'est de société sans classes que la société sans exploitation de l'homme par l'homme. Supprimer l'exploitation de l'homme par l'homme, c'est tarir la source du profit capitaliste. Les nazillons n'y songent pas un instant. Leurs modèles, les nazis, n'y ont jamais songé.
        *  L'appropriation individuelle des instruments de production par les détenteurs de l'argent ne correspond plus au caractère social, collectif du mode de production. Et comme il ne peut être question de revenir à l'artisanat ou à la manufacture, l'harmonie nécessaire entre le mode de production et le mode d'appropriation ne peut être établie que par la remplacement de la propriété individuelle par la propriété sociale.
        *  C'est ce qu'exprime ce très beau raccourci de Jaurès :


        * "Nous voulons l'abolition du salariat et, comme il est impossible, maintenant que le temps du rouet, du fuseau, du marteau à la main, de l'instrument individuel de production, est passé pour faire place au grand mécanisme collectif de la production, comme il est impossible d'assurer à chaque travailleur la propriété de son outil individuel, c'est par la transformation de la propriété capitaliste en propriété collective que nous voulons poursuivre la transformation sociale."

        *  Oh nous savons bien l'objection des ignorants qui se donnent pour de beaux esprits ! "Vous retardez, nous disent-ils, avec votre B A BA du socialisme. Tout cela est bel et bien dépassé aujourd'hui. Les fondateurs du socialisme vivaient à l'autre siècle. Comment auraient-ils pu prévoir les formes de l'économie moderne et les bouleversements qui ont secoué le monde ?"


    L'époque de l'impérialisme

        *  Voici notre réponse :
        *  Si le socialisme n'avait pas conservé un si grand prestige, s'il n'était pas la seule formule d'affranchissement humain, ceux qui rêvent pour des desseins suspects de se gagner la sympathie des masses populaires n'arboreraient pas le drapeau du socialisme.
        *  Au surplus, s'il est bien vrai que les fondateurs du socialisme scientifique n'ont pu prévoir dans les détails les phénomènes économiques surgis depuis cinquante années, ils en avaient indiqué les prémisses a~ec une grande lucidité, et leurs continuateurs ont étudié très scrupuleusement ces phénomènes en appliquant à leur étude la très sûre méthode du matérialisme dialectique. Et à quelles conclusions ont abouti ces continuateurs qui s'appellent Lénine et Staline ? De quelle contribution ont-ils enrichi le socialisme ? Ils ont expliqué que nous étions entrés, avec le vingtième siècle, dans l'époque de l'impérialisme.
        *  L'époque de l'impérialisme est celle où le heurt entre les forces productives et le régime social atteint sa plus grande acuité. Le régime capitaliste cesse d'être progressif. Ses idéologues se font alors les négateurs du progrès. A l'époque de l'impérialisme, l'effort de la raison, de l'analyse scientifique, ne peut que démontrer le caractère irrationnel de ce système. Les idéologues de l'impérialisme affirment que "les vrais chefs n'ont nullement besoin de culture et de science" (Hermann Göring). Au développement de la raison, on oppose les mythes grossiers de la Terre et du Sang. A l'époque de l'impérialisme, enfin, c'est-à-dire à l'époque de la domination d'une oligarchie financière étroite, la couche sociale intéressée au maintien du système capitaliste devient de moins en moins nombreuse (Note d'Ami de l'égalité : l'oligarchie est le gouvernement d'un petit groupe ; ce mot est souvent employé aussi pour désigner le petit groupe qui gouverne).


    Recours au terrorisme

        *  Pour assurer leur pouvoir, les oligarchies doivent renoncer au système de gouvernement démocratique. Elles recourent au terrorisme. Elles deviennent anti-démocratiques et réactionnaires. Pour mener à bien leur entreprise, il leur faudra tenter de détourner les masses ouvrières de la voie révolutionnaire, de les maintenir sous la domination de la grande bourgeoisie. C'est dans ce but qu'elles créeront partout où elles pourront des mouvements fascistes ; qu'elles leur conseilleront, pour tromper les masses ouvrières, de se servir de mots d'ordre anti-capitalistes. C'est ainsi qu'à l'époque de l'impérialisme, en combinant une démagogie anti-capitaliste chauvine, anti-sémite avec un terrorisme forcené contre la classe ouvrière, le fascisme a pu, dans un certain nombre de pays, dresser un barrage contre le socialisme, assurer la prolongation du système de domination des oligarchies capitalistes. Telle était la mission des nazis rassemblés par Adolf Hitler. Telle est la mission des nazillons qu'essayent de rassembler Marcel Déat, Deloncle et Jacques Doriot.


    Ce n'est pas du socialisme

        *  Cette entreprise, on peut la baptiser de tous les noms qu'on voudra. Elle n'a rien à voir avec le socialisme ; elle est le contraire du socialisme (Note de Gabriel Péri : Staline, dans son rapport au dix-septième congrès du Parti bolchévique, caractérise le fascisme "comme un signe montrant que le grand capital n'est plus en mesure d'exercer son pouvoir au moyen des anciennes méthodes de parlementarisme et de démocratie, ce qui l'oblige à recourir dans sa politique intérieure aux méthodes de domination terroristes"). Le socialisme nous révèle la contradiction qui creuse le tombeau du capitalisme. Le nazisme est né de l'effort du capitalisme décadent pour imposer son pouvoir par la terreur. Le socialisme révèle aux exploités le secret de leur exploitation et le moyen de briser cette exploitation. Le nazisme est la tentative tout à la fois sournoise et violente des couches réactionnaires de la bourgeoisie pour détourner les exploités de la voie de leur affranchissement.
        *  Le socialisme repose sur deux assises fondamentales : la propriété sociale des moyens de production, dans le cadre du respect de la petite propriété individuelle, fruit du travail personnel ; la suppression de l'exploitation de l'homme par l'homme.
        *  La Société Socialiste, c'est celle où les moyens de production appartiennent soit à la société tout entière, soit à la collectivité des producteurs qui les gère. La Société Socialiste, c'est celle où les moyens de production qui permettaient l'exploitation du travail d'autrui étant devenus propriété sociale, la classe exploiteuse n'existe plus. La Société Socialiste est celle où la classe travailleuse (ouvriers et paysans) a cessé d'être exploitée par les possesseurs des grands moyens de production, pour devenir la propriétaire collective de ces moyens de production, affranchie de toute exploitation.
        *  Etre socialiste, c'est lutter pour cette société-là ! Est-ce cette société que se proposent de construire les démagogues ivres du "Rassemblement" antinational et impopulaire ? Ce qui est certain, c'est que leurs maîtres de Berlin ne l'ont xas construite. Ils lui ont tourné le dos.

    4 - Discours anticapitalistes et subvention des magnats

        *  On conçoit aisément que le socialisme tel qu'il est, tel que nous venons de le définir, le socialisme vrai, dont les communistes sont les seuls champions authentiques, ait été depuis toujours le cauchemar des ploutocrates.
        *  Le socialisme, parce qu'il se propose de dépouiller les oligarchies de l'instrument d'exploitation, est pour celles-ci l'objet de la plus vive inquiétude. Contre lui, elles ont multiplié les obstacles. Elles ont usé de la puissance que leur confère la richesse pour combattre le mouvement socialiste ; elles ont usé de l'emprise qu'elles exercent sur l'Etat pour briser les organisations ouvrières, etc.
        *  Si le nazisme, dont les hauts-parleurs du RNP prétendent suivre l'exemple et imiter le modèle, avait été le socialisme ; s'il avait été, à tout le moins, une variété, une forme de socialisme, ses progrès auraient provoqué l'indignation des classes possédantes. Contre lui, elles auraient multiplié les entraves. Elles auraient tout essayé pour ruiner le mouvement. Elles auraient, à pzix d'or, suscité contre lui des mouvements rivaux, etc... Bref, elles auraient déployé l'effort de corruption que partout et toujouzs des exploiteurs déploient contre ceux qui menacent leurs privilèges.
        *  Or, que s'est-il passé en Allemagne ? Il s'est passé ceci, sur quoi Déat et Doriot observeront, si vous les interrogez, un silence pudique : les possesseurs et les manieurs d'argent, les magnats de l'industrie lourde, les forces les plus actives du capitalisme ont subventionné le mouvement nazi, financé ses journaux, entretenu sa caisse de propagande. Pourquoi ? Parce que le nazisme, loin d'être une forme du socialisme, a été pour la grande bourgeoisie allemande - ce que le RNP tente d'être pour la grande bourgeoisie française - l'instrument de tentative de sauvetage de l'ordre ploutocratique.


