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    Réforme du travail outre-Rhin : Elle met en garde la France !

    Olivier Renault

    Elle s’appelle Inge Hannemann. Depuis deux semaines, elle fait les titres des journaux de l’autre côté du Rhin. Elle a travaillé comme conseillère au Pôle emploi allemand de Hambourg de 2005 à début 2013. Elle a été suspendue pour activité politique. En 2006, en constatant les méthodes carrément violentes instiguées en interne, qui constituent de facto des violations des droits fondamentaux à l’égard de ses compatriotes au chômage, elle va, au péril de sa vie, se révolter et refuser de sanctionner des hommes et des femmes, jeunes ou plus âgés.

    C’est la nouvelle mère courage qui, parlant le français et passionnée par le pays des droits de l’Homme, veut venir en France rencontrer le syndicat du Pôle emploi, SNU-FSU,pour mettre en garde contre les nouveaux plans sur le chômage en France directement importés du modèle Hartz IV. Depuis 2013, Inge Hannemann, licenciée pour activité politique, est menacée d’être internée en psychiatrie. Angela Merkel et son second couteau, Ursula von der Leyen, de la CDU, qui a été une ministre de la famille au bilan médiocre et qui dirige le ministère du travail aujourd’hui, aurait calé Inge Hannemann dans la lunette de son fusil. Devenant une affaire d’État, le blog d’Inge Hannemann, altonabloggt, et ses divers entretiens dans la presse commence à échauder Berlin. Huit millions de chômeurs en colère, qui pourraient se réveiller et prendre conscience de l’infamie dans laquelle ils sont jetés, inquiètent le pouvoir. De nombreux citoyens allemands enfoncent la tête dans les épaules tant la pression devient trop grande. Mais ils sont de plus en plus nombreux à montrer grâce aux réseaux sociaux leur volonté de révolte. La politique de communication du gouvernement rappelle les heures noires de la fin du Reich ou de la phase de la RDA où il fallait faire croire au succès final.

    Pays sous propagande. Le rapport sur la pauvreté, publié en mars 2013 par Ursula von der Leyen, a été falsifié par le gouvernement. Chaque jour, 100 enfants sont retirés de leur famille par le Jugendamt pour pauvreté ou « difficultés » des parents. Les citoyens et de nombreux retraités sont recyclés dans une fabrique à la frontière polonaise et le gouvernement continue de dire que finalement, tout va bien en Allemagne. Vendredi 3 mai, la CDU a publié un tract sur sa page facebook et affirme que le chômage est en-dessous des 3 millions de demandeurs d’emploi. C’était sans compter avec la liberté du Net, où les internautes sont venus publier leur dégoût et insultes sous la publication. On pouvait notamment y lire : « A nouveau la si chère propagande d’État ! Voulez-vous continuer ainsi jusqu’à la victoire finale de cet État central européen ? ; Cher CDU, êtes-vous tous aveugles dans votre parti ou prenez-vous des drogues ? ; Les fonctionnaires ont réussi à retirer les chômeurs des statistiques ; Celui qui y croit est lui-même responsable. C’est pas possible, si ça continue je vais dans la rue ! ; Qu’est-ce qui se passe donc dans le pays ? Pas un responsable politique pour dire quelque chose ? ; La manière dont le peuple souffre, personne ne veut le voir ! »

    Mère courage. L’action politique de Inge Hannemann est devenue une affaire d’État. Trois avocats et des communicants se chargent de la conseiller. Son objectif est la fin de Hartz IV, un programme mis en place par les socialistes allemands qui appauvrit le pays, disloque les familles et fait régner la peur dans la société. « La Arbeitsagentur produit de la pauvreté et viole les droits fondamentaux. Plusieurs paragraphes de la loi fondamentale sont violés. Je vois la misère, les actes de répression et une grande division de la société se produire ». Par amour pour son peuple, Inge Hannemann ne peut pas accepter de voir plusieurs millions d’Allemands vivre ainsi. Elle sait la nécessité pour son pays d’avoir des enfants. Avec cette politique menée par Berlin, l’avenir du pays est menacé. Trop de parents avec leurs enfants sont déjà menacés de glisser dans la case « esclave ». Inge Hannemann dénonce le travail par intérim car il est financé par le gouvernement. « Les sociétés d’intérim reçoivent durant trois mois de l’argent de la Arbeitsagentur. Le salarié, lui, ne touche pas cet argent. Les gens sont donc embauchés pour trois mois et sont ensuite virés car la boîte d’intérim embauche des nouveaux chômeurs pour toucher les primes. La ministre du travail, Ursula von der Leyen, est assez incompétente. Je dénonce les chiffres sur le chômage annoncés par le gouvernement. Nos médias parlent de trois millions alors que nous avons huit millions de chômeurs en Allemagne ! ».

    Et de mentionner l’exemple suivant : « Un jour j’ai eu dans mon bureau un chômeur très malade. Il ne pouvait pas bien entendre et marcher. Il respirait à l’aide d’une machine. Les médecins du Pôle emploi ont déclaré qu’il pouvait travailler tout en restant sur un lit ! ».

    Volonté de la faire taire. Son employeur a tenté à plusieurs reprises de l’envoyer passer une expertise psychologique puis psychiatrique à l’occasion d’un burn-out. Inge Hanneman a refusé de se soumettre car « je sens qu’avec leurs expertises, ils pourraient me déclarer malade mentalement ». Depuis 4 semaines, son ordinateur et son téléphone ne marchent plus correctement. « Mes communications téléphoniques sont subitement interrompues quand je parle aux journalistes. Pendant des heures, je ne peux plus téléphoner. Les mails n’arrivent plus correctement. Ceux qui veulent me contacter reçoivent un message comme quoi mon compte mail est fermé ».

    Avertir la France. Inge Hannemann veut venir en France pour rencontrer ses collègues du Pôle emploi et le syndicat SNU-FSU.« En France, ils ont déjà instauré le système du Hartz IV. Depuis 2005, le Pôle emploi peut sanctionner les chômeurs qui refusent de prendre un emploi proposé par le Pôle emploi ».Le Hartz IV a été instauré par Schröder, du SPD. Il ressemble au système du RSA mais en plus strict, pénalise les chômeurs et permet aux agents du Pôle emploi de décider de la vie des personnes à la recherche d’un emploi. En plus de donner un travail obligatoire aux demandeurs d’emploi, les services du Pôle emploi ont une fonction de police et effectuent des contrôles dans les appartements des chômeurs et en particulier ceux de la catégorie Hartz IV. En outre, ils dénoncent les familles au Jugendamt. « Ils vont sonner chez les gens sans prévenir. Ils mettent un pied à travers la porte et rentrent. Puis ils regardent partout, dans les tiroirs et même dans le linge et dans les sous-vêtements. Tout est passé au crible. Il faut avertir les Français ! ». Elle veut aussi aller aux Pays-Bas pour avertir et dénoncer un système de camp de travail où les droits fondamentaux n’existent plus.

    Olivier Renault - La Voix de la Russie

    Source : http://french.ruvr.ru/2013_05_13/Reforme-du-travail-outre-Rhin-Elle-met-en-garde-la-France/


    http://french.ruvr.ru/2013_05_13/Reforme-du-travail-outre-Rhin-Elle-me...
    http://french.ruvr.ru/2013_05_13/Reforme-du-travail-outre-Rhin-Elle-met-en-garde-la-France/
    http://www.legrandsoir.info/reforme-du-travail-outre-rhin-elle-met-en-garde-la-france.html

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  • HOLLANDE CHOISIT LA FINANCE NOUS ON CHOISIT LES LUTTES

    Rien de bon pour le monde du travail n’est sorti de cette deuxième conférence de presse du président de la République.

    Plus de deux heures à magnifier le capital, le marché, la compétitivité, la finance, l’austérité.

    Un président content de lui et comme la célèbre chanson de Ray Ventura : « tout va très bien madame la marquise » . Hollande se satisfait ainsi de sa politique alors que le chômage bat des records, que le pays est en récession, que le pouvoir d’achat est à la baisse.

    Ce président est manifestement sur une autre longueur d’onde, celle des entreprises du CAC 40 qui se portent de mieux en mieux depuis son arrivée au pouvoir.

