• « L’Europe, l’Allemagne et l'Euro »

    « Une Europe forte: un bel avenir pour L'Allemagne »

     

    Lundi 14 novembre, une dépêche nous apprenait : Ces lundi et mardi à Leipzig, le congrès de la CDU est placé sous le signe des deux grands points du document préparatoire : « Une Europe forte: un bel avenir pour l'Allemagne ».

     Angela Merkel ne cache plus le jeu de l’Allemagne. Elle déclare : « Le défi, pour notre génération, c'est de terminer ce que nous avons entrepris en Europe, à savoir de réaliser, pas à pas, une union politique », « Les problèmes de l'Irlande sont ceux de la Slovaquie. Les problèmes grecs sont les problèmes des Néerlandais, et les problèmes espagnols sont nos problèmes», a martelé la chancelière. « Notre responsabilité ne s'arrête pas à nos frontières. »


    Elle a estimé dans le même temps qu'il existait des limites que l'Allemagne n'était pas disposée à franchir, comme par exemple la création d'obligations européennes et autres remèdes à court terme qui, selon Berlin, décourageraient les pays de la zone euro d'adopter des politiques budgétaires responsables.

     

    Autrement dit, l’Allemagne veut dicter ses volontés au-delà de ses frontières, sans accepter, pour elle-même, la moindre contrainte. Ces propos n’expriment pas une situation nouvelle. La puissance de l’Allemagne, celle de son industrie (qui pèse le double de celle de la France), font de ce pays « le guide » au sens littéral germanique (« Führer »), de la « nouvelle Europe ». Mais aujourd’hui, Angela Merkel, non seulement ne cache pas cette réalité sous le drapeau bleu de l’UE, mais le proclame haut et fort. Elle compte bien dicter sa loi, celle de « Deutschland über alles».

     

    A nous Français de nous situer face à la nouvelle « collaboration » qui nous est imposée.

     

    Face au veau d’or

     

    Naguères, pensant à leurs « gros sous », « ils « invoquaient la France et la Patrie. Aujourd’hui, leurs références ont changé. » Ils « appellent aux sacrifices pour « sauver les banques et rassurer les marchés ». On croit rêver. S’agit-il de leur part, de cynisme et de provocation ?

     

    Pas seulement. Le temps n’est plus aux sentiments. Hier, dans les usines, les ouvriers créaient de la richesse que les patrons, pour l’essentiel, accaparaient. Le « Veau d’Or » se portait bien. Aujourd’hui, la « règle d’or », c’est faire de l’argent, toujours plus et toujours plus vite. Aussi, le Capital fabrique de la fausse monnaie dans ses salles de marché. Et joue avec, comme au casino, dans ses paradis fiscaux. Paradis artificiels, économie virtuelle, telles sont leurs tours jumelles de la finance, nommée pour l’occasion, la « mondialisation »

     

    Règle du jeu : un Etat emprunte à des banques des milliards d’Euros, à un taux d’intérêt de 4, 5% (ou bien plus), alors que ces banques s’alimentent, elles, pratiquement pour rien, auprès de la BCE, à Francfort. Bénéfice net : la différence des taux. A condition que les Etats remboursent.

     

    Et pour cela, ceux-ci empruntent à nouveau aux banques à un taux toujours supérieur, impossible à supporter. Et un jour ou l’autre, il faut payer l’addition de la spéculation. Comme le jeu s’accélère, les enjeux s’élèvent, « l’ardoise » qu’il faut régler monte…monte et « les marchés » s’affolent. Les Agences de notation jouent les arbitres. Ils distinguent les perdants et les gagnants : ceux qui misent sans répondant et ceux pour qui leur industrie assure leur trésorerie. Pour ces derniers, c’est le triple A.

     

    A comme Allemagne avec sa sidérurgie et sa machine-outil. Malheur aux vaincus, pour eux, c’est BBB, les marchés sont sans pitié. Il faut les « rassurer » : il faut régler l’addition de la spéculation.

     

    Qui va régler la note ?

     

    Comme il faut les « rassurer les marchés », « ils » font payer les peuples pour « sauver les banques », leur dit-on. Morale de l’histoire : en 1789, déjà, les puissants de l’époque voulaient pressurer les manants pour éponger la banqueroute due à une classe de nantis. On sait ce qu’il advint et ce qui reste à faire : reprendre la Bastille et chasser les marchands du temple, une fois pour toutes !

     

    L’euro, l’Europe et la « ligne rouge « du capital


     

    « L’Euro, c’est le cœur de l’Europe et L’Europe c’est le cœur de la politique française ! «. Ainsi, en écho à l’appel des chefs des patronats allemand, italien et français, Nicolas Sarkozy a martelé ces mâles paroles, telle la voix de ses maîtres, ajoutant que c’était « la ligne rouge « qu’il ne fallait pas franchir. Nous voilà prévenus.


    Le Monde, dans son édito du 26 octobre, nous avait rappelé cette vérité d’évidence : « La France peut regretter d’avoir à choisir entre une Europe allemande (celle qui se dessine) et une Europe éclatée ».


     En clair, une « collaboration » étroite et soumise avec l’Allemagne, plutôt que l’indépendance des Nations.

     

    Déjà à Montoire, en octobre 40, un certain maréchal avait annoncé que « C’est dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la Collaboration… ». C’était là, disait-on alors le seul choix possible dans le cadre de « la nouvelle Europe ». On connaît la chanson. Mais, aujourd’hui, la France n’est pas occupée par l’armée du vainqueur.


    La soumission à la puissance allemande n’en est que plus criminelle.

     

    S’il en est ainsi, c’est que la balance n’est pas égale des deux côtés du Rhin. L’industrie germanique pèse le double de la nôtre grâce aux orientations économiques imposées dans le cadre de la construction européenne. Ainsi, la machine outil comme la sidérurgie, jugées obsolètes en France, prospèrent en Allemagne. Cela permet à celle-ci d’être le moteur de l’Europe. Les « métiers d’avenir » confiés à la France s’identifiant « à l’aide à la personne », déclarés pourvoyeuses d’emplois… Nicolas Sarkozy a bon faire le fanfaron et plastronner devant les caméras, toujours plein de sa superbe, il n’est que le fidèle second, des maître des lieux, les grands patrons du BDI allemand et leurs associés du Medef, dont il applique la politique.


     Mais la « collaboration » de naguère n’était-elle pas déjà l’entente entre les capitalistes, les banquiers et les industriels, de France et d’Allemagne, ceux-ci étant aussi, de ce temps-là, les plus forts ?

    Jean Levy


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