• 69 ans après, l'Etat ne commémore toujours pas la naissance du C.N.R. !

    Source : "L'ECHO Haute-Vienne" 29 mai 2012

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    Les responsables syndicaux d'ArcelorMittal ont  rencontré François Hollande. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a annoncé la mise en place d'une "mission d'expertise" sur "les perspectives industrielles" du site sidérurgique de Florange.

    "On a rencontré un président très au fait de la situation industrielle du site de Florange, qui s'est exprimé de manière très consciente de l'urgence qu'il y avait à agir, et surtout qui a été très concret", a affirmé Dominique Gillier, secrétaire général de la CFDT-métallurgie, en allusion à la mission d'expertise qui va être désignée. "On est conscient que ça sera difficile, parce que c'est un bras de fer qui s'engage avec M. Mittal", a-t-il ajouté. Même tonalité pour Philippe Verbeke (CGT-Métallurgie) pour qui "on ne peut pas laisser des financiers détruire à petit feu la sidérurgie comme ils sont en train de le faire par l'intermédiaire de Lakshmi Mittal", le PDG d'ArcelorMittal. Enfin, pour Walter Broccoli (FO), "il y a de l'espoir de voir couler encore de l'acier en Lorraine (...) le combat continue, et on est sûrs de gagner".

    Le chef de l'État a demandé au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, de mettre en place une "mission confiée à un expert indépendant", souligne l'Elysée dans un communiqué. "Dans l'attente des conclusions de cette mission, il est demandé à la direction d'ArcelorMittal de ne procéder à aucune annonce sur l'avenir du site et de ses salariés", ajoute la présidence. Cette "mission d'expertise indépendante" portera "sur les perspectives industrielles du site de Florange" et rendra son rapport "dernier délai le 30 juillet", a déclaré Arnaud Montebourg après avoir participé à la rencontre à l'Elysée. "Elle consultera l'ensemble des parties prenantes, notamment l'intersyndicale, les élus, les collectivités territoriales et sera pilotée par un expert que je désignerai", a-t-il affirmé, ajoutant : "sur la base de ces analyses, nous prendrons les décisions qui s'imposent avec l'ensemble des parties prenantes". "Cette mission s'attachera à analyser les perspectives du marché européen et mondial, elle examinera le projet en priorité Ulcos et toute autre forme de projet qui a été soit initié par ArcelorMittal, soit à l'initiative de l'intersyndicale et examinera avec précision les perspectives industrielles pour que ce site soit un site viable, performant sur le long terme et soit maintenu", a également affirmé le ministre. Le projet baptisé Ulcos vise à faire de Florange un site pilote de captage-stockage de C02, pour lequel un cofinancement européen a été demandé. Une réponse est attendue pour novembre.

    Une stratégie commune des sites européens d'ArcelorMittal. Par ailleurs, le ministre a déclaré qu'il effectuerait "une tournée européenne des ministres de l'Industrie des pays qui sont eux aussi le siège de sites industriels ArcelorMittal", afin de définir à l'égard de la société "une stratégie commune". Cette concertation concerne la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne et le Luxembourg, précise le communiqué de l'Elysée. A l'issue de cette audience, le chef de l'État a également salué une délégation de salariés qui avaient effectué une marche de Florange à Paris au printemps dernier. Le groupe indien ArcelorMittal a annoncé le 1er juin la prolongation pour les six prochains mois de l'arrêt des deux hauts fourneaux de Florange, la demande d'acier en Europe n'ayant pas retrouvé ses niveaux d'avant la crise de 2008. Une bonne partie des 2.500 salariés de ce site sont en chômage partiel.


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  • Le dispositif de communication occidental accentue la pression médiatique sur les populations d’Europe et des États-Unis pour les contraindre à accepter une guerre au Proche-Orient. Afin de faire passer de nouveau une agression pour une intervention humanitaire, il est nécessaire de cacher les vrais enjeux et de maintenir le débat dans le registre émotionnel via des campagnes choc. Dans ce contexte, le témoignage de Mgr Philippe Tournyol du Clos est précieux. Lorsque l’on met les événements qui secouent la Syrie en perspective, il ressort que les crimes dont on accuse le gouvernement syrien ne profitent qu’aux partisans du conflit de civilisation.

    La paix en Syrie pourrait être sauvée si chacun disait la vérité. De retour à Damas en ce mois de mai 2012, il me faut bien constater qu’après une année de conflit, la réalité du terrain ne cesse de s’éloigner du tableau catastrophiste qu’en imposent les mensonges et la désinformation occidentale.

    Le mois de février a marqué un coup d’arrêt aux provocations des islamistes radicaux. Les troubles, en majorité circonscrits à Hamma et à Homs, auraient d’ailleurs été plus vite résorbés si la pression internationale n’avait freiné l’intervention de l’Armée. Les zones frontalières de la Turquie, de la Jordanie et du Liban — par lesquelles s’infiltrent les mercenaires — restent encore sensibles. Dans la capitale, ce que l’on appréhende le plus sont les voitures piégées et les attentats à la bombe, la plupart du temps, le fait de kamikazes alléchés par l’appât du gain, le désir du paradis d’Allah, ou bercés du rêve sunnite de la fin des alaouites au terme de 40 ans de règne et l’avènement de Jésus au haut du minaret, accompagné du dernier prophète Al-Mahadi pour le Jugement dernier.

    Il faut dire et redire que l’idéologie fanatique est d’importation étrangère et que la Syrie n’a jamais été confrontée à un cycle de manifestations/répression, mais à une déstabilisation sanguinaire et systématique par des aventuriers qui ne sont pas syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Éric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre à Monsieur Juppé ; mais le ministre français refusa toujours de tenir compte de ses rapports et falsifiait sans vergogne ses analyses pour alimenter la guerre contre la Syrie [1].

    Nos lecteurs ont encore en mémoire l’invitation du Patriarche maronite à Paris, Sa Béatitude Bechara Raï, par Nicolas Sarkozy qui, s’étant renseigné sur le nombre des chrétiens au Liban et en Syrie, lui proposa de les installer en Europe. La réponse indignée et courageuse du haut prélat qui prit la défense de Bachar Al-Assad — et qui devait, selon le protocole, être décoré de la légion d’honneur — lui valut d’en recevoir l’écrin de la main sèchement tendue de l’ex-président français [2].

    Arrivée à Damas

    L’on respire à Damas un autre air qu’on voudrait nous le faire croire partout ailleurs.

    Certes, depuis quatre mois, dans la banlieue, les voitures piégées ont fait de sanglants dégâts ; plusieurs fanatiques suicidaires se sont fait exploser dans la foule d’innocentes victimes. L’on entend parfois, la nuit, des échanges de coups de feu, c’est l’armée qui veille à la protection des habitants et parvient souvent à empêcher les attentats meurtriers. Ces jours-ci, deux minibus bourrés de TNT ont explosé simultanément selon un schéma terroriste désormais classique. Toujours disposée à proximité d’une cible d’intérêt stratégique, la première charge est destinée à semer la panique et à attirer le plus grand nombre d’intervenants pour déclencher la seconde explosion. Cette fois-ci, c’était le Quartier Général du contre-espionnage syrien, où avaient été détenus les étrangers pris les armes à la main et que les salafistes projetaient de faire évader. Leur tentative échoua mais se solda par un bilan terrible : 130 morts (dont 34 chrétiens), 400 blessés et autant de logements endommagés.

    La consternation est générale, le chagrin indescriptible et les nombreuses funérailles déchirantes. Pourtant, en ce mois de Marie les églises abondamment fleuries se remplissent chaque soir et j’ai vu les mosquées bondées le vendredi à midi ; la concentration de la prière aux Omeyyades évoquait pour moi celle des coptes en Égypte ; tandis que les espaces verts sont régulièrement envahis par des familles heureuses de se retrouver pour des piqueniques qui se prolongent tard dans la nuit. Le peuple syrien est un peuple simple et enjoué. Malgré l’insécurité et les dramatiques difficultés économiques engendrées par les sanctions internationales (l’inflation de la livre syrienne, l’anéantissement total du tourisme, la croissance du chômage et la cherté grandissante des denrées de base), la vie continue normalement.

    Les chrétiens vivent en paix

    Bien que partageant avec leurs congénères l’inquiétude générale, les chrétiens avouent volontiers qu’ils ne se sont jamais sentis aussi libres par le passé. Ils attribuent ce sentiment à la pleine reconnaissance de leurs droits lors de l’accession à la présidence de la famille Assad. Certains s’estiment même mieux traités aujourd’hui qu’à l’époque où ils étaient pris entre les deux feux des partisans opposés de De Gaulle et de Vichy. Un ami damasquin évoque pour moi le souvenir de son grand-père qui, suivant une coutume alors répandue, avait échangé le sang d’une légère blessure faite à la main avec celui d’un cheikh musulman pour devenir frères de sang ; il me confie : « Les ennemis de la Syrie ont enrôlés les Frères Musulmans dans le but de détruire les relations fraternelles qui existaient depuis toujours entre les musulmans et les chrétiens. Pourtant, à ce jour, ils n’y sont pas parvenus : ils ont même provoqué une réaction contraire et rapproché comme jamais auparavant tant les communautés que les individus. »

    Petit rappel historique. La conquête de la Syrie par les arabes (636) n’a jamais été sanglante. À Damas, tandis que les chrétiens byzantins tentaient de leur résister, les chrétiens syriaques leur ouvraient les portes de la ville et leur offraient spontanément leurs services pour construire des habitations. Sait-on que pendant 70 ans, chrétiens et musulmans prièrent ensemble dans l’Église Saint Jean-Baptiste ? Quand celle-ci fut devenue trop petite, sur la demande des musulmans, elle devint la Mosquée des Omeyyades (705) que l’on admire encore aujourd’hui ; et pour dédommager les chrétiens, les musulmans leur construisirent les quatre premières églises damascènes.

    La première impression qui me frappe est donc de retrouver Damas pareille à elle-même, son charme désuet, ses souks hauts en couleurs aux effluves d’épices, l’animation égayée des ruelles de la vieille ville et sa circulation qui n’a rien à envier à celle du Caire ; dans les quartiers verdoyants des bords du Barada, les restaurants sont pleins. La seconde, c’est la dignité et la modestie du petit peuple de la rue : guère de mendicité, d’apitoiement ou de plainte de la part des pauvres qui fourmillent pourtant et cachent bien leur misère derrière leurs murs lézardés. On n’imaginerait jamais ici personne dormant dans la rue, comme à Paris.

    Sur le terrain

    L’Armée n’est intervenue que plusieurs mois après le commencement des événements. L’insurrection s’est caractérisée par une cruauté d’une sauvagerie oubliée en Syrie depuis les massacres de 1860 où 11 000 chrétiens furent assassinés par des fanatiques mahométans encouragés par les ottomans.

    Les turcs d’alors étaient pires que les salafistes d’aujourd’hui. Petite évocation historique. Qui se rappelle qu’en 1859, la maladie du ver à soie avait provoqué la disparition de sa culture tant en Chine qu’en France ? Seule la Syrie avait échappé au fléau. (Le brocart, inventé par la famille Boulad avait déjà conquis le monde). Or tous les soyeux syriens étaient chrétiens. Il n’en fallut pas plus pour que le gouvernement français du Second Empire « suggère » à l’occupant ottoman de provoquer — par musulmans exaltés interposés — les troubles sanglants que l’on sait et la persécution contre les chrétiens qui se solda par l’expatriation de tous les soyeux vers la France et le rachat à bas prix de leur production.

