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    Société - le 19 Octobre 2013

    Leonarda : "Je n'irai pas seule en France, je n'abandonnerai pas ma famille"

    Documents à télécharger : Le rapport de l'Inspection générale de l'administration -

    Après la publication du rapport d'enquête sur l'expulsion de Leonarda, favorable à Manuel Valls, François Hollande, dans une courte allocution télévisée, assure que la France "réservera un accueil" à la collégienne kosovare si elle "souhaite poursuivre sa scolarité en France, à elle seule".

    Le chef de l'Etat a par ailleurs indiqué qu'une instruction serait adressée aux préfets pour "prohiber" toute interpellation dans l'ensemble du cadre scolaire, alors que, jusqu'à présent, seuls les établissements étaient sanctuarisés. "Une instruction sera adressée aux préfets par le ministre de l'Intérieur prohibant toute interpellation d'enfants dans le cadre scolaire, aussi bien dans les établissements que dans les transports, les sorties ou les centres de loisir", a spécifié le chef de l'Etat.

    Quant à Leonarda, "si elle en fait la demande, compte-tenu des circonstances, et qu'elle veut poursuivre sa scolarité en France, un accueil lui sera réservé", a par ailleurs déclaré le président Hollande, spécifiant que ce serait à "elle seule". Sa famille ne devrait donc pas pouvoir regagner la France. S'agissant de l'expulsion, "il n'y a pas eu de faute, la loi a été parfaitement respectée, mais il y a eu un manque de discernement dans l'exécution de l'opération", a-t-il ajouté, reprenant les conclusions de l'enquête administrative.

    "Je n'irai pas seule en France, je n'abandonnerai pas ma famille. Je ne suis pas la seule à devoir aller à l'école, il y a aussi mes frères et mes soeurs", a déclaré Leonarda, 15 ans, qui est née en Italie. Sur ses cinq frères et soeurs, quatre sont nés en Italie et la petite dernière, âgée de 17 mois, en France.

    Sur Twitter, la députée européenne Front de gauche, Marie-Christine Vergiat réagit à la proposition de Hollande :

    MCVergiat @MCVergiat

    La scandaleuse réponse de Holande sur Leonarda. Cette gamine de 15 ans peut revenir mais seule. Quid du droit de vivre en famille

    La sénatrice EELV du val de Marne, Esther Benbassa réagit également à la solution "machiavélique" du Chef de l'État :

    Esther Benbassa @EstherBenbassa

    Bravo pour cette solution machiavelique: 15 ans doit choisir entre l'Ecole en France ou la famille au Kosovo. Humaniste!

    Et pour Khatchik, s'interroge le président du groupe Front de gauche à Paris, Ian Brossat :

    Ian Brossat @IanBrossat

    Au fait, le jeune lycéen de , Khatchik, Le Président a prévu de s'en occuper ou il s'en fiche ?

    Dans un communiqué, le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, parle d'un "affront aux valeurs républicaines se double aujourd'hui d'un insupportable manquement à la convention internationale des droit de l'enfant, dont la France est signataire." "Le président Hollande pouvait, face aux tensions, aux stigmatisations, en appeler au sursaut républicain. Plus qu'une occasion manquée, il s'agit bel et bien d'une grave faute politique et morale", conclut-il.

    • Le rapport de l'administration dédouane Manuel Valls

    Ce matin, après un retour précipité des Antilles, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a pris connaissance des conclusions de l'enquête administrative sur l'expulsion de la collégienne Leonarda, interpellée le 9 octobre dans le Doubs par la police de l'air et des frontières lors d'une sortie scolaire. "Il ressort de tous ses éléments que le refus d'autorisation de séjour sur le fondement de la circulaire de 2012 et la décision de mise en œuvre de l'éloignement de la famille Dibrani étaient conformes à la réglementation en vigueur", peut-on lire dans le rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA), qui a été mis en ligne (voir ci-dessous). "La décision d'éloigner la famille Dibrani est justifiée en droit", affirme l'IGA dans ce rapport. "Il ressort de tous ces éléments que le refus d'autorisation de séjour (...) et la décision de mise en oeuvre de l'éloignement de la famille Dibrani étaient conformes à la réglementation en vigueur", ajoutent les inspecteurs.

    Toutefois, les conditions d'interpellation de Leonarda, confiée aux forces de l'ordre en pleine sortie scolaire, sont critiquées par l'enquête. "Essentiellement focalisées sur l'objectif de parvenir à regrouper la famille et de ramener la jeune fille auprès de sa mère, l'attention des forces de l'ordre n'a pas été éveillée par le fait que Leonarda Dibrani se trouve dans un bus dans le cadre d'une sortie scolaire", expliquent les auteurs du rapport. "Elles n'ont pas pris la mesure des enjeux que représenterait une intervention pour interrompre cette sortie", ni "évalué les conséquences possibles", et "en ce sens, elles n'ont pas fait preuve du discernement nécessaire", affirme l'IGA, tout en assurant que la préfecture du Doubs n'a pas été saisie de cette question.

    La réaction de Nordine Idir, secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France :

    Nordine Idir @IdirNordine

    Une expulsion ''justifiée en droit''?Il faut donc changer le droit.On lâchera pas!


    Documents à télécharger: 
    Le rapport de l'Inspection générale de l'administration

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    Rouge Midi
    http://rougemidi.fr/spip.php?article8138
    Hypermondialisation
    vendredi, 18 octobre 2013  

    Un certain Vladimir parlait de "l’impérialisme stade suprême du capitalisme" aujourd’hui d’autres parlent d’hypermondialisation. N’est-ce pas un néologisme désignant les mêmes phénomènes qui s’observent au niveau de la planète ?

    Selon l’expression des économistes Arvind Subramanian et Martin Kessler, nos sociétés entreraient dans une ère d’« hypermondialisation » [1]. Entre 1980 et 2011, le volume de marchandises échangées à l’échelle planétaire a été multiplié par quatre, le niveau du commerce mondial augmentant près de deux fois plus vite que la production mondiale chaque année [2].

    Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « la valeur en dollars du commerce mondial des marchandises a augmenté de plus de 7 % par an en moyenne (…), atteignant un record de 18 000 milliards de dollars à la fin de cette période ». Pour leur part, « les échanges de services commerciaux ont augmenté encore plus rapidement, à un taux annuel moyen d’environ 8%, pour atteindre quelque 4 000 milliards de dollars » [3].

    Ainsi, si le commerce international représentait 9% du PIB mondial en 1870, 16 % en 1914, 5,5 % en 1939, environ 15 % dans les années 1970, il génère désormais 33 % [4].

    Bien qu’affectée par la crise financière de 2008 et ses conséquences sur la baisse de la demande notamment aux Etats-Unis, en Chine et en Europe – le volume du commerce mondial a crû de 2 % en 2012 contre 5,1 % en 2011 (2,5 % attendu en 2013) – cette montée en puissance inédite de l’intégration commerciale mondiale constituerait, selon les deux chercheurs, la première caractéristique de cette « hypermondialisation ».

    La réduction des droits de douane [5], du coût des transports -notamment maritimes - et des télécommunications, l’essor des technologies facilitant la dématérialisation des échanges et des services, la mobilité du capital et des facteurs de production, ainsi que la multiplication des accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux ont rendu possible cette nouvelle étape de la mondialisation économique et financière.

    Dans ce vaste mouvement, de nouvelles tendances sont à l’œuvre. L’« hypermondialisation » ne s’évalue pas seulement quantitativement par l’augmentation du commerce international intégré, mais également qualitativement. De ce point de vue, elle correspond à une mutation profonde et non achevée des formes du système de production et d’échange à l’échelle mondiale qui impacte chaque pays et régions.

    Certaines de ses manifestations les plus saillantes sont désormais régulièrement commentées par les médias et convoquées par les gouvernements pour tenter de justifier, auprès de leurs opinions publiques, la nécessité de mettre en place des politiques d’austérité (salariale et sociale) afin de gagner en compétitivité dans le cadre d’une concurrence globale acharnée. Il s’agit de la montée de la Chine, qui occupe désormais la place de première puissance commerciale avec 11 % des exportations mondiales (contre 1 % en 1980), des pays du Sud [6], des flux commerciaux Sud-Sud [7] et du développement de multiples configurations d’intégrations économiques régionales.

    Cependant, d’autres dynamiques modifient, peu à peu, et plus souterrainement, les structures de la mondialisation. L’ « hypermondialisation » désigne, en effet, le nouveau stade de son développement. Elle indique, en premier lieu, une nouvelle phase de fragmentation géographique de la production et de dissociation des fonctions productives à l’échelle mondiale. Les flux commerciaux s’inscrivent désormais dans des « chaînes de valeur » internationales qui organisent les processus de production en séquences distinctes, réalisées (souvent simultanément) en différents lieux de la planète, selon des logiques d’optimisation des territoires. Et ce, en fonction de leur organisation fiscale, sociale, salariale, financière, technologique, éducative, institutionnelle, etc.

    Au cours des vingt dernières d’années, nous avons assisté à la mise en place d’un schéma désormais stabilisé. La propriété des entreprises, des brevets et des marques, ainsi que la recherche-développement (R&D), se concentrent dans les centres de l’économie-monde (pays de la Triade essentiellement), la conception, l’assemblage et la fabrication des produits se réalisant, eux, dans des pays (Asie, Amérique latine, Afrique, Proche-Orient) et des entreprises auxquels sont sous-traitées ces fonctions, tout comme la distribution, la vente, les services après-vente (Maghreb ou Inde par exemple) [8].

    Ainsi, les 80 000 multinationales recensées dans le monde [9] (assurant deux tiers du commerce international) sont les principaux maîtres d’œuvre de cette nouvelle organisation de la production. Comme l’explique la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (Cepal), « les entreprises multinationales des pays développés transfèrent ou sous-traitent une partie de leurs processus de production vers des pays en développement ou en transition. Cette fragmentation géographique de la production opère par l’intermédiaire de plusieurs canaux comme l’investissement direct étranger [10], le commerce des biens intermédiaires [venant de pays différents] [11] et la sous-traitance de services [12] ». Et d’ajouter : « En termes simples, ce qui est recherché [dans un contexte de réduction des droits de douane et des coûts de transport, d’information et de télécommunication qui permet une circulation sans entraves, démultipliée, croisée et à grande vitesse de la marchandise], c’est de combiner technologie, innovation et savoir-faire des pays développés (économies de maison mère) avec les coûts réduits de la main d’œuvre des pays en développement (économies de fabrication) » [13].

    Pour la Cepal, il serait ainsi possible « d’identifier trois grands réseaux de production dans le monde. L’ « usine Europe » (avec en son centre l’Allemagne), l’ « usine Amérique du Nord » (avec en son centre les Etats-Unis) et l’ « usine Asie » (avec en son centre le Japon, de manière traditionnelle, et la Chine depuis la dernière période). Ces trois « usines » se caractérisent par un taux élevé de commerce intra-régional qui, pour sa part, s’organise autour de la production de biens intermédiaires » pour ces centres.

    Selon les estimations du ministère du commerce extérieur français, la moitié de la valeur des marchandises exportées dans le monde est ainsi constituée par des pièces et des composants importés. En France, cette proportion est de 25%. Dans les pays en développement, elle se situe autour de 60 %. L’IPhone d’Apple ou la poupée Barbie sont les symboles de cette marchandise « Made in the World ».

    C’est dans ce contexte qu’émergent, depuis le début des années 2010, et encore plus depuis 2013, de nouvelles formes d’accords de libre-échange hors du cadre multilatéral de l’OMC. Il s’agit d’accords dits « méga-régionaux » ou « méga-bilatéraux » : grand marché transatlantique, Partenariat transpacifique, Partenariat économique intégral régional (qui concerne dix pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est – ASEAN – [14]), accord de libre-échange Union européenne-Japon (en cours de négociation), accords de libre échange entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud (idem).

    Leur fonction est à la fois politique, géopolitique et économique. Il s’agit d’organiser, sur le long terme, la sécurisation des investissements et des activités - tout comme la facilitation de leurs opérations - des acteurs financiers et économiques mondialisés. Et ce, afin de consolider et développer la valeur ajoutée de la marchandise dans le cadre d’espaces transnationaux constitués par les chaînes de production globales dans lesquelles agissent et se déploient les multinationales du centre de l’économie mondiale, qui disposent d’intérêts communs avec des acteurs économiques, commerciaux et financiers régionaux et locaux.

    Ce faisant, ces accords de nouvelles génération se singularisent par plusieurs aspects. Ils concernent des espaces calqués sur ces chaînes de production et peuvent, le cas échéant, enjamber les géographies régionales et dessiner de nouvelles frontières économiques, financières et commerciales entre pays et blocs de pays ou régions ; ils recouvrent des territoires physiques, démographiques, politiques et économiques immenses ; ils visent à harmoniser non seulement des droits de douane, mais également - sur la base des standards juridiques des pays hégémoniques de la Triade - les barrières dites « non-tarifaires » (normes sanitaires et phytosanitaires, conditions d’accès aux marchés publics, droits de propriété intellectuelle, sécurisation des investissements, politique de la concurrence, etc.).

