• LE JULES VERNE : BRAVO HOLLANDE

    Publié par aragon 43BRAVO HOLLANDE

     

    Le président de la République a inauguré ce jour le plus grand porte- containeurs du monde.

    Celui-ci s’appelle désormais Jules Verne.

    Toute la presse s’est déplacée pour ce grand événement qui redonne une place au pavillon français, a-t-on dit chez les « perroquets » qui gouvernent notre information chaque jour.

    Ca y est ! Nous sommes en pleine reconquête de la place de la France dans le monde maritime.

    Mais à y regarder de plus près, il y aurait pour ainsi dire comme disait Martine Aubry, un loup…

    Le « cassandre » que je suis à donc fait marcher sa petite musique.

    Qui a construit ce porte containeurs le plus imposant du monde et le plus sophistiqué ?

    J’ai cherché la réponse et je l’ai eue : ce sont les « chantiers sud-coréens de Daewoo » qui ont construit ce navire géant.

    D’après des mauvaises langues, il aurait été construit avec des travailleurs payés à coup de lance pierre et ce groupe aurait reçu des subventions.

    Comme je suis un grand crédule, je ne peux croire un truc pareil, d’un président qui inaugure un bateau fait dans ces conditions et surtout avec des coréens respectueux des règles de concurrence.

    Peut-être que l’Elysée, très au fait de la construction de ce navire, puisque le Président l’a inauguré ce jour, nous dira qu’il n’en n’est rien et que les conditions de dumping pour le construire n’existent que dans l’esprit de gens toujours mal intentionné.

    Si c’est le cas, de « cassandre » je deviendrai oiseau de bonne augure, je le promets.

    Peut-être aussi la raison sera donné par notre grand ministre de la reconquête industrielle pourquoi ce bateau n’a pas été construit à Saint-Nazaire, ville proche de Nantes, où régnait il y a pas si longtemps le « Ayrault » des temps difficiles que nous traversons maintenant.

    Dernière chose, ce bateau va servir à transporter tous les produits fabriqués en Chine et d’ailleurs à bas tarifs. Ces produits qui inondent l’Europe et la France en particulier, produits qui, rappelons-le sont les résultantes de délocalisations d’entreprises françaises qui ont choisies ces havres de profit comme les entreprises du textile par exemple.

    Il est d’ailleurs cocasse qu’au même moment de l’inauguration de ce transport de marchandises à bas coût, une nouvelle envolée de Montebourg contre le dumping vient d’avoir lieu à Bruxelles contre les panneaux solaires chinois.

    Un journaliste qualifiant qu’enfin l’Europe de Montebourg avait mis le pistolet sur la table face aux chinois pour leur faire peur : la question, c’est que nous ne savons pas si le pistolet est chargé à balles réelles ou à blanc ou plus exactement si ce n’est pas un pistolet à eau chargé par Madame Merkel.

    Toujours est-il que le bateau coréen devenu français par le président de la République transportera toutes les productions à bas prix des grandes multinationales qui se sont installés en Chine, au Vietnam, en Birmanie etc…

    Et le président dans un lyrisme digne des vieux loups des mers s’est exclamé en inaugurant le « ventre de Chine » : « Je nomme ce navire, CMA CGM Jules Verne. Je souhaite bon vent à son équipage et à tous ceux qui navigueront à son bord» (et en particulier aux marins philippins embauchés à bas tarifs).

    Le président a ensuite poursuivi son envolée par cette phrase homérique : « Il en est des bateaux comme il en est des pays. A un moment aussi, nous devons aussi affronter les vents, être sur toutes les mers, être capables de gagner la course la plus aventureuse » ; en évoquant l’économie mondiale.

    Sacrebleu ! Nous deviendrons des corsaires faisant à nouveau flotter le pavillon français.

    Pendant ce temps, à Saint-Nazaire, on attend les commandes.

    Peut-être notre président a une petite idée là-dessus pour renforcer la flotte française avec des bateaux construits sur les chantiers français et nous pourrons alors chanter : Sont les filles de La Rochelle, ont armé un bâtiment (bis) pour aller faire la course dedans les mers du levant.

    Bernard LAMIRAND

    http://ber60.over-blog.com/le-jules-verne-bravo-hollande

     


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  • Biodiversité ?

    450 euros d’amende pour diffusion de « légumes clandestins »

    Par Sophie Chapelle (5 juin 2013)

    « Légumes clandestins » ! L’inscription ironique figure sur les pancartes que des jardiniers et des consommateurs brandissent ce 4 juin sous les fenêtres de la direction régionale de la concurrence et de la consommation à Toulouse. Ils dénoncent la pression sur les petits producteurs qui commercialisent des variétés de légumes non inscrits au catalogue officiel (lire nos précédents articles). Quinze jours plus tôt, le 17 mai, des petits maraîchers ont reçu la visite d’un agent de la répression des fraudes, sur le marché de Lavelanet, en Ariège. Leur délit : vendre des plants de tomates non inscrites au catalogue officiel et ne pas disposer de la carte du GNIS, l’interprofession nationale des semences et des plants. Ils encourent une amende potentielle de 450 euros...

    « Bien que pour eux qui vendent moins de 10 000 plants par an, cette carte soit gratuite, pour le moment du moins, cette visite a causé un certain émoi, d’autant plus que jusqu’ici cette activité annexe était tolérée et que ces maraîchers ignoraient même que cette carte était obligatoire », réagissent plusieurs organisations [1] dans une lettre commune. Ces dernières voient dans ce contrôle « un abus s’inscrivant complètement dans une logique de généralisation du fichage de toutes les activités et de toutes les personnes qui échappent au contrôle des multinationales ». L’élu écologiste François Calvet, Vice-Président de la commission agriculture du Conseil régional Midi-Pyrénées, considère également ce contrôle comme « inopportun ». « La vente de plants par les maraîchers peut-être un revenu complémentaire non négligeable, écrit-il. Au moment où l’économie agricole est en crise, il n’est pas acceptable que ces paysans soient mis en difficulté par une application zélée de la réglementation sur la propriété intellectuelle ».

    Plus largement, les organisations associatives et paysannes demandent à « répondre à la forte demande des jardiniers de pouvoir trouver sur le marché des plants leur permettant de cultiver toute la diversité des variétés paysannes, locales ou exotiques qui ne pourront jamais être toutes inscrites au catalogue. » Entre 1954 et 2002, 80 % des variétés potagères auraient été radiées du catalogue selon le Réseau semences paysannes. Des 876 variétés potagères inscrites en 1954, il n’en restait plus que 182 au catalogue officiel français en 2002. La raison de ces radiations ? Le poids de l’industrie semencière, qui, depuis cinquante ans, cherche « à standardiser les semences pour les adapter partout aux mêmes engrais et pesticides chimiques », estime le Réseau semences paysannes. « Ces contrôles sont effectués avec pédagogie pour protéger les consommateurs mais aussi les producteurs », assure pour sa part la directrice régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, Catherine d’Hervé. Cette action intervient alors que la législation sur la commercialisation des semences et des plants est en cours de révision à l’échelle européenne.

    Notes

    [1Confédération Paysanne Midi Pyrénées et de tous les départements de la région, Réseau Semences Paysannes, Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Amis de la Terre Périgord, Nature & Progrès Ariège, Nature & Progrès Hautes Pyrénées, Nature & Progrès Quercy Gascogne, Nature & Progrès Haute Garonne, Nature et Progrès Aveyron, Croqueurs de carottes, Collectif anti-OGM31, Pétanielle, Terre en vie 65, ATTAC Toulouse, Toulouse en transition, Collectif des Semeurs du Lodévois-Larzac, Kokopelli, collectif des Faucheurs Volontaires, les herbes folles de Saverdun,...

    http://www.bastamag.net/article3109.html


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  • « Ce n’est pas l’islamisme que les manifestants turcs rejettent, c’est le néolibéralisme »

    « Ce n’est pas l’islamisme que les manifestants turcs rejettent, c’est le néolibéralisme »

    Le 4 juin, Nadeen Shaker interviewait Ozan Tekin pour Ahram online (http://english.ahram.org.eg/). Ozan Tekin est un auteur turc, éditeur du site Marksist.org, « un site d’information turc ancré à gauche ».

     Ahram online (AO) : Pouvez-vous nous donner une idée de la façon dont des rassemblements qui ne réunissaient qu’une poignée de personnes mobilisées contre la destruction d’un parc ont pu se transformer en une vague de manifestations anti-gouvernementales à l’échelle nationale ?

