• 15 mai 1943 : le Conseil national de la Résistance est créé

    L’information qui est officialisée le 15 mai 1943 est considérable puisqu’elle démontre aux Alliés l’influence réelle du général de Gaulle et de ses envoyés puisque le Conseil national de la Résistance est désormais créé en métropole et qu’il va se réunir dans les meilleurs délais, dans un lieu tenu secret pour d’évidentes raisons de sécurité. Ce sont trois télégrammes datés du 8 mai 1943 et signés «Rex», pseudonyme dans la clandestinité du préfet Jean Moulin qui sont réceptionnés à Londres dans la soirée du 14 mai.
    La France combattante décide de communiquer sans tarder sur le sujet alors que le déplacement du général de Gaulle à Alger se précise. C’est un atout patent avant son arrivée en Afrique du Nord. Un communiqué qui fait la synthèse des trois documents expédié par Rex est rédigé. Ce texte doit être publier au plus vite dans des journaux de grande diffusion et lu autant que possible sans tarder à la radio. De fait, la presse joue le jeu et dans leurs éditions datées du 15 mai, “France”, le “Times “et le “New York Times” font paraître le communiqué. Il est également diffusé dans la journée sur Radio-Brazzaville qui est de plus en plus écoutée dans l’Empire.

     

    couvertures des premiers tirages du programme du CNR

     

    LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE se réunit pour la première fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle (installé à Londres puis à Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrêté par les nazis en juin de la même année. Lui ont succédé Georges Bidault, démocrate chrétien, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

    Le CNR regroupait :

      • huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure : "Combat", "Libération zone Nord", "Libération (Sud)", "Francs-tireurs partisans (FTP)", "Front national" (rien à voir avec le Front national actuel), "Organisation civile et militaire" (OCM), "Ceux de la Résistance" (CDLR), "Ceux de la Libération" (CDLL),
      • les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC,
      • six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

     

    Du CNR aux 30 glorieuses

     

    L’application du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) a permis le démarrage des 30 glorieuses.

    Le programme du CNR, créé le 27 mai 1943 et unifiant l’ensemble des mouvements de la résistance, adopté le 15 mars 1944, prévoit un certain nombre de réformes économiques et sociales.

    Il indique : «  … Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du CNR proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération… Afin de promouvoir les réformes indispensables :

    1 – sur le plan économique

    • l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie… l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;
    • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques…

    2 – sur le plan social

    • le droit au travail et au repos ;
    • la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
    • la reconstruction dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;
    • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;
    • la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, le rétablissement des délégués d’ateliers…  »

    À partir de 1944, un intense travail législatif se met en place pour atteindre ces objectifs, tout en poursuivant la lutte contre les nazis avec une participation des armées françaises intégrant une partie des forces de la résistance.

    Sur le plan économique les nationalisations sont réalisées en trois vagues de 1944 à 1948.

    Certaines ont pour but d’assurer la reconstruction du pays comme :

    • les houillères avec la création des Charbonnages de France en 1946 permet de lancer la bataille de la production du charbon source essentielle de l’énergie dans le pays,
    • la création d’EDF/GDF pour assurer la production et la distribution d’électricité et de gaz sur tout le territoire (les 400 compagnies existantes sont incapables ou ne veulent pas couvrir l’ensemble du territoire),
    • Air France (gage d’indépendance nationale),
    • nationalisation de la Banque de France et d’une partie du système bancaire (Crédit Lyonnais, Société Générale, Banque Nationale du Commerce et de l’Industrie et Comptoir National d’Escompte de Paris qui deviendront en 1966 la Banque Nationale de Paris) afin de donner au gouvernement des moyens supplémentaires,

    Ces quatre banques de dépôt représentent les 2/3 du marché, mais les banques d’affaires et les sociétés de crédit échappent à la nationalisation.

    D’autres nationalisations sont des nationalisations sanctions pour collaboration avec l’occupant nazi comme :

    • Renault qui devient Régie Nationale des Usines Renault (RNUR),
    • l’avionneur Gnome et Rhône devenant la SNECMA
    • le fabricant de camions Berliet.

    Certains groupes évitent la nationalisation grâce à des pressions extérieures (anglo-saxonnes notamment) et intérieures. C’est le cas de St Gobain, Air liquide, la plus grande partie de la sidérurgie, les compagnies pétrolières.

    Les nationalisations seront donc plus limitées que prévues pourtant le préambule de la constitution de la IVème République (1946) prévoit : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a/ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. » 

     

    Sur le plan social

    • une hausse des salaire de 25 à 30 % est effective dès octobre 1944,
    • la mise en place de la Sécurité Sociale, par les ordonnances de 1945 complétées par la loi de mai 1946 qui « instaure un régime complet de sécurité sociale avec la maladie, les accidents du travail, l’invalidité, la maternité et la vieillesse et aussi les allocations familiales », qui permet une politique de redistribution des revenus.

    Mais aussi :

    • le 3 janvier 1946 est décidée la mise en place d’un Commissariat Général du Plan (CGP) sous la direction de Jean Monet. Cet organisme est chargé de définir la planification économique et le développement du pays, notamment par la mise en place de plans quinquennaux. C’est au travers de concertations et de prévisions que se forge l’idée du plan initialement proposée par la CGT avant la guerre,
    • la création du conseil économique et social, assemblée consultative comprenant les organisations sociales et donne son avis au gouvernement,
    • la mise en place du statut de la Fonction Publique en octobre 1946 initié par Maurice Thorez,
    • les ordonnances de février 1945 rendent obligatoire les comités d’entreprises pour les entreprises de plus de 50 salariés,
    • les entreprises nationalisées bénéficient de statuts, les syndicats siègent dans les conseils d’administration et deviennent souvent une vitrine d’une nouvelle politique sociale (exemple de Renault)
    • en mai 1945 le ministre du travail fixe par ordonnance la représentation syndicale mais ce n’est qu’en 1946 qu’est reconnu le Conseil National du Patronat Français (CNPF ancêtre du Medef) dirigé par Georges Villiers ancien déporté.

     

    La mise en place du programme du CNR à la libération voit la naissance d’une économie mixte, d’une démocratie économique et sociale et d’un renforcement conséquent de l’État. Celui-ci ayant des moyens économiques renforcés.

     

    Tous ces moyens vont permettre l’essor de l’économie et le début des 30 glorieuses.

     

    http://lhistoireenrafale.blogs.lunion.presse.fr/2013/05/14/15-mai-1943-le-conseil-national-de-la-resistance-est-cree/

    http://rogeroustry.unblog.fr/articles-publies-dans-la-presse/du-cnr-aux-30-glorieuses/

     

     

     
    Un document d’actualité.

    Programme du Conseil national de la Résistance

    DIVERS
     

    Denis Kessler est ou a été : maoïste, n°2 du MEDEF, Directeur général d’Axa, banquier, président de la fédération française des sociétés d’assurances, président du groupe de réassurance Scor, membre du Conseil économique et social, du Conseil national des assurances, du Comité européen des assurances, de la Commission des comptes de la nation.

    Dans un éditorial du journal « Challenge », le 4 octobre 2007, il écrit notamment :

    « … Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là . Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

    C’est à ce chantier que le pouvoir s’emploie avec constance, chaque ministre étant doté d’une masse à démolir déguisée en truelle pour bâtir l’avenir.

    Rédigé pendant la guerre (fin 1943 début 1944) par un éventail représentatif de la Résistance, le Programme du Conseil National de la Résistance est un programme de rénovation pour construire une vraie « démocratie sociale », avec une économie planifiée et la maîtrise par la Nation de grands secteurs industriels et des principaux moyens de production et d’échanges.

    Il allait permettre le redressement d’une France détruite et ruinée. Porteur d’espoir, d’enthousiasme, se référant comme jamais auparavant à la devise « Liberté, égalité, fraternité », il fut d’emblée une épine dans le pied d’un patronat apatride et égoïste.

    Par le vice des terribles campagnes médiatiques que notre pays subit depuis des décennies, on s’étonne aujourd’hui, à le lire ou à le découvrir, que ce programme ait été adopté à l’unanimité par des gaullistes, communistes, socialistes, royalistes, chrétiens de droite, bref, un ramassis de bolcheviks dont le MEDEF entend anéantir l’oeuvre sous la bannière de Nicolas Sarkozy.

    Le Grand Soir

    http://www.legrandsoir.info/Programme-du-Conseil-national-de-la-Resistance.html


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  • Social-Eco - le 15 Mai 2013

    L'austérité en chiffres : la crise accroit les inégalités de revenu

    La crise ne frappe pas tout le monde équitablement. Les logiques d’austérité, en frappant les dépenses sociales touchent avant tout les classes les plus fragiles. En conséquence, les inégalités se creusent. L’OCDE révèle ainsi que les inégalités sociales se sont davantage accrues sur les trois années allant de 2008, début de la crise économique, à la fin de 2010, que pendant les douze années précédentes. Tendance qui devrait s’accroître dans les prochaines années alors que l’austérité se généralise.

    Après impôts et cotisations sociales, les 10% des plus riches dans la population de l'OCDE ont gagné 9,5 fois plus que les 10% les plus pauvres en 2010. C’était 9 fois en 2007. L'écart est le plus important au Chili, au Mexique, en Turquie, aux Etats-Unis et en Israël, et le plus faible en Islande, Slovénie, Norvège et Danemark.
    Le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté pendant la crise dans la plupart des pays. La fiscalité et les prestations sociales ont contribué à atténuer les hausses globales, mais les différentes catégories de population ont été diversement touchées. La pauvreté a ainsi touché davantage d'enfants et de jeunes, mais moins de personnes âgées. Jusqu'en 2010, dans de nombreux pays, les retraités ont en effet été plus protégés que la population active, leurs pensions ayant été moins affectées par les ponctions fiscales.

    • Les inégalités de revenu en France

    En France, les inégalités de revenus se sont accrues au cours des dix dernières années. Selon l’observatoire des inégalités, le revenu annuel moyen des 10 % les plus modestes s’est élevé de 400 euros entre 2000 et 2010, tandis que celui des 10 % les plus riches augmentait de 8950 euros. Une évolution de plus en plus flagrante lorsqu'on regarde les 0,01 % les plus riches

      Gain en 2004 en euros Gain en 2010 en euros Evolution en % Evolution en euros
    Les 10 % les plus riches gagnent au moins 35 800 38 200 + 6,7 %
    + 2 400
    Les 1 % les plus riches gagnent au moins 81 400 89 400 + 9,8 %
    + 8 000
    Les 0,1 % les plus riches gagnent au moins 203 300 239 200 + 17,7 %
    + 35 900
    Les 0,01 % les plus riches gagnent au moins 556 100 735 000 + 32,3 %
    + 178 900
    • L'évolution du coefficient Gini pour les pays membres du G7 (OCDE)

    Le coefficient de Gini est une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus. Il varie de 0 à 1. 0 signifie l’égalité parfaite, tout a exactement le monde a le même revenu, et 1 signifie l'inégalité totale.

