• Une échelle de 1 à 20, c'est bien, mais l'arbre ne cache-t-il pas la forêt? En effet, les entreprises, où l'Etat reste majoritaire, sont une petite quinzaine dans l'économie française. Oui, le libéralisme (de droite ou de gauche) a tant sacrifié les services publics durant ces dernières années. Dès lors, dans les sociétés où l'Etat n'est plus majoritaire (Renault, France Télécom, GDF, Air France par exemple), le gouvernement Hollande s'en remet à la "sagesse" des actionnaires, eux toujours plus près de leurs portefeuilles que de la justice sociale.

      Pour le reste, les grands patrons du CAC 40 (salaire moyen 2,42 millions d'euros, excusez du peu) sont totalement épargnés, comme les boss des sociétés non cotées en Bourse mais avec des salaires mirobolants.

     

      Oui, mais, me dit le Ps, l'imposition à 75% de tout revenu dépassant le 1 million d'euros va les concerner. Certes, mais quand? Cette proposition de loi n'est pas à l'ordre du jour immédiat de l'Assemblée nationale élue le 17 juin. Ce qui laisse du temps au temps, comme disait François Mitterrand, premier président socialiste de la 5e République et qui débuta la privatisation des entreprises nationalisées.

      Enfin, avec 450 000 euros, ce montant du plafond de la solde d'un boss dans le public, respecte certes une échelle de 1 à 20, mais avec un salaire mini de 1 860 euros brut (dixit la porte-parole du gouvernement). Le Smic, lui, reste à 1.398, 37 euros brut.

      Et j'entends qu'on chipote sur une prochaine et minime augmentation du Smic: merde alors. Quant à la refonte des grilles salariales du privé et du public... Peut-ête à Noël, l'époque où les promesses (mais que les promesses) rendent les enfants heureux.

     

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  • carlos_lozano_g-jpgSolidarité avec le dirigeant communiste colombien Carlos Lozano, dont la tête est mise à prix par l'extrême-droite para-militaire!

     

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Cf aussi son interview en avril dernier : Entretien avec le dirigeant communiste colombien Carlos Lozano : « Où sont les efforts de paix du gouvernement colombien ? »

     

    L'oligarchie colombienne n'est pas seulement la plus fidèle alliée de l'impérialisme américain dans la région, elle est aussi une force prête à tout pour faire taire ses opposants, usant de ses liens étroits avec la multitude de groupes para-militaires et mafieux que compte le pays.

     

    Les cibles ne manquent pas en Colombie.

     

    En premier lieu, les syndicalistes.2 700 d'entre eux ont été assassinés depuis 1986, tandis que 4 500 autres ont été la cible d'attentats ratés. Un syndicaliste meurt tous les trois jours depuis 25 ans en Colombie.

     

    Ensuite, les progressistes qui dénoncent la corruption généralisée, la terreur banalisée, les inégalités criantes tolérées. Au cours des dernières semaines, le maire de Bogota, Gustavo Petro, le maire de Medellin, Sergio Fajardo, et surtout l'ancienne sénatrice et figure de la paix, Piedad Cordoba, ont été successivement menacés de mort par des groupes para-militaires.

     

    Enfin, les communistes, fer de lance de l'opposition progressiste à la politique, libérale et pro-impéraliste, de l'oligarchie colombienne. Depuis le massacre de plus de 5 000 partisans de l'Union patriotique (UP), cette coalition progressiste mené par les communistes qui visaient à offrir une solution pacifique au conflit armé, dans les années 1980, les communistes sont les premières victimes de la terreur cautionnée par l’État colombien.

     

    Dernière cible en date, Carlos Lozano, membre de la direction du Parti communiste colombien (PCC), rédacteur en chef de son hebdomadaire Voz, mais aussi avocat et figure publique à la fois de l'association « Colombiens et Colombiennes pour la paix » et de la « Marche patriotique », ce grand front populaire visant à unir tous les progressistes pour proposer une alternative démocratique et sociale en Colombie.

     

    La tête de Carlos Lozano a été mise à prix par un groupe para-militaire « Les Urabenos » qui, pour la somme de 200 000 $, a engagé des hommes de main pour liquider le dirigeant communiste.

     

    Cette bande criminelle est issue du fameux groupe para-militaire fascisant Auto-défenses unies de Colombie (AUC), officiellement dissoutes en 2006.

     

    Le leader communiste a réagi avec sang-froid, dénonçant ces menaces comme une preuve de faiblesse de la réaction : « La paix redevient une question fondamentale de l'agenda politique, et les guerriers de toujours, les militaristes, la droite, veulent saboter tout pas dans cette direction. »

     

    Carlos Lozano a aussi partagé le danger que l'histoire du massacre de l'UP se répète :

     

    « Ce sont des moments différents, bien que l'extrême-droite cherche à plonger le pays dans un nouveau bain de sang, une guerre sale, d'extermination de la gauche. La classe dominante a toujours défendu son pouvoir par la violence ».

     

    Les communistes colombiens ont lancé un appel de solidarité avec leur dirigeant national, les communistes français et d'ailleurs ne peuvent que s'y associer.

     

    Solidarité avec Carlos Lozano, voix de la paix, de la démocratie et du changement social en Colombie. Résistance aux menaces de l'extrême-droite para-militaire colombienne, à la solde de l'oligarchie nationale et de l'impérialisme états-unien !


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  • Peut-être aurait-il fallu commencer comme cela? Rassembler au-delà du Front de gauche, un travail de terrain sans stigmatiser l’électorat du Front national. Lire attentivement cet article de l’humanité que l’on peut considérer comme une manière d’autocritique, du moins on peut l’espérer. (Note de Danielle Bleitrach)

     

    Arrivé largement en tête du premier tour, le sortant (PCF) Alain Bocquet devrait être réélu sans difficulté face à la candidate du FN arrivée en deuxième position.

