Madame, Monsieur,
Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.
Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité de gauche, sommes depuis une bonne trentaine d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – va être rien moins qu’une promesse de bonheur et de liberté pour tout un chacun, humbles comme aisés, et qu’un passage, certes douloureux, mais que vous nous assurez « nécessaire », par une période de temps plus ou moins difficile où serait mise en place une sévère, mais juste « rigueur » économique, finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exception profitera…Disons le net : nous sommes sceptiques.
Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre surprésence médiatique depuis tant d’années nous a convaincus de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :Ce fameux « bonheur néolibéral » qu’on nous promet depuis 30 ans, ça vient quand ?
Parce que dans un pays comprenant 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté et des salariés pressurés comme des citrons en permanence, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à s’enrichir en se contentant de siéger dans des conseils d’administration, il est quelque peu délicat de percevoir les bienfaits de ces fameux « marchés » que vous défendez pourtant mordicus en dépit du bon sens.Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre les réformes » parce qu’on a « pas assez libéralisé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien ! Et que le néolibéralisme n’a conduit qu’une fraction infime de gens très riches à encore plus s’enrichir au détriment de tous les autres.
Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame, Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées. »
Cette humble bafouille a été adressée par mail à Jean Quatremer, Éric Le Boucher, Sophie de Menthon, Laurence Parisot, Jean-François Copé, Michel Godet, Agnès Verdier-Molinié, Alain Madelin, H16, Jean-Michel Aphatie, Hervé Novelli, Laurent Wauquiez, Hugues Serraf, Jacques Attali, Jean-Marc Sylvestre, Franz-Olivier Giesbert, Pascal Salin et Monique Canto-Sperber ; liste non close.Nous attendons bien évidemment les réponses avec une certaine curiosité gourmande.Merci à Océane, Mipmip, CSP, SeeMee, Seb Musset, Marco, Dadavidov, Vogelsong, Intox2007, Dedalus, Christian ; si d'autres blogueurs-euses souhaitent en être, ils seront rajoutés au fur et à mesure.
P.-S. Nous comptons sur le lecteur pour faire tourner, avec nous, cette lettre et inonder avec les courriels et formulaires des émissions de télé et de radios toute la semaine. En vous remerciant.
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hashtag : #bonheur_neoliberalPar Agnès Maillard
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La crise de la dette dans la zone euro a contraint la France, et plus encore l'Espagne, à payer jeudi 17 novembre le prix fort pour emprunter sur les marchés. La journée a commencé dans la tension avec de nouveaux records sur le marché des emprunts d'Etat. Plusieurs pays de la zone euro, dont la France et l'Espagne, ont confirmé jeudi leur décrochage avec l'Allemagne, seul Etat de l'Union monétaire à inspirer encore vraiment confiance.
L'écart des taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne d'une part et l'Espagne d'autre part s'est encore élargi jeudi matin, juste avant que Paris et Madrid se présentent sur les marchés pour lever plus de dix milliards d'euros.
En fin de journée, l'écart de taux entre la France et l'Allemagne se réduisait à 174,4 points de base.
Le taux à 10 ans de la France, qui évolue en sens inverse du prix des obligations, se repliait à 3,625 % contre 3,699 % mercredi. Le Bund allemand s'échangeait dans le même temps à 1,890 % contre 1,813 % la veille."PAS DE DÉFIANCE"
La France est parvenue à emprunter près de sept milliards d'euros sur cinq et deux ans, mais la deuxième économie de la zone euro a payé cher. Le taux est toutefois resté raisonnable, ce qui a quelque peu rassuré les marchés. D'autant que la demande a été au rendez-vous aussi bien en France qu'en Espagne, signe que les investisseurs n'ont pas totalement perdu confiance.
Il n'y a "pas de défiance vis-à-vis de la France et l'adjudication de ce matin s'est déroulée normalement, notre offre de titres a été sursouscrite", a affirmé le ministre des finances français François Baroin.
>> Pour comprendre les mots de la finance, consulter ce lexique
La tension s'est donc relâchée quelque peu, l'écart de taux entre la France et l'Allemagne, qui avait dépassé les 200 points de base en début de journée, se resserrant ensuite à 175. Les Bourses sont toutefois restées dans le rouge, tout au long de la journée, terminant toutes en baisse mais avec des pertes limitées. Paris, plus forte baisse en Europe, a ainsi cédé 1, 78 % en clôture.
SEUIL DANGEREUX POUR L'ESPAGNE
L'Espagne a quant à elle réussi son pari, mais au prix fort. Elle a emprunté 3, 5 milliards d'euros sur dix ans à un taux record frôlant les 7 %, un seuil considéré comme dangereux par les analystes. Pour mémoire, l'Allemagne emprunte sur dix ans au taux de 1, 8 %.
"L'Espagne se rapproche de la zone de sauvetage", réagissait le journal El Pais, exprimant un sentiment généralisé dans la presse espagnole. Faux, a rétorqué la ministre des finances espagnole, Elena Salgado, réfutant l'idée que son pays ait besoin d'une aide de la Banque centrale européenne.
Mais face à cette hausse très nette du coût du refinancement de la dette espagnole, le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a exigé une "réponse immédiate" de l'Europe face à ces turbulences : "Ce que nous voulons, ce n'est pas qu'un, deux ou trois gouvernements prennent les commandes, mais que l'Europe le fasse."
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L’énormité du procédé, pour ne pas dire sa grossièreté, n’a échappé à personne. Pourtant, Nicolas Sarkozy nous ressert inlassablement le pire de ce qui constitue sa matrice politique: la désignation du bouc émissaire, du fautif, la dénonciation du grand coupable, en un mot, la chasse aux plus faibles en tant que cible de classe, les plus petits, ceux déjà largement victimes de l’atomisation sociale… Derniers exemples? Les pseudo-fraudeurs de la Sécu. Et les salariés qui abuseraient des arrêts maladie. Ces concitoyens sont accusés de tous les maux et quasiment mis au ban de la nation par le chef de l’État: «Voler la Sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français, c’est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l’esprit de 1945, c’est la fraude qui mine les fondements mêmes de la République sociale.»Un nouveau plan de communication contre les pauvres, doublé d’une chasse aux fonctionnaires – et ces chasseurs-là, croyez-nous, sont des tueurs!
Vous êtes précaires ou fonctionnaires? Vous êtes forcément des fraudeurs! La vieille ficelle pue le moisi, mais à quelques mois des élections, les escrocs de l’Élysée et consorts s’en donnent à cœur joie pour aiguillonner les sentiments les plus vils. Souvenons-nous. Laurent Wauquiez, alors ministre des Affaires européennes, avait déjà ouvert le ball-trap en comparant «l’assistanat»au «cancer de notre société».Sarkozy enfonce donc le clou sur des plaies béantes et, au passage, il doit réjouir la présidente du FN qui, pour l’occasion, n’a pas manqué d’imaginer un parallèle entre les fraudes sociales et l’immigration. Depuis des mois, les mensonges se succèdent en effet, puisque seulement 1% des allocataires seraient en fraude. Vous avez bien lu: la grogne de Sarkozy ne s’adressait hier qu’à 1% des allocataires! Et celui-ci se garde bien de distinguer, et pour cause, d’une part les fraudes aux cotisations sociales dues aux assurés, d’autre part les fraudes aux cotisations sociales que doivent régler les entreprises. D’un côté, quelques centaines de millions d’euros (458 millions exactement en 2010, selon les services de l’administration), alors que la fraude aux prélèvements des entreprises représenterait plus de 15 milliards d’euros… Et si l’on ajoute la fraude fiscale, l’addition du grand patronat voyou atteindrait environ les 65 milliards d’euros! Et pendant ce temps-là? Sept Français sur dix s’estiment «inégaux» face à la santé, et plus d’un sur deux juge notre système de soins «trop inégalitaire».Sarkozy sait-il que 38% des personnes interrogées disent avoir renoncé à consulter un médecin généraliste, 58% un spécialiste??
Puisque rien décidément ne semble étouffer le chef de l’État, il n’a rien trouvé de mieux, hier, que de s’ériger en «protecteur» du modèle social français (on croit rêver), annonçant un grand débat pour changer son mode de financement (de quoi trembler). Puis, comme si de rien n’était, il n’a pas hésité à prononcer ces mots: «Ceux qui ont trahi le Conseil national de la Résistance, ce sont ceux qui depuis des décennies ont refusé toute réforme par lâcheté politique ou par opportunisme.»Que le principal responsable de la plus grande rage antisociale contemporaine ose se revendiquer du CNR constitue, à nos yeux, une insulte envers tous les signataires de ce texte historique. Car cette aliénante stratégie du bouc émissaire, dont le but ne vise qu’à ressouder l’électorat ultradroitier, éloigne les Français de l’essentiel et donne à voir la nature profonde du régime qui ne dit pas son nom. Celui d’une droite maurrassienne et ultralibérale, prônant la division et l’exclusion, l’incitation à la haine et l’injustice sociale…
[EDITORIALpublié dans l'Humanité du 16 novembre 2011.