    • Ecarts de richesse (multiplicateur) entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres (Eurostats)
    Pays 2007 2008 2009 2010 2011
    Union Européenne (27 pays) 5.0 5.0 4.9 5.0 5.1
    Zone euro (17 pays) 4.8 4.8 4.8 4.9 5.0
    Allemagne 4.9 4.8 4.5 4.5 4.5
    Grèce 6.0 5.9 5.8 5.6 6.0
    Espagne 5.3 5.4 6.0 6.9 6.8
    France 3.9 4.4 4.4 4.5 4.6
    Italie 5.5 5.1 5.2 5.2 5.6
    Portugal 6.5 6.1 6.0 5.6 5.7
    • En Allemagne, le gros des inégalités concerne la répartition du patrimoine. Les 10 % des Allemands les plus aisés possèdent 61,1 % des biens privés du pays, tandis que 70 % des personnes les moins aisées ne disposent que de 9 % du patrimoine.
    • L'austérité en chiffres: les PIB des pays européens

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  •  Avec l'ANI le MEDEF a obtenu ce qu'il voulait, merci au Parti "socialiste" 

    Mercredi 15 Mai 2013

    Le twit de Laurence Parisot, patronne (heureuse) du MEDEF

     
    Avec l'ANI le MEDEF a obtenu ce qu'il voulait, merci au Parti "socialiste"
     

    Le projet de loi sur l'Ani est adopté au Sénat

     

    Le Sénat a adopté aujourd'hui, à 17 heures, le projet de loi de sécurisation de l'emploi transposant l'accord national interprofessionnel (ANI) avec 346 votants, 202 suffrages exprimés, 169 votes "pour" et 33 votes "contre". Les sénateurs socialistes et radicaux, mais aussi la grande majorité des centristes ont voté pour le projet de loi. L'UMP s'est abstenue ainsi que les écologistes. Le CRC (communiste) a été le seul groupe à voter contre.

    Le projet de loi, dans son article 1, rend obligatoire la complémentaire santé pour tous les salariés en entreprise. L'adoption de ce projet de loi, très critiqué, -voir articles en lien- intervient après de nombreux retournements de situation.

    Dernier en date : le débat concernant les clauses de désignation qui permettront aux partenaires sociaux d'une branche professionnelle de désigner un organisme de complémentaire santé pour l'ensemble des entreprises de la branche,

    Les sénateurs avaient voté une première fois, le vendredi 19 avril, la suppression des clauses de désignation, mais  la Commission mixte paritaire (Cmp), réunie le 23 avril, les rétablissait.

    Le texte va maintenant être transmis au Président de la République qui a la responsabilité de le promulguer.

    Le Conseil Constitutionnel pourra éventuellement être saisi de la constitutionnalité du texte adopté par le Parlement. Le cas échéant, les dispositions du texte qui seraient jugées contraires à la Constitution par le Conseil constitutionnel ne seraient pas promulguées.

    Une fois signée, la loi est publiée au Journal Officiel. C'est par ce moyen qu'elle est portée à la connaissance de la population. Elle n'est applicable que le lendemain de cette publication. Pour qu'elle soit effectivement appliquée, il faut souvent attendre que le gouvernement prenne les décrets d'application. Ceux-ci définissent les modalités pratiques des dispositions votées par le législateur.

    Politique - le 14 Mai 2013

    L'ANI adopté au Sénat : pour Watrin, "le gouvernement a gâché l’alternance"

    Les sénateurs ont approuvé la dernière version du texte dit de « sécurisation de l’emploi » par 169 voix contre 33. Les sénateurs socialistes et radicaux, mais aussi la grande majorité des centristes ont voté pour le projet de loi. L'UMP s'est abstenue ainsi que les écologistes. Le CRC (communiste) a été le seul groupe à voter contre. Le projet de loi retranscrit dans la législation l'accord national interprofessionnel (ANI) conclu en janvier. Dominique Watrin, sénateur PCF, nous donne son analyse politique.

    Pourriez-vous rappeler en quoi vous considérez ce texte nocif?

    Dominique Watrin. On appelle ce texte sécurisation de l’emploi, mais il sécurise en fait les licenciements et les employeurs, et fait porter le poids des ajustements économiques aux salariés. Il faut mesurer la régression que représentent les accords de maintien dans l’emploi : par le chantage à l’emploi, les salaires pourront être baissés jusque à 1,2 fois le Smic. C’est encore plus grave que les accords emploi-compétitivité de Sarkozy, qui n’était jamais allé jusqu’au bout de sa démarche. D’autres dispositions sont extrêmement inquiétantes. Même le rapporteur socialiste de la commission des Lois avait fait part de ses craintes quant au raccourcissement des délais de prescription. Il avait noté que cette disposition donne moins de droits aux salariés qu’aux créanciers de l’entreprise. Et la rapporteuse de la commission du Droit des femmes, la socialiste Catherine Génisson, a pointé l’idée que la précarisation de l’emploi rendue possible en offrant des dérogations sur les temps partiels constituerait une forme de discrimination indirecte compte tenu que ces emplois sont très majoritairement occupés par des femmes.

    Les débats en première lecture ont fait monter la tension entre le gouvernement et une partie de la gauche, particulièrement avec votre groupe. Quel bilan en tirez-vous?

    Dominique Watrin. Les plaies sont vives. Quand on voit un texte aussi important dont le débat est raccourci à ce point, avec une procédure, le 44-3 (qui bloque les votes sur les amendements – NDLR), utilisée de manière inédite : Sarkozy avait utilisé le même article au bout de 10 ou 15 jours de débats sur les retraites et contre son opposition. Là, le gouvernement l’a utilisé contre un groupe de la majorité sénatoriale au bout de deux jours de débats seulement. Il a mis fin à une discussion sur un sujet fondamental. C’est un vrai choix de classe que le gouvernement a fait. Un choix qui nous interpelle, nous qui avons une autre idée de la gauche.

    Y voyez-vous une volonté durable de recentrage du gouvernement?

    Dominique Watrin. Dans la dernière période, nous avons eu l’ANI, le pacte de compétitivité, les privatisations partielles, le projet de loi de décentralisation... Tout cela dessine une ligne politique qui s’éloigne de l’axe de rassemblement qui était celui de la majorité sénatoriale élue en septembre 2011. Cette alternance historique est gâchée par les choix du gouvernement. Oui, un changement de cap est nécessaire pour sortir de la spirale dans laquelle on est entrés. Les ruptures ne sont jamais définitives. Mais quelque chose s’est passé. Quelque chose que nous considérons comme grave. Des messages ont été envoyés au Medef. Sur beaucoup de points on pourrait faire la démonstration que ce texte ne fait que reprendre ses revendications. Nous ne pourrons pas refermer cette page sans que le gouvernement ne montre aujourd’hui des signes forts

    Entretien réalisé par Adrien Rouchaleou


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  • Monde - le 15 Mai 2013

    Allemagne: victoire pour les salariés de la métallurgie

    Sous la pression d’un durcissement du mouvement social, patronat et syndicat du secteur de la métallurgie en Allemagne ont convenu ce mercredi à Munich d’une hausse de salaires en deux temps. 3,7 millions de salariés sont concernés.

    Selon les termes de l'accord qui court sur vingt mois, les salaires augmenteront en deux temps: +3,4% à partir du 1er juillet 2013, puis +2,2% au 1er mai 2014. Le syndicat IG Metall, particulièrement combatif et qui avait réussi à mobiliser plus de 700 000 salariés ces deux dernières semaines, revendiquait une hausse de salaire de 5,5% pour cette année. La fédération patronale Gesamtmetall avait signalé en début de semaine qu'étendre l'accord dans le temps pourrait constituer une base de compromis.

    "Avec un tel accord, les salariés sont traités de façon juste et appropriée, en harmonie avec la situation économique", a dit le président d'IG Metall, Bertold Huber, cité dans un communiqué. "Je me réjouis de l'accord-pilote atteint en Bavière", a dit le président du patronat de la métallurgie, Gesamtmetall, Rainer Dulger. Les syndicats et salariés étaient près à une grève dure dans la métallurgie. Hier, 50 000 salariés de Volkswagen pourtant peu concernés s’étaient mobilisés par solidarité, pour faire pression avant le début de cette nouvelle nuit de négociation. Rien qu'entre le 1er et le 8 mai, 400.000 salariés avaient cessé le travail ponctuellement, par exemple chez Daimler, Bombardier ou encore le fabricant de câbles Nexans. IG Metall avait fixé la date de la Pentecôte comme ultimatum avant le passage à la grève dure. Les métallos allemands ne se sont pas mis en grève dure depuis 11 ans.

    C’était le quatrième tour de table. Le compromis va ensuite devoir être approuvé par les autres sections régionales d'IG Metall pour valoir dans tout le pays. L'accord salarial dans la métallurgie sert en général d'étalon pour d'autres pans de l'industrie en Allemagne. Le printemps social est chargé en Allemagne cette année. Les salariés de Lufthansa ont paralysé le trafic de la première compagnie aérienne lors de deux grèves en mars puis en avril. Deutsche Post a été touchée aussi, cette semaine ce sont les salariés d'Amazon qui ont cessé le travail sur deux sites pour revendiquer un rattachement du géant de la distribution en ligne à la convention collective du commerce de détail.


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  • Cuba : Délégation officielle du PCF en visite 

    Lundi 13 Mai 2013

    José Ramón Machado Ventura, deuxième secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba, a reçu le secrétaire national du Parti communiste français, le sénateur Pierre Laurent, qui est en visite officielle à Cuba, à la tête d'une délégation invitée par le PCC

     
    Cuba : Délégation officielle du PCF en visitePendant la réunion, les deux dirigeants ont eu un échange sur la situation internationale actuelle et en particulier sur les effets de la crise en Europe. Pour sa part, Machado a expliqué au visiteur le processus de mise à jour de la politique économique et sociale du PCC et de la Révolution cubaine.
    Le sénateur Pierre Laurent, qui préside le Parti de la gauche européenne, a salué le peuple cubain et a souhaité plein succès dans la mise en œuvre des résolutions du sixième Congrès. Pierre Laurent a ratifié l'amitié et la solidarité des communistes français avec la révolution cubaine. José Ramón Balaguer, membre du Secrétariat du Comité central et chef du département des relations internationales du PCC et Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du PCF, étaient également présents.

    En visite à l'Institut cubain d'amitié avec les peuples (ICAP), Pierre Laurent, a déclaré jeudi que le PCF continuera à soutenir la lutte pour la libération des quatre prisonniers antiterroristes cubains encore incarcérés aux États-Unis depuis 1998. "Nous sommes très sensibles à cette bataille et nous serons au côté de ce pays des Caraïbes jusqu'à la libération de ces hommes" a-t-il affirmé.
    "En France, nous sommes très sensibles à la lutte pour la libération de Gerardo, Antonio, Fernando et Ramón et il y a une mobilisation systématique autour de cette question. Il existe de nombreuses associations d'amitié avec Cuba qui mènent ce combat" a exprimé le leader français lors d'une rencontre avec Kenia Serrano, président de l'ICAP. Il a également déclaré que les pages du journal L'Humanité signalent régulièrement cette affaire et qu'il en sera ainsi, en septembre à la fête de l'Humanité, pour les 15 ans d'emprisonnement injuste des Cinq Cubains.

