• 21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

     

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    Les ouvriers en soierie de Lyon se soulèvent en novembre 1831 en prenant pour devise « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ». La révolte des canuts est devenue légendaire dans le monde entier, un des premiers mouvements de la classe ouvrière, une référence pour Marx, Jean Jaurès... même s’il y eut de nombreuses rebeynes ou révoltes avant elle à Lyon. Et quelques unes après, dont celle que nous avons vécu avec les jeunes des quartiers en novembre 2005.

    Ce nouvel épisode, jour par jour, de « l’Almanach de Myrelingue » peut nous aider à pren­dre de la graine ; même si chaque fois, la situa­tion est dif­fé­rente, il n’est jamais inu­tile de connaî­tre ce qui s’est passé.

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    La fabrique lyonnaise

    À cette époque, le tex­tile était la prin­ci­pale indus­trie fran­çaise et la fabri­que lyon­naise de soie­rie fai­sait vivre la moitié des habi­tants de la deuxième ville du royaume avec plus de 30 000 métiers à tisser, ainsi que d’autres ouvriers aux alen­tours de Lyon. Ces tis­seurs lyon­nais, ou canuts, étaient des maî­tres-ouvriers qui pos­sé­daient à domi­cile leurs bis­tan­cla­ques (sou­vent 2 métiers à tisser, par­fois plus) et tra­vaillaient chez eux au sein de la famille, avec des com­pa­gons qu’ils logeaient et nour­ris­saient. On employait, dans les temps de vaches mai­gres, sur­tout des femmes, moins bien sala­riées, et des appren­tis ou gar­çons de course, qu’on appelle à Lyon des brasse-roquets, encore moins bien payés et les ensou­ples où s’enrou­laient le tissu étaient très lour­des à char­rier. Même si l’ins­tal­la­tion de métiers Jacquard avaient fait dis­pa­raî­tre les tireurs de lacs, la soie­rie, ce n’était pas que le tis­sage avec gareurs, sati­nai­res, lan­ceurs, bat­tan­diers..., c’était aussi met­teurs en carte, liseurs de des­sins, magna­na­rel­les, mon­teurs, bro­cheurs, plieurs, mou­li­neurs, our­dis­seu­ses, ova­lis­tes, remet­teu­ses, tor­deu­ses, dévi­deu­ses, pas­se­men­tiè­res, guim­piè­res, taf­fe­ta­quiè­res, tein­tu­riers, finis­seu­ses...

    Et face à eux, les patrons que l’on appelle à Lyon les fabri­cants de soie­rie, ou soyeux, mais qui ne fabri­quent rien. Ce sont en fait des négo­ciants, qui avan­cent le capi­tal en se pro­cu­rant la matière pre­mière et se conten­tent de passer des ordres aux canuts.

    En dehors de tous ces ate­liers situés dans les appar­te­ments des pentes et à la Croix-Rousse, mais aussi à St Georges, à Bourgneuf (Pierre scize), à la Guillotière et Vaise, une seule ten­ta­tive de concen­tra­tion indus­trielle exis­tait à St Rambert l’ile Barbe, devenu le quar­tier nord de Lyon. Là, l’usine de soie­rie de la Sauvagère, aujourd’hui lycée pro­fes­sion­nel, y employait 600 ouvriers, dont beau­coup se sont joints aux insur­gés de la Croix-Rousse.

    La situation de misère et d’oppression

    Tout ce monde ouvrier était à la merci de la mono-indus­trie du tis­sage qui fluc­tuait selon le marché de la soie, et à la merci des soyeux qui leur pas­saient com­mande et s’en met­taient plein les poches. Les canuts tra­vaillaient de 15 à 18 heures par jour (10 heures pour les enfants de 6 à 10 ans) pour des salai­res de misère. Ils s’entas­saient dans des appar­te­ments-ate­liers mal­sains. Les métiers Jacquard exi­geaient des hau­teurs de pla­fond beau­coup plus impor­tan­tes qu’aupa­ra­vant, mais le plus sou­vent l’espace sup­plé­men­taire était comblé par une sou­pente (mez­za­nine) où logeaient les famil­les tandis que les com­pa­gnons, les appren­tis dor­maient sou­vent dans des pla­cards.

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    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

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    Certes, une soli­da­rité unis­sait les canuts qui avaient mis en place, sous l’impul­sion de Pierre Charnier et d’autres mili­tants de l’époque, le mou­ve­ment mutuel­leiste. L’idée des mutuel­les était de pré­voir les pério­des de morte pour rému­né­rer les sans-tra­vail par les res­sour­ces des coti­sa­tions. Il était même envi­sagé de fonder une coo­pé­ra­tive de pro­duc­tion qui aurait permis de se passer des fabri­cants de soie­rie, qui eux vivaient dans l’opu­lence... Mais on n’en était pas encore là.

    La révolte couve

    Dès jan­vier 1831, une cer­taine agi­ta­tion se mani­feste. Des ras­sem­ble­ments se for­ment en dif­fé­rents points de le ville pour deman­der du tra­vail et du pain. En avril-juin 1831 les idées saint-simo­nien­nes et fou­rie­ris­tes se répan­dent évoquant l’oppres­sion des riches, les méfaits d’une concur­rence exa­cer­bée, l’injus­tice sociale. Peu à peu, se per­çoit une cons­cience de classe. La crise sour­noise, dont on annon­çait sans cesse la fin pro­chaine, se pro­longe et les fabri­cants de soie­rie se mon­trent de plus en plus intrai­ta­bles vis à vis des prix de façon. Des pros­pec­tus cir­cu­lent et le jour­nal l’Écho de la Fabrique va bien­tôt sortir.

    Le géné­ral Roguet, com­man­dant la divi­sion mili­taire de la région lyon­naise, s’inquiète et contacte les Prud’hommes sur l’uti­lité d’un tarif mini­mum. L’adjoint Terme, qui rem­place le maire absent, réunit le 12 octo­bre des repré­sen­tants des deux par­ties, mais les soyeux se déro­bent. Le 18 octo­bre, c’est au tour du préfet Bouvier-Dumolard de s’inquié­ter. Alors 8000 canuts élisent des « com­mis­sai­res » qui for­ment une com­mis­sion qui deman­dent un tarif et remet­tent une adresse au préfet : « Le moment est venu où, cédant à l’impé­rieuse néces­sité, la classe ouvrière doit et veut cher­cher un terme à sa misère » .

    Une nou­velle réu­nion avec délé­gués des canuts et des soyeux est convo­quée par le préfet le 25 octo­bre. Mais en même temps 6 000 canuts, chefs d’ate­liers et com­pa­gnons, venus de tous les fau­bourgs, se ras­sem­blent et défi­lent, dis­ci­pli­nés, en silence, dans les rues de Lyon jusque devant le préfet, place des Jacobins, et à Bellecour. Un tarif élaboré en commun est signé qui devait entré en vigueur le 1er novem­bre. Et c’est l’occa­sion de fêter ça en remer­ciant le préfet en cette soirée du 25 octo­bre. Cette orga­ni­sa­tion sans faille semble le fait d’une étroite col­la­bo­ra­tion entre les volon­tai­res du Rhône, répu­bli­cains, et les mutuel­lis­tes.

    Mais la plu­part des fabri­cants refu­sent pour­tant d’appli­quer le tarif et en appel­lent même au gou­ver­ne­ment qui désa­voue l’atti­tude du préfet. Un soyeux a mis le feu aux pou­dres en met­tant un révol­ver sur la tempe d’un canut en lui disant « voilà notre tarif ! ».

    Se voyant trom­pés, exas­pé­rés par l’intran­si­geance des fabri­cants, les canuts per­dent patience et veu­lent s’en pren­dre à la rue des Capucins, le quar­tier des soyeux. On parle de tric, de se mettre en grève géné­rale. Ils atten­dent jusqu’au 20 novem­bre, jour où ils appren­nent que de nom­breu­ses com­man­des sont atten­dues. Ils déci­dent de ne pas repren­dre le tra­vail et d’aller de nou­veau mani­fes­ter en masse devant la pré­fec­ture (place des Jacobins). La situa­tion est explo­sive car ce même 20 novem­bre une revue avec le géné­ral Ordonneau de la garde natio­nale des quar­tiers de la presqu’île, où domi­nent les fabri­cants, a lieu place Bellecour, c’est-à-dire tout près des Jacobins.

