• Olivier Berruyer le 28 juin 2012

    Graphiques extraits du billet :

    En exclusivité, et grâce au travail de 3 lecteurs du blog (Alban, Lisa et Olivier) que je remercie, voici en exclusivité le fameux rapport Van Rompuy sur le “fédéralisme”.

    Téléchargez le rapport Van Rompuy en cliquant ici.

    Au menu :

    L’union économique et monétaire a été mise en place pour apporter la prospérité et la stabilité en Europe.

    des mécanismes efficaces pour prévenir et corriger des politiques fiscales non-viables dans chaque État membre sont indispensables.

    pouvoir être compétitifs dans une économie mondialisée

    Les prises de décisions concernant les budgets nationaux sont le cœur des démocraties parlementaires en Europe

    Construire un soutien populaire en faveur des décisions au niveau européen qui ont un impact fort sur la vie quotidienne des citoyens est fondamental.

    les instances au niveau de la zone euro seront aptes à exiger le changement des enveloppes budgétaires…
    … tout en gardant à l’esprit qu’il faut assurer la justice sociale. [=> foutage de gueule, bien entendu]

    et croissance, croissance, croissance…

    Bonne lecture (c’est rapide et aisé, contrairement au G20)

    Et à suivre !

    herman van rompuy

    Cliquez ici (ou sur les graphiques) pour lire le billet complet :
    [Traduction exclusive] Le rapport Van Rompuy

    http://www.les-crises.fr/


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  • http://www.politis.fr/local/cache-vignettes/L283xH299/affiche-anti-communisme-1be4e.jpg

    quand le pouvoir reste dans le sillon.

     

    Cette p@ge est certainement une de celles qui aura posé le plus d'hésitation à La Canaille avant de la mettre telle que construite ainsi en ligne.


    C'est que la question n'est pas facile. Le raccourci est toujours simplificateur, mais le refus de voir le réel est tout autant coupable.


    Or, les faits sont têtus. Ils convergent portent des choix. Ces choix construisent un politique.


    Cette politique est-elle conforme aux attentes de ceux qui ont porté ceux qui la conduisent aux affaires ?


    C'est en se posant ces questions, à partir de ses propres repères, ses colères et indignation que La Canaille a choisi de dire les choses ainsi. 

     

    Si le ministre en cause se trouve vexé, qu'il s'exprime. Ces p@ges lui seront ouvertes. En attendant seuls les textes, déclarations, signatures et annonces publiques permettent de juger, et pour l'instant, ce n'est pas brillant.

     

    Maintenant, à vous de juger :


    Jean Ortiz vient de pointer dans l'Huma et un de ces dérapages dont la droite avait fait son quotidien mais qui ne semble pas avoir obtenu de corrrectif avec l'arrivée du nouveau ministre de l'Education Nationale. 

     

    Pour les hispanisants, le sujet du bac 2012: 

     

    12-06-28-bac-cuba.JPG


    Le texte de J Ortiz :

     

    Le sujet d’espagnol langue vivante 1, pour les candidats au baccalauréat des sections S et ES 2012, relève de la basse propagande et non de la pensée critique, du questionnement et de l’analyse ouverte, nécessaire...

    Les impétrants doivent étudier un torchon tellement anti-cubain qu’il en est ridicule pour qui connaît l’île, mais qui bourrera le crâne de ceux qui doivent prétendument y « réfléchir ».

    Peut-on réfléchir sur un tract du Front national?

    Les réalités cubaines sont si complexes, si évolutives, qu’elles peuvent et doivent se prêter à approches plurielles, à confrontations fondées, contextualisés…

    Bienvenus le doute, la critique, la démarche rigoureuse, sourcée, bienvenue l’approche scientifique, en empathie ou hostile...

    Mais pas le torchon.

    Les candidats auraient pu réfléchir sur des auteurs cubains critiques ou « révolutionnaires » talentueux, dont il restera la qualité de l’écriture et souvent du questionnement: Reynaldo Arenas, par exemple, violent, mais grand écrivain, pamphlétaire, sans parler du foisonnement passé et actuel de romanciers et poètes cubains de qualité.

    Les maîtres : Alejo Carpentier, Nicolas Guillen, Cabrera Infante, Lezama Lima... et les générations d’aujourd’hui: Miguel Barnet, Leonardo Padura, qui mériterait d’être nobélisé un jour, Anton Arrufat, Nancy Morejon, Abilio Estévez, Ena Lucia Portela, Reinaldo Montero, Julio Travieso, Alexis Diaz Pimienta...

    Aucun n’avait ou n’a le doigt sur la couture du pantalon.

    Mais aller chercher un médiocre auteur espagnol, en visite touristique dans l’enfer dictatorial cubain, où le Muchacho de Camagüey (titre du texte), crèverait de faim et terminerait en prison, cela relève de la crapulerie intellectuelle, de la guerre idéologique, du cliché politicien usé, de la pensée unique.

    Cuba n’est ni le paradis socialiste, ni le goulag tropical. Mais son peuple, sa révolution, ses acquis, ses erreurs, ses manques, et son histoire de luttes pour l’indépendance, la dignité, la souveraineté, la justice sociale, méritent une vraie réflexion. Pas ce galimatias sassé et ressassé par la plupart des médias et, malheureusement, la plupart des intellectuels et enseignants français, aux ordres, parfois même sans s’en rendre compte.

    Ce n’est pas à Cuba mais en France qu’un peuple a rejeté par référendum un traité constitutionnel qu’on lui a finalement imposé.

    Ce n’est pas à Cuba que la liberté médiatique relève de marchands d’armes, de canons, d’avions de combat, de milliardaires du bâtiment et des travaux publics...

    C'est l'Espahne de l'auteur du torchon qui possède le seul parc thématique fasciste Diu monde, le Valle de los Caidos, où est enterré le dictateur franco (mausolée franquiste entretenus aux frais des contribuables)

    L’auteur ou les auteurs du choix de ce sujet poubelle devraient avoir le courage de nous expliquer ce qui a motivé un choix si caricatural, mensonger, dénigrant, si peu conforme à la réalité cubaine, si contraire à notre esprit de la Renaissance, des Lumières, des philosophes, de la Révolution française... de notre école laïque et républicaine.

    Oui au pluralisme, à l’approche critique, plurielle...

    NON à l’embrigadement, à la propagande libérale au sein du service public d’éducation nationale.

    Jean Ortiz

     

    C'est là que La canaille s'interroge : Faut-il en faire une pendule?

    Oui. Pour ce qui précède ; et pour ce qui suit: 


    Peut-être que cela explique les dérapages des sujets d'espagnol en langue vivante au Bac 2012 , dérapages qui a conduit la représentation diplomatique cubaine à un communiqué de protestation.


    Quand Vincent Peillon votait pour la criminalisation du communisme !

    images-copie-4.jpeg
    Quand Monsieur Peillon
    votait pour la
    criminalisation
    du communisme !

    Le 23 septembre 2008, le Parlement Européen a voté une résolution scandaleuse instaurant, le 23 aout, une journée de commémoration pour les victimes du communisme et du nazisme. Cet acte, reposant sur un odieux amalgame historique, assimile les héros avec les criminels, les libérateurs avec les occupants, les combattants communistes avec les Fascistes qui les fusillèrent.

    Qui oserait nier que les communistes furent, tout au long de leur histoire,les plus ardents combattants contre l’hitlérisme ? Qui oserait réfuter que des milliers d’entre eux furent massacrés pour avoir, en Allemagne comme en Espagne, en Italie comme en France, lutté contre le nazisme ? Qui oserait oublier que les peuples d’Union Soviétique payèrent de leur sang la libération de l’Europe ?


    Certains l’osent pourtant, tel Göran LINDBLAD, auteur du rapport remis au Conseil de l’Europe, celui là même qui, le 3 juin 2004 à Riga, avait honoré le mémorial aux SS lettons qui exterminèrent 90 000 juifs dans le sinistre camp de Salaspils !!!


    Mesdames et Messieurs les députés européens, Vincent Peillon et Catherine Trautmann (PS), Bruno Gollnisch et Carl Lang (FN), Jacques Toubon et Nicole Fontaine (UMP), Alain Lipietz et Daniel Cohn-Bendit (Verts), cela ne vous dérange guère d’approuver conjointement ce même texte qui salit la mémoire de ceux tombés pour vaincre le fascisme !!!

     

    http://1.bp.blogspot.com/_VsNSi_tHDW4/SwwiweFZ68I/AAAAAAAAFcg/qhjs-pLBFYA/s1600/2512b.jpg


    Aujourd’hui, à l’heure du 20e anniversaire de la chute du mur, les tenants du capitalisme en crise attisent l’anti-communisme dans tous les grands médias. Leur but n’est nullement de permettre une discussion sereine sur le bilan historique de la première expérience socialiste de l’histoire, née de la Révolution d’Octobre. Leur but est de criminaliser le communisme, son histoire, ses organisations, ses idéaux d’avenir, pour priver d’espoir et de perspectives politiques les travailleurs et la jeunesse en lutte contre un système capitaliste de plus en plus destructeur et inhumain.


    Il s’agit aussi partout de justifier la remise en cause des conquêtes sociales issues de la victoire sur le nazisme en 1945 et de « conjurer » la peur des capitalistes de l’époque, de voir triompher la politique mise en œuvre par Sarkozy en France qui détruit les acquis sociaux portés par le Conseil National de la Résistance en cassant la sécu, les retraites par répartition, les services publics, le secteur public industriel, le CNRS, les statuts et les conventions collectives.


