• mandate-vote-no.jpgUne victoire de l'intimidation et du chantage

     

     

    Communiqué du Parti communiste d'Irlande

     

     

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

     

    Le Parti communiste d'Irlande salue les centaines de milliers de nos concitoyens qui, en dépit des intimidations et des chantages exercés par l’État et leur maîtres à Bruxelles et Francfort, ainsi que par une large frange des médias, ont voté contre ce traité instituant l'austérité à perpétuité.

     

    Une fois encore, la classe ouvrière est allé aux urnes par centaines de milliers pour voter « Non », tout comme de nombreux petits commerçants, travailleurs indépendants, petits paysans et chômeurs – tous refusant de se mettre à genoux et de céder aux intimidations. Ils ont tenu bon pour eux-mêmes, leurs familles, leurs quartiers, et leur pays.

     

    Nombreux parmi ceux qui ont voté « Oui » l'ont fait par crainte et appréhension sur ce que l'avenir nous réserve. Ce que le résultat révèle n'est pas la volonté du peuple mais bien plutôt ses peurs.

     

    Alors que le gouvernement a pu s'assurer un vote positif, il a sans doute perdu la confiance que le peuple a pu un moment placer en lui. C'est particulièrement vrai pour le Parti travailliste. Ce qui l'attend à la prochaine élection, c'est un sort identique à celui qu'ont connu le Parti vert et le Fianna Fáil.

     

    C'est tout aussi vrai pour des franges importantes du mouvement syndical, ceux qui ont mené une campagne active pour le « Oui » tout comme ceux qui sont restés muets, refusant de s'opposer à la ligne du Parti travailliste. Ils vont être de plus en plus dépassé par une situation nouvelle qui nécessite une direction plus résolue et des solutions plus radicales que celles qu'ils sont manifestement en mesure de concevoir, encore moins de mettre en œuvre.

     

    Ce traité, avec son jumeau, le Mécanisme européen de stabilité, n'offrira ni la stabilité ni la croissance, tout comme il n'offrira pas de solution à la crise profonde au cœur du système. Cela ne fera en réalité qu'approfondir leur crise. La crise de la dette, à la fois dans cet État et dans l'ensemble de l'UE, n'est rien d'autre qu'un symptôme d'une crise plus profonde, celle du système lui-même.

     

    La dette socialisée du grand capital ne va pas disparaître, et ce gouvernement est incapable de faire la moindre chose à ce sujet, si ce n'est d'être pendu aux basques de l'Allemagne dans l'espoir de récolter quelques miettes de répit.

     

    Il existe désormais clairement une plate-forme importante sur laquelle on peut construire une véritable résistance populaire à ce gouvernement et à l'UE. Les forces pour donner un nouveau cap à notre pays, pour remplacer la peur par l'espoir, pour transformer la colère en force, pour construire un autre pays : une Irlande égalitaire.


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  • lutte des classes

      François Hollande, candidat à la présidentielle, parla abondamment de "la finance, son seul ennemi sans visage". Lors de son meeting au Bourget, il avait déjà dit, le 22 janvier 2012 : "Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon ennemi. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc jamais élu. Cet adversaire, c’est le monde de la finance."

       Et beaucoup de croire qu'on allait s'attaquer à un monstre invisible pour le plus grand bien de la France. Pas moi et comme ma pomme, d'autres résolus eux aussi à chasser le capitalisme de cette terre. Pour autant, étions-nous assez entendus? Sûrement pas, les résultats de l'élection présidentielle l'ont montré.

       Le Monde diplomatique, par la plume de Geoffrey Geuens, en ce mois de mai 2012, vient d'apporter de l'eau à notre moulin, si j'ose dire: "Les marchés financiers ont un visage". Je vous invite à le lire en entier. Pour ma part, j'en ai retiré des extraits particulièrement intéressants:

      "Les socialistes européens dénoncent souvent avec virulence la finance, qui règne sans partage sur le globe. Or l’image désincarnée des «marchés» a pour effet de laisser dans l’ombre les véritables bénéficiaires de la crise. (...)

       Plus étrange est le fait que les médias dominants relaient cette image désincarnée et dépolitisée des puissances d’argent. La couverture journalistique de la nomination de M. Mario Monti au poste de président du conseil italien pourrait bien, à cet égard, constituer le parfait exemple d’un discours-écran évoquant «technocrates» et «experts» là où se constitue un gouvernement de banquiers. On put même entendre ou lire que des «personnalités de la société civile» venaient de prendre les commandes (...) Sauf qu’à y regarder de plus près, la plupart des ministres  siégeaient dans les conseils d’administration des principaux trusts de la Péninsule. M. Corrado Passera, ministre du Développement économique ; Mme Elsa Fornero, ministre du Travail (celle qui pleura à la télé en annonçant la rigueur aux Italiens); M. Francesco Profumo, ministre de l’Education et de la Recherche; M. Piero Gnudi, ministre du Tourisme; M. Piero Giarda, chargé des relations avec le parlement. Quant à M. Monti, il avait conseillé Coca-Cola et Goldman Sachs, et siégé comme administrateur de Fiat et de Generali."

     

       Le 22 juin 2012, le président de la République française rencontrera justement monsieur Monti dans un sommet sur l'euro. Et bien, il aura devant lui l'un de ces financiers qu'il croyait invisible.

       L'article du Monde diplomatique énumère aussi les dirigeants sociaux-démocrates européens qui, ayant quitté le gouvernement dans leurs pays, se sont reconvertis dans le business: par exemple Gehard Schröder, ex-chancelier d'Allemagne, maintenant aux manettes chez Gazprom-Gdf-Suez, BP ou chez Rothschild; en Grande-Bretagne, c'est aussi vrai pour des leaders travaillistes ou aux Pays-Bas pour monsieur Wim Kok, ancien premier ministre... Et tout ce business s'opère à découvert sans " que leurs anciens camarades manifestent trop bruyamment leur indignation".