    Le 21 novembre 1831

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canutsDès le lever du jour, une agi­ta­tion fébrile gagne toute la popu­la­tion de la Croix-Rousse. La plu­part des métiers sont arrê­tés. Plus d’un mil­liers d’ouvriers se ras­sem­blent sur le pla­teau de la Croix-Rousse, enten­dant faire res­pec­ter l’exé­cu­tion des nou­veaux tarifs. Dix mille atten­dent sur la place Bellecour. Et ils sont des cen­tai­nes à la Guillotière. Des cor­tè­ges se for­ment, se gon­flent d’heure en heure, les tam­bours bat­tent le rappel. Les Canuts s’élancent avec leurs poings nus, ava­lant les pentes en contrai­gnant les auto­ri­tés pré­sen­tes à la retraite anti­ci­pée.

    Visiblement, la garde natio­nale de la Croix-Rousse, où domi­nent les canuts, n’a pas l’inten­tion de s’oppo­ser à l’action des ouvriers. Des escar­mou­ches se pro­dui­sent en divers points du pla­teau et notam­ment en haut de la Grand’côte, rue Bodin, mais les ouvriers res­tent maî­tres de la situa­tion en cons­trui­sant de nom­breu­ses bar­ri­ca­des.

    Le maire par inté­rim ordonne à Ordonneau d’inter­ve­nir. Les canuts émeutiers déci­dent de former un cor­tège et d’aller défi­ler dans Lyon. C’est là qu’un dra­peau noir flotte sur lequel cer­tains ont vu écrit cette célè­bre devise « Vivre en tra­vaillant ou Mourir en com­bat­tant » . Ils se heur­tent à un pelo­ton au bas de la Grand’côte (la rue des Capucins est le sec­teur des soyeux). Des coups de feu éclatent et des hommes tom­bent. Les mani­fes­tants ripos­tent avec le peu d’armes dont ils dis­po­sent, essen­tiel­le­ment quel­ques gour­dins et des pelles et remon­tent sur le pla­teau.

    De chaque fenê­tre les ména­gè­res crient « Aux armes, aux armes, les auto­ri­tés veu­lent assas­si­ner nos frères. » De chaque maison sor­tent des com­bat­tants armés de pelles, de pio­ches, de bâtons et des étais de leurs métiers à tisser en hur­lant : « Du pain ou du plomb ! »

    Ceux qui n’ont pas d’armes trans­por­tent des pavés aux étages supé­rieurs des mai­sons ou sur les toits dont ils arra­chent les tuiles. Des bar­ri­ca­des avec des char­ret­tes s’élèvent rapi­de­ment aux quatre coins de le Presqu’île, des bateaux sont ren­ver­sés sur les quais for­mant autant de bar­ra­ges de dis­tance en dis­tance.

    Des canuts désar­ment la garde natio­nale de la Croix-Rousse et bat­tent le tocsin pour un appel aux armes géné­ra­lisé. Ils cons­trui­sent de nou­vel­les bar­ri­ca­des avec l’aide de femmes et d’enfants. La bataille devient achar­née.

    C’est l’affo­le­ment géné­ral à l’Hôtel de ville et à la pré­fec­ture. Le géné­ral Roguet s’efforce de faire démo­lir quel­ques bar­ri­ca­des. Le préfet, qui invite les « hon­nê­tes gens » à ne pas se mêler au mou­ve­ment des « mau­vais sujets », décide d’aller en bataillon avec le géné­ral Ordonneau. Indignation et colère des canuts qui s’esti­ment trahis ; le préfet et Ordonneau sont pris en otages


    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    C’est tout le peuple de Lyon qui se révolte le 22 novembre 1831

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    Dans la nuit du 21 au 22 novem­bre 1831, vers minuit, une bonne cen­taine d’ouvriers de la Guillotière et des Brotteaux déci­dent d’aller ren­for­cer ceux de la Croix-Rousse. Ils se glis­sent sur une digue située en aval du pont de la Guillotière, évitant ainsi le poste de garde natio­nale placé à la tête du pont. Ils vont jusqu’au confluent et tra­ver­sent la Saône au pont de la Mulatière, contour­nent la presqu’île et gra­vis­sent la montée de Choulans. Arrivés à Saint-Just, pré­ve­nus, des ouvriers de Saint-Just, de Saint-Georges, du Gourguillon, vien­nent gros­sir le groupe et pour­sui­vent par Trion et Champvert pour des­cen­dre à Vaise, où d’autres encore les rejoi­gnent quand ils sont arrê­tés par la garde natio­nale.

    Les canuts rebrous­sent chemin et tra­ver­sent les terres au bas du cha­teau de la Duchère pour arri­ver au pont de Rochecardon. Une com­pa­gnie de la garde natio­nale de Saint-Didier-au-mont-d’Or bivoua­que là. « Qui vivent ? » s’écrient les gardes natio­naux. « Ouvriers » répon­dent d’une voix forte les pre­miers de la bande aux gardes qui livrent le pas­sage. Cette troupe gagne Saint-Rambert, où des ouvriers de la manu­fac­ture de la Sauvagère la rejoi­gnent. Elle repasse ensuite la Saône sur le pont de l’Ile Barbe et par la montée de Cuire, grimpe à la Croix-Rousse. Ils sont main­te­nant 350 quand ils débou­chent sur la place de la Croix-Rousse.

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La venue de ces hommes dont beau­coup avaient dû faire un détour d’une bonne ving­taine de kilo­mè­tres, relève le moral des cou­ra­geux habi­tants de la Croix-Rousse qui les appel­laient de tous leurs voeux. D’autres ouvriers arri­vent de Collonges, de St Cyr et on en attend de Tarare, de Thizy, de Vienne et Saint-Étienne...

    Pour les émeutiers qui ont veillé fiè­vreu­se­ment dans la nuit et le froid, voilà une rasade de fra­ter­nité qui brûle les veines, chasse l’angoisse et balaie le décou­ra­ge­ment. Ce ren­fort spon­tané marque le sommet de la révolte des canuts, et la grande soli­da­rité des tra­vailleurs lyon­nais cons­ti­tue la pre­mière et éblouissante illus­tra­tion d’un combat pour la jus­tice.

    Après qu’il ait promis d’agir en vue d’un cessez-le-feu, les insur­gés relâ­chent le préfet puis le géné­ral Ordonneau plus tard dans la nuit.

    Vers 5 heures du matin en ce mardi 22 novem­bre, les hos­ti­li­tés repren­nent. Les ouvriers ont for­ti­fié leurs posi­tions et ils résis­tent vic­to­rieu­se­ment aux assauts des trou­pes de lignards. Solidement ins­tal­lés der­rière leurs bar­ri­ca­des, embus­qués aux fenê­tres de hautes mai­sons des pentes, ils infli­gent des pertes ter­ri­bles à leurs adver­sai­res dont le moral flé­chit d’heure en heure.

    Dans la mati­née, de nou­veaux foyers d’insur­rec­tion se créent en dif­fé­rents points de Lyon. Les ouvriers de Saint-Just désar­ment le poste de la bar­rière, et contrô­lent le télé­gra­phe, pri­vant ainsi le gou­ver­ne­ment d’infor­ma­tions pré­ci­ses en pro­ve­nance de Lyon. D’autres ouvriers de la rive gauche du Rhône et de la rive droite de la Saône se sont enga­gés dans la révolte et un feu nourri acca­ble les mili­tai­res ins­tal­lés sur les quais de la presqu’île.

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    Barricade
    Place des Bernardines - 22 novembre 1831

    Des ouvriers de toutes pro­fes­sions, de tous les quar­tiers de la ville se sou­lè­vent à leur tour. L’insur­rec­tion devient géné­rale. Le tocsin sonne à St Paul, mais aussi à St Pothin. Les masses s’ébranlent. Les rues, les places, les quais se héris­sent de bar­ri­ca­des. On atta­que les corps de garde occu­pés par la garde natio­nale ou par l’armée, ainsi que les pavillons de l’octroi. Plusieurs devien­nent la proie des flam­mes. Ce n’est plus une émeute, c’est une révo­lu­tion.