    La criminalisation du communisme accompagne donc le recul de civilisation auquel nous sommes confrontés et vise à empêcher l’émergence des aspirations populaires et révolutionnaires. Elle prépare l’opinion à une répression accrue dans toute l’Union Européenne contre le mouvement ouvrier et démocratique. C’est pourquoi nous appelons la jeunesse lycéenne étudiante et travailleuse à s’opposer à la campagne de criminalisation du communisme et de la réhabilitation du fascisme !


    C’est pourquoi, ne pliant pas face à elle, dénonçant le capitalisme nous réaffirmons que le socialisme reste l’avenir de l’Humanité !

     

     

    http://www.histoire-image.org/photo/zoom/sum01_barriere_001f.jpg

     

    Alors, la colère de La Canaille ? Coup de canicule sur la callebasse ou vrai problème ?

    http://canaille-le-rouge.over-blog.com/


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  • De la situation actuelle du capitalisme suisseCette contribution, présentée au congrès de solidaritéS en septembre prochain à Genève, vise à présenter quelques éléments de analyse des particularités du capitalisme suisse dans le but de comprendre la situation exceptionnelle dans lequel celui-ci se trouve en comparaison avec les autres pays capitalistes développés. L’analyse de la crise économique et financière du capitalisme à l’échelle mondiale et européenne ne sera donc guère abordée ici (crise bancaire et d’endettement des Etats, épuisement du modèle d’accumulation « néolibéral », articulation de la crise écologique avec celle du capitalisme, particularités de la crise européenne, …)

     La crise économique dans laquelle l’Europe et d’autres pays économiquement développés (USA et Japon notamment) sont plongés depuis 2008 est la plus profonde que le monde a connu depuis celle des années 1930. Elle est d’autant plus grave qu’elle se combine avec une crise écologique extrêmement profonde, dont la manifestation la plus inquiétante réside dans le réchauffement de plus en plus rapide du climat. Il n’existe à l’heure actuelle aucun signe de reprise. Au contraire, les politiques d’austérité ou d’ajustement structurel très brutales, mises en place de manière ultra autoritaire, depuis 2010-2011, par les classes dominantes dans une série de pays sous l’égide de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds Monétaire International), vont accentuer la crise, au risque de mettre même en danger le projet de construction d’un Etat européen. Les effets sociaux entraînés par la récession et les politiques d’austérité atteignent ou vont atteindre un degré qui n’a plus été connu, également, depuis les années 1930, à l’exemple de la dévastation sociale que subit déjà la Grèce. L’intensification brutale de la polarisation sociale va très probablement se traduire par une instabilité et une polarisation accrues sur le plan politique avec, d’un côté, une remontée des mouvements de lutte et de résistance des salarié·e·s, qui créera notamment une marge de manœuvre nettement plus grande pour la gauche radicale, et, de l’autre, le renforcement des courants autoritaires ou fascisants, y compris au sein des classes dominantes (Grèce, Hongrie).

     

         A contrario, le capitalisme suisse s’est jusqu’à présent remarquablement bien sorti de la crise économique. La récession de 2009 a été de courte durée et ses effets ont été moindres que dans les autres pays centraux du capitalisme. La croissance a repris dès 2010. En Europe, seuls de très rares pays (la Suisse, la Norvège et, dans une moindre mesure l’Allemagne) ont connu une telle réussite de sorte qu’aux yeux de nombreux·euses salarié·e·s en Suisse (et à l’étranger), le capitalisme helvétique apparaît comme un havre ou un modèle.

         Mais il est clair que l’aggravation de la crise économique en Europe et dans le monde se répercutera sur l’économie suisse, sans que l’on puisse actuellement prévoir l’ampleur de ces effets à venir. Plusieurs indices parmi lesquels les récents et sévères projets de suppression d’emplois de Novartis ou de Merck-Serono – laissent cependant entrevoir qu’en Suisse aussi, les travailleurs·euses pourraient être durement affectés. En effet, de même que le capitalisme allemand, le capitalisme suisse est largement tourné vers les exportations. Il est donc tributaire de l’évolution des débouchés dans les pays d’exportations de marchandises et de services. Il s’agit principalement de l’Europe, des USA, du Canada et dans une mesure croissante de la Chine et d’autres pays asiatiques. Toutefois le recul des exportations n’aura un effet majeur sur l’emploi en Suisse que s’il se combine avec un fort recul de la demande sur le marché intérieur. C’est ce qui pourrait arriver si la bulle immobilière, en train de croître depuis quelques années, finit par éclater. Dans ce cas de figure (conjonction de la baisse des exportations et d’une crise de surproduction dans la construction), la hausse du chômage sera très importante. Sans parler de l’incertitude qui continue à planer sur la place financière helvétique. Certes, l’UBS a été sauvée grâce à l’injection de fonds publics d’une ampleur – environ 70 milliards de francs, soit 12 % du PIB – sans précédent dans l’histoire helvétique. Mais la situation de nombreuses banques, dont les deux mastodontes UBS et Crédit Suisse, reste fragile en raison des risques insensés qu’elles ont pris afin de s’approprier des parts encore plus importantes dans le marché mondial de la fraude fiscale ou dans le marché international de la spéculation et aussi en raison de leur engagement très important dans le marché hypothécaire suisse.

    Les particularités du capitalisme suisse :

    Pour comprendre la situation spécifique du capitalisme helvétique, il convient de souligner plusieurs de ses traits.

     

    1) La position spécifique de la Suisse dans la division mondiale du travail et sa forte dimension impérialiste

    Les investissements directs à l’étranger des grandes entreprises transnationales suisses se sont poursuives à un rythme très élevés durant les 15-20 dernières années. 4,5 millions de travailleur·euse·s sont occupé·e·s dans l’économie suisse et 2 millions dans les entreprises suisses à l’étranger, lesquelles se trouvent principalement dans les pays d’exportation des produits de l’industrie helvétique. Cette proportion est exceptionnelle. En comparaison, l’Allemagne a une population active représentant 42 millions de travailleur·euse·s (personnes au chômage compris). Mais les travailleur·euse·s occupé·e·s dans les transnationales allemandes hors de ses frontières sont loin d’atteindre les 20 millions.

         A cette prédominance des investissements directs à l’étranger, il convient d’associer la forte augmentation de la compétitivité des firmes helvétiques. Durant et après la crise de 1991-1994/96, le capitalisme suisse s’est fortement restructuré. Son appareil de production s’est fortement modernisé, les innovations techniques et la réorganisation de la production ont passablement bouleversé le paysage industriel.

         De significatifs gains de productivité ont été obtenus et de nouvelles parts sur les marchés internationaux ont été conquises dès la fin des années 1990 et tout au long de la décennie suivante.

         De 1991 à 2006, la productivité du travail (rapport entre la valeur ajoutée et le nombre global de travailleurs·euses (équivalent plein temps) dans les entreprises industrielles en Suisse a augmenté de 46.4 %. Durant la même période, la croissance nominale des salaires dans l’industrie a été d’environ 24 % (~ 13 % en terme réel). Ce découplage a continué durant les année suivantes. La progression salariale inférieure à celle de la productivité a fait reculer la part des salaires dans la valeur ajoutée. L’augmentation du taux de plus-value ainsi obtenue, ainsi que la conquête de nouvelles parts de marché à l’échelle internationale a permis aux capitalistes de dégager des taux de profit élevés.

         Une des manifestations de cette forte hausse de la productivité du travail et de la compétitivité des produits helvétiques réside dans le fait que la balance des échanges de marchandises de la Suisse, qui avait toujours été négative depuis la fin du 19e siècle (sauf en 1916 et 1944), dégage des excédents depuis 1993 (excepté entre 1997 et 2001). Ces excédents sont devenus particulièrement imposants depuis 2007 : 9,4 milliards en 2007, 15,1 en 2008, 16,7 en 2009, 13,5 en 2010, 16,3 en 2011. Quant à la balance des transactions courantes — qui donne une image assez fidèle de la compétitivité d’une économie — elle dégage systématiquement des excédents extrêmement importants, qui reflètent la force du capitalisme suisse dans l’arène internationale. L’excédent de la balance des transactions courantes de la Suisse en 2010 s’est élevé à 67 milliards $, à comparer aux 170 milliards de l’Allemagne et aux 191 milliards du japon. Tous les autres grands pays capitalistes présentent des balances négatives.

         Le capitalisme suisse a attiré de nouveaux sièges d’entreprises étrangères qui génèrent de très hauts revenus. Ce facteur explique en large partie la croissance des prix dans le secteur immobilier de 5 % à 6 % par année (locaux commerciaux et industriels, logements et maisons de haut standing). La Suisse a encore puissamment renforcé sa place centrale dans le négoce international des matières premières agricoles et minérales. A Genève, Zurich ou Zoug, œuvrent de gigantesques sociétés transnationales qui contrôlent des parts situées entre 30 % et 50 % de ce négoce mondial ainsi que de son financement. Dans le même sens, le gouvernement anglais ayant pris quelques mesures visant à limiter les bonus des banquiers, des fonds spéculatifs ont quitté la City londonienne pour s’installer à Genève. Ces fonds ont réorienté de manière significative leurs affaires dans la spéculation sur les « produits dérivés » liés au commerce des biens alimentaires de première nécessité et des matières premières minérales. Malgré les déboires de l’UBS et la position fragilisée de la place financière suisse, qui a dû céder du terrain en matière de secret bancaire, la Suisse demeure le plus important gestionnaire de fortune privée offshore à l’échelle mondiale. Globalement, le capitalisme helvétique a donc conservé, voire renforcé sa position au sein des puissances impérialistes.