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C’est simple, c’est clair... Et c’est le Figaro qui le dit !
La crise de la dette a coûté sa place au premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero, alors que vont se tenir des élections législatives ce dimanche. Crédits photo : © Jon Nazca / Reuters/REUTERSL'Espagne a emprunté ce matin à près de 7% sur 10 ans. Les taux français à 10 ans passent la barre de 3,75%. Les marchés jouent l'éclatement de la zone euro.
La tension ne retombe pas sur les taux d'intérêt des emprunts d'État dans la zone euro. Les marchés sont en réalité en train de dessiner l'Europe à deux vitesses que souhaitent justement éviter à tout prix les dirigeants européens. Le cheval de Troie des traders n'est pas la politique, mais l'arme redoutable des taux d'intérêt.
Loin de s'apaiser, les tensions sur les taux d'intérêt des pays vulnérables ne cessent en effet de s'exacerber. La Grèce et le Portugal sont depuis longtemps hors jeu avec des taux sur les emprunts d'État à dix ans hallucinants de 25,7 et 10,5%. Mais d'autres pays comme l'Italie ou l'Espagne sont en train de s'installer dans des configurations de taux intenables sur le long terme : 7% sur les obligations du Trésor italien à 10 ans et surtout 6,975% imposés à l'Espagne qui a fait appel au marché ce matin pour 3,5 milliards d'euros à 10 ans.
La zone euro vit-elle ces derniers instants dans sa forme actuelle
A 3,755% la France est en train de se faire lentement, mais sûrement pousser dans le camp des pays «faibles». Les opérateurs à Londres ou New York sont convaincus que la France ne mérite plus son «triple A». Le pays a encore révisé à la hausse à 95,3 milliards d'euros son déficit budgétaire sur l'année 2011.
Pendant ce temps, les taux allemands ne cessent de baisser. Ceux des emprunts d'État à 10 ans sont tombés à 1,77% . D'un côté les marchés ont un réflexe de «fly to quality», de l'autre ils fuient les emprunts d'Europe du sud désormais désignés comme étant «toxiques». L'écart de taux avec l'Allemagne se creuse de jour en jour vis-à-vis des autres pays de la zone euro. 5,20 points de pourcentage (520 points de base dans le jargon des marchés) et plus de 200 points vis-à-vis de la France. Si ces écarts persistent, ils signifient que la zone euro vit ses dernières instants dans sa forme actuelle.
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Ce n'est pas comme si nous n'avions pas été patients. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas participé massivement (bien que souvent à notre corps défendant !) au grand effort collectif (pour une fois !) de modernisation du monde. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas aussi porté en nous ce grand espoir de lendemains qui chantent.
Mais tout de même, au bout de plus de 30 ans d'efforts, de sacrifices (toujours décidé par les uns et supportés par d'autres, mais toujours les mêmes autres), de régressions sociales massives, alors même que l'on nous contraint à toujours plus de serrage de ceinture, il est peut-être temps d'arrêter de jouer les gros naïfs confiants et de demander à nos apôtres du bonheur libéral si, au bout du compte, ils ne se seraient pas un peu payé la fiole de 99 % de l'humanité.
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La vérité sur la position occidentale envers la Syrie:
affaiblir l’Iran
L’affaire humanitaire n’est que la façade rhétorique d’un plan régional de démantèlement de l’influence iranienne.
Par Tony Cartalucci
Le 14 novembre 2011
Comme il a été dit en Février 2011 dans « Le Moyen-Orient et ensuite le monde », le « printemps arabe », financé, soutenu et armé par les Etats-Unis, était loin d’être « spontané » ou « organique », mais bien plutôt une déstabilisation régionale préméditée pour consolider l’Hégémonie de Wall Street et de la City de Londres à travers le Moyen-Orient et ce dans un effort d’isoler à la fois Moscou et Pékin par une tactique faite pour établir un « ordre international » industrio-fasciste incontesté.