    Ces nouvelles transformations du capitalisme renforceront les dynamiques de fusion entre les Etats concernés et les intérêts marchands et, ce faisant, la déconnexion entre la capacité d’intervention démocratique des peuples - seule à même de contrôler la puissance du capital - et celle de ce dernier à soumettre nos sociétés sous sa domination destructrice.

    Dans La Dynamique de l’Occident (1939), le sociologue allemand Norbert Elias remarquait : « Comme cela se produit dans chaque système à équilibre instable, soumis à une tension concurrentielle en rapide progression et dépourvu de monopole central, les Etats les plus puissants, qui constituent les axes principaux du système, se poussent réciproquement, dans un mouvement de vis sans fin, à l’expansion et au renforcement de leur position. Ainsi se trouve enclenché le mécanisme de la lutte pour l’hégémonie et – intentionnellement ou non – pour la création de centrales monopolistes s’étendant sur des territoires d’un ordre de grandeur nettement supérieur. Et s’il est vrai qu’il s’agit pour le moment d’abord d’une domination limitée à quelques continents, on voit se dessiner déjà, par suite du débordement des interdépendances sur d’autres régions, la lutte pour l’hégémonie dans un système englobant toute la terre habitée » [15].

    L’ « hypermondialisation » constituerait-elle une nouvelle étape vers la monopolisation du monde par les puissances économiques, financières et étatiques du « monde occidental » ? Cette dernière notion désignerait-t-elle, quant à elle, l’intégration des élites – d’où qu’elles viennent, du Nord ou du Sud – au sein d’une même surclasse oligarchique mondialisée ?

    Quoi qu’il en soit, l’ « hypermondialisation » constitue le nouveau cadre d’affrontement objectif entre les mouvements anti-systémique de la planète – affaiblis et localisés aujourd’hui – et les forces du capitalisme financiarisé.

    Christophe Ventura le 05/1 2013

    Transmis par Linsay

    [1] Arvind Subramanian et Martin Kessler, « The Hyperglobalization of Trade and Its Future », Peterson Institute for International Economics, juillet 2013 (http://www.iie.com/publications/int...).

    [2] Sauf pendant ces deux dernières années. Rapport sur le commerce mondial 2013. Facteurs déterminant l’avenir du commerce mondial, Organisation mondiale du commerce (OMC), 18 juillet 2013 (http://www.wto.org/french/res_f/pub...).

    [3] Ibid.

    [4] Ibid.

    [5] Sur ce sujet, lire Christophe Ventura, « Que sont les douaniers devenus… », Le Monde diplomatique, octobre 2013.

    [6] Ils représentent 47 % des exportations mondiales, contre 34 % en 1980. Pour leur part, les économies du centre du système-monde en représentent 53%, contre 66 % en 1980.

    [7] Ceux-ci représentent 24 % des flux globaux en 2011, contre 8 % en 1990. Les flux Nord-Nord en représentent, eux, 36 %, contre 56 % en 1990.

    [8] Sur ce sujet, lire Jean-Luc Mélenchon, « Le nouvel ordre transnational ». Dans cette réflexion, le co-président du Parti de gauche (France) précise : « un nouveau modèle d’entreprise (…) se contente de posséder des brevets, des marques, un carnet de chèques et des fichiers de clients. Cette forme particulière de dématérialisation de la propriété nous renvoie aussitôt à l’importance de la question brevets et des licences, des marques et des logos, qui constitue le cœur des nouvelles formes de pouvoir de la propriété capitaliste. Nombreuses sont les multinationales qui développent cette stratégie visant à se retirer voire à se dégager totalement de la production au profit d’activités limitant le risque de l’investissement : gestion de marques, commercialisation, distribution, activités financières » (http://www.jean-luc-melenchon.fr/20...).

    [9] Arvind Subramanian et Martin Kessler, « The Hyperglobalization of Trade and Its Future », Peterson Institute for International Economics, juillet 2013.

    [10] Le stock des IDE dans le monde est passé de 10% du PIB mondial dans les années 1990 à 30 % en 2011. Ibid.

    [11] Selon l’OMC, « 30 % du total des échanges consistent en réexportations de biens intermédiaires (…). Depuis le milieu des années 1990, ce pourcentage a augmenté de près de 10 points ».

    [12] Selon l’OMC, en terme de valeur ajoutée, « la contribution des services au commerce total (…) a été près de deux fois plus élevée que la part correspondante mesurée en termes bruts, passant de 23% à 45 % en 2008. Les services contribuent grandement au commerce des marchandises, soit du fait de leur rôle facilitateur des transactions internationales, soit par le biais de leur incorporation dans le coût de production total de la marchandise. »

    [13] Panorama de la insercion internacional de America latina y el Caribe, Cepal, 2013.

    [14] Australie, Birmanie, Bruneï, Cambodge, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Laos, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam. Les négociations, lancées début 2013, devraient, selon les initiateurs, aboutir en 2016.

    [15] Norbert Elias, La Dynamique de l’Occident, Calmann-Lévy, collection Agora, Paris, 1977 (traduction du tome 2 de Uber den Progress der Zivilisation, 1939).

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article8138


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  • Il manque 540 euros par mois (en moyenne) pour vivre correctement

    18 Octobre 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs 

    Ce n'est pas moi qui le dit ni la CGT (mon syndicat) revendiquant un salaire minimum à 1700 euros avec des répercussions sur les grilles salariales, mais le sondage OpinionWay-Sofinco.

    Je vous livre son introduction brut de fonderie: "Voilà cinq ans que la crise plombe les finances et le moral des Français. Pour la troisième année consécutive, le Sofinscope s'intéresse à leur perception du coût de la vie dans ce contexte économique compliqué. Le constat du baromètre de la consommation et du quotidien est sans appel. Les charges et les dépenses augmentent, tandis que les salaires sont au point mort. Conséquence : les Français rognent sur les dépenses dites "plaisir"."

    Et de dire qu'il manque 540 euros à chaque citoyen du 5e pays le plus riche du monde. Soit 3542F,16 de notre ancienne monnaie avant de chérir l'euro. Qui rencotre les plus grandes difficultés, toujours selon le sondage?

     

    augmenter la taille du texte"Principalement les familles nombreuses (elles déclarent manquer de 706 euros par mois), les foyers aux revenus inférieurs à 1000 euros (618 euros) et les plus de 35 ans (574 euros)."

    Depuis 2008, l'augmentation des prix inquiète 66% des sondés, en particulier les Franciliens (75% contre 63% en province). Deux tiers des Français se plaignent aussi de charges toujours plus lourdes. Ils sont 64% à souligner cette hausse, c'est 5 points de plus en un an (et même 73% chez les plus de 60 ans). Autre sujet de préoccupation, le gel des salaires est cité par 28% des sondés (3 points de plus qu’'en 2012).

     

    Par évidence, ce n'est pas les mesures d'austérité votées par les godillots de François II qui vont arranger la chose. Mais si je me trompe, dites-le-moi.

     

    Songage OpinionWay-Sofinco réalisé auprès d'un échantillon de 1036 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle et de région de résidence. En ligne les 2 et 3 octobre 2013.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • Manifestation lycéenne à Paris pour le retour des élèves étrangers expulsés

    La mobilisation pour le retour de Leonarda et Khatchik est restée forte, vendredi à Paris où, tôt dans la matinée, les lycéens ont bloqué 36 établissements scolaires, selon la préfecture de police.

    A la mi-journée, plusieurs milliers de lycéens (4.000 selon la police, 12.000 selon l’UNL) ont défilé de la place de la Bastille à la place de la Nation pour réclamer le retour des élèves étrangers expulsés, notamment Leonarda Dibrani, 15 ans, et Khatchik Kachatryan, lycéen arménien à Paris expulsé samedi dernier.

    Neuf établissements de la petite couronne ont également été bloqués. Et plusieurs dizaines en régions, selon l’UNL, qui y estime à plus de 10.000 le nombre de manifestants, notamment à Marseille, Grenoble, Angers, La Rochelle ou encore Avignon.

    Manuel Valls a écourté sa visite aux Antilles. Il recevra demain le rapport de l’Inspection générale de l’administration concernant les conditions d’éloignement de Leonarda.

    http://www.politis.fr/Manifestation-lyceenne-a-Paris,24147.html

    La jeune Leonarda au Kosovo depuis mercredi avec sa famille

    Société - le 18 Octobre 2013

    La pression monte en faveur des retours de Leonarda et Khatchik

    Les appels se sont multipliés ce vendredi pour demander les retours en France de la collégienne expulsée au Kosovo et du lycéen envoyé en Arménie. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls revient à Paris précipitemment pour recevoir le rapport de l'IGAS samedi.

    "J'entends toutes les émotions, et les valeurs de la République que je partage aussi", a déclaré Manuel Valls, très critiqué depuis l'interpellation de Leonarda Dibrani, collégienne du Doubs, en sortie scolaire, en vue de son expulsion mercredi vers le Kosovo. Il met fin prématurément à son périple aux Antilles, sans se rendre sur l'île de Saint-Martin comme cela était prévu, "parce que le rapport de l'Inspection générale de l'administration concernant les conditions d'éloignement de Leonarda me sera remis demain", a-t-il expliqué à Pointe-à-Pitre.

    Dès avant la publication de ce rapport, l'Elysée a évoqué une possible évolution des instructions ministérielles pour sanctuariser non seulement l'école mais aussi "le temps de la vie scolaire". Le gouvernement doit s'exprimer pendant le week-end sur cette affaire.

    "Méthodes sarkozystes"

    Il faut dire que la pression monte à l'encontre du gouvernement. Outre les manifestations lycéennes qui ont repris ce vendredi, (lire notre compte-rendu de la journée) les communiqués officiels se multiplient pour demander le retour en France aussi bien de Leonarda que de Khatchik Kachatryan, lycéen à Paris, expulsé samedi dernier en Arménie.

    Ainsi la CGT a appelé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à mettre fin aux "méthodes sarkozystes" encore en cours dans certaines préfectures et à "faire revenir Leonarda" Dibrani, la collégienne expulsée vers le Kosovo, "et sa famille".

    Pour la centrale syndicale, dont la fédération de Paris appelait à manifester au côté des lycéens, l'application de la circulaire de novembre 2012, sur l'admission exceptionnelle au séjour des personnes étrangères en situation irrégulière, pose "un vrai problème". "Quand elle peut être favorable aux demandeurs, de trop nombreuses préfectures ne l'appliquent pas ou avec beaucoup de réticences", mais "quand elle peut être défavorable aux demandeurs, là elle s'applique tout de suite". "La preuve encore une fois avec Leonarda et sa famille", estime la CGT pour qui la circulaire est encore "très insatisfaisante pour les parents d'enfants scolarisés et les jeunes majeurs".

     

    Au parti socialiste aussi, des voix s'élèvent pour demander le retour des deux lycéens. Comme celle d'Anne Hidalgo. "C'est au nom des valeurs de la République et de Paris que je demande également que les familles ayant un enfant scolarisé à l'école, au collège ou dans un lycée soient protégées et leur situation administrative soit examinée avec bienveillance au regard de leur volonté d'intégration", explique la candidate PS aux municipales à Paris.

    La première adjointe de Bertrand Delanoë déplore l'"empilement de textes de lois, de réglementations et de circulaires d'application souvent contradictoires, parfois incohérentes et qui laissent de larges places à l'interprétation. Quand les lois prêtent à interprétation, il nous faut revenir à nos valeurs, aux valeurs de la République, de Paris qui sont celles du vivre ensemble, d'une ville ouverte accueillante".

    "Démonstration de la capacité d'intégration"

    Au sein du gouvernement, Cécile Duflot en profite pour prolonger la polémique avec Manuel Valls sur l'impossible intégration des roms. "Le plus important de voir au travers cette histoire, c'est la démonstration de la capacité d'intégration", a déclaré la ministre du Logement. "Elle (Leonarda, ndlr) est depuis presque cinq ans à l'école, elle parle français et chacun l'a entendue avec l'accent franc-comtois, donc je pense que c'est la chance de notre pays, de notre République, cette capacité de faire en sorte que les (...) enfants d'où qu'ils viennent, soient capables de s'intégrer". Pour Cécile Duflot, le retour de la jeune expulsée est "une hypothèse qui allait de soi".

    Quant à la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler est intervenue vendredi dans le débat en affirmant que "l'école est là pour l'égalité des chances, elle n'est pas là pour exclure".

    S.G.


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  • Le Canada et l'UE négocie un accord de libre-échange dans le plus grand secret.