    Ce jongleur de Mussolini

        *  Sans doute, les dirigeants nazis ont-ils eu soin, toujours, d'entourer de mystère tout ce qui concernait les ressources du Parti. En vertu du "Führerprinzip" (principe du Führer), Hitler s'abstenait de révéler à ses collaborateurs les plus proches l'origine de certaines souscriptions ; mais dans les années qui précédèrent son avènement au pouvoir, chaque fois que s'amorçait un débat public sur les moyens financiers du Parti, Hitler préférait transiger avec ses "diffamateurs" plutôt que de leur intenter un procès. Ce qui ne l'empêchait pas de célébrer la "vertu nazie" et d'accuser d'autres fascistes - les fascistes italiens par exemple - de n'être pas comme lui vêtus de probité candide et de lin blanc ! Le 29 juillet 1922 - treize ou quatorze ans avant l'Axe - le Völkischer Beobachter écrivait que "Mussolini avait trahi ses camarades parce qu'il avait été corrompu par les représentants de la Société du Gaz de Zurich". Le journal ajoutait que le Popolo d'Italia, le journal de Mussolini, avait été fondé avec de l'argent juif et il invitait les "nationaux-socialistes" à "éviter strictement tout rapport avec ce jongleur de Mussolini". Mais les sources où s'abreuvait Hitler n'étaient pas plus pures que celles où Mussolini avait étanché sa soif. L'un et l'autre s'étaient désaltérés aux fontaines du grand capital. L'un et l'autre ont été choisis par les tenants du vieil ordre comme les chiens de garde de leurs privilèges.


    L'Allemagne entre les deux guerres

        *  Pour la bonne compréhension de ce qui va suivre, essayons de nous représenter l'Allemagne entre les deux guerres. En 1918, ce pays a vu éclore des Soviets d'ouvriers et de soldats (note d'Ami de l'égalité : le mot russe "soviet" est l'équivalent du mot français "conseil" ; Gabriel Péri l'emploie ici par référence à la révolution russe de 1917, qui a consisté dans la formation en Russie de conseils d'ouvriers et de soldats, lesquels ont démantelé les institutions du pouvoir impérial et se sont formés en institution politique nouvelle ; les bolchéviks déployaient leur activité au sein de ces conseils ; en employant ici le mot russe "soviet", Gabriel Péri désigne les conseils révolutionnaires formés en Allemagne au moment de la déconfiture des institutions du pouvoir impérial consécutive à la défaite militaire de l'automne 1918). Mais la Révolution a été écrasée dans le sang par les efforts conjugués de l'Entente (note d'Ami de l'égalité : il s'agit de l'alliance franco-anglaise conclue sous le nom d'Entente cordiale et à laquelle s'étaient joints, à la faveur de la guerre mondiale, divers autres états) et des chefs traîtres de la social-démocratie, lesquels ont fait appel aux junkers et aux officiers de l'ancienne armée. Le courant populaire a été si puissant cependant que les maîtres du pouvoir durent accorder quelques concessions à la classe ouvrière : assurances sociales, contrats collectifs, conseils d'entreprises, droit d'organisation des ouvriers agricoles. Toutefois, les potentats de la grande industrie, aussi bien que les hobereaux, sont parfaitement décidés à reprendre ce qu'ils ont accordé. Pour commencer, ils sabotent l'application des lois sociales ; ils s'emploient à briser les grèves. Ils créent pour cela des corps spéciaux, des ligues de combat, sorte de police prétorienne aux ordres du grand capital. La plus agissante de ces ligues crées et mises au monde par les capitalistes allemands, c'est le Parti National-Socialiste d'Adolf Hitler. Pendant toute une période, ces ligues, que le grand capital a eu l'occasion d'expérimenter lors du putsch de Kapp, sont tenues en réserve. L'heure n'a pas sonné encore de les lancer dans la bagarre. Il attend que les capitaux américains et anglais aient afflué en Allemagne, que l'industrie allemande se soit rééquipée. Seulement, lorsque cet équipement est achevé, lorsque l'Allemagne s'apprête à inonder le monde de ses produits, le monde est secoué par la grande crise économique de 1930. Cette crise touche directement les industriels allemands. Leur grande préoccupation, dès lors, va être de réduire les salaires ouvriers, d'abroger la législation sociale, d'en finir avec le système des contrats collectifs. Ils doivent, pour cela, disposer d'un Etat docile à leurs voeux. Les corps-francs sont tirés de l'ombre ; le parti national-socialiste est poussé à l'avant-scène. Fritz Thyssen et Kirdorff de la métallurgie de Gelsenkirchen augmentent le chiffre de leurs subventions. Les gouvernements de Brüning, de Von Schleicher, de Papen cèdent à la pression des agitateurs nazis, puis ils leur abandonnent la place.
        *  Ne nous y trompons pas, cependant, la volonté et l'argent de quelques magnats n'auraient point suffi à assurer la victoire de cette équipée. Pour qu'elle réussît, ses initiateurs devaient capter la confiance d'une troupe importante, se donner - ce que Déat et Doriot cherchent en vain dans la France de 1941 - une base de masse. Comment s'y prirent-ils ? La question est d'importance. Là-bas, une formidable entreprise de viol des foules a réussi. Réussira-t-elle chez nous ? Ce qui est certain, c'est que l'un des moyens d'empêcher {on succès, c'est de révéler les procédés qu'elle employa, de dire comment elle mystifia ceux à qui elle s'adressait, et c'est de montrer que ceux-là furent victimes d'une des plus gigantesques escroqueries de l'histoire.


    Des millions d'êtres dans la misère

        *  Mais qui étaient-ils au juste, ceux auxquels s'adressait l'agitation nazie ? C'étaient les classes moyennes d'abord, les épargnants, les détenteurs de revenus fixes saignés à blanc par la chute du mark, les petits commerçants pressurés par les banques, écrasés par les magasins cartellisés. C'étaient les paysans endettés, que le fléchissement des prix condamnait à la misère, à partir de 1929 ; les petits paysans s'entend, car pour ce qui est des hobereaux, la politique douanière du gouvernement les avait mis à l'abri des risques les plus graves. A ces catégories sociales ajoutez les anciens combattants et parmi eux la foule des anciens officiers et sous-officiers à qui la fin de la guerre et la défaite ont fait perdre leur emploi ; la jeunesse enfin, la tragique multitude des jeunes chômeurs et des jeunes étudiants sans emploi, tous avides d'action, de mouvement, de renouvellement.
        *  Où vont aller ces millions d'hommes et de femmes sur qui la misère s'est abattue comme un manteau de plomb et que déjà la famine guette ? Où vont-ils aller ?
        *  Ah certes, si contre le régime qui engendre l'effroyable détresse, la classe ouvrière s'unissait comme tentent de l'unir les communistes, la réponse ne serait pas douteuse. Le prolétariat uni serait pour la petite bourgeoisie une irrésistible force d'attraction. Autour de cette force se grouperaient les victimes de la guerre, les jeunes dont les vingt ans réclament avec tant d'impatience l'action, la rénovation de l'Allemagne. Alors serait mobilisée la formidable armée qui ne s'égarerait pas, ne prendrait pas le mauvais chemin, mais s'attaquerait à la cause du mal : elle désignerait aux multitudes le but à atteindre, le socialisme.