    Il est aussi ravi d’être au diapason des stratégies libérales qui déferlent en ce moment et il est fier qu’enfin la gauche (la sienne) sait aussi tenir les dépenses comme l’a défini l’économie libérale par les cures d’austérité pour payer les frasques financières.

    Le coût du travail est devenu ainsi le levier essentiel de la politique de ce gouvernement.

    Ce coût est qualifié de responsable de manque de compétitivité alors qu’en Allemagne l’abaissement des droits sociaux n’a pas non plus les vertus de redressement puisque ce pays est entré lui aussi en récession.

    L’austérité est bien la cause de la récession. Hollande le nie et compte poursuivre son chemin vers l’impasse.

    L’idée que le coût du capital est la résultante principale de la crise est donc niée.

    Le coût du capital n’étant pour lui que la juste répartition d’une richesse créée par les actionnaires et les travailleurs ne sont que la variable d’ajustement comme le préconise d’ailleurs l’accord national Ani sur le sécurisation de l’emploi qui sonne faux d’ailleurs puisque cet accord prévoit la précarité et la flexibilité du salaire et de l’emploi.

    Hollande, tout compte fait, applique pleinement une politique libérale et son projet de gouvernement économique au niveau de l’Europe, projet de Merkel et de Sarkozy, ne vise qu’à mettre au pas toutes les économies nationales européennes pour la finance internationale.

    Donc inutile de se faire des illusions, la politique de Hollande est tournée depuis son élection sur les désidératas du marché libre et non faussé.

    Pour meilleure preuve, s’il en faut encore une, c’est sa décision d’allonger l’âge de la retraite à partir de cette vieille ritournelle des assureurs : « puisque que vous vivez plus longtemps, il faut que vous travaillez plus longtemps pour obtenir vos droits à la retraite selon les principes des actuaires.

    La retraite à 60 ans, a, pour lui, fait son temps et il faut la retarder le plus tard possible et l’amener comme les autres pays européens vers les 70 ans. A cet âge, évidemment, le futur retraité verra la meilleure partie de la retraite en bonne santé lui échapper.

    La deuxième raison de ne pas se faire des illusions c’est le rejet de l’amnistie syndicale sous le prétexte fallacieux de ne pas encourager les violences comme celles des voyous du Parc des Princes : affreux parallélisme d’accoler les sanctions de travailleurs en lutte sous Sarkozy avec les crapules et les maffieux de la bourgeoisie.

    Oui, l’espérance ne peut résider à attendre des jours meilleurs d’un redressement de la croissance qui se ferait que par le moins disant social.

    IL nous faut refuser, rassembler, construire face à ce déni d’une fausse gauche.

    Les luttes doivent être notre boussole.

    Nous devons être avec ceux qui souffrent actuellement de cette politique qui détruit les liens sociaux et rend le peuple appauvri.

    Il s’agit de prendre tous les problèmes de la vie, d’être avec ceux qui en sont les victimes, de les rassembler dans les luttes, de créer les conditions alors pour une autre politique.

    Il faudra aller au-devant des travailleurs, de les aider à trouver le chemin de la lutte et du rassemblement sur des prépositions concrètes pour améliorer leur situation.

    L’entreprise est un enjeu de classe. Hollande y veut faire passer sa stratégie du renoncement et de l’acceptation des sacrifices pour le capital, il faudra que ce lieu où se fabrique les richesses soit le lieu de grandes luttes non pas pour atténuer les souffrances mais pour proposer l’avenir.

    Le syndicalisme CGT peut en créer les conditions d’une unité d’action à la base de tous les salariés pour non seulement s’opposer à la précarité des salaires et des emplois mais pour améliorer la vie de chacun et chacune.

    Hier, des caissières disaient leur désarroi dans un hyper marché parce que leur travail de caissières allait se modifier, l’emploi à contrat indéterminé ferait place à celui de la précarité par l’arrivée d’intérimaires selon les besoins.

    Ces femmes percevaient très bien, que dans cette hyper-marché, ces emplois de caissières allaient devenir petit à petit des emplois précarisés.

    J’ai engagé la discussion avec elles, je leur ai parlé du syndicat pour les défendre, pour agir, pour faire grève contre ces mesures, je ne sais pas si elles iront jusqu’ là, mais j’ai senti de leur part une écoute qui démontre que notre syndicalisme CGT peut et doit être à l’écoute mais aussi que le moment est venu de le proposer partout pour contrecarrer les destructions sociales en cours, mais pas seulement, car il faut passer à la l’attaque et cette attaque c’est le salaire, le prix de la force de travail et donc l’emploi qualifié.

    En Allemagne les métallos viennent de gagner une importante bataille des salaires, à Lille les salariés des transports publics viennent d’obtenir eux aussi d’importante revalorisations.

    Alors, allons-y, mettons en porte-à faux la politique de Hollande par une montée inexorable de la bataille pour les salaires, la protection sociale, les conditions de travail et d’emploi, la formation professionnelle et sa reconnaissance dans les qualifications etc.

    L’antidote à l’austérité de Hollande, ce sont les luttes.

    Bernard LAMIRAND


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  • Monde Diplomatique

    Monde Diplo 02


    MANIÈRE DE VOIR 15 Dans l'engrenage libéral

    Lisbonne Quel avenir pour l'euro

     

     

    Présenté lors de son lancement, en 1999, comme l'outil indispensable à l'achèvement de l'espace commercial européen, l'euro fait aujourd'hui figure d'accusé.

     

    En imposant une politique monétaire unique, il favoriserait la récession en privant les Etats des moyens de s'adapter aux chocs conjoncturels.

    Diplo 09

    Un autre euro est-il possible ?

     

    Par Laurent L. Jacque *

     

    * Professeur à la Fletcher School, Tufts University (Medford, Massachusetts), au Groupe HEC (Jouy-en-Josas), et auteur de Global Derivative Debacles : From Themy to Malpractice, World Scientific, Singapour, 2010.

     

    LA TOURMENTE financière qui ravage l'économie internationale va-t-elle remettre en cause la pérennité de l'euro? Ses avocats sont assurés du contraire. En quatorze ans, argumentent-ils, la zone euro est devenue un havre de paix et de stabilité qui offre une monnaie forte, sinon stable, à la deuxième zone économique mondiale. Le 1er janvier 2011, l'Estonie est d'ailleurs devenue le dix-septième pays à y adhérer. En outre, le Dane­mark, la Lettonie et la Lituanie participent au mécanisme de change euro­péen II (MCE II), ce qui signifie que la couronne danoise, le lats letton et le litas lituanien sont liés à l'euro.

     

    Farouchement indépendante des pouvoirs politiques, la Banque centrale européenne (BCE) a su — ajoutent les partisans de la monnaie unique — maîtriser la croissance de la masse monétaire en ramenant l'inflation à environ 2 %; les taux d'intérêt réels sont au plus bas

     

    Diplo 06

    Padoue

    Quel avenir pour l'euro?

     

    Depuis les années 1960. En éliminant les risques de change (1) et les coûts de transaction, l'abrogation des devises nationales aurait galvanisé le commerce et l'investissement dans la zone euro, lesquels contribuent massivement à la formation de son produit national brut (PNB).

     

    Dix ans après son lancement, la devise européenne atteignait, en 2008, un taux de change record contre le dollar, alors que la chute préci­pitée de la livre sterling et la banqueroute de l'Islande confortaient ses pays membres. Enfin, la zone euro se présenterait comme une solution de rechange à la toute-puissante zone dollar : l'euro «fort» constitue plus du quart des réserves des banques centrales, et il s'affirme comme la devise de choix pour libeller les titres obligataires internationaux. Comme le résumait avec enthousiasme le président de la BCE de l'époque, M. Jean-Claude Trichet, « nous contribuons chaque jour à créer un niveau de prospérité toujours plus élevé et jouons ainsi un rôle important dans l'unification de l'Europe (2) ».

     

    Ce tableau tout en lumières ferait presque oublier les nombreux facteurs qui l'assombrissent. La zone euro a connu une première décennie plutôt laborieuse, marquée par une croissance anémiée, un taux de chômage élevé, alors même que le déficit budgétaire de plusieurs de ses économies a souvent dépassé le plafond de 3% du PNB fixé par le pacte de stabilité et de croissance et le pacte budgétaire (3). Le contraste est saisissant avec le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark, qui ont partagé des taux de chômage plus faibles, des taux de croissance plus élevés et des déficits limités (voire des excédents).