     

    Dans le Nord-Pas-de-Calais, un duel se tiendra bien entre Front de gauche et Front national. Mais c’est dans la 2e circonscription du Nord, autour de Saint-Amand-les-Eaux, qu’il se jouera.

     

    Alain Bocquet 01

     Pas de suspense dans ce combat : le sortant, le communiste Alain Bocquet, par ailleurs maire de la principale ville de la circonscription, est arrivé dimanche largement en tête du premier tour avec 46,6 % des suffrages exprimés quand la candidate suivante, la lepéniste Nathalie Betegnies, n’en recueille que 21,7 %. Et celle-ci ne pourra guère compter sur de forts reports de voix : 17 des 26 maires de la circonscription, de tous bords, ont d’ores et déjà appelé à voter pour Alain Bocquet dimanche prochain.

     

    Aller au-delà du Front de gauche

    Rassembler « tous les démocrates et les républicains » n’a pas posé de grandes difficultés au député. En dehors même des périodes d’élection, c’est, à l’entendre, une priorité. « Je travaille avec tout le monde sans distinction, explique-t-il, syndicalistes, élus, salariés, entreprises. » Alors, quand il est parti en campagne, le thème de « l’union du peuple de France pour l’Humain d’abord » s’est imposé naturellement : « On est allé au-delà du Front de gauche. Face à la crise, face aux politiques libérales, il faut se rassembler, créer des convergences d’intérêts de tous ceux qui font la vie économique et sociale du territoire », indique-t-il.


     La droite grande perdante

    La grande perdante ici, c’est la droite traditionnelle. Avec seulement 6,6 % des voix, l’UMP et sa candidate, Monique Huon, ont vécu une véritable humiliation. Ses électeurs ont sans doute en partie glissé vers l’extrême droite. Mais, selon Alain Bocquet, ce ne sont pas les seuls. Pour lui, « on trouve de tout dans l’électorat FN : les conservateurs représentants de la haute finance, mais aussi le type au RSA qui en a ras le bol, et son voisin parce qu’il en a marre d’avoir un “assisté” à côté de chez lui ».

     

    Reconquérir, pas stigmatiser l’électeur FN

    Le vote FN relèverait souvent de « l’appel au secours ». Et la gauche n’est pas dispensée de responsabilité : « Ils ne se retrouvent pas dans notre combat, et on le mène pour eux. Il ne suffit pas de formuler des propositions générales et généreuses, encore faut-il être entendu et compris. C’est la question de notre lien avec les gens qui est posée. » Alain Bocquet s’était d’ailleurs opposé au choc frontal entre le Front de gauche et le FN, personnifié dans le combat Mélenchon-Le Pen à Hénin-Beaumont. « On ne peut pas reconquérir un électeur FN après l’avoir stigmatisé », estime-t-il. Alors, jusqu’à dimanche, il prévoit de mener campagne avec humilité, « une des qualités d’un révolutionnaire », selon lui.

     

    Adrien Rouchaleou

    URL Article : http://histoireetsociete.wordpress.com/2012/06/14/nord%E2%80%89-alain-bocquet-rassemble-face-au-front-national/


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  • nuage-d-orage-sur-les-champs-de-montana

      Une petite analyse de ma pomme:

      La 5e République est usée jusqu'à la corde et les deux partis ultra-dominants (l'Ump et le Ps) s'en contentent pour se partager le pouvoir et ses prébendes. Il ne faut surtout rien entendre d'eux pour changer de constitution. D'un autre côté, même si une 6e République démocratique et sociale est nécessaire, la proclamer, sans ancrer cette urgence parmi les classes populaires, est une bataille perdue.

     

      Oui, car les couches populaires (ouvriers et employés), soit 53% de la population et les petites couches moyennes (24%), n'écoutent plus ceux qu'elles considèrent comme des élites, pour n'être pas de leur mal-vie. Et comment ne pas les comprendre quand dans la dernière Assemblée nationale: aucun ouvrier député et 1% d'employés. Dès lors, si les couches populaires sont venus voter massivement pour virer Sarkozy de l'Elysée, à près de 43%  (et bien plus dans les cités populaires) elles se sont abstenues au premier tour des législatives (contre 35% en 2002 et 39% en 2007). Il est à noter aussi que la droite compte beaucoup de soutiens parmi le peuple malgré la politique menée par Sarkozy, les nantis (ceux qui profitent de la crise) étant minoritaires en France. Les bruns marine, s'ils ne percent pas dans les quartiers populaires, progressent dans les zones périphériques des villes, dénommées à tort zones rurales, comme pour dire que les campagnes adhéreraient majoritairement aux thèses du Fn. En fait, ce sont des ménages ouvriers, employées plus aisés et les couches moyennes, qui se sont installés là pour faire construire à moindre frais (sic), mais aussi loin de tout et des services publics, éloignés également des discours politiques oeuvrant pour un réel changement de société.

     

      Le gouvernement réformiste de François Hollande et de ses satellites devrait avoir la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le Front de gauche va compter pour peu: 11 présents pour le deuxième tour, un 12e se présentant malgré être arrivé derrière le candidat du Ps. C'est donc un affrontement droite-réformisme qui va perdurer dans ce clos qui ne représente plus le peuple dans son quotidien, comme dans ses opinions. Et dans ce cadre-là, les députés se réclamant du Pcf seront encore plus minoritaires.

     

      François Hollande saura-t-il maintenir un autre cap que celui qu'avait tenu ses camarades en Espagne, au Portugal et bien pire en Grèce? La crise capitaliste poursuit sa route dévastatrice. Les milliards d'argent public déversés dans les coffres des banques privées, non contents de ne rien régler, sont des facteurs d'augmentations exponentielles des dettes publiques. Et comme le gouvernement Hollande veut réduire (à tout prix) la dette de la France, à moins d'un budget de rigueur... Pour rappel, les derniers traités européenns, qui alourdissent le fardeau supporté, ont été votés au Parlement Européen par les socialistes, les verts et la droite... Il est aussi bon de rappeler que la dette d'un état n'est pas qu'il dépense trop, mais qu'elle provient du transfert de la dette des banques privées à but lucratifs pour actionnaires dans les finances publiques. Les 100 milliards d'euros publics n'ont pas été accordés dernièrement pour le peuple espagnol mais bien aux banques privées d'Espagne (la 4e puissane économique dans l'Ue). Demain à qui le tour, après l'Irlande, la Grèce et le Portugal? Et après le 17 juin, à quelle sauce serons-nous mangés?