    La division ouvrière favorise le nazisme

        *  Oui, mais la classe ouvrière est divisée, la social-démocratie, non contente de repousser les propositions d'action commune des communistes, charge son préfet de police Zorgiebel de faire tirer sur la foule ouvrière de Berlin, le premier mai 1929. Elle s'accroche à la capote de Hindenburg, à la soutane de Brüning, à la jaquette de von Papen.
        *  Par sa faute inexpiable, c'est vers d'autres forces que va se diriger la cohorte des victimes. Vers quelles forces ? Vers celles qui ont été mises sur pied par les responsables de ses misères.
        *  Ces forces existent ; ce sont le Parti nazi, ses sections de protection, ses sections d'assaut dont le grand capital a alimenté les caisses. Magnats de l'industrie, féodaux de la terre ont réalisé ce tour de force : ils ont groupé les victimes du régime dans des organisations dont la raison d'ê|re et la mission était de sauver ce régime.
        *  Nous verrons comment cette supercherie fut possible et quel langage tinrent, à cette foule qui avait faim, les chefs visibles du mouvement. Mais qu'importait le langage. Les autres chefs, invisibles ceux-là, tenaient les cordons de la bourse. Ils étaient les vrais maîtres du mouvement nazi ; ils savaient qu'ils le conduiraient où ils voudraient et ils lui avaient assigné la mission de sauver des privilèges que la tourmente menaçait d'emporter.


    Bailleurs de fonds de Hitler

        *  Ces chefs invisibles, ces bailleurs de fonds, quels étaient-ils ? Certains ne vivaient pas sous le ciel allemand. C'est ainsi que, parmi les protecteurs de la première heure du mouvement nazi figurent : le pétrolier anglais Sir Henri Detterding, le potentat américain Ford et quelques financiers suédois liés à la famille de Göring. Parmi les protecteurs allemands, il convient de citer M. Aust, pzésident de l'Union des Industriels bavarois ; M. Kuhlo, avocat-conseil de cette union ; Von Epp qui, en compagnie de Röhm, se procura dans les milie}x financiers de Munich les fonds nécessaires à l'achat du journal le Völkischer Beobachter ; le grand industziel Borsig ; le fabricant de dentelle Mutscham ; le chef du trust du charbon de Rhénanie Kirdorff ; l'industriel Thyssen ; l'admini{trateur du grand trust de la potasse Wintershall de Cassel ; le trust Lahussen-Nordwolle ; l'union minière Bergbanveren d'Essen ; la maison Otto Wolf ; le trust des cigarettes Reemsta ; de grands propriétaires terriens ; enfin les anciens princes allemands : l'ex-Kaiser, le prince Auguste-Guillaume de Hohenzollern, le prince Christian de Schaumburg-Liffe, le duc de Saxe-Cobourg Gotha, les grands-ducs d'Oldenburg, de Mecklemburg, de Hesse, le duc Ernest-Auguste de Brünswick. Et ce fut pour être agréable à ces "nom de Dieu de princes", pour les payer comptant, que les députés nazis, tout en vitupérant le capitalisme, votèrent au Reichstag contre la loi d'expropriation des anciennes familles princières !
        *  Voilà quels noms portent les vrais maîtres du mouvement nazi. Ces bailleurs de fonds, dont les journaux de Marcel Déat et de Doriot ne publieront jamais le palmarès, ne gaspillaient pas leurs deniers. Ils ne prêtaient pas à fonds perdus. Ils réalisaient un très bon placement. Ils se ménageaient une assurance. En prélevant un peu sur leurs bénéfices, ils entendaient assurer la protection de leur régime, de leurs privilèges et tirer une traite sur l'avenir.
        *  Ils n'ont pas été déçus, mais remboursés avec usure et récompensés au centuple !

    5 - L'escroquerie du programme : Bons et mauvais capitalistes

        *  Les hauts-parleurs du "Rassemblement national populaire" balbutient et bredouillent. Mettez-vous à leur place. Ils ont mijoté dans les vieilles marmites des 200 familles ; ils ont été ministres de Tardieu, ou de Doumergue, ou de Flandin, ou de Daladier ; ils ont attaché leurs noms à des décrets-lois de déflation qui, pour sauver le superflu des riches, rognaient sur le nécessaire des pauvres. Tel est le cas de Laval, avocat marron qui nut l'agent électoral du financier Octave Homberg ; de Marcel Déat à qui il ne répugnait pas d'être collaborateur de deux journaux, dont l'un : L'Oeuvre, était financé par la Banque Lazard, et l'autre : La République, touchait au guichet des Compagnies d'Assurances ; de Rivollet (fâcheusement compromis par ailleurs dans un scandale de Loterie d'anciens combattants), qui fut ministre des Pensions et signa les décrets qui frappaient d'un prélèvement les pensions des anciens combattants ; de Cathala, qui fut ministre de Tardieu ; de Besset, qui fut ministre de Daladier.


    Premiers vagissements du RNP

        *  Ils ont passé une partie de leur vie à dénoncer la Révolution, à exorciser le socialisme, à frémir chaque fois que le prolétariat entamait un des privilèges sacrés du capitalisme. Aujourd'hui, pour servir les mêmes forces d'argent qu'hier, il leur faut modifier du tout au tout leur vocabulaire, se couvrir d'une vêture nouvelle. Ils bégaient, ils hésitent, ils ont peur. Voilà pourquoi leur déclaration-programme est si mièvre, si pâle, si anémiée et souffreteuse.
        *  Nos gaillards désirent "une économie dizigée à base corporative". Ils suggèrent que la monnaie soit "garantie par le travail". Ils n'écrivent pas une fois le mot socialisme. Ils veulent bien manipuler des pétards de feu d'artifice ; ils hésitent à faire fonctionner le 420 de la démagogie (Note d'Ami de l'égalité : l'un des plus gros calibres de l'artillerie de la guerre de 1914-1918 est de 420 millimètres). Il faudra qu'ils s'y résignent cependant, car leurs formules proprettes et chétives, si elles rassurent pleinement leurs maîtres, n'exerceront aucun attrait sur les masses populaires. Pour essayer de séduire ces masses, il faudra trouver autre chose. Ils chercheront. Ils chercheront dans le Programme de leurs modèles les nazis d'Allemagne.
        *  Et que trouveront-ils ? Il faut que nous soyons ici prévenus. Il est possible que dans les semaines à venir, les hommes du "Rassemblement national" mettent en circulation des slogans sonores à allure très radicale et très subversive. Il n'est pas d'autre moyen pour eux d'exécuter la besogne dont l'occupant et les amis de l'occupant les ont chargés. C'est ainsi et pas autrement qu'ils tenteront de mystifier le public, de lui jeter de la poudre aux yeux ; c'est contre cette mystification et cette escroquerie que nous mettons en garde les travailleurs français.


    Panneau-réclame des nazis

        *  Supposons que, forçant la note et haussant le ton, les hommes du Rassemblement substituent prochainement à leur Déclaration de principe minable et décolorée un panneau-réclame claironnant et haut en couleurs. Que faudra-t-il en penser ? Pour former à son sujet un jugement sain, le mieux sera de se reporter au panneau-réclame que les agitateurs nazis allemands - les modèles du RNP - ont promené à travers l'Allemagne entre 1929 et 1933. Que disaient-ils alors ? Et quelle était la portée de leur programme ? N'oublions jamais que pour parvenir à leurs fins, les nazis d'Allemagne sont allés dans la voie de la démagogie aussi loin que peut aller un parti mis au monde par les oligarchies, et dont le sauvetage des oligarchies est le but suprême encore que soigneusement dissimulé aux foules.
        *  Ils se sont présentés comme les redresseurs du socialisme, comme les amis et les protecteurs des syndicats ouvriers ; ils n'ont pas hésité à proclamer que l'arme de la grève était pour les travailleurs une arme légitime : "Le national-socialisme, écrivait le "Völkicher Beobachter", reconnaît sans restriction le droit de grève... C'est mentir honteusement que de dire que les nationaux-socialistes, lorsqu'ils auront pris le pouvoir, enlèveront aux travailleurs leur arme suprême : le droit de grève".
        *  Nos RNP ne tiennent pas encore ce langage. Ils en sont encore aux vagissements prémonitoires. Mais en 1929, en 1930, non contents de prêcher le "redressement" du socialisme, de déclarer sacré le droit de grève, arme suprême des ouvriers, les nazis d'Allemagne parlaient confusément d'une réforme profonde du droit de propriété. Devant les petits paysans, ils allaient jusqu'à envisager le partage des terres. Ils faisaient la grosse voix contre les agrariens (qui subventionnaient la caisse nazie). Ils disaient : "La grande propriété, dans l'Est, doit disparaître pour la plus grande partie. On ne peut conserver la grande propriété par respect pour les traditions."


    Ce programme ? Une duperie

        *  Arrêtons-nous un moment. Nous pressentons l'objection que l'on nous adresse : que vous le vouliez ou non, nous dit-on, des promesses de ce genre sont tout de même assez précises. Elles ont trait à une transformation assez profonde de la structure capitaliste. Il est possible qu'elles n'aient pas été tenues, nous ne voulons pas le savoir pour l'instant. Elles n'en contenaient pas moins un engagement de transformer le vieil ordre social capitaliste. Le programme, en somme, n'était pas mauvais et si le RNP nous en présente un semblable, pourquoi lui bouderions-nous ?
        *  Et voici notre réponse : Non, ce programme, ce n'était pas le programme socialiste et c'était, par conséquent, une duperie.
        *  Les nazis d'Allemagne (et vous verrez que les nazillons de France suivront leur exemple) ont pris à partie, avec beaucoup de virulence oratoire il est vrai, les à-côtés du régime ploutocratique. Ils n'ont jamais touché à la racine du mal. Ils n'ont jamais porté une main sacrilège sur le système d'où les oligarchies tirent la source de leur super-profit. Ils ont dénoncé à la colère des masses quelques rouages de la machine, c'est-à-dire que dans cette Allemagne que le socialisme aurait pu sauver de la misère, le nazisme a rempli très exactement la mission que lui avaient confiée ses maîtres : sauver le vieux régime et détourner les multitudes de la lutte pour le socialisme.
        *  Soyez sûrs que c'est cette besogne-là qu'accompliraient, si nous les laissions faire, les chefs de bande du RNP.
        *  Mais pour réussir ce normidable subterfuge, comment ont procédé les nazis d'Allemagne ?


    Le capitalisme... étranger, ennemi principal

        *  Aux masses frémissantes d'Allemagne, ils ont désigné comme ennemi principal le capitalisme... étranger. C'est le capitalisme étranger qui a imposé à l'Allemagne l'injuste traité de Versailles ; c'est lui qui prélève sur le peuple allemand le terrible fardeau des réparations, etc... Donc, sus au capitalisme international ! Discours habile auquel applaudissaient à la fois ceux qui s'étaient endettés à l'étranger, ceux qui rêvaient du réarmement et de la revanche allemande et ceux qui détestaient l'exploitation capitaliste. A cette propagande, la politique insensée des vainqueurs de 1918 apportait un renfort précieux. Des opérations comme l'occupation de la Ruhr (note de Ami de l'égalité : par l'armée française !) en 1923 servirent puissamment l'agitation nazie. Et c'est ainsi que la lutte juste, sans aucun doute, du peuple allemand contre le diktat de Versailles, cette lutte qui avait éveillé la sympathie des prolétaires de tous les pays, cette lutte, monopolisée par le Parti nazi, fut orientée par lui dans le sens du chauvinisme agressif. La colère légitime des masses contre le capitalisme fut muée, par l'alchimie national-socialiste, en une lutte contre Versailles, puis en une excitation véhémente à la guerre pour la suprématie du monde.


    Deuxième stade : l'antisémitisme

        *  Mais le capitalisme étranger était une pâture insuffisante. Les chefs nazis eurent tôt fait de le comprendre. Alors, ils désignèrent un autre ennemi : le capitalisme juif. Et dans leur laboratoire, ils transformèrent l'anticapitalisme des masses en un antisémitisme barbare et grossier. On identifie au juif le banquier, le dirigeant du magasin à pris unique, le créancier anglo-saxon. Nul ne dira combien cet antisémitisme imbécile a servi le système capitaliste allemand dans son ensemble. Non seulement les capitalistes allemands ont été les bénéficiaires des spoliations et des rapines dont furent victimes les capitalistes juifs du Reich et d'Autriche, mais surtout l'antisémitisme a été là-bas, comme partout, le procédé habile pour détourner la colère populaire de la lutte contre le régime d'exploitation des oligarchies. Le juif a été dénoncé comme le mauvais capitaliste. C'est donc qu'il y a de bons capitalistes ? C'est donc que Krupp est un capitaliste très convenable, si Rotschild est un capitaliste détestable ? C'est donc que le régime capitaliste n'est pas condamnable en bloc ; c'est donc qu'il n'est pas question de le condamner ou de le renverser, mais d'assurer sa survie en massacrant les juifs.{CRLN}

    Sus au capitalisme de prêt

        *  De fait, les nazis d'Allemagne ont poussé très loin cette théorie de la di~ision entre le bon et le mauvais capitaliste (Note de Gabriel Péri : c'est notamment le thème d'un très mauvais film allemand (un film à boycotter !) donné récemment dans les salles parisiennes : Les Rapaces, où s'étale le contraste bébête entre le mauvais capitaliste, un juif cela va de soi, et le bon capitaliste (un de Wendel, un Mercier, par exemple) qui, répondant à l'appel de sa fille, distribue ses générosités sur le monde). Le bon capitaliste, c'est l'industriel, le mauvais capitaliste, c'est le prêteur d'argent. Sus au "capitalisme de prêt" ! Les agitateurs nazis s'en vont à travers le pays expliquer qum "l'esclavage de l'intérêt" est le mal des maux. "Abolissons l'esclavage de l'intérêt". Mais les conzerns et les trusts peuvent continuer sans se troubler leur bienfaisante activité.
        *  Nous lirons très bientôt sous la plume des pense-petit du RNP des élucubrations de ce genre. Nos hommes ont déjà plagié l'antisémitisme de leurs modèles allemands.
        *  De petites feuilles hebdomadaires appellent régulièrement au pogrom. Les équipes de Doriot s'offrent contre argent aux commerçants aryens pour aller saccager les boutiques de leurs concurrents israélites. Les hommes de main du RNP, sous la protection du préfet de police, s'installent dans les immeubles des juifs. Un statut raciste a été promulgué à Vichy. D'autres mesures suivront peut-être. On ne fera croire à personne que l'anticapitalisme a quelque chose de commun avec ces procédés d'apaches (note d'Ami de l'égalité : aux dix-neuvième et au vingtième siècles, ce mot ne désignait pas seulement une tribu indienne d'Amérique du Nord ; il désignait aussi les truands de barrières et de faubourgs, qui tiraient leur ressources du proxénétisme et de la vente de leur aptitude à jouer du couteau). C'est le capitalisme qui gagne à tous les coups. C'est lui, si l'affaire réussissait, qui serait le grand bénéficiaire. Ce truc grossier lui aurait épargné le châtiment et les coups. L'antisémitisme est la planche de salut du capitalisme. Aussi bien, dans ce pays de France, antisémitisme et révolution sont des termes qui s'excluent. L'antisémitisme a toujours été, il demeure l'odieux compagnon de route de la réaction politique et sociale. Le racisme antisémite a ravagé bien des pays de l'Europe ; il a été le déshonneur de la Russie des Tsars, de la Pologne des seigneurs ; il est la honte de l'Allemagne. Il est au monde un pays qui s'est débarrassé de ces vestiges affreux et qui a proclamé la fraternité des races, c'est l'Union Soviétique ; c'est le seul pays où les oligarchies ont été mises hors d'état de nuire.


    Nos nazillons veulent asservir la France

        *  Si soucieux qu'ils soient d'imiter leurs modèles d'Allemagne, les nazillons de France devront sur un point, au moins, s'écarter d'eux. Quand les nazis commencèrent leur campagne, ils se posèrent en champions de la libération de leur pays. Ils dirent qu'ils voulaient briser les chaînes d'un injuste traité, affranchir l'Allemagne de la servitude. Sans doute firent-ils de ces nobles mobiles une exploitation impérialiste qui devait accroitre terriblement les dangers de guerre. Du moins appelaient-ils le peuple allemand à se lijérer, à regagner son indépendance ; du moins les vit-on lutter pour que le territoire allemand fût délivré de l'occupation étrangère, pour que le peuple allemand ne supportât pas le tribut du vainqueur. Ce qui ne les empêchait pas d'ailleurs de s'offrir parfois au vainqueur comme mercenaires anti-communistes ; tel fut le cas de Hitler. Dans un livre intitulé "Le quai d'Orsay", que son auteur a prudemment retiré de la circulation, M. Paul Allard a établi que le futur chancelier d'Allemagne, à l'époque de l'agitation nazie dans la Ruhr, fut soudoyé par un certain Heinz, autonomiste du Palatinat, homme à tout faire du deuxième Bureau, et qu'entretenaient, au su de Adolf Hitler, les fonds secrets du quai d'Orsay (Note de Gabriel Péri : Quant à M. Paul Allard, il s'est courageusement mis au service de la presse parisienne du Dr. Göbbels, depuis le 20 juin 1940 !).
        *  Les nazillons français, eux, ont été tenus sur les fonds baptismaux par l'armée de l'occupant ; ils se sont placés sous la protection de ses baïonnettes ; C'est pour servir l'occupant qu'ils veulent forcer les portes du gouvernement. Les nazis prétendaient libérer l'Allemagne. En fait ils l'ont précipitée dans la guerre. Nos nazillons, si nous les laissions faire, précipiteraient eux aussi la France dans la guerre. Mais auparavant, ils l'auraient asservie.
        *  Les maîtres capitalistes que servaient les nazis voulaient l'abrogation du traité de Versailles. Les maîtres capitalistes que servent les nazillons ont besoin de l'asservissement de la France.


    Un programme attrape-nigaud

        *  Jusqu'ici, nous n'avons parlé que du Programme du Parti nazi ; c'est-à-dire de l'ensemble des propositions suggérées par un parti que subventionne une oligarchie capitaliste et qui, pour le compte de cette oligarchie, s'adresse à des masses que la misère accable, que la division ouvrière et la politique criminelle de la social-démocratie détournent de la lutte pour le vrai socialisme. S'adressant à ces masses avec le dessein de les capter et de les séduire, le nazisme, nous l'avons dit, se permet dans son programme certaines audaces.
        *  Et pourtant, même dans le Programme, il est gêné aux entournures ; il s'empêtre dans ses contradictions ; il est limité dans sa propension démagogique et il se garde de s'en prendre à l'ensemble du système capitaliste.
        *  Même dans le Programme, il se garde de se prononcer pour ce qui caractérise la société socialiste, pour ce sans quoi il n'y a pas de socialisme, pour ce sans quoi il est interdit de se dire socialiste.
        *  Même dans le Programme, qui n'est qu'un attrape-nigaud, où la démagogie semble-t-il devrait avoir toute licence, même dans ce Programme plus hardi cependant que l'insignifiant prospectus du RNP, le nazisme se garde de toucher au point névralgique du système ploutocratique.
        *  Même dans le Programme !
        *  Que sera-ce dans les faits ? Dans les faits, le nazisme se révélera comme un système de renflouement ploutocratique, de régression anti-sociale ; comme l'organisation méthodique du massacre des conquêtes ouvrières.

    6 - Le Nazisme sans voiles : Une formidable machine de régression sociale

        *  Ne perdons jamais de vue notre point de départ : Quel est le secret de l'exploitation capitaliste ? Pourquoi et comment le capitalisme exploite-t-il le travailleur salarié ?
        *  Dans le régime capitaliste, la force de travail de l'ouvrier est une marchandise. Sa valeur est déterminée par le temps de travail qui y est incorporé. Ce qui caractérise le régime du travail dans le système capitalis|e, c'est que l'ouvrier travaille pendant une partie de la journée pour produire, sous forme de salaire, la valeur d'une quantité de subsistance qui lui est nécessaire, et une autre partie pour produire la plus-value, source du profit capitaliste. Survienne un progrès technique qui permette d'augmenter la productivité du travail, cette augmentation accroîtra le profit capitaliste ; elle n'atténuera pas l'exploitation que subit le prolétaire ou l'atténuera fort peu.
        *  C'est ainsi que les choses se passent dans le régime capitaliste.
        *  Le régime socialiste, au contraire, c'est, répétons-le, le régime de la propriété sociale des moyens de production, c'est le régime qui supprime l'exploitation capitaliste. En d'autres termes, la classe ouvrière, dans une Société Socialiste, n'entre plus en conflit avec des exploiteurs et leur appareil d'Etat pour exiger une meilleure part dans le produit de son traviil : la classe exploiteuse a disparu. La lutte de classes est un souvenir du passé. Ce sont les travailleurs maîtres des moyens de production, maîtres de l'appareil d'Etat, qui décident combien de temps durera le travail, quelle part du produit du travail sera consommée, quelle part sera consacrée à perfectionner la production socialiste, quelle part sera consacrée à assurer la défense de la patrie socialiste.
        *  A quel type d'organisation se rattache l'Allemagne nazie ?
        *  Les contorsions de Déat, Deloncle et Doriot n'y changeront rien : l'Allemagne nazie est un pays authentiquement capitaliste, dans lequel un groupe d'hommes, les possédants, tirent leur profit de l'exploitation, du vol de la plus-value.
        *  Mais ce capitalisme allemand n'est-il pas d'une nature un peu spéciale ? N'a-t-il pas été "mis au pas", "discipliné" ? N'y a-t-il pas, dans l'organisation allemande, "un peu de socialisme" ?