    Un militaire, actuellement sous les armes au sud du pays, me fait part de sa stupéfaction quand il s’est trouvé affronté à des combattants qui n’étaient pas syriens mais étrangers, et me rapporte quelques faits surprenants dont il a été témoin : « Quand nous avons commencé à nous battre, nous avons trouvé en face de nous des Libyens, des Libanais (mercenaires sunnites de Saad Hariri), des Qatari, des Saoudiens et, bien sûr, des Al Qaeda. Quand nous avons fait des prisonniers, nous avons constaté que beaucoup d’entre eux ne parlaient pas l’arabe, c’étaient des Afghans, des Français, des Turcs ». Chacun s’attend, ici, à des révélations de nature à mettre en porte-à-faux bien des pays.

    Parmi ces étrangers, me dit-il, « bon nombre d’entre eux ne savent pas où ils sont : on fait passer les Libyens par le Golan à proximité de la frontière israélienne pour leur montrer le drapeau israélien et les convaincre qu’ils sont bien sur la route de Gaza où ils vont combattre avec leurs frères musulmans… À Homs, a été arrêté un Libyen persuadé de se trouver en Irak pour combattre les Américains. »

    Près de la frontière israélienne, de nuit, des voitures télécommandées bourrées d’explosifs ont pu être interceptées, exemple parmi d’autres des interventions sporadiques de commandos qui traversent chaque jour les frontières jordanienne, israélienne, libanaise et turque.

    Homs, ville martyre

    À Homs, il est faux de dire que les alaouites centralisent dans leurs mains tous les pouvoirs ; au nombre de 24, les notable comptent 18 sunnites, 4 chrétiens et 2 alaouites.

    Homs a toujours été la ville du pays la plus peuplée de chrétiens. Ceux-ci occupaient à 98 % deux quartiers, Bustan El Diwan et Hamidieh (le Vieux Souk), où se trouvent toutes les églises et les évêchés. Le lacis de ses ruelles et les nombreux passages souterrains rouverts pour la circonstance ne permirent pas aux mercenaires d’y pénétrer avant la reprise de Baba Amro. Le spectacle qui s’offre maintenant à nos yeux est celui de la plus absolue désolation : l’église de Mar Élian est à demi détruite et Notre-Dame de la Paix saccagée (près de laquelle on a trouvé plusieurs personnes égorgées) est encore occupée par les rebelles. Les maisons, très endommagées par les combats de rue sont entièrement vidées de leurs habitants qui ont fui sans rien emporter ; le quartier d’Hamidieh constitue encore aujourd’hui le refuge inexpugnable de bandes armées indépendantes les unes des autres, fournies en armes lourdes et en subsides par le Qatar et l’Arabie Saoudite.

    Tous les chrétiens (138 000) ont pris la fuite jusqu’à Damas ou au Liban ; ceux qui n’y avaient pas de parents se sont réfugiés dans les campagnes avoisinantes, chez des amis, dans des couvents, jusqu’au Krak des Chevaliers. Un prêtre y a été tué ; un autre, blessé de trois balles dans l’abdomen, y vit encore ainsi qu’un ou deux autres, mais ses cinq évêques se sont prudemment réfugiés à Damas ou au Liban. On dit que les chrétiens amorcent un timide mouvement de retour.

    Aujourd’hui, mis à part quelques coups de feu nocturnes, la ville a retrouvé le calme. C’est le cas d’Arman, quartier où les alaouite sont aussi proportionnellement plus nombreux que dans les autres villes, où l’on peut circuler en voiture. Quant au quartier sunnite, on peut y pénétrer (même un étranger, s’il est accompagné d’un sunnite), mais c’est à ses risques et périls car les tireurs isolés ne sont pas rares. Les magasins sont fermés et les destructions impressionnantes. Je trouve étrange de n’apercevoir dans toute la ville aucune présence militaire, aucun soldat en armes. Ceux-ci se contentent d’en contrôler les accès et d’occuper des casernes, à l’extérieur.

    Les villages chrétiens de la campagne d’Homs

    Puisqu’on n’est pas éloigné de la frontière du Liban, les points de contrôle et les barrages sont nombreux, ainsi que le mouvement des véhicules de l’armée loyaliste. Du haut de ses sept ans, Jacques s’époumone auprès de moi : « Dieu protège l’armée ! » ; je le verrai ce soir prier pour elle comme il le fait chaque jour avec ses frères et sœurs. Dans le village chrétien où je passe les nuits, les grand-mères se font un devoir de porter de la nourriture aux soldats. Un habitant me confie : « Si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés. Si la répression sauvage dont l’accusent vos médias était réelle, pourquoi les militaires seraient-ils les bienvenus dans nos villages ? ». Ils sont, j’ai pu le constater de mes yeux, sous la protection attentive des troupes fidèles au président Bachar. Pourtant, le jour de l’Ascension, une roquette est arrivée dans le jardin, heureusement sans faire de dégâts, mais l’explosion a terrifié les enfants. Le village, pour la première fois, a été la cible de trois RPG dont l’un a provoqué la mort d’un grand-père et de ses deux petits enfants (14 et 13 ans).

    La campagne jouit donc d’un calme très relatif. On entend des échanges de tirs, la nuit : c’est que nous ne sommes qu’à une quinzaine de kilomètres de la frontière libanaise. Douze personnes qui se rendaient à Kafr Nam en minibus ont été kidnappées contre rançon. Un autobus a été mitraillé sur la route. Au village, un cousin a été enlevé quelques heures, le temps de lui voler son taxi (habilité à passer la frontière libanaise). Tout cela relève d’actions isolées des bandes armées.

    Rappel des faits récents…

    On se souvient que pendant huit longs mois, les Homsiotes avaient réclamé l’intervention de l’Armée, qui se refusait à prendre le risque d’atteindre la population civile.

    Après avoir essayé sans succès de s’établir à Daraa, (près de la frontière jordanienne), puis à Idleb (près de la frontière turque) dont ils furent également délogés, les opposants au régime avaient choisi Homs pour sa proximité avec le Liban, comme Quartier Général. Dès lors, on ne compta plus les exactions et les crimes d’une férocité tout-à-fait étrangère au comportement syrien. Pour exemple, l’enlèvement de 200 alaouites, en août de l’an dernier, à fin de les égorger pour la fête de l’Aid al-Adha. En provenance du Liban, un armement sophistiqué considérable, suffisant pour approvisionner toute la rébellion, avait été stocké dans le quartier de Baba Amro autoproclamé Émirat Islamique Indépendant. De nombreux combattants y avaient d’ailleurs été enrôlés de force, sous menace d’éliminer leur famille. Parmi des atrocités sans nom, on a retrouvé les corps de 48 jeunes hommes égorgés parce qu’ils voulaient rendre les armes ; c’est ce que m’a personnellement raconté un survivant qui avait perdu dans cette circonstance son père et ses deux frères. Il faut savoir que, pour le fanatique sunnite extrémiste, égorger son ennemi manifeste sa fierté d’être en Guerre Sainte ; et c’est un acte de vertu qu’il offre aux yeux d’Allah.

    Lorsque des terroristes veulent vérifier l’identité religieuse d’un suspect, s’il se dit chrétien, ils lui font réciter le Je crois en Dieu et le laissent partir (les chouans l’exigeaient en latin). S’il se dit ismaélite, il lui est demandé de donner les généalogies qui remontent à Moïse. S’il se dit sunnite, ils exigent qu’il récite une prière dont les alaouites, eux, ont retiré un passage. Les alaouites n’ont aucune chance de s’en tirer vivant. Nombre d’entre eux ont été kidnappés sur simple présentation de leur carte d’identité ; quand des chrétiens l’ont été, c’était par erreur. Depuis les temps immémoriaux, en effet, les chrétiens vivent en paix dans les quartiers sunnites et alaouites, heureux de leur présence.

    Toujours au contact avec la population, Bachar Al-Assad (dont on sait que la mère a été l’élève d’un collège de Latakieh tenu par des religieuses) s’est rendu personnellement sur place après les événements et a promis de reconstruire les quartiers martyrs.

    Le dessous des événements

    Que l’on nous permette de revenir quelque peu sur les événements d’Homs présentés par la presse française et internationale à la honte du « barbare » Bachar El-Assad.

    9 février 2012. Après épuisement de toutes les tentatives de médiation, l’Armée loyaliste syrienne donne l’assaut à « l’Armée syrienne libre » qui s’était emparé du quartier de Baba Amro et avait pris ses habitants en otage. Lorsqu’au terme de batailles qualifiées de « répression sanguinaire » par la presse internationale, les Forces gouvernementales vinrent à bout des rebelles, une partie d’entre eux trouva refuge dans le labyrinthe du quartier chrétien, tandis que les derniers éléments armés de l’Émirat prenaient la fuite, en massacrant les chrétiens des deux villages qu’ils traversèrent avant de trouver refuge au Liban. Mais qu’advint-il des journalistes-combattants de l’émirat islamique autoproclamé ?

    Deux y trouvèrent la mort, Marie Colvin et Rémi Ochlik qui furent identifiés sur des vidéos par les ambassadeurs de France et de Pologne, en tenue de combat. Le « photographe » Paul Conroi appartenait à une agence de renseignement britannique [3] ; Édith Bouvier était entrée clandestinement en Syrie aux côtés des rebelles. Elle, qui aurait dû tomber sous le délit d’immigration illégale, osa à l’époque manipuler la compassion des téléspectateurs français en réclamant la création d’un « couloir humanitaire », se faisant la porte-parole d’Alain Juppé qui cherchait par là à exfiltrer les mercenaires de l’Armée Syrienne Libre et leurs instructeurs occidentaux. D’autres éléments laissent à imaginer que l’envoyée du Figaro Magazine travaillait pour la DGSE [4].

    La veille de l’assaut final, s’échappant nuitamment les dits journalistes gagnèrent le Liban où ils furent récupérés à un point de passage illégal par l’ambassadeur de France à Beyrouth, Denis Pietton, le même qui avait insolemment pris position contre Sa Béatitude Bchara Raï, trop bacharisé à son goût. Sous le faux prétexte de visiter les alentours de Baalbek, à l’est du Liban, le diplomate avait rejoint le nord de la Bekaa , (région frontalière limitrophe de la province de Homs) avec une équipe sécuritaire française. Là, il récupérait les exfiltrés français ; comme, en vertu de la Convention de Vienne, les voitures diplomatiques ne peuvent être perquisitionnées, le convoi ramena les agents français à l’ambassade, au nez et à la barbe de la police [5].

    La frontière évanescente du Liban

    L’Armée Nationale syrienne renforce son dispositif pour empêcher les infiltrations. Mais des combattants étrangers se regroupent toujours aux frontières turque et jordanienne ; après avoir transité par Amman, des centaines de Libyens d’Al-Qaïda takfiristes (ex-groupe islamique agressif en Libye) continuent d’affluer, tandis que plusieurs milliers d’autres sont rassemblés à Hattay (en Turquie) et encadrés par l’Armée turque ; ces jours-ci, sont arrivés en renfort plus de 5 000 Libyens.

