• La banque centrale européenne veut intervenir à condition de soumission des Etats en difficulté

    Mario Draghi, patron de la Banque Centrale Européenne, a annoncé le 6 septembre le lancement d’un programme de rachat de dettes des Etats en difficulté. Mais pour en bénéficier, les postulants devront se soumettre aux contraintes austéritaires.

    C’est à Frankfort, sous l’œil hostile des journalistes financiers allemands, que Mario Draghi a présenté son nouvel outil : les OMT, pour "Outright monetary transactions".

    Un programme qui fait suite à deux autres au nom aussi barbare, qui signifie concrètement que la BCE va pouvoir racheter des obligations, c’est-à-dire des titres de créance, d’états de la zone euro. La nouveauté c’est que le montant sera illimité en quantité, et valable pour créances de durée de 1 à 3 ans. Y compris les emprunts à long terme, mais qui arrivent à échéance. Le but, selon les mots de Draghi, de créer une garantie, pour rassurer les marchés.

    Des marchés qui sont victimes de craintes irrationnelles, affirme le président de la BCE, lorsqu’ils redoutent la fin de l’intégrité de la zone euro. Draghi veut au contraire raffermir la zone en fluidifiant les flux monétaires et permettre de relancer le crédit. Quant au taux de rachat de la dette, "nous n’avons pas d’objectif d’écart de taux spécifique". C’est là le message voulu rassurant que la BCE veut envoyer aux Etats en difficulté.

    Lorsqu’il s’adresse aux banques, Mario Draghi est un peu plus concret. La BCE va de nouveau alléger ses critères pour les garanties qu’elle exige des banques de la zone euro en contrepartie des prêts, à moins de 1 %, qu’elle leur accorde via ses opérations de refinancement. Pour le reste, elle ne bougera pas ses taux directeurs, pour tenter de maintenir l’inflation sous la barre des 2 % en 2012.

    Et devant les Allemands en panique qui n’avaient que le mot « conditionnalité » à la bouche, Draghi a également assuré que le programme des OMT s’arrêterait si les états ne respectaient pas les conditions. Conditions qui ne sont autre que la ratification et le respect du pacte d’austérité Merkozy.

    Concrètement, en affirmant son indépendance toutes les 3 phrases, Mario Draghi fait le minimum nécessaire pour éviter l’implosion, d’une situation devenue ingérable . Ce faisant, il mécontente tout le monde, mais suffisamment doucement pour espérer ne pas mettre toute l’Europe dans la rue. Il faudra tâcher de le détromper le 30 septembre !

     

     


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  • La pauvreté vue par les enfants

     

    La pauvreté ne fait plus seulement peur : elle est aussi vécue par un nombre grandissant de Français, selon notre sixième baromètre Ipsos / Secours populaire. Les enfants, eux, expriment pour la première fois leur avis sur le sujet dans un sondage aux résultats surprenants et encourageants.

    Les enfants sont réalistes face à la pauvreté. La précarité leur fait peur, mais ils sont nombreux à vouloir agir afin de réduire les injustices.

    - Lire la synthèse de l’enquête

    - Lire l’intégralité de l’enquête

     


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  • Chine et mondialisationLa Banque mondiale a fait le bilan d’un quart de siècle de mondialisation. Et elle montre que la mondialisation rend heureux ! Parce que de 1981 à 2005, le nombre de pauvres dans le monde a diminué de plus de 500 millions ! Que tous les contempteurs de la mondialisation aillent se noyer dans leurs larmes !

     

    Cependant, un détail vient troubler le sourire malin de la Banque mondiale : ces 500 millions-là ont un point commun : ils sont tous chinois !

     

    Bien plus, dans ce même quart de siècle, ce sont 627 millions de Chinois qui ont pu sortir de la pauvreté pendant que 179 millions de pauvres apparaissaient en Afrique subsaharienne. Il y a certainement dans ces chiffres des secrets à percer. On compare souvent l’Inde à la Chine. Mais comment expliquer que la Chine sorte de la pauvreté 627 millions de personnes et que l’Inde en fait plonger 36 millions, dans la même période ?

     

    L’un des secrets de la Chine, c’est qu’elle bénéficie d’une économie administrée. Le contraire d’une économie du laisser-faire. La mondialisation s’est fondée sur le laisser-faire : laisser faire les riches, ils vont devenir plus riches. Et les pauvres ? Ben, plus pauvres, où est le problème ?

     

    Les pays occidentaux ont confié au capital la stratégie économique dans tous les domaines clés : énergie, transport, communication, sidérurgie, industrie lourde, agriculture, arsenaux, etc. Le capital en fait le meilleur usage pour son intérêt immédiat. La conséquence est justement que les profits grimpent et que les salaires baissent, y compris dans les pays dits « développés ».

     

    La Chine, au contraire, planifie tous ses secteurs stratégiques, c'est-à-dire que l’État définit les besoins pour le pays, en fonction de ces capacités productives. Et vous savez quoi : les salaires augmentent ! Selon l’Expansion, peu soupçonnable de sympathie envers la politique économique de la Chine, les salaires ont fait un bond de 181 % depuis 2004 ! C'est-à-dire que le salaire moyen a presque triplé. Ce qui fait une augmentation à peu près continue de 10 % par an !

     

    Sans vouloir entrer dans la polémique sur le socialisme à la chinoise (mais nous comptons bien traiter ce sujet prochainement), remarquons que la croissance chinoise à deux chiffres n’apparaît pas brusquement avec Deng Xiaoping, contrairement à ce qu’on nous suggère, mais était déjà à ce niveau entre 1949, date de la création de la République populaire de Chine, et 1976, date de la mort de Mao Tsé-toung.

     

    L’Afrique semble regarder avec grand intérêt ce développement qui la fait rêver ! Le contre- feu impérialiste a du mal à prendre. La tournée africaine d’Hillary Clinton n’a pas été un réel succès. A tout prendre, les pays africains voient de plus en plus d’un bon œil les relations commerciales avec la Chine. Être payé, et pas pillé, c’est sympa, non ?

     

    D.R. http://www.resistance-politique.fr/


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  • Ce matin, journauxet radios relatent les assassinats à répétition à Marseille, une tuerie dans les Alpes, le sort d’une Anglaise disparue dans l’Hérault. Et puis la mort de deux ouvriers sur le site d’Arcelor-Mittal à Gandrange. Les deux victimes, un intérimaire de 26 ans et un Alsacien de 49 ans, ont été ensevelis dans l'effondrement du toit d'un bâtiment désaffecté du site qu'ils étaient en train de démonter.

    Tous deux employés par Ferrari Démolition, une entreprise alsacienne spécialisée, ils découpaient une poutrelle depuis une nacelle à bras articulé à une vingtaine de mètres du sol, lorsque les 800m² du toit d'un atelier de l'ancien laminoir se sont effondrés sur eux.

    A n’en pas douter, l’accident rencontre un certain écho parce qu’ils travaillaient à Gandrange, là-même où fut menée ces dernières années une lutte syndicale très médiatisée contre le numéro 1 de la sidérurgie. Le lieu fait l’événement.

    Cependant, ce même mercredi, a été mis en ligne le rapport de gestion de la Caisse nationale d’Assurance maladie-risques professionnels. On y apprend que 552 personnes, de tous âges, sont mortes d’un accident du travail en 2011 (sans compter les maladies d’origine professionnelle): 514 hommes, 38 femmes.

     

     

    Le nombre d’accidents du travail mortels était de 2383 en 1971; de 1359 en 1982. Leur fréquence a baissé grâce à une meilleure réglementation (française et européenne) et à la tertiarisation des métiers. Mais depuis quelques années, le chiffre est relativement stable. Est-ce pour cela qu’on n’y prête plus attention?

    Pourtant, explique Pascal Jacquetin, statisticien à la CNAMTS (Caisse nationale d'Assurance maladie des travailleurs salariés), «lanalyse des causes montre que tout accident du travail est évitable. Si les entreprises avaient respecté les principes de prévention édictées par le Code du travail, ils auraient pu être tous évités, et même une partie des accidents de la route (112 morts en 2011). Les malaises mis à part, toutes ces morts sont scandaleuses. Il n’y a aucune fatalité dans ces accidents, même pour les chutes de hauteur dans le BTP».

    La relative stabilité des statistiques pourrait d’ailleurs choquer. Pourquoi ne parvient-on pas à faire baisser ce chiffre? En 2011, sans que Pascal Jacquetin juge cela statistiquement significatif (552 contre 529), le nombre de morts a même légèrement augmenté.  La faute aux accidents du travail sur la route. Mais également aux décès liés à une masse en mouvement - par exemple, la chute d’une charge tombée d’un camion (14 en 2010 et 29 en 2011) ou à une chute de hauteur (79 en 2011 contre 58 en 2010). 144 personnes travaillant dans le BTP sont mortes en exerçant leur travail en 2011, dont 47 en tombant.

     

     Pour Pascal Jacquetin, il est toutefois nécessaire de voir plus loin que ces morts, aussi scandaleuses soient-elles. Pour le statisticien, «il faut distinguer fréquence et gravité. Une charge qui se décroche peut tomber à 20 cm de moi, et je n’aurai rien; me tomber sur le pied, et je m’en tire avec une fracture; me tomber sur la tête, et me tuer. Pour progresser en prévention, il faut éviter que les charges ne se décrochent, et donc pas seulement compter les fois où elles sont tombées sur les têtes. C’est pourquoi les entreprises les plus en avance en matière de prévention recensent les situations de presqu’accident.» 

    http://blogs.mediapart.fr/blog/michael-hajdenberg/060912/la-mort-sans-bruit-de-552-accidentes-du-travail


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  • L’Espagne dans nos cœurs, de Loïc Ramirez
    Philippe Pivion a lu ce livre qui évoque les relations entre communistes français et espagnols entre 1944 et 1975

    L’Espagne dans nos cœurs

    Voici un petit livre bien utile. Il analyse et par là même rend hommage à l’activité communiste et à la solidarité entre les partis espagnol et français dans la période 1944-1975.

    Dès les premières pages une question se pose : la guerre civile espagnole a-t-elle pris fin en mars 1939 ? Il y a des prolongations, certaines militaires, d’autres politiques, nous les découvrons.

    L’Espagne dans nos cœursBien évidemment lors de la victoire de Franco, la débâcle et le découragement assaillirent les républicains et les communistes espagnols. Le gouvernement français s’empressait d’interner dans des camps les réfugiés et les combattants. Les camps de Gurs, de Saint Cyprien et d’Argelès restent de sinistre mémoire. Mais rapidement les militants et organisations du PCF vont héberger et abriter nombre de leurs homologues espagnols. La question de la double appartenance et celle de l’existence du PCE sur le sol français ne bousculent pas dans l’immédiat la direction du PCF. D’ailleurs celle-ci doit entrer en clandestinité et bientôt entamer le combat contre l’occupant nazi.

    Quant aux militants français issus des Brigades internationales, avec leur savoir-faire, avec leur maitrise de la lutte armée, ils vont donner une ossature militaire à la résistance française, rejoints par les réfugiés espagnols. D’autres, qui ont réussi à passer en Angleterre, participeront aussi à la lutte de libération du sol national, notamment avec Leclerc. Et nous voilà en 1944, moment où cet ouvrage inscrit le début de sa réflexion.

    Ramirez remet en lumière la volonté farouche des communistes espagnols de libérer leur territoire du joug franquiste. Se souvient-on qu’alors des milices, des brigades de plusieurs milliers de combattants pénètrent en Espagne pour porter la lutte armée contre le dernier bastion fasciste européen ? Ces hommes vont franchir la frontière, attaquer des villages, les libérer, pensant mettre à bas le régime de Franco. Les communistes français ne sont pas en reste. Ils aident, fournissent logistique et appuis politiques. André Marty, secrétaire du Comité central du PCF porte ce nouveau combat. Il échoue. Il faudra renoncer à cette forme de lutte. Pour le PCF, l’engagement contre le fascisme espagnol est naturellement la prolongation de celui contre l’hitlérisme et le mussolinisme. Mais les enseignements de la défaite de la république espagnole en 1939 n’ont pas été portés à un niveau suffisant. Il est hors de question pour la bourgeoisie française mais aussi pour celle d’Angleterre et des Etats unis d’avoir entre Tanger et les Pyrénées, une république où les communistes seraient aux commandes. C’était la raison fondamentales de la « non –intervention » de 1936. C’est la raison essentielle du choix de Franco en 1945. D’ailleurs, très vite, la guerre froide et la logique des blocs vont prévaloir et les dirigeants sociaux-démocrates puis gaullistes vont s’accommoder de la présence d’une dictature fasciste au sud de notre pays, dictature qui a eu l’intelligence de ne pas emboîter le pas à Hitler lorsque celui-ci le lui demandait.

    Et ce n’est pas la fermeture de la frontière en 1946 par de Gaulle, suite à l’assassinat du FFI espagnol Cristino Garcia par un tribunal aux ordres de Franco, qui changera grand-chose sur le fond. D’ailleurs les protestations du journal le Figaro à cette époque sont illustratives des enjeux stratégiques. C’était une réponse politique à l’exécution d’un homme qui avait combattu les nazis sur le sol français, emporté des succès remarquables dans cette lutte. Ne pas agir, à l’époque, aurait été incompris de l’opinion française pour qui la résistance demeurait une odyssée héroïque vive dans les esprits et dans les chairs. D’ailleurs la protestation contre l’incarcération de Julian Grimau, exécuté en 1963 pour crime contre l’Etat franquiste commis en 1936-1939, rencontrera un écho populaire mais il n’y aura pas de conséquence gouvernementale. Rappelons que l’Espagne est devenue un partenaire, qu’elle est membre de l’ONU. Seuls les communistes mèneront le combat contre l’exécution de Grimau.

    Le livre de Ramirez revient utilement sur tous ces développements, démontrant l’implication forte du PCF et de ses militants, des plus obscurs aux plus importants. Il revient sur le rôle des maires de dizaines de communes pour soutenir et faire vivre le PCE. Passages de frontières, accueil de militants, prêts de locaux, donation de matériels, impression de tracts et journaux, la liste est longue des actes d’une solidarité qui n’était pas seulement politique mais aussi humaine. Il fait parler des chercheurs, des militants et militantes, telle Marie-Rose Pineau, dont le mari disparait régulièrement pour des voyages mystérieux.

    Et puis il évoque avec justesse les derniers soubresauts de la bête franquiste. Les années 70 voient l’émergence d’une nouvelle forme de lutte centrée autour de la violence, alors que le PCE travaillait à une conception de rassemblement. L’ETA provoque des attentats qui trouvent un écho dans la jeunesse de France et d’ailleurs. 1968 est passé par là. Ramirez démontre avec justesse l’évolution du combat des communistes et leur opposition la plus ferme au fascisme à l’œuvre. De nouvelles victimes comme Puig Antich entrent aux Panthéon de la martyrologie espagnole. L’ouvrage, nous pouvons le regretter, encore que ce ne soit pas son sujet central, fait l’impasse sur le remplacement de la fusillade par le garrotage. Il n’en demeure pas moins que les communistes français en solidarité avec des militants dont ils ne partagent pas les formes de lutte seront le moteur de la protestation et de la solidarité, jusqu’à l’extinction du régime lors de la mort de Franco, fin 1975, alors que de nouvelles vagues de répressions se sont déchainées dans tout le pays. L’auteur souligne aussi que le combat solidaire fut souvent mené au nom du passé, des luttes de 36-39, de la résistance, au lieu de l’être en projection, dans l’émergence d’une nouvelle société d’émancipation.

    C’est un ouvrage à lire parce qu’il aide à comprendre et à apprendre les conditions de la survie politique du PCE dans la clandestinité, pourchassé tant par le régime franquiste que par la police française. Ramirez va aux sources, il utilise un matériel historique considérable pour étayer son propos. Les références permettent au lecteur de prolonger sa lecture, quelque peu entravée par des fautes typographiques et des redites. Les notes et renvois sont utilisés à bon escient et n’encombrent pas la pagination. Enfin, le choix du titre est une belle résonnance à Neruda et à son magnifique hommage à la république espagnole et aux Brigades internationales, l’Espagne au cœur.

    Philippe Pivion. Juillet 2012

    L’Espagne dans nos cœurs, de Loïc Ramirez. Editions Atlantica.

    http://www.lafauteadiderot.net/


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  • François Hollande se lie les mains à l'EuropeQu’il s’agisse de politique extérieure, de politique intérieure, d’économie ou de relations avec les instances européennes, le quinquennat socialiste semble déjà s’inscrire dans la continuité du précédent, avec une légère différence cependant : les marchés et la crise de la zone euro dictent l’agenda de François Hollande.

     

    Jean-Marie Ayrault a ainsi expliqué à la télévision que la réduction de la dette publique (qui avoisine les deux milliards d’euros) sera la priorité du gouvernement, et que tant que les prêts ne seront pas remboursés par l’État, il ne soutiendra ni l’investissement, ni la recherche, ni l’éducation, ni l’aménagement du territoire. C’est dit !

     

    L’assainissement de la dette publique devient un véritable obstacle de plus en plus difficile à surmonter. Selon le groupe financier Bloomberg, le premier ministre français aurait déclaré que les prévisions de la croissance devraient être revues à la baisse pour 2013 : « j’ai l’honnêteté de dire aux Français que la prévision initiale d’1,2 % (de croissance du PIB, NDLR) sera très difficile à atteindre, et il est probable que les chiffres soient plus bas encore dans toute l’Europe ». Ces déclarations confirment le rapport public publié mi-août par la Banque de France, selon laquelle une phase de récession économique allait toucher toute la zone euro, