•  

    C'est la crise du capitalisme !

    D'après la majorité des médias, des économistes et des gouvernements, la crise actuelle est une crise financière, qui se serait par la suite étendue à l'économie « réelle ». Avec ce type d'analyse on ne saisit, toutefois, que la forme sous laquelle la crise s'est manifestée. On en ignore cependant le contenu, qui réside dans les mécanismes d'accumulation du capital. En effet, les crises sont un révélateur qui fait apparaître les contradictions du mode de production actuel.


    Parmi ces contradictions, la principale est celle entre production et marché. L'objectif des entreprises est de produire pour réaliser des profits et, à cette fin, ils réduisent les coûts des marchandises de façon à augmenter leurs marges, c'est-à-dire la différence entre les coûts de production et les prix. La réduction des coûts de production passe par la réalisation d'économies d'échelle, c'est-à-dire par la production de masse de marchandises toujours plus importantes dans le même temps de travail. C'est en vue de cet objectif que des technologies et des machines toujours plus modernes sont introduites à la place des travailleurs, et que les rythmes et l'intensité de travail sont augmentés. Dans l'absolu, il s'agit de quelque chose de positif, puisque le développement de la productivité met à disposition des travailleurs une masse de marchandises plus importante dans une période de temps plus réduite. Le problème, c'est que la production capitaliste n'est pas dirigée vers les simples consommateurs mais vers les consommateurs en mesure de payer un prix adéquat en vue d'atteindre le profit espéré, c'est-à-dire vers un marché. C'est là qu'est tout le problème: la production capitaliste est une production qui s'accroît sans se soucier du marché, c'est-à-dire de la capacité à acheter les marchandises produites. De plus, étant donné que le profit est dû au travail non payé des travailleurs, la réduction relative de ces derniers par rapport au capital global employé provoque une chute du taux de profit, qu'on cherche à compenser à travers l'augmentation de l'exploitation et en produisant ensuite un nombre plus grand de marchandises.

    Tout cela implique que la production tend toujours à excéder les capacités d'absorption du marché, déterminant un déséquilibre permanent entre les capacités productives et l'étroitesse du marché.


    Une étroitesse qui est justement accentuée par le mécanisme qui remplace la force de travail par des machines et qui, par la suite, provoque l'expulsion des travailleurs du processus de production. Selon une étude de la Banque des règlements internationaux, des années 1980 à aujourd'hui, dans tous les principaux pays industrialisés, il y a eu un déplacement dans le partage du PIB des salaires vers les profits.

    1 – SURPRODUCTION ET CRISE

    Mais la chose la plus intéressante dans l'étude de la BRI, c'est que la cause de ce phénomène est localisée, non dans la concurrence des travailleurs des pays « en voie de développement », mais dans l'introduction de nouvelles technologies qui, chassant des travailleurs et détruisant l'organisation du travail, réduit les capacités de résistance et de négociation des travailleurs. De cette manière, on en est arrivé à la perte de pouvoir d'achat pour les salariés et les travailleurs se sont trouvés à contraints à travailler plus avec comme effet de réduire encore plus la demande de force de travail et d'aggraver le chômage. Par ailleurs, les nouvelles technologies ayant une forte composante informatique, qui devient obsolète plus rapidement, les restructurations sont devenues plus fréquentes. Donc, tandis que d'une part on multiplie l'offre de marchandises sur le marché, d'autre part on réduit la demande, qui en majeure partie est constituée par les travailleurs salariés, ou, dans le meilleur des cas, on ne permet pas à la demande d'augmenter dans les mêmes proportions que l'offre. Du reste, dans l'anarchie de la concurrence, quoique oligopolistique, qui règne dans le mode de production capitaliste, tout capitaliste individuellement, pour battre ses concurrents, tend à réaliser des économies d'échelles toujours plus grandes et à réduire les salaires de ses travailleurs, en les traitant comme des coûts à réduire plutôt que comme des acheteurs potentiels. Se produit ainsi une tendance à la surproduction de marchandises qui, trouve ses racines dans la surproduction de capital sous la forme des moyens de production. Ce qu'il est important de comprendre, toutefois, c'est que la surcapacité productive est telle dans le mode de production capitaliste, que l'on ne produit que quand on est sûr de réaliser un profit, et que la surproduction de marchandises se comprend dans les limites du marché capitaliste.

    2 – LE CAS SYMPTOMATIQUE DE L'AUTOMOBILE

    La crise ne marque pas une cassure dans le cours normal de l'économie, c'est la manière violente par laquelle le capital tente de résoudre ses contradictions. En effet, les crises ne voient pas seulement des milliards de capital fictif partir en fumée dans les krachs boursiers, mais provoquent aussi une destruction de capital réel à travers la perte de valeur des marchandises, qui s'accumulent invendues dans les dépôts ou sont vendues à perte (aux États-Unis on en est arrivé à vendre deux voitures pour le prix d'une), et des moyens de production, qui restent inactifs ou sous-utilisés. Les crises, ensuite, détruisent de la force de travail à travers les licenciements et, en provoquant la mort des entreprises les plus faibles et leur absorption de la part des plus fortes, aboutissent sur la concentration de la production entre les mains de capitalistes toujours moins nombreux.
     
    C'est seulement à ce prix que l'on crée les conditions pour que la production soit de nouveau profitable et puisse être relancée, reproduisant toutefois les conditions qui feront que la crise se répétera par la suite et sur une base plus large.
     
    Le cas de l'automobile est symptomatique. Il s'agit d'un secteur qui a toutes les caractéristiques typiques de la grande industrie: une grande concentration progressive, et une augmentation toujours plus forte de la composante technologique par rapport aux travailleurs employés. Un secteur dans lequel « la surcapacité productive est un problème général ». Aux États-Unis, en effet, la production de 2009 correspondra seulement à 45% de la production potentielle, soit 5 millions d'auto en moins par rapport à 2007. Selon CSM Worldwide, l'utilisation des usines des douze premières entreprises mondiales, déjà descendue à 72,2% en 2008, baissera en 2009 jusqu'à 64,7%. Les conséquences seront lourdes même pour les entreprises leaders sur le marché, les allemandes et les japonais: en Allemagne on a licencié les travailleurs précaires (4500 chez Volkswagen), alors que le temps de travail hebdomadaire (et le salaire) a été réduit pour les deux-tiers des travailleurs stables de Volkswagen et en février et mars pour 26 000 travailleurs de la BMW, au Japon, de son côté, Nissan a planifié 20 000 licenciements. La situation est encore pire pour les entreprises américaines, parmi lesquelles GM et Chrysler qui seraient déjà en faillite sans les 14 milliards de dollars injectés par le gouvernement. GM, en particulier, prévoit la fermeture de quatre des vingt-deux usines états-uniennes et 31 000 licenciements. Pourtant tout cela se déroule à la fin d'un processus dans lequel les trois majors de Detroit ont augmenté leur productivité. Selon le rapport Harbour, les majors de Detroit ont réduit l'écart avec les usines japonaises en Amérique en terme de temps nécessaire à la production d'un véhicule en passant de 10,51 heures en 2003 à 3,5 heures en 2007.

    Du reste, la crise de 1929 a aussi été précédée par une période de forte augmentation de la productivité, tout comme elle a été déclenchée par un krach financier.
     
    En effet, ce fut justement dans les années 20, qu'avec le fordisme, a été introduite la chaîne de montage. A partir des années 80, le fordisme a été adapté, devenant le toyotisme, qui, en flexibilisant le processus de production, a tenté de résoudre la contradiction entre marché et production. Le résultat de tout cela, c'est que les véhicules invendus, seulement dans les usines américaines, ont atteint fin janvier 2009 les trois millions, l'équivalent de 116 jours de vente aux niveaux actuels. Cela prouve que, dans les limites des rapports de production capitalistes, pour résoudre la contradiction entre production et marché, aucune technique managériale n'est suffisante. Que prévoit-on pour répondre au problème de la surproduction? Le cas états-unien est encore une fois symptomatique. Au-delà des licenciements et de la semaine courte de 4 jours (working sharing), on prévoit un alignement de toutes les entreprises américaines sur les pires conditions salariales et sociales en vigueur dans les usines japonaises aux États-Unis.

    Ensuite, cette crise aussi, comme les autres et même plus, étant donné sa gravité, dévorera ses victimes et marquera le début d'une série de fusions-acquisitions à l'avenir.
     
    Dans le marché mondial de l'automobile il y aurait de la place seulement pour cinq ou six producteurs qui pourraient arriver aux cinq millions de voitures produites (par an), indispensables pour réaliser les économies d'échelle minimales. Et c'est Fiat justement qui se distingue par son activité, s'agitant dans plusieurs directions, des joint ventures avec l'indien Tata, qui est entré aussi dans le capital de Fiat, à l'acquisition possible de la Chrysler, en passant par la fusion invoquée avec Peugeot. La crise donnera ensuite un coup de pouce à l'internationalisation de la production, pour réduire les coûts et se rapprocher des nouveaux marchés, porteur de débouchés potentiels. Déjà aujourd'hui, Ford et GM produisent aux États-Unis moins de 32% de leur production globale, tandis que Fiat, Renault, Volkswagen produisent dans leurs pays d'origine respectivement seulement 34,9%, 34,7% et 33,6% de leur production totale. Ceux qui paieront seront, quand même, toujours les travailleurs avec la perte de leur emploi et avec la réduction des salaires.

    3 – LE LIEN ENTRE SUR-PRODUCTION ET FINANCE

    Opposer dans un contexte capitaliste, l'économie « financière » et « réelle » n'a pas de sens et c'est se fourvoyer.
     
    L'énorme développement du crédit et des marchés financiers trouve son origine dans le succès de la grande industrie, qui a besoin de capitaux monétaires toujours plus grands à investir. La mondialisation de la concurrence, les fusions et les acquisitions, le gigantisme des entreprises, nécessaires pour réaliser des économies d'échelle toujours plus grandes, aboutit à l'augmentation continue de la demande de crédit et à l'accroissement de la taille des banques. Bien que les crises ne soient pas causées par le crédit et la finance, il existe un lien très étroit entre crise et crédit. Un tel lien se tient dans le fait que le crédit favorise et accélère la tendance à la surproduction de capital et de marchandises. Le crédit, en effet, permet à la production de s'accroître d'une manière qui ne serait autrement pas possible. Dans le même temps, les banques, en concentrant entre quelques mains l'épargne de la société et en la transformant en un investissement, font prendre un capital même une forme « sociale », favorisant la séparation entre la direction et la propriété. Se crée ainsi une production privée sans propriété privée et une nouvelle aristocratie financière et de top-manager, super-payée, indifférente aux limites du marché, et encline aux investissements très risqués, au parasitisme et à la spéculation.

    De cette manière, se développe la tendance aux monopoles et à la surproduction générale chronique.
     
    L'industrie actuelle se trouve depuis des décennies dans une situation de surproduction, à laquelle on a répondu en favorisant le crédit facile et donc l'endettement, tant du côté de l'offre, c'est-à-dire des entreprises, que du côté de la demande, c'est-à-dire des consommateurs/acheteurs. Pendant des années avec l'approbation des gouvernements américains, la FED a maintenu le coût de l'argent à des niveaux très bas, poussant les banques à prêter même aux agents potentiellement non-solvables. En particulier, on a incité à l'achat de maisons, car la propriété immobilière fournissait une garantie pour l'achat de biens de consommation comme l'automobile. On a accordé des prêts à presque tout le monde, et aussi à ceux qui n'avaient ni travail ni propriété, ce qu'on a appelé les prêts subprimes. La spirale de l'endettement s'est autoalimentée, grâce à la libération des marchés financiers et à la suppression des barrières et des règles introduites après la crise de 1929, et les prêts ont été titrisés en titres – les fameux dérivés – vendues aux banques du monde entier. La spéculation s'est étendue à la titrisation des assurances sur les dérivés des prêts, les credit default swaps (CDS), qui ont atteint le chiffre astronomique de 45 000 milliards de dollars. De plus, d'autres formes d'incitation à l'endettement ont été introduites comme les cartes de crédit revolving. Au fond, la demande de biens de consommation a été dopée, fondant sur des bases en argile l'expansion économique consécutive à la crise de 2001.

    Aux États-Unis et au Royaume-Uni, l'endettement des familles en 2007 avait atteint les 100% du PIB. Entre-temps les engagements financiers des banques avaient augmenté jusqu'à la démesure: les banques européennes pour chaque euro de capital en caisse avaient accordé 40 euros de prêts, les banques américaines encore plus.
     
    Tout cela ne pouvait pas duré et en effet cela n'est pas tenable. Quand la bulle immobilière a atteint son pic, en 2007, et qu'elle a éclaté, les habitations ont perdu jusqu'à 40% de leur valeur et leurs propriétaires ne sont plus arrivés à faire face à leurs prêts. Le système financier international s'est rendu compte qu'il avait dans le ventre des milliards de titres qui n'avaient pas plus de valeur qu'un bout de papier, auxquels s'ajoutait la masse des CDS, qui auraient pu l'emmener à son écroulement. De nombreuses banques, forcées d'inscrire les pertes dans leurs comptes, sont tombées en faillite, ont été achetées ou sauvées par l'État, et des centaines de milliards de capitalisation en bourse sont partis en fumée. En outre, l'incertitude sur la solvabilité des banques a mené à la paralysie du marché interbancaire et à la contraction du crédit, avec des conséquences dévastatrices pour les entreprises, déjà lourdement endettées et aux prises avec les nécessités de l'internationalisation, de la réorganisation de la production et du financement du crédit à la consommation.

     
    4 – FAILLITE DU MARCHE ET INTERVENTION DE L'ETAT

    La surproduction qui étrangle l'économie est désormais générale. En effet, selon la Banque mondiale, à la réduction, pour la première fois depuis 1945, du PIB mondial il faut ajouter la contraction du commerce mondial la plus importante des 80 derniers années, depuis celle de la grande Dépression des années 30. L'organisation internationale du travail prévoit entre 18 et 30 millions de chômeurs en plus, 50 dans les pires prévisions.

    La crise a ainsi démontré de manière patente la faillite des capacités régulatrices du marché.

    Significative a été la rapidité du coup de barre donné vers l'intervention de l'État, à partir justement des deux pays leader de la « révolution » néolibérale, les États-Unis et la Grande-Bretagne, et l'ampleur de l'intervention, surtout en faveur du crédit. Aux États-Unis, le programme d'aide fédéral, le Tarp, a déjà utilisé 294,9 milliards de dollars, dont 250 milliards pour la recapitalisation des banques, sur une somme totale allouée de 700 milliards, et Obama projette déjà d'allouer une somme supplémentaire de 2 000 milliards. En Grande-Bretagne, l'État a acheté la Bearn Stearns, 60% de la Royal Bank of Scotland et 40% de Lloyds-Hbos, tandis que l'Allemagne, qui a déjà donné 90 milliards à Hypo et a acquis 25% de la Commerzbank, elle a approuvé une loi qui permet l'expropriation par l'État des banques en difficulté. Mais, étant donné que ces mesures ne suffisent pas à remettre en route le marché interbancaire ainsi que les prêts aux entreprises et aux familles, l'État a assumé directement le rôle de bailleurs de fonds, sans véritable espoir de retour sur investissement, des entreprises. Au Japon, l'État a sorti 13 milliards d'euros, grâce auxquels il entrera éventuellement dans le capital des entreprises. En particuliers, on a assisté à une course pour venir à la rescousse des producteurs nationales d'automobile, des 14 milliards de dollars donnés à GM et Chrysler aux 7 milliards d'euros accordés à Renault et PSA, dont une partie ira aux branches de ces entreprises qui financent les achats à crédit. Des choix qui tous, avec la réduction pratiquement à zéro des taux d'intérêts pratiqués par de nombreuses banques centrales comme la Fed, démontrent qu'on cherche la solution à la crise dans des directions déjà empruntées, et qui ont déjà mené à l'échec, comme l'endettement et le protectionnisme, redevenu tout à coup devenu à la mode avec le « achetez américain ». L'ensemble des ressources mises sur la table par les États-Unis atteint les 8 000 milliards de dollars, soit 54% de leur PIB. Si nous pensons que les États-Unis ont dépensé 3 600 milliards de dollars dans toute la Seconde guerre mondiale et, qu'en 1944, leur dépenses militaires atteignaient 36% du PIB., nous avons une idée de la partie qui se déroule. L'augmentation des dépenses étatiques fera exploser le déficit public, qui aux États-Unis dépassera cette année la barre des 10% et sera compris au Royaume-Uni entre 6 et 8%, tandis que l'Allemagne, la vertueuse, verra son déficit public à son maximum depuis 1945.

    La croissance gigantesque des dettes publiques, déjà creusées aux États-Unis par des décennies de subventions aux entreprises et de dépenses militaires, conduira à la hausse des impôts, tandis que l'augmentation des émissions de bons du Trésor, unique investissement refuge restant, a déjà conduit à la baisse des revenus pour des millions de petits épargnants.

    Dans le même temps, le prix des credit default swaps sur les bons publics a augmenté, signe des craintes du marché sur la solvabilité de nombreux états. Tandis que les États-Unis, grâce au dollar, tentent de continuer à décharger le financement de leur énorme dette sur l'étranger, de nombreux pays périphériques, surtout en Europe de l'est, pris dans les difficultés de la récession, risquent une banqueroute qui aurait des contrecoups très lourds sur les banques européennes et sur l'euro.

    5 – CONCLUSION: PLANIFICATION ET REDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL

    Si l'échec du marché est désormais évident pour tous, moins évident est l'échec tout aussi grand de la propriété et de la production privée. En Italie, par exemple, nous assistons au paradoxe apparent de ceux qui, le patronat en tête, demandent et obtiennent l'intervention de l'État sous forme d'aides et continue à exiger la poursuite de la politique de privatisation, par exemple des services publics.
     