    Les incidents se multipliant, on dit que l’Armée libanaise aurait démantelé un camp de regroupement et une base de communication sur son territoire. Pourtant les preuves prolifèrent sur la responsabilité de certains milieux libanais dans la transformation du Liban en base arrière pour frapper la Syrie et y commettre des actes de violences. En collaboration avec des ambassades occidentales, un vaste trafic d’armes a été mis en place via Tripoli (où arrivent par cargos des milliers de tonnes d’armement lourd) grâce à l’installation de bases logistiques et médiatiques notamment animées par le Courant du futur de Saad Hariri et les Forces libanaises de Samir Geagea. La tâche de ces cellules est de former et d’entraîner les groupes terroristes syriens. Tout se passe comme si, sur décision américaine, le Liban était devenu une plateforme pour agresser la Syrie [6].

    Damas, une écharde dans la chair

    Alors que la Syrie semblait trouver sa place dans le concert des nations, voici qu’un nombre inattendu de protagonistes s’intéresse à elle, pas toujours de façon cordiale ou désintéressée. L’homme de la rue se demande si une nouvelle guerre mondiale n’a pas commencé dans son pays. Et les conjectures vont bon train.

    La Russie n’a-t-elle pas besoin de la région comme débouché indispensable vers les mers libres ? Comment l’Amérique pourrait-elle supporter l’idée de son émergence au rang des puissances mondiales ? La Chine elle-même ne nourrit-elle pas le projet d’une ligne de chemin de fer en direction du Golfe et de l’Afrique ? L’acheminement du pétrole et du gaz iraniens à destination de Banyias se fait à travers l’Irak, mais les hydrocarbures du Qatar à destination d’Haïfa ne seraient-ils pas programmés pour transiter par la Syrie ? Poursuivant le plan sioniste ourdi de longue date de découpage confessionnel du Moyen-Orient, Israël considère que sa sécurité exige à n’importe quel prix la chute de Bachar, dont la force est devenue une menace. Nul n’ignore que lorsqu’il devint Premier ministre, le sunnite Saad Hariri (dont la fortune doit beaucoup aux fonds américain, saoudiens et qataris) n’était libanais que depuis huit ans. Son alliance avec l’Arabie Saoudite s’explique aisément par le fait qu’il est le fils de l’épouse que son père, Rafic, a offert en présent au roi Abdallâh. Saoudiens et Qataris sont alliés des USA qui les soutiennent à cause du pétrole mais leur tiennent la bride courte, en menaçant — par des troubles populaires qui ont déjà commencés — la stabilité de leurs trônes. On peut noter qu’il y a aussi du pétrole dans la région de Deir Ezzor, à l’est de la Syrie (où vient d’exploser un véhicule contenant 1000 kg de TNT), et beaucoup de gaz dans la région de Qara et au large des côtes de Latakieh. En fait, tout ce beau monde ne s’est-il fédéré contre la Syrie que lorsqu’elle a commencé d’émerger au niveau des grandes puissances et Washington ne provoquerait-il les changements de régime du monde arabe que pour réaliser ses objectifs géopolitiques concernant la maîtrise de l’énergie ?

    Quand — à l’appui de la Russie et de la Chine, au soutien de l’Iran et celui du Hezbollah libanais (qui menace directement Israël) — la Syrie ajoute sa puissance de feu et l’efficacité de la protection de son territoire (par des moyens électroniques capables d’intercepter toutes communications ou de mettre en panne tout appareillage électronique), Bachar devient une écharde insupportable dans la réalisation du plan sioniste de dépècement du Moyen-Orient destiné à assurer la survie d’Israël.

    Les chrétiens ne sont pas persécutés comme en Égypte

    Mon hôte me dit : « Avant le commencement des événements, nul n’aurait jamais eu l’idée de revendiquer son appartenance religieuse. On vivait tous ensemble, sans toujours savoir quelle religion l’autre pratiquait. On était syrien, et cela nous définissait. C’est en 2011 que tout a commencé de changer et que nous y avons prêté attention. »

    On pourrait presque dire que les malheurs des chrétiens relèvent des dommages collatéraux. En effet, les incidents dont ils ont été victimes ne se sont produits que dans la région d’Homs, (précédés des affrontements entre sunnites et alaouites), mais l’on n’en déplore à ce jour aucun dans les autres provinces.

    Ils sont inquiets, bien sûr, mais leur peur n’a vu le jour qu’avec le Printemps arabe et la crainte de la prise du pouvoir par les Frères musulmans. Avec l’immense majorité des Syriens, ils aiment leur Président dont on sait aujourd’hui qu’il ne tient plus au pouvoir mais, ne voulant pas céder à la pression actuelle, attend les élections de 2014 sans intention de se porter candidat. Ils jugent enfin les bandes armées fanatisées pour ce qu’elles sont, la plupart du temps, composées de jeunes délinquants entre 18 et 26 ans à peine sortis de prison. Avec tous les Syriens et comme le Président lui-même, ils désirent des réformes. Mais pas sa chute qui entraînerait immédiatement l’irakisation de la Syrie (qui a accueilli, faut-il le rappeler, plus de trois millions de réfugiés irakiens).

    Il a fallu attendre cette guerre pour que les chrétiens soient personnellement menacés par des combattants salafistes encouragés et excités chaque soir à la télévision par le « cheikh » Al Araour. Ancien officier de l’Armée syrienne, ce personnage peu recommandable a été jugé et condamné aux geôles syriennes pour ses mœurs dépravés ; mais il a pris la fuite et s’est réfugié au Qatar d’où il ne cesse d’inciter ses troupes à massacrer alaouites et chrétiens.

    Il y a, pour l’observateur, une évolution évidente des « révolutions ». Les troubles avaient commencé en Tunisie, puis ce fut le tour du Yémen, de l’Égypte et de la Libye, avec le « succès » que l’on sait. Il restait la Syrie. Pourtant il faut reconnaître ceci : si les chrétiens ne sont pas directement persécutés dans leur pays, c’est leur existence même qui est menacée de l’extérieur par les alliés du Golfe et les prises de position iniques de nations comme la France, à la remorque des États-Unis, eux-mêmes assujettis à Israël.

    Bilan des victimes, la torsion des chiffres

    Au début du mois, la presse officielle faisait état d’un Rapport de la Syrie à l’ONU daté du 21 mars qui recensait les victimes du conflit depuis le début des affrontements.

    Le nombre des victimes des rebelles s’élevait à 6 000 et se décomposait ainsi : 3 000 soldats de l’Armée régulière et 3 000 civils, (500 policiers abattus, 1 500 enlèvements et 1 000 disparus). Dans le même temps, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme évaluait le nombre de Syriens tués à 11 000. Les rebelles — rebaptisés « déserteurs » par l’OSDH — ne comptabilisaient que 600 pertes et ne mentionnaient évidemment pas les nombreux combattants étrangers tombés en martyrs du djihad.

    Même compte tenu de la difficulté de l’exactitude en la matière, la marge entre les deux chiffres était démesurée. Mais la manipulation ne s’arrêtait pas là puisque la responsabilité des 11 000 morts devait incomber à la répression gouvernementale, les médias de masse occidentaux se faisant immédiatement l’écho indigné des chiffres de l’OSDH.

    Printemps syrien

    Il plane dans le petit peuple chrétien le sentiment qu’une renaissance doive suivre les événements actuels, leurs ennemis conjugués n’ayant obtenu d’autres résultats que des destructions partielles et celui de souder les Syriens autour de leur président ; les attentats des derniers kamikazes sont même perçus comme des combats d’arrière-garde.

    C’est sous les murs de Damas que saint Paul, futur Apôtre des Nations, a été saisi par le Christ Jésus, Lumière du Monde. Ni à Jérusalem, ni autre part.

    Et le terme singulier d’orientalité (proche d’authenticité) n’exprimerait-il pas la qualité de convivialité historique qui a toujours existé entre chrétiens et musulmans ? On sait que la Mosquée des Omeyyades abrite le crâne de saint Jean-Baptiste, que vénèrent côte-à-côte chrétiens et musulmans. Mais sait-on que beaucoup de musulmans cultivés prient le Christ ? Pèse-t-on à leur juste mesure les visites régulières du président Bachar au monastère de Notre-Dame de Sayidnaya, comme à l’humble Sanctuaire de Saint Ananie où il a lui-même demandé de l’huile bénite ? ; et sait-on que l’image miraculeuse de la Vierge de Soufanieh — devant laquelle viennent se recueillir des cheikhs musulmans — fut rapportée du Kazanska, où musulmans et chrétiens honorent depuis toujours l’icône prodigieuse de Notre-Dame de Kazan ?

    Enfin, ne faudrait-il détruire la Syrie que parce qu’elle apparaît comme le cœur d’un Islam modéré ? Pour justifier sa politique de domination, l’Occident ne veut avoir affaire qu’à l’Islam pur et dur qu’il suscite, alimente et bouffit. En opposant au monde occidental (soi-disant chrétien) un monde de barbus fanatiques, il peut justifier sa guerre pour le pétrole.

    Les politiciens font des plans. L’ultime raison d’espérer des chrétiens de Syrie — comme de tout le Proche-Orient — repose sur leur foi dans le plan du Seigneur. La terre d’Orient est gorgée d’Espérance. N’a-t-elle pas engendré au cours des siècles passés des victoires aussi fulgurantes que mystérieuses : David face à Goliath, Cirrus face à Nabuchodonosor, Gédéon face aux Madianites ? N’oublions pas que le sort du monde se joue autour du mont Moriah, à portée de canon de Damas.

    Notes

    [1] « Alain Juppé accusé par sa propre administration d’avoir falsifié les rapports sur la Syrie », Réseau Voltaire, 20 mars 2012.

    [2] « L’Église maronite s’inquiète des intentions de l’Occident » et « Le Patriarche maronite s’oppose au plan de morcellement du Machrek arabe », par Pierre Khalaf, New Orient News (Liban), Réseau Voltaire, 12 et 19 septembre 2011. « Les chrétiens d’Orient s’érigent en remparts face au nouveau colonialisme occidental. Entretien avec Mère Agnés-Mariam de la Croix », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 octobre 2011.

    [3] « Le « journaliste » Paul Conroy, agent opérationnel du MI6 », Réseau Voltaire, 6 mars 2012.

    [4] « Les journalistes-combattants de Baba Amr », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 mars 2012.

    [5] « La France exfiltre ses agents restés en Syrie », Réseau Voltaire, 1er mars 2012.

    [6] « Au Liban, le scandale vient par le gouvernement », par Pierre Khalaf, New Orient News (Liban), Réseau Voltaire, 12 mars 2012.

    © Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 2 juin 2012

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  • OTAN : Trou Abyssal ou Peste Noire ?…

    Georges STANECHY

    « Nous sommes prêts, archi-prêts. Si la guerre devait durer un an, nous n’aurions pas un bouton de guêtre à acheter. » Maréchal Edmond Le Boeuf – Ministre de la Guerre - 1870 (1)

    Une réunion mondaine à 55 millions de dollars

    Sommet de l’OTAN à Chicago. Deux jours : dimanche 20 et lundi 21 mai 2012. Coût estimé de l’organisation de cette réunion mondaine, au minimum : US $ 55 millions. (2)

    Illustration de l’arrogance, l’inconscience, l’irresponsabilité, de la caste dirigeante des pays occidentaux incarnant les intérêts du colossal "complexe militaro-­industriel" dominant le monde.