     

       Ainsi, l'écrit Geoffrey Geuens, "contrairement à une idée en vogue, la finance a bien un, ou plutôt des visages. Non pas celui du retraité de Floride ou du petit porteur européen complaisamment dépeint pas la presse, mais plutôt ceux d’une oligarchie de propriétaires et de gestionnaires de fortunes", personnalités de droite certes, mais aussi anciens leaders sociaux-démocrates lorsqu'ils conduisaient les affaires de leurs pays.

     

     

      Et en France, comment oublier: Emmanuel MACRON, nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée, plus particulièrement chargé de l’économie.  Issu de l’ENA et de l’Inspection des finances, ayant quitté son emploi pour le monde des affaires, il occupait depuis 2011 le poste clé de gérant de la banque Rothschild. Il fut même membre de la fameuse « Commission Attali pour la libération de la croissance » mise en place  en 2007 par Sarkozy.       

      Comment oublier Pierre Moscovici, actuel ministre des Finances, solide représentant des intérêts du CAC40. Il était jusqu’à sa nominatio vice – président du Cercle de l’Industrie, créé par D. Strauss-Kahn. Ce cercle regroupe les patrons des grandes entreprises présidé par le patron de PSa. (Tiens, monsieur Montebourg, du Redressement productif, devrait voir de ce côté pour Psa aulnay, avec Moscovici) l'autre vice – président du Cercle de l'industrie est le député UMP Lamassoure, parce que dans cette organisation on est à parité entre l'Ump et le Ps. 

      Enfin, Pour ne pas trop étourdir avec une énumération des serviteurs du capitalisme dans les fauteuils ou les couloirs de l'Elysée: Guillaume Pépy, pdg de la SNCF, qui brade ce service public à la concurrence libre et non faussée, ne fut-il pas directeur de cabinet de Martine Aubry lorsqu'elle était ministre et n'a-t-il pas participé à d'autres cabinets ministériels socialistes?


      Oui, les marchés financiers ont un visage et pas toujours ce que les médias de la pensée unique tentent de nous faire croire. 

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • http://mediabenews.files.wordpress.com/2011/10/na-bc057_damasc_g_20091116173503.jpg

     

    Danielle Bleitrach s'est attelée à tirer un a un les fils de la pelote syrienne pour rendre compréhensible les raisons de la crise qui ravage ce pays.


    Même si un seul article ne fait pas le tour de la question, D.B. dit combien c'est complexe et demande de ne pas s'emballer au premier coup de menton d'un BHL de service.

    Remercions là de ce coup de projecteur et mise à plat des pratiques, combines et coups tordus contre les peuples de la régions.

    Que signifient exactement les mises en garde contre les risques de Guerre civile en Syrie ?

     par danielle Bleitrach

    01JUIN 2012

    http://histoireetsociete.files.wordpress.com/2012/06/bosch1.jpg?w=300&h=269

    Quand tous les jours tombent des proclamations alarmistes sur ce qui se passe en Syrie, quand l’opinion est chauffée à blanc sur l’ignominie du dictateur et que dans le même temps il est proclamé les dangers d’une guerre civile dont le pays ne se releverait pas et qui aurait des conséquences incalculables sur l’équilibre régional, on peut se méfier. S’agit-il d’une prise de conscience ou une campagne en faveur de l’intervention militaire est-elle en marche ? Prise de conscience de ce qu’il a été  fait de la Syrie une poudrière où s’accumulent les armes et des milices armées suspectes?   Ou au contraire les menaces de guerre civile seraient-elles agitées pour torpiller les efforts diplomatiques  en particulier ceux de Kofi Annan?

    Tout n’a-t-il pas été fait pour qu’il y ait la guerre civile ?

    Oui il y a des risques de guerre civile parce que le régime de Bachar al Assad dispose non seulement du soutien de l’armée mais des forces dans la population. Il est dominé par la minorité alaouite de Syrie, une branche du chiisme, et soutenu par d’autres minorités du pays, notamment chrétienne, qui craignent de voir la majorité sunnite mettre en place un pouvoir sans partage – voire dominé par les islamistes proches d’Al Qaïda.Assad peut en outre compter sur le soutien de l’Iran chiite et de ses alliés libanais du Hezbollah. C’est dire que la mèche est allumée et que les risques de contagion sont innombrables.

    Cette situation est dûe à la politique menée par le régime de Bachar el Assad. Corruption, clientélisme ont soulevé la population, la jeunesse en particulier. “Par son refus de s’engager dans des réformes sérieuses et un dialogue avec l’opposition, par son usage indiscriminé de la violence contre des manifestations qui, pour l’essentiel, restaient pacifiques, par un usage généralisé de la torture, il a contribué à la montée de la violence, au passage d’une partie de l’opposition à la lutte armée ; il a, d’un même mouvement, favorisé les ingérences qu’il prétendait vouloir combattre (lire « Jours de tourmente en Syrie », Le Monde diplomatique, août 2011).

    Mais elle a été trés sciemment provoquée autant par les puissances occidentales que par des forces régionales à la fois en rivalité entre elles comme la Turquie et l’Arabie Saoudite et le Qatar qui déversent sur le pays des armes et des “combattants”. L’objectif serait au meilleur des cas d’éviter une intervention militaire en Iran en l’isolant de ses alliés ou au pire de préparer une intervention contre ce dernier, ce qui peut nous mener au pire. Aucun des protagonistes  qu’il s’agisse des Saoudiens ou des occidentaux n’a en vue la démocratie ou le bonheur du peuple syrien et ils le prouvent tous les jours en conduisant le pays vers la guerre civile et de fait en s’inscrivant a contrario des solutions diplomatiques.