    En fait, c'est justement dans les moments de difficulté que le capital se réfugie le plus dans les rentes de monopole, en dehors de toute concurrence. Dans tous les pays, le préalable à toutes les aides publiques accordées, c'est que l'État, même dans le cas où celui-ci deviendrait majoritaire dans une banque ou dans une entreprise, reste rigoureusement en dehors de leur gestion, peut-être en achetant des actions sans aucun droit de vote. Déjà l'expansion du crédit avait mis à disposition du privé le capital social (l'épargne de la collectivité), faisant de la production privée une production sans propriété privée. Aujourd'hui que l'État finance les banques privées ou fournit directement aux entreprises le capital employé, la propriété prend encore plus un caractère social. S'accroît donc la contradiction entre le caractère toujours plus social de la production et de la propriété et l'appropriation privée du produit de cette production, qui se concentre entre des mains toujours moins nombreuses.

    Du reste, avec seulement cinq entreprises automobiles qui se partagent le marché mondial peut-on encore parler de propriété privée? Il s'agit d'une production qui en réalité s'est déjà presque socialisée.
    Nous avons plutôt une production privée sans propriété privée, et qui se sert de l'État comme d'un distributeur qui concentre le capital de toute la société. La crise ne se résout pas avec toutes ces aides aux entrepreneurs privés ou en injectant des masses d'argent dans le puits sans fond de l'insolvabilité de banques qui continuent à ne pas prêter d'argent. La crise se résoudra seulement si on s'attaque à ses racines, qui se trouve certainement pas dans les revenus des super-managers.

    En premier lieu, cela n'a pas de sens de maintenir le caractère privé de la production, quand les capitaux sont publics.
    L'anarchie irrationnelle de la concurrence et le déséquilibre permanent entre production et circulation des marchandises demeureraient, au détriment des travailleurs/contribuables.

    De telles contradictions peuvent seulement être résolues par une coordination d'ensemble, la planification de l'économie de la part de la collectivité, selon les priorités de la société et de l'environnement, et en commençant par la renationalisation des banques et des services publics. Ensuite, il faut s'attaquer à la contradiction entre le développement des forces productives et rapports de production. Les découvertes technologiques, et l'énorme augmentation de la productivité qui en a découlé dans les dernières décennies, peuvent permettre de réduire le temps de travail plutôt que de mettre des travailleurs au chômage. Mais cela ne peut se faire que si le temps de travail est réduit pour le même salaire, libérant ainsi des besoins et la possibilité de les satisfaire, et élargissant ainsi les limites du marché. S'il est vrai que la crise libère les monstres de la xénophobie et de l'autoritarisme et que la dépression de 1929 a ouvert la voie aux fascismes, cette même crise a aussi entraîné des réactions à gauche. Aux États-Unis en 1932 le sénateur Black, opposé au working sharing, qui redistribuait seulement la pauvreté et non le travail, a proposé une loi pour la réduction du temps de travail à 30 heures, qui fut seulement vaincue par l'opposition commune de Roosvelt et des entrepreneurs. Ce fut au contraire en France qu'en 1936, en pleine crise, fut approuvée une loi pour les 40 heures, qui a porté, pour le même salaire, le temps de travail annuel de 2496 à 2000 heures.

    La différence entre les États-Unis et la France c'est, qu'à l'époque, en France, était au pouvoir ce grand exemple d'intervention et d'action politique des travailleurs que fut le Front Populaire. Une expérience politique sur laquelle, mutadis mutandis, il vaudrait la peine de réfléchir. Aujourd'hui, en conclusion, face à une crise exceptionnelle qui met en évidence la faillite de tout un mode de production, le fantôme que l'on a voulu exorciser dans les derniers vingt ans redevient d'actualité, le socialisme. La possibilité de répondre à la crise économique et à la crise politique de la gauche passe ainsi par la capacité de proposer un projet pour une organisation alternative de la société et de l'économie.

    Publié par LE RACO MARSEILLE


    votre commentaire
  •  

    Grèce : les SDF du capital aux manettes fabriquent de la misère

    Grèce : Coup de tabac dans la démocratie habillée SDF (Socialo Droite Fasciste).

    Cela arrive dans certaines familles : dès lors qu'il faut capter l'héritage ou se partager la dépouille de celui ou celle qui fut apparemment vénéré, on l'expulse, voire on le met à l'asile ou carrément dehors et ensuite quand vient le notaire on s'arrache les yeux pour avoir le plus gros morceau.

    C'est ce que vient de faire la majorité de complaisance au capital qui comme les pavillons des armateurs vogue vers le port des coffres forts et laisse le peuple en rade l'abandonnant en pleine mer.

    Et c'est le président de l'International Socialiste qui a armé la flotte avant de laisser la place à un amiral au service des envahisseurs diplômé pour cela de leur école de guerre.

    Mais le peuple ne se laisse pas faire, il a appris à nager et s'organise.

    L'Ami Jean de "çanempêchepasnicolas nous passe quelques infos qui mettent de l'aigreur et sèment le doute dans la compagnie "sdf" athénienne :

     

    LA RESISTANCE POPULAIRE GRECQUE
    DIVISE LA NOUVELLE COALITION

    (socialistes, droites et facistes)

     

    Papadémos juge nécessaire un autre plan d'ajustement (d’austérité accrue), en Grèce

    Mais, déjà, ni la Nouvelle Démocratie, ni le LAOS (fascistes), membres du nouveau gouvernement, ne voteront les « mesures nouvelles » d’austérité promises par Papadémos …

    La Résistance du peuple grec, à nouveau dans la rue jeudi 17 novembre, fait réfléchir les nouveaux partenaires du PASOK

    La Grèce aura besoin d'un nouveau programme d'ajustement pour redresser son économie, a déclaré lundi le Premier ministre Lucas Papadémos devant le Parlement, ajoutant que les cent jours donnés à son gouvernement d'union ne suffiraient pas à accomplir cette tâche. 

    Peu auparavant, le dirigeant du parti conservateur Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, avait prévenu que sa formation, qui participe au gouvernement d'union nationale avec les socialistes du Pasok et le parti d'extrême droite LAOS, ne voterait pas de nouvelles mesures d'austérité.

    "Pour poursuivre les efforts de redressement de l'économie, nous avons besoin du soutien de nos partenaires européens (...) et d'un nouveau programme d'ajustement budgétaire", a dit le Premier ministre lors d'un débat parlementaire en prévision d'un vote de confiance prévu mercredi. 

    Antonis Samaras  (ND )a apporté son soutien aux mesures déjà approuvées pour tenter de sortir le pays de la crise mais a dit clairement qu'il ne voulait pas de nouvelles mesures d'austérité.

    "Nous ne voterons pas en faveur de nouvelles mesures", a-t-il souligné lors d'une réunion avec les députés de Nouvelle Démocratie.

    Antonis Samaras a précisé qu'il ne signerait pas de lettre d'engagement, ce que demandait le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, en ajoutant que sa parole suffisait.

    Bien que le parti de Samaras soit membre du nouveau gouvernement de coalition, son soutien au cabinet en place depuis trois jours est resté tiède jusqu'ici.

    Une autre formation gouvernementale, le LAOS, a aussi fait savoir qu'elle n'appuierait pas de nouvelles réductions de salaires ou de retraites.

    La position de la droite laisse prévoir des tensions persistantes entre Nouvelle Démocratie et le Pasok de l'ex-Premier ministre George Papandréou, tensions qui ont poussé la Grèce au bord du gouffre la semaine dernière et incité ses partenaires de l'UE à envisager sa sortie de l'euro.

    Autre signe de désaccords au sein même de Nouvelle Démocratie, Samaras a exclu de son groupe parlementaire le député modéré Sotiris Hatzigakis après que ce dernier eut insinué qu'il y avait des éléments d'extrême droite à l'intérieur du parti.

     

    Des inspecteurs de la "troïka" formée par l'UE, le FMI et la BCE devaient rencontrer les membres du nouveau gouvernement mercredi après le vote de confiance, mais leur venue est à présent incertaine. 

    MANIFESTATION CONTRE L'AUSTÉRITÉ JEUDI

    Les dizaines de milliers de manifestants hostiles aux mesures d'austérité engagées depuis plus d'un an se rassembleront jeudi, pour l'anniversaire du soulèvement estudiantin qui contribua à renverser la junte militaire au pouvoir en Grèce de 1967 à 1974.

     

    C'est qu'ils sont pénibles ces peuples. On leur fabrique des agences de notations de l'économie pour leur dire comment ils doivent remplir les coffres.

    On leur importe des agences de notation de l'opinion pour leur dire à coups de sondages et de graphiques pourquoi ils ne doivent plus exiger de voter.

    On leur détache, juste sorti du four du cuistot Goldman Sachs, un pain béni de dirigeant de la "BCE-FMI-G20 corp°".