    Symbole de l’argent de la collectivité jeté par la fenêtre dans des budgets militaires pharaoniques, par des politiciens affirmant à leurs électeurs, la main sur le cœur, que la « crise » oblige de diminuer, sabrer, salaires, retraites, services publics, accès aux soins et à l’éducation...

    « Endettement », « Crise », « Trou », prétextes systématiquement invoqués avec lamentations et fureurs, sauf pour ce qui est des dépenses en armements et en expéditions militaires. Qui, Ô miracle, n’ont jamais à justifier de "recettes" pour équilibrer leurs "dépenses". Au contraire. Y toucher serait mettre en péril la « sécurité nationale ». D’ailleurs, le sujet n’est jamais abordé, spécialement en France, ni dans les médias "dominants", ni au cours des campagnes électorales : tabou !

    Le peuple américain excédé s’est mobilisé, avant et pendant ce sommet, au cours d’impressionnantes manifestations (3), malgré les violences policières dans une ville en état de siège. Le Congrès ne cessant de voter des lois pour diminuer services publics et programmes sociaux d’une importance vitale pour les "sinistrés du chômage", alors que le budget militaire du pays atteint la somme faramineuse de 1000 milliards de dollars. (4)

    Non compris le budget annuel de US $ 100 milliards pour les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Non compris le budget annuel de l’armement nucléaire de US $ 530 milliards, habilement camouflés dans le budget du ministère de l’Energie (Department of Energy – DEO). Auxquels s’ajoutent annuellement US $ 18 milliards, sous le même camouflage comptable, pour mise au point et maintenance des armes nucléaires. (5)

    Non compris les milliards de dollars « d’aide militaire », sous forme de dons, de subventions, et diverses cabrioles ou déguisements budgétaires, dans une multitude de pays. Par dizaines. Pour certains, par centaines de milliards de dollars. Non compris tous les financements relevant de la sécurité intérieure, opérations spéciales et barbouzeries en tous genres, etc.

    En comparaison, le budget fédéral annuel pour l’éducation est de : US $ 64 milliards…

    Expression d’un "ras le bol" en écho de celui formulé en Allemagne, qui a duré quatre jours à Francfort, notamment devant le siège de la Deutsche Bank, contre le système bancaire et les mesures d’austérité, dans une implacable répression policière.

    Symptomatique : à Francfort, sont apparues des affiches sur le thème « Non à l’Etat Policier » ("Polizei Staat – Nein Danke") (6). A Chicago, sur un thème similaire : « Ce gouvernement ne nous représente pas, ou ne représente pas les Etats-Unis » ("This government does not represent US"), jouant sur le mot « nous » ("us", en anglais) et Etats-Unis ("U.S.", United States).

    Bien sûr, nos médias occultent méticuleusement toutes références, informations, photos, vidéos, documentaires, réactions en continu des "réseaux sociaux", traitant de ces incessantes et massives manifestations. Censure… Nous ne sommes pas en Russie, Chine, ou habituels déversoirs des diabolisations médiatiques.

    Aveuglement, aussi, car par-delà frontières et langues se forge une plate-forme commune de la révolte en Occident : les populations s’insurgeant progressivement contre des gouvernements qui, une fois au pouvoir, forts de leurs appareils répressifs aux budgets sans limites, ne pratiquent que l’injustice sociale et économique au seul bénéfice d’une minorité de privilégiés. Transformant nos sociétés en Etats policiers. Pire : rejetant, horrifiés, toute allusion à un « Etat Providence » diabolisé pour prétendre redistribuer la richesse nationale, préférant glorifier sereinement le culte d’un « Etat Belliciste ».

    Normal, sachant que parmi ces privilégiés figurent, en tête de liste, les bénéficiaires des dépenses militaires. Moins les porteurs d’uniformes souvent considérés, hors les signataires des contrats et bons de commande, comme de la vulgaire piétaille mal payée par leurs propres fournisseurs ou employeurs, que les actionnaires des multiples sociétés du secteur, industriels, financiers, intermédiaires et porteurs de valises dans les paradis fiscaux. S’engraissant des délires guerriers activés par leurs propagandes, tambourinées dans les médias dont ils sont propriétaires, pour anesthésier les populations.

    Longue tradition de ce vampirisme des finances publiques qu’on appelait, en France, sous l’Ancien Régime, le Directoire ou l’Empire : les « fournisseurs aux armées ». Bâtissant d’immenses fortunes privées, sur fond de corruption, de surfacturation, d’escroquerie sur qualité et quantité livrées, dans les ventes d’armes et d’équipements aux armées nationales. L’histoire n’a pas oublié les ravages, dans l’impunité étant aussi « banquiers », de certains d’entre eux : Ouvrard, Hinguerlot, Lanchère, Bodin, Seguin, etc.

    De nos jours, la meilleure vitrine de ce parasitisme, sous couvert de "la protection de La Liberté et de l’Etat de Droit" : l’OTAN. Sauf que les citoyens concernés, dans leur majorité, n’y reconnaissent aucun des besoins, priorités et valeurs du "vivre solidairement ensemble", préférant y jeter les pavés de leur mépris et colère.

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    Manifestations contre le sommet de l’OTAN à Chicago

    Pôle d’incompétence et de stupidité

    Dès son titre, le rapport de l’OTAN rendu public la veille de ce sommet (rédigé par un groupe d’experts présidé par Madeleine Albright…), le 17 mai 2012, renouvelle sa campagne de communication ou, plutôt, de désinformation (7) : "OTAN 2020 : Une sécurité assurée ; Un engagement dynamique – Analyse et Recommandations du groupe d’experts pour un nouveau concept stratégique de l’OTAN".

    Parmi ses déclarations « angéliques », certaines sont sidérantes de culot : « L’OTAN prospère comme une source d’espoir parce que, depuis le tout début, ses États membres ont défini leur programme commun en termes positifs : renforcer la sécurité internationale, sauvegarder la liberté et promouvoir l’état de droit.

    Ces objectifs ne sont ni limités par un quelconque calendrier, ni diminués par quelque progrès technologique que ce soit. Ils ne dépendent d’aucun adversaire particulier.

    Ils répondent à des besoins immuables, et ils perdureront aussi longtemps que l’OTAN – par l’unité de ses membres, le courage de leurs citoyens et la libre expression de sa volonté collective – aura à cœur de les défendre. » (8)

    D’autres, d’une insondable stupidité : « Il est difficile de prévoir précisément ce que seront les dix prochaines années. » (9)

    Il est vrai qu’en termes de prétention, de mégalomanie, d’imbécillité, de fanatisme, l’OTAN ne varie pas d’un iota : « immuable ». De rapport en rapport, perpétuation de la « géopolitique de la paranoïa ». Rappelant un des plus significatifs, celui préparatoire au sommet de Bucarest du 2 au 4 avril 2008, intitulé : "Towards a Grand Strategy for an Uncertain World- Renewing Transatlantic Partnership".

    Un modèle du genre, que j’avais feuilleté dans deux billets :

    i) "Je fanatise", donc : "J’atomise" 

    ii) De l’Idéologie coloniale à la Paranoïa guerrière : la fin de l’utopie démocratique

    Depuis la fin de la "Guerre Froide", l’évolution de cette organisation sans contrôle démocratique est une calamité pour l’humanité.

    On ne compte plus les désastres humanitaires provoqués par ses divagations martiales. Prétendant substituer la guerre à la diplomatie, la « sanction » précédant la « frappe », spécialisée dans le démembrement d’Etats souverains, la propagation du chaos des guerres civiles, la création de conflits ethniques et religieux, ce sont des millions de morts, de blessés, de traumatisés, et des milliards de destructions, dont elle s’est rendue, et se rend, responsable.

    La liste est longue. Nous en connaissons les plus notables : de la dévastation de la Yougoslavie à celle de la Libye en passant par la pulvérisation de l’Irak, jusqu’au désastre Afghan. Car en Afghanistan, il s’agit bien d’un « désastre » pour ce pays et sa population, mais aussi au détriment de nos priorités nationales par la masse de milliards engloutis dans une des expéditions coloniales les plus "déjantées" que l’Histoire ait connues.

    Evidemment, comme dans toute guerre coloniale, beaucoup y trouvent leur compte. Jusqu’au marché international de la drogue, à partir d’un pays où l’OTAN scrute, nuit et jour, chaque mètre carré de terrain, chaque mètre de route, de chemin et de piste, chaque cargaison de véhicule en circulation : « La production de pavot à opium a été multipliée par plus de 40 en Afghanistan depuis que l’Otan y est présente, a annoncé jeudi à Moscou Viktor Ivanov, directeur du Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants (FSKN). » (10)

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    Violences policières au sommet de l’OTAN à Chicago

    Vecteur d’obscurantisme

    Irresponsabilité ? Hypocrisie ? Vénalité ? Cynisme ?...

    Entre toutes ces tares, on ne sait que choisir à la lecture du chapitre 1 du rapport, traitant de « L’environnement de sécurité », autrement dit des « risques internationaux », dans ses deux volets « contexte » et « analyse ». Tant on reste médusé par la perpétuation de l’obscurantisme idéologique d’une organisation dont la vocation première est de réaliser un travail de réflexion prospective sur les dangers minant la paix dans le monde. (11)

    Sciemment, sont occultés principaux risques et déflagrations potentielles majeures. Quatre exemples :

    i) La volonté délibérée des pays occidentaux de laisser perdurer le plus explosif foyer de tensions que représente la Palestine occupée, démembrée, "nettoyée ethniquement", depuis plus de 60 ans, dans l’hyperviolence et le carnage, dans la non application à ce jour d’une quarantaine de résolutions de l’ONU s’imposant aux forces coloniales d’occupation.

    Complices d’un blocus aussi sauvage qu’illégal, enfermant depuis plusieurs années une population de plus de 1,5 millions de personnes dans ce qui restera dans l’Histoire comme le plus grand camp de concentration de civils : Gaza.

    Le tout évacué, édulcoré, en 8 mots : « … les tensions qui couvent entre Arabes et Israéliens. » (12)

    ii) La diabolisation permanente de l’Iran, entretenant un climat de suspicions et de tensions au potentiel foudroyant pour la région et le monde (13). Imposant à ce pays des sanctions unilatérales par les principaux membres de l’OTAN (USA & UE), contraires au droit international, au Traité de Non Prolifération Nucléaire autorisant le nucléaire civil à ses signataires, à la Charte et aux propres résolutions de l’ONU.

    Avec le dessein à peine dissimulé de provoquer une « guerre préventive » d’anéantissement et de conquête similaire à celle d’Irak, d’Afghanistan et de Libye qui, dans ce cas, serait le prélude à une troisième guerre mondiale. Sous des prétextes aussi irrationnels que ridicules, tels que : « … l’opacité des intentions de Téhéran. » (14)

    iii) Le soutien, générateur de violentes révoltes à venir, aux pires dictatures sur tous les continents, dès lors que les dirigeants souscrivent à la prédation des ressources de leurs pays par les entreprises occidentales.

    Notamment dans la péninsule arabique, les autocraties ultracorrompues, créations artificielles des occidentaux à la suite de la répartition des dépouilles de l’Empire Ottoman le lendemain de la première guerre mondiale : Arabie saoudite, pétromonarchies du Golfe. Comme on le constate, depuis plusieurs mois, dans le silence complice dissimulant l’impitoyable répression des révoltes populaires au Bahreïn. Sans oublier le régime férocement policier de la monarchie d’opérette, non pétrolière : la Jordanie.

    iv) La propagation de l’injustice sociale et économique, y compris dans les pays occidentaux, provoquant l’augmentation exponentielle du chômage et de la paupérisation.