    Monde - le 27 Août 2013

    Enquête

    Accord de libre-échange: l'UE et le Canada signent un vrai cheval de troie

    L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, négocié depuis 2008, a été signé entre le Premier ministre canadien et Stephen Harper, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. S'il a fait très peu de vagues en Europe, c'est un véritable cheval de troie préfigurant le partenariat avec les États-Unis. Au Canada à l'inverse, la résistance à la doctrine néolibérale s’est activée contre ce traité. Un exemple à suivre pour les Européens, car l’accord UE-USA n’en sera qu’une copie.

    Nous republions ici notre décryptage de cet accord publié fin août:

    Dans le plus grand secret, l’Union européenne et le Canada négocient un traité de libre-échange depuis 2008, l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais, pour Comprehensive Economic and Trade Agreement). Le Canada réclame un accord avec l’UE, deuxième partenaire économique du Canada, depuis 2004. La signature était prévue pour fin 2011 mais les négociations ont pris du retard et les plus optimistes parlent maintenant de fin 2013.

    « Indifférence générale »

    Car depuis l’ouverture des discussions sur un accord de libre-échange avec les États-Unis d’Amérique (TAFTA, pour Transatlantic Free Trade Area, qui devrait voir le jour en 2015), l’UE traîne des pieds dans le dossier canadien. Le Canada n’est que le 12e partenaire économique de l’Union, ne représentant que 1,8 % des échanges commerciaux totaux, loin derrière Oncle Sam et ses 14 %. Une puissance commerciale de seconde zone donc pour l’Union européenne, qui toutefois teste pour la première fois son pouvoir de négociation avec un pays du G7. En effet, depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, les accords de libre-échange sont conclus directement au niveau européen, par la Commission européenne, et l’AECG devrait être le premier partenariat signé.

    Le premier mais pas le seul, car l’Union européenne noue des accords de libre-échange à la pelle : outre les USA, l’Union négocie sec avec l’Inde et la Corée du Sud. De quoi faire oublier le Canada. « Nous sommes moins importants au commerce européen que l’Inde ou la Corée du Sud. Et notre pays ne compte que 34 millions d’habitants, bien moins que les USA, qui seront un négociateur beaucoup plus coriace lors des discussions. », admet Stuart Trew, responsable du commerce au Conseil des Canadiens, une organisation militante canadienne créée en 1985 pour s’opposer à l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). « C’est vrai que ce traité est négocié dans l’indifférence générale », déplore Marie-Christine Vergiat, eurodéputée Front de gauche. « Et le silence le plus total de la Commission européenne n’aide pas à sa médiatisation. »

    Résistance canadienne

    Si l’accord passe quelque peu inaperçu en Europe, il n’en va pas de même au Canada où militants de gauche, syndicats et ONG organisent la résistance contre le néolibéralisme. Pour Stuart Trew, « Les trente dernières années ont assez prouvé que le libre-échange enrichit les riches et appauvrit les pauvres, menace la santé publique et la défense de l’environnement et encourage à toujours plus de privatisations. »

    À la demande du Canada, les négociations ont eu lieu sous le régime dit de la liste négative : tout service public qui n’est pas exclu nommément de l’accord est considéré comme automatiquement inclus, même s’il n’existait pas au moment de la signature. Une aberration pour Judith Kirton-Darling : « Pour nous, les services publics viennent du choix d’un peuple de ce qu’il veut mettre dedans, maintenant ou dans le futur. » La jeune femme est secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), une organisation dont sont membres les principaux syndicats français. « Sur le principe, nous ne sommes pas opposés à un accord de libre-échange, mais nous souhaitons qu’il soit « gold standard », de la meilleure qualité possible. Il doit protéger le droit du travail, l’environnement et les services publics. », détaille-t-elle.

    Outre-Atlantique, les propos sont plus virulents : « Avec cet accord, les grandes multinationales européennes auront accès aux marchés publics canadiens, ce à quoi nous nous opposons totalement. », explique Claude Vaillancourt, président d’Attac-Québec. L’association a contribué à créer le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), qui rassemble syndicats et associations québécoises contre l’AECG. « Par exemple, l’eau est une ressource publique au Canada. On craint qu’avec l’accord, des multinationales type Veolia débarquent. Regardez en Europe, les tarifs ont explosé quand les services de distribution ont été privatisés. »

    Traité international, réforme intérieure

    Puisqu’au Canada les services publics, ainsi que l’exploitation des ressources naturelles, relèvent de la compétence des provinces, les Canadiens craignent que le traité n’entraîne une perte d’autonomie. Ce sont les provinces qui gèrent les monopoles de service public, comme Hydro-Québec, l’équivalent québécois d’EDF, avant la libéralisation du secteur. « Tous les monopoles du monde entier agacent ceux qui négocient des accords de libre-échange », confesse Pierre-Marc Johnson, ancien Premier ministre du Québec, lors d’une audition devant le Parlement québécois en 2010.

    « Du point de vue du Canada, l’AECG relève plus de la réforme intérieure que du commerce. », explique Stuart Trew. Un avis partagé par la Commission européenne qui se félicite des concessions canadiennes. Ainsi, dans une note d’octobre 2012, elle note que : « L’offre canadienne d’accès aux marchés publics est la plus complète et ambitieuse jamais faite par le Canada et ses provinces à un partenaire commercial, y compris les États-Unis. L’offre dépasse même les accords mutuels entre les différentes provinces canadiennes. De cette façon, l’AECG ouvre la voie à une importante réforme intra-canadienne. »

    Les entreprises contre la société

    Si l’AECG entraînera une privatisation à tout va, il conduira aussi à une possible contestation des lois sociales et environnementales, à cause de la mise en place de mécanismes d’arbitrage investisseur-État (ISDS en anglais, pour Investor-State Dispute Settlement). « Ces mécanismes sont notre plus grande crainte », admet Judith Kirton-Darling. Sous leur nom barbare, ces mécanismes d’arbitrage, hérités de l’accord de libre-échange entre le Canada, les USA et le Mexique (ALENA), permettent à une entreprise privée de poursuivre, devant un tribunal spécial, un gouvernement étranger si une réglementation la prive de profits anticipés. « L’AECG est le premier accord négocié par l’UE où un mécanisme d’arbitrage investisseur-État est intégré. », rappelle la syndicaliste.

    Une nouveauté pour l’UE mais pas pour le Canada, déjà confronté depuis de nombreuses années à ce système. À cause des nombreuses lois de protection de l’environnement que le pays a votées, le Canada a été poursuivi 28 fois par des entreprises privées, entre 1994 et 2011, pour un total de cinq milliards de dollars (3,7 milliards d’euros). Dernier exemple en date, le Québec a récemment interdit la fracturation hydraulique, utilisée pour extraire le gaz de schiste. La société canadienne d’exploitation de gaz de schiste Lone Pine Resources, grâce à une filiale aux USA, menace de poursuivre le gouvernement du Québec et lui réclame 250 millions de dollars canadiens (environ 180 millions d’euros) pour profits non-réalisés.

    Une plaie pour les citoyens. Selon Claude Vaillancourt, « Les tribunaux spéciaux sont coûteux, antidémocratiques et penchent souvent en faveur des entreprises. Les nombreux exemples issus de l’ALENA en attestent. » Un avis partagé par Judith Kirton-Darling : « Le Canada et l’UE ont les systèmes juridiques parmi les plus développés du monde, il n’y a aucun besoin de ces arbitrages supplémentaires. »

    Le Parlement européen, par la voie de sa résolution du 8 juin 2011, s’oppose à la mise en place de ces arbitrages. Et le groupe d’experts mandaté par la Commission européenne pour étudier l’impact de l’accord est lui aussi sceptique. Dans son rapport adressé à la Commission, rendu en juin 2011, il stipule que « l’intégration des mécanismes d’arbitrages investisseur-État dans l’AECG aura un effet bénéfique réduit, tant au niveau économique que social et environnemental. » Mais la Commission européenne et les lobbies économiques ne sont pas près de lâcher le morceau. 

    Gentil Canada contre Europe libérale ?

    Surtout que l’accord offre plus de libéralisation pour un gain économique au final assez faible. En 2011, le groupe d’experts mandatés par la Commission européenne a évalué ce profit à quatre milliards de dollars en moyenne, tant pour l’Union que pour le Canada, soit une hausse respective du PIB de 0,025 % et 0,27 %.

    Originellement, la signature aurait dû avoir lieu fin 2011, mais elle a été maintes fois repoussée depuis. Principale pierre d’achoppement, les quotas d’importation dans l’agriculture. « L’accord permettra aux Canadiens d’exporter leurs bœufs aux hormones, dont se méfient les Européens, et aux Européens d’exporter leurs fromages, qui menacent la multitude de fromageries locales au Canada. », expose Claude Vaillancourt.

    Avec une population quinze fois inférieure et un PIB égal au douzième de celui de l’UE, le Canada paraît en position de faiblesse dans ces négociations. D’ailleurs la Commission européenne note qu’« un point clé est que la liste des intérêts que l’Europe a à gagner avec ce traité est beaucoup plus longue que celle du Canada. » « Je ne vois pas bien l’intérêt du Canada dans cette affaire. », renchérit Marie-Christine Vergiat. Les seuls gains pour le Canada seraient une ouverture du marché du bœuf, de certains éléments d’automobile et peut-être du poisson.

    TAFTA, récidive de l’AECG 

    Un constat que ne partage pas Claude Vaillancourt : « Dans les négociations de libre-échange, c’est souvent le pays le plus néolibéral, en l’occurrence le Canada, qui impose son point de vue, car c’est lui qui pousse le libre-échange le plus loin. C’est le Canada qui a réclamé l’instauration des mécanismes d’arbitrage, c’est le Canada qui a forcé l’UE à avoir recours à la liste négative. Dans les deux cas, l’UE a fini par accepter. » Au détriment des populations, tant canadienne qu’européenne.

    Surtout que l’Union européenne joue plus qu’un accord entre deux zones économiques. « Quand l’UE signera l’AECG, cela bloquera sa position pour les accords futurs. », explique Judith Kirton-Darling. En clair, les prochains pays qui négocieront avec l’UE, en particulier les USA, « réclameront les mêmes avantages que le Canada », annonce Claude Vaillancourt. Pour Marie-Christine Vergiat, les Européens devraient s’élever contre l’AECG : « C’est sûr, on mobilise davantage avec les USA, parce qu’ils font plus peur. Mais les dangers sont aussi importants avec le Canada. »

    La hausse du prix des médicaments, symbole de la lutte

    Ces derniers mois, au Canada, une partie de la campagne anti-AECG s’est portée sur les médicaments. Un médicament sur deux vendus au Canada est un générique. Là-bas, les données d’un médicament sont actuellement protégées durant six ans, pendant lesquels toute recherche d’un médicament générique est impossible. Les laboratoires pharmaceutiques disposent en outre d’une exclusivité de marché pendant deux années supplémentaires, portant à huit ans le temps minimum entre la commercialisation d’un médicament breveté et celle de son générique.
    L’Union européenne voudrait augmenter cette durée à huit ans plus deux ans d’exclusivité, soit 10 ans au total, retardant l’arrivée des génériques et obligeant les Canadiens à se tourner vers les médicaments brevetés, plus chers. Un allongement de durée soutenu par les labos européens, qui ne veulent surtout pas perdre une énorme manne financière : chaque année, l’UE vend pour quatre milliards d’euros de produits pharmaceutiques au Canada, soit 12 % de ses exportations vers ce pays. Selon Stuart Trew, cet allongement coûterait aux Canadiens près de trois milliards de dollars canadiens par an (2,2 milliards d’euros).

    L'AECG, resucée d'ACTA
    En France, une des rares organisations à maintenir la pression est La Quadrature du Net. En analysant un document de travail qui a fuité sur Internet, La Quadrature a découvert que plusieurs mesures de l’AECG concernant les droits de propriété intellectuelle (DPI) sont un copié-collé de celles de feu l’accord anti-contrefaçon ACTA, rejeté par le Parlement européen en juillet 2012. De son côté, la Commission européenne assure que le document est une ancienne version de l’accord, datant de février 2012. « Comme tant l'UE que le Canada étaient alors engagés dans le processus de ratification d'ACTA, il n'est pas étonnant que certaines dispositions de cette version contenaient des formulations qui se trouvaient aussi dans ACTA », déclare ainsi Karel De Gucht, le commissaire européen au Commerce, dans une réponse écrite au Parlement européen, en août 2012. Il précise par la suite que « le chapitre de l’AECG sur les DPI est en cours de révision pour tenir compte de la position exprimée par le Parlement européen sur ACTA. »
    Mais la Commission peine à faire passer le message que CETA n’est pas ACTA, allant jusqu’à publier en février 2013 une mise au point… tout en justifiant certaines mesures anti-copyright. Les défenseurs des libertés sur Internet ont de quoi être inquiets, car Karel De Gucht est un vigoureux promoteur d’ACTA. En juillet 2012, la veille du vote devant le Parlement, il déclarait : « Ma position, en tant qu’ardent défenseur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, est qu’il n’y a rien à craindre d’ACTA. » En voilà un que l'hypocrisie n'étouffe pas.