Le sénateur américain John McCain, le président de l’International Republican Institute (IRI), une organisation dédiée à ourdir des troubles séditieux extraterritoriaux et des révolutions de par le monde, a dit ouvertement des troubles que son IRI a aidé à financer en Egypte, qui ont ravagés la Libye et maintenant consume la Syrie, « Je ferai un peu moins le malin si j’étais aujourd’hui Vladimir Poutine au Kremlin avec ses sbires du KGB. Je me sentirai un peu moins en sécurité dans la station balnéaire du président Hu et des quelques hommes qui gouvernent et décident sur la destinée de 1,3 milliards de gens. »
McCain qui a ouvertement sympathisé avec Al Qaïda en Libye et a mené une délégation des corporations fascistes pour une visite d’un Caire maintenant déstabilisé de manière irrémédiable, alors qu’ils se préparent à glaner les bénéfices de leur sédition financée de l’étranger, a laissé transparaître la véritable nature de la tactique globale qui se joue au travers des révolutions colorées financées par les Etats-Unis et que finalement, leur destination finale se situe dans les capitales de Moscou et Pékin.
Maintenant, le « Jerusalem Post » a rapporté qu’une « attaque sur la Syrie pourrait être un moyen moins coûteux pour affaiblir l’Iran », révélant pas là-même que la quête de toujours plus de pouvoir et non pas la cause humanitaire se situait au cœur des intentions occidentales envers la Syrie et que la sédition clairement financée et maintenant armée depuis l’étranger, qui s’établit dans les villes frontalières syriennes, cible de fait un affaiblissement de la sphère d’influence de l’Iran, alors que les préoccupations pour la « démocratie » ne sont que du verbiage rhétorique qu’on éparpille à la cantonade pour tous ceux qui demeurent suffisamment ignorants pour continuer à gober ce qu’on leur dit.
Le Post a rapporté que Gabriel Ben-Dor, le directeur des études sur la sécurité nationale de l’université de Haïfa, s’est félicité de la récente décision de la Ligue Arabe de suspendre la Syrie, mais a indiqué que de futures actions seront nécessaires avant de garantir cet état de fait, révélant ainsi que la Ligue Arabe n’agit en fait que par proxy, comme paravent, des intérêts de Wall Street, de la City de Londres et d’Israël.
Ben-Dor confirmerait que « ils espèrent démanteler l’axe Iran, Syrie, Hezbollah et ainsi affaiblir cette coalition, ce qui est un intérêt commun pour toutes les puissances majeures de monde arabe », révélant ainsi de manière sûre que les rapports des médias de masse de ces derniers six mois, citant l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme basé à Londres, l’association financée par Georges Soros Human Rights Watch et Amnesty International, n’ont rien été de plus que de la propagande éhontée afin de justifier ce qui est essentiellement une guerre par proxy combattue non pas avec des troupes américaines mais avec des groupes de jeunes formés par les Etats-Unis en Egypte, les voyous d’Al Qaïda en Libye et les militants des Frères Musulmans en Syrie.
L’article intitulé « La Syrie exhorte la Ligue Arabe de reconsidérer sa suspension », écrit par Oren Kessler du Jerusalem Post et de l’agence Reuters, qui illustre parfaitement la nature totalement compromise et incestueuse des média de masse servant le fascisme global, dégénère même en une complainte et une pseudo-motivation pour des préoccupations humanitaires, citant la maintenant complètement discréditée ONU et des « activistes ».
Cette démonstration haletante de propagande financée par la machine corporatiste pour pousser son agenda, expose l’illégitimité des protestations et des troubles fomentés par l’occident en Syrie, celle des « activismes » financés depuis l’étranger à travers le monde et les menteurs invétérés qui sont payés pour diffuser cette propagande à travers les médias.
A la lumière de tout cela, il serait peut-être bon de relire « Le Moyen-Orient et ensuite le monde », comme étant une mégalomanie de Wall Street et de la City de Londres et de leurs légions de traîtres qui consument le monde et nous rapproche de plus en plus d’une troisième guerre mondiale, le tout sous le déguisement de considérations « humanitaires », de « démocratie », de droits de l’Homme et de « liberté ».