    Vers onze heures et demi, sur la place des Célestins, se forme un ras­sem­ble­ment de quinze à vingt jeunes gens, en partie des enfants, sans sou­liers et armés seu­le­ment d’une ou deux haches et d’un ou deux fusils. Ce sont pour la plu­part des décrot­teurs qui se tien­nent d’ordi­naire à la porte du théâ­tre. L’un d’eux tient une épée sans poi­gnée pro­ve­nant du pillage d’une armu­re­rie pas­sage de l’Argue. Ils vont d’armu­re­rie en armu­re­rie et se cons­ti­tuent ainsi une quin­caille­rie.

    L’hôtel de la mon­naie, rue de la Charité, est pris, avec l’aide des modè­res, cro­che­teurs et autres mari­niers, mais aucun sou n’est dérob

    é alors que le direc­teur leur dit qu’il s’y trouve quinze cent mille francs en or.

    A partir de midi et demi, les ponts du Rhône et de la Saône tom­bent sous la pres­sion des insur­gés. Des bar­ri­ca­des jalon­nent toute la ville, des maga­sins d’armu­re­rie sont pillés, des armes enle­vées aux gardes natio­naux et aux sol­dats désem­pa­rés. L’arse­nal est investi, la pou­drière de Serin capi­tule, l’étau se res­serre autour de l’hôtel de ville.

    21 novembre 1831 : début de la révolte des canuts

    P.-S.

    Pour avoir des éléments plus précis sur la révolte des canuts, lire l’ouvrage remarquable de Fernand RUDE, C’est nous les canuts (Maspero 1977), ainsi que cet autre ouvrage du même auteur : « Les Révoltes des Canuts, 1831-1834 » (La Découverte).

    http://rebellyon.info/

    Voir aussi sur REBELLYON la 2e révolte de 1834ainsi que les prémices

     

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  • Les astronautes de la station spatiale internationale vous font découvrir ce qu'ils voient depuis leurs "fenêtres".

    e View from Space, Fly Over | NASA, ISS from Michael König on Vimeo.

    A quoi la terre peut-elle ressembler depuis l'espace ? Michael König, un réalisateur allemand, en donne une bonne idée grâce une vidéo faites de photographies prisent par les astronautes à bord la station spatiale internationale, entre août et octobre 2011, à 350 kilomètres d'altitude.


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  • L’Union européenne dit adieu à la démocratieCe 28 septembre, le Parlement européen a approuvé, pour l’essentiel, le « paquet » de gouvernance économique. Il s’agit de 5 règlements (textes de loi directement applicables dans les États membres sans passer par une ratification parlementaire nationale) et d’une directive (texte de loi à transposer dans la loi nationale, ce qui conduit à une adoption parlementaire nationale et donc à un débat). L’essentiel de ces nouvelles normes devrait être appliqué rapidement pour orienter, dès le 1er janvier 2012, la surveillance européenne des finances publiques prévue par la procédure de « semestre européen ».
    Ce programme de politique économique va obliger de nombreux États au sein des 27 pays de l’Union européenne à renforcer drastiquement leur politique d’austérité et surtout à l’imposer durant des décennies à leur population.

    En bref, ce programme de politique économique va obliger de nombreux États au sein des 27 pays de l’Union européenne à renforcer drastiquement leur politique d’austérité et surtout à l’imposer durant des décennies à leur population (ceci vaut pour les 20 pays de l’UE en situation de déficit budgétaire – plus de 3% du PIB de déficit) et de façon encore plus marquée pour les 13 pays dont la dette souveraine dépasse 60% du PIB.

    Ainsi, la Belgique, qui a échappé à la vague d’austérité de 2010- 2011 car son gouvernement était en affaires courantes, est mise sous forte pression par les autorités de l’UE afin que la crise belge s’achève au plus tôt : la Belgique est engagée à prendre des mesures pour réaliser environ 22 milliards d’euros d’économie en 3 ans. Mais il ne faut pas croire que ce programme de coupes claires dans les dépenses publiques belges s’arrêtera en 2015. Ce nouveau « paquet » législatif européen pousse les États à planifier leurs dépenses publiques de façon à descendre rapidement à un niveau maximum d’endettement de 60% du PIB, sous peine d’amendes conséquentes en cas de « mollesse ». Comme l’exemple grec nous le prouve, il s’agit de facto d’une course à l’enrichissement des créanciers des États, principalement des banques privées : les États désignés comme coupables d’endettement tombent sous la vindicte des agences de notation et doivent emprunter au prix fort.

    Pour atteindre ce niveau de 60%, à paramètres monétaires et politiques constants, il faudrait que la Belgique trouve les moyens de rembourser à ses créanciers 7 milliards d’euros chaque année durant… 21 ans !

    Comme l’Union européenne oblige à diminuer les cotisations sociales qui servent à alimenter la sécurité sociale et à réduire la pression fiscale directe, il ne reste aux pays qu’à augmenter la TVA et développer d’autres taxes indirectes (impôts injustes car non proportionnels aux revenus). Et privatiser… ou réduire le financement de tous les services publics… ou réduire le salaire des fonctionnaires… ou supprimer le statut des travailleurs de la fonction publique… ou réduire les droits de la pension, de la santé et du chômage…

    Le prix du sauvetage des banques

    Rappelons que cette nouvelle injonction à l’austérité découle du sauvetage des banques en 2008 : plusieurs États de l’UE avaient alors racheté les dettes des banques, augmentant leurs propres dettes souveraines des pertes réalisées par des banques peu scrupuleuses, et ce pour un montant qui en un an (2008- 2009) a correspondu à 16,5% du PIB européen. Soit 7 fois plus que toute la richesse produite en un an en Belgique, 24 fois le montant actuel des dépenses belges de sécurité sociale. D’après les derniers chiffres communiqués par Barroso, la somme publique totale depuis 2008 de soutien bancaire s’élève à 4 600 milliards d’euros (environ 13 fois la richesse annuelle belge). Ainsi la promesse de celui-ci d’instaurer une taxe sur les transactions financières, au mieux en 2014, qui pourrait rapporter 55 milliards d’euros par an, outre l’effet d’annonce, ressemble surtout à un miroitement aveuglant. Destiné à occulter le fait que l’austérité salariale et budgétaire touche déjà profondément de très nombreux citoyens, que cette austérité semble devenir pérenne et qu’elle conduit à un projet d’État minimal sans services publics et qu’elle renverse les principes démocratiques de fond en comble. En effet, les gros « placeurs » privés acquièrent plus de pouvoir qu’un État, désormais assimilé à un individu imprévoyant qui doit être puni.

    Or un État qui abandonne sa souveraineté pour se remettre pieds et poings liés au verdict des marchés est un État qui programme sa fragilité et in fine sa faillite : diminution de ses outils publics pour relancer l’économie, ce qui aboutit à la récession, à l’augmentation du chômage, à une mauvaise note par les agences de notation, à des conditions d’emprunt de plus en plus défavorables… et à l’adoption de nouveaux plans de récession.
    Enterrer la démocratie et installer le gouvernement des banques et des multinationales.

    Et c’est ce que veulent exactement les puissances bancaires et financières qui pilotent aujourd’hui le navire de l’Union européenne. Enterrer la démocratie et installer le gouvernement des banques et des multinationales. Mario Draghi est le nouveau pilote de ce désastre, désigné en juin à la présidence de la BCE : comme haut fonctionnaire, il a dirigé pendant 10 ans les programmes de privatisation en Italie, il fut ensuite vice-président du secteur Europe de la banque Goldman Sachs au moment où celle-ci truquait les indicateurs budgétaires de la Grèce, puis il devint gouverneur de la Banque centrale italienne. De qui se moque-t-on ?