    Le sénateur a également dit qu'il avait eu une réunion avec le président du Sénat français pour discuter des mesures qui doivent être prises pour lever le blocus et pour la liberté des combattants cubains qui purgent de longues peines aux États-Unis. Kenia Serrano a souligné l'activité des membres du mouvement de solidarité avec Cuba en France et a déclaré que le blocus est une des dimensions du terrorisme d'Etat menées par les administrations américaines successives. Reconnaissant l'aide de l'Humanité, Serrano a affirmé que c'est précisément le silence des grands médias qui a empêché une meilleure connaissance de l'affaire des Cinq. Il a souligné l'importance des contacts de personne à personne dans cette bataille internationale.

    Les voies de recours offertes par le système judiciaire américain étant quasiment toutes épuisées, Magali Llort, mère de Fernando González, a affirmé que la solidarité mondiale est vitale pour trouver une solution après tant d'années d'injustice. Elle a rappelé que la situation la plus pénible est celle de Gerardo, condamné à deux peines de perpétuité et 15 ans, sans même la possibilité de recevoir la visite de son épouse Adriana Pérez, à qui le Département d'Etat des USA n'a pas accordé de visa.

    La délégation française a été également reçue par Esteban Lazo Hernandez, Président du Parlement cubain et membre du bureau politique du comité central du Parti Communiste de Cuba. À la réunion, Lazo a dit à la délégation française sa satisfaction de voir se renforcer les liens d'amitié et de coopération entre leurs deux pays et partis. Il a dit que l'on devrait toujours travailler à ce «qui nous unit» même s'il peut y avoir des différences idéologiques car, à la fin, des événements comme la crise financière, le changement climatique ou les guerres, retombent sur tous. Esteban Lazo a également expliqué aux visiteurs l'expérience des nouvelles provinces cubaines de Mayabeque et Artemisa dans le cadre des efforts visant à renforcer la structure et le travail du Pouvoir Populaire.

    Pour sa part, Pierre Laurent a déclaré que cette visite lui avait beaucoup appris sur le processus d'actualisation du modèle économique cubain et que l'aspect de participation populaire avait particulièrement attiré son attention. En ce qui concerne les défis du processus, il a déclaré que Cuba y fait face dans le cadre d'une nouvelle Amérique latine. Il a également évoqué la grave crise du modèle capitaliste néolibéral qui secoue l'Europe et affirmé : "Nous aussi, nous avons besoin d'une solidarité active, basée sur des mécanismes utiles pour nos luttes."

    Sources :
    Juventud Rebelde
    Siempre con Cuba
    Partido Comunista de Cuba

     

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  • Two-Pack: le mot de la fin

    [décryptage des textes définitifs, votes des eurodéputés, accord du Conseil]

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    Cette semaine s’est clôturée la longue aventure du Two-Pack sur les bancs du parlement européen. Après plusieurs mois de négociations, les eurodéputés ont approuvé à une très large majorité les deux nouveaux règlements renforçant la discipline budgétaire européenne. Ils ont avalisés les textes arrêtés le 20 février lors du compromis entre les trois institutions européennes.(1)

    Sitôt les textes approuvés par les députés, un communiqué de presse du Parlement européen indiquait « La prochaine série de lois sur la gouvernance économique de l'UE amènera davantage de croissance, et les nouveaux pouvoirs de la Commission de surveillance des budgets des pays de la zone euro seront mieux contrôlés d'un point de vue démocratique, grâce à la législation sur le "paquet de deux" ».
    Démocratie et croissance ? Deux mots qui ne m'étaient pourtant jamais venus à l'esprit durant les derniers mois d'études de ces textes...

    L'accord du Conseil européen ne devrait être qu’une formalité.

    Lors du tout récent ''Sommet'' des 14 et 15 mars les chefs d'Etat ont appelé à ce que « tous les travaux préparatoires nécessaires [soient] accomplis afin que ces nouvelles dispositions soient effectivement appliquées dès le début des cycles budgétaires nationaux en 2013. »
    L'approbation formelle des deux règlements devrait intervenir lors du prochain Conseil prévu le 22 mai.
    Les deux textes entreront en vigueur 20 jours après leur publication au Journal officiel de l’Union européenne.

     

     

    Entrons dans le vif du sujet.

    Comme d'habitude, un petit historique, afin de comprendre ce qu'il s'est passé entre la publication des projets de textes par la Commission (novembre 2011) et le compromis arrêté entre les trois institutions européenne (février 2013).
    Pour cela, cliquez ici, et vous comprendrez (peut-être...) mieux ce qui suit !
    Les fidèles lecteurs, eux, en sont dispensés (sauf s'ils ont une mémoire de poisson rouge).

     

     

    Les deux règlements visent à introduire un contrôle beaucoup plus strict des pays de la zone euro en difficulté, notamment ceux souhaitant bénéficier d’une assistance financière, et à encadrer encore davantage le processus d’élaboration des budgets nationaux.

    Contrairement au Pacte budgétaire, ces deux règlements sont adoptés par les seules institutions européennes et sont directement applicables en droit interne, sans qu’aucun Parlement national ne soit intervenu dans leur élaboration.

     

     

    Ainsi, si certains sont dès à présent tentés de poser la question « Comment on s'échappe de cet enfer ? », on pourra leur proposer différentes solutions, plus ou moins raisonnables:
    - monter un putsch afin de placer Jean-Luc Mélenchon à la tête de la Commission européenne,
    - droguer nos voisins européens afin de provoquer une vague communiste dans la majorité des Etats européens,
    - se décider à quitter gentiment le monde fabuleux du marché unique européen.

    Trêve de plaisanteries, on se concentre!

    • Le règlement établissant des dispositions communes pour le suivi et l’évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs dans les États membres de la zone euro


    C'est sur la base de ce texte qu'un bras de fer s'était établi entre les chefs d'Etat et le Parlement européen. En échange de leur vote positif, les eurodéputés socialistes et écologistes pressaient la Commission de s'engager sur la mutualisation de la dette.
    Ainsi, lors du premier vote parlementaire intervenu en juin 2012, les eurodéputés avaient largement amendé le texte afin d'y introduire un chapitre consacré à la gestion de la dette et demandant notamment la création d'un fonds européen d'amortissement (FEA) – appelé communément « fonds de rédemption ».
    Youpi
    Huit mois plus tard, la création d'un groupe d'experts chargés d'étudier la question des eurobonds a suffit à convaincre lesdits parlementaires de voter en faveur du texte.

    A noter que les députés ont également réussi à introduire quelques rappel des objectifs de croissance de l'Union européenne parmi les informations devant être transmises par les Etats dans les nouveaux documents créés par le règlement.

     

    Ce règlement vise à :
    -       compléter le volet préventif du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) par des exigences de surveillance supplémentaires afin de garantir que les recommandations de la Commission sont bien prises en compte dans la préparation des budgets nationaux.
    -       compléter le volet correctif du PSC par une surveillance plus étroite de l'exécution des budgets nationaux.

    A ce titre, les États devront :

     

    1°) remettre, avec les programmes de réforme, un plan budgétaire à moyen terme (avant le 30 avril). Ce plan entend visiblement remplacer l'actuel programme de stabilité remis chaque printemps.

     

    2°) mettre en place un conseil budgétaire « indépendant » chargé de surveiller la mise en œuvre de l' « objectif budgétaire à moyen terme » (OMT).

    Ce dernier, défini dans le cadre du Six-Pack, vise à ce que les Etats atteignent un déficit structurel inférieur à 1% du PIB. La France s'est cependant engagée à atteindre l'équilibre strict.

    Pour ce faire, le Conseil devra produire des évaluations publiques relatives à l'activation du « mécanisme de correction » (2) et sur la pertinence des situations entrainant un écart temporaire de l'OMT.

    Ce paragraphe nécessite un approfondissement car la nouvelle rédaction retenue par Bruxelles  permet de maintenir, de façon astucieuse, la règle d'or budgétaire initialement inscrite.

    Voici la rédaction initiale de l'article 4 du règlement: « Les États membres adoptent des règles budgétaires chiffrées concernant le solde budgétaire, qui inscrivent dans le processus budgétaire national l'objectif budgétaire à moyen terme [...]. Ces règles s'appliquent aux administrations publiques  dans leur ensemble et revêtent un caractère contraignant, de préférence constitutionnel. »

    Peu conforme au principe de subsidiarité, qui implique de laisser les Etats libres des moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par l'UE, cet article avait conduit le Sénat français à émettre de sérieuses réserves.

    La rédaction a été modifiée telle que: « Les Etats membres mettent en place des organismes indépendants chargés de surveiller le respect des règles budgétaires chiffrées qui incorporent dans le processus budgétaire national l'objectif budgétaire à moyen terme [...]. »
    De fait, l'obligation d'adopter de telles règles a été supprimée, sans toutefois oter l'existence et l'utilité de ces règles (bien heureusement ratifiées, entre-temps, via le Pacte budgétaire).

    Pour finir, le Conseil budgétaire indépendant aura également la charge de produire ou d'approuver les projets de budgets nationaux.

     

    3°) communiquer à la Commission leur projet de loi de finances (« plan budgétaire ») avant le 15 octobre. (3)
    Alors que le projet initial n'en prévoyait pas l'obligation, le texte définitif indique que la Commission devra nécessairement adopter un avis avant la fin novembre. Celui-ci pourra être présenté au Parlement national ou le Parlement européen, si ces derniers en font la demande.
    Surtout, si la Commission estime que ce plan présente un « manquement particulièrement grave », elle pourra (après avoir consulté l'Etat concerné) en demander la révision dans un délai de trois semaines maximum.
     

    Pierre Moscovici et Olli RehnTous ces avis sont rendus publics et devront être présentés devant l'Eurogroupe. L'amendement parlementaire appelant à une présentation de ces avis devant la Commission ECON du Parlement européen n'a pas été retenu.

    A noter que la publication de ces avis est rendue complètement indépendante de l'accord du Conseil européen, non mentionné dans l'article. Seul l'Eurogroupe peut, s'il le souhaite, émettre un rapport public sur les avis de la Commission.

    Sur la base de l'ensemble des budgets examinés, la Commission procédera également à une évaluation globale de la zone euro.

     

    4°) présenter à la Commission et au Conseil, lorsqu'il existe un déficit excessif, un programme de partenariat économique.
    Cette disposition ne figurait pas dans la version initiale du règlement.
    Ce programme devra « définir et sélectionner plusieurs priorités spécifiques afin de renforcer la compétitivité à long terme, la croissance durable et de remédier aux faiblesses structurelles ». A ce titre, des ressources financières européennes pourront être déterminées (par exemple: ligne de crédit auprès de la BEI).

    Les Etats en déficit excessif devront également présenter une « évaluation exhaustive de l'exécution budgétaire infra-annuelle » qui vient compléter le rapport existant actuellement (créé via le Six-Pack).

    Pour finir, lors de la présentation du compromis du 20 février 2013, j'avais évoqué certaines avancées en matière de contrôle "démocratique" des nouveaux pouvoirs confiés à la Commission. En effet, un communiqué de presse du Parlement européen indiquait que les pouvoirs de la Commission découleraient d'une sorte de "mandat", renouvelé tous les trois ans, que le Parlement ou le Conseil aurait la possibilité de révoquer.
    A la lecture de la version finale du règlement, il apparait que cette « délégation » ne concerne que le pouvoir donné aux commissaires de définir le contenu du rapport infra-annuel (sus-mentionné). Il ne semble pas que le mandat concerne les avis émis par la Commission sur les projets de budgets transmis par les Etats.