    Et ils ne veulent rien entendre ? En remplacement de votre Papendréou usé jusqu'à la corde, on vous met pour trois mois à l'éssai un Papadémos et ensuite on vous greffe sans frais (pour nous) la version Papadurable et vous n'en voulez pas ?


    On vous détache Hermés et vous exigéz Athéna ? Non de Zeus c'est bien la preuve : vous n'êtes pas mûres pour la démocratie et l'Europe.

    Comment ? qu'est-ce que vous dites ? Europe et démocratie sont nées chez vous? Vous prétendez en avoir sculpté les concepts qu'on est entrain de trafiquer ? Qu'est-ce que vous racontez là comme fadaises. Allez, circulez laissez passer l'Eurocorps qui va aller faire le ménage et servir de dernier rempart à notre société libérale.

    - Coloneeels ; nous voilaaa..

    Vous héros de la geste Libéraleuuux ♫♫

     

     http://medias.lepost.fr/ill/2011/11/14/h-20-2637822-1321289798.jpg 

    Par canaille le rouge


    votre commentaire
  • 180 000 fonctionnaires dans les rues de Lisbonne contre la casse du service public, aggravée par le nouveau plan d'austérité, avec comme perspective la grève générale du 24 novembre

     180 000 fonctionnaires dans les rues de Lisbonne

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Ils étaient 180 000 travailleurs de la fonction publique ce samedi 12 novembreà avoir répondu à l'appel du Front commun des syndicats de l'Administration publique pour protester contre la nouvelle mouture du plan d'austérité adoptée au Parlement vendredi dernier, en concertation avec la « troika » BCE-Union européenne-FMI.

     

    Le gouvernement socialiste est à l'origine des quatre premiers plans d'austérité qui ont déjà gelé les salaires et les allocations sociales, augmenté les impôts les plus injustes comme la TVA ou lancé de larges programmes de privatisation touchant notamment l'entreprise nationale d'électricité (EDP), des transports (CP) ou la Poste (Correios).

     

    Pour cette énième version,la nouvelle majorité de droite élue en juin dernier bénéficie naturellement du soutien public du Parti socialiste qui s'est abstenu vendredi.

     

    Ce nouveau plan prévoit la baisse des salaires et des retraites des fonctionnaires avec la suppression des primes de congé et de Noël, l'augmentation du temps de travail d'une demi-heure pour tout le monde, l'augmentation de la TVA sur la plupart des produits de base ou encore la baisse drastique des budgets de l’Éducation et de la santé.

     

    Au-delà du nombre, la réussite de la mobilisation tient à l'unité syndicale réalisée dans l'action entre la CGTP-IN, proche des communistes, et l'UGT, traditionnellement proche des socialistes, et ce sur les positions de la CGTP. Jusqu'à présent, la CGTP se contentait d'appels à l'unité d'action et mobilisait par ses seules forces pour les journées de grève et de mobilisation, l'UGT privilégiant le « dialogue social » avec le pouvoir.

     

    Ce samedi, ce sont plusieurs centaines de milliers travailleurs de la fonction publique qui ont défilé à Lisbonne de la Rotonde du Marquis de Pombal jusqu'à la place des Restaurateurs, toutes catégories confondues : fonctionnaires du pouvoir central et local, jeunes en contrat précaire, professeurs, infirmières, personnel hospitalier. Même les militaires ont participé à la journée de mobilisation, dans un cortège séparé.

     

    Cette journée de mobilisation a constitué une répétition pour la journée de grève générale du 24 novembreconvoquée par la CGTP-IN, et à laquelle s'est ralliée l'UGT pour lutter contre le « pacte d'agression » convenu entre la droite, le PS et l'Union européenne.

     

    Comme l'a souligné samedi Ana Avoila, coordinatrice du Front commun des syndicats de l'Administration publique : « C'est seulement par la lutte organisée que nous pourrons mettre en échec cette offensive. La lutte est inévitable ».

     

    Les communistes qui conservent un lien organique avec le syndicat de la CGTP-IN ont pleinement contribué au succès de cette mobilisation, participant à la construire à partir des lieux de travail.

     

    En tête du cortège du PCP, le secrétaire-général du Parti, Jéronimo de Sousa, a qualifié samedi cette manifestation « de magnifique réponse des travailleurs à l'idéologie de la fatalité, du conformisme et de la résignation, et il s'agit déjà d'une grande démonstration de ce que va être la grande grève générale du 24 novembre ».

     

    Il a ajouté que « les travailleurs de l'Administration publique ont été la cible d'une attaque contre leur dignité, leurs droits mais on ne peut les traiter séparément des travailleurs du privé, car avec son pacte d'agression, ce Gouvernement veut toucher également tous les secteurs qui vivent du revenu de leur travail », exhortant tous les travailleurs à participer à la grève générale.

     

    Comme en Grèce, la mobilisation organisée des travailleurs monte en puissance au Portugal et rassemble des couches de plus en plus larges de la population sur des objectifs clairs : le refus de l'austérité, d'où qu'elle vienne, le rejet de la politique de casse sociale que le consensus européiste dominant veut imposer aux peuples.

     

    En Grèce comme au Portugal, ce sont les communistes qui sont à l'avant-garde du mouvement et contribuent à lui donner une vigueur et une perspective politique qui permettent d'envisager la rupture avec ces politiques de droite, ici et maintenant, dans les luttes !


    votre commentaire
  •  

    Une conférence de Michel Etiévent avec la participation de la fille d'Abroise, Eliane Croizat.


    Michel Etiévent est l'auteur de "Ambroise Croizat, ou l'invention sociale".

    Unanimement saluée par la presse, la première biographie du père de la Sécurité Sociale, ministre du travail à la Libération et auteur d’un héritage impressionnant de réalisations sociales.

    Toute sa vie, son oeuvre : un chemin de dignité.


    Montataire (Oise). octobre 2011


    votre commentaire
  • L'UMP ne veut pas regarder les véritables fraudeurs Comme c’est étrange qu’à 6 mois des élections, la droite enfourche le thème de la fraude sociale. Celle-ci se serait-elle accentuée depuis le début du mandat de Sarkozy ? Non, mais en dénonçant arbitrairement des catégories de français et en les opposant à d’autres, salariés du public contre ceux du privé par exemple, Sarkozy, pourtant pas officiellement candidat, compte en récupérer les fruits en 2012.

     

    N'en déplaise à Nicolas Sarkozy et François Fillon tout à leur chasse à l'assisté, ce sont les entreprises, et non les assurés sociaux, qui causent le plus lourd préjudice financier à la Sécurité sociale.

     

    Selon Pierre Fender, directeur chargé de la répression de la fraude à l'assurance maladie, celle-ci «est probablement inférieure à 1% du montant des prestations versées», et la majorité des fraudes détectées n'incombent pas aux assurés sociaux mais aux professionnels de santé. La fraude aux prestations s'élèverait de 2 à 3 milliards d'euros, soit, au plus, 0,5% du total des prestations, tandis que la fraude aux cotisations des entreprises, serait 4 à 5 fois plus coûteuse: entre 8 et 15,8 milliards d'euros, et relevant essentiellement du travail dissimulé. De 10 à 12% des entreprises sont en infraction. Ainsi, pas moins de 5 à 7% des salariés ne sont pas déclarés à la Sécu, une «pratique courante, pour ne pas dire banalisée, dans certains secteurs économiques». Les grandes marques de l'habillement en sont particulièrement coutumières, en recourant à des ateliers clandestins. En septembre, un entrepreneur frauduleux est poursuivi pour travail dissimulé pour avoir employé illégalement 226 Polonais en contrat d’intérim pour les vendanges dans l’Aube et dans la Marne.

     

    La fraude patronale prend aussi d'autres formes non moins préjudiciables aux finances sociales. Ainsi de la sous-déclaration des accidents du travail et maladies professionnelles non déclarés comme tels, par les salariés, sous la pression de leurs employeurs. Ils sont alors pris en charge par l'assurance maladie, en lieu et place de la branche spécifique AT-MP de la Sécu, financée seulement par les entreprises. Il en coûte chaque année entre 600millions et 1,1 milliard d'euros à la caisse d'assurance maladie, selon un rapport officiel.

     

    Toute honte bue, le pouvoir sarkozyste préfère stigmatiser l'ensemble des allocataires sociaux que de s'attaquer aux puissants délinquants. C’est ainsi que les salariés malades vont se voir amputés d’une journée de salaire supplémentaire avec l’ajout d’une journée de carence pour les arrêts maladie.

     

    Ce pouvoir est moins ardu à combattre la fraude fiscale, d’ailleurs les paradis fiscaux que Sarkozy disait avoir fait disparaître sont toujours là. Et quand il s'agit de s'en prendre aux spéculateurs, à ceux qui escroquent les peuples et mènent le monde à la ruine, la droite est aux abonnés absents.

     

    Sarkozy ne veut absolument pas défendre le modèle social français, bien au contraire. Il met en pratique le conseil de son ami Kessler qui préconisait de détricoter le programme du Conseil National de la Résistance. Il sera plus que temps de l’éjecter en 2012.