    Curieuse « loyauté »

    Le « paquet gouvernance économique » impose aux États qui devraient emprunter auprès du nouveau mécanisme européen de stabilité une totale « loyauté » (c’est le terme utilisé) aux créanciers internationaux, dont, en priorité, avant même la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international. Pour respecter les contraintes imposées par l’UE, avec l’aide du FMI ou sous la menace de son intervention, des États ont déjà imposé des mesures d’exception à leur population comme si nous étions en temps de guerre : suspension des conventions collectives négociées en Grèce et imposition de conventions unilatérales patronales, réquisition militaire des contrôleurs aériens espagnols en grève en décembre 2010 par la voie d’un vieil article franquiste de la Constitution qui prévoit, en cas de non-soumission, des peines de prison pouvant aller jusqu’à 6 ans…

    La Cour de justice européenne a considéré en 2008 qu’un État ne pouvait plus définir seul le contenu de son ordre public, qu’il devait s’aligner sur les définitions européennes. Et le traité de Lisbonne est clair (article 4) : la sécurité nationale reste la seule compétence souveraine de l’État ! Pour tout le reste, il doit s’aligner sur l’UE, et sa vision de l’État minimal au service du marché.

    Le « paquet gouvernance économique » oblige également la mise sous tutelle de tous les budgets (et de leurs règles de procédures) de l’administration publique d’un État : communes, provinces, régions, communautés, État fédéral… Les budgets devront à l’avenir être programmés de façon pluriannuelle, bouleversant le contrôle démocratique des élus politiques. Qui ose encore parler de suffrage universel ? À quand la suppression du contrôle des élus communaux sur les budgets locaux, pour ne pas s’encombrer de lenteurs inutiles ?

    L’UE pousse les États à appliquer au plus tôt ce « paquet gouvernance » alors qu’il nécessite une modification du traité de Lisbonne qui doit être d’abord ratifiée par les parlements nationaux. Personne n’en parle. Et l’UE demande d’inscrire si possible dans les constitutions nationales le principe de la mise sous tutelle européenne des budgets…

    Que se passe-t-il donc ? La mort de l’État démocratique, la transformation des États en provinces subordonnées à une sorte de grand empire européen technocratique au service des multinationales.

    De quoi comprendre que les indignés ne décolèrent pas…

    En acceptant cette obligation d’obéir à une technocratie transnationale qui bafoue les droits les plus élémentaires des peuples, nos gouvernants ne sont-ils pas en train de s’engager vers une situation de haute trahison envers leur population |1| ?

    Corinne GOBIN
    directrice du Groupe de recherche sur les acteurs internationaux (GRAID) - Institut de sociologie de l’ULB.

    Notes

    |1| La haute trahison est un principe politique qui qualifie le crime qui est commis lorsqu’est pratiqué un acte d’extrême déloyauté envers son pays et sa nation.

    http://www.cadtm.org/L-Union-europeenne-dit-adieu-a-la


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  • Pour Hervé Poly, 1er secrétaire du PCF 62, la rupture avec le capitalisme et les logiques d’austérité, s’appuiera nécessairement sur un large mouvement social dont il espère bien voir la préfiguration ce samedi 26 novembre à Lens et Lille. Rencontre.

     

    Herv+® Poly

     

     

    Liberté : Comment est née l’idée de manifester ce 26 novembre ?


    Hervé Poly : Il s’agit d’une volonté commune des deux fédérations du Nord et du Pas-de-Calais du PCF, pour réaffirmer notre hostilité aux politiques d’austérité, pour dire aussi que la crise n’est pas tombée du ciel. Nous sommes bien, ici, dans une crise systémique de surproduction du capitalisme qui a débuté, à l’échelle internationale, au début des années 1970. Les solutions libérales ont entraîné un assèchement du pouvoir d’achat des familles, donc moins de débouchés pour les entreprises. C’est le cercle vicieux. Outre le fait que les Etats soient obligés de s’approvisionner sur les marchés financiers, l’accroissement de la dette participe de cette logique. Elle n’est pas une cause de la crise mais bien une conséquence de sa gestion libérale. Il s’agit ainsi pour nous de faire entendre un autre son de cloche que celui délivré par la Pensée unique qui nous laisse le choix entre se serrer la ceinture et se… serrer la ceinture.

     

    Pourquoi deux rassemblements ?


    Au départ nous étions partis sur l’idée d’une manifestation régionale à Lille, mais il me semblait important de manifester aussi à Lens, un peu dans la continuité de notre défilé de décembre 2008, en ouvrant cette initiative à ceux qui veulent vraiment changer la société. La CNL, le MRAP, le PRCF, des syndicats ont répondu à notre appel. Nous sommes en attente des réponses du NPA et de LO. Si notre manifestation est couronnée de succès, pourquoi ne pas renouveler l’expérience en janvier 2012, dans la mesure où les plans d’austérité sont appelés à se succéder ? Aujourd’hui, les gens ont besoin de s’exprimer dans la rue. Ce sera aussi le cas demain après les échéances électorales de 2012 quel que soit le gouvernement en place. Celles-ci sont des moments importants de notre vie « démocratique » mais il faut voir au-delà. Pour nous, il est nécessaire de rompre avec la culture du fatalisme et du renoncement en rappelant que c’est par la lutte et la grève qu’ont été arrachées les conquêtes sociales.

     

    Qu’entendez-vous par là ?


    En 2012, nous ne pourrons pas nous contenter d’une gauche qui gagne, il nous faudra surtout une gauche qui réussit. Il nous faudra donner au PS quelques éclairages et manifester nos désaccords. Pas question de faire les erreurs d’hier, de redevenir les godillots d’une gauche plurielle  devenue « plus rien ». Je ne mets pas pour autant dans le même sac Sarkozy et Hollande. Qu’on le veuille ou non, ce dernier va porter une forme d’espoir populaire. Mais je ne me fais aucune illusion sur le PS. En Espagne ou en Grèce, la social-démocratie applique les directives du FMI ou de la Commission européenne. Nous ne sommes pas là pour créer des illusions, mais bien pour ouvrir des perspectives avec un maximum de députés communistes, je dis bien… communistes, le reste m’importe peu. Aussi quand on lit le programme de François Hollande, on ne peut envisager de participation de ministres communistes au gouvernement, mais plutôt la mise en place d’un nouveau Front populaire avec un soutien sans participation, et des appels à la lutte et la grève, j’insiste car c’est la seule issue. Le PCF doit marcher sur ses deux jambes, revenir à ses racines thoréziennes. Aujourd’hui, dans le cadre sclérosant du Front de Gauche, il n’en prend pas le chemin, car le Front de Gauche n’est porteur, à mon sens, que d’une stratégie électorale.

     

    Quelles solutions préconisez-vous alors ?


    Ces dix prochaines années, se posera la question de la sortie du capitalisme. Concrètement, cela nécessitera de s’affranchir des traités européens dont celui de Lisbonne et d’abroger prioritairement son fameux article 123 qui impose la dictature des marchés en interdisant aux Etats d’emprunter auprès des banques centrales. Il nous faudra répondre aux besoins humains, augmenter en priorité les salaires et les retraites et ainsi s’engager dans le processus du socialisme d’appropriation collective des grands moyens de production et d’échanges, des banques, imposer des services publics de l’énergie et de l’eau. Et si l’Union européenne n’est pas d’accord avec ces orientations, alors qu’elle nous mette dehors, sachant que sans la France, l’Europe n’a pas d’avenir…

     

    Propos recueillis par Jacques KMIECIAK

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    Communiqué du Parti communiste syrien (unifié)

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Le gouvernement Syrien et le comité de l'initiative Arabe, formé par la Ligue arabe, ont signé un accord sur la crise Syrienne le 2 novembre dernier après modification de la proposition qui avait déjà présentée au gouvernement Syrien. Lire la suite de l'article

     

    Les communistes Syriens soutiennent le mouvement pour des réformes démocratiques mais mettent en garde sur l'ingérence impérialiste croissante et les risques d'un 'scénario Libyen'

     

     



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  • Flag-map of Syria 

    Communiqué du Parti communiste syrien (unifié)

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Le gouvernement Syrien et le comité de l'initiative Arabe, formé par la Ligue arabe, ont signé un accord sur la crise Syrienne le 2 novembre dernier après modification de la proposition qui avait déjà présentée au gouvernement Syrien.

