• Les marchés financiers ont un visage

    lutte des classes

      François Hollande, candidat à la présidentielle, parla abondamment de "la finance, son seul ennemi sans visage". Lors de son meeting au Bourget, il avait déjà dit, le 22 janvier 2012 : "Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon ennemi. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc jamais élu. Cet adversaire, c’est le monde de la finance."

       Et beaucoup de croire qu'on allait s'attaquer à un monstre invisible pour le plus grand bien de la France. Pas moi et comme ma pomme, d'autres résolus eux aussi à chasser le capitalisme de cette terre. Pour autant, étions-nous assez entendus? Sûrement pas, les résultats de l'élection présidentielle l'ont montré.

       Le Monde diplomatique, par la plume de Geoffrey Geuens, en ce mois de mai 2012, vient d'apporter de l'eau à notre moulin, si j'ose dire: "Les marchés financiers ont un visage". Je vous invite à le lire en entier. Pour ma part, j'en ai retiré des extraits particulièrement intéressants:

      "Les socialistes européens dénoncent souvent avec virulence la finance, qui règne sans partage sur le globe. Or l’image désincarnée des «marchés» a pour effet de laisser dans l’ombre les véritables bénéficiaires de la crise. (...)

       Plus étrange est le fait que les médias dominants relaient cette image désincarnée et dépolitisée des puissances d’argent. La couverture journalistique de la nomination de M. Mario Monti au poste de président du conseil italien pourrait bien, à cet égard, constituer le parfait exemple d’un discours-écran évoquant «technocrates» et «experts» là où se constitue un gouvernement de banquiers. On put même entendre ou lire que des «personnalités de la société civile» venaient de prendre les commandes (...) Sauf qu’à y regarder de plus près, la plupart des ministres  siégeaient dans les conseils d’administration des principaux trusts de la Péninsule. M. Corrado Passera, ministre du Développement économique ; Mme Elsa Fornero, ministre du Travail (celle qui pleura à la télé en annonçant la rigueur aux Italiens); M. Francesco Profumo, ministre de l’Education et de la Recherche; M. Piero Gnudi, ministre du Tourisme; M. Piero Giarda, chargé des relations avec le parlement. Quant à M. Monti, il avait conseillé Coca-Cola et Goldman Sachs, et siégé comme administrateur de Fiat et de Generali."

     

       Le 22 juin 2012, le président de la République française rencontrera justement monsieur Monti dans un sommet sur l'euro. Et bien, il aura devant lui l'un de ces financiers qu'il croyait invisible.

       L'article du Monde diplomatique énumère aussi les dirigeants sociaux-démocrates européens qui, ayant quitté le gouvernement dans leurs pays, se sont reconvertis dans le business: par exemple Gehard Schröder, ex-chancelier d'Allemagne, maintenant aux manettes chez Gazprom-Gdf-Suez, BP ou chez Rothschild; en Grande-Bretagne, c'est aussi vrai pour des leaders travaillistes ou aux Pays-Bas pour monsieur Wim Kok, ancien premier ministre... Et tout ce business s'opère à découvert sans " que leurs anciens camarades manifestent trop bruyamment leur indignation".

     

       Ainsi, l'écrit Geoffrey Geuens, "contrairement à une idée en vogue, la finance a bien un, ou plutôt des visages. Non pas celui du retraité de Floride ou du petit porteur européen complaisamment dépeint pas la presse, mais plutôt ceux d’une oligarchie de propriétaires et de gestionnaires de fortunes", personnalités de droite certes, mais aussi anciens leaders sociaux-démocrates lorsqu'ils conduisaient les affaires de leurs pays.

     

     

      Et en France, comment oublier: Emmanuel MACRON, nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée, plus particulièrement chargé de l’économie.  Issu de l’ENA et de l’Inspection des finances, ayant quitté son emploi pour le monde des affaires, il occupait depuis 2011 le poste clé de gérant de la banque Rothschild. Il fut même membre de la fameuse « Commission Attali pour la libération de la croissance » mise en place  en 2007 par Sarkozy.       

      Comment oublier Pierre Moscovici, actuel ministre des Finances, solide représentant des intérêts du CAC40. Il était jusqu’à sa nominatio vice – président du Cercle de l’Industrie, créé par D. Strauss-Kahn. Ce cercle regroupe les patrons des grandes entreprises présidé par le patron de PSa. (Tiens, monsieur Montebourg, du Redressement productif, devrait voir de ce côté pour Psa aulnay, avec Moscovici) l'autre vice – président du Cercle de l'industrie est le député UMP Lamassoure, parce que dans cette organisation on est à parité entre l'Ump et le Ps. 

      Enfin, Pour ne pas trop étourdir avec une énumération des serviteurs du capitalisme dans les fauteuils ou les couloirs de l'Elysée: Guillaume Pépy, pdg de la SNCF, qui brade ce service public à la concurrence libre et non faussée, ne fut-il pas directeur de cabinet de Martine Aubry lorsqu'elle était ministre et n'a-t-il pas participé à d'autres cabinets ministériels socialistes?


      Oui, les marchés financiers ont un visage et pas toujours ce que les médias de la pensée unique tentent de nous faire croire. 

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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