     

    A ce jour, la monnaie unique n'a guère enrayé le malaise économique européen, dû principalement à des problèmes structurels contre lesquels elle n'a jamais prétendu constituer une panacée. Néanmoins, les espoirs d'accélération de l'activité et de réduction du chômage ne se sont guère réalisés, et l'on ne peut manquer de s'interroger : l'euro a-t-il été, en partie, responsable des difficultés économiques de la décennie écoulée, et sortira-t-il intact d'une crise sauvage?

     

    En 1999, le lancement de la monnaie unique reposait sur une volonté politique et non sur la théorie économique de la zone monétaire optimale (ZMO). Selon cette théorie, un groupe de pays ou de régions peut consti­tuer une ZMO lorsque ses économies sont fortement imbriquées tant au regard des échanges de biens et de services que de la mobilité des facteurs de production (travail et capital). Les Etats-Unis représentent l'exemple le plus abouti d'une ZMO. Qu'en est-il de l'Union européenne? Les échanges commerciaux qui s'y déroulent représentent environ 15% du PNB de la zone euro, ce qui est très faible comparé à ce qui se passe outre-Atlantique. Si la mobilité du capital au sein de la zone euro s'est beau­coup accrue, la mobilité du travail reste très limitée par rapport aux Etats-Unis (sans compter qu'elle reste faible même à l'intérieur des Etats).

     

    La flexibilité des salaires et la mobilité de la main-d’œuvre, seules variables d'ajustement.

     

    IGNORANT ces questions essentielles, le traité de Maastricht a créé une politique monétaire unique gérée par la BCE, privant chaque pays de deux (de ses trois) outils de gestion économique : une politique moné­taire nationale indépendante et la flexibilité du prix de sa devise. Le troisième outil, la politique budgétaire, qui reste une compétence natio­nale, se voit quant à lui contraint par le pacte de stabilité et le pacte budgétaire entré en vigueur le 9 janvier 2013. Ces textes fixent le déficit maximal de chaque pays membre à 3 % de son PNB. En outre, la dette nationale est limitée en principe à 60% du PNB avec de notables entorses en pratique, telles celles de l'Italie et de la Grèce, où elle pu atteindre respectivement 104 % et 95 % de celui-ci au cours des années 2000. En raison de ces différences entre les Etats membres, l'autonomie de leurs politiques économiques devient une question grave, notamment si l'un d'entre eux subit un choc particulier qui n'affecte pas le reste de la zone euro.

     

    Diplo 07

    Lisbonne

     

    Si celle-ci était effectivement une ZMO, le pays en difficulté s'ajus­terait via la mobilité de sa main-d’œuvre avec le reste de la zone euro, la flexibilité des salaires et des prix et/ou un transfert budgétaire de rééquilibrage depuis Bruxelles vers le membre sinistré. Aucune de ces trois conditions n'était remplie à la création de l'euro, et peu de réformes structurelles destinées à «assouplir» le marché de l'emploi ont été mises en oeuvre depuis afin de créer une ZMO. La troisième condition — la plus simple à remplir — rend nécessaire une certaine dose de fédéralisme fiscal et l'existence d'un pouvoir économique centralisé qui contrebalance­rait l'indépendance de la BCE. Ces objectifs demeurent bien lointains car ils remettent en cause la souveraineté de chaque Etat. En fait, l'Union — qui ne dispose que de ressources limitées (un budget plafonné à 1,27% de son PNB, mais qui stagne autour de 1 % en pour 2014) — ne peut procéder à des transferts budgétaires pour amortir les chocs affectant les économies nationales.

     

    Cela contraste fortement avec la situation des Etats-Unis, où 60 % des dépenses publiques sont réalisées au niveau fédéral et où la mobi­lité du travail et la flexibilité des salaires sont bien supérieures aux normes européennes. Même l'Allemagne unifiée — qui en 1991 fusionna le mark de l'Est avec celui de l'Ouest — n'a pas réussi à créer une ZMO pour cette devise : malgré un transfert massif de 200 milliards d'euros depuis 1991, le taux de chômage dans la partie orientale demeure nettement supérieur au reste du pays en 2013.

     

    Dans sa première décennie, l'euro a dû affronter au moins deux chocs dits « asymétriques » car ils ne touchent pas les membres de la même manière : d'abord le dollar « cher » ou surévalué de 1999 à 2002, puis, plus récemment, l'envolée du prix du pétrole de 2005 à 2008. Dans le premier cas, les Etats très orientés vers le commerce international (plutôt que vers les autres pays de la zone euro) ont souffert d'une infla­tion importée (coût élevé des importations en raison de la cherté du dollar) beaucoup plus forte que les pays dont les échanges sont princi­palement tournés vers la zone euro. Ainsi, sur la période 1999-2002, l'Irlande a vu son taux d'inflation atteindre 4,1 % tandis que celui de l'Allemagne, plus axée sur le commerce intra-européen qu'international, restait à 1,2 %.

     

    De même, le quadruplement du prix du baril à la fin des années 2000 n'a pas atteint la croissance et l'inflation des pays de manière homo­thétique : la France par exemple — de par son choix du nucléaire — ne dépend qu'à 35 % du pétrole pour ses approvisionnements énergétiques, contrairement à la Grèce, à l'Espagne et à l'Italie, où ce pourcentage excède les 55 %.

     

    Erosion inexorable du pouvoir d'achat par rapport à l'Allemagne.

     

    MALHEUREUSEMENT, les différentiels d'inflation conduisent à des disparités de pouvoir d'achat de l'euro et de compétitivité entre les Etats membres. Dans le cadre d'un système de devises «nationales », cet effet serait aisément corrigé par une appréciation ou une dépréciation «compétitive» de la monnaie. Ceci n'est plus possible, la monnaie unique paralysant l'outil des taux de change tout en annulant l'indépendance des politiques monétaires nationales.

     

    En raison de cette impossibilité de corriger les écarts inflationnistes, le pouvoir d'achat de l'euro dans plusieurs pays s'érode par rapport à la moyenne de la zone et par rapport à l'Allemagne. Par exemple, entre janvier 1999 et septembre 2008, sur la base de coûts salariaux différents, l'euro en Italie s'est surévalué d'environ 40 % par rapport à l'euro en Allemagne, et l'Espagne et la Grèce ne se trouvent pas loin derrière.

     

    Corriger ces écarts cumulatifs constitue une tâche difficile car une baisse des rémunérations paraît politiquement explosive. Seuls des gains de productivité peuvent renverser la tendance ; l'Allemagne et les Pays-Bas y ont bien réussi. Il n'est donc pas étonnant que de nombreuses entre­prises aient choisi de résoudre leur «problème» en délocalisant (ou en menaçant de le faire) leurs activités vers les pays d'Europe centrale et orientale.

     

    Enfin, compliquant encore la donne, l'éclatement des calendriers électoraux (présidentiels, législatifs et municipaux) dans l'Union exacerbe l'asynchronisme des cycles économiques nationaux dans la mesure où les élections sont généralement précédées d'une politique budgétaire expansionniste.

     

    ALORS QUE le monde s'enfonce dans une crise profonde, endi­guer la forte hausse du taux de chômage — qui dépasse 11 % à la fin de 2012 — passera inévitablement par des déficits fiscaux massifs qui perce­ront des brèches difficiles à colmater dans le pacte de stabilité et remet­tront en cause la stabilité de la monnaie unique : les plans de relance font sauter les plafonds du déficit à 3 % et de la dette à 60% du PNB. Ils vont remettre en cause l'indépendance de la BCE. Mais, pour certaines économies déjà fortement fragilisées par les divergences inflationnistes, cela ne sera guère suffisant, et il deviendra très tentant de suivre l'exemple de la dévaluation brutale de la livre sterling en 2010. Alors l'Espagne, la Grèce, l'Italie et le Portugal (dont les taux de chômage ont souvent dépassé les 10 % au cours des dix dernières années) ne pourront accepter de rester éternellement « sous-compétitifs » du fait de la surévaluation de «leur euro ».