     

      Si nous pensons, de notre seule verve, convaincre le gouvernement de changer de politique, la descente aux enfers sera rapide. Et plus encore, si on lorgne sur quelque strapontin dans le conseil des ministres.

      Alors demain sera toujours comme hier.

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  • Main basse sur les salaires

    Le consensus de Berlin

    Le consensus de Berlin

    par Anne Dufresne, février 2012

    Avril 2010. La « troïka », composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), intervient dans les processus de négociation collective en Grèce. Elle exige une baisse des salaires d’environ 25 % dans le secteur public ainsi que la réduction du salaire minimum. En juin, le même trio lance une procédure spéciale enjoignant au gouvernement roumain d’« adopter un code du travail révisé et une législation sur la négociation collective afin de réduire le coût de l’embauche et d’améliorer la flexibilité des salaires (1) ». Un an plus tard, enfin, la Commission européenne appelle la Belgique à réformer son système d’indexation des salaires, arguant que « les coûts unitaires de la main-d’œuvre [y] ont augmenté plus rapidement que dans les trois pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas) (2) ».

    Grèce, Roumanie, Belgique… Depuis quelques mois, Bruxelles place l’évolution des salaires au cœur de sa stratégie de résolution de la crise qui secoue l’Europe. Mieux, elle somme les autorités nationales d’obtenir des baisses. Le traité de Maastricht, entré en vigueur le 1er novembre 1993, stipulait pourtant que « la Communauté n’apportera ni appui ni soutien aux activités des Etats membres en matière de rémunération » (art. 2.6), clause reconduite dans le traité de Lisbonne.

    Si la question des salaires a d’abord été exclue des prérogatives communautaires, les contraintes imposées par l’Union — du contrôle des déficits publics à celui de la dette — visaient en partie à garantir la « modération salariale ». Mais ce pilotage s’effectuait à distance, sans intervention directe. Il n’en va plus de même. Et, d’après le président de la Commission européenne, la récente évolution de l’action de Bruxelles n’a rien d’anecdotique. « Ce qui se passe actuellement, affirme M. José Manuel Barroso, est une révolution silencieuse, à petits pas, vers une gouvernance économique plus forte. Les Etats membres ont accepté — et j’espère qu’ils l’ont bien compris — d’octroyer aux institutions européennes d’importants pouvoirs en matière de surveillance (3). »

    Les gouvernements ont décidé de se coordonner pour mener, à l’échelle européenne, une politique commune de régression salariale. Le pacte « euro plus », adopté en mars 2011, accélère le détricotage des modèles de négociation collective. Au-delà de la limitation des dettes et des déficits publics — qu’elle souhaite voir inscrite dans la législation de chaque pays —, l’Union européenne entend désormais s’immiscer dans les négociations nationales pour imposer sa conception de la discipline salariale. Le « paquet sur la gouvernance économique européenne » (« six-pack »), voté par le Parlement européen en octobre 2011, assortit même le pacte — un simple engagement politique entre Etats — de contraintes juridiques.

    Ce dispositif, qui contient six actes législatifs européens, a été adopté dans l’urgence et en toute discrétion. Piloté par la direction générale des affaires économiques et financières (DG Ecfin), les ministres de l’économie et la BCE, il prévoit qu’un « tableau de bord » donnera l’alarme en cas de « déséquilibre macroéconomique » ou d’« écart de compétitivité » jugé trop important à Bruxelles. Si un pays ne se conforme pas aux recommandations, il sera passible de sanctions financières. En matière de salaires, l’indicateur choisi comme niveau à bulle de cette architecture n’a rien d’anodin : on a préféré le coût unitaire de la main-d’œuvre (CUMO) à la part des richesses revenant aux salaires (4). Alors que le premier indicateur reflète l’évolution des rémunérations par rapport au reste de l’Union, le second analyse la distribution des richesses entre travail (salaires) et capital (profits). Le terme « compétitivité » maquille mal la nature du projet : une intensification de la concurrence entre les salariés européens, au sein d’une Union dont les concepteurs affirmaient pourtant qu’elle favoriserait la coopération de ses membres vis-à-vis de l’extérieur...

    Un nouveau modèle est bientôt érigé : l’Allemagne, que les réformes de M. Gerhard Schröder (1998-2005) ont transformée en parangon de modernité. Le 30 mars 2010, Mme Christine Lagarde, alors ministre de l’économie française, observait : « L’Allemagne a accompli un excellent travail au cours des dix dernières années, en améliorant la compétitivité, en exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d’œuvre (5). » Un peu plus tard, M. Jean-Claude Trichet, qui occupait alors le poste de gouverneur de la BCE, enfonçait le clou : « Les entreprises allemandes ont su s’adapter rapidement à la mondialisation. (...) Le fait d’être très attentif à ses coûts de production et d’engager des réformes pour rendre l’économie plus souple peut servir d’exemple à tous ses voisins (6). »

    Toutefois, si M. Schröder fut si vite surnommé le « camarade des patrons », c’est peut-être parce que sa bataille pour la compétitivité se solda par une défaite sociale. Sans compter que la stratégie allemande de désinflation compétitive — l’accroissement de la compétitivité des exportations par la réduction des salaires — constitue un parfait contre-exemple de coopération européenne (7). A la fin des années 1990, l’Allemagne avait justifié cette politique par la détérioration de sa balance commerciale et la perte d’efficacité de son économie à la suite de l’unification ; à l’heure actuelle, les indicateurs privilégiés par l’orthodoxie en vigueur sont repassés au vert. Mais à quel prix...