         La politique d’immigration a évolué en fonction des besoins des entreprises suisses axés notamment sur la recherche de travailleur·euse·s très qualifié·e·s et profite de l’accroissement de la formation d’une telle main-d’œuvre dans de nombreux pays émergents (Inde - dont le nombre de ressortissants vivant en Suisse a augmenté de plus de 70 % au cours de 5 dernières années) ainsi que dans les pays capitalistes développés (Allemagne, Amérique du Nord - dont le nombre de ressortissants vivant en Suisse a augmenté de plus de 60 % au cours des cinq dernières années). Depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusque dans les année 1990, le recrutement de la main d’œuvre immigrée se concentrait principalement dans des secteurs nécessitant des travailleurs peu ou moyennement qualifiés (construction, industrie des machines/horlogerie, agriculture, hôtellerie et restauration). Dès les années 1990, de plus en plus d’entreprises suisses recherchent des travailleurs très qualifiés (industrie pharmaceutique et médicale, recherche et développement, activités financières et commerciales). Des milliers de cadres viennent s’installer chaque année pour travailler en Suisse. La profession d’ingénieur tend d’ailleurs à se « prolétariser ». Comme le souligne la Vie économique de juin 2010, « L’immigration, hautement qualifiée dans sa majorité, a exercé une influence plutôt positive sur les salaires des travailleurs·euses peu ou moyennement qualifiés et modératrice sur l’évolution des salaires des travailleurs·euses hautement qualifiés. » (Vie économique juin 2010). Depuis la suppression du statut de saisonnier, en 2003, on assiste également à une forte hausse du nombre des travailleurs·euses frontaliers·ères exploité·e·s en Suisse (de 165 000 en 2002 à environ 250 000 aujourd’hui, soit une croissance de plus de 50 %). Il faut se demander si les frontaliers ne remplissent pas, du point de vue du patronat helvétique, la même fonction que les saisonniers durant des décennies, soit celle de « variable d’ajustement » permettant d’exporter le chômage.

     

    2) Le dumping fiscal continue d’être un atout majeur du capitalisme suisse

    Certes, la crise ayant accentué la compétition et la guerre économique entre les puissances impérialistes, la Suisse a été attaquée par les principales d’entre elles, en particulier au sujet du secret bancaire. Ainsi, les gouvernements allemand, français et américain ont cherché à affaiblir la place financière suisse, tout en préservant d’ailleurs leurs propres paradis fiscaux (places off-shore). Tout en étant obligé d’accomplir des reculs significatifs, les milieux dirigeants suisses ont cependant réussi, jusqu’à présent, à préserver le cœur du secret bancaire en refusant l’échange automatique d’informations fiscales. Ils tentent depuis 2011 de faire diminuer la pression en essayant de conclure des accords basés sur le versement d’un impôt libératoire — ce qui revient à accorder une sorte d’amnistie aux fraudeurs — avec toute une série d’Etats. Il est difficile de dire actuellement si cette stratégie sera couronnée de succès, car la situation est loin d’être stabilisée comme le montrent les récentes demandes de renseignements des autorités US sur des clients américains de onze banques suisses ainsi que le refus de la France de conclure un accord du même type que celui passé avec la Grande-Bretagne, l’Autriche ou l’Allemagne, la ratification de ce dernier étant d’ailleurs remise en question en Allemagne même. En dépit de ces difficultés relatives, la politique visant à attirer en Suisse des entreprises étrangères par le dumping fiscal va se poursuivre, notamment en tentant durant les années qui viennent de diminuer massivement l’imposition des bénéfices de l’ensemble des sociétés établies en Suisse.

     

    3) Situation exceptionnelle des dépenses publiques

    Un autre atout majeur de la Suisse réside dans la situation exceptionnelle de ses dépenses publiques. Le rapport entre la dette brute de toutes les collectivités publiques et le PIB s’élevait à 73 % en 1950. Ce taux a progressivement baissé jusqu’à atteindre 34 % en 1973. Puis il a augmenté au moment des crises économique de 1974/75 et de 1991-1994/96 jusqu’à atteindre 52 % en 1998. Le taux d’endettement a ensuite fortement baissé durant les années 2000 (38 % en 2010). La crise financière et économique qui s’est déclenchée en 2007 n’a donc eu aucune incidence négative sur l’endettement des collectivités publiques, la Suisse étant l’un des très rares pays au monde qui a dégagé des excédents budgétaires depuis 2007 alors que les déficits des Etats membres de l’Union européenne, des USA ou du Japon atteignent des niveaux records, souvent proches de 10 % du PIB. Cela n’empêche pas le gouvernement fédéral de coalition (partis bourgeois et PS) et les gouvernements cantonaux de mener des politiques de limitation des dépenses publiques, dans le domaine de la protection sociale notamment. Comparée aux plans d’austérités extrêmement brutaux qui sont appliquées dans de nombreux pays, la politique financière déterminée par les cercles dirigeants helvétiques apparaît cependant très clémente.

         La hausse du taux de change du franc suisse doit être mis en relation avec cette situation exceptionnelle des dépenses publiques. Le franc est redevenu une monnaie refuge, de même que l’or, en raison de la crise financière qui s’est notamment transformée en crise de l’euro, et dans une moindre mesure du dollar. Outre la situation très saine de finances publiques, la ruée sur le franc suisse s’explique aussi par la solidité de l’économie suisse. En outre, la place financière suisse a cultivé ce rôle de monnaie refuge dès la première guerre mondiale. Durant la seconde guerre mondiale, le franc était la seule monnaie forte convertible en Europe. Il y a donc une tradition historique.

         Les milieux patronaux instrumentalisent la hausse du franc pour obtenir de nouvelles concessions de la part de travailleurs (Lonza, Tesa, etc), ainsi que pour mettre sous une pression maximale les nombreuses entreprises de sous-traitance en Suisse dont les seuls clients sont des grandes entreprises exportatrices.

         La hausse du franc comporte plusieurs avantages pour une industrie d’exportation très fortement implantée en dehors du territoire de la Suisse (voir plus haut). En particulier, les sociétés transnationales profitent du franc fort pour racheter des entreprises à l’étranger avec un taux de change avantageux (Novartis, Roche, Nestlé,…). Les produits semi-finis ou les matières premières achetées à l’étranger deviennent également meilleurs marchés. Les transnationales détenant chacune une puissante division consacrée aux placements de capitaux, leurs actifs financiers sont revalorisés. L’élévation du franc est donc maîtrisable pour lesdites transnationales pour autant que cette hausse se déroule progressivement. Or, la spéculation sur les monnaies a brusquement fait monter le taux de change en août 2011 (par rapport à l’euro et au dollar), ce qui devenait effectivement problématique pour les entreprises exportant des produits manufacturés depuis la Suisse. La décision de la BNS du 6 septembre 2011 de fixer un taux plancher à 1.20 fr. contre 1 euro a depuis mis un frein à la spéculation et rétabli une situation qui paraît acceptable pour l’essentiel du patronat helvétique.

     

    4) Faiblesse de l’impérialisme suisse sur le plan politique international et relative désorientation en matière de politique extérieure et intérieure

    La construction de la puissance économique et financière de l’impérialisme suisse s’est historiquement combinée avec la politique dite de neutralité. Avançant masqués derrière les grandes puissances (GB, USA, FR, Al), les capitalistes suisses ont trouvé ainsi un moyen particulier pour défendre leurs intérêts, ce qui leur a largement profité. Durant des décennies, la grande bourgeoise suisse et les partis politiques qui représentent ses intérêts ont ainsi volontairement joué la carte de l’indépendance politique vis-à-vis des institutions supra-nationales (entrée très tardive au FMI et à l’ONU ; obstruction et non participation à la construction d’un proto-Etat européen). Toutefois, dans le contexte de la crise économique actuelle, de l’extension du proto-Etat européen et de la montée en puissance d’un certain nombre d’Etats comme la Chine, la Russie et le Brésil, la capacité des milieux industriels et bancaires suisses à poursuivre avec succès la voie suivie depuis la Deuxième Guerre mondiale devient plus incertaine, car la relative faiblesse de l’impérialisme suisse sur le plan politique international s’accentue. On a vu l’isolement politique de la Suisse lors de crise avec la Lybie, au moment de l’offensive des USA et de l’UE contre le secret bancaire ou encore dans la mise à l’écart de la Suisse du G20. L’influence qu’exercent les autorités helvétiques sur la définition de la politique économique de l’Union européenne apparaît également de plus en plus restreinte. Dans ces circonstances, les milieux dirigeants se trouvent de plus en plus confrontés à des choix stratégiques, c’est-à-dire des choix d’une portée extrêmement vaste et donc très difficiles à faire. Il est possible, pour ne pas dire probable, que cette situation aggrave les divisions au sein de la classe dirigeante, telles qu’elles s’expriment notamment dans le fait que le parti qui constituait depuis la fin du 19e siècle l’expression presque hégémonique du grand capital, le Parti radical, voit son leadership auprès du patronat contesté depuis une vingtaine d’années par l’UDC. En tout cas, certains signes reflètent une certaine désorientation parmi les milieux dirigeants : contestation contre le conseiller fédéral Merz au moment de la crise libyenne, conflit entre Christophe Blocher, la direction de l’UDC et le président de la BNS qui conduit à la démission de ce dernier, contestation par les grandes banques suisses de la décision de la BNS d’avoir fixé un taux plancher pour l’euro, etc.