     

    Aussi «traumatisant» qu'il soit de restaurer sa monnaie nationale, certains pays pourraient décider d'abandonner l'euro pour recouvrer leur compétitivité économique. Au fond, ce scénario n'est guère qu'un retour aux grandes crises de change des époques révolues de Bretton Woods entre 1944 et 1971 et du système monétaire européen entre 1979 et 1999 (4) : il est peu probable à court terme — ne serait-ce que parce que la dette nationale libellée en euro deviendrait très chère à financer dans une devise nouvellement restaurée et dévaluée pour un pays qui vien­drait de quitter la zone. Néanmoins, toute détérioration du climat social déjà fragile (comme l'illustre la violence des manifestations populaires en Grèce), exacerbée par une accélération brutale du chômage, pourrait, dans certains pays, accroître la tentation de cette solution extrême.

     

    Laurent L. Jacque

     

    (1) Risques liés à la variation du taux de change des devises. Avant l'unification moné­taire, des investisseurs spéculaient régulièrement sur le franc français, la lire italienne ou la livre sterling. En septembre 1992, M. George Soros avait, par exemple, amassé des plus-values considérables en pariant à la baisse sur la livre au moment où le Royaume-Uni s'enfonçait dans la crise économique.

     

    (2) Entretien accordé à Die Zeit, Hambourg, 23 juillet 2007.

     

    (3) Le pacte de stabilité et de croissance reprend les critères de convergence fixés par le traité de Maastricht; il maintient notamment l'objectif de la réduction des déficits publics engagé en vue de l'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM). Le pacte budgétaire, entré en vigueur en janvier 2013, maintient ces chiffres.

     

    (4) Le système monétaire européen, créé en 1979, visait à stabiliser le cours des devises européennes. Celles-ci étaient arrimées à une unité de compte (l'écu) dont la valeur était calculée sur la base d'un panier de monnaies des pays membres.

     

    Diplo 08

    Valence (Espagne)

     



     

     

    « Ici, il vous faut faire vos preuves »

     

    Sous couvert d'anonymat, deux députés européens témoignent.

     

    ICI, vous êtes un député parmi beaucoup d'autres, vous n'êtes pas un ancien premier ministre de la France. Ici, il vous faut faire vos preuves... On a ainsi vu des personnalités qui, comme n'importe quel autre élu, n'ont eu droit qu'à deux minutes de temps de parole et puis après on leur a coupé le micro !

     

    Ça fait un drôle d'effet au début mais il faut bien s'y faire. Comme on dit, il faut faire son trou. (..) Par exemple, en juillet 2004, Jean-Marie Cavada, 64 ans, vient tout juste d'être élu député européen. Il arrive à Bruxelles. Il comprend alors, face aux services de sécurité du Parlement incapables même d'épeler son nom, que celui qui fut un puissant président de Radio France doit tout recommencer de zéro. (..)

     

    EN DÉFINITIVE, il est dans la nature du projet européen que les gens qui obtiennent des positions élevées soient en quelque sorte aspirés par l'ambiance et adoptent des positions différentes des citoyens lambda, conformes à ce que requièrent les institutions. Nous voyons ainsi de nouveaux élus arriver avec un état d'esprit plus sceptique que la moyenne de leurs collègues. Mais s'ils n'ont pas de convictions fermes, ils peuvent se laisser impressionner par les bâtiments, la perspective et le pouvoir de l'argent. Ils peuvent se laisser aspirer. Je l'ai vu.

     

    Source : Julien Navarro, «Les députés européens et leur rôle. Analyse sociologique de la représentation parlementaire dans l'Union européenne », thèse de doctorat en science politique, Institut d'études politiques de Bordeaux, 2007.


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  • Des grévistes de PSA Aulnay manifestent à la Gare du nord

    Social-Eco - le 17 Mai 2013

    Fin de grève à PSA Aulnay: la CGT fière de la lutte menée

    "Cette longue grève est une véritable fierté pour les centaines de salariés qui y ont participé. C'est la fierté d'avoir mené un combat juste et légitime" estime la CGT de PSA Aulnay ce vendredi après l'annonce de la signature d'un accord entre le syndicat et la direction du site pour mettre fin à la grève de quatre mois.

    "Depuis 4 mois, les salariés ont montré qu'il est possible de relever la tête et de se battre collectivement de ne pas se faire écraser, même s'ils n'ont pas réussi à faire reculer PSA sur la fermeture de l'usine ou à obtenir un CDI pour tous et une pré-retraite dès 55 ans. Il aurait fallu pour cela une lutte qui se généralise", relève Jean-Pierre Mercier dans un communiqué.

    Grève juste

    Le délégué syndical de PSA Aulnay pointe aussi les succès de cette lutte. "C'est le combat pour l'emploi et pour protéger les conditions d'existence face à une direction qui licencie dans le seul but d'augmenter les profits. Le soutien extraordinaire de dizaines de milliers de travailleurs est la preuve la plus éclatante que cette grève était juste et que nombre de militants et de travailleurs s'y reconnaissaient."

    Dans les faits aussi, cette grève s'achève sur des avancées pour les personnels en lutte qui ont démarré le mouvement le 16 janvier dernier à l'appel de la CGT, suivie par la CFDT et Sud, qui a depuis quitté le mouvement:

    • Toutes les procédures disciplinaires et judiciaires engagées par la direction contre des grévistes sont abandonnées, selon la CGT.
    • Le syndicat accepte de renoncer à ses recours en justice contre le plan de restructuration
    • quatre salariés licenciés -certains pour leur comportement violent durant la grève- bénéficieront des mesures de reclassement externe prévues par le plan social. Tout comme quelque 130 grévistes pour lesquels "une indemnité forfaitaire supplémentaire" est prévue s'ils quittent l'usine avant le 31 mai.
    • environ 70 autres grévistes devraient recevoir des garanties écrites sur une mutation en interne, selon Philippe Julien, secrétaire général de l'usine cité par l'AFP.

    Au travail dès mardi

    Au vu de cet accord, "les salariés de PSA Aulnay (...) ont voté en assemblée générale la suspension de la grève", indique la CGT. Le travail doit reprendre dès mardi matin, a indiqué Philippe Julien. "Mais de 7 heures à 9 heures, on va manifester dans l'usine", a-t-il expliqué, affirmant qu'il y avait eu "une résistance globale de l'usine et des salariés au plan social, bien au-delà des grévistes", ces quatre derniers mois.

    A PSA Aulnay, «on termine debout, la tête haute»

    17 mai 2013 à 14:05 (Mis à jour: 14:26)
    Jean-Pierre Mercier, délégué CGT. le 14 février à Paris.
    Jean-Pierre Mercier, délégué CGT. le 14 février à Paris. (Photo Loic Venance. AFP)
     

    Interview Pour Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT, la grève prend fin après quatre mois de lutte, mais le combat continue. La caisse de solidarité a récolté 900 000 euros, signe d'un «énorme soutien populaire».

    Par CHRISTIAN LOSSON

    Jean-Pierre Mercier est le délégué syndical CGT du site PSA Aulnay. Il revient, pour Libération, sur la «suspension» de la grève, après quatre mois de lutte, décidée ce mardi. La direction de PSA et la CGT ont en effet signé vendredi un accord mettant un terme au conflit, émaillé d'incidents, qui avait démarré mi-janvier. Le travail doit reprendre dès mardi matin.

    «On était 600 grévistes au début du combat, on a quand terminé à plus de 200, avec un fort soutien des non-grévistes», dit-il. «Ce conflit ne concernait plus que 130 grévistes sur 2 500 salariés», assure de son côté la direction.

    Avez-vous le sentiment d’abdiquer la mort dans l’âme ou d’en sortir vainqueur, par le haut ?

    Ni l’un ni l’autre. On a la conviction d’être fiers d’avoir mené quatre mois de lutte face une direction dont l’actionnaire principal, la famille Peugeot, est l’une des familles les plus puissantes et les plus riches de France. On n’a pas eu la force nécessaire pour mettre Peugeot à genoux, mais on l’a mis en échec pendant quatre mois et on termine debout, la tête haute. Les seuls combats que l’on ne gagne pas sont ceux que l’on ne mène pas.

    Quelles concessions avez-vous obtenu de la direction ?