    « Nous avons créé l’un des meilleurs secteurs à bas salaire en Europe », se félicitait M. Schröder en 2005, lors du Forum économique mondial de Davos. Depuis 2003, les politiques de flexibilisation du marché du travail (lois Hartz) ont considérablement appauvri l’Allemagne. Le travail temporaire est devenu un secteur à part entière, certaines allocations de chômage proportionnelles au revenu ont été supprimées et les « mini-jobs » (emplois flexibles payés 400 euros par mois) ont fait leur apparition. En 2011, 40 % des travailleurs étaient embauchés avec des contrats précaires et 6,5 millions étaient des employés « à bas salaire » (moins de 10 euros de l’heure) (8). Les conventions collectives sont également devenues très vulnérables. De tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Allemagne est celui qui a connu la plus lente progression des salaires entre 2000 et 2009. En termes réels (c’est-à-dire en prenant en compte l’inflation), ceux-ci ont baissé de 4,5 %, cependant qu’ils croissaient de 8,6 % en France et de 22 % en Finlande (9).

    En présentant l’Allemagne comme un modèle de sortie de crise, beaucoup omettent de préciser que Berlin parvient à vendre ses produits parce que ses partenaires les lui achètent (10). Les exportations allemandes dépendent donc de la consommation des autres pays de la région, elle-même tributaire du pouvoir d’achat des populations. Ou, pour le dire autrement : les déficits commerciaux des uns conditionnent les excédents des autres. A tel point que, pour l’économiste britannique et éditorialiste au Financial Times Martin Wolf, la résorption de la crise actuelle implique que, dans ce domaine, « l’Allemagne se fasse moins allemande (11) ». Toutefois, les oracles bruxellois n’en démordent pas : les capitales européennes sont invitées à imiter Berlin. Une perspective qui constitue l’aboutissement logique d’une vieille dynamique.

    Dans les années 1980, le système monétaire européen (SME) a imposé à ses membres une politique d’ancrage au deutsche mark et une soumission de fait à une double orthodoxie monétaire et budgétaire dictée par les autorités monétaires allemandes. A l’époque, différentes mesures permettent encore aux Etats d’améliorer leurs coûts relatifs de production : dévaluation (jeu sur les taux de change) et désinflation compétitive (jeu sur les salaires, la fiscalité, etc.). Au début des années 1990, les critères d’ajustement structurel imposés par le traité de Maastricht consacrent l’option d’une coordination libérale des politiques économiques, laquelle résulte du rapport de forces entre les grands pays.

    Tandis que la France réclame la monnaie unique comme garantie d’intégration européenne d’une Allemagne nouvellement unifiée, le chancelier Helmut Kohl impose, en retour, le modèle allemand de banque centrale et son obsession anti-inflationniste. Le déficit public ne devra pas dépasser 3 % du produit intérieur brut (PIB), la dette publique, 60 % du PIB, et les gouvernements devront viser un « degré élevé » de stabilité des prix (soit « un taux d’inflation ne dépassant pas de plus de 1,5 point le taux moyen des trois Etats membres présentant les taux d’inflation les plus bas »). A ce stade, les rémunérations ne font l’objet d’aucun pilotage direct.

    En 1999, la naissance de l’euro marque un tournant : la monnaie unique interdit aux Etats toute dévaluation ou autres jeux sur les taux de change pour améliorer leur compétitivité. Conséquence : les salaires deviennent la dernière variable d’ajustement dont ils disposent pour améliorer leurs coûts relatifs de production. Une situation qui revient à exercer une pression constante sur le pouvoir d’achat des travailleurs européens. Au cours de cette période, les politiques de négociation collective connaissent une mutation fondamentale et deviennent profondément défensives. Sous la pression des restructurations en cours et de la montée du chômage de masse, beaucoup de syndicats européens (allemands en tête) révisent leurs revendications à la baisse. Comme ils négocient sous la menace de nuire à la compétitivité nationale, leur priorité n’est plus la hausse des salaires mais la conservation de l’emploi.

    Une longue série d’accords d’entreprise entérinant des augmentations du temps de travail contre le maintien des postes illustrent la tendance à la dévalorisation de la négociation de branche dans toute l’Europe, comme en 2004 chez Siemens (Allemagne) ou en 2005 chez Bosch (France). L’allongement du temps de travail équivaut à une réduction du coût du travail. « La Confédération européenne des syndicats (CES) pensait que la modération salariale était un moment nécessaire dans une période de chômage très important (12 à 13 % dans l’Union), raconte M. Jean Lapeyre, à l’époque secrétaire général de l’organisation. On pensait qu’on devait faire cet effort dans l’intérêt de l’emploi. (...) Puis on s’est sentis trahis et trompés par les employeurs, car la part salariale n’a cessé de régresser sans que l’embauche s’améliore (12). »

    Dans un tel contexte, la nature même du salaire se voit entamée. Jusque-là objet de délibération politique par excellence, celui-ci est désormais ramené au rang de vulgaire facteur de pression inflationniste ou d’amélioration de la compétitivité. Ce qui revient à évacuer définitivement la question cruciale de la redistribution des richesses.

    Au niveau de l’Union, les acteurs économiques qui s’emparent ainsi de la question font volontiers l’impasse sur le rôle de la sphère politique dans le choix des options économiques. Selon eux, les partenaires sociaux — appelés à la « responsabilité » — ne peuvent avoir d’autre ambition que de faciliter une nécessaire baisse du Cumo : « Les partenaires sociaux devraient continuer à faire preuve du même sens des responsabilités et négocier dans les Etats membres des accords salariaux qui soient conformes aux principes généraux définis dans les grandes orientations des politiques économiques (13). »

    Théoriquement écarté du domaine de compétence sociale de Bruxelles, le salaire se trouve projeté dans celui des politiques économiques communes. Or le carcan macroéconomique de l’Union ne laisse d’autre perspective que le dumping salarial organisé. Puisque aucun cadre de négociation collective européenne ni aucune harmonisation par le haut n’est pour le moment envisageable dans le cadre du droit européen, la négociation ne se conçoit... qu’à la baisse. Comme si on ne pouvait imaginer une coordination des négociations de salaires à la hausse.