     

    • Lire aussi : 

    Exclusif. Humanite.fr publie les bases de travail pour l'accord de libre-échange transatlantique

    L'exception culturelle, la pillule pour faire passer l'accord de libre-échange Europe-États-Unis

    Accords de libre-échange UE/USA : les lobbies n'ont pas à décider de notre avenir (Solidaires)

    Benjamin Bultel

    Documents à télécharger: 
    Argumentaire du Réseau québécois sur l'intégration continentale (RQIC) contre l'accord de libre-échange Canada-UE

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  • Shutdown aux États-Unis :: Double attaque contre les travailleurs

    Aux États-Unis, la plupart des services publics sont à l’arrêt. Un petit jeu politique entre républicains et démocrates ? Pas du tout, mais plutôt l’expression des tentatives de la classe capitaliste, dans le monde entier, d’imposer des économies aux travailleurs et de rogner sur leurs acquis sociaux.

    Bert De Belder

     

    Depuis le 1er octobre, les États-Unis connaissent un « shutdown » (fermeture ou mise à l’arrêt temporaire) : un grand nombre de services publics sont fermés du fait qu’il n’y a plus d’argent, et 800 000 fonctionnaires sont donc à la rue. Cela provient du fait que les Républicains, remontés par les purs et durs du « Tea Party » et en compagnie de la majorité de la Chambre des représentants, ne veulent pas approuver le nouveau budget du gouvernement Obama. Le 17 octobre, sans nouveau budget, les États-Unis atteindraient le plafond de la dette - défini légalement – de 16 000 milliards de dollars avec, éventuellement, une faillite du pays à la clef. Mais on n’ira pas jusque-là : les Républicains avaient déjà fait une première concession, de sorte que le délai avait été reporté au 22 novembre, et cela donne suffisamment de temps pour concocter un autre compromis. Mais ceux qui ne s’en trouvent certainement pas mieux, ce sont les simples citoyens américains…

    Si les républicains sont tellement hostiles au budget d’Obama, c’est en raison des moyens qui y sont prévus pour la nouvelle loi sur la maladie, surnommée l’« Obamacare » en langage populaire, les soins de santé d’Obama, mais désignée officiellement sous l’appellation « Affordable Care Act » (Loi sur les soins de santé accessibles). Même si d’importants passages de cette loi sont rédigés à l’aune des entreprises médicales et pharmaceutiques et des compagnies d’assurance et qu’elle ne propose certainement aucune solution aux 47 millions et plus d’Américains sans assurance maladie, pour les Républicains, elle va encore trop loin. Ils lui imposent donc un blocus.

    Une mise à sec sélective

    Sans l’approbation du budget, les pouvoirs publics sont contraints de fonctionner en appliquant un service minimal. Mais seuls les services « non essentiels » sont paralysés. Et quels sont donc ces services ? Les programmes qui proposent des avantages sociaux aux couches pauvres de la population, tels les bons de nourriture, les allocations financières pour les mères, les bébés et les enfants, ou encore les repas scolaires. Les programmes censés exposer et rectifier une politique déplorable ou les infractions des entreprises, telle l’inspection alimentaire ou l’inspection environnementale. Et les programmes qui assurent des services essentiels à la population, comme les services postaux et ceux de la santé publique.

    Il est très aisé de bien déduire les priorités du gouvernement en consultant sur la liste les catégories de travailleurs qui sont perçus comme « essentiels » ou « non essentiels ». Parmi les non essentiels, 95 % des fonctionnaires du ministère de l’Enseignement, 52 % de la Santé publique, 45 % des services publics de l’Alimentation et des Médicaments et 96 % de ceux du Logement et du développement urbain. Essentiels, par contre, 88 % des services de la Douane et de la Surveillance des frontières – dont les tueurs de la US Border Patrol – et 85 % du ministère de la Justice. En ce qui concerne la Défense, les vétérans de guerre recevront leur pension trop tard et les employés seront envoyés en congé non payé, mais tous les militaires en service actif seront payés normalement. Et les drones qui balancent des roquettes sur le Pakistan, le Yémen ou la Somalie, ne resteront bien sûr pas non plus dans leurs hangars.

    Comment saigner la population ?

    Ce serait une erreur de considérer la crise accompagnant le « shutdown » comme imputable à tel ou tel parti ou groupe politique, ou comme un vulgaire petit jeu de pouvoir entre politiciens. C’est au contraire l’expression des tentatives au niveau mondial de la classe capitaliste d’imposer des économies aux travailleurs et de rogner sur leurs acquis sociaux. Et même s’il y a des divergences de vues entre les partisans du Tea Party et l’ensemble des Républicains et des Démocrates sur les impôts qui peuvent être augmentés ou sur la célérité et la profondeur des coupes sombres dans les programmes sociaux, au fond, ils ont le même agenda. Ils sont d’accord sur le principe qu’il faut réduire à tout prix le déficit budgétaire et que cela ne peut se faire en rognant sur les cadeaux aux banques ou sur le carburant de la machine militaire.

    Autre élément pervers, le fait aussi que les actuelles chamailleries entre Obama et les Républicains ont complètement soustrait à l’attention un autre mécanisme d’économies particulièrement pesant : le fameux « séquestre », une sorte de coupe-tranche à l’aide duquel, depuis le 1er mars 2013, on prélève automatiquement, en vertu de la loi, un certain pourcentage des budgets publics (entre 5,5 et 10 % selon le poste), et ce, durant les huit années à venir. Seuls certains programmes d’aide sociale restent épargnés. De « Medicaid », l’assurance maladie pour les personnes âgées et les handicapés, on « ne » retire « que » 2 %. Les démocrates avaient longtemps essayé de remplacer cette méthode d’écrémage par d’autres mesures d’économie mais, désormais, dans les négociations concernant le « shutdown », on ne les entend plus formuler la moindre critique sur le « séquestre ».

    Un lock-out massif

    Au moins 800 000 fonctionnaires des services publics dépendant des autorités fédérales sont temporairement dans la rue, dont une partie sans traitement. David Cox, président syndical de l’American Federation of Government Employees (Fédération américaine des employés du gouvernement) qualifie carrément la chose de lock-out, « car nos membres sont exclus de leurs emplois. Ils veulent aller travailler aujourd’hui même. Ils veulent servir la population américaine. » Le « shutdown » est donc non seulement une catastrophe pour les bénéficiaires des services publics, mais aussi pour les gens qui y travaillent. Aussi y a-t-il déjà plusieurs manifestations syndicales de fonctionnaires qui ont mis le cap sur Capitol Hill, où se trouve le parlement (le Congrès) américain. D’ailleurs, cela fait bien plus longtemps déjà que les fonctionnaires ont de bonnes raisons de manifester leur mécontentement. Depuis 2010 déjà, ils doivent subir entre autres un blocage des salaires et leur revenu réel ne cesse de régresser (par exemple, de 0,8 % le deuxième trimestre de cette année).

     

    Une crise bien plus profonde qu’un « shutdown »
    Sous le président Reagan, Paul Craig Roberts travaillait au ministère américain des Finances en tant qu’adjoint à la politique économique, après quoi il a été corédacteur en chef du Wall Street Journal. Avec ses chroniques très critiques, il fait fureur sur Internet. Il part de la crise du « shutdown » pour mettre à nu un phénomène de crise plus important du capitalisme et qu’en termes marxistes, on appelle une crise de surproduction.« La vraie crise n’est pas le ‘shutdown’ des services publics, ni la crise du plafond de la dette. La vraie crise réside dans le fait que les entreprises américaines ont tellement d’emplois à l’étranger, où les salaires sont plus bas. De la sorte, elles ont déplacé en permanence des États-Unis vers la Chine, l’Inde et d’autres pays une partie des recettes fiscales, du produit intérieur brut et du revenu disponible des consommateurs autorités, dans l’intention de réaliser des profits d’entreprise plus élevés. Aux États-Unis, cela a abouti à la pire répartition du revenu de tous les pays développés et même de bien des pays sous-développés. Et ces bénéfices plus substantiels ne sont qu’une question de court terme car, en bloquant la progression du revenu des consommateurs, la liquidation des emplois a détruit le marché local de la consommation. » (paulcraigroberts.org, 3 octobre 2013)
    En d’autres termes, avec la destruction des emplois et en raison des salaires plus bas, le pouvoir d’achat de la population laborieuse est devenu trop petit pour pouvoir acheter les produits des capitalistes. L’octroi artificiel de crédit, surtout pour les crédits dans le logement, a permis d’édulcorer pendant quelque temps aux États-Unis cette contradiction inhérente au capitalisme, jusqu’à ce que cette bulle explose en 2007-2008 et qu’éclate dans toute sa virulence la crise de surproduction.

     http://www.ptb.be/nouvelles/article/shutdown-aux-etats-unis-double-attaque-contre-les-travailleurs.html


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  • Un mois de grève de la faim à PSA-Poissy : « On est nourri par la rage »

    Sept salariés de PSA Poissy dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et le non-respect de leur activité syndicale.

    Les tentes sont alignées devant le pôle tertiaire de PSA-Peugeot Citroën à Poissy. Quelques banderoles, une boîte en carton cabossée sur laquelle on peut lire « caisse de grève ». Entre le campement et le bâtiment, des salariés costume-cravate s’autorisent une pause cigarette derrière deux agents de sécurité qui nous demandent : « Vous travaillez pour qui ? »

    Un peu en retrait, des militants discutent avec Ahmed Oubakhti, secrétaire Sud pour PSA Poissy. Le regard cerné, barbe poivre et sel, il donne un aperçu physique de la situation après presque un mois de grève de la faim : « On tient le coup avec de la vitamine B1. On prenait trois cachets par jours, mais ça fait un moment qu’on est passé à six. Plus quelques fruits secs, mais pas beaucoup : les lipides exercent un gros effort sur le corps d’après les médecins. »

    Inquiétudes médicales

    Depuis le 18 septembre, les sept grévistes sont suivis au quotidien par 14 médecins de la Ligue des Droits de l’Homme. Ces derniers, organisés en collectif, ont publié un communiqué le 7 octobre pour faire part de leur inquiétude : « Nous risquons d’avoir très vite des problèmes médicaux plus sérieux qu’un simple amaigrissement. »

    Ahmed Oubakhti détaille :

    « Il y a des hémorragies internes, des crises cardiaques, beaucoup de choses. Moi j’ai perdu 17 kilos. »

    Il nous montre la photographie d’un homme aux joues rebondies. « C’est moi, avant la grève. »
    Les revendications des sept syndicalistes de Sud n’ont pourtant rien d’extravagantes : des rythmes de travail décents et le respect de leurs droits syndicaux.

    Maud Pavé

    Depuis la fermeture du site PSA d’Aulnay-sous-bois, la direction a demandé aux salariés de Poissy de compenser la disparition du site en redoublant l’effort. Les mêmes effectifs, les mêmes salaires pour ce que le secrétaire Sud qualifie de « cadence infernale » : « On a beaucoup, beaucoup d’arrêts de travail, beaucoup de maladies professionnelles, de dépressions… » Un constat déjà émis à plusieurs reprises par l’inspection du travail, en vain.

    « Mise au placard »

    Face à l’attentisme des autres syndicats, la vingtaine de salariés encartés Sud tente alors d’enrayer la machine, sans grand succès. « La direction nous a mis au placard, nous a retiré les moyens de travailler, ne nous donne pas de poste de travail », enrage Ahmed Oubakhti en nous montrant une photographie de son bureau, une pièce nue aux allures de débarras qu’il est tenu d’occuper toute la journée. L’expression « mise au placard » a rarement sonné aussi juste.

    Malgré une représentativité réelle au sein de l’entreprise, Sud fait l’objet d’un traitement inédit de la part de la direction. Les syndicalistes sont obligés de s’équiper à leurs propres frais, malgré une loi incombant cette responsabilité à l’entreprise. Surtout, les ressources humaines n’hésitent pas à dissuader les salariés de s’adresser au syndicat. « Les caméras sont là, elles sont partout. », explique Ahmed Oubakhti. « Quand quelqu’un vient nous voir, il est aussitôt convoqué. Il est soit réprimandé, ou bien… "Tu veux quoi ? Tu veux une petite augmentation ? On s’en occupe tout de suite mais tu ne vas pas les voir."  » Pour couronner le tout, sa boîte mail professionnelle a été tout bonnement désactivée. Isolement garanti.

    En mai dernier, la direction de PSA a été condamnée à verser 77 000 euros de dommages et intérêts au secrétaire Sud de Poissy de l’époque pour harcèlement moral et discrimination syndicale. Une décision de justice qui n’a pas mis fin aux pratiques douteuses des ressources humaines.

    Le groupe PSA, un gros annonceur

    Mais ce qui étonne le plus Ahmed Oubakhti, c’est le silence médiatique qui entoure la grève de la faim depuis le premier jour.