    Pas mal de choses. Pour les salariés concernés par le plan social, on a obtenu un rallongement de la prime de licenciement supra-légale de 6 à 12 mois, une prime de mutation de 5 000 euros non imposables, un départ anticipé pour les travailleurs âgés passé de 30 à 36 mois. Pour les grévistes, on s’est battu et on arraché la réintégration de 4 salariés scandaleusement licenciés; l’annulation des procédures de licenciement et des poursuites pénales et disciplinaires. On a obtenu des garanties écrites pour les mutations et une indemnité forfaitaire pour ceux qui souhaiteraient quitter l’entreprise avant le 31 mai.

    Qu’est ce qui vous a manqué comme soutien interne ou externe ?

    Que la grève ne s’élargisse pas à l’ensemble du groupe et de la filière automobile. Faire reculer Peugeot sur une fermeture d’usine était très difficile, même si vital. Cette fermeture reste injustifiable et le combat ne s’arrête pas; on reste encore plus regonflés après avoir appris à se battre pendant 4 mois, ce qui est rare et énorme. On a eu un soutien populaire large auprès du monde du travail. La caisse de grève a récolté près de 900 000 euros ! Ce qui a permis que la grève tienne et d’amortir les pertes financières. On a gagné le paiement des journées de chômage, des congés payés, la prime de 13e mois.

    Vous avez pourtant multiplié les actions au delà du site pour tenter de polléniser la lutte...

    On a saisi toute les occasions : on a été accueilli chaleureusement par les Renault Flins, les sous-traitants Geodis ou Faurecia. On a sensibilisé les automobilistes dans des barrières de péages. On a fait plusieurs actions en direction du pouvoir politique, notamment au PS, pour dénoncer sa complicité active : depuis le début de la grève, le gouvernement a tenté de mettre des batons dans les roues de notre mobilisation. Il a tenté de casser la dynamique en convoquant des militants dans des commissariats. On a été traités comme des délinquants alors que notre combat est le combat contre le chômage et pour l’emploi...

    C’est la fin d’un chapitre ou de l’histoire dans la lutte à Aulnay?

    La fin d’une étape. On est allé au plus loin pour arracher le maximum à la direction, même si on n’a pas pu faire reculer PSA sur la fermeture de l’usine ou obtenir un CDI pour tous et une pré-retraite à 55 ans. Le protocole de fin de grève signé avec la direction ne règle aucun problème sur l’emploi et les indemnités financières. Le combat continue et la direction le sait bien : en 4 mois, elle a perdu 40 000 véhicules et elle sait qu’on restera mobilisés. 

    http://www.liberation.fr/economie/2013/05/17/a-psa-aulnay-on-termine-debout-la-tete-haute_903688


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  • « Je veux rentrer chez moi à Cuba »

    José FORT
     

    Gilberto Martinez, 50 ans, vient d’être expulsé de son logement avec femme et enfants à Valencia en Espagne. Un cas parmi des dizaines de milliers d’autres dans ce pays où la gestion de la crise par un pouvoir de droite corrompu se traduit par le démantèlement des services publics, une misère galopante et une violente colère populaire. Rien d’extraordinaire le sort de M. Martinez, sauf qu’il s’agit d’un « dissident » cubain ayant choisi la « liberté » il y a quelques années après un accord entre l’Eglise cubaine et le gouvernement socialiste de M. Zapatero et qu’il demande « une seule chose : rentrer chez moi à Cuba ».

    M. Martinez n’hésite pas en rajouter : « On nous a menti, dit-il. Si on m’avait dit ce qui se passe en Espagne, je serais resté dans mon pays ». Pour M. Martinez, les photos dans la presse avec les dirigeants socialistes du PSOE et de la droite du PP relèvent de l’histoire ancienne ; les allocations s’élevant à environ 1000 euros par mois ont été annulées ; les articles à la gloire du « courage » de M. Martinez font place à des critiques englobant tous les « dissidents » sous les étiquettes de « profiteurs », de « faignants », de « marginaux » et aux réflexions du genre « tout ce qu’on nous disait sur le communisme était mensonge, mais le pire c’est que tout ce qu’on nous a raconté sur le capitalisme est vrai ».

    M. Martinez n’est pas un cas isolé. La plupart des « dissidents » cubains – à l’exception des reconvertis dans les bandes criminelles - résidant en Espagne vivent aujourd’hui dans le dénuement et ne bénéficient plus de l’intérêt des politiques et des médias. Plusieurs d’entre eux ont approché l’ambassade cubaine à Madrid pour évoquer un possible retour. On leur prête même l’intention de créer une « coordination ».

    Au même moment, plusieurs « dissidents » cubains de haut vol font le tour du monde avec passage obligé à Miami, célèbre station balnéaire spécialisée dans les résidences dorées pour anciens dictateurs latino-américains à la retraite et repère de la mafia cubano-américaine. C’est dans cette ville que la chef des « Dames en blanc », un groupe financé directement par le gouvernement des Etats-Unis, demande publiquement le maintien du blocus pour « asphyxier » les Castro. La bloggeuse sponsorisée par le journal « El Pais » et quelques officines US, Yoani Sanchez, véritable femme d’affaires aux comptes en banques bien remplis, à Barcelone notamment, saute d’un avion à un autre, mène grand train de vie et se croit obligé d’affirmer qu’elle n’est pas membre de la CIA tandis qu’un certain Guillermo Farias va recevoir un prix au Parlement européen. Les trois précités n’ont pas de souci à se faire : l’intendance est assurée. En revanche, en Espagne, M. Martinez n’a plus rien à attendre de ses anciens protecteurs. Il a servi avant d’être jeté comme un kleenex usagé.

    Les candidats cubains à l’exil avaient à chaque étape de la révolution des raisons diverses pour quitter leur pays : politiques, économiques…Les difficultés de la vie quotidienne, les illusions sur le mirage doré du capitalisme ont entraîné de nombreux départs. Durant ces longues années, les gouvernants des Etats-Unis ont maintenu le blocus, adopté des lois scélérates contre tous ceux qui à travers le monde souhaitaient commercer avec la Grande Ile, protégé les terroristes coupables d’attentats sur le sol cubain, financé et dirigé les fameux « dissidents ». Pour quel résultat ? La révolution cubaine reste debout. Des jeunes dirigeants progressivement accèdent aux plus hautes fonctions. Sur l’ensemble du continent latino-américain, Cuba bénéficie d’une reconnaissance populaire affectueuse et solidaire.

    En Espagne, M. Martinez, cubain « dissident » n’a plus un sou, plus de logement, plus d’école pour les enfants, plus de couverture sociale. Rien. Nada. « On ne m’avait pas dit cela », répète-t-il.

    José Fort

    URL de cet article 20622
    http://www.legrandsoir.info/je-veux-rentrer-chez-moi-a-cuba.html

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  • Politique - le 16 Mai 2013

    Amnistie sociale: les députés PS jettent aux oubliettes "cette loi de justice"

    Le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, qui détient la majorité absolue à lui seul, a voté ce jeudi le renvoi en commission de la proposition de loi "d’amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux et d'activités syndicales". Une décision fermement condamnée par les parlementaires Front de gauche qui craignent un « subterfuge » visant à enterrer définitivement le texte.

    La proposition de loi du Front de gauche avait pourtant été adoptée par le Sénat le 27 février dernier. Le texte prévoit une amnistie pour les syndicalistes et les travailleurs condamnés pour certains délits lors de mouvements sociaux. Mais le gouvernement a cédé  face aux attaques de la droite et du patronat et a finalement annoncé le 24 avril qu'il s'opposerait à ce texte, que la commission des Lois de l'Assemblée a ensuite rejeté.
    Ce rejet ne faisait toutefois pas l'unanimité au sein du groupe PS de l'Assemblée, dont au moins un tiers des élus se disaient prêts à voter le texte. Le Front de gauche mais aussi le groupe écologiste, favorables au texte, ont voté contre ce renvoi.