     

    5) Vers un programme de revendications économiques « transitoires »

    Sur le plan économique, le Parti socialiste et les Verts ont abandonné, sur le plan de leur politique concrète, et même en partie dans les discours du 1er mai, toute perspective de réforme un tant soit peu sérieuse du système capitaliste. Dans le meilleur des cas, leur politique consiste à proposer des mesures d’accompagnement social ou de modération des attaques lancées par le patronat et ses représentants, ne laissant la plupart du temps aux salarié·e·s que le choix entre la peste ou le choléra. Dans le pire des cas, cherchant à convaincre les milieux capitalistes de leur capacité à gérer le capitalisme avec autant si ce n’est davantage d’efficacité que les Partis bourgeois traditionnels, ils prennent les devants et pratiquent eux-mêmes une politique néolibérale. La mise en œuvre du New Public Management ou le souci presque obsessionnel de garantir l’équilibre budgétaire au détriment des salarié·e·s en constituent de bons exemples. Dans ce cadre, solidaritéS doit mettre en avant un programme de revendications qui, tout en apparaissant comme nécessaires pour faire face à la crise économique et écologique du capitalisme, induisent une dynamique contradictoire avec la logique même du système capitaliste et aboutissant donc à la remise en cause des fondements de ce système.

    Sur le plan économique, un tel programme devrait aller dans le sens suivant :

    -Baisse du temps de travail à 30 heures sans diminution de salaire

    -Interdiction des licenciements à toute entreprise dégageant des bénéfices et, dans ce sens, ouverture des livres de compte de toute entreprise projetant des suppressions d’emplois

    -Nationalisation et contrôle public des institutions de crédit et de la Banque centrale

    -Contrôle public de l’exportation et importation des capitaux

    -Suppression du secret bancaire et échange automatique d’informations fiscales avec les autorités étrangères

    -Réforme de la fiscalité axée sur l’harmonisation fiscale matérielle entre cantons, la diminution radicale des taxes sur      la consommation (TVA, etc.), la forte augmentation des impôts sur les revenus, la fortune ainsi que les bénéfices et le dégagement d’importantes recettes supplémentaires

    -Un Plan d’investissement massif, sous contrôle public, fondé sur les recettes supplémentaires et l’endettement, destiné à réduire de 80 % d’ici 30 ans l’émission humaine actuelle de gaz à effet de serre (développement massif des transports publics gratuits, isolement des bâtiments, développement de la production d’énergies renouvelables, etc.)  

    Sébastien Guex,
    Pierre-Yves Oppikofer

    http://www.solidarites.ch/journal/


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  • Monsieur le président de la République,


    Lettre au président de la République : « Ne signez pas ! »Le sommet européen des 28 et 29 juin auquel vous vous apprêtez à participer est d'une extrême importance. L'Union européenne, toujours dans la tourmente, « doit être réorientée », comme vous l'avez souligné dans votre campagne électorale. L'élaboration de mesures nouvelles, rompant avec les logiques d'austérité qui s'avèrent chaque jour plus injustes et plus désastreuses, demeure un impératif pour sortir durablement de la crise.

    C'est aussi le premier sommet où vous engagerez la parole et la politique de la France. Il s'agit maintenant de traduire, dans les actes, le changement pour lequel les Français vous ont élu.

    À l'occasion de votre discours le 22 janvier au Bourget, vous avez pris l'engagement de « renégocier le traité européen, issu de l'accord du 9 décembre », c'est-à-dire le traité élaboré par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Cinq mois plus tard, le respect de cet engagement paraît plus nécessaire que jamais.

    Les Français ont décidé de tourner la page de la politique de Nicolas Sarkozy. Il serait donc incompréhensible que nos politiques budgétaires continuent à être dictées par ce traité, et pire, qu'elles soient soumises à un contrôle accru de Bruxelles au mépris de la démocratie parlementaire et de la souveraineté populaire.

    Nos concitoyens ont déjà été floués après leur « non » au TCE en 2005. Aujourd'hui, le maintien en l'état du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) serait un nouveau déni de démocratie.

    Ensuite, et surtout, les développements de la crise au sein de l'UE montrent qu'aucun assainissement de la situation financière des États membres ne sera obtenu en s'entêtant dans la voie actuelle.

    Sans une politique de relance construite sur de nouveaux modèles de développement, sans dégager nos grands choix d'investissements de la dépendance et des injonctions de rentabilité des marchés financiers, la sortie de crise fuira comme la ligne d'horizon au fur et à mesure des prétendues avancées de la coordination économique européenne. Celles-ci, au contraire, tendent à transformer l'Europe en champ clos dominé par les grands groupes, comme l'ont souhaité dans une récente tribune les PDG de Telecom Italia, Axa et Siemens.

    Ce qui se profile à l'ouverture du sommet européen nous inquiète au plus haut point.

    Le pacte budgétaire, ou TSCG, sortirait intact du Sommet. Il serait le seul texte considéré comme contraignant, et donc, avec les Mécanismes européens de stabilité qui conditionnent l'octroi de fonds au respect des injonctions du traité budgétaire, le seul soumis à ratification des États.

    À la demande d'Angela Merkel, le « pacte de croissance » que vous avez souhaité lui adjoindre ne figurerait que dans un protocole annexé aux conclusions du Sommet. Il n'aurait aucune valeur de contrainte et sa portée réelle serait en tout point contredite par les mesures imposées par le Pacte budgétaire. Cela ne conduirait probablement qu'à un nouveau gâchis de fonds. Le carcan de l'austérité serait resserré, rien ne serait changé sur les points décisifs, ni la mutualisation de la dette, ni le rôle de la Banque centrale européenne (BCE). L'Union bancaire dont il est question ne changerait rien aux critères actuels du crédit. En France, l'investissement public de l'État, comme celui des collectivités locales, serait étouffé.

    Si tout cela se confirmait, vous devez la vérité aux Français. Rien ne vous oblige à entériner de telles conclusions.

    Je comprends parfaitement, monsieur le président, qu'un changement d'orientation des politiques européennes ne se décrète pas. Il se négocie. Et la chancelière Merkel résiste à cette réorientation, et marchande même, en contrepartie de la moindre concession, une part de domination plus grande encore. La France n'est pas obligée de céder.

    Nous ne sommes pas les seuls, au Parti communiste français, au Front de gauche, à nous inquiéter.

    Quatre dirigeants d'organisations de jeunes socialistes en Europe (de France, d'Autriche, d'Espagne et d'Allemagne) vous ont demandé solennellement, dans une tribune publiée il y a une semaine, de rejeter ce pacte budgétaire. Pour leur part, Bernadette Ségol et Ignacio Fernandez Toxo, deux principaux responsables de la Confédération européenne des syndicats (CES), ont à leur tour mis en garde sur « le contenu de la croissance et les moyens de la relancer », sur la dégradation des conditions sociales dans l'Union et sur la mise en péril du cadre démocratique européen, soulignant explicitement : « Nous ne croyons pas que les réformes structurelles du marché de l'emploi créent de l'emploi et encore moins de la croissance. »

    Je vous le demande par conséquent : ne signez pas les conclusions du sommet si elles devaient en rester là. Rendez publiques ces décisions et ouvrez le débat dans le pays et en Europe sur ses limites. Ne forcez pas le train de la ratification du Pacte budgétaire au Parlement français, comme a décidé de le faire Angela Merkel devant le Bundestag dès le 29 juin.

    Sinon, vous le savez, nous ne ratifierons pas ce texte. Nous appellerons tous les parlementaires de gauche à en faire de même. Nous inviterons les Français à manifester leur opposition à une ratification contraire à votre propre engagement de renégociation.

    Une autre voie est possible. Nous proposons que la France prenne l'initiative d'« Etats généraux de la refondation européenne » pour porter, notamment :

    la réorientation du statut et des missions de la BCE, pour moduler le refinancement des banques privées afin d'encourager les investissements qui programment plus d'emplois et de formation, et de pénaliser les crédits aux spéculateurs,
    la création d'une banque publique européenne axée sur le développement social, écologique et solidaire, financée par la création monétaire de la BCE, la taxe sur les transactions financières et une part du budget communautaire, et chargée de soutenir l'essor des services publics, d'investissements publics socialement efficaces et de projets industriels novateurs et créateurs d'emplois,
    la relance par l'élévation des standards sociaux et écologiques en Europe. »

    Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français,

    Paris, le 27 juin 2012.


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  • Sommet européen du 28 juin : comment juger du succès ou de l’échec de François Hollande

    Sommet européen du 28 juin Il y a fort à parier que François Hollande sortira du sommet européen en proclamant avoir obtenu un compromis avec Angela Merkel. Mais il avait lui-même placé la barre à franchir : « nos amis allemands ne peuvent pas poser deux verrous à la fois, un sur les eurobonds et un autre sur le refinancement direct des dettes par la BCE », déclarait-il le lendemain de son élection. Alors qu’il a déjà renoncé à l’instauration rapide d’eurobonds pour mutualiser les dettes publiques européennes, le président de la République ne pourra se targuer d’un succès qu’à une condition : que la chancelière allemande accepte la possibilité pour la Banque centrale européenne d’intervenir directement pour aider les pays en difficulté. C’est la condition non pas pour sortir de la crise - bien d’autres mesures seraient nécessaires - mais pour soulager un peu la détresse des populations des pays attaquée aujourd’hui par les marchés financiers.