    Le nouvel accord stipule les éléments suivants :

    • Mettre fin à tous les actes de violence de toutes les parties afin de protéger les citoyens Syriens ;

    • Libérer toutes les personnes arrêtées durant les incidents ;

    • Libérer toutes les villes et les quartiers résidentielle de toute présence armée ;

    • Donner la possibilité aux organisations de la Ligue arabe chargées de la question, et aux médias Arabes et internationaux de se déplacer librement en Syrie, et de collecter des informations sur l'état réel de la situation, et de pouvoir observer les événements qui se produisent ;

     

    Les deux camps sont aussi tombés d'accord sur le fait que le comité ministériel Arabe contactera le gouvernement Syrien et tous les camps de l'opposition Syrienne afin de se préparer à l'organisation d'une conférence de dialogue national d'ici deux semaines.

    Cette initiative sera sujette à diverses tentatives d'explication et d'interprétation, car elle ne contient pas de procédures pratiques visant à mettre en œuvre certaines de ces dispositions. Elle ne définit pas non plus un lieu pour l'organisation de la conférence de dialogue national, et elle ne contient aucun appel à mettre fin aux campagnes de désinformation. Même si cette initiative a répandu un climat d'optimisme au sein du peuple Syrien et des forces patriotiques, pour les raisons suivantes :

    1 – Elle se donne une chance d'arrêter les violences et le bain de sang en Syrie, laisse la situation politique l'emporter sur la question sécuritaire, et contribue à retrouver la stabilité et le calme dans les rues des villes Syriennes, en particulier si elle s'accompagne de la libération des prisonniers politiques ;

    2 – Elle bloque la voie aux interventions étrangères, que les forces de l'Occident impérialiste menacent de lancer contre la Syrie ;

    3 – Elle confirme le principe du dialogue national comme unique moyen de gérer la crise en lieu et place du langage des armes, ce qui accélérera le processus de réformes démocratiques et sociales en Syrie ;

    Il n'y a aucun doute que la mise en place de cet accord sera confrontée à des obstacles importants. Ces obstacles sont :

      

    La position des troupes armées, qui refusent fondamentalement le principe du dialogue ;  

    L'opposition à l'étranger qui a commencé à avancer l'idée d'un appel aux forces étrangères sous différentes formes, alors que le camp de l'opposition patriotique Syrienne se félicite de cet accord ;

    La position adoptée par les États-Unis, provocatrice et éhontée, est tout sauf une surprise. Elle incite les troupes armées à continuer à lutter contre l’État, et refuse leur désarmement comme contre-partie aux engagements du gouvernement Syrien, tandis qu'elle pousse les pays Arabes à boycotter la Syrie politiquement, diplomatiquement et économiquement.

    Cette position est une nouvelle affirmation de l'implication de l'administration Américaine dans l'exploitation des incidents qui se déroulent actuellement en Syrie, pour mener à bien le projet Américano-sioniste, qui vise à fragmenter notre région, et à la dominer.

     Le Parti communiste syrien (unifié) et le peuple Syrien, y compris toutes les forces patriotiques, soutiennent tout effort Arabe pour mettre un terme au bain de sang Syrien, pour réaffirmer le principe du dialogue national, et ils ne souhaitent pas faire obstacle à cette initiative, afin de priver un appel à une intervention étrangère de tout prétexte, ce à quoi le peuple Syrien s'opposera par tous les moyens à sa disposition.

     

     

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     Communiqué de Husein Nemer, premier sécrétaire du Parti communiste syrien (unifié)

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Nous tenons à vous présenter une brève analyse des événements successifs qui se sont déroulés dans notre pays, la Syrie, afin de mettre en lumière certains faits, d'une part, et tordre le cou à certains mensonges montés de toute pièce et médiatisés par la propagande impérialiste visant la Syrie.

    Depuis que les événements ont commencé en mars dernier, des dizaines de chaînes de télévision en Amérique, en Grande-Bretagne et en France, certaines chaînes dans le monde arabe, et des centaines de sites internet ont travaillé d'arrache-pied pour falsifier la réalité sur ces événements, en tout cas pour l'opinion publique mondiale, avec des programmes spécifiques diffusés en ce sens, jour et nuit.

    Le président Américain fait des déclarations quotidiennes comprenant des menaces directes visant la Syrie, ainsi qu'une ingérence flagrante dans les affaires internes du peuple Syrien. Plusieurs hauts dignitaires de l'Union européenne suivent les pas du président Américain.

    Ces menaces et ces ingérences ont atteint un sommet lorsque le président Américain a affirmé l'illégitimité du régime Syrien. Des sanctions sévères et injustes ont été imposées au peuple Syrien et à son économie. Plus dangereux encore, des plans sont discutés et impulsés par l'OTAN afin de lancer des vagues de frappes aériennes pendant plusieurs semaines contre 30 sites stratégiques en Syrie, ressemblant exactement à ce qui s'est passé en Yougoslavie.

    Certains hauts dignitaires Européens ne vont pas hésiter à appeler à traiter la situation en Syrie avec des méthodes qui en ferait une pâle copie de la crise Libyenne. Des dizaines de milliers de civiles ont été massacrés, des dizaines d'usines et de sites économiques ont été détruits par des frappes aériennes, et pendant ce temps, la Libye est divisée.

    Des Etats-membres de l'alliance impérialiste internationale essaient, par tous les moyens possibles, de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité condamnant la Syrie, qui serait suivie par des résolutions successives contre la Syrie et la soumettre au chapitre 7 de la Charte de l'ONU, afin qu'une campagne agressive puisse être légitimée. Grâce à l'opposition de la Russie et de la Chine, accompagnées de l'Afrique du sud, l'Inde, le Brésil et le Liban, les tentatives impérialistes au Conseil de sécurité de l'ONU sont tout simplement, jusqu'à présent, un échec.

     

    Toutes ces manœuvres sont justifiées de deux façons :

    1. Des manifestants sont tués en Syrie, on a recours à des méthodes sécuritaires dans le traitement des manifestations ;

    1. La manipulation des insuffisances du régime en Syrie, tels que le manque de démocratie et le monopole du pouvoir exercé par le parti au pouvoir, afin de faire pression sur le régime pour qu'il adopte des changements internes, bien que tout changement interne doive être considéré comme une partie intégrante de la souveraineté nationale de n'importe quel pays ;

     

    En fait, plusieurs manifestations ont eu lieu dès le mois de mars, appelant à des réformes sociales, économiques et démocratiques. La majorité de ces revendications ont été soutenues par notre parti comme une façon de s'opposer aux effets néfastes de la mise en œuvre de mesures économiques libérales, issues des accords passés avec le FMI, et de la transformation de la Syrie en une économie de marché. Les effets ont été très mauvais sur le niveau de vie des pauvres et des couches moyennes.

    La direction politique du pays a été constamment mise en garde, par la presse du parti, des rencontres officielles ou des mémorandum officiels, le dernier il y a cinq semaines de cela. Les manifestations étaient pacifiques.

     

    Elles ont été bien vite manipulées par des religieux fondamentalistes et des groupes radicaux à l'idéologie obscurantiste.

    De pacifiques, les manifestations sont devenues armées, visant à atteindre des objectifs qui n'ont rien à voir avec des réformes politiques et sociales. Les forces de sécurité ont commis plusieurs erreurs injustifiables dans le traitement de ces manifestations. Des dizaines de civils et de soldats ont été tués. Des gangs armés se sont constitués, attaquant des propriétés publiques et privées, et mettant en place des barricades dans certaines villes où ils ont pris le dessus. Dans les tout derniers mois, ces bandes armées se sont chargées de mettre sur pied des sites armés dans les régions frontalières entre la Syrie, d'une part, et la Turquie, la Liban, la Jordanie et l'Irak pour s'assurer une continuité dans le ravitaillement en armes et en équipements divers.

    Quoi qu'il en soit, les bandes armées n'ont pas réussi à établir une base frontalière stable. Cela a coûté à la vie à des centaines de civils et de soldats, plus de 2 000 victimes. Dans le même temps, certains événements ont été exagérés. Des faits ont été falsifiés. Les équipements dernier cri électroniques et médiatiques ont été utilisés afin de faire passer l'armée Syrienne comme étant complètement responsable de ces actes, et de déresponsabiliser totalement les bandes armées.