    • André Chassaigne, président du groupe Front de gauche, a à nouveau vivement défendu le texte devant les parlementaires:
      « Cette loi défendue par les parlementaires du Front de gauche vise à rendre justice à ceux et celles qui ont décidé d’agir pour sauver leurs emplois et leurs entreprises. Elle vise à faire un geste en direction des salariés en lutte. Elle vise à donner raison aux militants et militantes qui ont agi pour le droit au logement et pour la dignité de tous les salariés. C’est la raison pour laquelle de nombreux militants, syndicalistes, associatifs, ainsi que de simples citoyennes et citoyens sont en ce moment même mobilisés devant notre Assemblée pour appeler à l’adoption de cette proposition de loi. […]
      La gauche ne peut pas et ne doit pas abandonner ceux et celles qui se sont battus face au MEDEF et à la droite, et qui agissent aujourd’hui pour le bien commun et la relance économique de la France. C’est pour faire entendre ce message que nous appelons le Gouvernement et les différents groupes de la gauche à soutenir cette loi de justice. » L'intégralité de l'intervention d'André Chassaigne.

    Jean-Luc Mélenchon a assisté au débat dans les tribunes de l'hémicycle avant de participer à la manifestation devant le Parlement où plusieurs centaines de syndicalistes CGT et FSU, protestaient contre ce renvoi.  Pour lui, cette décision des députés socialistes est une "trahison" parce qu'elle revient à renvoyer l'amnistie "aux oubliettes".

    Ce renvoi signifie que la commission des Lois devra retravailler le texte. Le groupe Front de gauche ne pourra pas le réinscrire à l'ordre du jour avant octobre prochain.

    Amnistie sociale. « Subterfuge » et « trahison »

    L’Assemblée nationale a repoussé aux calendes grecques l’amnistie sociale. Le renvoi en commission a toutes les chances d’être un enterrement de cette proposition de loi portée par le Front de gauche, et votée au Sénat le 27 février.

      Comme on pouvait le craindre, les socialistes se sont opposés ce matin à la proposition de loi sur l’amnistie sociale. La motion de renvoi déposée par leur président de groupe, Bruno Le Roux (PS) a recueilli 95 voix pour contre 17 (voir le détail du scrutin ici). Les députés de l’UMP avaient annoncé qu’ils ne participeraient pas au scrutin en signe de désaccord.

    La socialiste Marie-Anne Chapdelaine, qui exposait cette motion de renvoi en commission, a souligné le besoin d’avoir « le temps d’un réexamen technique du texte », mais assuré que « le renvoi en commission n’est pas un rejet des causes sociales » des faits visés. Elle a insisté sur le souci de « commettre plutôt un excès de prudence que de précipitation » pour ne pas laisser « supposer que nous serions les apôtres de l’impunité ». Des propos bien hypocrites puisqu’en commission, le 24 avril, au lieu de faire la moindre proposition d’amendement et d’amélioration du texte, elle l’avait tout bonnement rejeté, comme ses collègues UDI et UMP ainsi que les députés Gilbert Collard (FN) et Jacques Bompard (extrême droite).

    Les syndicalistes qui manifestaient, relativement nombreux, près de l’Assemblée à midi, comme les militants et élus du Front de gauche, ne s’y laissent pas prendre. Pour eux, il s’agit au mieux d’un « subterfuge », et plus vraisemblablement d’une « trahison », comme le dit Jean-Luc Mélenchon.

    Marc Dolez, député du Nord (Front de gauche) et rapporteur de la proposition de loi, interrogé sur le lieu de ce rassemblement, après le vote, craint une « manœuvre dilatoire ».
    Selon lui le renvoi en commission a trois effets :

    Marc Dolez craint une "manoeuvre dilatoire"
    • « Cela évite un vote sur l’ensemble du texte avec le risque de donner à voir les dissensions qui existent au sein de la majorité socialiste. »
    • « Cela évite de renvoyer le texte au Sénat et donc cela bloque la navette. »
    • « Ça risque d’être un enterrement de première classe si le texte n’est pas réinscrit rapidement à l’ordre du jour de la Commission et de l’Assemblée nationale. »

    S’il fallait attendre que le groupe GDR utilise à nouveau sa « niche parlementaire » pour que le texte soit de nouveau inscrit à l’ordre du jour, cela ne pourrait pas se faire avant... 2014, explique-t-il.

    La plus grande inquiétude sur le devenir du texte tient aussi à la position du président de la Commission des lois, le socialiste Jean-Jacques Urvoas. Hostile à toute amnistie, il a très clairement dit qu’il ne souhaitait pas retravailler le texte en commission et a d’ailleurs voté contre la motion de renvoi de son parti.

    Marc Dolez : on ne va pas tarder à être fixé sur le devenir du texte.

    Une position qui fait dire à Marc Dolez qu’on ne tardera pas à savoir si le texte est enterré, comme le pensent les députés du Front de gauche.

    Amnistie sociale : union sacrée PS-UDI-UMP-FN

    Le PS veut renvoyer la proposition de loi d’amnistie sociale en commission. Lors de son passage devant celle-ci, le 24 avril, députés PS, UDI, UMP, FN et extrême droite, s’étaient entendus pour la rejeter. Avec les mêmes arguments. Résumé en vidéo.

     L’Assemblée nationale examine, ce matin dès 9h30, la proposition de loi portant amnistie des faits commis à l’occasion de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives (texte ici). Le débat risque de tourner court.

    Les députés socialistes, divisés sur la question depuis que le gouvernement a fait part de son opposition, ont décidé, mardi matin, en réunion de groupe de demander un renvoi en commission de ce texte pourtant adopté par le Sénat.

    Afin de tenter de justifier ce renvoi, Thierry Mandon, l’un des porte-parole du groupe PS, a expliqué sur LCP que le texte sur l’amnistie sociale n’était « ni fait, ni à faire ». Outre que l’appréciation a dû aller droit au cœur des sénateurs socialistes qui ont beaucoup amendé le texte initial pour accepter de le voter, le 27 février, cette appréciation n’est guère plus flatteuse pour la Commission des lois de l’Assemblée qui a examiné le texte le 24 avril, quelques minutes après qu’Alain Vidalies, ministre des Relations avec le parlement , ait rendu public le veto du gouvernement.

    Ce jour-là, ladite commission a expédié la proposition de loi du Front de gauche en 1h20 chrono. Seuls le socialiste Patrick Menucci, le député EELV Sergio Coronado et les rapporteur, le député du Nord (FdG) Marc Dolez y étaient favorable. Leurs collègues PS, UMP, UDI, FN et Extrême droite ont fait front commun contre cette amnistie. Avec des arguments assez similaires (voir la vidéo).

    A la vu des arguments échangés, le 24 avril, dans cette commission, comment imaginer qu’un renvoi en commission soit autre chose qu’un enterrement de première classe ?

    Surtout quand le président de ladite commission, Jean-Jacques Urvoas, ne cache pas son « hostilité au principe de l’amnistie » (Ici).

    Reste une question : combien de députés socialistes s’affranchiront ce matin de la position de leur groupe et refuseront de capituler devant le Medef ?

    « Un peu de courage, mesdames et messieurs les députés socialistes, leurs ont lancé Sandrine Bélier, Sergio Coronado, Elen Debost, Eva Joly, Noël Mamère, Jean-Vincent Placé et Lucile Schmid, tous élus EELV, dans une ultime tribune, réagissez et choisissez l’amnistie, votez pour une société de solidarité et de générosité, osez ! »

    http://www.politis.fr/Amnistie-sociale-Subterfuge-et,22187.html


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  • Politique - le 16 Mai 2013

    Edito: François Hollande lance l'an II du renoncement

    Particulièrement significative, cette phrase prononcée hier à l’Élysée, allusion aux quatre millions d’électeurs du Front de gauche qui au second tour, le 6 mai 2012, apportèrent un soutien décisif à l’actuel président: «La gauche de la gauche ne fait pas partie de la majorité.» Par Jean-Paul Piérot.

    Que retenir d’une conférence de presse présidentielle qui était annoncée comme un grand moment de « pédagogie » et d’explication face à une opinion publique pour le moins désemparée, voire déprimée par cette première année du quinquennat de François Hollande? Pour des millions de Français, notamment dans les couches populaires qui avaient été sensibles au slogan «le changement, c’est maintenant», le sentiment amer d’avoir été trompés n’a malheureusement pas été dissipé par les réponses du chef de l’État à des journalistes soigneusement triés par le service de presse de l’Élysée. Alors que l’austérité produit en France les mêmes effets calamiteux que dans les autres pays de l’Union européenne, alors que le chômage étend ses ravages dans une société qui compte une dizaine de millions de pauvres, nous n’avons rien appris que nous ne redoutions déjà: le dossier de l’allongement de l’âge de départ à la retraite, amorcé sous Sarkozy, va être remis en chantier avant la fin du printemps. En d’autres termes, l’été risque d’être meurtrier.