    Anne Dufresne

    Sociologue, chargée de recherche au Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) en Belgique. Auteure de l’ouvrage Le Salaire, un enjeu pour l’euro-syndicalisme. Histoire de la coordination des négociations collectives nationales, Presses universitaires de Nancy, 2011.

    (1) Lettre d’intention du gouvernement de la Roumanie au FMI, 16 juin 2010.

    (2) Commission européenne, «  Evaluation du programme national de réforme et du programme de stabilité 2011 de la Belgique  » (PDF), Bruxelles, 7 juin 2011.

    (3) Discours à l’Institut européen de Florence, 18 juin 2010.

    (4) Lire François Ruffin, «  Partage des richesses, la question taboue  », Le Monde diplomatique, janvier 2008.

    (5) «  Lagarde au Conseil des ministres allemand  », Le Figaro, Paris, 30 mars 2010.

    (6) «  Les pays de la zone euro doivent faire des efforts  », Le Figaro, 3 septembre 2010.

    (7) Lire Till Van Treeck, «  Victoire à la Pyrrhus pour l’économie allemande  », Le Monde diplomatique, septembre 2010.

    (8) Pour plus de détails, lire Bispinck Reinhard et Schulten Thorsten, Trade Union Responses to Precarious Employment in Germany, WSI-Diskussionspapier n° 178, décembre 2011.

    (9) Organisation internationale du travail (OIT), «  Rapport mondial sur les salaires 2010/2011. Politiques salariales en temps de crise  », Genève, novembre 2011.

    (10) Environ 60 % des exportations allemandes sont destinées à la zone euro.

    (11) Martin Wolf, «  A disastrous failure at the summit  », Financial Times, Londres, 14 décembre 2011.

    (12) Entretien avec l’auteur.

    (13) Recommandation du Conseil concernant les grandes orientations des politiques économiques, 15 juin 2001.

    http://www.monde-diplomatique.fr


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  • Lorsque tout va bien et que l’économie-monde se développe par la production d’une nouvelle plus-value, la lutte des classes est tenue en respect. Non qu’elle disparaisse, mais tant que le chômage reste à un niveau bas et que les revenus réels des couches inférieures augmentent, même de façon modeste, le compromis social est à l’ordre du jour.

    Mais lorsque l’économie-monde entre en stagnation et que le taux de chômage réel augmente considérablement, la taille du gâteau à partager se réduit. La question devient alors de savoir qui va en supporter les conséquences, à l’intérieur et entre chaque pays. Dans ces conditions, la lutte des classes s’intensifie et engendre, tôt ou tard, des conflits ouverts dans la rue. C’est ce qui s’est produit dans le système-monde depuis les années 1970 et, de façon encore plus spectaculaire, depuis 2007. Jusqu’à présent, le haut du pavé de la classe supérieure (les 1%) s’est accroché à sa part du gâteau et, en réalité, l’a même augmenté. Ceci a mécaniquement eu pour conséquence le fait que la part des autres 99% est en diminution.

    La lutte pour la distribution des parts du gâteau s’organise fondamentalement autour de deux sujets : la taxation (combien et qui ?) et le système de protection sociale de la majorité de la population (dépenses pour l’éducation et la santé, garanties de revenu tout au long de la vie). Il n’existe aucun pays où cette lutte n’ait pris place. Mais cette dernière éclate plus violemment dans certains pays que d’autres, du fait de leur position dans l’économie-monde, de leur démographie, de leur histoire politique.

    Une lutte des classes intense soulève pour tout un chacun la question de savoir comment l’appréhender politiquement. Les cercles qui détiennent le pouvoir peuvent durement réprimer les troubles sociaux et ils sont nombreux à ne pas s’en priver. Ou bien, quand les troubles deviennent trop puissants pour leurs dispositifs de répression, ils peuvent chercher à coopter les contestataires en donnant l’impression de les rallier et en limitant les véritables changements. Ou bien ils font les deux, en cherchant à réprimer en premier et, en cas d’échec, à coopter.

    Les contestataires font aussi face à un dilemme. Au départ, ils forment toujours un groupe de courageux minoritaires. Pour pouvoir inquiéter les pouvoirs en place, ils doivent impérativement convaincre un groupe bien plus large qu’eux - et politiquement bien plus modéré - de les rejoindre. Ceci n’est pas facile à réaliser mais parfois, cela arrive. C’est ce qui s’est passé en Egypte sur la Place Tahrir en 2011. C’est ce qui s’est également produit avec le mouvement Occupy aux Etats-Unis et au Canada. C’est aussi arrivé en Grèce avec les dernières élections. Ou au Chili avec les grèves étudiantes qui durent maintenant depuis longtemps. Enfin, en ce moment, c’est ce qui est en train de se produire de façon spectaculaire au Québec.

    Mais, lorsqu’une telle situation se produit, que faire ? Certains contestataires considèrent que leurs revendications initiales doivent devenir beaucoup plus ambitieuses et radicales dans le but de reconstruire l’ordre social. D’autres, et il y en a toujours, sont disposés à s’asseoir autour d’une table avec les cercles dirigeants pour négocier des compromis.

    Lorsque ces derniers ont recours à la répression, ils ne font généralement qu’attiser les flammes de la contestation. Mais, dans certains cas, cette répression peut aussi produire ses effets escomptés. Quand ce n’est pas le cas et que les cercles dirigeants passent des compromis ou cooptent, ils sont alors en mesure de casser le soutien populaire aux contestataires. C’est ce qui semble s’être produit en Egypte. Les récentes élections ont abouti à un second tour entre deux candidats dont aucun n’a été un soutien de la révolution de la Place Tahrir : l’un est le dernier premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, l’autre un dirigeant des Frères musulmans dont l’objectif premier est d’instaurer la charia dans le droit égyptien. En aucun cas, ces candidats n’ont pour objectif de mettre en œuvre les revendications de ceux qui sont rassemblés sur la Place Tahrir. Il s’agit d’une situation déchirante pour les quelque 50% d’électeurs qui n’ont pas voté au premier tour pour l’un des deux candidats arrivés en tête. Cette situation malheureuse est avant toute chose le résultat de la division des électeurs « pro-Place Tahrir » qui ont partagé leurs suffrages du premier tour entre deux candidats aux passés assez différents.