    Faim et misère dans des pays riches de leurs ressources pillées par les entreprises occidentales, comme en Afrique, agricoles (café, coton, cacao, thé, fruits et légumes primeurs), halieutiques (poissons du Golfe de Guinée ou des côtes de Mauritanie), minières (pétrole, uranium et métaux rares) ?

    Impossibilité d’accès à l’eau potable, à l’éducation, à la santé, pour des centaines de millions de personnes ?...

    Pour l’OTAN : aucune importance. Tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes…

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    Violences policières au sommet de l’OTAN à Chicago

    Bureaucratie de la gabegie 

    En fait, le sommet de Chicago n’avait pas pour but de réévaluer principes et politiques de l’OTAN jusqu’en 2020, de réfléchir sur la fin de l’occupation de l’Afghanistan (15), sur l’évolution du présent siècle ou du monde de demain. Mais, de valider les hallucinations et les actions guerrières du bras armé d’un dogme colonial, mégalomaniaque et impérial, d’un autre siècle.

     Manlio Dinucci l’énonce avec clarté : « Ainsi l’Alliance se renouvelle-t-elle, en s’abreuvant à la source de sa jeunesse : la guerre. » (16)

    Au-delà de la doctrine ou du catéchisme qu’elle véhicule, que dire de cette bureaucratie de la gabegie ? A part nos "responsables politiques", nos élus (tous partis confondus), et les médias de la propagande, tout le monde le sait, le reconnaît. A commencer par son pathétique secrétaire général, l’ancien responsable du gouvernement danois Anders Fogh Rasmussen : « … il faut couper la graisse et garder le muscle. Ainsi l’OTAN qui compte environ 13.000 hommes à son quartier-général dans les 11 postes de commandement, en comptera 9.000 à terme.  » (17)

    Tour de Babel, aux empilements de ramifications et de strates, dans une bousculade de sous-traitants, "prestataires de sécurité", et officines annexes : « L’OTAN compte, en réalité, aujourd’hui près de 20.000 personnes. Car un certain nombre d’agences, plus ou moins indépendantes, ont été créées, et comptabilisent au compteur plus de 6.000 personnes. Soit la moitié de l’effectif cité par le secrétaire général. Ce qui est loin d’être négligeable ! » (18)

    Millefeuille, aux débordements immaîtrisables : « Comme le « Budget civil de l’Otan » pour l’entretien du quartier général à Bruxelles et du staff civil : environ un demi milliard de dollars annuels, dont 80% sont payés par les alliés européens. Comme le « Budget militaire de l’Otan » pour l’entretien des quartiers généraux subordonnés et du personnel militaire international : presque 2 milliards annuels, payés à 75% par les Européens.  » (19)

    Panier percé, aux tuyauteries alambiquées pour mieux servir les petits copains : «  Quant au budget global de fonctionnement de l’OTAN, il atteint la modique somme de 2 milliards de Dollars US. […] Les marchés que passent la NAMSA (NATO Maintenance & Supply Agency) assure un diplomate, "vont souvent pour une bonne partie […] à des firmes américaines ou canadiennes qui utilisent des entreprises sous nom belge, en couverture". » (20)

    Quant aux généreuses contributions de la France à cette dispendieuse usine de courants d’air, par centaines de millions d’euros annuels, nos pointilleux économistes médiatiques et journalistes d’investigation sont incapables, à ce jour, d’en définir, trouver, retranscrire, tracer, les montants précis. Encore moins, notre Cour des Comptes. Il est vrai que ces deniers publics n’ont pas pour destination la santé publique, les retraites ou l’éducation nationale…

    D’autant que le propre budget militaire, de la défense, de la France, dans son élaboration, sa justification et sa gestion, se révèle encore plus "abracadabresque".

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    Malgré les violences policières la mobilisation populaire se poursuit

    France : son budget militaire représente la moitié de celui de la Chine

    En France, comme dans les autres pays membres de l’OTAN, impossible d’aborder une quelconque réflexion, analyse, mise en perspective, sur le budget de la défense nationale, sans déclencher fureurs et anathèmes.

    L’OTAN considère, en effet, comme une catastrophe pour "la protection de la civilisation" l’insuffisance des dépenses d’armement des pays occidentaux. Fustigeant les 28 Etats membres, à la veille d’être considérés en « Etats voyous », pour leur négligence ou leur manque de courage. L’idéal étant de « faire aussi bien » que les Etats-Unis (21) : « Le principal obstacle à la transformation militaire est l’insuffisance des dépenses et des investissements de défense en Europe. Aujourd’hui, il n’y a que six Alliés européens sur vingt‑six qui consacrent 2% ou plus de leur PIB à la défense…  ».

    « Un fossé particulièrement large s’est creusé entre les capacités des États-Unis et celles des autres pays de l’OTAN, et ce déséquilibre, s’il n’est pas corrigé, pourrait nuire à la cohésion de l’Alliance. »

    La bureaucratie de l’Union Européenne, prenant le relais de cet alarmisme par la voix de Claude-France Arnould, directrice de l’Agence Européenne de la Défense, sur l’insuffisance des dépenses militaires dans l’Union Européenne, particulièrement en matière de recherche et technologie (R&T), lors du conseil des ministres de la Défense du jeudi 22 mars 2012 (22) : « Il est urgent de trouver des réponses et de limiter les conséquences des baisses de budget ». 

    Dans le cas particulier de la France, même des publications se voulant « sérieuses », citons celles du "Laboratoire de Recherche sur la défense" de l’IFRI, sonnent frénétiquement le tocsin (23) : «  … chaque diminution de l’effort de défense en part du PIB ou en pourcentage du budget de l’Etat fragilise le modèle de défense français  ».

    La France "fragilisée" ?... Ciel ! La peur me tenaille le ventre… Je n’en dors plus.

    Je me suis donc rendu à Stockholm, pour sonner à la porte du très sérieux et incontesté "Stockholm International Peace Research Institute" (SIPRI) qui compile et analyse tous les budgets militaires de la planète. Pour mieux les comparer, il les convertit en US $ dans une base de données consultables sur internet.

    D’après les derniers chiffres disponibles, le budget de la défense de la France atteint, pour 2011 : 58, 244 milliards de dollars (non compris celui de la gendarmerie). Ce qui représente environ la moitié de celui de la Chine !... Autre particularité : la Chine n’a pas encore de porte-avions, alors que nous en possédons un qui fait notre fierté : le Charles de Gaulle. Pas mal pour un pays comme la France qui, en termes de population et de territoire, représente l’équivalent d’une petite sous-préfecture chinoise.

    J’ai retrouvé le sommeil.

    D’autant que notre budget militaire est comparable, et même supérieur, à celui de nos principaux partenaires européens, Grande-Bretagne (≥ + 0,64 %) et Allemagne (≥ + 34 %) notamment, comme il ressort de la base de données SIPRI (24) :

    Budgets de la défense 2011- en milliards de dollars

    Allemagne43, 478
    Grande-Bretagne 57, 875
    France 58, 244
    Russie 64, 123
    Chine 129, 272
    France + GB + RFA 159, 597

    Parmi nos voisins, et néanmoins amis, seul le budget militaire de la Russie dépasse celui de la France (≥ + 10,09 %). Quoi de plus compréhensible, toutefois, pour un pays aux immenses ressources naturelles convoitées, dont le territoire est 37 fois plus grand que le nôtre ?

    L’examen de ces budgets est encore plus impressionnant, ou relaxant suivant les points de vue, en constatant que le cumul de ceux des trois premiers pays européens (France + GB + RFA), avec 160 milliards de dollars annuels, est supérieur de 23,45 % au budget militaire de la Chine. L’épouvantail permanent, dont on invoque le « surarmement », pour faire peur dans les chaumières, alors qu’il s’agit d’un pays de 1,5 milliards d’habitants, répartis sur une superficie de 9,6 millions de km².

    En fait, le budget militaire annuel de la Chine ne dépasse pas 5 % du total des budgets militaires des 28 Etats membres de l’OTAN et de ses alliés de l’hémisphère sud. N’oublions pas, en effet, ceux des autres Etats, dits "occidentaux", aux budgets militaires fortement musclés, relativement à leur population et superficie : Australie (22, 955), Corée du sud (28, 280), Japon (54, 529), Nouvelle-Zélande (1, 566), Taïwan (8, 888), etc.

    Les lobbies bellicistes ne lâchent pas prise, pour autant, exerçant toutes les pressions sur les gouvernements, campagnes de propagande forcenées dans les médias en renfort : il est nécessaire, prioritaire, de s’armer sans fin. Objectif : l’instauration progressive d’une « règle d’or ». Sous forme, d’un budget annuel de la défense, exprimé en un pourcentage du PIB garanti, similaire au minimum à celui des Etats-Unis.

    Un dogme à inscrire, pourquoi pas, dans la Constitution de chaque Etat membre de l’OTAN. Je force à peine le trait, tellement les réactions politiciennes deviennent hystériques dès qu’on souhaite exercer un minimum d’esprit critique à l’égard de ces budgets mirifiques.

    Immédiatement est dégainée la logique « avec nous ou contre nous », avec la question classique telle qu’elle est énoncée caricaturalement dans un rapport de la commission des finances du Sénat (Rapport général n°107, p 77) pour faire taire toutes remises en cause : « Pensez-vous que la France puisse se passer d’une défense, d’une armée, des moyens d’assurer sa sécurité extérieure ? »…

    Evidemment : non. Il ne s’agit pas de verser dans l’utopie d’un désarmement unilatéral et immédiat.

    En ce cas, est-on contraint de dire « amen », aux dérives et dérapages des budgets concernés ? Est-il interdit de réfléchir à la charge écrasante qu’ils représentent au détriment des besoins de la population, sans proposer priorités et arbitrages fondés sur le bon sens et l’intérêt collectif ? Quand on sait qu’en France, en 2010, le budget de la défense a représenté en France : « 69 % (9,5 milliards d’euros) de l’ensemble des dépenses d’investissement de l’Etat  »… (25) 

    Ou, alors, faut-il considérer les budgets de la défense comme une "poule aux œufs d’or" (sous couvert d’une « règle d’or ») pour une poignée d’actionnaires privés, détenteurs des grands médias, ’faiseurs’ de politiciens, gouvernements et présidents de nos « démocraties » ?...

    Est-on sommé, condamné, à faire l’impasse sur le contrôle des facteurs de coûts de revient des prestations et matériels facturés à l’Etat, à notre collectivité, et donc sur la formation, l’affectation ou la destination, des marges bénéficiaires plantureuses dégagées par ces industriels de l’armement ?... Qui sont tous, bizarrement, parmi les grands milliardaires de nos sociétés, même s’ils se font le plus discrets possibles.

    Est-on interdit de se demander si une des premières mesures de diminution des coûts de l’armement, et de blocage des mécanismes de corruption, ne passe pas par l’urgente « nationalisation » de cette industrie ?... Les marges dégagées revenant à l’Etat actionnaire qui en déciderait de leur emploi, au lieu d’en alimenter les paradis fiscaux.