     

    La fraude chiffrée par la CNAM. 156,3 millions d'euros: c'est le montant des fraudes à l'assurance maladie, toutes catégories confondues, détectées et stoppées en 2010, selon le récent rapport de la délégation nationale à la lutte contre la fraude. Près de la moitié, 71,1 millions d'euros, est imputée aux hôpitaux et aux cliniques (lesquels invoquent souvent des erreurs dans la codification des actes, liée à la réforme de la tarification à l'activité). Viennent ensuite diverses catégories de professionnels de santé, en premier lieu les infirmiers libéraux et les transporteurs. Du côté des assurés, la fraude la plus importante, selon le rapport, concerne les indemnités journalières (IJ) pour arrêt maladie (pour 5,4 millions d'euros). Mais ici aussi la frontière est ténue entre fraude et erreur, note un conseiller CGT de la Cnam: un salarié dont on a mal calculé les IJ sera jugé fraudeur alors qu'il ne maîtrise en rien la déclaration faite par l'employeur.

    http://jcoutant.over-blog.com


    votre commentaire
  • Les dinosaures ont disparu de la surface de la terre alors qu’ils semblaient pourtant invincibles et indispensables à la survie de l’écosystème de l’époque. Mais ces animaux gigantesques avaient un point faible, leur sang froid et finalement leur disparition n’a pas entraîné la fin de toute vie sur terre.

    La fin des bancosaures65 millions d’années plus tard, nous assistons à la disparition d’une autre espèce gigantesque : le bancosaure. Et quasiment tous les économistes et politiciens craignent que cela ne provoque la fin de toute vie économique sur terre. Pour parer à cela, ils sont prêts à commettre toutes les erreurs pour les maintenir en vie.

    C’est que le bancosaure est lui aussi un animal fragile avec un grave point faible, sa survie dépend essentiellement d’une seule et unique chose : la confiance.

    Comme tous les animaux, le bancosaure grandit avec le temps. Au début de sa vie, il accepte les dépôts des épargnants. Il veille à ce que les montants des comptes à vue des épargnants restent plus faibles que ceux des comptes à terme. Il sélectionne soigneusement les clients auxquels il prête l’argent des épargnants et investit sa trésorerie dans des actifs sans risques. Mais au fur et à mesure de sa croissance, le bancosaure prend de l’assurance. Il emprunte sur les marchés, d’abord à long terme et puis à court terme. Convaincu qu’il est devenu tellement indispensable à l’économie de son pays et qu’il détient l’épargne de tant d’électeurs,  il est certain de pouvoir compter sur l’aide de l’Etat en cas de difficultés. Alors il prend des risques et devient de plus en plus dépendant de l’emprunt à court terme. C’est ainsi qu’il doit constamment renouveler ses dettes à court terme.  Dans le jargon technique on dit que sa gestion actif-passif devient de plus en plus préoccupante.

    La fin du bancosaure est pratiquement toujours la même : il perd la confiance de ses créanciers. Pour éviter sa faillite pure et simple, les autorités utilisent différentes techniques :
    - La nationalisation comme ce fut par exemple le cas avec  Northern Rock au Royaume-Uni en 2008, après 158 années d’existence.
    - L’absorption par un bancosaure plus gros. Technique utilisée en Belgique avec Fortis en 2008 et largement utilisée en Espagne ces derniers mois. Le risque étant alors que le bancosaure absorbeur ne soit contaminé par son hôte. C’est précisément ce qui est en train de se produire avec Bank of America, le plus gros bancosaure américain qui glisse inexorablement vers la faillite depuis qu’il a repris en 2008, Countrywide spécialisé dans le subprime…
    -  La fusion de deux bancosaures malades. Technique utilisée en Grèce récemment. Non pas que cette fusion donne naissance à un bancosaure sain mais le nouveau bancosaure résultant de cette fusion apparaît alors comme tellement important que sa survie justifie toutes les interventions publiques même les plus extrêmes.

    Actuellement les Etats sont tellement endettés après avoir massivement aidé les bancosaures lors de la première vague de la crise en 2008 qu’ils seront incapables de pouvoir faire quoi que ce soit dans les prochains mois. Il faut donc se préparer à des mesures inédites comme la mise sous tutelle d’un bancosaure par sa banque centrale. Mais à ce stade nous plongeons vers l’inconnu.

    Afin d’illustrer le propos, prenons quelques chiffres extraits d’un bilan consolidé au 30 juin 2011 d’un très gros bancosaure français qui a récemment défrayé la chronique.

    Ces chiffres représentent bien ceux de l’ensemble des  gros bancosaures et sont en milliards d’euros.
    Total de bilan : 1 158
    Capitaux propres : 52

    Soit 22 fois moins ! Un ratio qui semblerait catastrophique pour n’importe quelle autre société mais néanmoins « classique » pour un bancosaure.

    Observons à présent les dettes à court terme : celles envers les autres bancosaures et celles envers les clients.

    A) Dettes à court terme envers les autres bancosaures : 40
    Soit quasiment l’équivalent de ses capitaux propres. A ce stade on comprend immédiatement ce qui effraye particulièrement ce bancosaure français : si les autres bancosaures commencent à douter et refusent de « rouler » ces 40 milliards d’euros, il risque la mort avant même que le premier épargnant n’ait tenté de retirer son épargne. C’est exactement là que réside le risque majeur pour ce bancosaure. Contrairement à l’idée générale, le premier danger n’est pas que les clients ne se ruent pour vider leurs comptes à vue. Ces épargnants arriveront déjà trop tard car les autres bancosaures auront retiré leur argent bien avant que ces épargnants ne s’aperçoivent du moindre problème.

    B) Dettes à court terme envers la clientèle :  200
    Soit pour le dire simplement il s’agit de l’argent que le client imagine pouvoir retirer à tout moment.
    Observons ensuite de quoi dispose ce bancosaure en imaginant qu’il va pouvoir liquider tranquillement tout son portefeuille dans un marché serein :
    Caisse, Banques centrale et actifs financiers disponibles à la vente : 156
    On comprend qu’il s’agit là d’un montant plus qu’idéal car si ce bancosaure devait être en difficulté, les répercussions sur la bourse seraient dramatiques et il serait bien incapable de pouvoir obtenir ce montant qui est de toute façon très largement inférieur à ses dettes à court terme ( 156 < 200+40).

    Retenons donc que ces bancosaures, que le lecteur aura bien évidement identifié comme des banques « trop grandes pour faire faillites » sont particulièrement vulnérables à une perte de confiance de la part des autres banques. Les banques sont cruellement dépendantes les unes des autres et peuvent se retrouver en difficulté  bien plus rapidement que ne peut l’imaginer l’homme de la rue. Je crains d’ailleurs fortement que nous allons devoir l’expérimenter dans les prochaines semaines.

    Le 1er septembre 2011, Pascal Roussel analyste au sein du Département des Risques Financiers de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et Administrateur de Pegasius SA spf. Auteur du livre « Divina Insidia, le Piège Divin ». Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de la BEI ou de son management. Cette lettre d’information financière est volontairement très courte et dans ce cadre il n’est pas possible d’entrer dans les détails. Afin de rester accessibles à tous, certains concepts sont exposés de manière schématique ou imagée mais ils restent néanmoins exacts.

    http://www.pascalroussel.net


    votre commentaire
  • La crise a été déclenchée par les banques (Goldman Sachs en tête) ? Qu'à cela ne tienne, plusieurs anciens tauliers de la Sulfureuse ont pris le pouvoir - à la BCE, au FMI, en Grèce, en Italie. A la grande satisfaction des marchés, et des politiques de tous bords. Jusqu'ici, tout va bien...

    Goldman Sachs

    Mario Draghi (Commission trilatérale et Bilderberg) a été récemment nommé président de la Banque centrale européenne (BCE).. De 1993 à 2001, il a siégé à plusieurs conseils d'administration de banques italiennes. De 2002 à 2005, il a été vice-président de Goldman Sachs Europe. Pendant cette période, la banque d'affaire a touché 300 millions pour aider la Grèce à camoufler son déficit. Mais Super Mario, bien que chargé des "entreprises et pays souverains", n'était pas au courant...

    La maladie de Goldman Sachs

    Lucas Papademos (membre de la Trilatérale) est le nouveau Premier ministre grec. Empapados succède donc à Nappadeuro (anagrammes de Papademos et Papandreou). Il a été gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002, qui a participé à l'opération de trucage des comptes perpétré par GS. Le gestionnaire de la dette grecque, qui a racheté les produits dérivés ayant permis la supercherie, est d'ailleurs un certain Petros Christodoulos, ex-trader de la firme.

    Mario Monti (Trilatérale et Bilderberg) vient d'être nommé premier ministre italien. Il est conseiller international de Goldman Sachs depuis 2005, avec un rôle de lobbyiste en chef. Toujours président de la section européenne de la Trilateral Commission et membre du comité de direction du groupe Bilderberg. Difficile de faire mieux...