    C’est peu dire que le peuple de gauche avait rêvé un autre avenir en chassant du pouvoir la bande du Fouquet’s. Sans doute avait-il accordé quelque crédit à la déclaration du candidat Hollande fustigeant en pleine campagne son «véritable adversaire, qui n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, (…) le monde de la finance». Particulièrement significative, cette phrase prononcée hier à l’Élysée, allusion aux quatre millions d’électeurs du Front de gauche qui au second tour, le 6 mai 2012, apportèrent un soutien décisif à l’actuel président: «La gauche de la gauche ne fait pas partie de la majorité.» Il était d’ailleurs tout aussi significatif que le même jour à l’Assemblée nationale le gouvernement organise l’enterrement de la proposition de loi d’amnistie sociale.

    Il n’était pas dû au hasard que François Hollande ait ouvert sa conférence de presse en évoquant sa rencontre de la veille avec la Commission européenne. Le chef de l’État avait présenté à Bruxelles sa politique censée renforcer la compétitivité des entreprises et la réforme du marché du travail, marquée du sceau de la flexisécurité. Il a préconisé une sorte de fuite en avant fédéraliste européenne et est même allé jusqu’à affirmer que l’Europe avait sauvé la Grèce… S’agissant de la France, les deux ans de répit accordés par les commissaires pour attendre les 3 % de déficit public seront utilisés pour mener les réformes de structure, l’allongement de l’âge de départ à la retraite, notamment. Ce droit à la retraite que le président de la République considère comme un fardeau.

    Offensive, référence à l’an II, le chef de l’État n’a pas eu de mots assez forts pour peindre en rose une politique de renoncement qui, mutatis mutandis, s’inscrit dans une certaine continuité avec la précédente. Le pouvoir d’achat, qui a reculé cette année, l’emploi détruit au rythme des plans de restructuration sont laissés à la discrétion des directions d’entreprise aux pouvoirs renforcés. Droits des salariés, législation contre les licenciements boursiers, le renforcement du droit du travail ne figurait pas à l’ordre du jour du discours présidentiel. Quant à la gauche, elle semblait avoir déserté l’Élysée hier soir. Puisse l’an II de la mobilisation populaire bouleverser la donne.

    • A lire aussi:

    François Hollande: "il faudra encore être patient"

    Amnistie sociale: Hollande n'en veut pas, mais parle de cas par cas

    Jean-Paul Piérot

    A l’offensive... Mais contre son camp

    François Hollande se dit de nouveau « socialiste » mais l’essentiel de ses annonces sont en rupture avec les fondamentaux de la gauche.

    « Je suis socialiste. » De toutes les annonces faites par François Hollande lors de sa conférence de presse, cette réponse du président de la République à une question, qui lui demandait s’il était social-démocrate, fait figure de scoop. A double titre.

    D’abord parce que l’affirmation, un peu bravache (« Est-ce que ce serait mieux social-démocrate ? »), contredit d’abord l’aveu qu’il avait fait à David Pujadas, le 28 mars, sur France 2. Le chef de l’Etat avait alors déclaré « maintenant je ne suis plus un président socialiste », suscitant le trouble dans les rangs du PS. D’où sans doute le souci de rassurer ses troupes, juste avant une rencontre avec les parlementaires socialistes, pour la première fois depuis son élection.

    Ensuite parce que l’on cherche en vain dans les politiques annoncées ce qui le rattache encore à cette tradition politique. Que ce soit dans l’exposé de ses initiatives pour « sortir l’Europe de sa langueur » ou dans la feuille de route qu’il a tracée en politique intérieure, le parti-pris est clairement libéral. Et si, lors de sa première conférence de presse en novembre, le chef de l’Etat, avait définit sa politique comme un « socialisme de l’offre », aujourd’hui il ne reste plus de cet oxymore qu’une politique de l’offre très classique. Et nettement affirmée.

    Tout au long de cette conférence de presse de près de 2h40, François Hollande s’est méthodiquement appliqué à briser les fondamentaux de la gauche.

    Sur l’Europe, le chef de l’Etat avoue ne plus avoir l’ambition de changer le statut de la BCE : « Même si j’en avais la volonté (sic), ce ne serait pas possible », dit-il, rompant avec tous les textes du PS qui réclament ce changement de statut depuis une décennie. S’il évoque encore l’harmonisation fiscale, à laquelle devrait œuvrer le gouvernement de la zone euro qu’il propose d’installer, reprenant en cela une demande d’Angela Merkel, c’est pour palier à des distorsions de concurrence et de compétitivité.

    Quand, pour balayer les accusations d’indécision, il revendique d’avoir pris « des décisions », les exemples qu’ils citent sont emblématiques d’un ralliement à l’idéologie néolibérale. Il se félicite d’avoir pris le rapport Gallois sur la compétitivité « en totalité ». Et d’avoir réussi « la réforme du marché du travail, qu’on disait impossible » (comprendre : que Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à faire).

    Sur la réduction des dépenses publiques, François Hollande se vante également de faire mieux que Nicolas Sarkozy : «   Quand je regarde ce qu’a été la dépense publique de l’Etat en 2012, elle a été légèrement inférieure à celle qui a été prévue. En 2013, elle sera stable et en 2014, elle reculera de un milliard et demi. Et on viendrait nous dire que l’on n’a pas fait d’économies !  » Et veut tordre le cou à l’idée que la gauche serait synonyme de plus d’impôts.

    S’agissant des retraites, François Hollande met également ses pas dans ceux de son prédécesseur en reprenant le refrain qu’affectionnait ce dernier : « Des lors que l’espérance de vie augmente, on devra travailler aussi un peu plus longtemps. »

    Les annonces économiques vont dans le même sens :

    • L’élargissement des emplois d’avenir au secteur privé (surtout dans le tourisme et les services à la personne), constitue un nouveau cadeau fait aux entreprises, après les 20 milliards de crédit d’impôt sans contrepartie et quelques autres.
    • L’annonce d’une réforme des plus-values de cession mobilière, en présage un autre.
    • La « simplification administrative » est synonyme d’une moindre régulation.
    • La « cession de participations publiques dans des entreprises » traduit un désengagement de l’Etat.
    • L’appel à des « fonds d’investissements », « parfois même de l’étranger », pour contribuer au grand plan d’investissement sur dix ans, ne peut qu’accroître notre dépendance à la finance.

    Partisan affirmé du « consensus », François Hollande nous a gratifié d’une confidence révélatrice : « Chaque fois qu’il y a une bonne proposition venant du camp d’en face, je demande au gouvernement de s’en emparer. »

    On avait bien remarqué que ce n’est pas dans sa majorité (celle qui lui a permis d’être élu), ni même auprès des formations alliées au PS dans le gouvernement, que François Hollande puise son inspiration. Cela allait sans doute mieux en le disant.

    http://www.politis.fr/A-l-offensive-Mais-contre-son-camp,22191.html


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  • Derrière la réforme des retraites, la capitalisation

    http://mediavox.blob.core.windows.net/mediavox-wp/2013/05/130515-edito-retraite.jpgBlocage du dépôt de carburant de Grigny (Essonne) lors de la grève de 2010 contre la réforme des retraites. Crédit photo : Nathanaël Uhl.

     

    16Mai 2013 

     

    On y est. Le Parti socialiste, qui défilait tous drapeaux dehors contre la réforme menée par l’UMP en 2010, se lance dans sa propre révision du système des retraites. Les discussions ont commencé lundi, le MEDEF a donné le ton en revendiquant un recul de l’âge de départ à 65 ans et un nouvel allongement de la durée de cotisation à 43 annuités. Preuve s’il en est de l’échec des réformes de 2003 et de 2010.

     

    Mais au fond, de quoi parlons-nous ? La retraite ce n’est que du salaire différé, tout comme la Sécurité sociale ou l’assurance chômage. Durant notre activité salariée, nous abondons, via les cotisations sociales versées par l’employeur mais surtout par l’employé, un système solidaire de protection collective. Précisons que les actifs cotisent pour les inactifs actuels ; sachant que l’actif d’aujourd’hui est l’inactif de demain. Cela s’appelle la solidarité intergénérationnelle, c’est un élément de base du contrat social républicain.