    Tout le monde sait qu’une nationalisation des principaux industriels « privés », accompagnée d’un contrôle rigoureux de la maîtrise des coûts (par une Cour des Comptes spécialisée, réellement compétente et indépendante du pouvoir politique …), entraînerait dans un premier temps au minimum d’économie de 33% sur les marges.

    D’ailleurs, les marges fabuleuses des industriels privés trouvent déjà leur butoir… Avec des taux d’inflation exponentiel de 20 à 40 % par an, en particulier à partir du 4° trimestre 2011, comme il ressort d’une étude sur "l’inflation des prix industriels de la défense" à partir d’une base 100 en 2005 (26). Jusqu’où comptent-ils aller ?...

    En prospective de simulation budgétaire militaire, existe une loi statistique dite « Loi Augustine » (formulée par Norman Augustine, ancien responsable du géant de l’armement Lockheed Martin) s’appliquant aux forces aériennes. Mais, valable pour tout système d’armement dit « technologiquement sophistiqué ». Sachant que le prix d’un avion tactique augmente 4 fois tous les dix ans, l’extrapolation livre la conclusion ubuesque qu’en 2054 : « … le budget de la défense entier [des USA] ne permettra d’acheter qu’un seul avion tactique ». (27) 

    C’est aller droit dans le mur.

    Faut-il considérer l’OTAN, l’idéologie du surarmement et du bellicisme que cette organisation représente, les masses de capitaux gaspillés, comme un « Trou Abyssal », éminemment toxique pour l’avenir, la sécurité, et le bien-être de nos sociétés ?...

    Pour ma part, je serai plus nuancé…

    Devant l’incapacité de nos élus, complices et irresponsables, à museler, maîtriser une organisation bureaucratique composée de technocrates, agissant comme une superpuissance, supérieure à l’ONU en tant qu’arbitre des relations internationales, au vu des ravages humains et destructions massives qu’elle accomplit, gère et prépare, je considère que nous sommes face au plus grand danger de l’humanité du XXI° siècle.

    L’OTAN est une organisation moyenâgeuse, imposant des dogmes, mettant en œuvre une Inquisition, prononçant des "diabolisations" ou ’excommunications’ pour blasphèmes ou hérésies, dans des procès en sorcellerie fondés sur le "délit d’intention", dotée d’un système de propagande dont le niveau de délire et de désinformation se révèle, à présent, impossible à réguler par nos instances démocratiques de plus en plus réduites par la limitation incessante des libertés publiques.

    Au-delà de la régression intellectuelle de cette "nouvelle religion", idéologie militariste fondée sur le fanatisme colonial, par les désolations et carnages humains qu’elle provoque, et planifie de provoquer, en chiffres cumulés, nous retrouvons l’équivalent des millions de morts et immenses dévastations que l’Humanité a connus au 14° siècle dans de multiples pays, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, sous l’effet de la Peste Noire.

    Oui. L’OTAN représente la "Peste Noire" du XXI° siècle.

    Georges STANECHY

    (1) Célèbres paroles du responsable de l’armée française, la veille de sa déroute face à la Prusse, en 1870… Il se rendit aux Prussiens à Metz, et fut emmené comme prisonnier de guerre en Prusse.

    (2) Ludo De Brabander, NATO in Crisis, 18 mai 2012, http://truth-out.org/news/item/9228-nato-in-crisis

    (3) Over 1,000 join 2nd day of anti-NATO protests in Chicago (photos, video), 20 mai 2012, http://rt.com/usa/news/chicago-protests-nato-summit-689/

    (4) La veille du sommet, le 18 mai 2012, une imposante manifestation a été organisée par le syndicat national du personnel de santé (National Nurses United), pour protester contre la diminution de leurs retraites, réclamant une taxe « Robin des Bois » (Robin Hood) sur les transactions financières et dénonçant les gaspillages de l’argent public dans les guerres organisées par l’OTAN, http://rt.com/usa/news/chicago-nato-summit-nurses-655/

    (5) Chris Hellman & Mattea Kramer, “Spend, spend, spend”, Asia Times, 24 mai 2012, http://www.atimes.com/atimes/Global_Economy/NE24Dj04.html 

    (6) Exemple dans la photo n° 2 (Reuters / Alex Domanski) de l’article : Blockupy Frankfurt : Thousands wrap up four-day protests (video, photos), 19 mai 2012, http://www.rt.com/news/occupy-frankfurt-rally-675/

    (7) Rapport : “OTAN 2020 : Une sécurité assurée ; Un engagement dynamique – Analyse et Recommandations du groupe d’experts pour un nouveau concept stratégique de l’OTAN”, 17 mai 2012, http://ancien.operationspaix.net/IMG/pdf/OTAN_-_Une_securite_assuree_un_engagement_dynamique_-_Analyse_et_recommandations_du_groupe_d_experts_pour_un_nouveau_concept_strategique_de_l_OTAN_mai_2010_.pdf

    (8) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 49.

    (9) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 15.

    (10) “Afghanistan-drogue : la production multipliée par 40 depuis l’arrivée de l’OTAN”, RIA Novosti, 28 janvier 2012, http://fr.rian.ru/world/20100128/185952806.html

    (11) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 15 – 19.

    (12) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 18.

    (13) Rions un peu : en France, un des plus exaltés dans ces postures inquisitoriales (à part les membres de nos gouvernements successifs) est l’ancien premier conseiller à l’ambassade de France à Tel-Aviv (2000-2004), Michel Miraillet. Il est, depuis le 24 août 2007 : « Directeur chargé des affaires stratégiques », au Ministère de la Défense !...

    (14) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 18.

    (15) Gareth Porter, “Afghanistan War – Excuse for NATO to maintain existence”, entretien du 27 mai 2012, Press TV, http://www.presstv.ir/detail/2012/05/27/243293/afghan-war-excuse-for-nato-to-exist/

    (16) Manlio Dinucci, “L’éternelle jeunesse de l’Otan - L’art de la guerre”, (Il Manifesto), 24 mai 2012, http://www.legrandsoir.info/l-eternelle-jeunesse-de-l-otan-il-manifesto.html

    (17) Nicolas Gros-Verheyde, “OTAN- Objectif : Dégraisser le mammouth…”, 14 octobre 2010, http://www.bruxelles2.eu/defense-ue/defense-ue-droit-doctrine-politique/otan-on-va-degraisser-le-mammouth.html

    (18) Nicolas Gros-Verheyde, Op. Cit.

    (19) Tommaso Di Francesco, Manlio Dinucci, “Combien nous coûte l’Otan de la « défense intelligente » - Sommet de Chicago”, (Il Manifesto), 22 mai 2012, http://www.legrandsoir.info/combien-nous-coute-l-otan-de-la-defense-intelligente-il-manifesto.html#reactions

    (20) Nicolas Gros-Verheyde, Op. Cit.

    (21) Rapport “OTAN 2020”, Op. Cit., p. 40.

    (22) Nicolas Gros-Verheyde, “Budget militaire R&T : la cote d’alerte est atteinte”, 22 mars 2012, http://www.bruxelles2.eu/defense-ue/capacites-milit-%E2%80%93-exercices-ue/budget-militaire-rt-la-cote-dalerte-est-atteinte.html

    (23) Martial Foucault, “Les budgets de défense en France entre déni et déclin”, Focus stratégique n° 36, IFRI – Laboratoire de Recherche sur la Défense, Avril 2012, p. 14.

    (24) Stockholm International Peace Research Institute, SIPRI, Military Expenditure 2011, http://milexdata.sipri.org/result.php4

    (25) Martial Foucault, IFRI, Op. Cit., p. 20.

    (26) Martial Foucault, IFRI, Op. Cit., Fig. 4 - Inflation des prix industriels de défense – base 100 - année 2005, p. 17.

    (27) Martial Foucault, IFRI, Op. Cit., p. 19.

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    Michel Cabirol

    Au sommet de l'Otan à Chicago les 20 et 21 mai, la France a fait entendre sa musique sur le bouclier antimissile. Elle doit maintenant tenter de fédérer les Européens en vue de proposer une contribution industrielle commune à ce projet très coûteux guidé par l'administration américaine et les industriels.

    La France empêchera-t-elle un hold-up des Etats-Unis sur son budget de la défense pour payer le bouclier de défense anti-missile, qui doit être déployé en Europe via l'Otan ? Au moment où la contrainte budgétaire risque de s'accentuer, Paris devra faire un choix crucial : apporter une contribution en nature en fournissant à l'Otan tout ou partie des systèmes d'armements développés par les industriels français, notamment MBDA, qui seront compatibles avec le bouclier antimissile (BMD), développé aujourd'hui en grande partie par les industriels américains-  - ou bien payer ces systèmes achetés par l'Otan. C'est-à-dire faire un chèque estimé entre deux et trois milliards d'euros sur une dizaine d'années.

    D'abord très réticent au bouclier de défense antimissile lors de sa campagne présidentielle, François Hollande a quelque peu changé son fusil d'épaule au sommet de l'Otan à Chicago (20 et 21 mai), soucieux d'avoir une approche consensuelle avec les Etats-Unis car son sujet prioritaire était bien le retrait des troupes françaises d'Afghanistan. Une décision irrévocable, qui s'est pourtant assouplie avec un rapatriement des seules "troupes combattantes". Comme le résume le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, "le sommet de Chicago devait être un sommet de consensus, cela l'a été".

    Cela n'explique pas tout non plus. Et mérite un décryptage sur le lancement d'une capacité intérimaire de défense antimissile balistique, "première étape de la mise en place d'un système de défense antimissile de l'Otan" en Europe... qui devait être lancée conformément aux conclusions du sommet de Lisbonne en 2010. "Elle l'a été"

     

    La machine "otanienne", orientée par Washington, continue d'avancer

    Jean-Yves Le Drian, qui avait déminé le sommet de l'Otan auprès de alliés des mois avant sa tenue - il était en mars en Washington -, a rappelé mercredi qu'il ne fallait "pas donner une ampleur considérable à ce qui a été décidé" à Chicago. Selon lui, "la suite n'a pas été décidée ni plus, ni moins"... La déclaration de l'Otan en 65 points à l'issue de la première journée du sommet de Chicago est d'une relative discrétion sur les équipements nécessaires au déploiement d'une capacité intérimaire de défense antimissile balistique.

    C'est évoqué mais très sommairement dans le 60ème point : "dans le contexte de la capacité Otan de défense contre les missiles balistiques, la Turquie héberge un radar avancé de détection lointaine". Un peu court. "Cela étant la machine otanienne, orientée par Washington, continue d'avancer, rappelle un expert. Les Américains à l'œuvre, administration et industriels, poussent pour que les Européens acquièrent des radars et surtout des intercepteurs américains". Les Etats-Unis insistent pour installer leurs missiles SM3 sur les frégates américaines compatibles. Un moyen de les faire payer par les pays européens, qui profiteraient de cette protection.

    Aussi, on a du mal à imaginer que l'Otan s'arrête à la capacité intérimaire après avoir acquis certains équipements de la future capacité de défense active multicouche contre les missiles balistiques de théâtre (ALTBMD) élargie... Bien sûr, Paris a obtenu satisfaction sur les quatre points qui lui posaient problème, a expliqué Jean-Yves Le Drian. D'abord la déclaration a pris en compte la position française sur la dissuasion nucléaire. "La défense antimissile peut venir compléter le rôle des armes nucléaires dans la dissuasion mais elle ne peut pas s'y substituer. Cette capacité est purement défensive", a effectivement précisé la déclaration des Alliés (point 59).