    Goldman, prise la main dans le Sachs

    Otmar Issing, Allemand, aussi membre des Bilderberg, ex-président de la Bundesbank (1990-1998) et ancien "chief economist" à la BCE (1998-2006). Un homme bien sous tous rapports, qui continue de publier des tribunes en tant qu'ex-BCE, en cachant soigneusement son appartenance à Goldman Sachs, depuis 2006.

    Ex-président de Goldman Sachs International dont il est resté l'un des administrateurs, l'Irlandais Peter Sutherland (encore un membre Bilderberg), ancien commissaire européen à la concurrence, est aussi directeur non exécutif de la Royal Bank of Scotland, qui a fait faillite l'an dernier. Et il continue de jouer un rôle crucial dans la crise irlandaise.

    Le portugais Antonio Borges dirige le département Europe du Fonds monétaire international (FMI). De 2000 à 2008, il fut dirigeant de Goldman Sachs International. Et l'actuel Président de la Banque mondiale, l'américain Robert Zoellick, fait lui aussi partie de la grande famille des anciens de Goldman Sachs.

    Sans parler des Américains : Henry Paulson et Robert Rubin, anciens secrétaires d'Etat au Trésor, Jon Corzine, responsable de la chute de MF Global, William Dudley, président de la Fed de New York, et à la Maison Blanche, les bureaux qui n'hébergent pas d'anciens de Goldman Sachs se font plutôt rares...

    Bref, une belle brochette de banksters, sapeurs et sans reproche, qui ont juste mis le feu aux poudres et déclenché l'incendie généralisé qui commence à nous chauffer le postérieur... et qui se retrouvent aux commandes du camion de pompiers. Le pire, c'est que tout le monde applaudit... tous aux abris !

    Sources : rue89.com, lemonde.fr, trilateral.org, bruxelles.blogs.liberation.fr, wikipedia.org, journaldunet.com

    http://www.lesmotsontunsens.com


    votre commentaire
  • Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, le 18 septembre, à la Fête de l'Humanité.

    Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, le 18 septembre, à la Fête de l'Humanité.AFP/JACQUES DEMARTHON

    "Un entretien qui fait débat ", a titré L'Humanité mardi 15 novembre. Le quotidien communiste a choisi l'euphémisme pour exprimer le malaise éprouvé dans les rangs du PCF, dimanche 13 novembre, à la lecture de l'interview de Jean-Luc Mélenchon dans le Journal du dimanche.

    C'est peu dire que les piques du candidat du Front de gauche à l'encontre de François Hollande n'ont pas choqué seulement les dirigeants socialistes. Déclarer que le candidat du PS partage "la même analyse de la crise" que Nicolas Sarkozy et qu'ils sont tous les deux "des hommes d'un autre temps" n'a pas plu du tout aux alliés communistes de M. Mélenchon. Pas plus que ses attaques ad hominem contre le "capitaine de pédalo". Les "camarades" pensaient que le temps de l'agressivité de leur candidat à l'encontre des socialistes, si prégnante en début de campagne, était derrière eux. Ils n'ont guère goûté cette soudaine rechute.

    "IL FAIT DU BESANCENOT"

    "La base communiste pense qu'il est devenu fou d'attaquer ainsi plus durement Hollande qu'il ne le fait pour Sarkozy", raconte un cadre de la Place du Colonel-Fabien, siège du PCF. "En faisant ça, il fait du Besancenot et ne va pas atteindre 5 % !"

    "Je suis inquiet par certains aspects de la manière dont Jean-Luc Mélenchon mène sa campagne, et qui rebutent une partie de l'électorat communiste", explique de son côté Jean-Claude Mairal, ancien président du conseil général de l'Allier, dans une lettre adressée à Pierre Laurent et Marie-George Buffet.

    L'ancien élu, aujourd'hui président du Cidef, centre de formation de l'ANECR (Association nationale des élus communistes et républicains), met en garde les dirigeants. "Dans ce département de l'Allier, où nous disposons encore d'un fort potentiel électoral, je peux vous dire – je l'ai vécu aujourd'hui dans ma commune – que cette attitude de Jean-Luc Mélenchon fait fuir un certain nombre d'électeurs communistes et renforce le vote utile en faveur du candidat socialiste", écrit-il.

    D'autres élus partagent cette crainte. "C'est peut être bon pour faire parler de lui, mais ce n'est pas utile au débat", tranche Patrick Le Hyaric. Le député européen est persuadé que traiter ainsi le député de la Corrèze "peut accréditer qu'on préfère que la droite reste au pouvoir". Or, insiste-t-il, "le Front de gauche a été aussi construit pour faire gagner la gauche, tout en assumant la confrontation en son sein entre les propositions des uns et des autres".

    "L'OBJECTIF DU FRONT DE GAUCHE EST DE BATTRE SARKOZY"

    A la direction du PCF, on tente de minimiser le malaise en trouvant des excuses au président du Parti de gauche. "Si on sort cette phrase de son contexte, on peut imaginer que sa ligne est de taper sur François Hollande, mais ce n'est pas le cas", assure Olivier Dartigoles, codirecteur (PCF) de la campagne de M. Mélenchon. Il estime que le candidat a juste essayé de "déverrouiller le débat à gauche".

    Même indulgence de la part de Marie-George Buffet : "L'objectif du Front de gauche est de battre Sarkozy et de faire réussir la gauche. Je pense que c'est le souci de Jean-Luc", argumente la députée de Seine-Saint-Denis. Elle ajoute, cependant, qu'"il y a des formules qu'[elle n'emploierait] pas".

    Mais la direction a senti le vent tourner. Marie-Pierre Vieu, membre de l'exécutif, prévient : "Jean-Luc ne pourra pas être entendu s'il donne l'impression de mettre une balle dans le pied de son camp." "Il faut qu'il comprenne qu'il peut jouer son rôle de challenger à gauche, disputer l'hégémonie au PS, sans oublier que les gens veulent avant tout battre la droite", insiste cette conseillère régionale de Midi-Pyrénées.

    Sylvia Zappi


    votre commentaire
  • Législatives. Le Front de gauche a lancé sa campagne, jeudi soir à Saint-Vallier.

    Saint-Vallier, 6 e ville de Saône-et-Loire, est gérée par un maire communiste depuis 1947.

    L’humain d’abord


    Mais hier soir dans la salle Devos, c’est bien de 2012 dont il était question. Malgré la pluie et le vent, 200 personnes environ ont fait le déplacement pour encourager les candidats du Front de gauche aux élections législatives des 10 et 17 juin 2012.

    Au sein de l’alliance du Parti communiste et du Parti de gauche, l’ambiance est enthousiaste. « Nous sommes à un moment historique : c’est maintenant qu’il faut reprendre le contrôle de nos vies face aux requins de la finance », clame Jacques Chabalier, secrétaire national du PCF, qui avait fait le déplacement depuis Paris aux côtés de Raquel Garrido, porte-parole du PG. Les militants y croient. « Rien ne nous dit que la Saône-et-Loire n’élira pas, en juin, un député Front de gauche à l’Assemblée nationale. La messe n’est pas dite ! », assure le Chalonnais Jacky Dubois.

    Pour permettre à leur camp de créer l’exploit, les militants entendent mener une « campagne de proximité, sur le terrain, comme on l’a fait en 2005 pour le traité constitutionnel européen », annonce Nathalie Vermorel, secrétaire du PCF départemental.

    « Ne nous laissons pas mystifier par les libéraux »

    3 e circonscription : Autun, Creusot, Chagny


    Serge Desbrosses, 50 ans, est technicien territorial à la CUCM et réside au Creusot. Suppléante : Sylvie Lefebvre. « La 3 e circonscription n’a aucune logique, administrative, territoriale ou économique. Ce redécoupage a été fait pour servir les intérêts de l’UMP. Un parti présidé par le député sortant Jean-Paul Anciaux qui confesse ne pas être d’accord avec la politique actuelle ! Mon message est un appel à la résistance. Ne nous laissons pas mystifier par le chant des libéraux ! »

    « Il n’y a pas que des riches sur cette zone ! »

    Jacquy Lièvre, 59 ans, réside à Morlay Saint-Ythaire, tient des chambres d’hôtes. Suppléante : Ève Comtet. « Sur le Mâconnais, on a un sénateur-maire UMP, un député UMP, un président d’agglo UMP. Mais il n’y a pas que des riches sur la 1re circonscription. Il y a des travailleurs, des chômeurs, des jeunes qui ont besoin de changement.Le député sortantGérard Voisin a voté le bouclier fiscal, la réforme des retraites. On va expliquer quel est son bilan ! »

    L’humain d’abord

     

    « La RCEA, enjeu majeur, doit rester gratuite »