    Pressé par les événements, le gouvernement a adopté plusieurs réformes sociales et démocratiques comprenant : l'annulation des lois d'urgence, des tribunaux exceptionnels, et le caractère légal accordé aux manifestations pacifiques. Récemment, une nouvelle loi électorale et une loi permettant la création de partis politiques ont été adoptées. Est en cours de préparation une nouvelle constitution ou une constitution modifiée.

    De nouvelles lois couvrant les domaines des médias et de l'administration locale ont également été adoptées.


    Les objectifs de ces lois et mesures sont : casser le monopole du pouvoir exercé par le parti Baath, pour établir une société pluraliste et démocratique, pour garantir les libertés publiques et privées, pour aider au développement de la liberté d'expression et à la reconnaissance du droit de l'opposition à une activité politique pacifique.

    En dépit de nos réserves quant à certains articles, ces lois sont très importantes. Pendant plus de quarante années, notre parti a lutté pour que de telles lois soient adoptées. Si ces lois étaient mises en œuvre, elle pourraient être un pas important en avant, dans la transition de la Syrie vers une société démocratique et pluraliste.

    De vastes secteurs de l'opposition nationale pacifique ont accueilli positivement ces mesures, tandis que l'opposition fondamentaliste et armée s'en tient toujours au slogan du renversement du régime, attisant les tentions communautaires.

    Tenter de dépeindre le problème comme s'il s'agissait d'une lutte communautaire ou religieuse serait une falsification flagrante des faits.

    Nous pouvons résumer la situation de la façon suivante :

    • Les tentions armées dans les villes Syriennes ont diminué. Les bandes armées ont subi de lourdes pertes. Cependant, certaines d'entre elles sont capables de reprendre leurs activités ;

    • Les manifestations pacifiques n'ont pas disparu et ne sont pas confrontées à la violence de l’État, à moins qu'elles se soient accompagnées d'agissements violents.

    • L’État a invité l'opposition nationale à participer à un dialogue politique général visant à contribuer à la réalisation de la transition à la démocratie et au pluralisme de façon pacifique. Ce dialogue doit affronter de nombreuses difficultés, la plus importante d'entre elles est la pression de groupes armés qui s'opposent au dialogue pacifique et à une solution pacifique, et dépendant du soutien de l'étranger.

    • Les menaces impérialistes et colonialistes contre la Syrie se sont intensifiées. Bien que ces menaces posent de nombreuses difficultés, nous devons être prêts à les affronter.

    Pour ce qui est de la situation dans notre pays, il apparaît que :

    • Les mouvements de protestation existent toujours à différents niveaux. Ils diffèrent d'un gouvernorat à l'autre. On peut remarquer que la plupart des mouvements partent des mosquées, des zones rurales et des taudis, pour se diriger vers les centres-villes ;

    • Les mouvements parmi les minorités ethniques ou religieux sont rares. Dans les usines, les universités et les syndicats, il n'y a pas de mouvement ;

    • Dans les cercles de la grande bourgeoisie, qu'elle soit industrielle ou économique, en particulier dans les grandes villes comme Aleppo, Lattakia et Damas, il n'y a pas de mouvement ;

    • Il n'y a aucun mouvement parmi les clans et les tribus ;

    • L'opposition se compose d'un large spectre de partis très divers. Certains sont patriotiques, s'opposant à l'ingérence étrangère et aux bandes armées. De plus, il faut compter avec les Frères musulmans qui peuvent être considérés comme le parti le plus actif et le mieux organisé dans le pays et à l'étranger.

    Il y a également plusieurs groupes traditionalistes avec différentes orientations, dont l'influence devient clairement visible dans des rassemblements et manifestations dans différentes régions. Ces groupes ne cachent pas leurs objectifs qui sont typiquement réactionnaires et sectaires.

    Sur place, les groupes les plus actifs et importants depuis le début des manifestations sont les coordinations locales qui comprennent des groupes de jeunes n'ayant pas d'orientations ou de plans idéologiques communs clairs si ce n'est le slogan : « A bas le régime ! ». Ils sont vulnérables aux pressions externes et internes.

    • L'opposition en exil composée essentiellement d'intellectuels, de traditionalistes, de personnes qui ont abandonné le régime et ont certains contacts à l'intérieur (Khadam et Refaat Al Assad).

    Durant la dernière période, ces forces ont organisé plusieurs conférences à l'étranger (exceptée une rencontre organisée à l'hôtel Samir Amis à Damas par l'opposition interne), dans l'objectif de mobiliser des forces et de coordonner leurs positions Des différences idéologiques, politiques ainsi que d'intérêts l'ont emporté. Certaines forces d'opposition à l'étranger ont travaillé dur pour obtenir le soutien des forces étrangères colonialistes.

    • Jusqu'à présent, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne mènent la campagne internationale de menaces et de provocation contre le régime en Syrie visant à imposer de plus en plus de sanctions contre la Syrie, en particulier des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU et d'autres organisations internationales, la Russie et la Chine continue de s'opposer à de telles sanctions et mesures. La Turquie a choisi une position opportuniste qui fluctue en fonction de ses intérêts régionaux et politiques. Grosso modo, il y a une unanimité internationale dans l'opposition aux mesures militaires directes contre la Syrie, comme cela s'est produit en Libye, étant donné que la Ligue arabe et le Conseil de sécurité de l'ONU n'adoptent pas de résolutions ouvrant la voie à cette perspective. Le conflit sur cette question est féroce.

    • Excepté le Qatar qui joue un rôle vital et important dans la conjuration contre la Syrie, il existe différentes opinions et position dans le monde Arabe concernant la situation en Syrie ;

    • Jour après jour, la situation économique se détériore, la pression sur les conditions de vie des masses s'intensifie ;

    • Le régime est cohérent et offre de grandes potentialités. Cinq mois après le début des événements, aucune des institutions de base (le parti, l'armée, la sécurité, les institutions d’État, les ambassades, les organisations populaires, les syndicats, le Front national progressiste...) n'a connu de divisions ;

     

    Assurément, le tableau n'est pas statique, et doit être perçu dans ses aspects dynamiques, son évolution et son développement jour après jour.

    Parmi les scénarios possibles :

    • La crise pourrait continuer encore pendant une longue période, menant à d'autres catastrophes, bains de sang et souffrances ;

    • Un effondrement menant à l'anarchie générale, une guerre civile ou quelque chose de ce genre, ouvrant la voie à une intervention extérieure ;

    • Une division claire dans l'opposition peut se produire, faisant en sorte qu'une partie d'entre elle s'ouvre à un dialogue sérieux avec le régime pour parvenir à un nouveau contrat social dans le pays ;

    • Un terme aux divergences d'approches et à l' « immobilisme » en ce qui concerne les forces du régime ;

    Il y a deux issues possibles : soit l'avancée vers une solution politique à la crise rendant possible une fin rapide et définitive, soit la poursuite du recours au traitement sécuritaire de la crise quelqu'en soit le prix.

    Il est difficile de prédire la manière dont une solution décisive sera atteinte.

    Certains événements inattendus peuvent se produire, poussant tous les partis à trouver un accord, ou à accepter un accord imposé par des puissances étrangères pour aider le pays à trouver une issue au tunnel dans lequel il s'est engouffré.

    Où en est le parti désormais ?

    Pour commencer, nous aimerions attirer votre attention sur le fait que notre parti a envoyé un mémorandum au commandement régional à la veille de la 10ème conférence nationale du parti Baath en 2005. Le parti a demandé à ce que l’État soit séparé du parti, que la démocratie et les libertés soient garanties, que les lois d'urgence soit levées, qu'une loi démocratique pour les partis soit adoptée, que les prisonniers d'opinion et politiques soient libérés, que l'on mette un terme à la domination du parti Baath sur les syndicats, que la corruption soit combattue, etc.

    En outre, nous tenons à ajouter que le parti a affirmé, dans tous les documents adoptés dans la dernière période, qu'il soutenait la position nationale de la Syrie.

    Pour réaliser cet objectif, les besoins sociaux, économiques et démocratiques des masses populaires doivent être satisfaits. Nous avons discuté en détail de ces revendications dans nos conférences et documents.