    Pourtant, cela semble mal parti. Sauf grande surprise, en l’absence d’une volonté réelle d’établir un rapport de force, François Hollande se contentera d’un pseudo-pacte de croissance, avec 120 milliards annoncés (soit moins de 1% du PIB européen), dont la moitié consiste en un recyclage de fonds structurels européens déjà prévus, et l’autre en d’hypothétiques partenariats public-privé financés par la Banque européenne d’investissement.

    En revanche, il paraît désormais probable qu’il s’apprête à accepter le Pacte budgétaire. En fait de croissance, celui-ci va considérablement durcir les exigences de réduction des déficits publics et les mécanismes punitifs envers les Etats récalcitrants, donc les politiques d’austérité et la récession. Va-t-on vers une ratification à marche forcé par voie parlementaire en France ? La capitulation devant les forces invisibles de la finance serait alors totale.

    Sans doute sera-t-il également proposé, en conclusion de ce sommet, la mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières via une coopération renforcée entre pays de la zone euro. Ce serait un pas important si l’annonce était, cette fois-ci, suivie d’effet, et si l’assiette et le taux de la taxe permettaient de réduire réellement la spéculation et de dégager des ressources nouvelles. Nous attendrons donc avant de nous réjouir. D’autant que cette annonce pourrait servir à faire passer auprès de l’opinion publique la pilule de l’aide inconditionnelle aux banques et de l’aggravation de l’austérité.

    La proposition de taxe portée par Attac depuis sa création en 1998 est nécessaire mais non suffisante pour sortir de la très grave crise économique dans laquelle est plongée l’Europe. C’est l’ensemble des produits financiers spéculatifs qui doivent être interdits. Une refondation de la zone euro est désormais incontournable pour sortir les Etats de la dépendance aux marchés financiers. Les véritables causes de la dette publique doivent être éclaircies, pour mettre à contribution non pas les salariés et les assurés sociaux mais les banques et les plus riches. En attendant, Attac, avec la Fondation Copernic et de nombreuses personnalités de la société civile, demande à François Hollande d’’organiser un vaste débat démocratique sur le Pacte budgétaire, tranché par un référendum.

    Attac France, le 28 juin 2012


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  • l-echoNajat Vallaud-Belkacem veut abolir la prostitution. Ni plus, ni moins. Elle assure ne pas être naïve et compte renforcer l’arsenal pénal pour éradiquer le «plus vieux métier du monde». Avec une telle déclaration, la jeune ministre en aura été pour ses frais, essuyant une volée de critiques, les associations lui rappelant notamment que la répression risquait de faire basculer ladite activité vers encore plus de clandestinité. Il aura sans doute manqué à ce «bébé éléphant» de clarifier davantage ses objectifs, à moins que la réalité du terrain ne lui ait en fait échappé.


     

    En effet, une récente étude pointe que près de neuf personnes prostituées sur dix sont victimes de la traite des êtres humains, ce qui explique également que les statistiques les donnent à 80 % d’origine étrangère. Arrachées à leur famille ou vendues par un entourage peu scrupuleux, privées de papiers d’identité, déportées, violées et battues chaque jour, déconstruites, déshumanisées, assassinées.

     

    Voilà l’enfer que vivent des milliers de femmes et d’enfants, parfois même des hommes. Ce commerce odieux est un véritable fléau et tend à progresser, tant il est lucratif pour les bourreaux qui s’y livrent. Les réseaux mafieux, toujours plus puissants et étendus, tiennent la dragée haute aux forces de l’ordre et aux ONG. Et face à ce monstre à visage humain, trop peu de moyens pour trop peu de victoires.


     

    La France n’est pas une exception. Comme ailleurs, les victimes y sont considérées comme des criminelles, des symboles d’une immigration dite néfaste.


     

    La ministre des Droits des femmes veut donc abolir la prostitution. Elle se dit consciente que le travail sera de longue haleine. Quitte à faire preuve de courage, elle aurait été bien mieux inspirée d’engager le gouvernement dans une lutte sans précédent contre l’esclavage.

     

    Mickaëlle JOUAULT
    Editorial de L’ECHO
    Jeudi 28 Juin 2012


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  • Tribune de discussion

     

    PCF, répondons-nous aux attentes populaires ? J’aurais tendance à considérer que c’est très loin d’être le cas. En effet une majorité d’ouvriers et d’employés sont dans une attitude de rejet vis-à-vis de l’Europe et de l’Euro. Prenons-nous en compte cette attente ? NON. Non seulement nous n’y répondons pas, mais nous pouvons même affirmer que nous sommes plutôt dans une attitude de refus de répondre à cette attente.

    La nation reste et restera pour longtemps le cadre référent de l’exercice démocratique. L’espace que les femmes et les hommes connaissent, appréhendent, où ils plongent leurs racines, leur être le plus profond. Ignorer cela, c’est se condamné aux pires déboires. La nation reste l’enjeu politique de l’affrontement de classe, là où se pose la question de la direction de l’état, là où le peuple organisé doit construire son hégémonie contre la dictature de la bourgeoisie. La question de la reconquête de la souveraineté nationale et populaire dans toutes ses dimensions est un élément central du combat de classe.

    Devons-nous faire comme si ce rejet n’existait pas ?

    Que répondons-nous aux salariés qui voient leur entreprise se délocaliser sous d’autres cieux, dans des pays à bas coût, fussent-ils en Europe, comme les FRALIB avec la Pologne. JLM malgré sa visite n’a absolument pas répondu à leurs attentes. (De ce point de vue JLM avec sa proposition de protection aux frontières de l’Europe est à côté de la plaque. L’essentiel des problèmes que nous avons à affronter n’ont pas pour source nos échanges avec la Chine, extra communautaire, mais viennent des déséquilibres des échanges INTRA EUROPEENS et des excédents allemands, basé sur le dumping social)

    Proposer une politique de coopération internationale comme alternative à la concurrence libre et non faussée et à ses diverses tentatives de régulation, suppose une nation qui puisse coopérer en connaissant ses intérêts pour décider politiquement de ce qui est mutuellement avantageux !

    Dans un monde soumis aux tempêtes de la crise d’un système est-il responsable de continuer de naviguer tous hublots ouverts, au risque de couler ?

    Et pourquoi glisser sous le tapis ce qui dérange. Dénoncer le traité de Lisbonne, œuvre de N. SARKOSY certes. Mais en faisant l’impasse sur le traité de Maastricht œuvre de Mitterrand (idole de JLM) mais qui porte lui, création de l’Euro et de la BCE. On peut toujours regretter de l’avoir voté, mais que valent ces regrets ? Rien. Si l’on ne remet pas en cause le traité de Maastricht et ce qui va avec, c’est à dire l’Euro et la BCE.

    Dans les débats qui nous traversent, sur les questions de l’Europe, de l’Euro et de la BCE, tous les coups sont-ils permis ?

    Ne faut-il pas sortir de la confusion entretenue entre monnaie commune et monnaie unique, n’avons-nous pas besoin de clarté ? Chaque fois que la question est posée, c’est « escape ».

    Premier argument qui nous est opposé : Lorsque l’un d’entre nous (économiste, il se reconnaitra), mais pas que lui, met en avant l’existence de la monnaie « Sucre » pour justifier l’Euro, joue-t-il franc jeu, j’en doute. Décidément l’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls économistes

    En effet le « Sucre » et l’« Euro » sont de nature totalement différente. Le « Sucre » est une monnaie commune, réglant les échanges au sein de l’ALBA, sur la base de projets économiques communs et qui gère collectivement une partie des réserves de change des différents pays. Les différentes monnaies nationales continuant leur existence. L’« Euro » est une monnaie unique s’imposant à tous. De fait, l’Euro n’est rien d’autre que le Mark, c’est-à-dire une monnaie faite sur mesure adaptée aux réalités de l’économie allemande, mais en fait inadaptée aux réalités des autres économies européennes.

    Si l’Euro était une monnaie commune, le débat changerait de nature et mériterait qu’on s’y arrête.

    Donc l’argument « Sucre » est irrecevable, il faudra trouver autres choses.

    Deuxième argument qui nous est opposé : L’Euro, c’est bien, voyez la Chine le défend !!

    A une époque des politiques des USA déclaraient « Ce qui est bon pour la Général Motors, est bon pour l’Amérique ». Ce qui donne aujourd’hui, « Ce qui est bon pour la Chine est bon pour l’Euro, donc pour la France !!! »

    L’attitude de la Chine est tout à fait compréhensible, aux regards de ses intérêts nationaux. Effrayée qu’elle est d’avoir dans ses réserves plus de 4 000 milliards de $. D’où la recherche d’autres réserves de change, mais aussi l’achat massif d’or. En effet ces 4 000 milliards de $ peuvent se transformer rapidement en monnaie de singe.

    Ce qui est bon pour la Chine ne l’est pas forcément pour nous.

    Troisième argument qui nous est opposé : Marine Le Pen est contre l’Euro, donc nous devons être pour !!! Avec un tel postulat absurde, nous aurons dû nous aussi voter OUI au traité européen en 2005 sous prétexte que le FN était pour le NON !!!