    • Le règlement relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres connaissant ou risquant de connaitre de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière au sein de la zone euro


    Ce règlement est applicable exclusivement à la zone euro.
    Il vise à renforcer la surveillance économique et budgétaire des États :
    -    connaissant ou risquant de connaitre de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière, indépendamment de l’existence ou non d’un déficit budgétaire excessif.
    -       bénéficiant ou pouvant bénéficier de l’assistance financière d’un ou plusieurs autres États, du FESF, MESF, MES ou d’autres institutions financières internationales (FMI par exemple).
    Il ne s’appliquera cependant pas au cas de prêts pour recapitalisation d’institutions financières.

    La décision de placer sous surveillance renforcée sera prise par le Conseil (majorité qualifiée) sur proposition de la Commission.
    Troika
    Un État placé sur surveillance renforcée devra adopter, en concertation avec la Commission et la BCE, des mesures visant à remédier aux causes de ses difficultés, et remettre un rapport trimestriel.
    La Commission aura à ce titre un accès inédit aux comptes et informations du secteur bancaire.
    Le Conseil pourra également recommander à l'État de rechercher une assistance financière.

    Un État souhaitant bénéficier d’une assistance financière devra en informer immédiatement le Conseil, la BCE et la Commission. Cette dernière effectuera alors une analyse de la soutenabilité de la dette.

    Un État bénéficiant d’une assistance financière devra, en partenariat avec la Commission et le Conseil, préparer un projet de programme d’ajustement visant à rétablir une situation financière saine et sa capacité à se refinancer intégralement sur les marchés financiers. Un article introduit par les parlementaires oblige l'Etat concerné à consulter « les partenaires sociaux et les organisation pertinentes de la société civile afin de parvenir à un consensus sur son contenu ».
    Ce programme devra être approuvé par le Conseil européen.
    Ce programme d’ajustement prendra, le cas échéant, le relai des procédures pour déficit excessif ou déséquilibres macroéconomiques en vigueur.


    Comment les eurodéputés ont-ils voté?

    Sans surprise, les deux projets de règlements amendés ont été approuvés par une large majorité de parlementaires, les principaux groupes politiques parlementaires appelant à voter pour les deux règlements:
    - Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe
    - Parti Populaire européen
    - Socialistes et Démocrates
    - Verts
    Seuls les groupes "Europe libertés démocratie" et "Gauche Unitaire européenne" appelaient à voter contre.
    Les conservateurs et réformistes européens avaient pour consigne de s'abstenir sur le règlement relatif au contrôle des États en difficulté et de voter contre le règlement relatif au suivi budgétaire.
    A noter que parmi les groupes appelant à voter pour, quelques députés de nationalités italienne, belge, finlandaise ou suédoise se sont toutefois opposés aux textes.

     

    vote two-pack-copie-1

     

    Comment ont voté les eurodéputés français?
     
    Sur les 74 députés "français":

    - Les membres du Parti populaire européen (PPE, 30 députés), issus de l'UMP, du Nouveau centre, de la gauche moderne et du Parti radical, ont tous voté "pour", suivant ainsi la ligne du parti (deux n'ont pas pris part au vote).

    - Les membres de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE, 6 député), pour la plupart issus du MODEM, ont voté "pour", suivant ainsi la ligne du parti, hormis Jean-Luc Bennahmias qui a voté blanc (il avait voté contre en juin).

    - Les membres de l'Alliance libre européenne-Les Verts (15 députés, dont Éva Joly, Daniel Cohn Bendit, et José Bové), ont voté "pour", suivant ainsi la ligne du parti (plusieurs députés n'ont pas pris part au vote).
    José Bové a ainsi approuvé les deux textes, alors qu’en juin dernier il avait voté blanc sur le règlement relatif au suivi et à l'évaluation des projets de plans budgétaires.

    - Les membres de l'Alliance Progressiste des Socialistes & Démocrates (S&D, 14 députés), issus du Parti socialiste, ont voté pour, suivant la ligne du parti.
    Françoise Castex a cependant voté blanc sur le règlement relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États en difficulté.

    - Les membres de la Gauche unitaire européenne – Gauche verte européenne (5 députés, dont Jean-Luc Mélenchon), ont tous voté "contre";

    - Membre de l'Europe Liberté Démocratie (EFD, parti présidé par le célèbre N. Farage), Philippe de Villiers a voté contre;

    - Parmi les non-inscrits, Bruno Gollnisch, Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen ont tous voté contre.

     

    Merci d'avance à tous ceux qui publient/relaient mes articles. Merci cependant de sélectionner un extrait et de mettre le lien vers l'article original! Magali

    http://contrelacour.over-blog.fr/article-two-pack-le-mot-de-la-fin-decryptage-des-textes-definitifs-votes-des-eurodeputes-accord-du-conse-116233645.html 

    Notes:

    (1) Selon le blog de Jean-Luc Mélenchon, la Commission des affaires économiques et monétaires du parlement européen n'a cependant eu accès aux documents que le 25 février, en anglais évidemment. La version française n'a été transmise que le 5 mars.
    Les citoyens, eux, ont du attendre le lendemain des votes pour disposer enfin de la dernière version  des textes. Il ne s'agit cependant à ce jour que d'une version provisoire.

    (2) Sauf erreur de ma part, le règlement fait ici directement référence au mécanisme de correction automatique défini dans le Pacte budgétaire. En effet, et de façon surprenante, ce mécanisme n'est pas précisément défini dans le règlement.

    (3) Le règlement initie un encadrement des calendriers budgétaires nationaux en obligeant l'ensemble des Etats à rendre public leur projet de budget avant le 15 octobre et à approuver ce dernier au plus tard le 31 décembre.

     

    Sources utiles:

    - Les votes des eurodéputés: ici et ici
    - Les deux ''fiches procédures'' dans lesquelles vous trouverez l'ensemble des documents relatifs aux règlements: fiche 2011/0385(COD) et fiche 2011/0386(COD)

    - La conférence de presse des deux eurodéputés rapporteurs des textes

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  • Criminalisation des pauvres

    En Hongrie, les victimes de la crise financière sont traitées comme des délinquants

    Par Krisztina Keresztély (14 mai 2013)

    Pris dans la tourmente de la crise financière, confronté à l’appauvrissement et au surendettement massif de centaines de milliers de familles incapables de rembourser leurs emprunts, le gouvernement ultra-conservateur hongrois choisit de criminaliser les sans-abris et de sélectionner les candidats à un logement social selon des critères moraux. Bienvenue dans l’autre laboratoire européen de la crise.

    Quatre modifications de Constitution... en un peu plus d’un an ! La coalition de droite au pouvoir en Hongrie ne lésine pas sur les jongleries institutionnelles pour renforcer le caractère ultra-conservateur de l’État, forgé avec sa « loi fondamentale », la nouvelle constitution, mise en œuvre depuis janvier 2012. Cette fois, avec cette 4ème version, en vigueur depuis le 1er avril 2013, il s’agit, notamment, de criminaliser les sans-abris. Le nouveau texte donne la compétence aux collectivités locales de « qualifier la demeure permanente des personnes sur les espaces publics comme étant non-conforme à la loi pour des raisons de l’ordre public, de la sécurité publique, de la santé publique et de la sauvegarde des valeurs culturelles ». Devenir sans-abri et n’avoir d’autre choix que de demeurer dans l’espace public est donc un crime, susceptible d’être puni.

    La Cour constitutionnelle hongroise s’était pourtant opposée à une telle loi à l’automne. Celle-ci prévoyait une amende pouvant s’élever à 500 euros, soit plus que le salaire minimum (300 euros), pour les sans-abris. « De par cette loi qualifiant de crime la demeure permanente d’une personne dans la rue, ce sont en effet les sans-abris mêmes que le législateur a qualifiés de criminels. Or, pour les sans-abris, vivre dans la rue ou dans les espaces publics est une situation de crise extrêmement grave, résultant des contraintes de nature différente et, seulement dans des cas très rares, des choix volontaires et bien réfléchis. (…) Le fait de vivre sur l’espace public ne heurte pas en soi les droits d’autrui, et ne menace ni l’utilisation de l’espace public ni l’ordre public. (…) Le sans-abrisme est un problème social, qui doit être traité par l’État à travers des dispositifs et des actions de la politique sociale et de la ville et non pas à travers des contraventions », expliquait dans sa décision, la Cour constitutionnelle. Qu’importe ! Le crime de « sans abrisme » est désormais inscrit dans la Constitution.

    10% de la population fortement endettée

    Cette 4ème modification constitutionnelle a provoqué l’indignation, en Hongrie comme dans plusieurs grandes villes européennes, et la protestation de la Fédération européenne des associations travaillant avec les sans-abris, qui regroupe en France des organisations comme Emmaüs, le Samu social ou le Secours catholique (Lire ici). Si être obligé de dormir dans des espaces publiques devient un délit, les autorités locales ne sont soumises à aucune contrainte en matière de politique sociale pour héberger ceux qui ont perdu leur domicile. L’article 8 de la Constitution déclare seulement que « l’État et les collectivités locales facilitent la mise en place des conditions humaines de l’accueil des sans-abris ».

    Les sans-abris risquent bien, pourtant, de se multiplier. Se loger devient de plus en plus difficile dans un pays dans la tourmente de la crise financière. L’endettement et l’appauvrissement des ménages sont des plus inquiétants. Un million de Hongrois, soit 10% de la population, sont directement concernés par des prêts immobiliers sur la base de devise étrangère, en particulier le franc suisse, qui donnait accès à des taux d’intérêts moins élevés. Or la monnaie hongroise (le Forint) a été fortement dévaluée en 2008 [1] Résultat : dettes et intérêts ont augmenté. Deux ans plus tard, pour un emprunt immobilier sur quatre, la valeur de la dette a dépassé la valeur de l’habitat servant de base au montant du prêt, selon la Banque nationale hongroise. 90 000 ménages sont ainsi en situation de « prêts problématiques », dans l’incapacité pendant plus de trois mois d’honorer le remboursement du crédit.

    Privatisation massive des logements sociaux

    En parallèle, les Hongrois ont de plus en plus de mal à s’acquitter des diverses charges liées au logement : services communaux, loyers, dépenses des copropriétés, factures énergétiques... Entre 2003 et 2009, le nombre des arriérés de payement des factures d’électricité aurait augmenté de 150%, et celui des factures de gaz, de 700% ! Selon le gouvernement, 100 000 ménages ont été coupés des services de gaz, l’été dernier, en raison d’accumulation de factures impayées. Soit près de 3% de la population ! [2]. Ces charges liées à l’habitat représentent en moyenne 25,5% des revenus des ménages hongrois en 2011 (en France, c’est 17,8%). Une famille sur quatre a contracté des dettes liées à ces dépenses quotidiennes (factures ou loyers impayés, crédits non remboursés). Une proportion deux fois plus importante que la moyenne européenne et 2,5 fois plus élevée que la moyenne française [3].