    Ozan Tekin (OT) : Dans la nuit de mardi dernier, une dizaine de militant•e•s ont accouru dans l’enceinte du Parc Gezi au moment où les bulldozers y pénétraient pour commencer l’arrachage des arbres. Quelques heures plus tard, les bulldozers ont dû se retirer et quelques milliers de personnes ont alors occupé le parc. La police a pris d’assaut le parc aux premières heures du jour afin de permettre aux bulldozers d’y pénétrer une nouvelle fois. Au troisième jour, on a pu assister à une véritable explosion de mécontentement, et des dizaines de milliers de personnes ont rejoint la lutte sur la place Taksim afin de préserver le parc et pour manifester contre la violence policière.

    AO : Qu’est-ce qui peut expliquer un tel mécontentement vis-à-vis de la politique menée par Erdogan ?

    OT : Les plans gouvernementaux de restructuration de la place Taksim participent d’un programme néolibéral plus vaste. Ils veulent transformer Taksim, le centre de la ville, en lieu dédié aux classes supérieures, et ce en chassant les gens ordinaires. Ce gouvernement est conservateur et néolibéral, et les gens en ont eu plus qu’assez non seulement de la restructuration de la place Taksim – qui a été imposée sans aucune concertation citoyenne – mais également d’un contexte général marqué par une vague de réformes néolibérales, de la prolifération absolument non régulée des centres commerciaux, de la loi datant du mois dernier qui vient interdire la vente d’alcool après 22h et de l’intervention musclée trop fréquente de la police à l’occasion de manifestations parfaitement démocratiques. L’arrogance du Premier ministre Erdogan et sa trop grande fermeté ont également attisé le mécontentement.

    AO : Quelle est l’ampleur de la mobilisation ? Qui y prend part ?

    OT : Les premier•e•s à être entré•e•s en résistance sont essentiellement des militant•e•s de gauche, des militant•e•s  écologistes, des militant•e•s  non-organisé•e•s, etc.  La violence déployée par la police à leur encontre a suscité la mobilisation de plus larges secteurs de la société. Des milliers de jeunes militant•e•s non encarté•e•s – et qui, pour beaucoup, prenaient ici part à une activité politique pour la toute première fois – sont descendu•e•s dans les rues pris•e•s de colère. Tous les partis de gauche étaient mobilisés. Quelques syndicats – mais peut-être pas à grande échelle – ont également rejoint la lutte. Le principal parti d’opposition (CHP) et quelques autres groupes de droite nationalistes/pro-armée ont eux aussi rejoint les cortèges. Mais leur influence a été très limitée lors des journées de vendredi et samedi.

    AO : En quoi consiste ce que certain•e•s appellent le « Printemps turc » ? Quelles sont ses implications au niveau régional ?

    OT : Erdogan prétend soutenir les mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient. Mais tandis qu’il fait face à une vague de révoltes à bien plus petite échelle, son gouvernement ne se prive pas de faire usage de la violence policière d’une manière brutale pendant des heures et des heures contre les manifestant•e•s. C’est de l’hypocrisie – cela montre combien le gouvernement turc ne peut en aucun cas servir de « modèle » aux attentes des masses égyptiennes ou syriennes.

    Mais 50% de la société turque vote pour l’AKP (le Parti pour la justice et le développement, parti au pouvoir d’Erdogan) parce que les gens pensent qu’il réalise progressivement les avancées qui ont été obtenues par des mobilisations de masse au Moyen-Orient. La Turquie a une longue tradition d’intervention de l’armée dans la politique par des coups d’État militaires sanglants. Les généraux ont également comploté afin de renverser le gouvernement de l’AKP, prétextant qu’il voulait faire de la Turquie « une sorte d’Iran » en imposant la Charia.

    De nombreuses sections de base de l’AKP veulent un changement et soutiennent Erdogan parce que ces gens sont convaincus qu’il résoudra tout cela – l’exclusion de l’armée de la sphère politique, une solution pacifique à la question kurde, une amélioration en terme de justice sociale. Cela met l’AKP dans une position contradictoire – un programme néolibéral de droite d’un côté, et des millions de votant•e•s au nom d’un « espoir » de liberté de l’autre. Même au plus fort de la contestation, la place Taksim était loin de Tahrir en terme de mobilisation, et son contenu politique ressemblait plus au « Tahrir contre Morsi » qu’au « Tahrir contre Moubarak ».

    AO : En quoi la réponse d’Erdogan à la situation a-t-elle un impact sur le cours de la mobilisation ? D’autres grèves couvrant d’autres aspects du mécontentement sont-elles prévues ?

    OT : Un porte-parole de l’AKP a reconnu que le mouvement avait seulement « réussi à rassembler de nombreux groupes disparates dans la rue. » L’arrogance d’Erdogan et son entêtement à ne jamais faire marche arrière aide la mobilisation à grossir. C’est là la véritable cause de sa première défaite sérieuse depuis onze ans – la police a dû se retirer de Taksim et des dizaines de milliers de personnes ont occupé le parc et l’ont transformé en scène de festival. Désormais le principal but du mouvement consiste à sauver le parc de la destruction et à s’opposer aux plans gouvernementaux de restructuration de Taksim comme un tout.

    AO : Qu’en est-il de l’usage de la brutalité policière et de la récente revendication qui en appelle à la démission du ministre de l’Intérieur ?

    OT : Le ministre de l’Intérieur a fait savoir que 1 730 personnes avaient été arrêtées pendant les manifestations. Des centaines ont été blessées par les assauts de la police qui s’est montrée vraiment brutale, et pas seulement à Istanbul mais dans tout le pays. Dès lors, la démission du ministre de l’Intérieur, comme celles du préfet d’Istanbul et du chef de la police constituent des revendications importantes.

    AO : Qu’en est-il de votre propre expérience dans les manifestations ? Avez-vous vraiment appelé la place Taksim  « Tahrir » ?

    OT : Les manifestations de masse dans la rue ont vraiment été enivrantes pendant deux jours – vendredi et samedi. L’âme du mouvement était comme celle de Tahrir. De nombreux et nombreuses militant•e•s ont fait explicitement référence à la place Tahrir. Des dizaines de milliers ont résisté à la police sans crainte.

    Quand le Parc Gezi a été repris, des tas de gens ordinaires ont célébré cela, puis ils et elles ont rejoint leurs maisons et leurs boulots. Puis est advenue l’influence grandissante des nationalistes pro-armée, pour la plupart des électeurs du CHP, qui ont tenté de transformer les manifestations en quelque chose qui puisse pousser l’armée à passer à l’action contre le pouvoir. Ces gens-là sont hostiles aux Kurdes et à la communauté arménienne, ils s’opposent aux négociations de paix engagées avec les Kurdes (ce qui constitue un point crucial dans l’histoire pour la démocratie en Turquie) et ils désignent le Premier ministre sous le terme de « traitre à la nation ».

    En 1997, des manifestations massives emmenées par la gauche contre « l’État profond1 »  ont été instrumentalisées par l’armée pour forcer le gouvernement islamiste de l’époque à prendre congé. Des groupes essaient aujourd’hui de faire la même chose – leur présence constitue une menace grandissante à l’encontre du mouvement de masse. Cela nous divise et nous affaiblit. Mais ils n’ont pas encore réussi à saboter le mouvement.

    Il s’agit là d’une très sérieuse bataille idéologique que nous devons gagner. Nous ne sommes pas contre ce gouvernement parce qu’il est islamique, mais parce qu’il est conservateur et néolibéral. C’est un gouvernement élu et légitime, et nous ne voulons donc pas qu’il soit renversé par les forces armées qui, elles, ne sont pas élues. Nous voulons que ce gouvernement soit renversé par le mouvement de masse du peuple.

     

    Traduit de l’anglais par Stella Magliani-Belkacem

    Source : http://english.ahram.org.eg/News/73116.aspx

    Photographie: #occupygezi

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    • 1. L’État profond ou « État dans l’État », désigne en Turquie l’idée qu’existe un réseau souterrain de relations entre personnel politique de haut rang, services de renseignement et pouvoirs mafieux, policier et militaire.
    05/06/2013 - 14:42
    Ozan Tekin
     

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    Au Guatemala, la mano dura face aux revendications sociales

    mardi, 4 juin 2013 / Marilyne Griffon /

    Présidente du Collectif Guatemala (France)*

    Le 10 mai 2013, l’ancien général José Efraín Ríos Montt, dirigeant de facto du Guatemala du 23 mars 1982 au 8 août 1983, était condamné pour génocide et crimes contre l’humanité [1]. Quatre-vingt ans de prison ferme, la peine maximale. Ce verdict historique, prononcé par un tribunal national, était annulé par la Cour constitutionnelle guatémaltèque … dix jours plus tard, dans ce qui s’apparente à un véritable coup d’Etat judiciaire [2].