    Ce que ressent le monde du travail, le peuple dans le rejet de l’Union Européenne et de l’Euro, c’est non seulement le constat que l’Euro est l’outil d’une guerre sociale contre les peuples, mais aussi que la bataille pour les salaires et l’emploi, pour les services publics, suppose des processus de rupture avec le capitalisme que ne permettent pas les règles européennes Si Marine Le Pen a une telle place, c’est bien pour détourner la colère contre l’Euro de la colère contre le capitalisme !

    Ne sommes-nous pas les premiers responsables de la montée du FN ?

    Nous avons abandonné le terrain de la défense de la Nation, de l’action pour la souveraineté (monétaire, mais pas seulement), la nature ayant horreur du vide, nous avons offert au FN un espace inespéré. Lutter contre le FN exige de NOTRE part de réoccuper l’espace que NOUS avons laissé ainsi à découvert. OUI nous sommes les premiers responsables de cette montée du FN !

    Quatrième argument qui nous est opposé : La démarche conduit certains, et la direction du PCF, dans une défense acharnée de l’Euro, de la BCE et de l’Europe, en verrouillant tous débats organisés sur ces questions dans nos rangs. Ils doivent considérer que ce sont des affaires trop sérieuses pour être soumis aux débats, à l’appréciation des adhérents.

    Ne sommes-nous pas nous aussi dans la république des « experts » ?

    J’ai tendance à considérer ces attitudes, comme autant de postulats technocratiques, très loin de toutes réflexions politiques. Devons-nous laisser sur le bord de la route, ceux qui ne veulent pas de cette Europe, instrument de domination des « marchés financiers » autrement dit du « Capital », en les abandonnant aux mains du FN ? Pourquoi cet acharnement à vouloir défendre à tout prix, et même à n’importe quel prix l’Euro et la BCE ?

    N’est-il pas, pour une part, le reflet d’un renoncement à changer les désordres sociaux existants ?

    En fait le positionnement sur ces questions, n’est-il pas la ligne de partage qui sépare ceux qui pensent le système capitaliste indépassable de ceux qui ne renoncent pas à son dépassement vers le socialisme ?

    Si certains pensent le système capitaliste indépassable, qu’ils le disent et l’assument. C’est une opinion respectable et qui doit être respectée.

    Cinquième argument : L’Europe est-elle une réalité économique homogène autorisant une « camisole de force » unique ? Evidemment, NON

    L’Allemagne à des excédents commerciaux supérieurs à 6% de son PIB sur ses « partenaires » européens. La Chine avec 4% d’excédent soulève immédiatement une levée de bouclier pour fustiger le taux de change du yuan. Mais là, pour l’Allemagne, c’est silence radio. Oubliant au passage que les excédents des UNS ne sont que le reflet des déficits des AUTRES. La maitrise de monnaies nationales permettait de procéder aux ajustements nécessaires, prenant en compte l’hétérogénéité des différentes économies. Faute de quoi, nous sommes condamnés à mettre en œuvre les remèdes préconisés par Paul Krugman.

    « Les variations du cours des devises induites par les déséquilibres des balances des paiements et les mouvements de capitaux, permettent en temps normal de rééquilibrer les échanges internationaux. L’Europe, en créant l’euro, s’est privée d’un tel mécanisme. Faute de pouvoir dévaluer, la « solution » préconisée aujourd’hui par l’Europe et le FMI consiste à baisser le coût des exportations en réduisant les salaires, les dépenses sociales, les services publics. » C’est ce qui s’applique aujourd’hui en Grèce, avec le succès que l’on sait par les camarades de F. Hollande.

    Est-ce cela que nous voulons ? Et c’est ce que Hollande nous applique aujourd’hui, Sommes-nous assez naïf pour croire que F. Hollande et le PS reviendrons sur les démolitions entreprises par SARKO ???

    Salaires, retraites réduit de plus de 40%, services publics démantelés. Mères de famille abandonnant leurs enfants, incapables qu’elles sont de les assumer. Les grecques qui parcourent les forêts pour abattre du bois pour se chauffer. En fait une Grèce qui replonge dans le moyen-âge. Un prof d’université qui doit se contenter de 450 € par mois. Et pendant ce temps les milliards d’Euros des privilégiés quittent la Grèce pour d’autres cieux qui leur seront plus clément. (Oui ceux qui ne veulent pas partager)

    Est-ce cela que nous voulons ?

    Qu’est-ce que cette absurdité « un meilleur partage des richesses », le degré zéro de l’intelligence ?

    Alors que précisément l’adversaire de classe nous signifie depuis plus de 10 ans que le partage des richesses, « C’EST TERMINE ». Il faut être sourd pour ne pas l’entendre.

    L’issue étant à rechercher dans l’appropriation des richesses créées par la communauté des salariés.

    Jamais le capital n’a accepté d’autre partage que ce qui lui est arraché par l’organisation (syndicale et politique) et par l’action des victimes de ses prédations.

    Depuis 12 ans le mouvement social se bat en reculant. Les syndicats ne discutent plus des revendications des salariés, de leur défense. En Espagne, en Grèce, au Portugal, mais aussi chez nous, les syndicats en sont réduits à négocier la réduction des salaires, des congés, de la couverture sociale, etc.... (C’est comme cela que le capital conçoit le partage). Sous la menace continuelle de délocalisation, nouvelle forme de la violence de classe.

    La CES, mais aussi le PGE sont devenus autant de vecteurs de soumission du monde du travail aux impératifs du capital par leur intégration à l’ensemble des dispositifs de domination du capital.
    S’accrocher à la BCE et à l’Euro, pour qui ? Pour quoi ?

    Faut-il encore s’accrocher coute que coute au mythe sans cesse remis au lendemain d’une possible Europe sociale ???

    Sortir, avant d’être broyés, comme les grecs, telle est la question ?

    S’accrocher à l’€uro, et refuser la sortie de cette monstruosité, c’est être tenu pour responsable de la catastrophe qui s’annonce. S’accrocher à l’€uro, c’est pratiquer qu’on le veuille ou non, la fuite en avant vers une Europe fédérale liquidatrice des états nations, et des droits des travailleurs.

    S’accrocher à l’€uro, c’est accepter que la seule variable d’ajustement possible soit à chercher dans la diminution des salaires, prestations, pensions et le démantèlement des services publics.

    S’accrocher à l’€uro, c’est refuser les ruptures nécessaires avec le capitalisme. C’est s’accommoder du désordre social actuel, c’est le gérer. A ce jeu le PS est meilleur que nous, nous ne servons donc plus à rien. C’est préparer un congrès de Tours à l’envers. C’est se dérober à nos responsabilités d’outil de la transformation sociale. C’est en dernière analyse être complice des politiques d’austérité en cours et à venir. C’est accepter qu’Athènes brûle.

    Nous sommes face à la nécessité d’une rupture avec ces outils non réformables, la nation comme terrain essentiel de la lutte des classes et la question de la reconquête de la souveraineté nationale et populaire

    La sortie de la crise suppose, exige que la nation retrouve tous les attributs de sa souveraineté. Le sort du peuple français, c’est à Paris qu’il doit se décider, et NON à Bruxelles. Que le PCF substitut à la lutte des places actuelles, une analyse de la société retrouvant ses fondements de classe. La forme parti est-elle dépassé ? Dans tous les cas celle en cours est obsolète, elle n’est faite que de verticalité, avec des ascenseurs qui ne fonctionnent que dans le sens de la descente. Basé sur une conception sommitale du rassemblement où nous sommes invités à faire acte l’allégeance autour du tribun. L’adhérent est simplement invité à jouer la claque, à mettre en œuvre des Kits prêt à l’emploi.

    Ce positionnement du PCF obéit-il à une démarche de principe fondée sur un projet, une éthique ? Ou est-il simplement destiné à ne pas froisser le partenaire potentiel (le PS).

    Sommes-nous obligés de suivre dans ses dérives un PS, qui a fait une croix sur les classes populaires ? Et qui sans hésitation réserve aux classes populaires le sort des grecs.

    A rester sans arrêt le nez fixé sur le seul horizon électoral, on finit par perdre de vue l’essentiel, à savoir, à quoi, à qui sommes-nous utiles ? Front de gauche, Izquierda (Espagne), Bloc de gauche (Portugal), Die Linke (RFA), Syriza (Grèce), PGE autant de déclinaisons d’une même démarche de soumission et de refus de remettre en cause les dogmes européens. Autant d’outils d’intégration à la stratégie du capital, des « marchés financiers », rejoignant en cela la social-démocratie. Qui de ce fait ne peuvent jouer de rôle, faute de ne pas être en état d’indépendance.

    Les « couches moyennes » prochaines victimes ne continueront pas très longtemps à bénéficier des produits technologiques à bas coût venant de Chine ou d’ailleurs. Elles sont prisonnières du faux sentiment d’être les heureuses bénéficiaires de cette Europe-là, insensibles qu’elles sont aux souffrances des autres, enfermées dans leurs égoïsmes étroits. Est-il possible d’avoir très longtemps, d’un côté des sociétés qui seraient vouées à la production et penser qu’ici nous allons simplement consommer ce qui est produit ailleurs ? Ne voit-elle pas qu’elles sont les prochaines victimes toutes désignées ? Ne sont-elles pas dans ce que Pierre Bourdieu appelait « La servitude volontaire » ?