    Rassemblement de soutien

    Le Parti de Gauche appelle, dans un communiqué, les élu-es, l’ensemble des salariés du public et du privé, les associations, et militants de gauche à un rassemblement jeudi 17 octobre à 18h devant le pôle tertiaire de PSA, boulevard de l’Europe à Poissy.

    « Là, ça fait 29 jours qu’on est là. Aucun média national n’est venu », déplore-t-il, avant de se rappeler un épisode ubuesque datant de juin 2012. Suite à une tentative de suicide d’un salarié de PSA Poissy, les médias s’étaient bousculés pour parler aux responsables syndicaux : « I-Télé, Canal +, RTL, BFM… tous les médias de France. Et le soir, rien. Une ou deux télés ont fait défiler un titre en bas de l’écran, le Parisien a fait un petit truc. Les autres, rien. » Dans le passé, le groupe PSA, gros annonceur, n’a pas hésité à supprimer ses investissements publicitaires dans les médias qui avaient publié des informations qui n’étaient pas à son goût.

    Silence du gouvernement, silence des syndicats… Les grévistes ne peuvent compter que sur le soutien d’associations comme la Ligue des Droits de L’Homme ou Attac. Côté politique, le Parti de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste sont également au rendez-vous. Laurence Sauvage, secrétaire nationale aux luttes sociales du PG, présente sur place, affirme qu’elle n’a jamais vu ça : « On ne peut pas laisser sept mecs crever sur le trottoir comme ça sans réagir, sans même organiser une table ronde avec les salariés… »

    Maud Pavé


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  • Leclerc vous embauche... enfin pas tout à fait

    16 Octobre 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs  

    Prenez les supermarchés Leclerc, celui d'Auxerre en particulier. Il ouvre un Drive et fait paraître une annonce:"Dans le cadre de l'ouverture de notre entrepôt Drive, nous recherchons 15 préparateurs/préparatrices de commandes en CDI. Formation en interne de 15 jours en amont de la prise de poste."

    A une époque où le travail se fait rare, il n'y a pas à réfléchir, chômeur, on saute dessus. X est de ceux-là. Pôle emploi l'a mis en action de formation préalable au recrutement, AFPR que ça s'appelle. Il perçoit pour cela 477 euros par mois.

    François Ii avec sa boite à outils pour l'emploi

    - Bonjour monsieur Leclerc, je viens pour être formé durant 15 jours et pour cela Pôle emploi (l'Etat et un peu moi avec la TVA et autres taxes que j'acquitte) vous versera 2 euros par heure de formation.

    - Bien monsieur X, on ne signe pas de contrat pour l'instant, on verra après votre formation.

    En un quart d'heure, X est formé. Une heure plus tard, muni de sa "scanette", il prépare seul les commandes. Et vogue la galère (si j'ose dire). En fait, X bosse gratos comme s'il était salarié de Leclerc. "Nous n’avons qu’un jour de repos par semaine, le dimanche. Nous travaillons 6 heures par jour sauf le vendredi, 6h15, et le samedi, 6h30. Soit 36h45 par semaine", payées 35 en raison du temps de pause. "Cette prétendue formation est en réalité une période d’essai, financée par Pôle emploi", affirme monsieur X. Surtout que Leclerc enfile 6 semaines de soi-disant formation parfois avant le sésame en CDI au lieu des 15 jours prévus. Oui, tant qu'à faire, là où il ya de la gêne, il n'y a pas de profit.

    Monsieur X a démissionné au bout d'une semaine. S'il n'avait pas contacté Pôle Emploi, l'organisme ne l'aurait jamais su, c'est dire si les dossiers sont suivis. Le magasin Leclerc d'Auxerre, contacté par Le Monde qui relate les faits, a son téléphone en dérangement et de ce fait ne peut répondre.

    Par contre, Pôle emploi, du moins son dirlo, se dit "satisfait" de ce dispositif. Leclerc aussi, avec 16 chômeurs en soi-disant formation mais embauchés gratos:  6720 d'euros (d'argent public) dans son tiroir caisse.

    La CFDT de Pôle emploi d'Auxerre est aussi d'accord avec son dirlo. C'est le syndicalisme rassemblé... mais avec le patronat et l'Elysée.

    L’ANI Medef CFDT soumis au bon vouloir de la droite dans Assemblee nationale travail1

    Une formation de six semaines pour un poste de préparateur de commandes, c'est vraiment n'importe quoi. On se fiche de la tête des demandeurs d'emplois et de la nôtre. L'argent de Pôle emploi est un peu l'argent de tout le monde!", tonne Fabienne Germain, déléguée syndicale CGT dans l'agence d'Auxerre, qui dit avoir refusé d'orienter les chômeurs vers Leclerc dans ces conditions. "Mais les collègues disent qu'ils n'ont pas le choix, très peu réagissent", se plaint-elle.

     

     

    Au même moment, le Leclerc Drive a recruté quatre jeunes en emplois d'avenir, leur salaire est financé à 35 % par l'Etat pendant trois ans. Ce qui démontre une très bonne connaissance des politiques de l'emploi de la part de la direction de ce supermarché.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • Retraites : Les socialistes ont voté la réforme de régression sociale

    L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi « garantissant [par antiphrase] l’avenir et la justice du système des retraites » par 270 voix contre 249. Une réforme de « régression sociale » (André Chassaigne, PCF) qualifiée de « vraie saloperie » par Olvier Besancenot (NPA).
    Pour des raisons différentes, les élus Front de gauche, UMP et UDI ont voté contre. Les radicaux de gauche se sont abstenus, tout comme les écologistes, à l’exception d’Isabelle Attard, qui a voté contre. Seul le groupe socialiste avait appelé à voter ce texte pour lequel le gouvernement avait demandé la procédure accélérée (une seule lecture par chambre).

    VOIR le détail du scrutin

    Ce texte, loin de « tourner la page de la réforme » Sarkozy-Fillon, comme l’a prétendu sans rire le socialiste Christian Paul, « prolonge les réformes libérales engagées par la droite depuis 1993 » a rappelé André Chassaigne, au nom du groupe GDR. Parmi les mesures phares de ce projet figurent en effet l’allongement progressif de la durée de cotisation à 43 ans, qui aura pour effet :

    • de faire reposer une grande partie de la réforme sur les jeunes générations, singulièrement les personnes nées en 1973 et après,
    • de repousser l’âge réel de liquidation de la retraite à 66 ans voire plus,
    • de faire baisser le niveau des prestations servies.

    Les dispositions sur la pénibilité ne compensent pas cette régression, ainsi que l’a souligné André Chassaigne :

    « On est encore très loin du progrès et de la justice sociale : nous y voyons plutôt un profond mépris pour ceux des travailleurs qui, usés, cassés après 25 ans de pénibilité, pourront partir à 60 ans… il y a 3 ans c’était l’âge légal de départ en retraite, et vous voudriez nous faire croire que c’est une avancée !!! »

    L’examen du projet de loi va maintenant se poursuivre au Sénat à partir du 28 octobre.

    http://www.politis.fr/Retraites-Les-socialistes-ont-vote,24082.html


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  • Valls ne fait le jeu du Fn, il est en plein dedans

    15 Octobre 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs  

    Et d'autres avec lui. Lisez jusqu'au bout.

    Mme Dibrani et ses 6 enfants ont été expulsés mercredi 9 octobre au matin vers le Kosovo. Ils habitaient un appartement à Levier (Doubs) qu'ils occupaient dans le cadre de la prise en charge des demandeurs d'asile du DLHD.

    M. Dibrani était depuis fin août retenu au centre de rétention de Strasbourg. Assigné à résidence, il a été arrêté à Mulhouse. Son expulsion programmée 2 fois a été repoussée jusqu'à mardi 8 octobre au matin.

    Après cette expulsion, le mardi soir Mme Dibrani a réaffirmé son vœu de rester en France pour l'avenir de ses enfants malgré l'angoisse qu'elle ressentait à l'idée d'être seule avec sa famille. Les enfants qui ont entre 5 et 17 ans étaient scolarisés depuis plus de 3 ans, ils étaient en France depuis presque 5 ans (4 ans et 10 mois), autrement dit, dans deux mois, ils entraient de plein droit dans le cadre de la circulaire Valls et pouvaient être régularisés. Le mardi soir avant l'expulsion la mère était perdue, les enfants attendaient et Hasan, l'avant dernier âgé de 5 ans, recopiait des lettres apprises à l'école agenouillé au-dessus d'un carton.

    La plus petite Médina est âgée d'un an, elle est née en France. Tous les enfants parlent parfaitement le français. Maria et Leonarda ont obtenu le DELF diplôme de français niveau B1 demandé par la préfecture pour obtenir la nationalité française. Après ses années de collège, Maria a fait cette année sa rentrée au lycée Toussaint Louverture en première année de CAP service. Son professeur de français souligne sa volonté et son enthousiasme. Dans le petit sac de sport qu'elle a pris le matin de l'expulsion, elle a emporté son costume de travail.

    Leonarda, scolarisée en 3ème DP3 (option découverte professionnelle) au collège André Malraux, n'était pas chez elle ce matin là. Les professeurs de la classe avaient organisé une sortie à Sochaux sur toute la journée avec un départ à 7h00. Pour être à l'heure, elle ne pouvait pas prendre le bus de son domicile. Elle a donc dormi chez une amie à Pontarlier. Les policiers ont été renseignés sur l'endroit où elle se trouvait. Le maire de Levier a appelé Léonarda et a demandé à parler à un professeur présent dans le bus, elle a transmis son téléphone à Madame Giacoma, professeur d'histoire-géographie-éducation civique au collège Malraux.

     Mme Giacoma : «je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait, j'ai cru que c'était la mère de Léonarda qui voulait être rassurée et en fait, c'était  le maire  de Levier, commune de résidence de Léonarda, qui m'a précisé qu'il savait que nous nous rendions à Sochaux et il me demandait expressément de faire arrêter le bus. Dans un premier temps j'ai refusé en précisant que ma mission était d'aller à Sochaux avec tous les élèves inscrits pour cette sortie pédagogique (visite de lycées + visite de l'usine Peugeot). Le maire de Levier, Albert Jeannin, m'a alors passé au téléphone un agent de la PAF qui était dans son bureau : son langage était plus ferme et plus directif, il m'a dit que nous n'avions pas le choix que nous devions impérativement faire stopper le bus là où nous étions car il voulait récupérer une de nos élèves en situation irrégulière : Léonarda Dibrani cette dernière devait retrouver sa famille pour être expulsée avec sa maman et ses frères et soeurs ! Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas me demander une telle chose car je trouvais ça totalement inhumain ...  il m'a intimé l'ordre de faire arrêter le bus immédiatement à l'endroit exact où nous nous trouvions, le bus était alors sur une rocade très passante, un tel arrêt aurait été dangereux ! Prise au piège avec 40 élèves,  j'ai demandé à ma collègue d'aller voir le chauffeur et nous avons décidé d'arrêter le bus sur le parking d'un autre collège (Lucie Aubrac de Doubs). J'ai demandé à Léonarda de dire au revoir à ses copines, puis je suis descendue du bus avec elle, nous sommes allées dans l'enceinte du collège à l'abri des regards et je lui ai expliqué la situation, elle a beaucoup pleuré, je l'ai prise dans mes bras pour la réconforter et lui expliquer qu'elle allait traverser des moments difficiles, qu'il lui faudrait beaucoup de courage... Une voiture de police est arrivée, deux policiers en uniforme sont sortis. Je leur ai dit que la façon de procéder à l'interpellation d'une jeune fille dans le cadre des activités scolaires est totalement inhumaine et qu'ils auraient pu procéder différemment, il m'ont répondu qu'ils n'avaient pas le choix, qu'elle devait retrouver sa famille...Je leur ai encore demandé pour rester un peu avec Léoanarda et lui dire au revoir (je l'a connais depuis 4 ans et l'émotion était très forte). Puis j'ai demandé aux policiers de laisser s'éloigner le bus pour que les élèves ne voient pas Léonarda monter dans la voiture de police, elle ne voulait pas être humiliée devant ses amis ! Mes collègues ont ensuite expliqué la situation à certains élèves qui croyaient que Léonarda avait volé ou commis un délit. Les élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j'ai du parler à nouveau de ce qui s'était passé le lendemain pour ne pas inquiéter les élèves et les parents.»

    Lorsque la famille est partie, nous avons essayé de joindre par mail la préfecture fermée le mercredi matin. Mais la famille a été emmenée directement à l'aéroport pour prendre un avion à 13h00 le même jour. Nous avons eu au téléphone les deux filles Maria et Leonarda jusqu'au départ de l'avion.

     

    Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, sommes profondément choqués par les méthodes utilisées pour renvoyer des enfants issus de la minorité rom vers des pays qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas la langue.

    Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, sommes choqués de voir comment les efforts d'intégration fournis par ces enfants à l'école sont réduits à néant par des politiques aveugles et inhumaines.