    Malgré tout, c’est un moment historique que vient de vivre le Guatemala, pays où les phénomènes, toujours actuels, de concentration des terres, de racisme et d’absence de démocratie, ont constitué les racines du conflit armé. Une guerre sale de trente-six ans (1960-1996), la plus meurtrière qu’ait connue l’Amérique latine au 20e siècle.

    M. Ríos Montt était jugé pour sa responsabilité dans plus de quinze massacres au cours desquels sont mortes 1 771 personnes, dans les municipalités de Santa María Nebaj, San Gaspar Chajul et San Juan Cotzal, dans le département du Quiché. Ces massacres visaient l’ethnie maya Ixile de l’Altiplano guatémaltèque. Ils ont été perpétrés par l’armée et les paramilitaires alors contrôlés par M.Efraín Ríos Montt et Mauricio Rodríguez Sánchez, son chef des renseignements depuis leur coup d’État du 23 mars 1982. Les massacres systématiques et indiscriminés faisaient partie de la stratégie de « terre brûlée » exécutée par l’armée pour « annihiler l’ennemi interne ». Pour leurs promoteurs, celle-ci se justifiait par la lutte sans merci contre le communisme.

    Mais à la différence des autres peuples martyrs de la région (Honduras, El Salvador, Nicaragua) où la problématique de guerre froide était centrale dans la logique de répression, le conflit au Guatemala se doublait d’une logique interne propre, celle du racisme structurel à l’encontre de la population maya majoritaire et de la peur historique des élites dominantes locales de voir la population indigène accéder à une citoyenneté de plein droit. La logique de guerre froide a dès lors donné un excellent prétexte aux militaires et à l’oligarchie économique pour tenter d’exterminer des populations entières et de tuer dans l’œuf les revendications sociales de plus en plus offensives d’un peuple maya de mieux en mieux organisé.

    M. Efraín Ríos Montt incarne la figure de cette répression brutale menée lors d’un conflit armé interne qui a causé 200 000 morts ou « disparus », un million de déplacés internes, 400 000 réfugiés à l’étranger, et rayé 440 villages autochtones de la carte entre 1960 et 1996. Son gouvernement n’a duré qu’à peine plus d’un an, mais a marqué à lui seul les années les plus sanglantes. Pourtant, suite à la signature des Accords de paix en 1996 et pendant plus de quatorze ans (de 1998 à 2012), il a continuellement bénéficié d’une immunité garantie par son statut de parlementaire. Pasteur d’une secte évangélique fondamentaliste, il était le dirigeant messianique de la lutte antimarxiste, éternel aspirant à la présidence (comme en 2003 où il se présentait comme candidat).

    M. Ríos Montt, actuellement à l’hôpital militaire où il a été transféré deux jours après la condamnation, n’a fait que deux jours de prison. En revanche, ironie de l’histoire, son co-accusé, José Mauricio Rodríguez Sánchez, a, lui, retrouvé la prison préventive du fait de l’annulation du verdict du tribunal qui l’avait acquitté le 10 mai !

    Les suites de cette bataille judiciaire sont obscures. La défense l’a livrée à coups d’appels et de recours de procédure au lieu de proposer un dossier capable de prouver l’innocence des accusés. Mais quand bien même la condamnation pour génocide en venait à être annulée définitivement, un pas énorme a été franchi. Si la justice n’avance pas, le retour à l’oubli, lui, est impossible [3]. Après avoir fait face à soixante-quinze recours et une demande d’amnistie, un tribunal de Guatemala Ciudad rendait publiques plus de neuf-cents preuves et quatre-vingt-dix-huit témoignages démontrant les actes de génocide commis. Surtout, les dix témoignages de femmes victimes de violations sexuelles systématiques ont été reconnus comme preuves de génocide car constituant des actes dont le but était de détruire le tissu social des communautés mayas, une première dans un procès pour génocide [4].

    L’autre question essentielle est à présent de savoir si cette avancée déterminante passera l’envie à quelques-uns de mettre tant d’ardeur à défendre un système où règne une oligarchie sans partage, prête aux pires atrocités pour conserver ses biens.

    L’histoire récente du Guatemala est celle d’une alliance entre les élites traditionnelles locales et les intérêts économiques étrangers. Les exemples n’ont que trop marqué l’histoire du pays. Un pillage organisé avec la complicité des dirigeants et le soutien des forces militaires, qui, sans mener aux sommets d’horreur connus lors du conflit armé, a conduit à l’élimination d’un grand nombre de résistants pacifiques et de dirigeants paysans mayas notamment. La CIA avait ainsi mis fin aux espoirs levés par le printemps démocratique de 1944 à 1954. Celui-ci portait des revendications importantes : droit à la syndicalisation, obtention des terres en friches de la United Fruit Company (aujourd’hui bananes Chiquita) pour les redistribuer aux paysans sans terre. En fomentant le coup d’Etat, l’agence de renseignement américaine venait ainsi au secours de la multinationale exportatrice de bananes, « menacée » par les réformes agraires et du travail, laissant le surnom au pays de « République bananière ».

    Un demi-siècle plus tard, l’histoire semble se répéter. Ainsi, la compagnie pétrolière franco-britannique Perenco s’est illustrée en finançant, depuis 2011, l’armée via des sommes versées au gouvernement pour chaque baril de pétrole prélevé ... Depuis le début de l’année 2013, c’est la multinationale minière canadienne, Tahoe Ressources, qui fait parler d’elle. Les responsables de ses services de sécurité ont donné l’ordre d’abattre « les fils de p… » de paysans indigènes opposés à la mine, tirant sur des hommes désarmés. Les entreprises d’huile de palme ont recours à la force publique pour déloger dans le sang des populations de paysans sans terre occupant les terres fertilesde l’Est, ne manquant pas de détruire leurs abris de fortune et brûler leurs cultures [5]. Les acteurs de projets de centrales hydroélectriques, comme celui nommé « Hydro Santa Cruz », dirigé par une entreprise espagnole dans la ville de Barillas où l’état d’urgence avait été décrété l’année dernière [6], ne sont également pas en reste pour faire intervenir l’armée dès que la tension populaire se fait sentir... La liste est longue des exactions commises au nom des intérêts privés internationaux, soutenus par un régime corrompu et convaincu de son bon droit.

    Le recours à la force armée pour régler des questions sociales est devenu une fâcheuse habitude pour Otto Pérez Molina. Militaire à la retraite, impliqué comme responsable des incendies systématiques organisés contre les communautés Ixiles lorsqu’il était en poste dans la région sous M. Ríos Montt, M. Pérez Molina préside désormais le pays depuis le 14 janvier 2012. Dernière mesure extrême prise pour calmer la colère populaire face au projet minier de Tahoe Ressources (pour lequel, au mépris du droit international, la population autochtone n’a pas été consultée) : l’imposition de l’Etat d’urgence, du 1er au 9 mai dernier [7]. Les restrictions de la liberté de circulation, de réunion et d’assemblée étaient de mises, accompagnées de fouilles, contrôles et arrestations arbitraires, notamment parmi les dirigeants autochtones Xincas.

    En jeu ? L’extraction de métal précieux (or et argent) en opposition aux revendications paysannes de conservation des terres, des ressources naturelles et des cours d’eau afin d’assurer leur subsistance et l’avenir des générations futures, en accord avec leur respect traditionnel pour la Terre Mère.

    Mais ces arguments ne pèsent pas pour les dirigeants d’un pays où les intérêts politiques et économiques sont aux mains d’une même oligarchie, sans conscience nationale lorsqu’il s’agit de livrer les richesses du Guatemala aux appétits féroces des multinationales minières, pétrolières, agricoles ... Depuis le début de l’année 2013, on assiste donc à la recrudescence du "nettoyage social" au sein des dirigeants et communautés mayas en lutte pour la défense du territoire et des ressources naturelles. Cent soixante-neuf attaques de défenseurs des droits humains ont eu lieu au premier trimestre 2013 selon l’Unité de protection des défenseurs du Guatemala (UDEFEGUA) [8].