    Suite à la privatisation du parc de logement, entamée dès la transition politique de 1989, les ménages aux moyens modestes ne parviennent plus à se loger convenablement. En 2011, le parc du logement public locatif constitue 3% du total du parc des logements hongrois, principalement à Budapest (en France, environ 40% des locataires sont logés dans le parc de logement social). La qualité des logements publics est aussi en dégradation permanente : un cinquième d’entre eux est actuellement sans confort, et presque la moitié ne compte qu’une pièce. Il n’y a pourtant pas de pénurie de logements en Hongrie. Selon les résultats les plus récents du recensement de 2011, le nombre des logements vacants s’élève à 450 000, dont 13 000 dans le parc public. Cela signifie qu’un dixième du parc public reste vacant, malgré le nombre croissant des sans-abris !

    Tous propriétaires, ou tous à la rue ?

    Comment expliquer cette aberrante politique ? « Les autorités locales cherchent à se débarrasser des logements publics de mauvaise qualité au lieu de les rénover et de les remettre en location : ces logements sont laissés à l’abandon en attendant que quelqu’un les achète, même à un prix bas », analyse le collectif « La ville est pour tous » (« A város mindenkié », AVM). Cette stratégie permet de chasser les pauvres des centres des agglomérations et de libérer leurs logements pour pouvoir les revendre. Dans le 8ème arrondissement de Budapest, le plus touché par la pauvreté et la crise de logement depuis quatre ans, 1 400 demandes ont été enregistrées pour... 9 logements sociaux mis en location. Mais selon AVM, l’arrondissement compterait 300 logements publics vacants.

    Car depuis 1990, ce sont les collectivités locales qui ont récupéré la gestion du parc de logement public. La loi sur l’habitat de 1993 a offert la possibilité aux occupants des logements publics de racheter leur appartement à un prix bien au-dessous de celui du marché. Les revenus modestes n’ont donc pas été en mesure de « profiter » de cette privatisation massive en acquérant leur logement. Les disparités spatiales se sont creusées. Ce sont les communes et les arrondissements [4] les plus pauvres disposant d’un patrimoine dégradé habité par une population défavorisée, qui ont le plus souffert des désavantages de cette privatisation accélérée. En parallèle, l’État central s’est pratiquement retiré des politiques de l’habitat. Il n’existe pas de stratégie de l’habitat. La politique de logement n’a jamais été représentée au niveau ministériel, et est restée soumise au lobbying peu transparent des divers acteurs concernés.

    Des pavillons pour les bons pauvres

    Plusieurs programmes ont cependant été mis en place par l’État. Face à l’ampleur de l’endettement, un fonds national de gestion immobilière a été lancé. Objectif : racheter certains logements avant qu’ils soient confisqués par les banques et les louer à leurs anciens propriétaires. Mais que se passera-t-il, par exemple, si les familles soutenues par le programme s’endettent, cette fois en raison des factures impayées, et doivent quitter les logements dans le délai de trois mois prévu par le programme en cas de retards de paiement des charges ? Que fera l’État avec ce patrimoine dégradé, dont une grande partie risque ainsi d’être abandonnée par leurs locataires – les anciens propriétaires - et qui, par ailleurs se concentrent majoritairement dans les territoires les plus touchés par les problèmes sociaux ?

    D’autre part, le gouvernement hongrois a initié la construction d’un site de pavillons locatifs pour loger des familles expulsées. Un premier site a été choisi en lointaine périphérie de Budapest (près de la ville d’Ócsa), destiné à accueillir 60 familles. Un futur quartier qui ne bénéficie d’aucune infrastructure collective : pas de transport public, ni d’équipements scolaire ou de santé... Ce qui n’empêche pas la spéculation immobilière : le prix du terrain et les coûts de construction ont finalement atteint un niveau très élevé : 1659 euros/m2, soit à peu près équivalant au coût moyen de la construction neuve en France !

    Dresser le profil du pauvre méritant

    Ce n’est pas l’État qui sélectionne les candidats, mais une organisation caritative, le service hospitalier de l’ordre de Malte (un service particulièrement actif dans les actions de secours aux sans-abris). Les critères de sélection sont sévères : les candidats doivent non seulement prouver leur capacité à payer les loyers, mais démontrer leur aptitude à pouvoir s’intégrer dans la future communauté. Les relations familiales et amicales des candidats sont autant examinées que leur état d’esprit, afin de pourvoir estimer s’ils sont prêts à « commencer une nouvelle vie » sur le nouveau site... Une sélection autant sociale que morale. Fin mars, à l’issue du premier appel à candidatures, seulement 20 familles ont été sélectionnées parmi les 588 candidats. Les pauvres « méritant » d’être logés ne sont pas si nombreux... Et ceux qui restent, jugés inaptes à « commencer une nouvelle vie », seront criminalisés.

    Les spécificités de ce quartier pavillonnaire conduiront probablement à un isolement presque complet de ses habitants. Vu le nombre relativement restreint des candidats et encore plus restreint des familles sélectionnées, la question sur l’avenir de ce site se pose. Si le projet original est abandonné, ce site court le risque de se transformer en un futur ghetto accueillant les très pauvres poussés en dehors de la capitale par certaines opérations de renouvellement urbain.

    Émergence de mouvements de gauche

    Dans ce contexte, quel rôle joue la société civile hongroise ? Les associations disposant de la capacité financière pour lancer des programmes d’accueil est limitée. La majorité de ces programmes est liée à des organismes religieux : le service de l’ordre de Malte, les églises baptiste et évangélique. Le collectif « La ville est pour tous » (AVM) [5], créé en 2009, propose cependant une autre approche de la solidarité avec les sans-abris et de la lutte pour le droit au logement, sans les critères moraux appliqués par les organisations religieuses hongroises. Les activistes du mouvement sont en grande partie issus de divers milieux des sans-abris, et sont accompagnés par des activistes-experts. Très actif dans la mise en place de mobilisations contre les expulsions et les discriminations, AVM dispense également des aides juridiques et mène des investigations.

    Plusieurs organisations travaillent également à la rédaction d’une proposition de loi pour mettre en place un système d’agences immobilières à vocation sociale en Hongrie [6]. Face à un gouvernement ultra-conservateur, criminalisant les pauvres, et à la crise qui s’aggrave en Hongrie, l’émergence de ces mouvements illustre l’engagement de plus en plus fort et visible d’un milieu professionnel et associatif, en majorité de gauche, sur la question du droit au logement.

    Krisztina Keresztély / Aitec

    Photo : source

    Notes

    [1De 67% par rapport au franc Suisse, de 28% par rapport à l’euro.

    [2En 2011, on comptait 3,8 millions de ménages en Hongrie. 179 000 ménages ont des arriérés de plus d’un an du paiement de leur consommation de gaz, 286 000 ménages de celle de l’électricité, et 42 000 du chauffage communal, selon un communiqué ministériel de mi-2012.

    [3Selon Eurostat 2011.

    [4A Budapest, les 23 arrondissements sont des collectivités locales autonomes, leur statut est donc équivalant à celui des communes.

    [5membre de la FEANTSA et partenaire de l’Aitec en France.

    [6L’initiative est lancée par l’association « Habitat for Humanity » en collaboration avec un bureau d’études européen « Metropolitan Research Institute ». L’initiative est financée par l’Open Society Institute de la Fondation Soros.

    http://www.bastamag.net/article3059.html


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  • Dans la toile du capitalisme 2.0

    Google, Facebook, Twitter, font désormais intégralement partie de nos vies. On y cherche des informations, on communique, on publie, on « like ». Seulement, on a tendance à oublier que, sur Internet comme ailleurs, le capitalisme fait régner sa loi. Vos informations valent de l’or, et le droit à la vie privée n’est, pour certains, qu’une entrave à la marche vers le profit. Raf Jespers, avocat chez Progress Lawyers Network, a récemment publié un livre, Souriez, vous êtes fichés ! : big brother en Europe. Dans celui-ci, il décortique les intérêts et les manœuvres des grandes entreprises du web 2.0. Extraits.

    Raf Jespers
     

    Google sait tout, Google voit tout, Google vend tout

    « Les moteurs de recherche emmagasinent vos termes de cherche (mots-clés), l’heure de la recherche, les liens sur lesquels vous cliquez, vos adresses IP et un User ID cookie. Le profil d’un utilisateur peut être ainsi reconstitué. Et cela vaut de l’or, tant pour les professionnels du marketing que pour les fonctionnaires-enquêteurs, les hackers et les criminels.

    Raf Jespers

    (…) Les mots-clés utilisés permettent de reconstituer ce que vous êtes et ce que vous savez ou ce que vous voulez savoir. Cherchez-vous des informations relatives à la dépression ou au suicide ? Envisagez-vous de voyager à Cuba ? Vos intérêts sont-ils plutôt ancrés à droite ou à gauche ? Les clics de votre souris dessinent votre profil : qui vous êtes et ce que vous faites.

    Google, Facebook, pratiquement tous les sites laissent des cookies sur notre ordinateur. Où que nous soyons sur le Net, nous sommes surveillés. Ils se servent des tracking cookies pour mémoriser nos préférences et conserver une trace des sites visités. Il s’agit donc bien de logiciels espions qui vont leur permettre de nous envoyer des publicités personnalisées, ou encore de créer des bases de données et profils extrêmement détaillés, où sont même enregistrées nos tendances politiques, comme c’est le cas avec la société américaine Rapleaf qui associe des cookies aux profils Facebook. En 2009 déjà, l’UE avait adopté la directive e-Privacy pour freiner l’usage des cookies. Les pays membres avaient jusque mai 2011 pour transposer cette directive dans leur législation nationale. À l’avenir, les entreprises ne pourront nous suivre sur le Net que si nous en avons donné l’autorisation au préalable (option opt-in) tandis que la branche marketing cherche à transformer cette norme européenne en option opt-out, autrement dit c’est à l’utilisateur lui-même de désactiver les tracking cookies.  (…)

    Centralisation

    Depuis le 1er mars 2012, Google applique une nouvelle politique simplifiée en matière de vie privée. Le géant de la recherche se targue de vouloir assurer une protection optimale de nos données personnelles. Or, lorsqu’on sait que cette entreprise s’est développée et s’est enrichie grâce justement à la vente des données personnelles, on a du mal à croire qu’elle laisse primer la protection de la vie privée sur le profit. Une certaine prudence s’impose donc. En effet, celui qui prend le temps de lire ces nouvelles règles en matière de vie privée va vite déchanter en constatant que Google maintient son emprise sur votre ordinateur, vos fichiers journaux et données de géolocalisation. Désormais, tous les services de Google – Google+, Googledocs, Google Street View, Gmail, YouTube... pour ne citer qu’eux – tombent sous l’application d’une réglementation uniformisée en matière de vie privée. Le géant de la recherche n’aura de cette manière besoin que d’une seule et même autorisation pour rattacher les données de ses différents services à un profil utilisateur complet. Et il n’est pas improbable que Google en saura bientôt plus sur vous que vous n’en savez vous-même. (…)