    La confusion est totale et même si l’on ne peut que condamner l’attitude du régime syrien, on finit par avoir des doutes sur qui a intérêt à ce que se multiplient les massacres de civils et entretiennent l’idée que l’on ne peut pas aboutir par la voie diplomatique et en particulier le plan  de Kofi Annan alors même que la Russie et Pekin continuent à soutenir celui-ci.  En visite à Hammamet (Tunisie), le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, a déclaré que Pékin gardait sa confiance dans le plan du diplomate ghanéen. “Nous continuons à soutenir les efforts de Kofi Annan (…) Nous savions depuis le début que ce ne serait pas un chemin de roses“, a-t-il reconnu.

    Est-ce que la menace de guerre civile n’est pas un prétexte à intervention ?

    Selon l’agence reuters, à propos des massacres de Houla,  Ban Ki-moon le secrétaire général de l’ONU a déclaré jeudi 31 mai 2012 en visite à Istanbul, a estimé qu’un autre massacre de ce type plongerait la Syrie dans une guerre civile totale “dont elle ne pourrait jamais se relever“.

    Dans ce contexte qui se dégrade chaque jour, une fois de plus des intérêts convergents se développent du moins pour un temps entre les saoudiens, les qataris et Israél autant qu’avec les Etats-Unis et les puissances occidentales autour de l’étranglement iranien.  En Israël, le général Yair Golan, responsable de la défense de la frontière nord de l’Etat hébreu, a estimé que la Syrie courait à sa perte et risquait à terme de devenir un vaste dépôt d’armes où les militants islamistes pourront se servir.   “La Syrie est plongée dans une guerre civile qui va conduire cet Etat à sa perte. C’est un terreau pour le terrorisme“, a-t-il dit. “Le risque que tout cela représente pour Israël se précise peu à peu. C’est pour nous un défi énorme à relever”, a-t-il dit, ajoutant que les forces de défense israéliennes se tenaient prêtes à toute éventualité.

    En Syrie même nous avons une opposition divisée et qui est liée à ces puissances régionales et à leur stratégie. ainsi le chef de l’Armée syrienne libre (ASL) qui parlait à partir de la Turquie, principale force combattante de l’opposition, a exhorté l’émissaire international à reconnaître l’échec de son plan de paix. Si Annan reconnaissait l’échec de son plan, les insurgés se sentiraient libres de reprendre les armes, a affirmé le colonel Riad al Asaad, commandant de l’ASL basé en Turquie.  Qui est l’ASL  ? Un reportage du quotidien libanais Daily Star (23 février) sur l’Armée syrienne libre (ASL) confirme deux éléments que la presse occulte souvent : cette armée a des bases au Liban (et d’ailleurs aussi en Turquie) ; elle n’hésite pas aux représailles confessionnelles, en tuant des alaouites par vengeance (« FSA soldier in Lebanon discloses tactics »). De même, des combattants irakiens se sont joints aux insurgés syriens (lire Tim Arango et Duraid Adnan, « For Iraqis, Aid to Rebels in Syria Repays a Debt », The New York Times, 12 février 2012), y compris des membres d’Al-Qaida, ce qu’a confirmé le département d’Etat américain.

    Alors qu’il existe des forces démocratiques qui appuient la mission de Kofi Annan et proposent un processus de paix par la négociation. Comme le note dans l’humanité du 31 juillet Pierre Barbancey : ” Le Bloc national démocratique syrien (BNDS), autre groupe d’opposition, lance une campagne pour la libération des détenus politiques dans les prisons du régime syrien et demande l’application du plan Annan, notamment l’acheminement des aides humanitaires pour les zones sinistrées et permettre aux médias internationaux d’entrer librement dans le pays, et souhaite le lancement «d’un processus politique de négociation entre le pouvoir et l’opposition et permettre au pays d’accéder à la démocratie d’une façon pacifique».

    Des forces antagoniques jouent pourtant aux apprentis sorciers et contribuent à la guerre civile et l’échec du plan de paix en visant une recomposition de la région contre en priorité l’Iran mais pas seulement parce qu’il y a aussi le contrôle des masses arabes entrées dans un processus de rébellion autant que la main mise sur les ressources énergétiques, nous sommes bien dans un contexte militariste de lutte pour la main mise et contre les peuples. L’enjeu est autant  le contrôle des masses arabes et les réserves énergétiques que celui de l’affaiblissement du régime iranien. Et sur ce dernier objectif s’entendent les puissances occidentales, les israéliens, la Turquie et les saoudiens et qataris…

    Les Etats-Unis et l’occident pour une intervention en leur lieu et place

    Les Etats-Unis n’interviendront pas directement à la veille des élections présidentielles ou du moins on peut l’espérer mais ils previennent déjà ouvertement que certaines puissances seront prêtes à le faire: Pour la représentante permanente des Etats-Unis à l’Onu, Susan Rice, le Conseil de sécurité doit agir sans attendre pour convaincre le gouvernement de Damas de mettre fin à la répression du mouvement insurrectionnel.   Sinon, a-t-elle averti, certains pays pourraient décider d’intervenir sans l’aval des Nations unies.   “En cas d’escalade de la violence”, a poursuivi Susan Rice, “le conflit va s’étendre et s’intensifier (…), des pays de la région y seront impliqués et les violences prendront de plus en plus la forme d’un affrontement inter-religieux.” “Nous aurons alors une crise majeure, pas seulement en Syrie mais dans toute la région”, a-t-elle poursuivi. Pour Susan Rice, la crise syrienne risque de contaminer toute la région, “avec des armes arrivant de tous côtés”, ce qui pourrait inciter certaines puissances mondiales à prendre des initiatives unilatérales.