    L’attention internationale détournée sur le procès pour génocide a délié les mains du gouvernement pour mener la répression à l’encontre des mouvements paysans mayas au Guatemala. Les défenseurs des droits humains et leur soutien ne doivent pas relâcher leur pression. S’informer et faire circuler l’information sur ce qu’il se déroule au Guatemala pourrait permettre de sortir de ce cercle vicieux qui a fait du pays un véritable laboratoire de répression des revendications sociales depuis la chute, en 1954, du dernier gouvernement progressiste.

    *Le Collectif Guatemala est une association créée en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français des droits humains. Le principal objectif de l’association est le soutien aux organisations du mouvement social du pays dans leurs efforts pour construire un Etat de droit. Dans le cadre du projet d’accompagnement international ACOGUATE, le Collectif envoie des volontaires français sur le terrain pour être présents auprès de défenseurs des droits humains menacés. www.collectifguatemala.org/

     

    [1] Pour écouter et lire la condamnation http://ajrguatemala.org/content/audio-de-la-sentencia-condenatoria-en-el-juicio-por-genocidio

    [2] Lire la résolution complète de la Cour constitutionnelle sur l’annulation de la condamnation :
    http://issuu.com/elperiodicoguatemala/docs/foldertotal?mode=window

    [3] Toutes les audiences du procès peuvent être réécoutées en ligne :http://www.paraqueseconozca.blogspot.fr/

    [4] Sur les violations sexuelles comme armes de guerre : http://ajrguatemala.org/content/entrevista-maya-alvarado-sobre-violencia-sexual

    [5] Pour les informations concernant les conflits agraires dans un contexte d’expansion de monocultures (palme africaine et canne à sucre) dans la Vallée du Polochic à l’Est du Guatemala, voir le site : http://valledelpolochic.wordpress.com/

    [6] « Le gouvernement décrète l’Etat de siège à Barillas pour troubles liés au projet de centrale électrique », Prensa Libre, 1er mai 2012 http://www.prensalibre.com/huehuetenango/Disturbios-Huehuetenango-construccion-hidroelectrica

    [7] « Des municipalités au Guatemala en Etat de siège pour des protestations minières », Telesur, 2 mai 2013 http://www.telesurtv.net/presidente-de-guatemala-decreta-estado-de-sitio

    [8] Lire le rapport mensuel de l’Unité de protection des défenseurs du Guatemala (UDEFEGUA) : http://www.udefegua.org/index.php/informacion

    http://www.medelu.org/Au-Guatemala-la-mano-dura-face-aux


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  • Jean-Marc Ayrault

    Politique - le 4 Juin 2013

    Retraites: Jean-Marc Ayrault veut faire comme pour les allocations familiales

    Cela promet. Le premier ministre a expliqué ce mardi que la future réforme des retraites serait "guidée" par les mêmes principes de "justice" et de "solidarité" que celle de la politique familiale, présentée lundi. La note risque d'être salée pour les retraités actuels et à venir, au vu des premières fuites du rapport que doit rendre la Commission pour l'avenir des retraites.

    Vibrant plaidoyer de Jean-Marc Ayrault ce mardi à l'Assemblée. Le chef du gouvernement a tenté de justifier la méthode utilisée par son équipe aussi bien pour la réforme de la politique familiale dévoilée hier, que pour celle à venir du financement des retraites. Selon lui, cette réforme du quotien familial "est la preuve qu'on peut sauver le modèle social français en le réformant, en réduisant les injustices, en répondant à des besoins nouveaux et en apportant plus de solidarité". Question de point de vue. Pour Michel Canet, président de l'Union des familles laïques (UFAL), ces mesures vont dans le sens d'"une semi-privatisation de la politique sociale"

    Fonctionnaires et retraités en ligne de mire

    Cette politique qui ne rompt pas avec l'austérité budgétaire est bien celle que compte mettre en place le gouvernement pour la réforme des retraites à venir. "C'est la politique du gouvernement! C'est celle qui nous conduira pour les autres réformes de notre système social, c'est celle qui nous inspirera pour la réforme des retraites", explique Jean-Marc Ayrault.

    Au vu des premières pistes de mesures que la Commission pour l'avenir des retraites va proposer la semaine prochaine au gouvernement, qui ont fuité ce mardi, cette même méthode risque d'être salée pour:

    • les fonctionnaires: le rapport Moreau, du nom du haut-fonctionnaire Yannick Moreau qui préside cette commission, devrait proposer de changer les règles de calcul des retraites des fonctionnaires, qui ne seront plus basées sur les 6 derniers mois mais sur les 10 meilleures années, en incluant une partie des primes.
    • les retraités: le taux de la contribution sociale généralisée (CSG) des retraités imposables serait aligné sur celui des actifs. On leur supprimerait l'abattement fiscal des 10%, ainsi que le bonus fiscal de 10% pour les ménages ayant eu trois enfants et plus. Comme cela a déjà été décidé par les retraites complémentaires du privé (Agirc-Arrco), les pensions ne seraient pas directement indexées sur l'inflation.
    • les actifs, futurs retraités: en prenant exemple également sur les régimes complémentaires gérés par les partenaires sociaux, une baisse des rendements des retraites du régime général serait mise en place en temps de crise économique. Ainsi les actifs cotisant 100 euros n'en verront que 95 pris en compte pour leur future pension. Ce mode de calcul pourrait être revu en période de plus grande prospérité économique.

    En revanche, les entreprises devraient être préservées, la Commission proposant une légère hausse des cotisations.

    "Ca va être chaud"

    Pour faire passer la pillule aux particuliers, la commission suggère des avantages au titre de la pénibilité, accordés notamment pour les professions qui travaillent la nuit et pour celles exposées à des substances cancérigènes. "Tout cela, c'est la boîte à outils, mais le gouvernement devra choisir et prendre ses responsabilités (...). Cela va être chaud", a commenté un syndicaliste auprès de l'AFP.


    Social-Eco - le 3 Juin 2013

    Retraites: l’avertissement des Français avant la réforme

    Alors qu’une nouvelle réforme est en vue, les Français expriment à la fois une très vive inquiétude et une forte disponibilité à la mobilisation sociale, selon un sondage CSA-l’Humanité. Pour assurer l’avenir du système, ils privilégient la taxation des revenus financiers à l’allongement de la durée de cotisation.

    Très inquiets. Mais pas résignés. Et lucides quant aux possibilités d’éviter une nouvelle régression. Ainsi pourrait-on résumer l’état d’esprit des Français, à l’orée d’une nouvelle réforme des retraites, au vu des résultats du sondage réalisé par l’institut CSA pour l’Humanité.

    L’inquiétude au plus haut niveau

    Plus de huit Français sur dix (83 %) se déclarent aujourd’hui inquiets pour leur retraite. Parmi eux, un fort bloc (35 %) se dit même « très inquiet ». Alors que le chantier de la réforme n’est pas encore officiellement ouvert, c’est un niveau de préoccupation « particulièrement élevé », note CSA. Dix-huit points au-dessus de ce qu’il était en 2010, en pleine bataille contre la réforme Fillon. Les plus inquiets sont les personnes de la tranche d’âge 25-49 ans. Les femmes (86 %) se montrent davantage soucieuses que les hommes (80 %).

    Rien d’étonnant au regard de l’enjeu d’un tel dossier pour la vie de nos concitoyens. À quel âge pourrais-je décrocher d’un travail qui, souvent, apporte davantage de souffrances que de satisfaction ? Quel sera alors, et pour une période de vie qui, par-delà de fortes inégalités, s’allonge, mon revenu garanti ? Ces questions taraudent légitimement les Français, d’autant plus que les précédentes réformes (1993, 2003, 2010) ont toutes été synonymes de réduction des droits, de durcissement des conditions d’accès à la retraite. Et que le gouvernement Ayrault semble, en la matière, vouloir s’inscrire dans la continuité de ses prédécesseurs. S’il n’a pas encore explicitement abattu ses cartes, la répétition de ses appels aux « efforts », au motif d’éponger le déficit, ne laisse guère de place au doute. Deux pistes austères sont, de toute évidence, dans les tuyaux : l’allongement de la durée de cotisation et la désindexation des pensions par rapport aux prix (lire ci-contre). Pas vraiment de quoi apaiser. D’autant que le patronat pèse déjà de tout son poids sur le débat, en prônant une durée de cotisation de 43 ans, et un report de l’âge légal à 65 ans.