    Deux citations :

    Henri Lefèbvre : « Ceux qui pensent arrêter leur regard sur l’horizon et se bornent à regarder ce qu’on voit, ceux qui revendiquent le pragmatisme et de faire seulement avec ce qu’on a, n’ont aucune chance de changer le monde... L’utopie, c’est ce qu’il y a au-delà de l’horizon ».

    Lucien Sève (dialogue avec les auteurs du livre « Les vérités du matin », regard croisé sur un engagement.) : « …. Mais franchement, franchement, comment concevoir que ceux et celles qui siègent à Fabien soient à ce point au-dessous de la tâche cardinale que nous impose la véhémence de l’histoire ? J’en suis malade. Si vous y pouvez quelque chose… ».

    http://rougemidi.fr/


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  • Bouclier fiscal : Depuis l'Héliport, pour aller à "Assemblée nationale" vous passez par Convention mais aussi Solférino, bon moyen d'en finir avec ce qui suit :

    http://www.tunisie-news.com/chroniques/images/france+qatar+sarkozy+hamad+ben+khalifa.jpg

     

    La Canaille n'est ni avocat ni fiscaliste et encore moins conseiller fiscal.


    Mais il est curieux.


    Derrière une politique de mécénat tout azimut plus qu'hyperactive (sportif, culturel, etc.) l' Emirat-Confetti mène une autre politique qui ressemble pour le moins à de la flibuste fiscale avec l'assentiment des autorités françaises.


    Bref détour pour rappeler le cadre pour ceux qui ne l'ont pas en tête :


    Au Qatar, la famille souveraine Al Thani (آل ثاني) continue à détenir seule le pouvoir suite à la déclaration d'indépendance du pays en 1971. L'émir, qui est le chef de l'État, gère le Qatar en s'appuyant sur sa famille. Preuve de sa grande sapience démocratique l'émir ne désigne qu'un quart du parlement, les trois autres quarts sont élus dans le cadre d'une constitution qui consacre l'émir comme gardien des coutumes locales enracinées dans l'héritage conservateur wahhabitedu Qatar. Bref il s'agit plus d'une très grande propriété féodale qu'un Etat dont l'émir détient pouvoir et propriété. L'émir, n'est soumis à aucun individu ou texte autre que sa lecture de la charia. Il n'y a pas de parti politique au Qatar.

     

    Venons en à notre propos :

     

    En fouillant sur le net, on tombe très rapidement sur ce petit bijou qui explique comment s'organise la vente à la découpe des bâtiments de prestige du pays au bénéfice d'une entité telle que décrite ci dessus , mais aussi comment plus généralement les diverses activités du dit émirat dispose d'un surprenant régime de faveur au pays du 04 août 1789. Un régime dont un ex président qui fut et semble redevenir avocat d'affaire à baliser les prébendes avec une touchante application.


    Voici le lien pour voir la convention fiscale actualisée en 2009 entre la France et le Qatar link

    http://www.toutsurlesimpots.com/convention-fiscale-france-qatar.html

    :http://www.toutsurlesimpots.com/documents/convention_fiscale_qatar_avenant.pdf 


    Même Monaco ne doit pas être aussi bien traité.

     

    On comprend à voir comment cela a été mitonné aux petits oignons pourquoi le précédent pouvoir n'a pas pu faire dans le social. 


    Est-ce parce que l'actuel est mobilisé pour détricoté cette convention qu'il n'a pas trop le temps lui aussi de faire dans le social ?


    Bon, voir Dassault et Mougeotte vendre le Figaro à la criée à l'aéroport de Doha ne va pas émouvoir dans les ZUP. Mais voir organiser l'évasion fiscale des profits réalisés en France grâce à cette convention, cela va peut-être mobiliser Bercy et ses satellites ?


    Questions subsidiaires :

    -Avec combien d'états et lesquels existent ce type de conventions ?


    -Quel manque à gagner pour les caisse de l'état  en raison du déséquilibre qu'elle induisent?

     

    -Doit-on considérer ces textes comme des incitations à investir ou comme des primes à la délocalisation des profits financiers réalisés sur des activités par définition non-délocalisables ?

     

    Tous les poncifs racistes sont à l'occasion ressortis par le F-Haine pour dénoncer ne "invasion tribale" alors qu'il apparaît finalement pour le capital il ne s'agit que d'organiser une évasion fiscale. (Rappelons les cris d'orfraies de la führerin à l'idée de voir augmenter les smic...mais le silence de son klan sur la simple idée d'une taxation des profits).


    Qui dans l'entourage de la canaille et donc éventuellement toi camarade lecteur pourra trouver la perle rare parlementaire ou autre qui fera exploser publiquement ce qui ressemble à un bouclier fiscal international ?

     

    Et comme chacun semble se servir , existe-t-il une convention de ce type entre Paris et le Finistère permettant à La Canaille de ne pas payer d'impôt sur le revenu de sa pension de retraite au percepteur de la rade de Brest s'il décidait d'y élire domicile ou est-ce réservé à des potentats féodaux et à la cohorte des actionnaires d'ici et d'ailleurs qui se meuvent dans leur ombre ? 

    Par canaille le rouge


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  • "Faisez pas quoique j'fais, mais faisez quoique j'dis" disait, avant de brutalement défuncter A Merkel

    http://www.zonacharrua.com/muj/i.ytimg.com/vi/Dlr90NLDp-0/hqdefault.jpg

    Requiem eternam

     

     Je ne sais si dans la langue de Goethe cela sera parfait mais ce serait, vite fait, la traduction de : 


    "Machen sie was ich sage, nicht macht was ich mache" (voir titre)


    C'est qu'elle était coquine la petite Angela. Comme le premier tricheur au bac, elle avait ses combines.

     

    Mais là, elle a été prises la main dans le coffre.


    Et c'est une presse qui par habitude commence par dire qu'elle a raison avant d'y regarder qui le dit.


    "Die Welt", pardon," le Monde"  nous apprend, De profundis, même si cela ne fait pas la une, que dame Merkel aurait défuncté soudainement:


     "Tant que je vivrai, il n'y aura pas de mutualisation des dettes en Europe a déclaré Angéla Merkel, mardi 26 juin devant des députés libéraux. La chancelière allemande était très énervée, dit-on, par les propositions du président du Conseil européen, Herman von Rompuy, bien trop favorables, selon elle, à une telle mutualisation.


    Pourtant, discrètement, Mme Merkel vient d'accepter d'introduire en Allemagne ce que l'on pourrait appeler des "deutsche-bonds", des obligations émises par les Länder (Etats-régions) qui bénéficieront de l'appui du gouvernement fédéral afin depayer des taux moins élevés. Un feu vert d'autant plus étonnant que, fédéralisme oblige, Berlin n'a aucun droit de regard sur les dépenses des Länder.

    Mais la chancelière a besoin des voix de l'opposition pour que le pacte budgétaire mais aussi le Mécanisme européen de stabilité (MES) soient adoptés avec deux tiers des voix lors du vote fixé au vendredi 29 juin, dans les toutes dernières heures de la session parlementaire. Or le Bundesrat, où siègent les représentants des Etats-régions, est dominé par l'opposition. De nombreux élus voyaient d'un mauvais œil le pacte budgétaire qui introduit un mécanisme de frein à la dette dès 2013, alors que le mécanisme allemand adopté en 2009 accorde dix ans aux Etats-régions pour remettre de l'ordre dans leurs finances.

    Dimanche, lors d'une négociation d'environ trois heures avec Angela Merkel, les représentants des Etats-régions ont fait monter les enchères. Ils ont obtenu des coups de pouce sur des sujets qui n'ont pas grand-chose à voir avec le pacte budgétaire, comme une aide accrue de l'Etat aux crèches ou pour l'insertion professionnelle des handicapés. Ils ont également obtenu que, jusqu'en 2019, si jamais le déficit de l'Allemagne est supérieur à ce que prévoit le pacte budgétaire, l'Etat fédéral paiera l'amende à Bruxelles même si ce sont les Länder qui sont à l'origine de ce déficit.

    Par ailleurs, les Etats-régions vont pouvoir émettre des emprunts conjointement avec l'Etat fédéral. Les modalités exactes de ces emprunts sont encore floues, ce qui permet au gouvernement de nier toute comparaison avec les euro-bonds. Mais l'objectif est bien que les Länder, qui paient actuellement des taux d'intérêts plus élevés que l'Etat fédéral, bénéficient demain de taux plus bas.


    MAJORITÉ DES DEUX TIERS

    Si Angela Merkel a dû se résoudre à une telle concession, c'est que la transposition dans la loi allemande du MES et du pacte budgétaire est loin d'être une formalité, malgré l'accord intervenu avec l'opposition le 21 juin. Depuis cette date, la majorité des deux tiers dont elle avait besoin pour faire adopter le pacte budgétaire semblait acquise.

    Pourtant, les choses ne sont pas si simples. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a déjà anticipé qu'elle recevrait une plainte déposée par le parti de la gauche radicale, Die Linke, qu'elle compte examiner en urgence. Elle a donc obtenu du président de la République qu'il ne signe pas le texte avant qu'elle rende son avis courant juillet.

    A cause de l'Allemagne, le MES ne rentrera pas en vigueur comme prévu le 1erjuillet. Mais, surtout, les experts n'excluent plus un avis pour le moins réservé de la Cour. Pour minimiser le danger, Angela Merkel a décidé qu'une majorité des deux tiers des voix serait nécessaire non seulement pour approuver le pacte budgétaire mais aussi le MES, bien qu'en principe ces dispositions ne s'appliquent que lorsque l'on modifie la Constitution, ce qui n'est pas le cas. D'où les concessions à l'opposition.

    Alors qu'une partie de la majorité s'oppose au mécanisme de stabilité, des députés de l'opposition, notamment chez les Verts, continuent de critiquer le pacte budgétaire et refusent de faire connaître leur vote à l'avance. 

    Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)"

     

    "Tant que je vivrai". La Canaille en conclus que comme la dame n'a certainement qu'une parole, même non médiatisée, elle a du passer ad patrès pour ne pas voir les conséquences de son grand écart économico diplomatique.

    Par canaille le rouge


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  • Les mineurs de charbon espagnols, principalement localisés dans les Asturies, dans le nord du pays, se sont mis en grève illimitée depuis la fin du mois de mai contre les mesures d’austérité du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy. Nous publions ci-dessous un intéressant article de Veronica Rodriguez, militante de notre organisation sœur, Izquierda anticapitalista, dans les Asturies.

    En ces jours de feu et de bataille dans nos Asturies, il convient de se demander ce qu’il y a de spécial chez ces mineurs qui dressent des barricades sur les principales voies de communication asturiennes, masqués comme s’il s’agissait d’un uniforme et qui éveillent la sympathie et l’empathie chez ceux qui espéraient voir surgir un mouvement ou un soulèvement populaire contre tant de barbarie.

    J’oserais presque affirmer que nous n’attendions que cela ; un point d’appui flamboyant pour la lutte sur lequel nous puissions nous agripper ; une source d’inspiration. Au risque de paraître nostalgique, qui peut nier qu’il n’a pas pensé ou ne s’est pas remémoré ces derniers jours les événements d’il y a presque 80 ans quand les Asturies se sont soulevées dans la grève révolutionnaire d’Octobre 1934 sous le mot d’ordre d’ « UHP » (« Unios Hermanos Proletarios », « Unissez vous frères prolétaires », NdT) lancé par l’Alliance Ouvrière.

    Il pourrait sembler que les mineurs constituent un secteur plus combatif que les autres, et, jusqu’à un certain point, c’est exact. Car ce « gène de la barricade » est dans leur ADN social qui s’est constitué d’une manière particulière. Comme l’a signalé mon ami Boni Ortiz à propos des conditions historiques dans lesquelles les mineurs se sont constitués : «  nous pouvons dire que le premier travailleur de la mine asturienne, c’est le paysan du village voisin qui travaille dans la mine comme complément à l’économie familiale basée sur la petite exploitation agricole et d’élevage autosuffisante ».

     Le secteur charbonnier asturien s’est construit à partir de paysans qui cherchaient un revenu « extra », ce que l’on a appelé « l’ouvrier mixte ». Le fait que la mine n’était pas sa priorité se reflétait alors clairement dans les plaintes du patronat que A. Surge cite dans son livre « Vers la Révolution » – un ouvrage indispensable pour ceux qui veulent comprendre la configuration matérielle et sociale des bassins miniers asturiens jusqu’en 1934 - : « Il fut impossible d’obliger les mineurs à se soumettre à la discipline tellement nécessaire dans le travail minier, ainsi que de leur imposer des châtiments pour cause d’absentéisme, ce qui fait que ce dernier n’a cessé d’augmenter, surtout les lundi et les jours consécutifs aux fêtes ».

    Cette double source de subsistance aidait les mineurs à survivre sans dépendre exclusivement de leur salaire. Ce n’est qu’à partir de l’expansion du secteur minier asturien en 1919, à la suite de la crise du marché international provoqué par la Première guerre mondiale, que commence le phénomène massif de l’immigration et de l’ouvrier mineur spécialisé.

    Les capitalistes de l’époque prirent conscience qu’il était nécessaire d’empêcher les mineurs de jouir des avantages octroyés par leurs lopins de terre cultivés. Ils développèrent ainsi une série de « mesures sociales » qui, sous un habillage paternaliste, avaient comme unique préoccupation d’enchaîner le mineur rural à son entreprise.

    Déjà en 1862, dans un Bulletin Officiel, Álvarez Buylla informait que dans l’usine de Mieres on avait créé une banque d’épargne pour les ouvriers « afin de garantir leur bien être et préserver leur soumission ». Francisco Gascue, un ingénieur des mines, fut le premier à établir le lien entre la prévention sociale et l’efficacité dans le travail ; « la philanthropie est en accord avec l’intérêt de l’industriel » (Revue Minière, 1883).

    Et ils parvinrent effectivement à leur objectif. Bien qu’encore aujourd’hui de nombreuses familles qui vivent de la mine possèdent un petit lopin de terre où elles cultivent quelques légumes, la réalité du monde du travail après les années 1920 du siècle dernier est devenue essentiellement industrielle.

    Mais ce que les patrons sans expérience de notre capitalisme arriéré n’avaient pas prévu, ce fut les nouvelles conséquences d’une vie centrée dans des bassins miniers au sein desquels absolument toute la population dépend d’une manière unique et exclusive de la mine.

    Ce « vivre ensemble » a permis d’unifier les conditions de travail et sociales en leur donnant une homogénéité similaire aux valeurs communautaires des sociétés rurales. Les capitalistes étaient parvenus à éliminer la base économique qui donnait son autonomie aux unités ouvrières domestiques, mais ce fut en créant une contradiction plus grande encore ; une base matérielle sur laquelle repose la solidarité ouvrière et qui prolonge les relations de réciprocité héritées de la campagne.

    Ce puissant esprit communautaire ne se réduit pas au fait de vivre dans le même quartier, de partager le même espace physique ; il signifie que ma maison, la tienne et celle de tous les autres sont identiques : même structure, même répartition spatiale, même matériaux… En travaillant dans le même puit de mine, on se rencontre à l’entrée, dans le vestiaire, dans la cage d’ascenseur, dans les douches, à la sortie, au bar… Nous achetons dans les mêmes magasins, de sorte que toi et ta famille vous vous habillez comme celles des autres. Il est même possible que le village lui-même soit traversé par la mine, comme à Ríoturbio, dont le nom évoque la couleur de l’eau dans la rivière après avoir lavé le charbon.

    Les bassins miniers (« Cuenca »), ce sont de petits centres urbains, peu peuplés et géographiquement isolés puisqu’ils sont constitués par une série de vallées qui étaient encore très mal reliées entre elles jusqu’à peu. Il est d’ailleurs ironique de constater que l’autoroute de la zone minière fut inaugurée quand on commença à fermer les mines. Pur hasard ? Je ne le pense pas.

    L’essence de l’esprit communautaire ancestral ne s’est donc pas perdue malgré l’industrialisation. Cohabitant avec différentes formes d’intégration, nous pourrions dire avec Polanyi que la mine est incrustée dans la vie sociale, qu’elle n’est pas une réalité économique à part, mais qu’au contraire elle traverse tout. C’est ainsi que surgit « l’identité minière », qui dote chaque personne d’une place dans le monde et dans la communauté, de manière uniforme et homogène. L’exemple le plus frappant est illustré par les femmes des bassins miniers qui se définissent en tant que « fille, sœur et femme de mineurs ». Leur identité se forme également autour de la mine et leur rôle dans la lutte a été clé à plusieurs reprises, comme dans les grèves de 1962 (des événements repris de manière brillante dans le court métrage « A coups de talons »).

    On peut objecter que tout cela s’exprime aussi dans presque tous les grands quartiers industriels du pays ou du monde, et il est exact que cela explique, en grande partie, le développement des grandes luttes ouvrières et la création des grandes organisations syndicales massivement implantées. Cependant, peu de centres de travail ressemblent à la singularité de la mine.

    Dans cette dernière, les ouvriers travaillent ensemble dans de grandes profondeurs sous terre, ils descendent dans une cage obscure et remplie d’autres mineurs, ils avancent dans des couloirs angoissants et étroits dont certains sont si bas qu’il faut progresser en rampant pour progresser d’une galerie à l’autre. Ils dépendent exclusivement des uns et des autres pour travailler et pour survivre dans des tâches solidaires et collectives, telles que le sauvetage des camarades ensevelis. Car personne, aucun service de secours, ne connaît la mine comme ceux qui y travaillent afin d’accomplir cette tâche. La pénibilité et la dangerosité extrêmes de ce travail entraînent nécessairement une solidarité extrême et cette réalité de la mine s’impose également à l’extérieur d’elle. Non seulement pour ceux qui vivent de la mine, mais aussi pour ceux qui vivent des mineurs. Aujourd’hui encore, quand il y a une grève générale dans les bassins miniers, tous les commerces et les bars, grands ou petits, ferment leurs portes. S’il n’y a pas de mine, il n’y a pas de travail, on ne consomme pas et il n’y a pas d’avenir. Pour personne.

    Cette extension de la mine au-delà d’elle-même explique la singulière matière avec laquelle sont fait ceux qui vivent et travaillent dans les bassins miniers. Ils ont transformé la culture de la barricade en patrimoine immatériel par leur capacité à la symboliser. La barricade des mineurs est un instrument, un moyen, un support d’une reconquête de significations qui remettent sur la table la persistance d’une culture ouvrière qui est bien plus qu’une simple « survivance » du passé.

    Verónica Rodríguez, militante de Izquierda Anticapitalista Asturies. Article traduit du castillan par Athaulfo Riera.

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=7089


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