    La simple description de ces événements et prises de position doit nous inciter à la plus grande prudence. Il est clair qu’aucun des acteurs en présence ne veut le bien du peuple syrien et que tous les discours vertueux sur la question doivent être appréciés en regard de l’expérience d’autres interventions et de ce qui est réecherché en fait. Quels que soient les dangers bien réels de guerre civile nous devons défendre la réalité : si la voie diplomatique est trés difficile, ne serait-ce que parce que chacun s’ingénie à la torpiller, elle demeure la seule solution, tout autre choix aurait des conséquences encore plus catastrophiques.

    La France est en train de prendre un rôle de pointe trés dangereux dans cette affaire (1)

    danielle Bleitrach

    (1) on se surprend à ricaner non sans amertume quand on entend  Copé mettre en garde Hollande contre les dépassements du budget de la Défense. Alors que l’expédition libyenne a été de ce point de vue un véritable gouffre dont personne n’a songé à demander des comptes à Sarkozy…

    Par canaille le rouge


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  • Quand David Pujadas reçoit chez lui François Hollande

    "François, tu es content de ton gros camion rouge ?"

    Philippe ARNAUD

    Je souhaite, ci-après, me pencher sur un aspect particulier de l’interview de François Hollande, réalisée le mardi 29 mai, à 20 h, sur France 2, par David Pujadas. Après un tour d’horizon de l’actualité intérieure et extérieure, voici la partie de cette interview qui m’a retenu :


    David Pujadas : "Et comme promis, nous recevons le président de la République, François Hollande. Bonsoir, M. le président. Merci de nous réserver ces premiers mots. On entend parfois qu’être président, cela s’apprend. Alors, cela fait deux semaines que vous avez été investi. Est-ce que vous vous sentez pleinement président ?"

    François Hollande : "Je n’ai pas eu le temps de me poser cette question. J’ai pris immédiatement la responsabilité du pays. Et je m’y étais préparé. Et j’ai donc, très vite, rencontré Mme Merkel, c’était mardi, le jour de mon investiture, puis ensuite je suis parti aux Etats-Unis, voir le président américain, nous avions à préparer le G8, c’était le vendredi. Et j’étais au sommet de Chicago, sommet de l’OTAN, nous étions le lundi, et vendredi dernier, j’étais en Afghanistan pour parler aux troupes françaises, pour leur dire que, d’ici la fin de l’année, il n’y aurait plus de soldats qui combattraient en Afghanistan. Donc, vous voyez, je n’ai pas tardé à prendre mes décisions, et non plus à prendre pleinement les responsabilités de mon pays".

    David Pujadas : "Alors, on va évoquer ces événements. D’un mot, simplement : "Est-ce que vous vivez ces premiers moments du quinquennat comme de la plénitude, comme un bonheur ou comme du stress ?"

    François Hollande : "Du bonheur, il y en a eu au moment de l’élection. Il dure assez peu de temps, quand arrivent les sujets, vous les avez évoqués, tout au long de votre journal, les plans sociaux, l’Europe, qui est toujours en difficulté, les affaires du monde, la Syrie, donc, ces défis-là, je les ai devant moi. Et je n’ai pas eu non plus de stress, au sens où une espèce de pression serait tombée sur moi ; ça fait quand même des mois que je m’étais présenté devant les Français, que je m’étais préparé à être leur président. Je le suis et je suis en action. Il n’y a pas eu de transition, je ne suis pas un président en transition, je suis un président en action.

    David Pujadas : "Alors, on va revenir sur quelques-unes des images de cette première quinzaine. Et d’abord vos premiers pas, vous l’évoquiez, dans ces sommets internationaux, ils se sont un peu enchaînés. On va vous voir, là, ici, avec Barack Obama. Alors vous connaissiez pas cet univers, vous disiez même, vous aviez dit régulièrement que ces sommets, notamment le G8, ne servaient à rien. On va découvrir ces quelques images. Est-ce que vous avez changé d’avis ?"

    François Hollande : "D’abord, vous me posez la question de la rencontre elle-même avec des personnalités éminentes, que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Mais je suis le président d’un grand pays, la France. Nous sommes un grand pays. Nous sommes respectés. Nous sommes attendus".

    David Pujadas : "Mais on peut être intimidé ?"

    François Hollande : "Non, il ne peut pas y avoir d’intimidation pour un pays comme la France, pour celui qui représente la France...".

    [Après, viennent des questions sur les points de l’actualité, qui n’entrent pas dans le cadre de ces remarques.]

    - Dans cette partie, David Pujadas traite François Hollande comme ses confrères journalistes traitent un apprenti-pâtissier, un chômeur ou un terrassier (je ne choisis pas ces exemples au hasard...) qui vient de gagner 100 millions d’euros au Loto. Décryptons donc les remarques et questions de Pujadas :

    1. "On entend parfois qu’être président, cela s’apprend." Que cela s’apprend où ? Dans un ministère ? Et, sous-entendu, dans un des ministères du sommet, Premier ministre, ministre de l’Intérieur, de l’Economie, des Affaires étrangères ou de la Défense ? Pujadas aurait-il osé poser cette question à Fillon, à Juppé, à Fabius, voire au Strauss-Kahn d’avant la Chute ? Comment mieux dire à l’intéressé que, n’ayant jamais occupé un poste ministériel, il n’est qu’un amateur, à qui on ne saurait faire confiance ?

    2. "Est-ce que vous vous sentez pleinement président ?" On discerne, dans cette question, le même ton condescendant des journalistes qui interviewent un ouvrier ayant gagné le gros lot. Décryptage : "Alors, est-ce que vous vous sentez pleinement millionnaire ?", version polie de : "Alors, pour vous, le pointage à Pôle Emploi, c’est vraiment fini ?". On celui de l’adulte s’adressant à l’enfant : "Alors, tu es content de ton gros camion rouge ?"