    Davantage prêts à se mobiliser qu’en 2010

    Inquiets, mais pas tétanisés ! Les Français sont à peu près aussi nombreux (78 %) à se dire prêts à se mobiliser pour défendre le niveau de leur retraite. Cette disponibilité est même en hausse de 20 points par rapport à ce qu’elle était au printemps 2010. Le bloc de celles et ceux qui se disent « certains » de répondre aux appels à l’action reste stable, mais la proportion de sondés qui semblent ne plus refuser cette possibilité et au contraire l’envisagent augmente nettement (42 %, plus 20 points), relève l’institut.

    C’est un très net avertissement pour tous ceux qui se prépareraient à imposer, ou à accompagner, de nouveaux mauvais coups contre le droit à la retraite. Et un encouragement pour ceux qui, comme la CGT, rappellent qu’il sera indispensable, en 2013 comme lors des précédentes réformes, de mobiliser : « Aucune avancée ne sera obtenue sans l’instauration d’un rapport de forces », pointe Éric Aubin, dans l’entretien qu’il nous a accordé.

    Déjà, du plan Juppé, qui voulait faire la peau aux régimes spéciaux, à la réforme Sarkozy-Woerth de 2010 qui a tué la retraite à 60 ans, ces vingt dernières années, les plus puissants mouvements sociaux ont visé la défense des retraites. De l’avis de beaucoup d’analystes, la mobilisation de 2010 a pesé lourd dans la défaite de Sarkozy deux ans plus tard. Détail qui n’échappera pas aux observateurs politiques : si, selon notre sondage, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2012 sont très massivement disposés à se mobiliser (84 %), ceux de François Hollande (au 1er tour de la présidentielle) ne sont pas en reste (77 %). Logique dans la mesure où, eux aussi, après avoir pris part au grand mouvement de 2010, ont voté pour le changement, et non pour la poursuite des attaques contre notre système de retraite.

    Solutions : il n’y a pas que l’austérité !

    Les réponses à la troisième question posée par l’institut CSA présentent au moins autant d’intérêt. C’est l’état financier du système de retraite, et donc son déficit (13,2 milliards en 2011 pour l’ensemble des régimes), qui est avancé par les pouvoirs publics pour justifier la future réforme. Pour le résorber, il n’y aurait le choix, nous dit-on en général, qu’entre plusieurs remèdes plus ou moins douloureux : allongement de la durée de cotisation obligatoire pour avoir droit à une pension à taux plein (actuellement de 41 ans), diminution des pensions, hausse des cotisations. Les solutions alternatives défendues, notamment par le Front de gauche, des économistes, et, dans le mouvement syndical, la CGT, sont le plus souvent tenues à l’écart du débat.

    C’est pourtant l’une d’entre elles, la mise à contribution des revenus financiers, qui obtient le plus de suffrages parmi les personnes sondées par CSA, avec 64 % de faveurs, soit 14 points de plus qu’en 2010. Là aussi, les électeurs de François Hollande sont au diapason de ceux de Jean-Luc Mélenchon, alors qu’à droite, les sarkozystes, sans surprise, donnent leur préférence à l’accroissement de la durée de cotisation. Selon des estimations, la taxation des revenus financiers des entreprises au même niveau que les cotisations sociales acquittées par les salariés rapporterait environ 20 milliards d’euros dans les caisses de la Sécurité sociale. Soit l’essentiel du déficit des régimes de retraite… L’option allongement de la durée des cotisations arrive loin derrière (39 % des réponses). Une raison de plus, s’il en fallait, pour réclamer du gouvernement l’ouverture d’un débat sans tabou sur les moyens d’assurer l’avenir de la retraite par répartition.

    Yves Housson

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  • Despotisme éclairé

    David Pestieau

    La N-VA défend l’indépendance et le PS se dit résolument à gauche. Point commun : tous les deux soutiennent l’Union européenne. Qui ne permet ni l’indépendance ni une politique de gauche.
        Notre pays a manqué de recevoir une amende européenne – de 750 à 950 millions d’euros – pour « déficit excessif ». Calimero Elio, qui ne trouvait pas ça juste, a écrit une lettre au commissaire européen Olli Rehn : « Aucun État membre de la zone autre que la Belgique n’a connu une augmentation aussi faible de son taux d’endettement. » Et encore : « Au total, les mesures décidées par le gouvernement atteignent un impact cumulé de 20 milliards d’euros. »1 L’élève Di Rupo écrit en somme : « Je ne dois pas être mis au coin car j’applique bien vos leçons. Et, pour montrer ma bonne foi, la Belgique fera un effort supplémentaire d’un milliard en 2013. »
        Lors du contrôle budgétaire de mars 2013, le PS affirmait avoir obtenu de « haute lutte » que notre pays économise... un milliard en moins : un « ballon d’oxygène ». Un ballon éclaté, entretemps. Et le gouvernement l’a promis-juré : nous économiserons encore 3,5 milliards en 2014. Le tout décidé avant le 21 septembre.
        Ce qui nous garantit de nouvelles attaques antisociales, en plus de celles, en cours, sur les salaires et statuts et celles sur les pensions . Le « ouf » de soulagement poussé par le gouvernement – pour avoir évité l’amende – est un énorme soupir pour la population.

     Les peuples n’acceptent plus ce    despotisme éclairé. Ils veulent reprendre en mains leurs destins et descendent dans la rue


        Les effets étouffants du Traité budgétaire européen se font déjà sentir. La Commission prend de plus en plus le contrôle des politiques budgétaires et sociales. Où se trouve encore la démocratie s’il ne peut plus y avoir d’autres choix politiques ? Le journaliste Pascal Lorent note : « La ratification du Traité budgétaire européen était l’occasion d’un vaste débat incluant élus, associations, citoyens... Au lieu de cela, les députés vont docilement voter, en se préoccupant plus de loyauté entre partenaires de majorité que des conséquences d’une telle adoption. Dans quelques années, ces mêmes élus, en nous resservant l’austérité, se défausseront sur cette “vilaine Europe”. En réalité, l’absence de débat sur ce traité est un aveu : la démocratie est un jeu que le politique accepte jusqu’à un certain point. Au-delà, il préfère pratiquer un despotisme éclairé. » 2
        Peter Van Rompuy, sénateur CD&V et fils d’Herman, doit avouer : « Nous savons ce que nous devons faire. Mais nous ne savons pas comment survivre aux prochaines élections. » Que la Commission européenne place « ce gouvernement et le prochain sous curatelle » comme l’écrit le journal économique De Tijd, devient pratique pour ces partisans du despotisme éclairé. Ils peuvent affirmer qu’il n’y a rien à faire car « l’Europe l’a imposé ». Mais ce transfert de pouvoirs spéciaux, ce sont pourtant bien eux qui l’ont organisé !
        Mais les peuples n’acceptent plus ce despotisme éclairé. Ils veulent reprendre en mains leur destin et descendent dans la rue. Au Portugal, en Italie, en Grèce et, aujourd’hui, en Turquie. Et ce 6 juin en Belgique.


    1. Voir lettre révélée dans Le Soir et De Standaard du 31 mai. • 2. Le Soir 28 mai 2013

    http://www.ptb.be/index.php?id=1326&L=1&tx_ttnews[tt_news]=35116&cHash=9a0adaffbcb3f80d8b25460b81d269fb


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  • Impôts: l'aveu fortuit de Henri Guaino

    « Toutes les fortunes de France négocient leurs impôts, vous le savez parfaitement » : voilà la stupéfiante réponse que m’a apportée Henri Guaino, député UMP des Yvelines, lors de l’émission Mots croisés sur France 2 consacrée lundi soir  au scandale Tapie, pour tenter de justifier l’implication de Claude Guéant dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.

    Cette implication de Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, dans le dossier fiscal de Bernard Tapie, je l’ai racontée par le menu sur Mediapart. J’ai fait, voici quelques semaines, l’objet d’une réquisition judiciaire de la part des trois juges d’instruction chargés du scandale Tapie. Observant que j’avais mentionné à plusieurs reprises dans des articles que j’avais la preuve de tractations entre Bernard Tapie et Claude Guéant au sujet de ses impôts, les trois juges m’ont requis de leur fournir cette preuve, « si tant est qu’elle existe », m’ont-ils écrit.

    Comme je m’en suis expliqué sur Mediapart (Lire Affaire Tapie: l'enregistrement qui met en cause Claude Guéant), j’ai donc accepté de remettre aux juges la preuve en question, tout en refusant au nom du secret des sources de leur indiquer son origine. Et cette preuve, qui est un enregistrement de Bernard Tapie (que l’on peut écouter dans ce même article) confirme que l’homme d’affaires a bel et bien rencontré en mai 2009 le secrétaire général de l’Elysée de l’époque, pour parler avec lui de ses impôts, liés à l'arbitrage. Ce qui est un passe-droit dont les contribuables ordinaires ne jouissent en général pas.