    Dans son analyse de la crise profonde actuelle de notre pays, notre parti avait indiqué clairement que la principale contradiction se trouve entre la formule politique selon laquelle le pays est gouverné depuis des décennies et les revendications de démocratie, de développement social, économique et culturel dont a besoin la société Syrienne.

    Le fond de notre position, c'est que cette formule politique repose sur le monopole de l'autorité par le parti Baath, la tutelle sur le mouvement populaire et ses organisations. Cette formule a mené à la décadence et à la bureaucratie, et à la corruption de l'appareil d’État. Par conséquent, les plans de réforme économique et sociale doivent être pris en considération, mis au niveau des exigences de progrès.

    En bref, notre parti estime que le fond de la crise actuelle réside dans le décalage entre la structure du régime et les tâches que doit affronter la Syrie. Dans le même temps, le parti insiste sur le fait que l'ennemi et les forces impérialistes font de leur mieux pour utiliser ce décalage interne pour rendre possible la conjuration contre la Syrie, et l'utiliser comme un cheval de Troie pour servir son objectif bien connu, comme nous l'avons mentionné ci-dessus.

    En conséquence, le Parti communiste syrien (unifié) n'est pas neutre pour ce qui est de l'alternative nécessaire, d'une part, et des moyens nécessaires pour atteindre cet objectif, d'autre part.

    Une solution politique passant par la poursuite de réformes véritables et radicales est la seule issue à la crise. Les mesures sécuritaires ne font que développer les facteurs de la crise, et l'approfondir toujours plus tout en vidant de son sens le contenu des réformes.

    Nous affirmons que la situation actuelle rend nécessaire un dialogue constructif et loyal entre toutes les forces patriotiques et honnêtes, indépendamment des différences d'opinions et d'idées dans l'objectif de parvenir à un accord ou à un plan de réformes radicales répondant aux besoins des masses populaires et des garanties sur la création d'un État civil laïc et démocratique s'opposant aux plans impérialistes et Israéliens dans la région.

    Si le dialogue nécessite l'existence d'un climat propice, le dialogue même pourrait contribuer à créer un tel climat, car les autres options ne conduiraient qu'à de nouveaux bains de sang, de nouveaux désastres pour le pays et pour le peuple.

    Chers camarades,

    Étant donné la faiblesse des médias Syriens face aux gros médias de l'impérialisme, à la mobilisation des forces du monde entier contre la Syrie, et à l'alliance anti-Syrienne composée des puissances impérialistes ainsi que de leurs marionnettes dans la région, y compris la Turquie, qui a adopté une politique pragmatique pour se partager l'hégémonie dans la région avec les pays européens, pour toutes ces raisons, notre parti espère que tous les partis communistes, ouvriers et démocratiques dans le monde contribueront à diffuser ces précisions dans l'opinion publique de leurs pays respectifs.

    Ainsi, nous appelons ces partis à soutenir la Syrie car elle est le plus important des pays Arabes à résister aux plans impérialistes de domination du Moyen-Orient, et à s'opposer fermement au plan Américano-Israélien visant à diviser la région en diverses entités communautaires dont le contrôle serait rendu plus facile. La Syrie soutient également la résistance nationale en Palestine, au Liban et en Irak. De plus, elle soutient le droit du peuple Palestinien à libérer ses territoires et à fonder un État national avec Jérusalem comme capitale.



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  • La Java des Bombes Atomiques

    Mon oncle un fameux bricoleur
    Faisait en amateur
    Des bombes atomiques
    Sans avoir jamais rien appris
    C’était un vrai génie
    Question travaux pratiques
    Il s’enfermait tout’ la journée
    Au fond d’son atelier
    Pour fair’ des expériences
    Et le soir il rentrait chez nous
    Et nous mettait en trans’
    En nous racontant tout

    Pour fabriquer une bombe " A "
    Mes enfants croyez-moi
    C’est vraiment de la tarte
    La question du détonateur
    S’résout en un quart d’heur’
    C’est de cell’s qu’on écarte
    En c’qui concerne la bombe " H "
    C’est pas beaucoup plus vach’
    Mais un’ chos’ me tourmente
    C’est qu’cell’s de ma fabrication
    N’ont qu’un rayon d’action
    De trois mètres cinquante
    Y a quéqu’chos’ qui cloch’ là-d’dans
    J’y retourne immédiat’ment

    Il a bossé pendant des jours
    Tâchant avec amour
    D’améliorer l’modèle
    Quand il déjeunait avec nous
    Il avalait d’un coup
    Sa soupe au vermicelle
    On voyait à son air féroce
    Qu’il tombait sur un os
    Mais on n’osait rien dire
    Et pis un soir pendant l’repas
    V’là tonton qui soupir’
    Et qui s’écrie comm’ ça

    A mesur’ que je deviens vieux
    Je m’en aperçois mieux
    J’ai le cerveau qui flanche
    Soyons sérieux disons le mot
    C’est même plus un cerveau
    C’est comm’ de la sauce blanche
    Voilà des mois et des années
    Que j’essaye d’augmenter
    La portée de ma bombe
    Et je n’me suis pas rendu compt’
    Que la seul’ chos’ qui compt’
    C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe
    Y a quéqu’chose qui cloch’ là-d’dans,
    J’y retourne immédiat’ment

    Sachant proche le résultat
    Tous les grands chefs d’Etat
    Lui ont rendu visite
    Il les reçut et s’excusa
    De ce que sa cagna
    Etait aussi petite
    Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
    Il les a enfermés
    En disant soyez sages
    Et, quand la bombe a explosé
    De tous ces personnages
    Il n’en est rien resté

    Tonton devant ce résultat
    Ne se dégonfla pas
    Et joua les andouilles
    Au Tribunal on l’a traîné
    Et devant les jurés
    Le voilà qui bafouille
    Messieurs c’est un hasard affreux
    Mais je jur’ devant Dieu
    En mon âme et conscience
    Qu’en détruisant tous ces tordus
    Je suis bien convaincu
    D’avoir servi la France
    On était dans l’embarras
    Alors on l’condamna
    Et puis on l’amnistia
    Et l’pays reconnaissant
    L’élu immédiat’ment
    Chef du gouvernement

    Boris Vian

    Vu sur http://mai68.org/spip/spip.php?article3458


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  • « Une Europe forte: un bel avenir pour L'Allemagne »

     

    Lundi 14 novembre, une dépêche nous apprenait : Ces lundi et mardi à Leipzig, le congrès de la CDU est placé sous le signe des deux grands points du document préparatoire : « Une Europe forte: un bel avenir pour l'Allemagne ».

     Angela Merkel ne cache plus le jeu de l’Allemagne. Elle déclare : « Le défi, pour notre génération, c'est de terminer ce que nous avons entrepris en Europe, à savoir de réaliser, pas à pas, une union politique », « Les problèmes de l'Irlande sont ceux de la Slovaquie. Les problèmes grecs sont les problèmes des Néerlandais, et les problèmes espagnols sont nos problèmes», a martelé la chancelière. « Notre responsabilité ne s'arrête pas à nos frontières. »


    Elle a estimé dans le même temps qu'il existait des limites que l'Allemagne n'était pas disposée à franchir, comme par exemple la création d'obligations européennes et autres remèdes à court terme qui, selon Berlin, décourageraient les pays de la zone euro d'adopter des politiques budgétaires responsables.

     

    Autrement dit, l’Allemagne veut dicter ses volontés au-delà de ses frontières, sans accepter, pour elle-même, la moindre contrainte. Ces propos n’expriment pas une situation nouvelle. La puissance de l’Allemagne, celle de son industrie (qui pèse le double de celle de la France), font de ce pays « le guide » au sens littéral germanique (« Führer »), de la « nouvelle Europe ». Mais aujourd’hui, Angela Merkel, non seulement ne cache pas cette réalité sous le drapeau bleu de l’UE, mais le proclame haut et fort. Elle compte bien dicter sa loi, celle de « Deutschland über alles».

     

    A nous Français de nous situer face à la nouvelle « collaboration » qui nous est imposée.