    2 e circonscription : Charolais, Brionnais

    Isabelle Voillot, 46 ans, est comptable en milieu rural et réside à Gueugnon. Suppléant : Jean-Louis Mitaine. « Un des enjeux majeurs sur la 2 e circonscription est la RCEA que l’État veut mettre en concession autoroutière sans tenir compte de l’avis de la population. C’est du délire ! Le député UMP sortant, Jean-Marc Nesme, se frotte les mains au prétexte que cela développera le territoire. Ce sont des mensonges. La RCEA doit rester dans le service public. »

    L’humain d’abord

     

    « Nos campagnes doivent être valorisées »

    4 e circo : Bresse, Val de Saône

    Isabelle Pirat, 52 ans, est enseignante et réside à Cuisery. Suppléant : Bastien Lonjarret. « Nous allons développer des tas de thèmes durant cette campagne mais pour débuter, je voudrais insister sur l’éducation. En Bresse, les collégiens étudient dans des préfabriqués. Il faut valoriser nos campagnes, ne pas les laisser isolées, pour donner envie aux enseignants d’y venir et permettre aux élèves d’avoir les mêmes conditions d’études que ceux des villes. »

    L’humain d’abord

     

    « Associer la population aux décisions »

    5 e circonscription : Chalon, Montceau

    L’humain d’abord


     Jacky Dubois, 60 ans, est retraité de la métallurgie et réside à Chalon. Suppléante : pas encore connue. « On parle aujourd’hui de rapprocher la CUCM et le Grand Chalon dans le cadre d’une réforme territoriale antisociale et antidémocratique. La coopération entre les territoires ne peut pas se faire sans associer la population. Nous créerons des comités de village ou de quartier pour faire vivre la démocratie directe. Après l’UMP et le PS, place au Front de gauche ! »


    votre commentaire
  • par danielle Bleitrach

    Etre condamnée à la tragédie de l’optimisme

    Il est des moments où l’envie de se battre et donc de vivre vous abandonne. Ce n’est pas une tragédie mais quelque chose qui a trait à l’ennui éprouvé devant vos contemporains et  la nuit  dans laquelle ils vous paraissent s’engouffrer avec délices, cela a trait au passé dont vous vous sentez plus ou moins le dépositaire, dieu sait pourquoi! Mais ce passé que l’on nie est aussi un manque d’avenir pour ceux qui vous entourent encore et ils semblent l’ignorer occupés comme ils le sont à se divertir de ce qui vous paraît l’essentiel.

    Ce que je suis est apparu dans l’ Histoire celle de la deuxième guerre mondiale et, à peine née,  je suis traquée, interdite d’existence par la folie appelée nazisme. Toute ma vie je conserverai cette angoisse d’être un gibier. Rien d’autre ne pourra me rassurer que la lutte collective, le bonheur de la survie dans l’oubli de soi-même. Mon mari rescapé des camps me racontait l’expérience du train de la mort qui le menait vers dachau. Il me disait: « C’était au mois d’août, nous étions entassés, vingt et cent comme dit la chanson et elle a raison, vingt et cent, l’insupportable c’était les vingt.» Les Allemands ne leur avait donné pour tout repas qu’une tranche de pain et du saucisson salé, ils restaient là sans boire dans ces wagons plombés sur lesquels tombaient les rayons du soleil d’août. Le train était souvent  à l’arrêt, ils ont mis 8 heures pour faire le trajet. Dans les wagons à bestiaux les gens s’évanouissaient,  certains devenaient fous, ils se battaient, buvaient leur urine…» Mon mari poursuivait :» Dans notre wagon, nous nous étions des politiques, des communistes disciplinés, alors nous avons organisé des tours pour que les plus épuisés puissent s’asseoir. A un moment il y a eu un orage, comme j’étais le plus grand j’ai pris ma chemise et celle d’autres et je les ai passé par l’espace qui se trouvait en haut, un simple filet d’air et je les tendais au fur et à mesure aux autres pour que les plus malades, les plus âgés puissent se mouiller les lèvres. je n’ai pas touché à ces linges humides. Et il concluait: «Si tu veux survivre la seule solution c’est de t’oublier».

    Aujourd’hui, je suis confrontée à un monde où il faudra apprendre à survivre mais où personne n’est capable de s’oublier, le narcissisme règne en maître et je sais que, quand ils seront dans les wagons plombés qui déchirent la nuit, ils deviendront fous non pas parce qu’ils sont mauvais mais parce qu’il n’y a plus d’organisation et parce qu’on les a contraint à un narcissisme mortifère qui leur interdit non seulement la survie en situation extrême mais le bonheur, l’amitié et l’amour. Seuls devant leur écran, seuls devant leurs jeux vidéo et leur club de rencontre qui n’aboutissent que rarement,ils ne le savent pas mais ils sont mutilés d’eux-mêmes. Parce que ce qu’ils ignorent c’est que le collectif, l’oubli de soi est aussi source de joies formidables dont ils n’ont même plus conscience.

    Le petit animal apeuré que j’étais et qui faisait rire sa famille en venant, la tête couverte d’un mouchoir, crier au milieu des adultes: «l’arrrlete, l’arrrlette, c’est l’alerrrte» a trouvé un semblant de paix seulement dans ce combat collectif. Au milieu des miens les bombes et la Gestapo ne me trouveraient pas. Et le fait d’être entourée de mes camarades me donnait tous les courages y compris celui d’être une femme et de prendre la parole au milieu d’une foule. Le collectif me libérait de toutes les aliénations. Un jour Bourdieu m’a dit «mais comment quelqu’un comme vous peut-il se plier à la discipline d’un parti!» Je lui ai répondu: «Mais cette discipline est ma liberté» Et pour rendre plus concrète cette affirmation je lui ai parlé d’un truc bizarre, de l’Abbaye de Fontevrault. Le fondateur en avait fait un lieu de refuge pour les dames de la noblesse, pour qu’elles puissent s’autogérer et échapper à la brutalité sordide des réitres et soudards qu’étaient leurs époux potentiels, je lui ai dit «le parti a été mon abbaye de Fontevrault».

    Aujourd’hui je lui parlerais des suicides à france télécom, de l’isolement du travailleur, sa mise en concurrence, du vide social auquel le condamne le management et le profit des entreprises privatisées, un management appliqué desormais jusque dans l’éducation : la rentabilité plutôt que l’intérêt général, la compétition plutôt que la coopération, la concurrence plutôt que la solidarité, l’utilité productiviste plutôt que l’amélioration du bien être collectif.

    Voilà je sais de tous les sens alertés dont l’histoire m’a gratifiée que nous sommes devant un temps où il est impératif de faire face. Pour faire court puisque j’ai tant écrit là-dessus déjà: nous sommes devant une offensive d’une classe capitaliste devenue folle et prête à renouveler des temps monstrueux d’Auschwitz à Hiroshima et tous ce qui unissait les êtres humains se délite.

    Ce vide social, cette absence d’organisation collective a été le produit le plus manifeste de la contrerévolution intervenue depuis les années quatre vingt et elle s’est accompagnée d’un autre vide tout aussi terrible: la destruction du passé. Un individu auquel vous enlevez la mémoire est incapable de se projeter dans l’avenir et le présent devient incompréhensible. Ce revisionnisme et ce négationnisme sont l’accompagnement idéologique de la perte du collectif et ils produisent une sidération, une incapacité à réagir, à comprendre ce qui est en train de se passer.

    Ce que j’ai reproché au parti communiste et qui m’a fait entrer en rébellion a été la destruction de l’organisation, ce qu’on a appelé la mutation. Sous prétexte que l’on avait de plus en plus de mal à maintenir des organisations collectives au plus près des victimes du capital, on  a détruit, on a anticipé sur l’offensive. il n’y avait pas trois pierres ensemble qu’il faille les disperser, j’ai tenté de le leur dire même pas en tant que militante mais en tant que sociologue. On m’a accusée d’être stalinienne. Il y a dans le passé discipliné de tout militant communiste de quoi donner corps à de telles accusation mais j’ai adhéré après que Staline fut mort et si je tenais aux victoires de l’armée rouge, à Stalingrad mon esprit de contradiction m’a trés tôt donné envie d’une histoire non hagiographique et ce que j’ai reproché au parti face à l’effondrement de l’Union soviétique a été son absence de critique d’un point de vue communiste, pour faire mieux, pour repartir au combat et d’adopter simplement  les pires descriptions anticommunistes de l’adversaire victorieux.

    Je suis convaincue que nous communistes français pouvons dire nos fautes en les contextualisant et elles apparaîtront pour ce qu’elles sont, des tâches sur le soleil qui a réchauffé d’espérance et de sacrifice l’humanité desespérée.

    Mon combat de dissidente contre le parti a porté sur ces deux points : alors même que la contrerévolution néolibérale détruisait toute organisation collective non contents de ne pas résister nous allions au devant de la stratégie du capital, nous faisions tomber toutes les protections. alors même que l’entreprise révisionniste anticommuniste battait son plein non seulement nous n’avons pas tenté de produire notre propre analyse mais nous avons donné corps à tous leurs mensonges.