    Or, on sait la suite de cette histoire. J’ai révélé dans un article ultérieur que trois mois après cette rencontre entre Bernard Tapie et Claude Guéant, l’Etat n’a pas fait appel d’une décision d’un juge commissaire du tribunal de commerce de Paris et a donc passé l’éponge sur 15 millions d’euros de créances fiscales que l’Etat détenait sur Bernard Tapie (Lire Tapie : le fisc passe l’éponge sur 15 millions d’impôts). Et notamment, l’Etat a en particulier renoncé à recouvrer la totalité de l’impôt sur le revenu de Bernard Tapie, pour les années 1992 et 1993, pour près de 12 millions d'euros.

    Lors de l’émission, j’ai donc interpellé Henri Guaino, qui n’a jamais porté Claude Guéant dans son cœur, mais qui s’est envers et contre tout appliqué à le défendre. Je l’ai interpellé sur les innombrables irrégularités du scandale Tapie et sur les passe-droits dont l’homme d’affaires a profité, et notamment à l'occasion de cette concertation fiscale. « Pourquoi vous ne dites pas si Claude Guéant a effacé les impôts de Bernard Tapie : "ce n'est pas conforme à ma conception de l'égalité des citoyens devant l'impôt" ? », lui ai-je en particulier demandé.

    Et c’est à ce moment de notre échange que l’ex-plume de Nicolas Sarkozy m’a fait cette réponse sidérante : « Laissons les impôts de côté. Pardon, toutes les fortunes de France négocient leurs impôts ».

    Ah bon ! Voilà une nouvelle importante… Un ancien proche collaborateur de Nicolas Sarkozy confirme en personne que sous le précédent quinquennat le principe de l’égalité des citoyen devant l’impôt, principe fondateur de notre République consigné dans la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens, n’était plus que chiffon de papier et avait été remplacé par une autre règle : selon que vous serez puissant ou misérable.

    Sur le champ, la petite phrase d'Henri Guaino a donc déchaîné les passions sur les réseaux sociaux. On comprend pourquoi, car la nouvelle est d’importance. Vos impôts vous donnent du souci ? Dans ce cas-là, n’allez plus frapper à la porte de votre inspecteur des impôts ? Non, allez frapper directement à celle de l’Elysée. Enfin ! Seulement si vous êtes riche…

    http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-mauduit/040613/impots-laveu-fortuit-de-henri-guaino


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  • Rubalcaba-lider-partido-griego-Syriza_EDIIMA20130530_0670_1.jpgLe chef de Syriza, Alexis Tsipras, rencontre à Madrid ... les dirigeants du PS espagnol et propose des points de convergence

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    La nouvelle a fait grincer des dents du côté d'Izquierda Unida. Invité par cette formation politique, membre du PGE (Parti de la gauche européenne), Alexis Tsipras a de son propre chef sollicité une rencontre préalable avec les dirigeants du PSOE.

     

    Izquierda Unida (IU) avait annoncé en grande pompe une conférence de presse au Congrès des députés espagnol avec le coordinateur d'IU Cayo Lara, le président du PGE Pierre Laurent et les secrétaires des deux centrales syndicales réformistes espagnoles, CC.OO et UGT.

     

    La « guest star » de cette initiative, le président du parti « de gauche » grec SYRIZA, Alexis Tsipras. Une rencontre préparatoire à la grande opération préparée par le PGE en vue des européennes de 2014, autour d'une gauche euro-compatible.

     

    Cayo Lara avait présenté, lors de la X ème Conférence d'Izquierda Unida, SYRIZA comme le modèle organisationnel à suivre. Un objectif que ne partagent pas un certain nombre de militants communistes, ainsi que l'UJCE (JC espagnole), voyant plutôt dans le KKE un point de référence.

     

    Or, Alexis Tsipras joue aussi une carte plus personnelle, dans un projet politique plus large : se poser comme leader de toute la gauche unie européenne, allant jusqu'au PS. C'est ainsi qu'il a sollicité une rencontre avec les dirigeants du PSOE, et s'est vu invité à une initiative commune.

     

    Ce 30 mai, Tsipras était l'invité d'honneur d'une initiative organisée par les « Fondation Alternatives » et « Association des économistes face à la crise », deux fondations liées au PS, l'équivalent (plus à gauche, si!) de nos Fondations Terra Nova ou Jean-Jaurès.

     

    Parmi les autres intervenants, non seulement le secrétaire-général du PSOE Alfonso Perez Rubalcaba mais aussi l'ancienne ministre socialiste Cristina Narbona, l'économiste socialiste Jorge Fabra Utray et un vétéran de la liquidation du communisme, Nicolas Sartorius.

     

    « Quelle Europe voulons-nous ? », était le thème du débat. Les réponses d'Alexis Tsipras sont, comme toujours, éclairantes sur un projet politique qui se propose de réformer l'Union européenne, dans un projet d'aménagement du capitalisme, le tout en collaboration avec le capital européen.

     

    Tsipras propose ses conseils au PSOE : retrouvez l'esprit de Felipe Gonzalez (sic) !

     

    Pourquoi Alexis Tsipras, le pourfendeur du PASOK – avec lequel pourtant sa formation collabore dans les pouvoirs locaux et régionaux – a-t-il sollicité cette rencontre avec les dirigeants du PSOE, pionniers de la politique de casse sociale européenne, avec le plan d'austérité de Zapatero en 2008 ?

     

    Tsipras a rendu public un échange privé avec Rubalcaba lui avouant que l'héritage de la casse sociale orchestrée par Zapatero était lourd à porter politiquement. Sa réponse :

     

    « Je lui ai dit qu'il fallait qu'il fasse un changement de cap vers la gauche, qu'il en finisse avec cette politique de soumission aux dogmes néo-libéraux ».

     

    En fait, loin de critiquer le rôle objectif et historique joué par la social-démocratie, Tsipras regrette juste que le PS … ait abandonné son rôle historique de canalisation du mouvement social, de rempart face au mouvement révolutionnaire :

     

    « La social-démocratie s'est rendue à l'hégémonie néo-libérale qui n'a plus rien à voir avec Mario Soares (sic) ou Felipe Gonzalez (re-sic), elle est à la croisée des chemins ».

     

    Nos camarades espagnols apprécieront l'hommage à Felipe Gonzalez, à l'avant-garde des politiques de dérégulation du marché du travail, artisan de l'entrée dans la CEE puis dans l'OTAN !

     

    Tsipras ajoute une couche, rappelant l'exemple du PASOK : « Dans notre pays, cela a conduit à la rupture avec les couches sociales qu'elle représentait ».

     

    Conseil ultime de Tsipras : « la social-démocratie doit se demander si elle va vers la droite néo-libérale ou préfère s'allier avec la gauche. Avant les élections, on disait que la victoire de SYRIZA conduirait au départ des entreprises, c'est ce qui se passe avec ce gouvernement de la Troika ».

     

    La négation de toute analyse de classe : toutes les fractures « sociales » sont bonnes … sauf celles de classe !

     

    Le plus frappant dans le discours prononcé par Tsipras est l'absence de toute analyse de classe, substituant la fracture de classe par diverses « fractures sociales ».

     

    Première fracture : celle opposant les « citoyens » aux « marchés ». Les « citoyens », ce sont toute la population, patrons comme ouvriers, cadres supérieurs comme employés. Les « marchés » sont censées être des forces impersonnelles, incontrôlables, détachés des rapports de propriété.

     

    Le programme de Tsipras est alors simple : rétablir la « démocratie » citoyenne contre la dictature des marchés, remettre l'  « humain » au centre face à l' « inhumanité » des marchés. Dans cette œuvre, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, y compris celle des patrons.

     

    Le 13 mai dernier, Alexis Tsipras s'est ainsi rendu à l'Assemblée annuelle de la Fédération des industriels grecs (MEDEF héllène) pour réaffirmer ses meilleures dispositions à leur égard.

     

    Deuxième fracture : celle opposant « pays du Sud » aux « pays du Nord ». Tsipras dénoncé l'égoisme allemand, propose un « front commun » des pays du Sud, non pas pour sortir de l'Europe mais au contraire obtenir une modification du rapport de force dans l'UE.