     

    Face au veau d’or

     

    Naguères, pensant à leurs « gros sous », « ils « invoquaient la France et la Patrie. Aujourd’hui, leurs références ont changé. » Ils « appellent aux sacrifices pour « sauver les banques et rassurer les marchés ». On croit rêver. S’agit-il de leur part, de cynisme et de provocation ?

     

    Pas seulement. Le temps n’est plus aux sentiments. Hier, dans les usines, les ouvriers créaient de la richesse que les patrons, pour l’essentiel, accaparaient. Le « Veau d’Or » se portait bien. Aujourd’hui, la « règle d’or », c’est faire de l’argent, toujours plus et toujours plus vite. Aussi, le Capital fabrique de la fausse monnaie dans ses salles de marché. Et joue avec, comme au casino, dans ses paradis fiscaux. Paradis artificiels, économie virtuelle, telles sont leurs tours jumelles de la finance, nommée pour l’occasion, la « mondialisation »

     

    Règle du jeu : un Etat emprunte à des banques des milliards d’Euros, à un taux d’intérêt de 4, 5% (ou bien plus), alors que ces banques s’alimentent, elles, pratiquement pour rien, auprès de la BCE, à Francfort. Bénéfice net : la différence des taux. A condition que les Etats remboursent.

     

    Et pour cela, ceux-ci empruntent à nouveau aux banques à un taux toujours supérieur, impossible à supporter. Et un jour ou l’autre, il faut payer l’addition de la spéculation. Comme le jeu s’accélère, les enjeux s’élèvent, « l’ardoise » qu’il faut régler monte…monte et « les marchés » s’affolent. Les Agences de notation jouent les arbitres. Ils distinguent les perdants et les gagnants : ceux qui misent sans répondant et ceux pour qui leur industrie assure leur trésorerie. Pour ces derniers, c’est le triple A.

     

    A comme Allemagne avec sa sidérurgie et sa machine-outil. Malheur aux vaincus, pour eux, c’est BBB, les marchés sont sans pitié. Il faut les « rassurer » : il faut régler l’addition de la spéculation.

     

    Qui va régler la note ?

     

    Comme il faut les « rassurer les marchés », « ils » font payer les peuples pour « sauver les banques », leur dit-on. Morale de l’histoire : en 1789, déjà, les puissants de l’époque voulaient pressurer les manants pour éponger la banqueroute due à une classe de nantis. On sait ce qu’il advint et ce qui reste à faire : reprendre la Bastille et chasser les marchands du temple, une fois pour toutes !

     

    L’euro, l’Europe et la « ligne rouge « du capital


     

    « L’Euro, c’est le cœur de l’Europe et L’Europe c’est le cœur de la politique française ! «. Ainsi, en écho à l’appel des chefs des patronats allemand, italien et français, Nicolas Sarkozy a martelé ces mâles paroles, telle la voix de ses maîtres, ajoutant que c’était « la ligne rouge « qu’il ne fallait pas franchir. Nous voilà prévenus.


    Le Monde, dans son édito du 26 octobre, nous avait rappelé cette vérité d’évidence : « La France peut regretter d’avoir à choisir entre une Europe allemande (celle qui se dessine) et une Europe éclatée ».


     En clair, une « collaboration » étroite et soumise avec l’Allemagne, plutôt que l’indépendance des Nations.

     

    Déjà à Montoire, en octobre 40, un certain maréchal avait annoncé que « C’est dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la Collaboration… ». C’était là, disait-on alors le seul choix possible dans le cadre de « la nouvelle Europe ». On connaît la chanson. Mais, aujourd’hui, la France n’est pas occupée par l’armée du vainqueur.


    La soumission à la puissance allemande n’en est que plus criminelle.

     

    S’il en est ainsi, c’est que la balance n’est pas égale des deux côtés du Rhin. L’industrie germanique pèse le double de la nôtre grâce aux orientations économiques imposées dans le cadre de la construction européenne. Ainsi, la machine outil comme la sidérurgie, jugées obsolètes en France, prospèrent en Allemagne. Cela permet à celle-ci d’être le moteur de l’Europe. Les « métiers d’avenir » confiés à la France s’identifiant « à l’aide à la personne », déclarés pourvoyeuses d’emplois… Nicolas Sarkozy a bon faire le fanfaron et plastronner devant les caméras, toujours plein de sa superbe, il n’est que le fidèle second, des maître des lieux, les grands patrons du BDI allemand et leurs associés du Medef, dont il applique la politique.


     Mais la « collaboration » de naguère n’était-elle pas déjà l’entente entre les capitalistes, les banquiers et les industriels, de France et d’Allemagne, ceux-ci étant aussi, de ce temps-là, les plus forts ?

    Jean Levy


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  • Par André GRIMALDI, professeur de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, président du Mouvement de défense de l’hôpital public.

     

    « Dans son discours à Bordeaux, Nicolas Sarkozy s’en est pris au Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire, dont je suis l’un des auteurs, lui reprochant d’être irresponsable parce qu’il prône la hausse des cotisations sociales. Ce manifeste a été fait pour qu’il y ait un débat sur la santé lors de l’élection présidentielle. Nous disons à M. Sarkozy : “Organisons un débat public : est-ce que, à coût constant, une autre politique de santé est possible ?” Le président veut dépenser moins : ça tombe bien, nous aussi. Concernant les médicaments, je voudrais qu’il m’explique pourquoi les génériques en France coûtent deux fois plus cher qu’en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ? La différence, c’est 1 milliard d’euros. Sur la disparité des pratiques médicales, on sait que dans des maternités identiques, le taux de césariennes varie de 1 à 3, que pour la pose de simulateurs cardiaques, cela va de 1 à 4, les endoscopies, de 1 à 3, etc. Où est le travail d’évaluation comparative des pratiques pour tenter de réduire ces disparités ? Sur les partenariats public-privé, un rapport de la Cour des comptes montre que cela a été en général des cadeaux au secteur privé, comme le montre le cas emblématique de l’hôpital Sud-Francilien. On pourrait multiplier les exemples. Quand le président parle de maîtrise des coûts publics, cela signifie qu’en réalité, 
il les transfère sur les ménages : c’est de moins en moins la Sécu qui rembourse, et davantage les mutuelles et assurances privées, dont les primes augmentent de 5 % et plus chaque année. À la clé, moins d’égalité, de solidarité. Injuste, ce transfert est aussi coûteux : les frais de gestion des assureurs sont de 28 %, contre 4,6 % pour la Sécu. Nous voulons le transfert inverse : au lieu de payer mutuelles et assurances privées, payons la Sécu ! Le président n’a pas diminué les dépenses, il les a augmentées : les Français paient plus pour la santé, car ils paient plus pour les assurances. Pour un débat sur ces questions avec le président, nous disons donc “chiche ! Quand il veut, où il veut, avec lui, ou son ministre”. »

     

    Voir aussi :Hôpital public en danger, impossible de soigner sans soignants


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  • Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas l'appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre.

    Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas l'appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre.AFP/THOMAS COEX

    L'intersyndicale a appelé vendredi 18 novembre à une "journée nationale de mobilisation interprofessionnelle, notamment avec des rassemblements" le 13 décembre, pour protester contre les plans d'austérité du gouvernement. Réunis au siège de la CGT à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, cinq syndicats (CGT, CFDT, FSU, Solidaires et UNSA) ont également lancé un "appel commun" aux salariés pour "interpeller le gouvernement, les élus et les responsables d'entreprises dans la période du 1er au 15 décembre".

    Dans leur communiqué commun, les cinq confédérations déplorent que "le gouvernement décide de mesures dans le domaine social sans rencontrer ni entendre les organisations syndicales". "Il fait porter les efforts sur les salariés, ce qui creuse les inégalités et plonge des milliers de familles dans les difficultés sociales", ajoute le texte.

     FORCE OUVRIÈRE NE SIGNERA PAS L'APPEL

    Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas cet appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre. La centrale de Jean-Claude Mailly revendiquera, dans le cadre de cette journée, un appel à la grève, option qui n'a pas été retenue par les autres organisations.

    L'intersyndicale a prévu de se réunir à nouveau le 15 décembre, afin de "tirer le bilan" de la journée du 13 décembre et d'envisager "de nouvelles initiatives en janvier".

    http://www.lemonde.fr


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