Article original en anglais :http://landdestroyer.blogspot.com/2011/11/jp-blabs-truth-about-western-stance.html
Traduction : Résistance 71
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Résistants Corses
Par Danielle Bleitrach
Un ami m’a envoyé ce texte de Michel Onfray que je place à la fin (voir le lien en bas de page) pour que chacun juge jusqu’où l’anticommunisme et le désir d’exister peut conduire quelqu’un qui prétend au titre d’intellectuel.
Mon premier réflexe a été de ne pas m’en préoccuper. Périodiquement il surgit quelque libelle de ce type. De surcroît je m’estimais mal placée pour critiquer Michel Onfray vu que de sa pléthorique production je n’ai lu qu’un truc sur les cyniques tellement racoleur qu’il m’est tombé des mains. Quelques « bonnes feuilles » de son machin sur Freud qui m’ont incitée à éviter l’ouvrage.
Que faire alors de ce médiocre compte rendu d’un livre dont je pense qu’il ne passera pas à la postérité même si Michel Onfray nous assure qu’il a été publié dans « la très sérieuse maison d’édition Larousse dans une collection dirigée par Emmanuel Thiébot qui fit un temps partie de l’équipe de l’Université Populaire de Caen« . L’université populaire de Caen étant on le sait la créature du dit Michel Onfray.
Michel Onfray a subi une véritable illumination devant cet ouvrage. Au point à partir de cette unique lecture de traîner dans la boue Guy Mocquet, excusez du peu. A partir d’un seul livre, il est vrai publié dans la très sérieuse maison d’édition Larousse dans une collection dirigée par Emmanuel Thiébot qui fit un temps partie de l’équipe de l’Université Populaire de Caen« . D’autres intellectuels ayant eu une telle illumination tenteraient de se ressaisir, ils multiplieraient les lectures, les références avant de s’engager. Mais non Michel Onfray a ceci de commun avec Bernard Henri Lévy qu’il leur suffit d’un seul livre de quelque auteur peu ou mal connu pour se faire une opinion définitive, pour adopter une « posture » : Guy Mocquet serait en fait un pro-nazi parce que communiste. Et Michel Onfray de nous inviter à regarder en face la vérité sinon le nihilisme nous menacerait. Heureusement Michel Onfray et BHL sont là, avec eux l’essayiste n’a plus une attitude morale mais une morale de l’attitude… Sur rien, sur un livre feuilleté à la hâte dont on tire une exaltation incontrôlée des sphincters de l’égo… Et tout cela en reprenant le grand air du pacte germano-soviétique et du communisme stalino-hitlérien. Michel Onfray n’a visiblement pas consulté la montagne d’ouvrages qui a été écrite sur le sujet , il a une révélation. Comme pour Freud, il n’argumente pas il dévoile l’anecdote dont il vient de prendre connaissance, un ragot peut-être qu’importe.
Se trouvera-t-il un historien digne de ce nom pour perdre son temps à réfuter ce grand air de la calomnie devenu ou plutôt redevenu évangile pour Michel Onfray ? Je crains que non alors je ne vais pas me lancer non pas dans l’entreprise de reprendre toute la période historique, l’alliance du Front populaire se cassant le nez sur la Guerre d’Espagne, le refus des socialistes d’intervenir, la lutte antifasciste des communistes. Munich, la trahison de Chamberlain, Daladier. L’originalité du parti Communiste français qui justement a refusé la ligne classe contre classe et a constitué un Front populaire antifasciste. Il faudrait tout reconstruire pour contextualiser ce que Michel Onfray résume au pacte germano soviétique et à la seule demande de parution de l’humanité aux troupes d’occupation. Ce qui n’a pas été le fait du « parti » mais d’un seul dirigeant qui s’est trompé et s’est illustré dans la Résistance, lançant l’appel à la résistance avant celui du 18 juin. mais voyez la canaillerie du texte, cela devient « nous avons des ennemis communs les anglais, les juifs »… Alors même qu’en 1938, il y a eu la conférence d’Evian, le refus général d’accueillir les juifs, cela devient les communistes qui sont antisémites pour Onfray… Minable..; Des historiens décriront mieux que moi cette lutte antifasciste menée par les communistes français depuis 1934 alors même que comme l’a décrit Annie Lacroix-Riz le patronat avait fait déjà alliance avec les nazis.