     

    Démagogie germanophobe ? Un zeste mais dans le fond, le discours est bien plus celui d'une collaboration bien sentie : « Préférons-nous une Allemagne européenne ou une Europe allemande ? »

     

    « On aurait du (les pays du Sud) faire front commun et dire : avec cette politique, c'est l'Euro au nord du Rhin. L'Allemagne aurait alors eu à réfléchir au retour au Mark et si ils auraient eu le même rôle hégémonique sans l'Euro. Avec cette politique, l'Europe va à la catastrophe ».

     

    Dans sa politique d'alliance entre « pays du Sud », naturellement, Tsipras a besoin de la collaboration des Partis socialistes d'Europe du sud, dont les PS portugais et espagnols, ainsi que de la bourgeoisie de ses pays-là.

     

    Troisième fractrure : celle entre les « jeunes » qui votent SYRIZA et les « vieux » qui votent à droite. Une ligne de fracture tout autre que de classe poursuivant un but politique : faire passer SYRIZA pour le parti de l'avenir, canalisant la colère d'une jeunesse frappée par le chômage et instable politiquement.

     

    Là où la social-démocratie se présentait comme le « parti de la classe ouvrière » pour mieux proposer ses services à la bourgeoisie, Tsipras se présente comme le « parti des citoyens », de la « jeunesse », des « pays du Sud » pour mieux gommer toute conscience de classe !

     

    SYRIZA représenterait la jeune gauche, moderne, ouverte sur les nouveaux mouvements sociaux, la force de renouvellement de la gauche traditionnelle, socialiste et communiste, de vieille tradition ouvrière ... en même temps que leur réconciliation ultime.

     

    Une ligne résolument européiste : « SYRIZA va sauver l'Europe »

     

    De façon quasi obsessionnelle, Tsipras tient à inscrire SYRIZA dans le consensus pro-européen dominant, mieux de la présenter comme la seule force capable de sauver l'Euro et l'Union européenne.

     

    « SYRIZA n'est pas l'ennemi, mais l'allié numéro un de l'Europe. Ceux qui appliquent l'austérité détruisent l'Europe. Les européistes, c'est nous ».

     

    En signe d'allégeance, Tsipras a même cité un « père fondateur » de la CEE, Jean Monnet, le banquier, l'homme de main des américains en France après-guerre : « nous ne créons pas une alliance entre Etats, nous unissons des êtres humains ».

     

    Faire passer le père du marché commun, Monnet, comme un « humaniste », la ficelle est grosse. Mais elle n'est pas la seule référence historique commune entre SYRIZA et les partis socialistes comme les partis de droite conservateurs.

     

    Nouveau Plan Marshall, New Deal, Euro-bonds : sortir de la crise en restant dans le capitalisme ... et en renforçant l'UE !

     

    Car Tsipras n'en reste pas aux déclarations d'intention. Il avance des propositions claires pour sortir de la crise … tout en restant dans le capitalisme et renforçant l'intégration européenne, inscrivant le tout non dans une lutte mais dans l'adoption de propositions de bon sens par les dirigeants de l'UE.

     

    « Nous présentons un plan politique qui vise au sauvetage de l'Europe, à partir des pays du sud », avance Tsipras

     

    Première idée : la sollicitation d'uneréduction de la dette de la Grèce, dans l'intérêt de l'UE. Sa référence historique, « les accords de Londres de 1953 qui ont liquidé 60% de la dette allemande et un moratoire pour payer le reste. C'est ainsi que nous avons évité la guerre ».

     

    Une vision totalement a-historique, déconnectée de toute analyse de classe et anti-impérialiste :

     

    La dette de la RFA a été re-structurée en 1953 dans un contexte de guerre froide. L'Allemagne de l'ouest constituait, dans le dispositif de l'OTAN, un rempart contre le communisme et un allié indispensable dans le redressement du capitalisme européen.

     

    Tsipras veut sensibiliser les dirigeants européens : peut-être veut-il leur montrer que leur intérêt est d'aider la Grèce à se relever pour sauver l'Euro, l'UE donc le capitalisme européen. La seule différence : la Grèce est plus le maillon faible que le maillon fort de cette Europe-là.

     

    Deuxième idée : un plan d'investissements pour redresser l'économie européenne. Ce plan, pour lui, se nomme« nouveau plan Marshall » pour l'Europe, un « New Deal généreux et efficace ».

     

    Qui dit « Plan Marshall », « New Deal » dit nécessairement sortie de crise par le renforcement du capitalisme, sollicitation d'investissements privés mais aussi publics pour relancer la machine capitaliste.

     

    Enfin, Tsipras propose une « banque européenne d'nvestissement pour promouvoir l'emploi et la cohésion sociale. Et que la Banque centrale européenne joue réellement son rôle de banque de prêts ».

     

    Tsipras a relancé l'idée de l' « émission d'euro-bonds », la vieille proposition des socialistes européens, qui constituerait une vaste socialisation, à l'échelle européenne, des dettes publiques nationales, elles-mêmes héritées de la socialisation des dettes privées.

     

    Pour conclure, le projet de Tsipras, c'est : sauver le capitalisme européen, en comptant sur les bonnes volontés des investisseurs ; renforcer l'intégration européenne, en proposant ses services pour « sauver l'Europe » et réformer l'Union européenne !

     

    Les dirigeants socialistes espagnols pour une « alliance intelligente » avec Tsipras

     

    Quelle fut la réponse des économistes et dirigeants socialistes réunis ? Enthousiaste.

     

    L'économiste Jorge Fabra Utray l'a présenté comme « le futur premier ministre grec ». Il faut « que ta voix se fasse entendre au Conseil européen » a souhaité l'économiste socialiste.

     

    L'ancienne ministre Cristina Narbona et le liquidateur Nicolas Sartorius ont rejoint les thèses exprimées par Tsipras.

     

    Sartorius, un des dirigeants fondateurs d'IU, aujourd'hui au PS, a lancé un appel à une « smart alliance » avec le parti de Tsipras et d'autres forces de gauche, plutôt qu'un « front des pays du Sud contre ceux du Nord ».

     

    L'ancienne ministre socialiste a analysé la crise comme un prétexte pour « mener à bien une idéologie bien précise ». Pour elle, il faut élaborer « une grande alliance des citoyens européens, par-delà les frontières, sur les bases de l'équité et du progrès ».

     

    Narbona a tenu à défendre le PSOE en insistant sur le fait qu' « ici nous ne gouvernons pas avec la droite, nous gouvernons avec IU en Andalousie et en Asturies, et nous faisons des choses différentes que celles du gouvernement du PP ».

     

    Encore une épine dans le pied d'IU, car rappelons les premières mesures adoptées par la nouvelle Junte régionale d'Andalousie de « gauche » : augmentation du temps de travail, baisse des salaires de leurs fonctionnaires et licenciement d'une partie du personnel de la communauté régionale.

     

    La visite d'Alexis Tsipras à Madrid est lourde de sens et révélatrice du programme du Parti de la gauche européenne dont il est désormais la figure de proue :

     

    ré-orienter le PS vers la gauche, pour une sainte alliance réformiste ; sortir de la crise en restant dans le capitalisme, avec un plan de relance keynésienne (New Deal) aux références atlantistes (Plan Marshall) ; enfin sauver l'Europe, en renforçant toujours plus l'intégration européenne au service du capital (euro-bonds, renforcement de la BCE, de l'Euro).


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  • LES ALLOCATIONS FAMILIALES VUES PAR CROIZAT

    Publié par aragon 43 

    AMBROISE CROIZAT LE BÂTISSEUR DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

    LES ALLOCATIONS FAMILIALES VUES PAR AMBROISE CROIZAT

    Je viens d’entendre les décisions prises par le gouvernement concernant les allocations familiales.

    Il ne touche pas aux allocations familiales et à leur universalité, c'est-à-dire pour toutes les familles.

    Croizat et les législateurs de l’époque avaient une haute idée de la politique familiale, de la natalité pour relever le pays et d’assurer la continuité et le développement générationnel, de l’aide à toutes les familles, quelles qu’elles soient, pour une France capable de redresser sa pyramides des âges compromise à cette époque.

    Chacun se rappellera du formidable Baby-boom des années d’après guerre et aujourd’hui encore de ce taux de natalité qui est le plus important d’Europe et qui assure le renouvellement des générations.

    En touchant au quotient familial le gouvernement casse cependant une dynamique, celle d’un renouvellement des âges, et aussi créé un appauvrissement des familles qui n’auront plus droit à certaines prestations sociales.

    Il ouvre aussi la porte à la différenciation selon les ressources des allocataires par les attaques sur le quotient familial qui pourront se faire ensuite pour d’autres prestations et notamment pour l’assurance maladie et les complémentaires où déjà les compagnies d’assurance proposent des tarifs différents selon les ressources ou l’âge.