    Que faut-il penser de tout cela ? Que la géographie de la contestation évolue rapidement et constamment. Une contestation qui surgit fait toujours face à une tentative de répression, de cooptation ou est poussée à l’usure. Mais aussitôt après, une autre contestation apparaît ailleurs. Là aussi, elle sera soit réprimée, cooptée ou poussée à l’usure. Et encore après, la même chose se produit dans un troisième endroit, comme si le mouvement planétaire était irrépressible.

    Et il l’est effectivement, pour une raison simple. La compression des revenus dans le monde est bien réelle et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Dans la crise structurelle actuelle de l’économie-monde capitaliste, les solutions classiques préconisées pour enrayer les récessions économiques sont inopérantes. Et ce, quoi que puissent dire les experts et les dirigeants politiques qui nous assurent qu’une nouvelle période de prospérité se dessine à l’horizon.

    Nous vivons une situation mondiale chaotique. Les fluctuations sont amples et rapides, en tout et partout. Ceci concerne également les mouvements sociaux. C’est ce que nous confirme la géographie constamment mouvante de la contestation. La Place Tahrir au Caire hier, les marches non autorisées des poêles et des casseroles à Montréal aujourd’hui, ailleurs demain. Et probablement là où on ne s’y attend pas.

    Par Immanuel Wallerstein le 07/06/2012 source Mémoire des luttes http://www.rougemidi.org

    Transmis par Linsay

     

    Immanuel Wallerstein

    Sociologue, chercheur à l’université de Yale


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  • l-echo Nombre de commentateurs s'échinent à prier tous les dieux disponibles pour que l’horreur ne survienne pas. Leur peur de l’enfer sur terre se cristallise autour d’un enjeu qui les obsède : le parti socialiste pourrait-il ne pas obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale et, dans cette hypothèse, devrait-il avoir recours aux députés d’Europe-Ecologie et, pire encore, à ceux du Front de gauche? Ces derniers, à leurs yeux, incarnent l’abomination. Dans le journal Libération d’hier, Alain Duhamel pousse le bouchon jusqu’à prédire, dans ce cas-là, une dissolution de l’Assemblée dans les deux ans, par la volonté diabolique des communistes et de leurs alliés du Front de gauche!

     

    Ce tintamarre ridicule - qui en dit long sur l’honnêteté intellectuelle et la rigueur morale de nos commentateurs indéboulonnables - a au moins le mérite de mettre l’accent sur la problématique du changement. En effet, si les parlementaires socialistes et radicaux n’ont pas à tenir compte des propositions sociales et économiques du Front de gauche, ils en resteront à la ligne centre-gauche de François Hollande avec, comme conséquences, de sérieux déboires en perspective pour les catégories populaires…

     

    Tel est l’horizon «raisonnable et réaliste» qu’appellent de leurs vœux les Duhamel et consort : le changement pour que rien de change!

     

    Accrochés comme une moule à son rocher au régime présidentiel et à ses scrutins déformants, les belles âmes ne perdent jamais de vue les intérêts de leur caste.

     

    Christian AUDOUIN

    Editorial de L'ECHO

    Mardi 12 Juin 2012

    http://eldiablo.over-blog.org


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  • Si ce n'est pas Bruxelles qui attaque notre CDI, c'est l'OCDE qui, face à l'allongement de l'espérance de vie, encourage les retraites privées.

    Selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) paru lundi 11 juin, face à l'augmentation de l'espérance de vie, les gouvernements vont devoir relever l'âge de départ à la retraite et promouvoir des systèmes de retraite privée afin de garantir la pérennité des systèmes de pension nationaux. En effet, dans les cinquante prochaines années, l'espérance de vie à la naissance devrait s'accroître de plus de sept ans dans les économies développées, selon l'OCDE.

    Pour compenser cet allongement de la vie, la plupart des pays de l'OCDE ont pris des mesures. L'âge de départ à la retraite sera de 65 ans à terme pour la moitié des pays de l'OCDE (Canada, Japon, Corée, Suisse, Turquie, Nouvelle-Zélande, Mexique, Suède, etc.) et de 67 à 69 ans pour 13 d'entre eux (Allemagne, Norvège, Islande, Espagne, Etats-Unis, Royaume-Uni, Danemark, Italie, etc.). Selon les perspectives de l'OCDE sur les pensions 2012, des relèvements de l'âge de la retraite sont en cours ou prévus dans 28 des 34 pays de l'organisation.

    Mais ces relèvements ne devraient absorber les effets de l'allongement de l'espérance de vie que dans six pays pour les hommes et dix pour les femmes, note-t-elle. "Les gouvernements devraient donc envisager de lier formellement l'âge de la retraite à l'espérance de vie, comme au Danemark ou en Italie, et redoubler d'efforts pour promouvoir les pensions privées" afin que "leurs systèmes nationaux de pension soient à la fois financièrement viables et adaptés", selon l'organisation.

    "Injuste" pour les faibles revenus

    Les réformes intervenues au cours de la dernière décennie réduisent les prestations qui seront servies à l'avenir par les systèmes de pension publics, en général de 20% à 25%, relève-t-elle. Dans les 13 pays qui ont rendu les pensions privées obligatoires, notamment en Australie et au Chili, les retraités peuvent espérer toucher 60% de leurs revenus, contre 50% pour les autres. Dans les pays où les retraites publiques sont relativement faibles et où les pensions privées ont un caractère volontaire (Allemagne, Corée, Etats-Unis, Irlande, Japon), "de vastes segments de la population peuvent s'attendre à une chute brutale de leurs revenus à la retraite", note l'OCDE.