    3. "Alors, on va évoquer ces événements. D’un mot, simplement : "Est-ce que vous vivez ces premiers moments du quinquennat comme de la plénitude, comme un bonheur ou comme du stress ?" Décryptage : "Alors, ça vous fait quoi de compter par billets de 500 euros plutôt que par pièces de 50 centimes ? ou : "Alors, ça ne vous affole pas, tout cet argent chez vous ? Et vous savez que, cet argent, vous pouvez le mettre à la banque ? Que ce n’est pas la peine de le conserver dans la boîte à sucre ?". On croirait entendre la fable "Le savetier et le financier"...

    4. "Alors vous connaissiez pas cet univers, vous disiez même, vous aviez dit régulièrement que ces sommets, notamment le G8, ne servaient à rien". Décryptage : "Alors, vous ne saviez pas qu’on mange le poisson avec un couteau à poisson ? N’est-ce pas vous qui aviez dit, régulièrement, que vous ne faisiez pas la différence entre les œufs de lump et le caviar Petrossian ?".

    5. "Mais on peut être intimidé ?". Décryptage : "Comment ça ! On vous présente la reine d’Angleterre et vous n’en bredouillez pas de confusion !!?"

    Cette attitude envers François Hollande n’est pas inédite. Il y a quelques jours encore, lorsqu’il s’était déplacé à Washington, une journaliste de France 2 lui avait demandé [je cite en substance] s’il n’était pas "impressionné" (sous-entendu par Barack Obama, par les chefs d’Etat du G8, etc.). Ce à quoi François Hollande avait répondu que "lorsqu’on est président de la République française, on ne doit être impressionné par rien".

    Qu’en conclure ?

    - La première conclusion est que les journalistes ne font aucun cas de François Hollande. Ils le traitent comme un quidam qui aurait gagné le gros lot, c’est-à-dire qui ne devrait rien de son sort à ses mérites. Alors que François Hollande a réussi là où Jacques Delors a renoncé, là où Lionel Jospin et Ségolène Royal ont échoué, là où Dominique Strauss-Kahn a trébuché avant même d’être arrivé sur la ligne de départ. Les journalistes oublient que, pour en arriver là, François Hollande a dû éliminer, amadouer ou rallier nombre de (fortes) personnalités du P.S., qui se seraient bien vues à sa place. Or, la plupart de ces personnalités avaient exercé - ou exercent toujours - des fonctions bien plus élevées, bien plus prestigieuses que celles de président du Conseil général de la Corrèze. Et les luttes au sein de son propre parti ne sont pas moins impitoyables, ne requièrent pas moins d’énergie, de patience ou d’intelligence que celles qui mettent aux prises avec un adversaire de l’autre camp...

    - La deuxième conclusion est que ces mêmes journalistes affichent un certain mépris du suffrage universel. Car cet homme, à qui ils s’adressent, dédaigneusement, comme à un enfant qui joue avec son cadeau de Noël, est celui à qui plus de 18 millions de ses compatriotes ont accordé leurs suffrages. Où se trouve, pour les journalistes, la légitimité, si elle ne réside pas dans le suffrage universel ? Chez le milliardaire ? Chez l’homme d’affaires ? Chez le pape ? Chez la reine d’Angleterre ? Chez tous ceux qui, par d’autres modalités que celles de la démocratie, se trouvent au sommet de la pyramide sociale ?

    - La troisième conclusion est que (comme, à plusieurs reprises, le fait remarquer François Hollande lui-même), les journalistes n’ont pas une haute idée de leur pays. Pourquoi, par exemple, le président de la République française devrait-il être "intimidé" par ses partenaires du G8, alors que, par son PIB, la France a une richesse supérieure à quatre de ces pays du G8 (Royaume-Uni, Italie, Russie, Canada) ? Pourquoi le président de la République devrait-il être impressionné alors que la France est l’un des cinq pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies disposant d’un droit de veto ? Pourquoi le président de la République devrait-il être impressionné alors que la France a un des plus forts taux d’accroissement démographique de l’Europe, ce qui, sauf accident, devrait la placer, d’ici 2050 - voire avant - au premier rang en Europe par la population, Russie exceptée ?

    [N.B. N’allez pas déduire, des conclusions qui précèdent, que je fais une crise de chauvinisme droitier. Je me demande plutôt si, à l’inverse, les journalistes ne considèrent pas qu’une France de gauche, gouvernée par un président de gauche – avec toutes les nuances à apporter, en l’occurrence, à ce terme de "gauche", mais, affrontant Sarkozy, qui ne serait de gauche ? – est quelque chose de moins noble, de moins fort, de moins relevé qu’une France atlantiste, capitaliste et ultralibérale, et gouvernée par un Giscard, un Barre, un Balladur, un Chirac ou un Sarkozy].

    Philippe Arnaud

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    http://www.legrandsoir.info/francois-tu-es-content-de-ton-gros-camion-rouge.html

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  • Hollande et Poutine d'accord sur rien sauf sur le commerce

    Syrie, boycott de l'Ukraine lors du prochain Euro de football. Les sujets de désaccords n'ont pas manqué lors de la première rencontre entre François Hollande et Vladimir Poutine. Les deux présidents fraîchement élus se sont entendus sur l'essentiel à leurs yeux: la relance des échanges commerciaux entre la France et la Russie.