    L’omniscience de Google

    Siva Vaidhyanathan, professeur de médias à l’Université de Virginie, met en garde contre une soumission servile à Google et la vision du monde simpliste que l’on nous impose.1 “Google détermine notre vision du monde”, a déclaré Vaidhyanathan. Il suffit de taper deux ou trois lettres dans la barre de recherche et Google se charge de compléter le mot. Mais Google ne se contente pas de compléter le mot, il détermine aussi ce à quoi nous pensons, la manière dont nous devons penser et ce que nous voulons savoir. La confiance que nous avons dans ce moteur de recherche est effroyable. Il nous suffit de demander et Google répond. Et nous le croyons, pourtant Google n’est pas omniscient. Nos pensées et nos connaissances ne seront-elles bientôt plus que le reflet de ce que Google pense savoir ? Et tout le reste sera-t-il “faux” par définition ou tout simplement inconnu ? (…)

    Avec son browser Google Chrome et son réseau social Google+, Google est entré en lutte directe avec son concurrent Facebook. Une lutte amère, comme on peut le voir à la façon dont Google favorise ses propres pages Google+ au détriment des sites concurrents. Jusqu’à présent, le classement des sites web par Google se faisait suivant un système de renvoi, selon lequel un site a préséance sur un autre en fonction du nombre de sites qui renvoient vers ce site. Google a abandonné ce système pour pouvoir mieux évincer son adversaire Facebook. Conséquence, les résultats des recherches fournis par Google sont moins bons et moins indigne d’un moteur de recherches. Le combat pour obtenir notre attention – et nos données personnelles – bat son plein. Si Google est le chat, Facebook est la souris. Lequel des deux l’emportera ? »

    1. Siva Vaidhyanathan, The Googlization of everything, University of California Press, Berkeley and Los Angeles, 2011.

     

    Facebook : un ami qui vous veut du bien ?

    Pour beaucoup, Facebook est devenu le principal canal de communication. On y dit ce qu’on aime, ce qu’on fait et avec qui, etc. Tout y incite à y dévoiler des informations personnelles… qui valent de l’or, et ne sont pas toujours sans conséquences.

    Raf Jespers

     

    « Internet est devenu la place de rencontres la plus animée. Aucun réseau social n’est aussi populaire que Facebook. Fondé en 2004, le réseau compte six ans plus tard déjà 900 millions d’utilisateurs, soit près d’un habitant de la planète sur sept ! (…)

    Des sociétés utilisent Facebook également comme canal de recrutement. “Il donne bien plus d’informations qu’un CV classique. On y trouve des CV avec dix fois plus de contenu”, dit Erik Van den Branden, directeur des ressources humaines de la société de consulting Deloitte. (…) Microsoft rappelle dans une étude de 2011 que 70 % des recruteurs américains — 41 % en Grande-Bretagne, 16 % en Allemagne et 14 % en France — ont déjà eu l’occasion de rejeter une ou plusieurs candidatures en raison de ce qu’ils avaient trouvé, à leur sujet, sur l’Internet.

    Les propriétaires de Facebook n’ont pas grand-chose à faire pour recevoir quelques millions de données privées dans leur réseau. Les clients apportent tout d’eux-mêmes. Il y a des petites listes et des renseignements sur les achats favoris de vêtements, livres, boissons, autos, etc. (…)

    Cela ne surprend donc pas que des marques internationales comme Coca-Cola et Sony se soient distingués sur Facebook. “Ainsi, nous pouvons comprendre comment les consommateurs communiquent et se côtoient”, dit Carol Kruse du département marketing interactif de Coca-Cola.

    La société uSocial vend des “amis Internet” aux professionnels du marketing. “Pour 197 dollars, nous ajoutons un millier d’amis à votre compte Facebook”, stipule l’offre. uSocial offre également sur Facebook des paquets de 5 000 ou 10 000 amis à 1 297 dollars, pouvant être livrés “dans quelques semaines”. Il récolte ces amis en leur envoyant des invitations portant avec le nom du commanditaire de la mission. (…)

    La pub online rapporte 5 milliards

    Bien sûr, ces réseaux sociaux, blogs et twitters sont dangereux pour la vie privée. Les utilisateurs dévoilent leur personnalité, leurs amitiés et donnent parfois des détails crus et gênants sur leurs états d’âme. Liesbeth Roosen n’a pas pu retourner travailler à l’école primaire Het Toverpotlood, à Hoeleden en Belgique, le 1er septembre 2009. Elle était amicale avec quelques élèves sur le réseau social Netlog et a discuté avec eux des vacances ; et ça, on ne peut pas le faire. Des élèves du lycée Saint-Jacques, à Liège, ont reçu une colle parce qu’ils avaient appelé au licenciement d’un enseignant sur une page de groupe Facebook. En Belgique, un tribunal du travail a confirmé le licenciement d’un cadre de l’entreprise technologique Option pour avoir critiqué son employeur sur Facebook. Le tribunal a estimé que les réseaux sociaux ne relèvent pas du privé, tel qu’avancé par la défense. (…)

    Le fait que Facebook introduise constamment de nouvelles fonctions avec nouvelle politique en matière de protection des données personnelles oblige l’utilisateur à adapter sans cesse ses paramètres. C’est ainsi que Facebook a introduit une fonction de reconnaissance faciale qui permet de taguer automatiquement les photos avec visages « connus ». En janvier 2012, Facebook a rendu la timeline obligatoire pour tous ses utilisateurs. Cette application permet en un tour de main de faire réapparaître d’anciennes infos de profil. Une poisse pour ceux qui justement voulaient cacher certaines anciennes informations gênantes. (…)

    La vente online des données personnelles est un business en pleine expansion, ce qui explique la fameuse entrée en Bourse de Zuckerberg & Co. La valeur vénale de l’empire Facebook est évaluée par le Wall Street Journal à quelque 100 milliards de dollars. Les ventes de publicités online rapporteraient chaque année quelque 5 milliards de dollars. La société espère aller jusqu’à 10 milliards de dollars en Bourse. Certains critiques pourraient argumenter qu’une trop grande protection de la vie privée nuit à l’économie. Autrement dit, moins les données personnelles sont protégées, plus les bénéfices sont élevés pour Facebook. (…)

    Ce n’est pas un hasard si, en 2012, Mark Zuckerberg, du haut de ses 27 ans, possède une fortune personnelle de 17,5 milliards de dollars, le faisant seizième homme le plus riche des États-Unis. »

     

    La CIA, actionnaire de Facebook

    Outre leur intérêt économique, les informations personnelles dévoilées sur Facebook peuvent aussi servir les agences de renseignements. La CIA n’est ainsi pas étrangère au développement du réseau social.

    Raf Jespers

     

    « Le journaliste britannique Tom Hodgkinson a fait une enquête sur le tout jeune parcours de Facebook.1 Facebook est-il seulement la fabuleuse création de l’étudiant surdoué de Harvard ? Selon Hodgkinson, trois autres personnes se cachent derrière Facebook. Le premier est Peter Thiel, un entrepreneur conservateur de la Silicon Valley. Le deuxième, Jim Breyer, a investi un montant de 12,7 millions d’euros dans Facebook en 2007. Breyer est lié à WalMart et Marvel Entertainment. Il a été président de la National Venture Capital Association (NVCA), un club qui investit dans les jeunes talents comme Zuckerberg. À la NVCA siégeait aussi Howard Cox de Greylock Venture Capital. Il est le troisième homme. En 2008, le financement de Facebook a été augmenté de 27,5 millions de dollars. Howard Cox siège aussi à la direction de In-Q-Tel. “Et qu’est-ce que In-Q-Tel ? demande Hodgkinson. Croyez-le ou non (et vérifiez sur leur site Internet), c’est un Fonds d’investissement de capital à risque de la CIA.”

    Le lien entre Facebook et la CIA se fait, suivant Hodgkinson, via les personnes comme Breyer et Cox. Le projet de In-Q-Tel est “de développer de nouvelles technologies pour aider la CIA dans ses missions”. Le journaliste Ernesto Carmona assure que Facebook est “une mine d’or d’informations” pour les services de sécurité.

    Fliquage 2.0

    Ce n’est pas uniquement Facebook qui intéresse la CIA et d’autres services, mais tout ce qu’il se passe sur le Web 2.0 — lorsque l’utilisateur crée lui-même le contenu : les films sur YouTube, les articles sur Wikipedia, les sites de réseaux sociaux, etc. In-Q-Tel a investi une grosse somme d’argent dans Visible Technologies, une firme de logiciels spécialisée dans le monitoring de médias sociaux. Visible Technologies sillonne quotidiennement un demi-million de sites Web 2.0 et dépiste jour après jour plus d’un million de messages et de conversations sur des blogs, des forums, Flickr, YouTube, Twitter et la librairie Amazon. Les clients de Visible reçoivent, en temps réel, des informations sur ce qui se passe sur ces sites à l’aide d’une série de mots-clés. (…)

    Eva Golinger, une avocate et chercheuse américaine, écrit : “Pendant que le Département d’État finance la formation des jeunes dans d’autres pays et sponsorise l’utilisation de nouvelles technologies pour déstabiliser les gouvernements étrangers, on criminalise les gens qui utilisent Twitter ou Facebook aux USA pour manifester contre la politique de Washington. Nous en avons eu la preuve, il y a trois semaines, quand des citoyens américains ont été arrêtés parce qu’ils utilisaient Twitter pour informer les gens sur la répression policière durant le Sommet du G-20 à Pittsburgh.”

    Un mouvement pour les droits civiques aux USA a révélé que la police fédérale américaine s’enregistre sur des sites de réseaux sociaux avec des faux profils pour acquérir des photos, des informations personnelles et des vidéos de personnes suivies. Cette utilisation de faux profils est controversée parce que Facebook et compagnie demandent aux utilisateurs de ne falsifier aucune information personnelle. »

    1. T. Hodgkinson, « With friends like these... », The Guardian, 14 janvier 2008.

    Raf Jespers, Souriez, vous êtes fichés ! : big brother en Europe, 2013, Couleur livres, 22 €.

    http://www.ptb.be


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  •  LE CNR : A LA LUMIERE D'HIER PAR DENISE FOUCART

    affiche fasciste et pétainiste du temps de l'occupation et du régime de Pétain en fin d'article

    A la lumière d’HIER ……..

    Le 17 avril 1943, lorsque furent conclus ici les accords de réunification de la CGT, ouvrant la perspective d’une efficacité renforcée des combats intérieurs pour la libération de la France, j’étais à quelques jours d’avoir 20 ans.

    Un vingtième anniversaire qui s’inscrivait pour moi, non pas comme le plus beau jour de la vie, mais seulement comme le bonheur fragile d’être encore vivante, après 3 années d’action clandestine de résistance contre l’occupant, avec les cheminots de la CGT illégale de Toulouse.

    Trois années qui avaient largement confirmé la clairvoyance politique et syndicale dont j’avais vu le combat difficile durant toute mon enfance, pour éviter que l’Europe ne sombre dans le terrible désastre qu’annonçait le fascisme hitlérien.

    Son ascension en Allemagne sur fond de crise économique de chômage et de misère, suscitait en France une agitation agressive de l’extrême droite qui se sentit confortée, dés que furent accordés en 1933 les pleins pouvoirs à Hitler avec le soutien actif de la haute finance et des grands industriels.