    Nous demandons le retour immédiat des enfants en France pour leur sécurité.

    Source: Réseau d'Education Sans Frontières

    Pétain Chef de l'Etat français (1940-1944)

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • ArcelorMittal Liège :: Funérailles en tenue de travail

    Le dimanche 13 octobre, Alain Vigneron, 45 ans, sidérurgiste chez ArcelorMittal Liège, s’est donné la mort. Il a laissé une lettre d’adieu, qui ne laisse aucun doute sur le pourquoi de son geste. La fin de la sidérurgie liégeoise a fait une victime de plus.

    Jonathan Lefèvre

    ArcelorMittal Liège : Funérailles en tenue de travail


    Nous aurions pu titrer « Le capitalisme tue ». Bien que ce slogan circule abondamment en manifestation depuis longtemps, il est malheureusement d’actualité. La dernière victime en date est Alain Vigneron. Qui laisse une femme et une fille derrière lui. Fatigué de lutter, il a décidé d’en finir, pointant clairement les responsables : Lakshmi Mittal et le gouvernement wallon. Il a voulu faire de son suicide un acte politique : dans sa lettre d’adieu, en plus de pointer les responsables de la mort de la sidérurgie liégeoise, et donc de la sienne, il demande à son collègue Fred Gillot, délégué MWB-FGTB à ArcelorMittal, d’alerter la presse. « Les causes exactes ne sont pas difficiles à comprendre. Quand on lit sa lettre d’adieu, c’est très clair. La fermeture de la sidérurgie, le comportement de Mittal et du gouvernement wallon… Un camarade m’a téléphoné samedi à 23h pour me demander si la mort d’Alain était une rumeur. Je suis rentré en vitesse chez moi (nous étions voisins Alain et moi) et j’ai vu la police. »

    « C’était un camarade de plus de 20 ans. Il était de toutes les batailles, de toutes les manifestations, tous les piquets. J’ai la rage contre Mittal mais aussi contre les dirigeants politiques. C’est ce qu’Alain disait : les politiques ont demandé des études, payées par la Région wallonne. Elles ont toutes prouvée que la sidérurgie était viable, qu’il fallait la nationaliser. Et les politiciens ont laissé tomber le truc. La Région wallonne a donné beaucoup d’espoir aux travailleurs, en faisant faire des études. Cela lui donne une fameuse responsabilité... », enchaîne le leader syndical.

    « De grandes craintes »

    Fred Gillot continue : « Par le contact que j’ai avec les travailleurs, je sais qu’il y en a qui sont mal en point. Vu le taux de chômage dans la région… On a de grandes craintes. Tous les travailleurs ne se rendent pas compte du séisme que ça va être. Si on prend la phase à chaud et la phase à froid, deux travailleurs sur trois seront licenciés. »

    Le suivi psychologique des travailleurs d’ArcelorMittal est-il suffisant ? « Il est trop tôt pour le dire. Il y a une cellule psychologique dans l’entreprise. Mais il n’y a pas beaucoup de demande de la part des travailleurs. C’est difficile de se dire que l’on a besoin d’aller chez un psy. »

    Le geste de son « camarade de plus de 20 ans », transformer son enterrement en lutte politique, ne l’a pas surpris : « Je comptais aller aux funérailles simplement. Mais la famille a tenu à ce que les travailleurs viennent avec leurs vêtements de travail et leurs couleurs syndicales. Ca ne m’étonne pas, venant de lui. C’est ce qu’il demande dans sa lettre. »

    Damien Robert, président du PTB local et en charge du dossier sidérurgie pour le parti, « exprime ses plus sincères condoléances à Laurence, l’épouse d’Alain et à Sophie, sa fille. Alain, nous faisons la promesse que ta voix et ta colère vont continuer à résonner à travers le combat des sidérurgistes pour la dignité. »

    Des précédents

    Le cas d’Alain n’est pas isolé. Déjà en juin 2009, un ouvrier en CDD d’ArcelorMittal Liège avait tenté de se suicider. Les syndicats pointaient déjà la direction et la Région du doigt. En novembre 2012, deux travailleurs, à quelques jours d’intervalle, étaient passés à l’acte. La direction avait déclaré à l’époque « ces suicides seraient plus liés à des éléments externes à l’entreprise ». Il est impossible de le savoir pour ces deux décès. Mais pour celui d’Alain…

    Outre ArcelorMittal, une étude réalisée en janvier 2012 par deux médecins de Médecine pour le Peuple, en collaboration avec l’Université d’Anvers et la VUB, montrait que leurs patients étaient plus sensibles au suicide depuis la crise. Filip Vanderoost de la maison médicale de La Louvière, et Susan Van der Wielen, de Deurne (Anvers) avaient interrogé en tout 377 patients sur leur bien-être physique et psychique et sur leur situation sur le marché de l’emploi. La majorité des personnes interrogées travaillaient dans le nettoyage, la construction ou des métiers techniques. 
« De nos chiffres, nous ne pouvons que tirer des conclusions prudentes, déclaraient Filip Vanderoost et Susan Van der Wielen. L’enquête visait un groupe cible spécifique, qui n’est pas représentatif de l’ensemble de la population. Ce qui est toutefois pertinent sur le plan scientifique, ce sont les importantes différences mutuelles au sein de ce groupe. »

    Dans la classe socioéconomique inférieure, il y a donc bel et bien un lien entre les pensées suicidaires et la crise. La raison donnée par les personnes interrogées à leur licenciement est généralement liée aussi à la crise : faillite, restructurations, fin de contrat…

    Quelques chiffres

    Quelques chiffres ressortaient de leur enquête. Parmi ceux-ci, on pouvait voir que 36 % des patients qui ont été licenciés au cours de l’année 2011 ont pensé au suicide. D’après l’Enquête nationale sur la santé en Belgique (2008), 4 % de la population belge a pensé au suicide au cours de l’année écoulée.

    Alors que la semaine dernière, l’Echo alertait sur le risque de voir l’année 2013 battre des records en terme de fermeture d’entreprises (8 904 sociétés ont fermé lors des neufs premiers mois, soit une hausse de 12,14 % par rapport à la même période un an auparavant), se dirige-t-on aussi vers un record de suicides dus au travail ? Il est trop tôt pour le dire.

    Mais ce qui est certain, c’est qu’Alain ne sera pas le dernier. La crise économique provoque la faillite d’entreprises. Ce qui augmente le chômage. Qui augmente le taux de dépressions. Qui peuvent mener au suicide. D’où l’importance de lutter, comme l’a fait Alain pendant plus de 31 ans. Comme il le résume dans la dernière phrase de sa lettre d’adieu, « merci à tous les battants ».

     

    Lire la lettre d'adieu d'Alain ici

    Chez Ford aussi...

    Un amoureux de la nature
    Alain adorait les oiseaux. Il possédait une voilière. C’est d’ailleurs un CD de chants d’oiseaux qui résonnait au funérarium. Un petit oiseau sur le cercueil. Marco Liradelfo raconte : « Alain a même coupé les ongles de mon canari que j’avais amené à l’usine. » Il aimait la nature, il avait un étang dans son jardin dont il parlait souvent.
    « Son travail c’était sa deuxième famille. Et se dire qu’on va perdre sa deuxième famille, c’est dur », d’après ses collègues.Son père était mineur. Ce qui lui a donné très vite l’envie de s’engager dans le syndicat. Il a été délégué FGTB chez MultiServ avant de l’être à Cockeril, ancêtre d’ArcelorMittal.
    « C’était un travailleur qui avait un très grand sens des responsabilités. Alain n’avait pas été beaucoup à l’école (il a commencé à travailler à 14 ans) mais avait atteint le plus haut poste qu’il pouvait atteindre : brigadier, responsable de fabrication en laminoir. Il était rigoureux dans sont travail, il fallait travailler proprement. Il aimait surtout encadrer les jeunes, surtout pour transmettre son métier aux jeunes et transmettre aussi sa culture de combat », raconte Frédéric Gillot.

     http://www.ptb.be/nouvelles/article/arcelormittal-liege-funerailles-en-tenue-de-travail.html


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  • espana-desigual.jpgEn Espagne, l'austérité conduit à l'explosion des inégalités : deux fois plus de millionnaires et de personnes dans la misère depuis 2008

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    En Espagne, comme ailleurs, l'hypocrisie du discours sur le « fardeau des sacrifices » à supporter équitablement vole en éclats : la politique d'austérité se révèle une politique de classe pour transférer les richesses des travailleurs vers le capital.

     

    Deux études publiées cette semaine en Espagne révèlent les effets des politiques suivies depuis 2008 en Espagne au nom du sauvetage de l'Euro et de l'UE : austérité et appauvrissement pour la majorité des travailleurs, cadeaux et prospérité pour les entreprises et les riches.

     

    D'un côté, l'organisme de charité religieux « Caritas » révèlent que l'Espagne compte désormais 3 millions de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 300 € par mois. Leur nombre a doublé depuis le début de la crise, en 2008.

     

    « Caritas » souligne qu'elle aide désormais 1,3 millions d'Espagnols, un nombre trois fois plus élevé qu'en 2009. La « Croix-Rouge », elle, déclare assister 2,4 millions de personnes. Elle a livré 1 millions de colis alimentaires en 2012, 350 000 produits d'hygiène et vêtements

     

    La progression de la charité privée est en proportion inverse du désengagement de la solidarité publique. Depuis 2008, les gouvernements socialistes comme conservateurs ont réduit les allocations-chômage, maternité ou encore logement.

     

    Cet extrême dénuement trouve une explication partielle dans les chiffres record du chômage : six millions d'Espagnols sont au chômage en septembre 2013, 26% de la population active, 56% des moins de 25 ans.

     

    Une situation dont les travailleurs ne sont plus exclus. Le développement massif de la précarité, lot obligé de la jeunesse espagnole, conduit à l'explosion des travailleurs pauvres. Selon Caritas, le taux de pauvreté en Espagne est désormais de 21%, soit 12 millions de personnes.

     

    Il cache aussi une misère plus ordinaire : 40% des Espagnols ne peuvent faire face à des dépenses imprévues, 15% n'arrivent plus à boucler les fins de mois tandis qu'un ménage sur huit est en « précarité énergétique », dans l'incapacité de payer ses factures d'énergie.

     

    Les expulsions de logement ont également explosé depuis le début de la crise, 250 000 depuis 2008 avec un nouveau triste record de 75 000 expulsions en 2008.

     

    De l'autre côté, le « Crédit Suisse » a publié son rapport sur l'évolution des grandes fortunes mondiales. L'Espagne se porte bien : dixième pays au monde pour son nombre de grandes fortunes.

     

    L'Espagne compte en effet 402 000 millionnaires, soit 13% de plus qu'en 2012, 45 000 nouveaux élus. Depuis 2007, leur chiffre a connu une progression spectaculaire, ils étaient alors près de 170 000.

     

    Selon la banque suisse, cette irrésistible ascension devrait se poursuivre. D'ici 2017, leur chiffre devrait atteindre les 600 000, doublant depuis 2011.

     

    Conséquences des plans d'austérité cyniques adoptés depuis 2008, d'abord par le gouvernement socialiste de Zapatero

     

    Ces chiffres déchirent le voile du cynisme de la classe dominante espagnole et européenne, et de ceux qui la servent – partis de droite comme le PP (Parti populaire) ou supposés de gauche comme le PSOE.

     

    Car le premier responsable de cette explosion des inégalités, c'est le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero qui a appliqué dès 2008 un « plan de relance » (le plan E) destiné aux grandes entreprises et aux plus riches.

     

    Cette année-là, l'Etat accordait plusieurs milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises des secteurs en crise (immobilier, automobile, tourisme, banques), baissait l'Impôt sur les Sociétés de 2,5 points tout en supprimant l'Impôt sur les grandes fortunes.

     

    Dans le même temps, en particulier avec le plan d'austérité de 2010, il baissait les salaires des fonctionnaires de 5 %, déremboursait une série de médicaments, réduisait ou supprimait les allocations sociales, tandis qu'il augmentait de deux points la TVA.

     

    La « réforme du marché du travail », entamée sous Zapatero a, elle, trouvé une continuité dans le dernier plan d'austérité du gouvernement de droite de Mariano Rajoy. La dernière réforme assouplit encore les conditions d'emploi et de licenciement, dans les intérêts exclusifs de l'employeur.

     

    Le Premier ministre espagnol s'est même félicité récemment (mais au Japon) que la « flexibilisation de la main d'oeuvre » entreprise sous son mandat ait conduit à la baisse des salaires réels dans le secteur privé, une baisse confirmée par une étude de la « Banque d'Espagne ».

     

    La colère monte en Espagne contre la politique menée par les deux partis du consensus dominant, par la politique d' « austérité » à sens unique, les concessions faites à la « Troika » (UE, BCE, FMI) pour mieux défendre les intérêts de la classe dominante espagnole.