    Il "sera essentiel" pour ces pays de reporter l'âge de la retraite et d'élargir l'accès aux pensions privées, selon elle. Mais "rendre les pensions privées obligatoires n'est pas nécessairement la solution dans tous les pays" car cela pourrait "affecter de manière injuste les faibles revenus". Plus généralement, l'OCDE préconise de "réformer les allégements d'impôts de manière à encourager l'épargne retraite privée", car "les faibles revenus et les travailleurs jeunes sont beaucoup moins susceptibles de se constituer une pension privée".

    (Source : Le Monde)


    NDLR : Pour rappel, en 2006, dans un rapport intitulé «Perspectives de l’Emploi», au chapitre «Stimuler l’emploi et les revenus», l'OCDE écrivait :
    «Les réformes structurelles qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés.»

    Pas besoin de vous faire un dessin pour mesurer le cynisme de cette organisation ultralibérale.

    Et depuis 2006, en France, l'espérance de vie en bonne santé recule : celle des hommes est passée de 62,7 ans à 61,9 ans entre 2008 et 2010, et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes. Quant à l'espérance de vie d'un cadre, elle est en moyenne supérieure de 7 ans à celle d'un ouvrier.

    En Allemagne, l'espérance de vie des plus pauvres a reculé de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010 alors qu'ils travaillent plus.

    Les inégalités sociales face à la mort sont une constante. Elever l'âge de la retraite est donc la solution pour faire mourir plus tôt les plus pauvres : c'est toujours ça de gagné pour les caisses de retraites !

    Mais l'OCDE veut aller plus loin en les privatisant. Or, contrairement à notre système de retraite par répartition, le système de retraites privé par capitalisation est le plus sûr moyen de se faire arnaquer tant que l'économie financiarisée fonctionnera comme un casino.

    Démonstration : http://www.actuchomage.org/


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  • J’ai vu le tweet à 12 h ce mardi 12 juin, j’ai eu du mal à y croire et j’ai ressenti tous les éléments de la gène, j’ai compris illico tout ce que cela allait donner dans les médias. Je ne veux pas parler de La Rochelle et même plus de Hénin-Beaumont mais de la retraite à 60 ans sans décote. Ca vous dérange ? Ca passe à côté ?  On n’a pas le droit ? Ce n’est pas opportun ?

    Il y a eu 8 millions de manifestants en 2010 pour défendre la retraite à 60 ans contre Sarkozy qui s’est comporté comme un dictateur birman et n’a rien voulu négocier. Il y avait 75 % de l’opinion pour les 60 ans sans décote. Il y a sans doute 80 % des syndiqués de ce pays qui y sont favorables. Sondez les adhérents du PS, j’en ai fait le tour de France, il y a sans doute 75 %  des membres qui sont pour. Le FdG, EELV, la FSU, la CGT, Sud-Solidaires, UNSA, une bonne moitié de la CFDT sont « pour ».

    Vous vous étonnez qu’il y ait des abstentions aux législatives ? Vous n’avez qu’à ne pas organiser le silence ou la diversion mais le débat là dessus ! Qu’en pensent Philippe Kemel et Ségoléne Royal ? sur le fond ?

    Il doit y avoir des négociations cet été : ça, c’est une belle avancée. Rien que pour cela il fallait chasser Sarkozy. Mais que va t on négocier ? on ne peut se contenter d’en rester à 110 000 salariés qui ont commencé à 18 ans et après 42 ans (sic) auraient « droit » à la retraite à 60 ans sans décote. Tiens qu’est ce que vous faites des « égoutiers » dont l’espérance de vie est inférieure à 60 ans et dont l’age de départ a été repoussé de 50 ans à 52 ans ?

    Deux maladies sur trois sont liées au travail entre 55 et 60 ans. Trois maladies sur quatre entre 60 et 65 ans. Il y en a qui voient des nains partout, mais il n’y a que le Medef qui voit des centenaires partout, c’est bien le seul point sur lequel il est optimiste. La biologie du corps humain est inchangée. Le travail est dur à partir de 55 ans. Il y a 150 000 crises cardiaques en France par an et 100 000 accidents vasculaires : entre 1/3 et 50 % de ces 250 000 AVC sont liés au travail.

    Il a été pris prétexte de l’allongement de l’espérance de vie pour allonger la durée du travail sur la vie : mais l’espérance de vie moyenne recule en France comme aux USA et en Allemagne. Normal : car si on travaille plus longtemps en moyenne, on mourra plus tôt en moyenne. E si on vit plus longtemps c’est pour en profiter davantage, pas pour travailler plus.

    Il a été dit que le travail des « seniors » serait protégé : c’est faux il y a eu 20 % de seniors en plus au chômage toutes ces dernières années.  La moyenne réelle des annuités cotisées dans la vie réelle n’a pas augmenté de 37, 5 à 42 annuités, elle a baissé de 37,5 à 35 annuités ! Cela fait maintenant une moyenne de 7 ans de décote ! Or les décotes sont de 2,5 pts par an en France contre 0,9 pts dans l’Allemagne de Merkel.

    La retraite à 67 ans est prévue en Allemagne en 2029, en Grande-Bretagne elle est prévue à 68 ans en 2048. Mais en France, Sarkozy nous a imposé la pire des réformes d’Europe : elle est fixée à 67 ans en 2017 ! Dans 5 ans !

    Et il n’y aurait pas à « négocier » ? Il n’y aurait pas à abroger la loi Woerth-Sarkozy ?   On a 25 % de chômage chez les jeunes et il faut (vainement) donner la priorité à faire travailler les seniors jusqu’à 67 ans ?  2 seniors sur 3 sont au chômage, en maladie, inaptes, licenciés a partir de 55 ans ? Quel est ce cirque du Medef qui a fixe une retraite à 67 ans ?