    Les années qui suivirent connurent une intense activité des forces de paix et du syndicalisme CGT dans une France qui s’enfonçait dans une crise économique profonde, avec la montée grandissante du fascisme.

    Les manifestations et les grèves quasi-journalières, les multiples appels à la paix furent de plus en plus violemment réprimés par la police qui n’hésitait pas à tuer les manifestants.

    Les gouvernements de sinistre mémoire tels Daladier, Raynaud, Laval, étaient plus sensibles au chant des sirènes venu d’outre Rhin, oû le National Socialisme triomphant d’Hitler causait des dégâts humains considérables, que de la survie de la République Française gravement menacée.

    L’éclaircie de 1936 avec la victoire des forces Républicaines et les formidables avancées sociales acquises par l’action syndicale unie ne durera que 2 ans.

    La violente offensive des mouvements de régression sociale à caractère fasciste eurent raison de la faible résistance des gouvernants du Front Populaire.

     

    1 Ce qui fut appelé « la pause » aboutit en fait à une entreprise de destruction des avancées sociales avec la réduction répressive de l’action des organisations syndicales.

    Dés lors s’engagea l’escalade ouvrant la voie au pire.

    En 1938 le gouvernement français signera avec Hitler les accords de Munich, lui livrant la Tchécoslovaquie alors qu’il venait d’annexer l’Autriche. L’Europe fasciste était en marche et la France visée en premier lieu.

    Le général de Gaulle écrira dans ses mémoires sur cette période de notre histoire :

    « Il faut dire que certains milieux voulaient voir l’ennemi, plutôt dans Staline que dans Hitler. Ils se souciaient des moyens de frapper la Russie beaucoup plus que de la façon de venir à bout du Reich ».

    J’avais vu, dés mon plus jeune âge, l’énergie que déployait mon père, cheminot, aidant les plus démunis, s’associant aux actions porteuses d’un avenir de bonheur pour tous.

    Il faisait de sa vie, un apostolat contre l’oppression, la misère, l’exploitation, l’absence des droits élémentaires et s’opposait activement à toute tentative d’émergence des idées du fascisme.

    Cela l’avait conduit dés qu’il fut salarié, à l’action syndicale CGT, puis au Parti Communiste et tout naturellement dés 1940 à l’engagement dans la Résistance oû je l’avais suivi.

    Ainsi, dés l’âge de 15 ans, je compris que l’avenir que je m’étais tracé, oh !combien pacifique, entre les études, la compétition de natation et la danse au théâtre du capitole de Toulouse, risquait de ne rester qu’en l’état d’un beau rêve perdu, tant il me semblait incompatible avec ce qu’allait devenir la France.

    Orientée vers l’activité culturelle j’avais gardé en mémoire cet appel lancé en 1938 par André MALRAUX avec l’Association des Ecrivains et Artistes :

    « Depuis 10 ans, le fascisme étend sur l’Europe ses grandes ailes noires. Bientôt ce sera l’action sang contre sang. Les intellectuels persécutés en Allemagne, ne le sont pas en tant que marxistes, mais parce qu’ils ont gardé le sentiment de la dignité. Le fascisme allemand nous montre que nous sommes face à la guerre et nous devons tout faire pour l’empêcher ».

     

    2 Mais parallèlement, certains milieux de la haute finance et de la grande industrie manifestaient dans Paris sous le mot d’ordre :

    « Plutôt Hitler que le Front Populaire »

    Il faut bien dire qu’en matière d’ignominie Hitler n’a pas tout inventé. Ce sont des hommes politiques français qui déclaraient en 1940 :

    « Il est urgent de créer un ministère de la race en s’insurgeant contre l’invasion disaient ils des juifs venus d’Europe Centrale. Nous sommes d’accord avec Hitler pour proclamer qu’une politique n’atteint sa forme supérieure que si elle est raciale ».

    Toutes les conditions étaient donc bien réunies pour déclencher la 2éme guerre mondiale et son cortège d’atrocités.

    Le fascisme que l’on aurait pû combattre efficacement avec les forces progressistes issues des élections de 1936 va devenir le maître oppresseur de la France , avec les conséquences atroces que l’on connait.

    Le refus d’une telle déchéance de Français patriotes, à l’image du Général DE GAULLE et de Charles TILLON au nom du Parti Communiste, se manifesta par deux appels à la Résistance, lancés au peuple Français.

    Dés lors s’engagera, le plus incroyable des combats sur le sol national, contre l’occupation allemande et le gouvernement dit Français qui venaient de s’unir pour commettre un crime humanitaire sans précédent.

    Car il faut bien souligner que le maréchal traitre PETAIN qui livra la France à Hitler en déclarant « je fais don de ma personne à la France pour atténuer son malheur » fut lui-même l’artisan principal de cet immense malheur en devenant l’initiateur des acteurs zélés de son régime soumis aux occupants, qui allèrent jusqu'à en être les exécuteurs des basses œuvres les plus abjectes.

    Si j’ai voulu rappeler ces faits historiques, c’est essentiellement pour montrer qu’ils auraient pu être évités et que les horreurs qui ont accablé l’humanité, n’étaient pas fortuites, mais bien le résultat de 4 années de trahison et d’indignité nationale du pouvoir politique français.

    Et pourtant, il aura fallu un demi siècle pour qu’un Président de la République, Jacques Chirac admette la lourde responsabilité de l’Etat Français dans la déportation des familles juives, vers les camps allemands d’extermination massive.

     

    3 Car il faut bien savoir que les juifs comme les résistants, torturés, assassinés, le furent pour une grande part à la suite d’arrestation par la police française.

    Il n’en reste pas moins pourtant que quelques voix persistent à imaginer la réhabilitation, l’oubli ou même le pardon, de cette triste réalité historique qui est encombrante dans certains milieux.

    Bientôt il ne restera plus personne pour témoigner de ce que furent tant de jours, d’actions dangereuses, de ceux qui refusèrent l’asservissement de la France à l’idéologie fasciste. Tant de journées qui se concluaient avec le soulagement d’avoir échappé à la mort, tout en préparant la mission du lendemain.

    On ne dira jamais assez, combien cette période incroyablement douloureuse pour l’ensemble des français a coûté de souffrances et de tortures physiques et morales, de jeunesse brisée, de familles décimées.

    Nous avions pour certains d’entre nous entre 17 et 20 ans, nous aimions la vie, la liberté, l’amour, mais notre révolte était la seule voie pour soustraire la France à la servitude et au déshonneur.

    Il est vrai que parallèlement à ceux des nôtres qui sont tombés, il y avait aussi l’inespéré de la mission menée à bien et la satisfaction de sérieux dommages causés à l’occupant, de tortionnaires abattus, d’armes soustraites à leur violence, de résistants arrachés à leurs griffes, de familles juives sauvées des trains les menant à la mort, les voies de chemin de fer ayant été sabotées durant la nuit.

    La peur du lendemain se concevait toujours avec comme lueur d’espoir la certitude que notre action aboutirait à la victoire quel qu’en soit malheureusement le prix.

    Ces années de mon adolescence m’ont laissé des souvenirs vivaces et passionnants mais souvent très cruels. Mon frère fut arrêté à l’âge de 16 ans et demi et envoyé au camp allemand de la mort de MATHAUSEN.

    Ils m’ont aussi confortée dans cette certitude que l’histoire de la Résistance française est une très belle page, écrite dans le sang et les larmes par des militants épris de liberté, de justice, d’indépendance et de respect de la Nation. Il est donc indispensable d’en léguer les enseignements aux jeunes générations, comme devrait le faire l’Education Nationale.

     

    4 L’hommage rendu ici aujourd’hui aux patriotes courageux appelés « soldats de l’ombre » honore ceux qui l’ont organisé comme tous ceux qui y participent.

    Alors que le 2 février 1943, le IIIe Reich et son projet nazi sont défaits à Stalingrad, l’histoire vient de basculer le mythe de l’Allemagne invincible vient de disparaitre, ouvrant les conditions nouvelles d’une victoire des forces alliées. L’action de la résistance devient plus évidente et ses rangs s’en trouvent renforcés.

    La force syndicale unique, conclue en cette nuit du 17 avril 1943 permit à Jean Moulin qui en avait mandat de rallier toutes les organisations de résistance ce qui était la garantie d’une efficacité amplifiée.

    Il créa donc le 27 mai le Conseil National de la Résistance, c’était le tournant décisif pour aller vers la victoire.

    De cette création, naquirent les conditions propres à rendre à la France, dés la liberté retrouvée, son équilibre moral et social, en redonnant au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité nationale. Il fut alors élaboré un programme qui s’intitula « les jours heureux par le CNR ».

    En 1945 la libération enfin conquise s’accompagna d’un engagement solennel fait au monde entier : « Plus jamais ça, la bête immonde ne devra plus jamais renaître ».

    Le programme sera appliqué dés 1945 sous la présidence du Général DE GAULLE et des ministres issus des rangs de la Résistance. Il permettra à une France anéantie par la guerre, pillée par l’occupant, de prendre un essor réel, parce qu’il ouvrait un renouveau économique, accompagné d’un contenu social totalement novateur.

    Les années qui suivirent se définissent sous le nom des 30 glorieuses, même si le mouvement syndical doit faire preuve d’une détermination permanente pour que les conquêtes sociales bénéfiques au rayonnement de la Nation restent la ligne de conduite des gouvernements qui émaillèrent cette période.

    1968 et l’unité syndicale eurent raison provisoirement de l’offensive anti sociale revancharde qui s’attaquait déjà au contenu du programme du CNR.

     

     

    5 La situation catastrophique d’aujourd’hui méritant un tout autre débat que mon intervention dans le contexte de notre manifestation. J’en dirai simplement qu’elle assombrit considérablement la démocratie et suscite de graves inquiétudes, en France comme en Europe.

    Notre société est engluée dans de scandaleuses révélations d’évasions fiscales, qu’organisent les banques vers des paradis fiscaux au profit de grands chefs d’entreprises et de personnalités politiques.

    Cela jette le discrédit sur notre pays et ses instances dirigeantes alors que le peuple est injustement frappé par la dureté de la crise.

    Nous sommes là très loin de la grandeur de la France, telle que la concevaient ceux qui l’ont reconquise dans les conditions de ce que l’histoire appelle les années noires.

    Pour préserver la démocratie sans doute est-il impératif que soit effective la transparence financière des responsables politiques pour assurer la clarté de leur mandat et cela dépasse le cadre d’un patrimoine visible.

    D’autant qu’un nouveau et grave danger vient contredire le vœu du Conseil National de la Résistance de l’impossible résurrection des méfaits du fascisme.

    Dans plusieurs pays Européens, l’extrême droite issue des partis fascistes que l’on croyait éradiqués, relève la tête, avec des arguments trompeurs et parvient à s’implanter dans la vie politique des Nations.

    C’est un immense danger pour la civilisation de l’humanité.

    La France n’échappe pas à cette réalité qui demande la mobilisation morale et active du peuple en son entier.