    Voilà nous sommes dans les temps où est menée une terrible offensive non seulement contre les travailleurs, les couches populaires, ouvriers, employés, fantassins du social, étudiants, jeunes précarisés, où l’on habitue à la guerre, à la haine de tous contre tous et voilà le no man’s land dans lequel on nous laisse errer dans une solitude totale, dans un brouillard qui est presque déjà la nuit traversée par l’éclair des bombes que l’on envoie sur les pays qu’ils veulent réduire a quia avec notre assentiment.

    Il est sans doute trop tard, le PCF est mort et il ne sert à rien de vouloir le faire revivre en France dans les conditions actuelles. La direction mène une ligne suicidaire mais le combat contre une direction  ne mène à rien et il décourage tous ceux qui sont devenus communistes pour combattre le Capital pour se libérer. Ce n’est qu’une solitude de plus.Pourtant la France est un pays politique avant toute chose, un mouvement comme celui des indignés semble mal adapté à un pays qui a toujours vu dans l’Etat l’aboutissement de la lutte des classes. C’est la force et la tare française. Il faut réfléchir à tout cela, penser toutes ces particularités françaises, ce morcellement des paysages, des traditions s’unissant dans un jacobinisme pour mieux penser les combats d’aujourd’hui pour inventer à nouveau la France et ses combats révolutionnaires. Faire du passé un tremplin pour dépasser les obstacles d’aujourd’hui mais refuser de le figer dans le pourrissement identitaire pour mieux retrouver l’universel. Cette bataille là a besoin du peuple, d’un parti proche de ses problèmes comment le recréer ou simplement l’inventer?

    Il y a eu, il y a ce terrible accord avec les guerre, cette unanimité de hier aujourd’hui demain derrière l’OTAN. Ce fut mon premier désespoir. Peut-être ce que j’ai le plus vécu comme un drame c’est que la direction du PCF acharnée dans sa volonté de destruction se soit donné à un histrion. Si étranger à notre histoire glorieuse et douloureuse d’internationalistes que devant la tombe de Rosa Luxembourg  il semble avoir totalement oublié qu’elle a été assassinée par la social démocratie. Assassinée parce qu’elle voulait la paix et un socialisme démocratique face aux junkers, aux revanchards de la wermacht et au barons de la Rhur à qui de peur des bolcheviques la social-démocraie livre la République de Weimar et qui vont installer le nazisme malgré les luttes y compris physiques des communistes. Il l’a oublié au point de serrer la main à Oscar Lafontaine devant cette tombe en expliquant qu’ils reproduisent le serrement de main de Khole et Mitterrand. Un individu qui s’acharne donc à cette construction européenne là et qui semble avoir choisi le NOn à la Constitution pour se faire une place plus que par conviction. Un individu qui ose dire «dégage» à un militant communiste qui l’interroge politiquement à la fête de l’humanité. Et là je repense à mon mari me disant quand je suis devenue membre du Comité Central: «fais attention, on ne gère pas les communistes comme les autres, c’est tous des chefs». Pas des colleurs d’affiche, disciplinés parce que sans cervelle, mais des Responsables. Un individu enfin et ce sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase votera l’expédition de l’otan en Libye…

    Nous en sommes à un point de confusion telle que la même semaine un médiacrate du nom de Michel Onfray peut à la fois dire qu’il va voter pour le Front de gauche et sortir un torchon ordurier et complétement négationniste sur Guy Mocquet.

    Il y a encore aujourd’hui au titre de la tragédie de l’optimiste que je suis cette lèpre négationniste qui se répand dans tout l’altermondialisme sous des formes diverses. Il s’agit de substituer à l’analyse de classe une analyse en terme de complot où l’on retrouve l’esprit du protocole des sages de Sion, il s’agit de nier la Shoah pour défendre les Palestiniens et là le mal est profond. je comprends le suicide de Primo levi voyant à la fois la résurgence du négationnisme et tentant de dire timidement à la communauté juive l’horreur de la politique israélienne.

    Enfin il y a cette complaisance à une autre forme de racisme qu’est l’anti-islamisme, un mélange d’anticléricalisme forcené et proche du petit père Combes qui s’accommode trés bien de tous les colonialismes et de dévoiement raciste sur le fond, un refus de comprendre d’analyser, une autre forme d’incapacité à penser l’autre. Ne pas voir que l’islamisme politique doit être jugé pour ce qu’il est un conservatisme en train de faire alliance avec le capitalisme et essayer de le distinguer de la foi et des moeurs. Et là il y a eu l’affaire Charlie hebdo. On ne doit pas tolérer un attentat et ses auteurs doivent être sévérement châtiés mais comment des militants de gauche peuvent-ils avant toute enquête désigner un groupe social, les musulmans dans leur ensemble. Agir avec le satisfaicit du ministre de l’intérieur. Transformer alors une banale opération commerciale provocatrice d’un hebdomadaire en acte d’héroïsme, ne voient-ils pas là quelque chose que l’antisémitisme a bien connu, utiliser sans connaître les tenants et les aboutissants d’une affaire, celle-ci pour développer la stigmatisation d’un groupe déjà dans la ligne de mire de tous les racismes?

    Ils sont tous entrés dans l’ère du complot et je rappelle ici ce que l’historien italien Carlo Gizburg dit du complot : «Ma thèse est que le complot constitue une caricature de l’action politique. On a toujours tendance à disqualifier l’idée de complot qui serait par essence paranoïaque. Or il y a bien un élément sérieux que la notion de caricature permet de mieux saisir. C’est ce que je disais en somme dans Le Sabbat. Je récusais l’idée d’un centre coordonateur unique, de même que je n’imaginais pas que tous les acteurs étaient de mauvaise foi : cela, c’est la caricature. Et je donnais au complot une définition plus souple : une série « d’actions délibérées et coordonnées destinées à orienter dans une direction prédéterminée une série de tensions déjà existantes ». C’est une définition qu’on aurait pu aussi utiliser pour l’Italie des années de plomb».

    Ce qui signifie en fait le complot c’est qu’à partir de tension existante on cherche un groupe social à persécuter et on voit bien en quoi une classe dominante qui tente de maintenir ses privilèges mortifères pour la planète comme pour le genre humain a besoin de cette atmosphère de complot quel que soit le groupe au présent, au passé sur lequel va s’exercer la persécution. les nazis ont montré que si les juifs n’existaient pas ils auraient dû les inventer, il y en avait d’autres les tziganes, les slaves, les femmes libérées, les homosexuels, les malades mentaux, les vieux que l’on poussait les jeunes à dénoncer comme des inutiles, etc. Croyez-vous que nous en soyons si loin ?

    Voilà je n’en finirai pas d’expliquer la tragédie de l’optimiste, celle qui est allée au communisme comme l’on va à la fontaine et qui se retrouve seule dans un terrain devasté par une bombe atomique . je erre en murmurant cette phrase empruntée à Hiroshima mon amour que j’ai vu dix huit fois tant j’étais libérée par ce refus de rendre coupable les femmes tondues pour avoir aimé, les Japonais, femmes, enfants, vieillards puisque les hommes étaient au front, victimes du début de la guerre froide et condamnés au silence:   «Tu n’as rien vu à Hiroshima!» Puisque tu en es encore à chercher les coupables là où il n’y a que des victimes sans mesurer que tu es menacé et par qui tu l’es.

    Voilà j’ai réflechi, la seule chose qui me ferait du bien serait de poursuivre le travail historique que j’ai commencé. En ce moment on s’interroge beaucoup sur l’Histoire et pour moi il ne s’agit plus de politique mais d’Histoire, celle où l’on tente de comprendre ce qui structure le passé et donc l’avenir, en particulier est posée la question de la fiction, du témoignage, de la littérature par rapport à l’Histoire. j’ai commencé à travailler sur le cinéma et l’histoire. Cette mise à distance m’apaise, je suis à nouveau dans un collectif, celui qui accumule des traces dans les bibliothèques. Il est possible qu’un évenement, un film, une livre me donne envie d’intervenir, je le ferai mais aujourd’hui je suis frappée par la vanité de toute intervention qui ne sert à résoudre aucun des problèmes qui me préoccupent et que j’ai tenté d’exposer ici.

    Je n’ai pas envie de mener campagne contre les militants qui se battent encore avec la force de l’habitude et le respect du collectif pour le Front de gauche, ce serait me battre contre un autre moi-même et je ne puis m’empêcher de jouer les cassandre sur là où ils vont en acceptant cette voie qui ne mène nulle part et qui falsifie la nécessité de l’organisation des luttes pour la paix, pour la justice sociale, pour la démocratie, un divertissement pire encore un dévoiement. Battons Sarkozy, c’est nécessaire mais il n’est qu’une marionnette, ils sont prêts à aller plus loin, beaucoup plus loin et les affronter passe par un combat bien plus dur auquel personne n’est préparé. Nous ne connaissons pas le chemin mais c’est en marchant que nous le connaîtront: incorrigible optimiste… Jusqu’à la mort qui n’est qu’une des formes de la vie…

    Danielle Bleitrach

       Publié par le novembre 15, 2011


    votre commentaire