    Voici la déclaration d’Ambroise Croizat à l’Assemblée nationale lors de la présentation de la loi concernant les allocations familiales qui allaient permettre de doter notre pays d’un taux de natalité incomparable.

    Bernard Lamirand, animateur du Comité d’honneur national Ambroise Croizat

    J’en cite des extraits les plus significatifs de la loi présentée par Ambroise Croizat lors de la séance de l’Assemblée nationale du 6 Aout 1946.

    Extraits :

    S’adressant aux députés de l’Assemblée constituante :

    « Vous savez quels ont été les principales étapes des efforts accomplis. La première tâche a consisté à édifier une administration capable de prendre en charge la Sécurité sociale de tous les habitants du pays »…

    « Dans cette organisation, les allocations familiales avaient naturellement leur place. On a soutenu, sans doute, qu’elles possédaient une technique qui leur était propre, qu’elles répondaient à des préoccupations démographiques et familiales qui risquaient d’être méconnues si ce système d’allocations étaient confondu dans l’ensemble de la Sécurité sociale. Ces réserves n’ont pas résisté à l’examen.

    D’une part, la technique des allocations familiales n’est pas autre chose qu’une technique de répartition qui ne diffère en rien, par sa nature, de la technique de répartition appliquée dans le domaine des assurance sociales.

    D’autre part, et peut surtout, des préoccupations démographiques et familiales dominent non seulement la législation des prestations familiales mais aussi celles de toute la Sécurité sociale .»…

    « C’est une vérité évidente qu’un plan de Sécurité sociale ne peut être efficace sans un redressement de la natalité, sans un effort de tous les instants pour donner au pays une jeunesse vigoureuse et nombreuse.

    D’autre part, la Sécurité sociale tout entière s’adresse avant tout aux familles. Son but est de débarrasser toutes les familles de ce souci du lendemain, de cette hantise de la misère qui pèsent si lourdement sur tous les travailleurs. Ce ne sont pas seulement les prestations familiales proprement dites, c’est l’ensemble des prestations de la Sécurité sociale, c’est l’ensemble des réalisations sanitaires et sociales qui doivent être commandées par ces préoccupations qui sont et qui demeureront au premier plan de l’activité de tous les promoteurs de la Sécurité sociale.

    Sans doute a-t-on parfois exprimé la crainte que lorsque les mêmes institutions auront la charge, d’un côté, d’encourager les naissances et de subvenir aux besoins des enfants et, de l’autre, de servir des retraites, l’on ne soit tenté de sacrifier les enfants aux vieillards. Mais, je le disais il y a un instant, il ne saurait y avoir de concurrence entre les enfants et les vieillards puisque ce sont les enfants qui deviendront un jour les travailleurs dont l’effort permettra de servir les retraites aux vieillards »…

    « L’expérience montre d’ailleurs, par un singulier retour des choses, que, dans la pratique, ce sont les vieillards qui vont venir en aide dès le début du fonctionnement du régime nouveau, aux familles et aux enfants. En effet, le relèvement considérable de la charge des prestations familiales que vous allez voter aujourd’hui va exiger de toutes les caisses d’allocations familiales un effort de trésorerie que beaucoup d’entre elles ne seront pas en mesure d’assumer du jour au lendemain. Il va donc falloir, et c’est là le paradoxe, leur fournir cette trésorerie et celle-ci, pendant quelques semaines au moins, va être assurée sur les fonds d’allocations aux vieux travailleurs. »….

    « Vous savez aussi que la législation de ces caisses d’allocations familiales enlevées au monopole patronal sera désormais le fait d’administrateurs représentant les allocataires eux-mêmes, désignés provisoirement par les organisations professionnelles intéressées et, dans quelques semaines, élues au suffrage universel par l’ensemble des allocataires. »…

    « Les Allocations familiales ont été créées, à l’origine, sur des initiatives patronales, dont je me plais à soulignais la générosité et les réalisations audacieuses et fécondes. »…

    « C’est seulement en 1932 que le législateur est venu donné une consécration définitive à cette institution en lui conférant un caractère général obligatoire. »…

    « Les allocations, en effet, se sont en partie détachées du salaire. Leur taux, fixé nationalement par la loi, est indépendant, en fait, des salaires touchés par les salariés. D’autre part, les allocations elles-mêmes ont été étendues à des catégories de personnes qui n’accomplissent pas un travail salarié, aux travailleurs indépendants d’abord et surtout, et ensuite aussi à certaines catégories de personnes n’appartenant pas à la population active, les veuves et les pensionnés de guerre, par exemple.

    Ainsi d’une manière imperceptible, les allocations familiales sont devenues véritablement une charge nationale, la contribution du pays tout entier aux charges qui pèsent sur ceux qui font l’effort d’avoir un enfant ; elles sont devenues la participation de la collectivité aux charges qu’exige l’éducation des enfants. »…

    « C’est de ce point de vue surtout que la loi que vous discutez aujourd’hui marque une étape nouvelle. Elle consacre, en effet, formellement, le caractère de charge nationale de l’ensemble des prestations familiales. Elle affirme le droit de toutes les familles, sans distinction au bénéfice des prestations familiales.

    Comme la Sécurité sociale, les prestations familiales doivent s’étendre à toute la population du pays, c’est la règle nouvelle qui est aujourd’hui posée. »…

    « C’est ce principe qui justifie légalement l’établissement, pour couvrir l’ensemble des prestations familiales, d’une cotisation uniforme applicable quelles que soient les régions et quelles que soient les professions, ainsi que le prévoyait déjà l’ordonnance du 4 Octobre 1945 entrée en application le 4 juillet dernier. »…

    « C’est ainsi qu’un ensemble d’innovations essentielles se trouve consacré dans cette loi. C’est d’abord l’institution des allocations prénatales, qui fait remonter à la conception le point de départ des allocations servies pour chaque enfant et qui doit permettre plus aisément à chaque mère de couvrir les charges nécessitées par sa grossesse et la préparation de naissance.

    C’est ainsi également que les primes de première naissance se trouvent remplacées, sur l’initiative heureuse prise par votre commission, par des allocations de maternité, combinant le souci d’encourager les naissances et l’aide à apporter à toutes les mères pendant les premières semaines qui suivent l’accouchement. »…

    « Nous considérons toujours que le problème social ne doit pas rester à l’état d’immobilité absolue. Il doit évoluer comme tous les autres. Mais il est aussi, dans les circonstances présentes, fonction de l’amélioration substantielle de notre situation économique générale. C’est dans ce sens et par l’effort des producteurs eux-mêmes que nous pourrons ainsi, dans le cadre de la prospérité générale envisager l’instauration dans notre pays d’un véritable système social qui assurera à tous les français et françaises le maximum de sécurité à l’égard de tous les risques dont ils sont ou peuvent être menacés au cours de leur existence. En disant cela, je songe aux familles, aux mères, et aux enfants de notre pays.

    Le problème démographique reste, en effet, au centre de nos préoccupations et la politique de la France, la politique de la République française, consiste à se pencher particulièrement sur cette question car elle constitue également un élément de première importance pour retrouver la prospérité nationale. »…

    Intervention Ambroise Croizat,

    Bernard LAMIRAND

    Animateur national du Comité d’honneur Ambroise Croizat

    http://ber60.over-blog.com/les-allocations-familiales-vues-par-croizat


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  • Estambul chante "Bella Ciao"

     
     

    En vidéo : l’arrivée des « indignés » turcs sur la place Taksim

    Par Rédaction (3 juin 2013)

    Un 1er juin ensoleillé, sur les rives du Bosphore, aux côtés des milliers de manifestants qui convergent vers la place Taksim pour protester contre la politique et la répression menées par le gouvernement conservateur turc.


    Ce samedi 1er juin, des milliers de manifestants arrivent par bateaux entiers sur les rives du Bosphore et convergent vers la place Taksim, au centre d’Istanbul. Objectif : occuper la place, nouveau symbole de la contestation du gouvernement de droite conservatrice de l’AKP (Parti « pour la justice et le développement ») et de son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. La révolte est née d’un projet d’aménagement urbain polémique – un centre commercial à la place d’un parc – et s’est muée en contestation de la politique autoritaire et répressive du gouvernement, dont la police a procédé en deux jours à 1 700 arrestations.

    Voici un « No comment » en images de l’arrivée des manifestants :

    http://www.bastamag.net/article3105.html

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