    Ainsi 70 ans après le serment de non retour, la xénophobie, le racisme, les petites phrases empoisonnées et la pratique du maquillage médiatique, telle que fut le « détail de l’histoire » attribué à l’holocauste, ne sont en fait jugés, que comme des faits divers, puisque dédiabolisés par l’aspect physique souriant d’égéries féminines, pourtant issues d’une même lignée beaucoup moins rassurante.

    Combattre le Front National est une nécessité entièrement liée à la lutte à mener contre la politique de régression sociale. L’un est toujours le résultat de l’autre et les moyens utilisés porteurs d’illusions de camouflages et faux lendemains propres à détourner la colère du peuple.

     

    6 Voici ce qu’en disent ensemble les 4 associations nationales des victimes du fascisme, déportés résistants et fusillés :

    « Tant que nous pourrons prendre la parole nous devons dire aux générations nouvelles, que c’est surtout dans les moments de crise que surgissent les discours anti-démocratiques xénophobes, racistes et anti sémites dans lesquels elles doivent discerner les thèses de ceux qui ont exterminé les juifs d’Europe, massacré les tziganes, déporté et fusillé les résistants. Il est essentiel qu’elles reconnaissent dans d’autres discours, les vociférations d’Hitler et la voix soumise de Pétain. Ainsi averties elles pourront combattre le danger ».

    Le mouvement syndical CGT, selon son Secrétaire Général Thierry Le Paon, apparait effectivement comme un sérieux rempart face aux reculs sociaux et à l’austérité, comme il est l’une des forces principales interdisant la mise en cause de la démocratie.

    Hier, comme aujourd’hui, il est la forme légitime de la représentation des forces vives de la Nation, dont l’écrivain François Mauriac pouvait dire, au lendemain de la Libération : « Seule, dans sa masse, la classe ouvrière s’est montrée digne da la France profanée ».

    C’est en ce sens, que les accords du Perreux revêtent un poids historique incontestable.

    J’en terminerai en disant qu’il faut témoigner de la plus grande vigilance républicaine pour préserver le respect de l’être humain, de sa dignité et du droit à la différence.

    Tout faire, pour que les graves menaces d’aujourd’hui ne deviennent pas de sombres pages d’histoire pour demain.

     

    Denise FOUCARD

    Présidente d’Honneur de l’IHS-CGT du Val de Marne

    J'ai mis en ligne cette intervention de Denise Foucart, sœur de Georges Séguy lors de l'anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance.

    Cet article m' a été remis par Henri Tronchon, ancien dirigeant de la Fédération CGT de la Métallurgie.

    Denise, est une très grande militante de la CGT, je la remercie pour ce texte important qu'elle nous a léguée au moment où la bête immonde se manifeste à nouveau en Europe et particulièrement en France comme nous venons de le voir à travers les manifestations anti-mariage où elle a exprimé toute sa haine comme elle le faisait avec les ligues d'extrême droite dans les années trente.

    Bernard Lamirand http://ber60.over-blog.com/

     


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  • Retraites et Medef: "Pourquoi ne pas mourir à la tâche?", demande le PCF

    Publié le 13.05.2013, 15h18

    Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est indigné lundi des propositions du Medef sur les retraites qui reviendraient à

    Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est indigné lundi des propositions du Medef sur les retraites qui reviendraient à "mourir à la tâche", estimant que la gauche au pouvoir n'était pas là "pour appliquer une politique de droite". | Francois Guillot

     

    Le porte-parole du , Olivier Dartigolles, s'est indigné lundi des propositions du sur les retraites qui reviendraient à "mourir à la tâche", estimant que la gauche au pouvoir n'était pas là "pour appliquer une politique de droite".


    "Si le Premier ministre attendait un geste d'apaisement de la présidente du Medef, qui a été particulièrement bien traitée au de la dernière année, le voilà Gros-Jean comme devant.

      Conviée à Matignon pour préparer la prochaine conférence sociale, madame Parisot a préconisé un allongement de la durée de cotisation à 43 ans d'ici 2020 et un recul de l'âge légal +à au moins 65 ans à l'horizon 2040+. Pour le Medef, le travail c'est la santé donc pourquoi ne pas mourir à la tâche!", écrit-il dans un communiqué.


    Aux yeux du porte-parole du parti communiste, le Medef, "encouragé par l'abandon en rase campagne du gouvernement sur l'Accord national interprofessionnel (ANI), qui a cédé au patronat sans disputer le moindre combat" en veut "toujours plus".


    Appelant le président de la République et le gouvernement à "changer de politique" car "une majorité d'électrices et d'électeurs ont fait le choix, au printemps dernier, de ne pas poursuivre sur le chemin des régressions sociales", M. Dartigolles lance encore: "En 2010, les forces de gauche ont combattu la casse des retraites. En 2012, on a battu Sarkozy, Fillon et Woerth. Ce n'est pas pour appliquer une politique de droite en 2013".


    Organisations patronales et syndicales ont exposé lundi à Matignon, au cours d'entretiens bilatéraux avec Jean-Marc Ayrault, leurs idées pour mener la réforme des retraites que le gouvernement promet pour l'automne afin de combler un déficit qui ne cesse de s'aggraver.

    http://www.leparisien.fr

     POUR UN SYNDICALISME DE COMBAT

    Plusieurs choses seront à l’ordre du jour de cette semaine sur le plan social.

    Le vote de la loi d’amnistie pour les militants syndicalistes sanctionnés par Sarkozy, le vote du Sénat concernant l’accord national dit de la sécurisation de l’emploi (ANI) qui entrainera une précarité accrue en matière de salaires et d’emploi, un texte de loi déposé par les députés communistes concernant les licenciements boursiers et enfin la rencontre des organisations syndicales et patronales concernant le devenir des retraites et d’une soit-disante négociation de celle-ci à la rentrée.

    Le gouvernement est au pied du mur si l’on peut encore employer cette expression. Je dirai volontiers qu’il a déjà construit le mur de l’intransigeance social et de la liberté d’exploiter pour le profit maximum.

    Ce gouvernement n’entend pas la voix du monde du travail.

    Il est d’ailleurs jugé sévèrement par les travailleurs et les retraités dans tous les sondages.

    Si, cette semaine, est confirmé que ce gouvernement reste sur la voie de la dégradation sociale, il portera la responsabilité du retour de la droite au pouvoir, ce qui semble d’ailleurs poindre quand on voit comment celle-ci frétille d’impatience.

    Cette droite, alliée au Medef, ce qui ne surprendra personne, s’apprête ainsi à s’unir avec l’extrême droite de Marine le Pen comme on vient de le voir dans le département de la Somme où pour prendre la mairie communiste de Gamaches, la pire réaction s’unit pour les municipales.

    Le secrétaire général de la CGT, Thierry le Paon, a très bien résumé à sa manière la situation : l’intervention des salariés et des retraités qui va compter.

    Je partage.

    Je n’attends rien de la conférence sociale que prépare Ayrault par le rencontre des syndicats et du patronat ce jour. La précédente conférence sociale, l’an dernier, organisée avec grand fracas a été un leurre puisqu’elle a débouché sur les revendications patronales de réduction des dits coûts du travail et de cet accord félon sur la Sécurisation de l’emploi, véritable arme de destruction des acquis sociaux.

    Il faut donc travailler la mobilisation des salariés et des retraités.

    L’appauvrissement de ceux-ci est un fait indubitable, il faut donc engager la bataille des salaires et des retraites.

    Ce sont les paramètres qui reconstruiront la croissance et élèveront le niveau de vie et favoriseront les cotisations nécessaires pour payer les retraites et l’ensemble de la protection sociale.

    J’apprécie que Thierry porte ces questions comme majeures.

    Mais elles ne seront majeures que si tout le mouvement social s’en empare et défonce les barrières austéritaires mis en place par le gouvernement précédent et par celui en place qui les as renforcées.

    C’est donc un appel à ce que les salariés et les retraités se bougent et ne remettent pas ces enjeux revendicatifs à la négociation bidon que l’on connait et qui débouche toujours sur du moins pour les salariés.

    L’unité est un principe, mais pour qu’elle soit efficace il ne faut pas qu’elle soit celle d’états-majors syndicaux. C’est aux syndicats de bases de la chercher parmi les travailleurs. C’est la meilleure.

    Il revient à la CGT, syndicat de classe, à la travailler cette unité d’action pour qu’elle grandisse parmi les masses.

    L’augmentation des salaires et des retraites est certainement l’antidote à la crise, à l’austérité.

    Rien ne sera fait sans l’intervention des salariés et c’est aux organisations de la CGT d’y travailler la conception et la réalisation.

    Bernard LAMIRAND

    http://ber60.over-blog.com/

    Social-Eco - le 12 Mai 2013

    Thierry Lepaon : "Avec un salaire minimum de 1 700 euros, on n'aurait pas de problème de retraite"

    À la veille d'une rencontre entre Jean-Marc Ayrault et les syndicats pour préparer la conférence sociale, le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a appelé dimanche à "une irruption des salariés sur le terrain social" à propos de la future réforme des retraites, estimant qu'elle "va nécessiter une mobilisation d'ampleur".

     "La question des retraites va nécessiter une mobilisation d'ampleur des salariés", a déclaré Thierry Lepaon lors du Grand rendez-vous Europe1/i-Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France. "La question du rapport de force est une question essentielle. Il faut que les salariés s'occupent de leurs affaires", a-t-il ajouté, jugeant que "le résultat d'une négociation, c'est avant tout le résultat d'une mobilisation". "Il faut que les salariés arrêtent de penser que les syndicats, dans le cadre de négociations, peuvent obtenir des choses s'ils n'investissent pas le terrain social et s'ils ne se mobilisent pas", a-t-il précisé, appelant les salariés à une "irruption sur le terrain social".

    Thierry Lepaon s'exprimait à la veille d'une rencontre entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et les syndicats pour préparer la prochaine conférence sociale des 20 et 21 juin. Le numéro un de la CGT a demandé une réforme "structurelle" du financement des retraites qui passe, selon lui, par l'augmentation des salaires, ainsi que par l'emploi et la croissance. Refusant une nouvelle adaptation du système actuel, il a prévenu que la CGT n'accepterait ni un allongement de la durée des cotisations ni une baisse du montant des pensions. Faute de quoi, le syndicat appellerait à des manifestations. "Si on allait vers un salaire minimum à 1 700 euros, on n'aurait pas de problème de retraite", a-t-il dit. "L'autre curseur, c'est l'emploi et donc la croissance", a-t-il estimé. Selon lui, "si on augmente les salaires et si on augmente le nombre de salariés au travail, on n'a pas de problème de retraite".

    Par ailleurs, il a jugé qu'en contrepartie du délai accordé par Bruxelles pour ramener le déficit budgétaire à 3%, le gouvernement "a lâché sur la question de la flexibilité, de la retraite et de la politique industrielle, et notamment sur la cession d'actifs de l'Etat dans deux grandes entreprises, EDF et la SNCF". "Cela veut dire que demain on risque d'avoir une ouverture à la concurrence, voire une privatisation de deux grandes entreprises qui aujourd'hui structurent notre pays", a-t-il estimé. "La question de l'égalité de l'accès à l'énergie et aux transports ferroviaires, ce sont des questions sur lesquelles, sans débat national, le gouvernement est en train d'opérer des choix", a-t-il affirmé.


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