    Un "conseil économique et financier" devrait donc se réunir "rapidement" afin de "donner une nouvelle impulsion aux relations commerciales" entre Paris et Moscou, selon le communiqué officiel. Il sera suivi d'un "séminaire intergouvernemental" pour "renforcer les échanges économiques, commerciaux et les relations culturelles". Au cours de la conférence de presse post-rencontre, François Hollande a affirmé qu'il "envisageait" de se rendre en Russie au terme de ces réunions.

    Hollande demande le départ de Bachar al-Assad

    Les deux chefs d'Etat ont en revanche affiché leur mésentente cordiale sur la Syrie. Pour François Hollande, il n'y a "pas de solution possible" sans "le départ de Bachar el-Assad". "Il doit y avoir des sanctions" contre son régime syrien, malgré "les risques de déstabilisation, avec les risques de guerre civile", a expliqué le président français, qui avait cette semaine pour la première fois évoqué la possibilité d'une intervention étrangère militaire en Syrie, sous mandat de l'ONU.

    Poutine s'en remet au plan Annan...

    Refusant toute sanction à l'égard de la Syrie à l'ONU, Vladimir Poutine a jugé que "des sanctions" et des "pressions" doivent être exercées sur Bachar el-Assad, même s'il les juge "loin d'être toujours efficaces". Le président russe s'en remet toujours au plan du médiateur de l'ONU, Kofi Annan. Selon l'homme fort de Moscou, il serait "contre-productif de déclarer que sa mission est vouée à l'échec".

    ... avec Angela Merkel en soutien

    Si les points de vue entre Français et Russes semblent très éloignés, Vladimir Poutine a reçu un soutien de poids lors de sa visite à Angela Merkel, à Berlin, juste avant d'arriver à Paris. La chancellière allemande a affirmé: "Nous sommes tombés d'accord sur le fait que nous devons travailler de toutes nos forces à une solution politique" en Syrie.

    Désaccord sur le boycott politique de l'Euro. "Je ne pense pas qu'il faille boycotter des événements sportifs pour des raisons politiques", a affirmé Poutine, au lendemain de l'annonce par Valérie Fourneyron, ministre des Sports, du boycott du gouvernement français du championnat d'Europe des nations de foot en Ukraine. La France entend ainsi protester contre la détention de l'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko.


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  • On sait que les périodes de crise provoquent chez ceux qui les subissent apathie et sidération. C'est pourquoi ceux qui les ont déclenchées en profitent, redoublant d'énergie pour faire admettre l'inadmissible. Et le pire, c'est que ça marche.

    Les ultralibéraux austéritaires repassent à l'attaque. Puissants et organisés, ils prônent sans relâche l'impérative nécessité du sacrifice aux populations accablées, quand bien même ne sont-elles en rien responsables du chaos qu'ils ont provoqué.

    A Bruxelles, on ne mollit pas. Les technocrates de la Commission européenne distribuent les mauvais points, serinant leurs préconisations à chacun. Pour la France, ils conseillent de revoir notre CDI, jugé trop protecteur, donc nuisible «au marché du travail et à la qualité du capital humain»; ils s'affichent en faveur d'une baisse des «charges» salariales pesant sur les entreprises, nouvelle étape indispensable au dépeçage de notre protection sociale; ils proposent de créer des Smic à géométrie variable suivant les branches d'activité, étape indispensable pour éclater le salaire minimum et accentuer la concurrence de tous les travailleurs entre eux… on en passe et des meilleures. Enfin, pour «résorber la dette» (dont une bonne part est illégitime), la Commission appelle à des réformes «structurelles», «sous peine de sanctions»...

    A Paris, on ne mollit pas non plus. Médiacrates et éditocrates s'empressent de dénigrer la revalorisation du Smic : l'idée, c'est que les intéressés (et les salariés en général) intégrent le mensonge du caractère, jugé néfaste, d'une telle mesure pour l'économie. On est toujours dans la même logique où les victimes les plus innocentes doivent se sacrifier pour redresser le pays — bien que ces sacrifices soient contreproductifs — tandis qu'une poignée de coupables continue de s'enrichir. Tant pis pour l'injustice : bravement, le Figaro titre «La hausse du Smic, une mesure dangereuse mais populaire», et cette propagande plus ou moins appuyée pullule dans la presse comme à la télévision (par exemple, l'émission “C dans l'air” de mercredi, intitulée «Exigences syndicales et réalité économique», nous balançait la même soupe).

    Autre trouvaille remise sur le tapis : le contrat de travail unique, exhumé à l'occasion des injonctions de Bruxelles sur le CDI. Alors que la mise en place d'un CTU n'est pas une exigence de la Commission européenne, le journal 20 Minutes a pris les devants ! Ainsi, l'idée fait-elle son petit bonhomme de chemin parmi les victimes de la précarité, exclues du CDI et de conditions de travail décentes, qui finissent par croire que le CTU est peut-être une solution plus «égalitaire» tant le nivelage par le bas, la chanson de Tina (“There is no alternative”, chère à Mme Thatcher) et le moins-disant social nous sont martelés.

    La mayonnaise finit par prendre. Ainsi le salarié tend-il à croire qu'il doit s'adapter aux régressions qu'on lui impose et aux violations du droit du travail, de plus en plus courantes. Ainsi le chômeur se replie-t-il sur lui-même, supportant dans son coin les coups de bâton qu'on lui assène. C'est pourquoi, au contraire de ce qu'on pourrait imaginer, les périodes de crise ne sont pas nécessairement propices aux révoltes : les gens sont surtout déboussolés, laminés; au lieu de se battre, ils se laissent faire en se disant qu'il vaut mieux ne pas se plaindre parce que ça pourrait être pire. Sauf que la résignation et la logique du moins pire mènent toujours au pire, inexorablement.