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    Que faire ?

    CE MERCREDI 16 OCTOBRE 2013   A 19H00 *  

    C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »  

    Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6  

    En direct et en archives sur www.campuslille.com                

    C’est en 1902 qu’un certain Lénine pose la question : que faire ? La Commune a été écrasée il y a 30 ans à peine, et Marx est mort il y a 20 ans. Le partage du monde capitaliste se termine peu à peu, les puissances coloniales se disputant les derniers morceaux du continent africain. En Europe, la classe ouvrière arrache, malgré une répression féroce, ses premières conquêtes. Mais face à la crise et quelque temps avant la grande boucherie impérialiste de 14, alors que le mouvement ouvrier commence à se diviser sur la question du réformisme ou de la révolution, il s’agit de tracer une route qui ne soit pas une impasse.

    Un siècle et des poussières plus tard, l’Union Sacrée du réformisme avec la bourgeoisie et ses marchands de canons n’en finit pas de se poursuivre ; la question de Lénine a été tranchée par l’Histoire et 1917 ; puis, contredisant en apparence 1917, la défaite du camp socialiste a finalement semblé sceller la question pour toujours : il n’y avait rien à faire.              

    Mais l’Histoire n’est pas terminée. Face aux dangers du capitalisme en crise, la nécessité d’un autre monde a ressurgi. Et alors à nouveau, dans la foulée, la question : que faire ? Posée timidement, elle reste dans le camp de l’opportunisme. Posée franchement, elle amène à des développements intéressants.              

    Alors nous l’avons posée franchement à des militants des partis communistes turc, néerlandais, italien, et portugais. C’était à Manifiesta le 21 septembre dernier. Si leurs réponses laissent entrevoir, parfois, quelques nuances, en tout cas la question est la même pour tous.    

    *Radio Campus est partenaire du Ciné Cité Social http://www.cinecitesocial.org/ et diffuse à ce titre reportages et débats en direct.

    « L’heure de l’mettre », ce sera donc exceptionnellement à 19 h.              

    "l'heure de l'mettre"
    radio campus lille 106,6
    en direct sur www.campuslille.com


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    Rouge Midi
    http://rougemidi.fr/spip.php?article8107
    La doctrine « trop grandes pour être condamnées » ou comment les banques sont au-dessus des lois
    lundi, 14 octobre 2013  

    Dans une période caractérisée par le pouvoir économique et politique croissant du système financier au niveau mondial, l’utilisation de ressources publiques pour sauver des entités bancaires est devenue un lieu commun.

    Que ce soit à Chypre, en Grèce, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, les sauvetages bancaires d’institutions impliquées dans des affaires de corruption, de fraude et de spéculation sont, les uns après les autres, justifiés par le fait qu’elles sont trop grandes pour faire faillite (Too Big to Fail). Selon ce raisonnement, la banqueroute de grandes banques menace la stabilité financière et économique de leur pays de résidence, d’où l’utilisation nécessaire de l’argent public afin d’éviter une mise en faillite.

    Rabâché inlassablement par tous les médias possibles, cet argument est malheureusement devenu un élément rebattu du discours politique dans une bonne partie du monde. Il n’est dès lors plus surprenant d’entendre un fonctionnaire public en Espagne, au Portugal ou en Irlande signaler qu’il n’y a pas d’alternative à l’application de coupes drastiques dans les dépenses publiques, ceci afin d’assurer la solvabilité et la stabilité des banques. Le comble, c’est que transférer de l’argent public aux banques ne suffit plus, il faut en outre protéger les banques et leurs dirigeants des conséquences légales et juridiques des activités illégales et criminelles menées par nombre d’entre eux. Aujourd’hui, les banques sont non seulement trop grandes pour faire faillite, mais aussi trop grandes pour être condamnées.

    Le point clef de la nouvelle doctrine visant à offrir un blanc-seing aux banques, indépendamment des activités illégales dans lesquelles elles sont impliquées et des conséquences sociales de celles-ci, a été résumé par Eric Holder, procureur général des États-Unis. Interrogé au sein du Sénat étasunien sur la position de la Cour des Comptes quant à la condamnation des banques étasuniennes et de leurs dirigeants pour des actes de corruption et de fraude, Holder souligna que « ces institutions sont si grandes qu’il est difficile de les poursuivre en justice, et le faire montre qu’effectivement, si on les inculpe pour activités criminelles, cela peut avoir des répercussions négatives pour l’économie nationale, voire mondiale »  [1].

    Les retombées de cette position sont claires. Le fait que les excès et la spéculation financière aient causé la pire crise économique du siècle dernier n’a aucune importance. Que de tels excès soient associés a une épidémie de fraudes [2], à tous les niveaux d’opérations des entités financières, est insignifiant. Et ce n’est qu’un détail si, suite aux pratiques frauduleuses des banques, 495 000 personnes au moins aux États-Unis ont été expulsées illégalement de leurs logements [3] et les fonds de pensions des pays développés ont perdu près de 5400 milliards de dollars [4]. Le rôle des banques est apparemment si important et indispensable que leur fonctionnement transcende les requêtes légales et constitutionnelles des sociétés modernes. Dès lors, la justice détourne le regard des banques et des dirigeants responsables d’actes de corruption et de fraude pour leur éviter de passer ne serait-ce qu’un jour en prison. En fin de compte, on ne peut tout de même pas poursuivre en justice un dirigeant d’une institution bancaire qui « ne fait que le travail de Dieu » [5], des mots de Lloyd Blankfein (CEO de Goldman Sachs).

    Les arguments ci-dessus pourraient prêter à sourire si les conséquences de la doctrine « trop grandes pour être condamnées » n’étaient pas régulièrement visibles par le biais de plusieurs affaires judiciaires très médiatisées, ces derniers mois, des deux côtés de l’océan. Les affaires se suivent et la justice se borne à des amendes qui représentent bien souvent une maigre fraction des bénéfices issus d’activités illégales, sans qu’aucun dirigeant ne soit inquiété. Trois exemples suffisent pour témoigner de l’absurdité de la situation actuelle : le jugement sur les expulsions illégales de logement (« foreclosures ») aux États-Unis, HSBC épinglée pour blanchiment d’argent des cartels de la drogue également aux États-Unis, et l’affaire sur la manipulation du taux LIBOR au Royaume-Uni.

    Premier exemple. En janvier 2013, Bank of America, aux côtés de neuf autres banques (parmi lesquelles Citigroup, J.P. Morgan Chase, Goldman Sachs), a convenu avec des régulateurs fédéraux étasuniens de payer une amende de 9,3 milliards de dollars (9 300 000 000 dollars) pour clore l’enquête sur la responsabilité des banques dans les expulsions illégales de maisons [6]. L’affaire contre ces institutions financières se basait sur leur incapacité à fournir les documents justifiant l’expulsion de propriétaires en retard de paiement d’un crédit hypothécaire. La régulation inexistante et le volume élevé de crédits de ce type, accordés dans la période précédant la crise, ont mené les banques à embaucher du personnel chargé de signer quotidiennement des centaines de documents approuvant les expulsions sans suivre la procédure légale. Les banques se sont saisi de logements sans justification économique ou légale dans au moins 450 000 cas. En dépit des dommages massifs causés par les pratiques frauduleuses des banques, l’amende ne s’élève qu’au paiement de moins de 300 dollars par foyer affecté [7]. Malgré les preuves, aucune arrestation ni charges criminelles n’ont été retenues à leur encontre, et l’accord exempte les banques de leur responsabilité à répondre financièrement ou légalement à des accusations similaires survenues au cours de la période antérieure.

    Le cas de la banque HSBC illustre le deuxième exemple de la doctrine « trop grandes pour être incarcérées ». Au cours de la dernière décennie, HSBC a collaboré avec les cartels de la drogue du Mexique, de Colombie et avec d’autres organisations terroristes dans le blanchiment d’argent pour un montant de près de 880 milliards de dollars [8]. Les relations commerciales de la banque britannique avec les cartels de la drogue ont perduré malgré les centaines de notifications et avertissements du Département de la Justice des États-Unis. Les bénéfices obtenus ont non seulement conduit HSBC à ignorer les avertissements mais, qui plus est, à ouvrir des guichets spéciaux dans ses locaux à Mexico, où les narcotrafiquants pouvaient déposer des caisses emplies d’argent liquide, pour faciliter le processus de blanchiment [9]. Malgré l’attitude ouvertement provocante de HSBC envers la loi, les conséquences de sa collaboration directe avec des organisations criminelles furent pratiquement nulles. HSBC dut payer une amende de 1,2 milliards de dollars - soit l’équivalent d’une semaine de recettes de la banque - pour clore l’affaire de blanchiment. Pas un seul dirigeant ou employé n’eut à essuyer de poursuites criminelles, bien que la collaboration avec des organisations terroristes ou la participation à des activités liées au narcotrafic requièrent des peines d’au moins cinq ans de prison. Être employé de n’importe quelle grande banque à travers le monde semble être un blanc-seing pour participer au trafic de drogue sans crainte d’être poursuivi en justice.

    Le 3ème et dernier exemple est lié à la manipulation du taux LIBOR (London Interbank Offered Rate) par un groupe de dix-huit banques. Le LIBOR est le taux d’intérêt de référence sur base duquel se calculent les taux de retour de 700 000 milliards (700 millions de millions) de dollars d’actifs et de dérivés financiers, ce qui en fait le taux de référence sans doute le plus important au monde. Ce taux est calculé sur base de l’information fournie par dix-huit banques quant à leurs coûts individuels de financement sur les marchés interbancaires. En 2012, des preuves ont révélé la collusion entre de grandes banques, comme UBS et Barclays, afin de manipuler le LIBOR conformément à leurs intérêts. Comme dans les cas précédents, le résultat fut prévisible. Aucune poursuite criminelle à l’encontre des responsables et des amendes d’un montant ridicule en comparaison de l’ampleur de la manipulation : un total de 450 millions de dollars pour Barclays, 1500 millions pour UBS et 615 millions pour RBS [10].

    Bien que les banques en question ont accepté les accusations de manipulation et par conséquent les sanctions imposées par la justice britannique, la justice étasunienne a statué différemment. Le 29 mars, Naomi Buchwald, juge du District de New York, a exempté les banques impliquées dans le scandale de toute responsabilité légale face à des personnes ou institutions affectées par la manipulation du LIBOR [11]. Pour protéger les banques de possibles plaintes pour collusion et pratiques monopolistiques, elle basa son argumentation sur le fait que la fixation du taux LIBOR ne relève pas des lois sur la concurrence. Les banques peuvent dès lors s’accorder sur le taux sans que cela ne constitue une violation des lois antitrust aux États-Unis. La fixation des taux sur les marchés des Swaps et des CDS étant similaire - via l’envoi des taux par les participants, dont on fait la moyenne pour obtenir le résultat final -, ce verdict crée un dangereux précédent, ouvrant la porte à la manipulation manifeste par de grandes institutions financières des prix et taux clefs qui régissent le fonctionnement des marchés financiers globaux.

    Il apparaît clairement que les banques et autres grandes institutions financières de portée mondiale tendent vers un niveau totalement méconnu de cynisme et d’abus de pouvoir. Aujourd’hui, mettre l’argent public à disposition des entités financières dès que leurs paris spéculatifs tournent mal ne suffit plus. Désormais, la loi s’adapte afin de protéger les responsables et de justifier a posteriori toute conduite illégale ou criminelle dont ils se seraient rendus coupables. Un tel contexte, où règne l’impunité, encourage les dirigeants des firmes financières à davantage d’abus et de prises de risque. Ils sont confrontés à une situation dans laquelle, au meilleur des cas, le montant de leurs bonus augmente suite à l’augmentation des revenus de la banque, indépendamment de l’origine illégale des ressources ou du fait qu’elles soient issues d’activités financières spéculatives extrêmement risquées. Dans le pire des cas, s’ils sont découverts, ils n’ont qu’à quitter l’institution, ils ne seront pas poursuivis par la justice et conserveront sur leurs comptes bancaires l’entièreté des bénéfices obtenus. Tant que ce genre d’incitants pervers est maintenu, les abus et le pillage des ressources publiques de la part du système financier ne peuvent qu’aller croissant au fil du temps.

    Daniel Munevar le 20/09/2013
    Traduit par Cécile Lamarque

    Transmis par Linsay

    [1] Voir “Holder admits some Banks too big to jail”, disponible sur : http://www.huffingtonpost.com/2013/...

    [2] Une étude récente sur les pratiques de crédits des banques aux Etats-Unis signale qu’en dépit de leur hétérogénéité, les irrégularités et les faux sont présents à divers degrés dans toutes les institutions financières analysées. Voir “Asset Quality Misrepresentation by Financial Intermediaries : Evidence from RMBS Market”, disponible sur : http://papers.ssrn.com/sol3/papers....