    Dissolution des syndicats. Plus de législation sociale

        *  Réponse : avant l'avènement du nazisme, les ouvriers allemands possédaient des syndicats, ils disposaient d'une arme redoutable : la grève. Une série de batailles ouvrières avait limité l'absolu|isme patronal ; un système de conventions collectives protégeait les salaires. Que sont devenues toutes ces acquisitions sociales ? M. Deloncle s'égosille devant le micro à nous crier :"La Révolution sera sociale ou ne sera pas !" Soit ! Seulement, le mouvement nazi, dont le Deloncle en question suit les traces, avait trouvé une Allemagne pourvue d'organisations ouvrières et d'une législation sociale qui avaient fourni aux travailleurs des garanties contre l'arbitraire patronal. Qu'a fait le nazisme ? Il a dissous par la violence les organisations ouvrières. Par la force et la ruse, il a brisé la législation sociale.
        *  Les procédés qu'employèrent les nazis allemands méritent d'être étudiés de très près. Ils seront peut-être expérimentés par les nazillons français. Il est bon que nous ne soyons pas pris au dépourvu. Avant leur accession au pouvoir, les nazis s'étaient appliqués à constituer des cellules dans les usines. Sans beaucoup de succès d'ailleurs, puisqu'en 1933 encore, les candidats de ces cellules aux Conseils d'Entreprises obtenaient à peine 3 % des voix. Pour obtenir la première place, les cellules durent attendre ... l'incendie du Reichstag, l'occupation des Maisons du Peuple par les Chemises Brunes, la dissolution des Syndicats libres. Les cellules se posèrent alors en héritières des Syndicats, et pour recueillir l'héritage, c'est-à-dire pour gagner la sympathie des syndiqués, elles portèrent la démagogie au diapason le plus élevé.
        *  Entendons-nous d'ailleurs ; parmi les membres des cellules nazies qui réclament, à cette époque, le contrôle de l'embauchage, qui interviennent dans la direction des entreprises, qui vont jusqu'à exiger l'arrestation de certains patrons, tous ne sont pas des démagogues forcenés. Nombreux sont les ouvriers trompés par la démagogie des hitlériens et qui croient que la "Révolution Nazie" sera sociale ou ne sera pas. Les magnats capitalistes et les dirigeants du Parti ont vite fait de les mettre à la raison et quelques centaines d'entre eux vont méditer dans des camps de concentration sur les vertus "socialistes" de la doctrine de Hitler.

    Par BANDERA ROSSA - Publié dans : pcfcapcorse


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  • Retraites : des fuites sur un rapport officiel annoncent de nouvelles et importantes remises en cause

    retraités

    s'informerAlors que se profile, dans dix jours, la conférence sociale, des fuites dévoilées mardi 4 juin, par le quotidien Le Figaro, relancent par avance le débat sur les retraites.

    Le rapport commandé par le Premier ministre à Yannick Moreau, ex-présidente du Conseil d’orientation des retraites, sera remis la semaine prochaine au gouvernement, mais des sources syndicales en ont fait fuité l’essentiel. Il envisage de multiples mesures. Conformément à la méthode du dialogue social, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a souligné que « le rapport est un outil de travail, en aucun cas la préfiguration d’une réforme bouclée ».

    Il faudrait, selon Mme Moreau, dégager 7 milliards d’euros par an en mettant à contribution actifs, retraités et fonctionnaires : fiscaliser les bonus pour enfants, sous-indexer les pensions et allonger la durée de cotisation, qui pourrait aller jusqu’à 43, voire 44 ans, soit plus vite que le calendrier de la réforme Fillon.

    Certains syndicats de fonctionnaires ont vivement réagi. La CGT y a vu un « casus belli irrémédiable », prévoyant une baisse des pensions de l’ordre de 20 à 25 % pour les agents.

    Après les rencontres préliminaires à la conférence, Thierry Lepaon, pour la CGT, avait déclaré repousser tout « nouveau recul de l’âge de la retraite ou une baisse du montant des pensions » et Jean-Claude Mailly, que FO refuserait de « bouger l’âge [légal de départ] ou rallonger la durée de cotisation ».

    De son côté, Laurent Berger, pour la CFDT s’était déclaré le 31 mars favorable à cet allongement.

    http://parti-ouvrier-independant.fr


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  • Mouche du coche

    La Commission européenne ne nous dit pas seulement qu’il faut résorber le déficit, elle nous dit comment cela doit se faire, et aux dépens de qui.

     

    On connaît la fable de La Fontaine : elle nous conte une histoire d’attelage en difficulté et de chevaux qui peinent à tirer le coche sur un chemin « montant et sablonneux ». Survient une mouche qui prétend les aider en bourdonnant au-dessus des naseaux des équidés. Et lorsque l’attelage retrouve la cadence, c’est elle, la mouche, qui s’en « attribue la gloire ». Comme la mouche, certaines gens, conclut La Fontaine, « font partout les nécessaires ». Les bonnes fables ont ça de bien qu’elles ont toujours une actualité. Celle-ci nous est revenue en mémoire l’autre jour, quand nous avons entendu François Hollande répliquer à la Commission de Bruxelles qu’elle « n’a pas à nous dicter ce que nous devons faire ». Avant d’ajouter que, de toute façon, nous étions justement en train de faire ce que la Commission exige…

    La question est de savoir qui, dans cette histoire, est la mouche et qui est le coche ? Ou, pour le dire autrement, qui décide de la politique de la France ? Il suffit pour répondre à cette question de consulter le fameux traité de Lisbonne dont la ratification par notre pays en 2009 avait été rendue possible, on s’en souvient, par l’abstention des parlementaires socialistes. Le texte nous dit que « le Conseil, sur recommandation de la Commission, élabore un projet pour les grandes orientations des politiques économiques des États membres ». Puis que ledit Conseil « surveille l’évolution », et que, le cas échéant, il « rend publiques » ses recommandations. S’ensuit une batterie de sanctions si l’État récalcitrant n’obtempère pas. C’est un peu moins plaisant qu’une fable de La Fontaine, mais c’est tout aussi clair. Il n’y a donc pas lieu de faire l’étonné. Ce sont ces textes dont nous subissons aujourd’hui les effets. Certes, François Hollande a encore l’occasion de montrer que le cocher de l’attelage, c’est lui, et que José Manuel Barroso est la mouche du coche. Il lui suffirait pour cela de rejeter le diktat de Bruxelles sur les retraites, puisque tel est bien le sujet principal des fameuses « recommandations » émises le 29 mai par la Commission européenne. Mais le président de la République a déjà suffisamment dit ce qu’il comptait faire pour que l’on n’ait plus d’illusions sur la suite des événements.

    La pression, il est vrai, est énorme. Car il n’y a pas que Bruxelles. La Cour des comptes, que préside le socialiste Didier Migaud, pousse dans la même voie. Nous sommes entrés dans l’ère des « experts », des « comptables » et des technocrates. Et cela, sans débats, sans même que soit attirée notre attention citoyenne. Ce qui frappe dans cette histoire de « recommandations » (bel euphémisme !), c’est évidemment le ton comminatoire des « experts » bruxellois. La Commission européenne ne nous dit pas seulement qu’il faut résorber le déficit, elle nous dit comment cela doit se faire, et aux dépens de qui. On ne prend plus de gants pour dire qui commande et qui exécute. Ce qui en dit long sur la crise politique dans laquelle nous sommes englués. Que l’on nous comprenne bien : il ne s’agit même plus ici d’ajouter notre contribution (hebdomadaire) au « Hollande bashing », mais de s’interroger sur un système qui transforme nos débats politiques en théâtre d’ombres, et nos campagnes électorales en simulacres. Nous avons suffisamment recensé les promesses de campagne non tenues, et les reculades du tandem Hollande-Ayrault, pour poser aujourd’hui la question d’un autre point de vue.

    Voilà un an, la France votait. Et il est peu probable que la majorité de gauche qui l’a emporté ait voté pour les « recommandations » de la Commission européenne. C’est donc aujourd’hui notre système démocratique qui est bafoué. Et il ne l’est pas par François Hollande, ou pas seulement. En vérité, cela fait trente ans que, peu à peu, l’Union européenne prive les peuples des attributs de la démocratie. Et on ne voit pas très bien en quoi le « gouvernement de la zone euro », préconisé par François Hollande, et accepté avec empressement par Angela Merkel, pourrait corriger cet état de chose. Bien au contraire. Pas une once de démocratie n’est réintroduite dans ce projet. Or, nous savons vers quelle alternative nous conduit cette dictature molle des « élites » néolibérales : c’est l’augmentation du nombre de chômeurs (version française) ou de travailleurs pauvres (version allemande)  [1]. Il faut espérer que les élections européennes qui se dérouleront dans un an seront l’occasion de poser clairement la question démocratique. Et, pour la vraie gauche, de faire émerger un projet européen qui réintroduise le peuple dans un processus dont il est à la fois exclu et victime.