    Voyons comment les choses fonctionnement et s'articulent entre elles. D'un côté, on assiste à l'offensive de ceux qui veulent faire croire à l'opinion, outre le fait que le CDI et le Smic sont des privilèges à abolir, que les chômeurs sont des fainéants responsables de leur situation : politiques et médias, amis du patronat… sachant que, pour ce dernier, le chômage et la précarisation de l'emploi ne sont pas un fléau mais une véritable aubaine. De l'autre, une majorité écrasante de salariés qui ont peur du chômage et de privés d'emploi & précaires qui veulent travailler : coincés entre la nécessité financière et le désir de prouver leur bonne volonté (désir transformé en question de «fierté» ou de «dignité»), tous acceptent un chantage permanent. Et plus on cherche à les culpabiliser, plus on leur prêche le «C'est mieux que rien» — parce que «le rien», quoiqu'il arrive, est le seul avenir qu'on nous propose ! —, plus ils vont succomber à l'indigne.

    Tout ça, c'est fait exprès ! Or en y succombant, il est clair que les victimes de ce chantage, de façon plus ou moins conscientes, déroulent un tapis rouge à tous les abus : salaires, conditions de travail, lois, éthique, acquis sociaux… D'acceptations en renoncements, tout s'effrite et part en lambeaux; c'est logique, et c'est voulu.

    Cas d'école : la direction d'une entreprise propose une régression inadmissible au nom du chantage à l'emploi et du «C'est mieux que rien». Les salariés ont deux options : refuser et résister (au risque de tout perdre… mais aussi de gagner), ou accepter (mais en acceptant, ils ont ouvert la porte aux régressions suivantes). Que faire ? Autre exemple : dans le cadre du contrat… de mariage, une épouse est battue par son mari. Si elle le quitte, elle va échapper aux coups et à la torture morale, mais devoir affronter des difficultés financières. Si elle reste avec lui, elle continuera à vivre l'enfer mais conservera une sécurité matérielle. Que faire ? Nombre de femmes capitulent, optant au final pour la violence conjugale; certaines prennent le risque de partir sans demander leur reste; d'autres vont jusqu'à saisir la justice, voire militer pour les droits des femmes.

    Qu'est-ce qui est le plus important : l'impératif économique, ou l'intégrité personnelle (et donc universelle) ?

    Certes, on n'a jamais vu les moutons se rebeller contre les loups. Mais nous ne sommes pas des moutons juste bons à finir en kébab : nous sommes des êtres humains capables de réfléchir sur notre condition et de l'améliorer. Il devient urgent de se ressaisir !

    Pour conclure cette réflexion, voici trois citations. La première est de Rosa Luxembourg : «Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes». Ainsi définissait-elle la servitude dans laquelle demeurent ceux qui ne s'insurgent pas contre leurs exploiteurs. La seconde est de Bertold Brecht : «Ceux qui se battent peuvent perdre; ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu». La troisième, provocatrice mais justifiée, est de la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP-IdF) : «Crachons dans la soupe, elle est dégueulasse»...

    Hauts les cœurs !

    SH http://www.actuchomage.org/


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  • Les bonnes idées de l'Europe : Pour diminuer le chômage précarisons tous les salariés !

     
    La Commission européenne tient sa solution pour réduire le chômage : Faire disparaître les contrats de travail de type CDI afin de fluidifier le marché du travail. Ce qui reviendrait à transformer tous les salariés en précaires. Génial !




    A défaut d'avoir évité la transformation de l'Europe en une passoire pour tous les produits en provenance d'Asie, ce qui a détruit des millions d'emplois sur le continent, la Commission Européenne a décidé de se pencher sur le nombre alarmant de chômeurs. Il faut dire que  leur nombre en Europe est d'environ 24 millions.
     
    A la question : Qui est responsable du chômage ? La Commission a trouvé le coupable : « (...) les lourdeurs juridiques du contrat de travail qui entravent, selon elles, la reprise de l’emploi (...) »
     
    Et d'où sort ce « brillant » raisonnement ?
     
    Le journal La Marseillaise nous donne quelques explications : « (...) Au niveau européen, la grande bataille d’une commission rompue aux méthodes libérales est d’améliorer la compétitivité des entreprises. Celle-ci passerait d’abord par une baisse du coût du travail. Or, le droit du travail est là, un obstacle. Définir la durée légale du travail et dans la foulée les heures sup’ qui en découlent, le type de contrat à respecter, cadrer les licenciements et les indemnités chômage .. seraient autant de frein à la productivité (...) Estonie, Slovaquie ou République Tchèque ont assoupli leur marché spontanément. Pour les récalcitrants, la crise a été un opportun « bâton » : Grèce, Espagne, Portugal et Italie se sont ainsi vu imposer une baisse des salaires, une chute du nombre de jours indemnisés, une facilité à licencier (...) »
     
    Or, la France n'ayant pas élu Nicolas Sarkozy qui proposait de mettre en place des accords compétitivité-emploi dont l'objectif était de remettre en cause le contrat de travail, la Commission a décidé de mettre en demeure le nouveau Président et son gouvernement de : (...) revoir « le haut niveau de protection » du CDI (...) pour favoriser l'emploi durable (...) » Défense de rire !
     
    Où on voit ressurgir le concept de contrat de travail unique à droits progressifs !
     
    Très curieusement, l'idée serait de généraliser un seul et même : « (...) contrat de travail pour tous, sans limitation de durée, dans lequel le salarié accumule des droits en fonction de son ancienneté (...) »
     
    A noter que cette idée fait le bonheur de Jean-Christophe Sciberras le Président l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Qui le justifie de la façon suivante : « Lorsqu'il y a des tensions, les entreprises commencent leurs ajustements sur les intérimaires et les CDD. Il nous semble plus juste d'offrir à tous les salariés le même contrat indéterminé, tout en garantissant à l'employeur la possibilité de s'en séparer plus simplement »
     
    Beau comme du Laurence Parisot non ?
     