    La caisse qui collecte les cotisations spécifiques liées au financement de la retraite est en déficit de 20 milliards d’euros environ. Une situation qui a un lien extrêmement direct avec le taux de chômage et les bas salaires. Les cotisations sont acquittées par les actifs qui versent un pourcentage de leur salaire.

    Dans ces conditions, chacun peut mesurer que l’allongement de la durée de cotisation n’aura que peu d’impact sur le niveau de cotisation et, par là, sur le financement des retraites. Ce constat empirique a d’ailleurs amené le gouvernement Fillon à faire une 2e réforme des retraites après celle menée par Raffarin en 2003. Imaginons que ce qui a échoué entre 2003 et 2013 fonctionne, mais ne nous leurrons pas.


    Car il y a une autre donnée ! Ce pourrait être une bonne idée de reculer l’âge de départ à la retraite si, et seulement si, les seniors restent en poste. Hors, la réalité est cruelle. A l’échelle européenne, la France se place en queue du peloton avec un taux d’emploi des 55-64 ans de 39,7 % quand la moyenne de l’Union européenne à 27 est de 46,3 %. En Allemagne, ce taux atteint 57,7 %, il atteint 70,5 % en Suède ! Etonnement ( !), c’est passé la cinquantaine qu’un salarié touche son salaire au niveau le plus élevé… Donc, qu’il cotise le plus aux caisses de retraite y compris complémentaires.

     

    http://www.politique-actu.com/files/9864-bankster-3,bWF4LTQyMHgw.jpg


    Ce court état des lieux permet d’affirmer que les solutions esquissées par le gouvernement actuel, dans la même philosophie que les précédents, n’auront pas plus d’effet que les deux réformes récentes. Mais ce n’est pas leur but. Le vrai objectif reste la libéralisation du « marché » de la protection sociale, en premier lieu celui des retraites. C’est que la France est en « retard » en matière de retraite par capitalisation (c’est-à-dire basée sur des placements en bourse, les fameux fonds de pension).


    Pour contraindre gentiment les Français à recourir à la capitalisation, quoi de mieux que de réduire le montant des pensions et de rendre inaccessible la retraite à taux plein ? Ils choisiront alors d’eux-mêmes de se livrer pieds et poings liés aux fonds de placement.

     

    Nathanaël Uhl

     

    http://www.mediavox.fr/20130516-derriere-la-reforme-des-retraites-la-capitalisation

     

    http://img.over-blog.com/500x340/1/54/51/29/images-r-pertoire-2/retraite.jpghttp://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


     


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  • redwedgermtLe syndicat des cheminots britanniques pour la rupture avec l'Union européenne

     

    Introduction/Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    La colère monte en Grande-Bretagne face à la politique menée par l'UE du capital, payée d'abord par la classe ouvrière et les couches populaires. Mais la bourgeoisie britannique tente de canaliser la colère populaire vers les impasses politiques de la « droite euro-sceptique ».

     

    Les médias britanniques mettent en avant la droite conservatrice traditionnelle, membres du Parti conservateur ou dirigeants du parti d'extrême-droite « UKIP », relayant avant tout la position de la bourgeoisie financière de la City, partagée entre ligne pro-européenne et ligne euro-critique.

     

    Le Syndicat des cheminots britanniques (RMT), connu pour ses positions critiques envers l'Union européenne du capital et syndicat de masse et de classe, a appelé à ne pas laisser ce thème à l'extrême-droite et à lui donner un contenu de classe.

     

    bob-crow.jpgVoici le contenu de la déclaration du secrétaire-général du RMT Bob Crow :

     

    « La position du syndicat RMT est claire, non seulement il doit y avoir pour nous un référendum sur la sortie de l'Union européenne mais nous appelons sans équivoque à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE.

     

    Dans toute l'Europe, et en particulier en Espagne et en Grèce qui sont dans l’œil du cyclone, c'est la classe ouvrière qui souffre le plus. Du démantèlement de la démocratie, d'une UE et d'une banque centrale qui exigent des coupes dans les emplois, les salaires et les retraites ainsi que la privatisation intégrale du patrimoine public.

     

    Le RMT ne restera pas les bras croisés et ne permettra pas que le débat reste dominé par l'UKIP et la droite du Parti conservateur. Des ministres comme Michael Gove soulèvent désormais la question du retrait par pur opportunisme politique. Ils se fichent éperdument du taux de chômage des jeunes en Europe, la seule préoccupation des ces euro-sceptiques du lendemain, c'est de sauver leur carrière politique et leur peau.

     

    Le RMT continuera la campagne pour un retrait de l'UE, sur des positions de gauche, de classe, qui mettent les emplois, les conditions de vie, la démocratie au premier plan. La vérité, c'est que vous ne pouvez pas être pro-UE et anti-austérité lorsque toute la structure du projet européen est dominée par les intérêts des banquiers et du grand capital, les forces motrices derrière les mesures d'austérité imposées dans tout le continent. »


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  • Emplois

    La France mobilisée à Cluny

     
    le 16/05/2013 à 05:00 | Fanny Dutel-Pillon 
    1.  Une halte à la mairie pour entendre les discours du maire de Cluny et du député Thomas Thévenoud.   2. C’est une manifestation qui a rassemblé la Saône-et-Loire mais également bien au-delà, avec des délégations de la Loire, de l’Aube, du Nord… Photos F. D.-P.

     Une halte à la mairie pour entendre les discours du maire de Cluny et du député Thomas Thévenoud.


    C’est une manifestation qui a rassemblé la Saône-et-Loire mais également bien au-delà, avec des délégations de la Loire, de l’Aube, du Nord… Photos F. D.-P.

    La CGT départementale et la fédération nationale de la construction, du bois et de l’ameublement appelaient à une « mobilisation générale ». Les salariés ont répondu présents.

    C’est l’image de l’industrie en général ». La situation de l’entreprise Oxxo, de Cluny, est selon Régis Kopec, délégué syndical, symptomatique de toute une filière. C’est pourquoi la CGT départementale a organisé, mercredi, une manifestation partie de l’usine clunisoise, en lien avec la fédération nationale de la construction, du bois et de l’ameublement. « C’est toute l’interpro de Saône-et-Loire mais aussi les fédérations de France qui se sont mobilisées. » Car en effet, dans le tout de même enjoué – malgré la pluie et malgré l’enjeu – cortège, l’Aube, le Nord, la Loire étaient notamment représentés.

    « Du changement maintenant ! »

    Sans oublier les salariés du département qui, comme Oxxo, sont touchés par la crise : Lucy, Schneider Electric, Val D’Aucy… En tout, les organisateurs estiment que 800 à 1 000 personnes ont arpenté les rues de Cluny, 600 selon la police. Des rues où les commerçants avaient tenu à montrer leur soutien en fermant boutique et affichant une pancarte dans leur vitrine. La mobilisation était sans conteste importante face « aux difficultés financières, mais aussi aux licenciements non justifiés » dont sont victimes les salariés, explique Christophe Bride, secrétaire général de l’union départementale CGT. À mi-parcours, le maire Jean-Luc Delpeuch, accompagné de ses conseillers, des élus de la communauté de communes du Clunisois, du conseiller général Jean-Luc Fonteray et du député Thomas Thévenoud, a tenu à saluer « la volonté d’interpellation des pouvoirs publics » des manifestants, « déterminés à prendre leur sort en main. C’est ensemble que nous pouvons conjuguer nos forces pour s’en sortir ». Plus localement, Thomas Thévenoud a précisé qu’une nouvelle réunion se tenait aujourd’hui pour continuer à étudier le projet de Scop mené par des salariés d’Oxxo. « Un projet crédible pour lequel il faut chercher des sources de financement. » Évoquant la banque publique d’investissement, notamment. Des paroles entendues par la CGT, qui reste tout de même prudente. « Écoutez bien le message des salariés présents aujourd’hui pour vous demander de fermer votre oreille droite et d’ouvrir plus grand votre oreille gauche, celle du changement ! Mais du changement maintenant ! », a en effet lancé Christophe Bride aux élus, au retour à l’usine. Le message est clair.

    http://www.lejsl.com


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