Mais je vais apporter un témoignage. J’ai écris sous forme de dialogue les mémoires de Gaston Plissonnier et nous avons beaucoup discuté de cette période. ce que m’a décrit Gaston Plissonnier qui à l’époque était en Bourgogne c’était la situation du parti à ce moment.
En 1938, il y a eu Munich,
la Tchécoslovaquie a été livrée. Puis le pacte germano-soviétique comme réponse à Munich. Alors même que le gouvernement français ne prépare pas la guerre contre l’Allemagne, que le patronat est déjà allié aux nazis, le pacte germano soviétique fournit prétexte à se débarrasser de ceux qui combattent dans les usines, ont imposé les congés payés, la répression s’abat sur les militants communistes jusque dans les syndicats en bas où, les communistes étaient majoritaires : ils seront dissous par le ministre de l’Intérieur, 620, au total. La moitié du Comité central et trois membres du Bureau Politique Cachin, Sémard et Billoux sont en prison mais Maurice Thorez reçoit l’ordre de partir à Moscou et Jacques Duclos, Benoît franchon et Charles Tillon partent en clandestinité. Ce que me décrit alors Gaston Plissonnier c’est un parti qu’il faut reconstituer en le faisant entrer en clandestinité.
Il m’a raconté comment il allait de ferme en ferme alors même que les jeunes hommes (jusqu’à quarante ans) étaient mobilisés et que le parti était interdit et il ne savait pas à qui il avait affaire. Mais comme Monmousseau était envoyé à Marseille, Charles Tillon à Bordeaux, lui tente de recréer un parti illégal dans sa Bourgogne. Ils se battent pour la survie du Parti, sur des bases de classe, ce moment est très proche du refus de Blum de soutenir les Républicains espagnols face au fascisme, de l’internement de ces espagnols dans des camps. Donc de l’analyse de la complicité entre la bourgeoisie et les fascistes et de la mollesse des socialistes. Gaston me racontait que les structures clandestines qui se recréaient se faisaient sur ces bases, le prolétariat et les intellectuels ralliés à lui étaient les seuls à n’avoir pas trahi, ce que Mauriac confirmera en disant que « la classe ouvrière est la seule à être resteé fidèle à la patrie profanée ».. Les femmes jouent un grand rôle dans ce temps de mobilisation, l’épouse de Gaston mais aussi l’union des jeunes filles de France avec Danielle Casanova.
Ce témoignage de Gaston qui insistait sur non seulement les difficultés de réorganiser un parti clandestin puisque le gouvernement qui pactisait de fait avec les nazis avait organisé la répression des communistes mais aussi sur les objectifs de résistance et la nécessité que ce soit le parti lui-même qui organise sa propre résistance a été également confirmé par mon mari qui lui avait organisé la résistance du pays d’Aix et qui à ce titre avait été torturé par la gestapo, puis fut emprisonné à la Centrale d’Eysses et ensuite déporté à Dachau. Il m’a décrit le même travail qu’il a du faire dans les mêmes conditions pour recréer un parti, son effroi devant la foule qui se pressait lors de la venue de Pétain. Il avait adhéré en 1936 pour mener la lutte antifasciste pour lui en réorganisant le parti comme l’avait fait partout des communistes à la même époque, celle de la drôle de guerre puis celle de la débâcle des armées mal préparées et le début de l’occupation nazie, il n’y a jamais le moindre doute sur la nature de leur combat.
Face à cela, voyez comment Michel Onfray glisse,
comment il accuse les communistes d’avoir saboté les armes dans les usines, d’être quasiment à l’origine de la débâcle de l’armée française, le patronat celui qui s’est réellement entendu avec les nazis « plutôt Hitler que le Front populaire » est blanchi c’est la faute aux ouvriers…
Je dois dire que quand j’ai lu ce torchon de Michel Onfray j’ai repensé à tous ces gens, à ce jeune communiste torturé et qui s’était coupé la langue pour ne pas parler et je me suis dit que cet individu déshonorait le nom d’intellectuel, non seulement par ses méthodes de travail, le ragot, la provocation se substituant à la recherche des preuves mais parce qu’il s’attaquait à quelqu’un qui le dépassait de cent coudées pour rien, comme ça pour le plaisir de faire parler de lui…triste…
Danielle Bleitrach
Cette article est la réponse à l’article suivant: http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-n%C2%B0-78-novembre-2011
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