    Les industriels européens hors jeu ?

    Paris voulait également à tout prix un contrôle politique sur le système. Concrètement, qui prendra la décision d'appuyer sur le bouton pour intercepter un missile balistique menaçant? "Comme pour toutes les opérations de l'Otan, un contrôle politique total des Alliés sur les actions militaires entreprises au titre de cette capacité intérimaire sera assuré", précise la déclaration (point 61). Troisième revendication de François Hollande, la maîtrise des coûts. Là aussi, la France a obtenu satisfaction : "Le but de cette capacité est d'assurer la couverture totale et la protection de l'ensemble des populations, du territoire et des forces des pays européens de l'Otan (...) sur la base du partage équitable des risques et des charges, ainsi que de la demande raisonnable, compte tenu du niveau de la menace, de la soutenabilité financière et de la faisabilité technique, et en fonction des dernières évaluations communes de la menace agréées par l'Alliance".

    Dernier point, la participation des industriels français à l'édification du système voulue par François Hollande. Jean-Yves Le Drian a confirmé que Paris ne voulait pas d'un "abonnement" à un système américain comme "solde de tout compte". "Nous n'y sommes pas favorables". L'Otan en a pris acte dans sa déclaration mais sans véritablement s'engager. La question des contributions nationales reste donc posée et "la France ne pourra retarder la réponse au-delà de quelques mois", reconnait un bon connaisseur du dossier.

    Pourtant, la France avait peut-être la possibilité d'aller beaucoup plus loin même si certains savent gré à François Hollande d'avoir obtenu des concessions des Américains à ses positions qu'il "était souvent seul à oser défendre". Dans un des projets de déclaration, l'ancien gouvernement avait toutefois obtenu, selon des sources concordantes, d'y faire figurer le SAMP/T, un système franco-italien développé par le missilier MBDA et qui est destiné à la défense antiaérienne contre tous les types de cibles aériennes modernes y compris les missiles balistiques tactiques de type SCUD et les missiles de croisière, grâce à son missile sol-air moyenne-portée Aster - notamment la future version B1 qui doit être lancée dans quelques mois. "Cela a été retiré. Peut-être François Hollande ne voulait-il pas s'engager tout de suite", soupire-t-on dans les milieux industriels.

    Le SAMP/T principale contribution de l'Europe au bouclier antimissile ?

    Pourtant, c'est la principale contribution franco-italienne à la première capacité du programme Otan de défense contre les missiles balistiques de théâtre ALTBMD. Le système SAMP/T pourrait d'ailleurs être le programme permettant de fédérer les Européens sur une contribution en nature. Paris doit en être le moteur. A suivre. Car la déclaration du sommet de Chicago est peu engageante sur ce point : "Nous prenons note des possibilités éventuelles de coopération en matière de défense antimissile, et nous encourageons les Alliés à étudier les possibilités de contributions volontaires supplémentaires, y compris par la coopération multinationale, à fournir les capacités concernées, ainsi qu'à exploiter les synergies potentielles en matière de planification, de développement et d'acquisition, et de déploiement" (point 60). Certains experts décodent entre les lignes que les Américains veulent que bien les Européens se regroupent mais pour acheter ces équipements très coûteux.

    Chez les industriels, le Conseil des Industries de Défense Françaises (Cidef) devrait monter au créneau en rappelant l'enjeu industriel de cette question. "Nous ne voulons pas que les Etats-Unis imposent leurs standards et assèchent les budgets de défense comme ils l'ont fait dans un passé récent avec le F-35", dont le développement a été financé en partie par les Européens (5 milliards de dollars environ). Sous prétexte que "l'Europe baisse la garde en matière des budgets de défense". C'est là l'un des enjeux majeurs du bouclier antimissile européen. Va-t-on vers une vassalisation de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis via l'Otan ?

    http://www.latribune.fr


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  • L'agression dont ont été victimes trois jeunes Villeurbannais est un acte inqualifiable et insupportable. Les auteurs de cette agression doivent
    être activement recherchés. Si il se confirme que l'appartenance des victimes à la communauté juive est la raison de cette violence, les faits
    prennent une dimension inquiétante.

    Notre République ne peut tolérer que des personnes soient prises à partie violemment et notamment pour leur appartenance religieuse. La loi devra s'appliquer sans faiblesse à l'encontre des agresseurs, quel qu'ils soient.

    Danielle Lebail, Secrétaire départementale de la fédération du Rhône du PCF et Conseillère Régionale


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  • Par Patrick Le Hyaric

    En plein référendum irlandais sur le projet de traité Sarkozy-Merkel et à quelques jours de l’élection des députés en France et en Grèce, voici que la Commission, non élue, de Bruxelles déclenche les grandes orgues de l’antichangement. Elle vient de rendre publics plusieurs rapports qui sont en fait des «recommandations injonctions» pour poursuivre et amplifier l’austérité et la démolition des Codes du travail. M. Barroso, chef autoproclamé de la police du capital européen, accorde un petit satisfecit à la politique sarkozyste qui «a pris un certain nombre d’engagements au titre du pacte de l’euro plus» et menace notre pays de procédure pour «déficit excessif» ou pour «déséquilibres macroéconomiques» s’il ne respectait pas ses ordres. Ce chantage relaie l’esprit de revanche des dirigeants de l’UMP.

    Sur sa lancée, M. Barroso utilise le chantage et la peur, comme il le fait vis-à-vis des peuples grec, espagnol et italien, en laissant entendre que la France ferait partie des «maillons faibles» de la zone euro. Son point d’attaque est l’obligation de réduire les déficits publics. Les Français devraient accepter des «efforts additionnels», comme l’écrit dans son langage cru la Commission, obsédée par la réduction des dépenses. Mais elle interdit une augmentation des recettes, notamment grâce à une imposition plus conséquente du capital. À ce titre, Bruxelles demande de maintenir l’augmentation de la TVA sarkozyste et de relever « la fiscalité sur la consommation ». Le chapelet ultralibéral est énoncé comme autant de consignes à appliquer : fin du contrat à durée indéterminée, mise en concurrence d’industries de réseau de transport et d’électricité, ainsi que des professions aujourd’hui protégées, assouplissement du droit de licenciement, interdiction de toute augmentation de salaires et abaissement des « coûts » de la main-d’œuvre, recul de l’âge de la retraite, alors que les jeunes seraient bloqués dans « l’apprentissage ». Quand ces messieurs de l’ordre bruxellois utilisent le mot «croissance», c’est cela qu’ils ont en tête.

    C’est inacceptable. Et il ne faut pas l’accepter ! Notre pays doit résister à ces injonctions. La déclaration du ministre M. Moscovici, clamant que « la France respectera ses engagements en matière de finances publiques », donne davantage le signe d’une obéissance aux instances européennes qu’un appel à leur résister. Au moment où vont être soumis, au lendemain même de nos élections législatives, dans le silence le plus absolu, au Parlement européen, deux règlements, copies conformes du traité austéritaire Sarkozy-Merkel, il y a urgence à dresser au sein de notre Assemblée nationale une digue solide contre ces inadmissibles pressions niant l’expression du suffrage universel. C’est un enjeu décisif pour la réussite du changement.

    Elle deviendrait impossible si, au lendemain des élections législatives, notre pays devait être simultanément confronté au pacte budgétaire, même augmenté pour la forme d’un timide volet sur « la croissance » ; aux ordres écrits avant-hier par la Commission de Bruxelles, auxquels s’ajouterait un rapport fin juin de la Cour des comptes, duquel il faudrait conclure à une austérité de gauche. Il y a lieu d’alerter celles et ceux qui, comme nous, souhaitent la réussite des changements. Un haut niveau de vote Front de gauche avec de nombreux députés issus de ses rangs permettra de dresser une digue contre ces pressions pour réussir les changements tant attendus.


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  • Militants-syriens.jpg

    Damas (Syrie), correspondance de l'Humanité: Talal El Atrache. Alors que le régime et la rébellion se rejettent la responsabilité des massacres, des opposants laïques prônent la démission des autorités et la formation d’un pouvoir consensuel. 

    Le massacre de Houla, qui a coûté la vie à 108 civils, dont 49 femmes et 34 enfants, dans la nuit du 25 au 26 mai, reflète l’ampleur du chaos qui sévit dans plusieurs régions de Syrie. Les circonstances dans lesquelles le carnage s’est déroulé demeurent floues et incertaines. Le gouvernement syrien a accusé les djihadistes de l’avoir commis à des fins politiques. Les Frères musulmans, basés en Turquie, ainsi que les États pétroliers du Golfe ont pour leur part attribué le crime au régime syrien. Le chef des observateurs de l’ONU en Syrie, le général Robert Mooda, a confirmé «l’usage d’obus tirés depuis des chars». Cependant, les marques sur le corps des victimes montrent que les civils n’ont pas succombé à des tirs d’artillerie lourde, mais auraient été sommairement exécutés par balle à bout portant, à la hache ou aux couteaux, ou souvent même égorgés. Pour une partie de l’opposition ce sont les Chabbiha (milice alaouite proche du régime) venus des villages voisins qui auraient perpétré le carnage. Or le village de Taldou était apparemment contrôlé par les rebelles de la «brigade de Houla», qui fait partie de l’Armée syrienne libre (ASL). Cette vague de violence s’ajoute aux attentats kamikazes qui visent depuis décembre Damas et Alep, les deux plus grandes villes du pays. Même si ces attaques portent la marque d’al-Qaida, les Frères musulmans, qui appellent désormais à la lutte armée contre le régime, accusent systématiquement le pouvoir damascène d’avoir commandité ces attentats.

    Menaces de fragmentation de la société syrienne. Face à la détérioration sans précédent de la situation, partisans et opposants du régime se rejettent mutuellement la responsabilité du drame. Une partie de l’opposition accuse le régime de vouloir semer la terreur afin de mater la rébellion. D’autres soupçonnent les rebelles de vouloir provoquer une escalade à la veille de chaque échéance onusienne, pour l’imputer au régime, briser la trêve survenue depuis l’arrivée des observateurs de l’ONU et provoquer une intervention militaire étrangère en Syrie. Comme pour confirmer ces accusations, l’ASL a estimé n’être plus tenue par son engagement au plan de Kofi Annan après le massacre de Houla. Elle a appelé les «pays amis» de l’opposition à lancer des «raids aériens» contre l’armée syrienne, au risque de déclencher une guerre civile interconfessionnelle.
    Sur le terrain, en plus de l’armée régulière, le pouvoir déploie les Chabbiha, pour contrer le soulèvement. De l’autre côté, la multiplication des brigades de l’Armée syrienne libre – qui compte près de 50 milices éclatées ne bénéficiant d’aucune structure claire, ni d’un commandement central – menace de fragmenter, sur des bases confessionnelles, un pays déjà largement polarisé. Et pour aggraver la donne, l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux plus grands soutiens de la mouvance salafiste intégriste, ont officiellement débloqué des fonds pour financer et armer l’ASL. Cette situation chaotique a pavé la voie à l’infiltration de combattants étrangers, venus mener la guerre sainte contre le régime «athée» de Damas. Une centaine de combattants étrangers ont été tués ces derniers mois dans plusieurs provinces syriennes, notamment à Homs et Idleb. Ces djihadistes se heurtent souvent aux courants modérés de l’opposition qui rejettent les appels à la guerre sainte contre les Alaouites. Cette faune militaire menace à terme de plonger le pays dans le chaos et la guerre civile.