    Il l'expliquait beaucoup plus clairement au Figaro en Juin 2011 en y ajoutant une finesse : « simplifier le Code du travail » sans oublier de se féliciter du succès de la rupture conventionnelle qui a l'avantage d'éviter ... certains plans sociaux et ... leurs obligations.
     
    En résumé, la Commission européenne qui subit les assauts répétés des lobbies patronaux européens, comme Business Europe, dont le Medef est le correspondant français,  n'a fait que réclamer ce que tous les patrons d'Europe souhaitent voir se mettre en place.
     
    Mais finissons plutôt sur ce décryptage de Maryse Dumas Secrétaire confédérale de la CGT qui vous donnera un avant goût de « bonne idée »
     
    « (...) A priori, le principe d'un contrat de travail unique pour tous les salariés nous paraît très séduisant (...) Or, ce nouveau contrat de travail unique rend caduque toute la législation sur les licenciements: pas de contestation possible du motif du licenciement, pas de consultation des représentants du personnel, pas de plan social ni d'obligation de reclassement pour les employeurs. Les licenciements seraient facilités et les entreprises, dédouanées de leurs responsabilités vis-à-vis des salariés et des bassins d'emploi (...) L'utilisation des CDD est juridiquement encadrée. L'entreprise n'a pas le droit d'utiliser la précarité comme une forme d'emploi permanent (...) »
     
     
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    On sait comment le dire en Français mais il doit y avoir un équivalent en grec

     

    La directrice générale du Fonds monétaire international a dit devant son conseil d'administration qu'elle regrettait que ses remarques récentes sur la Grèce "aient été mal comprises et qu'elles aient offensé", a déclaré un porte-parole du Fonds à Washington, jeudi 31 mai. (la presse 31 mai)

     

    Ce que les grecs et plus largement les démocrates regrettent, eux, c'est qu'elle puissent s'être permis ce genre de "remarques".


    Qu'elle pense s'en tirer avec ce genre de pirouette montre combien le capital a de mépris et persiste dans l'insolence.


    D'ailleurs s'il fallait une preuve de plus, qui concernant la Grèce n'a pas fait ici la une des journaux et qui renvoit à un des autres chevaux de retour de la troïka, l'admonestation jeudi faites à la France par l'UE et la BCE est de la même trempe et va mériter que nous les peuples réussissent à s'unir pour leur en mettre une :


    Pour la Grèce : Le FMI a annoncé le 17 mai qu'il s'était mis en retrait de la Grèce, qu'il refusait de travailler avec le gouvernement transitoire à Athènes et qu'il attendait les élections de juin pour reprendre éventuellement le versement de son aide au pays, dont une nouvelle tranche aurait dû en théorie être débloquée jeudi.


    Pour la France : la Commission maintient la pression sur le plan budgétaire. Pour elle, des "efforts additionnels" (lisez tour de vis supplémentaires) seront sans doute nécessaires pour tenir le cap des 3 % de déficit en 2013. Si elle ne préconise pas encore de baisser les salaires, comme elle l'a fait pour les pays sous assistance financière (GrèceIrlandePortugal), elle suggère avec insistance leur modération (jamais celle des dividendes et rendements obligataires) : "Depuis 2000, les salaires nominaux ont augmenté plus vite que la productivité", note-t-elle Pour elle, "l'efficacité de certains taux réduits de TVA est questionable" 


    Vous connaissez l'histoire du gosse de Nanterre qui est pour des mobylettes un voleur multirécidiviste a emprisonner alors que le rejeton de Neuilly pour voitures ou scooter est un kleptomane soigner? Tout est dans le vocabulaire.


    Regarder ce que cela donne en langage capitalo bruxellois :  


    La concurrence est jugée "sous optimale" dans le commerce de détail, les services, et les industries de réseau, comme l'électricité, et le transport ferroviaire. Notons pour cette phrase que c'est le domaine de Michel Barnier, ancien dirigeant du groupe Mérieux (de l'amicale des pilleurs de sécu), vice président du PPE (des ex phalangistes espagnol  au fasciste Hongrois en passant par les négationistes baltes et l'UMP, au PPE tout ce qui fait droite fait ventre). 


    Peut-être va-t-il falloir (et sans attendre qu'il sorte une fumée blanche de la porte de Montreuil) travailler à faire que cesse d'être "sous optimal" le niveau des salaires et pensions, de faire que l'efficacité des richesses produites et singulièrement la part consacrée à l'économie sociale réelle soit réexaminée à la hausse, que celle des chatelains yachteurs soit réduite de façon drastique et qu'on envoi se faire voir ailleurs, le monde des paradis fiscaux est suffisamment vaste, les trois ou quatre charters de casse...pieds dont il faut débarrasser l'horizon social (penser à réserver une vingtaine de places pour les membres de la commission choisi par leur chef et qui ne rendent compte à personne de leur mandat).

     

    On pourrait aussi les mettre au travail dans les services d'assainissement, histoire d'aligner leur espérance de vie sur celle de ceux qu'ils méprisent. 17 ans de moins à supporter l'engence lagardaire ou barosienne ainsi que voir les gens du CAC 40 avec des ampoules au main , un songe qui berce les pensées estivales de nombre de ceux qui ont trimé plus de 35 ans et qui attendent de pouvoir partir en retraite à 60.

     

    L'UE ne fait pas dans la dentelle, les accrocs dans les promesse du PS font déjà de la dentelle, le monde du travail a interêt à garder le fil et la maitrise des crochets et fuseaux sinon même badigeonnée en rose misère et désespoir teindront en brun l'horizon.

    Par canaille le rouge


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