     

    [1] Lire au sujet de la paupérisation de la société allemande le livre de Bruno Odent, Modèle allemand, une imposture, Le Temps des cerises, 205 p., 15 euros.

     

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  • Un militant antifasciste tué à Paris

     
     
    Aujourd'hui, mercredi 5 juin 2013, un militant antifasciste a été violemment agressé près de la gare RER Haussman St Lazare et a été déclaré en état de mort cérébrale ce soir à la Salpétrière. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
     
    Pour l'instant peu d'informations mais selon le blog d'Alexis Corbière du PG, les trois agresseurs seraient des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR).
     
    A l'heure où la droite élargie se réorganise et où les groupuscules fascistes tentent de s'imposer par la force, il est plus qu'urgent de construire la riposte et d'élargir la résistance !
     
    Le fascisme, c'est l'arme du Capital !
    Elargissons la résistance, construisons la riposte révolutionnaire !
     

    Politique - le 6 Juin 2013

    Agression de Clément Méric: tous les rassemblements de ce jeudi

    Les appels à rassemblement après l'agression de Clément Méric par des skinheads d'extrême-droite se multiplient. En voici la liste, alors que les six personnes ont été interpelées ce jeudi après-midi.

    Six personnes, "dont l'auteur probable" du coup porté mercredi au militant d'extrême gauche Clément Méric qui est depuis dans un état désespéré, ont été interpellées jeudi, a annoncé à la mi-journée à l'AFP le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Selon une source policière citée par l'AFP, les enquêteurs ont "rapidement disposé" de signalements précis et de photos des agresseurs présumés, qui "graviteraient pour certains" autour du "noyau dur" des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), ce qui "reste à affiner dans le temps de la garde à vue" et à "vérifier", a précisé la source.

     

    Voici une liste des rassemblements prévus aujourd’hui, susceptible d’évoluer au cours de la journée :

    - À Arras, devant le Beffroi à 18 h 30 (source à confirmer).

    - À Amiens, à 18 h sur le parvis de l’hôtel de ville (appel du PCF)

    - À Angers, sur le place du Ralliement à 18 h 30 (source NPA).

    - À 18 h 30 sur la place de l’horloge à Avignon (source à confirmer.

    - À Beauvais, à 18h30 à la fontaine de l’angle des rue Gambetta et Saint Pierre (source à confirmer).

    - À Besançon, à 18 h 15 sur la place du 8 septembre.

    - À Brest 18 h 30 place de la liberté.

    - Béziers, place du 14 juillet à 18 h 30.

    - À Bourges, deux informations nous parviennent : devant le monument de la résistance (proche de la place Seraucourt) à 18 h 30 ou place Séraucourt à 18 h. À confirmer.

    - Place Jean-Moulin, à Bordeaux, à 19 h à l’appel notamment de Solidaires-Etudiant et des Jeunes communistes 33.

    - À Caen, place de la Résistance à 19 h.

    - À Chambéry, devant la préfecture à 18 h.

    - À Clermont-Ferrand, à 18h Place de la Liberté.

    - Dijon, sur la place de la Libération à 19 h (à l’appel de Solidaire, le PG, le PCF, l’association LGBT CiGales).

    - Sur la place Félix Poulat, à Grenoble, à 19 h (source à confirmer).

    - Au Havre, à 18 h 30, devant la Maison des syndicats (source à confirmer).

    - Sur la grand place de Lille à 18 h 30.

    - À Lorient, à 17 h devant la préfecture.

    - À Lyon, à 18 h 30 sur la place de la comédie.

    - Au Vieux port de Marseille, à 18 h.

    - À Metz, un rassemblement est prévu place d’Armes à 18 h.

    - Au Mans ; à 18 h 30 sur la Place de la Préfecture.

    - À Montpellier, à 18 h 30 devant la préfecture et à 19 h au Peyrou à l’appel des jeunes du Parti de gauche (informations à confirmer).

    - À Nantes, à Commerce à 18 h 30.

    - Devant le Carré d’Art, à Nîmes à 18 h.

    - À Nancy, à 18 h place Stanislas.

    - À Orléans, à 18 h 30 devant la préfecture du Loiret.

    - À Perpignan place de la Résistance à 18 h 30.

    - Devant le palais de justice de Poitiers à 18 h 30 (source NPA et JCR).

    - Quimper, à 18h30 sur la place Saint-Corentin.

    - À Rennes, sur la place du Parlement à 18 h 30.

    - À Saint-Etienne un rassemblement est prévu à 18h devant la Préfecture. Une information circule également pour un rassemblement, place Jean Jaurès, à 18 h 30. Plus d’informations dans la journée.

    - À Saintes, devant le Palais de Justice à 18h à l’appel du PG et du PCF.

    - Place Kléber à Strasbourg à 18 h 30 (source à confirmer).

    - À Tours, un rendez-vous a été fixé à 18 h devant la mairie.

    - À Toulon, à 18 h 30 place de la Liberté.

    - Sur la place du Capitole à Toulouse à 20 h.

    - Valence, place de la mairie à 19 h 30 (lieu à confirmer).

    Des appels ont également été lancés à l’étranger.

    - Devant le consulat de France à Barcelone à 18 h 30.

    - À Madrid, dimanche 9 juin à 12 h à la station Tirso de Molina.

    - Devant le consulat de France à Montréal, à 17 h.

    - À Valence, en Espagne, à 21 h devant l’humanité Bibliotheque l’Université de Valence (source à confirmer).

    Les autres dates prévues dans les jours qui suivent :

    - À Nice, vendredi 7 sur la place Garibaldi à 18 h 30.

    - Sur le parvis de l’IEP d’Aix-en-Provence, vendredi 7 juin à 18 h 30.

    - Devant le Palais de justice de Rouen, vendredi 7 juin à 18 h à l’appel de Ras l’Front.

    - SOS Racisme Haute-Vienne appelle à se rassembler à Limoges, samedi 8 juin à 17 h 30 sur place de la Motte.

    - À Cannes, vendredi 7 juin, devant le monument aux morts de la mairie, à 18 h 30.

    - Le PG13 organise un rassemblement à la fontaine du centre ville d’Istres samedi à 11 h (source à confirmer).

    - Devant la préfecture de Pau le 8 juin (source à confirmer).

    - À Rennes, le collectif antifasciste appelle à un second rassemblement vendredi 7 juin à 18 h 30, place du Parlement.

    - À Rodez samedi 8 juin, à 12 h, sur la place de la préfecture.

    L’article sera actualisé régulièrement


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  • Justice arbitrale et Union Transatlantique : quand une justice privée remplace une justice indépendante

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     Le dossier Tapie/Lagarde et la remise en cause de l'arbitrage consenti par Christine Lagarde au profit de Bernard Tapie, devrait nous inciter à réfléchir aux conséquences de la justice arbitrale et en particulier à un document très important en train d'être ratifié par la Commission Européenne: le Mandat donné au Conseil Européen pour établir le nouveau Pacte de la future Union Transatlantique. 


    Les fondements de nos  démocraties occidentales viennent en particulier de la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). L'indépendance de la justice, son bon fonctionnement est le seul moyen de se battre contre la corruption , politique ou économique. 
    C'est la justice qui permet le développement humain, comme le développement économique d'un pays, car c'est son existence qui crèe les conditions essentielles à  l'espoir, dont sont issues la créativité, la volonté d'entreprendre , le rêve d'un avenir meilleur en particulier pour ses descendants. 


    Les pays corrompus, les dictatures bananières ne peuvent se développer car la corruption et l'absence de justice tue l'espoir qui est l'un des principaux moteurs humains. 