    [3] Voir “Banks to pay $8,5 billion to speed up housing relief”, disponible sur : http://dealbook.nytimes.com/2013/01...

    [4] Voir OECD (2010) “The Impact of the Financial Crisis on Defined Benefit Plans and the Need for Counter-Cyclical Funding Regulations”, disponible sur : http://www.oecd.org/insurance/priva...

    [5] Voir “Goldman Sachs Blankfein : Doing Gods work”, disponible sur : http://blogs.wsj.com/marketbeat/200...

    [6] Voir “The Top 12 Reasons Why You Should Hate The Mortgage Settlement”, disponible sur : http://www.huffingtonpost.com/yves-...

    [7] Voir “The Banks penalty to put robbosining behind them : 300 dollars per person”, disponible sur : http://www.zerohedge.com/news/2013-...

    [8] Voir “Elizabeth Warren Savaged A Treasury Official During A Hearing On HSBC’s International Money Laundering Scandal” disponible sur : http://www.businessinsider.com/eliz...

    [9] Voir “Gangster Bankers : Too Big to Jail”, disponible sur : http://www.rollingstone.com/politic...

    [10] Voir “Everything is rigged : The biggest price fixing scandal ever”, disponible sur : http://www.rollingstone.com/politic...

    [11] Voir “Judge dismisses antitrust claims in LIBOR suits” disponible sur : http://online.wsj.com/article/SB100...

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article8107


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  • La télévision de l'ignoble : France 2, Pujadas, Copé et la chômeuse

     
     Dans l'émission "Des Paroles et des actes", jeudi 10 octobre, David Pujadas a confronté Jean-François Copé à une femme au chômage. 
    À l'arrivée, une séquence surréaliste où la détresse d'une personne a été détournée pour n'en faire qu'un produit à faire du buzz pour l'audimat.
     
     Bruno Roger-Petit.

    La chômeuse rigolote en vedette, ce fut le grand moment de l'émission des "Paroles et des actes" sur France 2, avec pour invité Jean-François Copé. Tragique et terrible moment, illustration de tous les maux de la télévision.
     
    "Des Paroles et des actes" a une apparence : un quarteron de journalistes jouant au fact checking, confrontant la parole des politiques à leurs actes. Elle a une réalité, un présentateur et un directeur de l'information, partisans de la société du spectacle, ambitieux d'audience et fanatiques de la part de marché.
    Dans la dernière production de l'émission, consacrée à Jean-François Copé, David Pujadas et ses camarades de France 2 ont eu l'idée de confronter les propositions du président de l'UMP en matière d'indemnisation du chômage et allocations sociales à la réalité de la vie d'une chômeuse, invitée en tant que témoin du réel.
     
    A priori, pourquoi pas se dit-on. Sauf que, comme souvent dans les émissions de Pujadas, la bonne intention dissimule toujours une manipulation.Quand Isabelle Maurer apparait sur l'écran, le téléspectateur note immédiatement qu'elle n'est pas sur le plateau de France 2, au milieu de la noblesse politico-médiatique. Elle est assise sur un canapé bas de gamme, à côté d'une lampe bon marché qui diffuse une lumière blafarde.
     
    On commence par se dire qu'elle est chez elle, qu'il s'agit d'un duplex, mais non, elle vend la mèche, "je ne suis pas venue de Mulhouse pour juste vous souhaiter le bonsoir", ce qui veut dire qu'elle est dans une loge, quelque part à proximité du plateau de l'émission, en duplex.
     
    Pourquoi n'est-elle pas face à Copé, comme Saint-Cricq, Lenglet et les autres ? Pourquoi celle qui est censée incarner la vraie France, les vraies gens, n'a-t-elle pas accès à ce lieu sacré ? Pourquoi cette représentation d'une coupure entre ceux qui ont le droit d'être entre eux et cette Française "représentative" ?

     

    L'irruption soudaine du réel

     
    Et elle crève l'écran Isabelle Maurer. Elle parle, parle, parle... Elle sait qu'elle n'a que peu de temps, qu'il faut faire vite. Elle connait la mécanique de la télévision, comme tous les téléspectateurs de l'époque. Elle ne s'arrête pas, elle sait que marquer une pause, c'est s'exposer à être interrompu. De sa faiblesse, ne pas être sur le plateau, elle fait une force, car il est plus difficile pour un présentateur de couper un invité en duplex que présent sur le plateau.
     
    Alors elle parle, puis elle crie, puis elle hurle... Elle lance à la face de Copé, qui veut lui réduire ses allocations chômage, qui lui dit que ne travaillant pas elle est une assistée, elle lui jette à la face sa vérité, celle d'une femme qui vit avec 471 euros par mois, celle des classes populaires de ce début de XXIe siècle, entre "L’Assommoir" de Zola et "Les Démons de Jésus" de Bonvoisin...
     
    Copé, d'instinct, sait qu'il ne faut rien faire et rien dire. Il sait que plus vite la séquence se terminera, plus vite il en finira avec cette irruption du réel dans l'émission. Car sur ce réel, il ne peut avoir de prise, lui, le politique. Parce que le politique est général et qu'il ne s'adresse jamais au particulier. Le témoignage en direct auquel il est confronté n'est pas anonyme, comme celui servi à Christiane Taubira il y a quelques semaines, mais la mécanique du piège est identique.
     
    Donc Copé attend, laisse la bête de télévision dévorer l'écran. Il sait que tout cela ne durera que quelques minutes, et que l'on aura tout oublié après. Que le conducteur de l'émission reprendra ses droits. Pour la forme, il fait mine de vouloir répondre à la dame, mais voyant qu'il est débordé, il adopte la posture du type qui trouve cela marrant.
     
    Copé a beau ne pas être aimé, il sait que la télévision est le média de l'émotion et que compte tenu de son impopularité, il ne peut pas se payer le luxe de se confronter de manière conflictuelle à l'émotion qu'engendre nécessairement Isabelle Maurer chez les téléspectateurs. Attendre donc. Attendre la fin du moment de télé.

     

    Le chômage comme objet de divertissement

     
    Et c'est là que le piège se retourne contre Isabelle Maurer. Elle crève tellement l'écran, avec sa manière de s'exprimer, sublime femme du peuple en colère s’efforçant à la dignité, empêchant Jean-François Copé, qui n'a plus ouvert lui-même la portière d'une automobile depuis quinze ans, de lui répondre, que le moment finit par en devenir comique.
     
    Copé sourit. Pujadas sourit. Lenglet sourit. Le public du plateau sourit. Comme elle est drôle Isabelle, la chômeuse en colère ! "Vas-y Zaza, rentre lui dedans au Copé ! T'as cinq minutes encore !"
     
    C'est le moment où tout se renverse, où la dramaturgie bascule. Parce que la séquence tourne au comique de situation, parce que tout le monde en sourit, on perd le sens de la présence d'Isabelle Maurer.
     
    Et l'on découvre alors le pot-aux-roses, la perversité des responsables de l'émission : si elle est là, sur l'écran, c'est bien parce qu'elle a été castée, repérée, identifiée. Sa faconde, l'émotion qu'elle dégage ont été nécessairement décelées par les journalistes de "DPDA". Elle est marrante, c'est une bonne cliente. Elle a un accent alsacien pittoresque. Elle va nous mettre le feu au plateau. Elle va nous faire marrer. Elle est tellement poilante. Ça va être un grand moment de télé.
     

    Pour Pujadas, le chômage est un objet de divertissement, et Isabelle Maurer en est le vecteur idéal.
     
    Et c'est ainsi que les choses se passent. On lui a dit qu'elle pourrait se faire entendre. Que ce serait une occasion exceptionnelle de dire ce qu'elle a sur le cœur, ce qu'elle vit dans sa chair. Mais c'est un marché de dupes. Isabelle est là pour nous faire poiler. C'est la séquence comique de l'émission. Sa détresse est un prétexte. On n'est pas là pour compatir, mais pour rire. Comme elle est rigolote la chômeuse avec son fils ouvrier chez Peugeot qui dit que la retraite à 63 ans quand on a fait ce boulot, c'est dégueulasse. Comme elle est cocasse. On s'est pas planté dans le casting.
     
    En vérité, la télé, France 2, Pujadas et les autres se foutent de sa gueule à Isabelle Maurer.
     

    L'élite rit de la misère du petit peuple

     
    Ce n'est pas un être humain à qui l'on donne la parole, c'est une bête de scène que l'on produit, une Jackie Sardou de province destinée à occuper le temps de cerveau disponible du téléspectateur.
     
    Et l'on comprend alors ce que signifie le dispositif technique retenu. Si Isabelle Maurer n'est pas sur le plateau, avec Pujadas, Copé et les autres, c'est parce qu'elle n'est pas du même monde. La coupure entre le haut et le bas, le sommet et la base, l'élite et le peuple, la distance qui sépare deux mondes, deux France, apparaît dans sa vérité brutale.
     
    La séparation d'Isabelle du reste du plateau signifie qu'elle ne peut avoir sa place dans cet univers là. Elle n'est pas dans le code, dans les usages. Elle n'est pas de chez eux. Qu'elle fasse marrer, oui, mais dans un studio, à coté du grand studio.
     
    Donc, à la fin, quand Isabelle Maurer tire la langue comme pour signifier que l'épreuve l'a éreintée, elle qui n'aura accès à la télé, durant toute son existence, que pour ce quart d'heure warholien, tout le monde rit. Copé rit. Pujadas rit. Lenglet rit. Le public rit. L'élite rit de la misère du petit peuple, voilà ce que dit l'image qui clôt la séquence "chômeuse rigolote en colère", sa misère réduite à un moment comique dans une émission de télévision.
     
    Isabelle Maurer ne s'en rend pas compte, mais Pujadas lui a volé son malheur, souillé sa dignité, réduit sa vie à n'être qu'un objet de potacherie pour étudiants prolongés en charge d'une émission de service public. C'est d'une cruauté insigne.
     
    Et devant la télévision, face à ces rires, devant cette expression de la pire des dominations de classe, on se sent triste, tellement triste. On lit les tweets, en temps réel des confrères journalistes ou des autres "twittos" qui, peu au fait du langage binaire de la télévision, ne voient que la bête de scène qui a crevé l'écran mais qui ne comprennent pas que le sous-texte de la séquence est ravageur.
     
    Et puis, passé cet éphémère abattement, on tire les conclusions de ce que l'on vient de voir. Cette coupure entre France d'en haut et France d'en bas... Cette misère, cette détresse que l'on entend pas, que l'on néglige, que l'on traite en objet de dérision pour la télévision..
     

    Une séquence tragique

     
    On pense à Isabelle Maurer, livrée en pâture pour l'audimat, et qui dans les jours qui viennent sera interpellée dans la rue par des gens qui lui diront sans doute "Vous nous avez fait marrer !" "Vous avez été formidable !" et qui se rendra compte, in fine, même si elle niera, ce qui est compréhensible, que le message qu'elle voulait transmettre a été effacé par la manipulation qui a été faite de son personnage.
     
    On pense à ceux que France 2 n'aurait jamais castés et propulsés en direct dans l'émission. Isabelle Maurer, provinciale et blanche, sentant bon le terroir et la France de souche avec son accent alsacien, avait sans doute plus de chances de se retrouver là, indirectement confrontée à Copé, que bien des jeunes issus de l'immigration, tout aussi citoyens français qu'elle. Mais ceux là, jamais ils ne seront conviés sur un plateau de télévision. Et chacun sait pourquoi. Dans son malheur, Isabelle Maurer a de la chance. C'est une chômeuse qui ne fait pas peur. Elle ne "clive" pas, elle est "fédératrice" comme on dit à la télévision.
     
    On pense à cette France populaire qui se sent abandonnée, si ce n'est rejetée. Cette France qui, comme Isabelle Maurer, voudrait travailler mais ne peut pas. Cette France que l'on cantonne sur un bout de canapé usé, dans une loge de boîte de production transformée en studio d'occasion, loin du plateau, noble majestueux, réservé à l'élite politique et médiatique nationale.
     
    On pense à ces électeurs en colère, à ces électeurs qui sont aussi des téléspectateurs et qui, comme vous, comme moi, comme nous, savent lire le dispositif d'une émission de télévision, le décrypter, et l'on se dit : combien de voix encore cette séquence tragique a-t-elle apportées au Front national ? Combien de voix pour Marine Le Pen ?
     
    C'est là qu'est la faute, le crime de Pujadas et de ses complices : ne faire de la télévision que pour faire de la télévision. Au moins ont-ils pour circonstance atténuante de ne même plus se cacher, de ne pas dissimuler le cynisme de leurs méthodes, leur fracture avec la cause du peuple, leur rupture avec l'idée même de service public. Ainsi Nathalie Saint-Cricq, interpellée par Copé au sujet de la mise en scène, très "Star Trek", déployée par la chaîne pour lui présenter les mauvais sondages le concernant et lui répondant, mi-ironique, mi-arrogante : "Ben oui, c'est de la télé".

       

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