    Rejet de toute intervention armée étrangère. L’opposition interne, pour sa part, se montre réservée en s’abstenant de lancer des accusations non fondées face aux crimes qui visent les civils, mais accuse le régime d’avoir pavé la voie au chaos en réprimant violemment les manifestations pacifiques et en optant pour la solution militaire. Les massacres et la violence «reflètent une déliquescence sécuritaire qui s’installe dangereusement dans plusieurs régions de Syrie», estime dans un communiqué le Courant de l’édification de l’État (CED), un parti clandestin laïc dirigé par l’ex-détenu politique Louay Hussein. «Mais abstraction faite de l’identité des responsables de ce chaos, les autorités syriennes sont directement ou indirectement responsables de la dégradation de la situation (…) pour leur incapacité à assurer la protection des civils et des militaires et à préserver l’unité nationale» précise le CED. À l’instar du Comité national pour le changement démocratique (coalition de partis laïques de l’intérieur), le CED «rejette toute intervention étrangère sous prétexte de protection des civils» et condamne «les appels des États du Golfe à armer» les rebelles, car de telles démarches provoqueraient «une guerre civile ouverte».

    Démission de l'autorité actuelle. Ce courant de l’opposition préconise, comme seule porte de sortie à la crise, «la démission de l’autorité actuelle et la formation d’une nouvelle autorité consensuelle capable de protéger le pays et la population». Cependant, les Syriens semblent conscients que l’avenir de leur pays se jouera également dans les coulisses des chancelleries des grandes capitales mondiales.

     

    Lamia Chakour reste à Paris. L’ambassadrice de Syrie, Lamia Chakkour, dont Paris a annoncé mardi l’expulsion après le massacre de Houla, est en fait restée en France au titre de son accréditation auprès de l’Unesco. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a souligné mercredi, lors d’un point de presse, qu’«elle est par ailleurs ambassadeur, délégué permanent de la République arabe syrienne auprès de l’Unesco», et qu’à ce titre «la France respecte l’accord de siège avec cette organisation». Côté Unesco, un responsable a indiqué que «seul Damas peut changer son statut comme délégué permanent à l’Unesco et cela n’a pas été fait». Autrement dit, Lamia Chakour reste en France.


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  • Une agence d'Alpha Bank, à Athènes, le 19 avril 2012

    Une agence d'Alpha Bank, à Athènes, le 19 avril 2012 Aris Messinis afp.com

    DETTE - Ces sommes font partie d'une enveloppe de 25 milliards, versée par le FESF au Fonds grec de stabilité, pour la recapitalisation des banques du pays...

    Les quatre principales banques grecques ont reçu lundi 18 milliards d'euros du Fonds européen de stabilité financière (FESF) en vue de leur recapitalisation, a indiqué à l'AFP une source au sein du Fonds grec de stabilité financière.

    «L'ordre de virer les fonds a été donné et cela signifie que la procédure est achevée», a indiqué cette source. La Banque nationale de Grèce (BNG), numéro un du pays, a reçu 7,43 milliards d'euros, Alpha Bank 1,9 milliard, Eurobank 3,97 milliards et la Banque du Pirée 4,7 milliards d'euros.

    28 milliards de pertes avec la restructuration de la dette

    Ces sommes font partie d'une enveloppe de 25 milliards, versée par le FESF au Fonds grec de stabilité (Hellenic Financial stability fund) pour la recapitalisation des banques grecques, après les pertes de l'ordre de 28 milliards d'euros qu'elles ont subies du fait de l'opération de restructuration de la dette en mars.

    Au total, l'enveloppe atteint 50 milliards d'euros, dans le cadre de cette opération prévue par le deuxième plan de soutien mis au point en faveur de la Grèce par l'UE et le FMI.

    La mission du FESF est d'emprunter sur les marchés de l'argent, à des taux faibles grâce aux garanties apportées par les Etats de l'Union monétaire, et de le reverser aux gouvernements ou banques qui en ont besoin.

    La restructuration de la dette souveraine grecque a permis l'effacement d'environ 107 milliards d'euros de titres de dette détenus par les créanciers privés, mais au prix de pertes de plus de 70% pour ces prêteurs.

    Deux autres banques en sursis

    Un rapport de la Banque de Grèce fin juin doit réévaluer les besoins des banques et du restant des sommes qui doivent être versées, probablement en juillet. Deux autres banques grecques, en situation difficile, la Banque agricole et Postbank, doivent aussi bénéficier de l'aide du FESF, selon une source bancaire.

    La Bourse d'Athènes a clôturé en hausse de 6,87% lundi, pour atteindre 518,49 points.

    Selon les analystes, cette hausse fait suite aux sondages publiés dimanche donnant comme favori aux élections législatives du 17 juin le parti de la droite Nouvelle Démocratie qui a contresigné le deuxième plan d'aide au pays et les mesures d'austérité imposées en échange des prêts internationaux.

    Avec AFP
     

    Comment les milliards européens profitent aux riches Grecs expatriés

    L’aide européenne aurait sauvé la deuxième banque de Grèce, l'EFG-Eurobank, qui appartient à Spiros Latsis, résident de Bellevue.

    Spiros Latsis réside à Bellevue.

    Spiros Latsis réside à Bellevue.
    Image: Keystone

    Le résident de Bellevue Spiros Latsis aurait bénéficié des milliards européens versés en début de semaine dans le cadre du plan de sauvetage des instituts financiers grecs, affirme le Tages-Anzeiger. Selon le quotidien zurichois, l’EFG-Eurobank aurait reçu 4,2 milliards d’euros de l’Union européenne. Or cette institution, la deuxième banque la plus importante de Grèce, appartient à la plus grosse fortune de ce pays, celle de la famille Latsis, bien implantée sur sol genevois.

    Outre la banque, celle-ci possèderait une compagnie maritime, une société immobilière, des parts dans une société pétrolière, et des biens immobiliers dans le monde entier. Sa fortune est estimée à 4 milliards de francs suisses, selon le magazine alémanique Bilanz.

    Le journal zurichois, qui revient sur l’histoire de la famille Latsis à Genève, la manière dont ses membres ont érigé leur fortune et leurs relations avec les puissants de ce monde, estime que l’EFG-Eurobank n’aurait pas pu survivre à la crise sans l’aide de l’Europe. Selon le Tages-Anzeiger, l’institut financier serait engagé à hauteur de 12 milliards d’euros dans la dette de l’Etat grec, tandis qu’une somme de 48 milliards constituerait l’argent dû par ses débiteurs privés. Or la FINMA, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers, n’a désormais plus grande influence sur la banque, puisque celle-ci a transféré en 2010 son siège au Luxembourg.

    http://www.tdg.ch/economie/argentfinances/milliards-europeens-profitent-riches-grecs-expatries/story/20187159


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  • La Grèce est en prise à une des pires crises de son histoire, à la fois laboratoire et bouc émissaire de la fièvre capitaliste qui enflamme l'Europe et secoue le monde.
    La solution à gauche que les grecs ont semble-t-il plébiscitée lors des élections législatives est structurée dans le rassemblement d'une douzaines d'organisations sous la bannière de Syriza. Alexis Tsipras, leader de ce rassemblement était récemment reçu en France par pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon qui portent une analyse proche de Syriza.
    Les socialistes grecs, tout comme la droite n'ont fait qu'accompagner la descente aux enfers d'un peuple étranglé par la loi du capital.
    Qu'il se rebiffe n'est que normal et salutaire. la réédition en juin des législatives  ne peut qu'amplifier le mouvement déjà entamé et renforcer l'option du "front de gauche" grec de Syriza.
    Le parti communiste grec est présenté comme marginalisé dans le processus politique qui se jouerait autour d'une recomposition de la gauche.
    Ainé de trois ans du PCF, le KKE résiste dans la turbulence.

    Le rassemblement des forces opportunistes alliées à ceux qui ont quitté le PASOK (parti socialiste grec) ressemble fort au mécanisme du "Front de Gauche" soutenu en France par le PCF.
    Il subsiste en Grèce, à la gauche de la social-démocratie une "gauche démocratique" à la marge de Syriza.
    La gauche radicale n'est pas encore unie en Grèce. 
    Toute extrapolation est certainement hasardeuse d'une situation grecque dans l'espace politique français.
    Cependant comment ne pas y reconnaître les ressorts d'une tentative de troisième voie à gauche qui cherche à faire sa place entre les deux options historiques du socialisme : la social démocratie et le communisme.
    Le maintien et la droitisation social libérale des socialistes d'un côté, la marginalisation du parti communiste de l'autre fixent les marges de manoeuvre de l'agglomérat disparate qui s'opère entre les deux de forces essentiellement ressorties de scissions marginales des deux grands courants.
    Le processus de recomposition grec est sensiblement plus avancé que le modèle français du Front de Gauche et la survivance du parti communiste grec est un signe intéressant à observer. Il préfigure certainement le coeur du débat du prochain congrès du PCF, quand il aura lieu (*), et qui devrait trancher entre le maintien d'une organisation indépendante et la fusion dans une nouvelle entité politique préfigurée aujourd'hui par le Front de Gauche.
    La seconde hypothèse affaiblirait considérablement un parti communiste déjà bien secoué, mais ne le ferait pas disparaître du paysage pour autant ; tant que des communistes auront à coeur de faire vivre leur idéal au-delà des péripéties électorales qui tiennent lieu de bible à tant de "novateurs" convaincus de leur génie politique les organisations communistes perdureront, disponibles pour servir la cause des peuples.


    "Ce que nous dénommons vérité n'est qu'une élimination d'erreurs."
    Georges CLEMENCEAU


    La vérité nait plus surement de l'identification des erreurs dans leurs tenants et aboutissants qu'une claire conscience politique garantit mieux que l'illusion du pouvoir dont l'onction scellerait la vérité.


    Le vrai, le juste ou le bien sont-ils nécessairement faits de majorité ?.


    (*) : la direction actuelle du Parti Communiste Français joue la carte de cette "troisième voie" qui s'affranchit de la rigueur idéologique indispensable au développement des grands courants politiques. Le congrès tarde à venir aussi pour laisser le temps de l'expérience qui devrait faire valider un choix pré établi du "Front de gauche sinon rien".
    Faire de l'opportunisme une stratégie a bien montré par le passé la petite limite de l'exercice au centre de l'échiquier politique. Période Lecanuet jadis, mouvement radical  ou épisode Bayrou aujourd'hui, celles et ceux qui font de "l'ailleurs" leur terrain d'élection ne sont à terme que les instruments dociles des grands courants qu'ils côtoient et qui en font leurs variables d'ajustement en en dictant le périmètre.
    Il est symptomatique de constater que ces mouvements de recompositions de la gauche dite plus "radicale" ne s'opèrent pas à la faveur de mouvements sociaux qui en souligneraient les options progressistes, mais à l'occasion d'échéances électorales où le pouvoir et ses attributs sont l'enjeu principal dans une logique de concurrence.


    Dans ce contexte, le Parti Communiste Français a plus que jamais le devoir d'exister.
    Le Parti communiste Grec aussi, comme partout, tout simplement.

         


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