    Dans ce contexte, l'indépendance du judiciaire  ainsi que le bon fonctionnement de la justice sont des éléments essentiels pour un fonctionnement démocratique. 
    Un arbitrage c'est justement l'inverse... C'est une transaction entre plusieurs parties effectuée grâce à un ou des arbitres supposés être totalement indépendants et  théoriquement sans aucune relation d'intérêt  avec les parties en question , mais la privatisation de cette transaction et de ses acteurs rend les contrôles beaucoup plus complexes. 


    La mise en accusation pour "escroquerie en bande organisée" qui vient de se produire  dans le dossier Tapie, nous permet de voir combien les possibilités de corruption ou d'influence sont nombreuses, et peuvent être soigneusement dissimulées. 
    Comme le dit Eva Joly: "la justice arbitrale n'est pas publique, pas transparente, c'est une justice privée contestable". 


    Ce préambule est destiné  à  attirer l'attention sur le mandat donné au Conseil Européen pour signer au nom de l'Europe un pacte d'Union Transatlantique avec les USA . 


    Tout d'abord  ce pacte d'Union douanière n'est souhaité par personne  à part quelques fonctionnaires Européens  et les Américains qui cherchent désespérément de nouveaux marchés pour leurs produits, ou de nouvelles entreprises à acheter facilement avec les milliards de dollars que la Fed déverse quotidiennement sur les financiers américains par ses injections incessantes de liquidités. 


    Ces dollars en excès sont donc en mal de débouchés et ce partenariat est un bon moyen de leur en fournir, via la libéralisation de nos services publics ou l'exploitation de nos ressources naturelles comme les gaz de schistes ou bien d'autres. 


    On pourra remarquer dans ce texte dément , une partie très précise consacrée à la libéralisation des services publics Européens . Il faut rappeler à ce sujet que les financiers américains ont des objectifs de rentabilité à deux chiffres , essentiellement destinés à compenser les trous abyssaux de leurs fonds de pension , et que des services publics européens , avec une clientèle totalement captive , sont une opportunité exceptionnelle de créer une gigantesque rentabilité du capital là ou elle n'existe pas .. puisque par définition , un service public n'a pas d'objectif de rentabilité du capital à respecter . Soit il baisse ses prix , soit il réinvestit ses bénéfices dans de nouveaux programmes de recherches ou dans l'entretien de ses infrastructures , mais il agit toujours dans le souci de l'intérêt général et non pas uniquement dans celui d'une caste d'investisseurs privés. 


    Mais au delà de cette pluie de dollars qui va permettre aux prédateurs financiers de racheter des entreprises Européennes, à prix d'autant plus bradés que les Etats seront obligés de les vendre  contraints et forcés par la autorités de Bruxelles pour non respect des déficits, il y a un aspect sur lequel il me parait indispensable d'ouvrir un débat public...  indispensable et urgent : Débat  qui, contrairement à ce qui est mentionné dans ce mandat, n'a jamais eu lieu dans la société civile. Il s'agit justement des procédures prévues dans cette nouvelle Union Transatlantique, en particulier pour établir ses nouvelles règles de fonctionnement en termes de législation ou de concurrence


    Et là je cite 


    h) les règles concernant la subrogation.

    Application: l'accord devrait viser à inclure un mécanisme de règlement des différends investisseur-État efficace et state-of-the-art, assurant la transparence, l'indépendance des arbitres et la prévisibilité de l'accord, y compris à travers la possibilité d'interprétation contraignante de l'Accord par les Parties. Le règlement des différends d'État à État devrait être inclus, mais ne devrait pas interférer avec le droit des investisseurs d'avoir recours à des mécanismes de règlement des différends investisseur-État. Il devrait fournir aux investisseurs un large éventail d'arbitrage forums comme actuellement disponibles en vertu d'accords bilatéraux d'investissement des États membres. Il faudrait envisager la possibilité de créer un mécanisme d'appel applicable à l'investisseur de règlement des différends de l'Etat en vertu de l'Accord.


    Que veux dire ce texte totalement abscons ? Que les réglements des Etats pouvant porter préjudice aux investisseurs seront confiés à une justice arbitrale et non plus administrative.


    C'est effectivement le mode de fonctionnement américain actuel, qui a substitué dans la plupart des cas  une justice arbitrale au fonctionnement d'une justice indépendante pouvant prononcer des sanctions , des emprisonnements, et une réparation des préjudices subis par les victimes . Ces transactions sont aujourd'hui d'une nature telle, qu'aucune réelle condamnation n'est plus prononcée, en particulier en ce qui concerne les acteurs financiers. Comme le montant de l'indemnisation transactionnelle est la plupart du temps inférieur aux profits générés par la fraude qui a entraîné la  transaction, le système lui même n'est plus qu'une gigantesque incitation à la récidive. 


    Ces "interprétations"  et cette justice arbitrale iraient même jusqu'à être applicables à tous les cas de figure: 


    Toutes les autorités infranationales et des entités (comme les États ou les municipalités) doivent effectivement se conformer aux dispositions du chapitre du présent accord de protection des investissements.


    Le cas des municipalités peut par exemple concerner des gestions comme le traitement de l'eau , des déchets, ou des exploitations comme celles du gaz de schiste pouvant générer des enfers environnementaux. Ces municipalités n'auraient même plus le droit de recourir au fonctionnement administratif actuel et seraient soumises à une justice arbitrale , dont nous sommes en train de voir les résultats à travers le dossier Tapie. 


    Christine Lagarde n'a pas exercé pendant des années  à la Direction du Groupe Baker McKenzie pour ne pas connaitre toute la perversité de ce mode de fonctionnement juridique. Par contre elle sait combien ce mode de fonctionnement peut être facilement influencé par ceux qui ont les connaissances et les moyens de le faire. 


    C'est tout le mode de fonctionnement de la justice américaine qui est en train de nous être imposé par ce mandat démentiel, totalement anti démocratique , n'ayant fait l'objet d'aucun débat public au sein de la société civile... et pour cause. 


    La grosse différence entre une justice arbitrale et une vraie démocratie, c'est par exemple, la volonté de réaliser un débat démocratique sur des sujets aussi essentiels par voie référendaire. Contrairement  à la justice arbitrale ou même  à la démocratie participative , il est beaucoup plus difficile d'exercer  un lobbying puissant  car il faudrait le faire sur la population dans son entier. 


    Je crois que ce problème doit faire l'objet d'un débat PUBLIC de toute urgence, au vu de la précipitation actuelle des USA pour obtenir ce pacte scélérat pour les populations Européennes et la complaisance avec laquelle les membres de la Commission répondent à ces demandes, une fois de plus sans aucune consultation préalable. 


    Actuellement, on ne sait même pas si la simple ratification par les Ministres des pays de l'Union ne sera pas suffisante pour faire passer ce texte.  Je vous remercie donc de diffuser le plus largement ces interrogations et de poser les questions aux politiques concernés. 


    Je voudrais remercier  le Commissaire Jean François Gayraud , qui, grâce aux questions  posées dans ses oeuvres :  
    La crise est une Fraude Criminelle  ou plus exactement : la Grande Fraude , Crime, Subprimes et Crise Financière 
     ou encore  Geostratégie du Crime 
    m'ont permis   à mon tour ces interrogations . 


    http://contrelacour.over-blog.fr/article-exclusif-marche-transatlantique-le…

     

    Caro pour WikiStrike

    http://www.wikistrike.com


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    Mode de scrutin des municipales
    mercredi 5 juin 2013  

    Des documents ont été remis au Conseil national du PCF des 25 et 26 mai concernant le Mode de scruutin pour les municipales.

     

    PDF - 195.7 ko
    MODE DE SCRUTIN DES MUNICIPALES doc pcf
    PDF - 2.9 Mo
    Elections municipales les nouvelles règles
    PDF - 112.4 ko
    Rapport P. Savoldelli

     

     

     

     

     http://www.elunet.org/spip.php?article29909


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