    A quoi ça servait de réduire la durée du travail à 35 h sur la semaine si c’est pour l’allonger sur la vie à 67 ans. Il n’y aura pas de réduction du chômage de masse sans réduction du temps de travail !

    Qu’en pense t on entre ces deux tours de législatives ?  Nous voulons des voix pour en finir avec l’UMP/FN ?  Rendons les retraites volées aux salariés par Sarkozy !  La France est riche, elle n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées.

    Alors j’ai fait un tweet : 60 ans sans décote !

    La prestation doit être définie : droit à la retraite à 60 ans pour tous sans décote, calculée sur 10 ans, à un taux de 75 %,  indexée sur les salaires, 35 annuités, pas de retraite inférieure au Smic.

    Pour la financer il faut faire une échelle variable des cotisations sociales retraite et faire varier les annuités requises selon l’évolution réelle du « marché du travail » : si la durée réelle moyenne cotisée devient 36 dans la réalité, c’est 36, si elle devient 37 c’est 37, si elle devient 38 c’est 38…

    Le retour à la retraite à 60 ans, c’est le recul du chômage, c’est la défense du salariat qui souffre, c’est l’aide aux plus défavorisés, c’est la redistribution des richesses pillées par la finance,  c’est la lutte contre l’UMP/FN !  Unité et mobilisation de toute la gauche !

    Que partout le 17 juin, on vote pour le candidat de gauche arrivé en tête, le mieux placé, c’est le seul principe repère. Même s’il y a eu des dégâts évitables avant, on ne peut pas les réparer autrement. Qu’il y ait une majorité et un gouvernement PS-Fdg-EELV.

    En face, pour négocier, qu’il y ait  le maximum d’unité syndicale. Adhérez à vos syndicats, mobilisez  ! Qu’on aille à l’essentiel : négocions une vraie retraite à 60 ans au sein de la majorité de la gauche grâce au fait qu’on aura battu la droite.

    Cet article a été écrit par Gérard Filoche


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  • Russie : l'opposition défie Vladimir Poutine

    100 000 opposants manifestaient mardi au centre de Moscou contre le président russe, selon les organisateurs de la "marches des millions", bravant le durcissement du pouvoir marqué la veille par des perquisitions sans précédent visant les leaders du mouvement.

    Des dizaines de milliers de personnes ont commencé à défiler place Pouchkine pour rejoindre l'avenue Sakharov, où près de 100 000 manifestants anti-Poutine s'étaient rassemblés en février, où aura lieu la "marche des millions" autorisée pour 50 000 personnes par les autorités. "Tout le monde à Moscou! Si vous ne voulez pas vivre dans une dictature, comme avant, alors venez!" twitte Lyapis Troubetskoï sur le site de microblogging. Sur Facebook, plus de 6.500 personnes affirment qu'elles participeront au rassemblement.

    Cette grande manifestation est la première depuis l'investiture le 7 mai au Kremlin de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de président après ceux de 2000-2008 et un intermède de quatre ans comme Premier ministre. Elle intervient dans un contexte tendu, après des mesures interprétées par les observateurs comme un signe de durcissement du régime, après une dizaine de perquisitions effectuées lundi au domicile de leaders de l'opposition qui ont été convoqués pour interrogatoire à l'heure où débutera le rassemblement. "Cet interrogatoire est une formalité stupide visant exclusivement à nous empêcher de parler à la manifestation", s'est agacé Alexeï Navalni, blogueur anti-corruption devenu l'une des figures les plus médiatiques de l'opposition libérale, mardi matin à son entrée dans les locaux de la police fédérale. L'opposant anticapitaliste Sergueï Oudaltsov a fait savoir par le biais de son avocat qu'il ignorerait la convocation des autorités et se rendrait directement à la manifestation. Navalni compte également participer au rassemblement. De plus, plusieurs sites web proches de l’opposition russe étaient inaccessibles mardi matin, apparemment victimes d’une attaque en règle, alors que commençait une manifestation anti-Poutine à Moscou, bouclée par les forces de l’ordre.

     

    Des policiers gardant l'entrée du domicile du blogueur anti-corruption Alexeï Navalny

    Vladimir Poutine, qui a remporté en mars dernier l'élection présidentielle "dès le premier tour", mais qui est soupçonné d'irrégularités massives en faveur du parti Russie unie au pouvoir, est la cible d'un mouvement de contestation sans précédent. Après avoir toléré de vastes rassemblements de dizaines de milliers d'opposants, le pouvoir a durci le ton depuis la réélection de l'ancien agent du KGB pour un mandat de six ans. Vendredi, le chef de l'État russe est passé outre l'avis de son conseiller en matière de droits de l'homme et a promulgué une loi augmentant de manière spectaculaire le montant des amendes pour troubles à l'ordre public lors des manifestations. Cette loi prévoit des amendes de 300.000 roubles (près de 7.400 euros), soit davantage que le salaire annuel moyen en Russie, pour les manifestants si leur rassemblement entraîne des violences. Les organisateurs risquent pour leur part un million de roubles (près de 25.000 euros) d'amende. "Certaines personnes auront peut-être peur, mais les gens sont moins effrayés aujourd'hui", a déclaré Sergueï Oudaltsov. "Ils ont plus actifs, et je crois même qu'il y aura plus de monde que ce qui était prévu."

    Boris Nemtsov, un ancien vice-Premier ministre du président Boris Eltsine, également leader d'opposition, a estimé que le régime russe prenait exemple sur le président autoritaire du Bélarus, Alexandre Loukachenko. "Poutine répète ce que Loukachenko a commencé à faire il y a de nombreuses années", a-t-il déclaré à l'antenne de la radio Echo de Moscou. A l'heure de la manifestation mardi, la télévision publique russe retransmettait en direct une cérémonie en grande pompe au Kremlin, où le président Vladimir Poutine remettait des décorations à des personnalités, devant l'ensemble de l'élite politique.


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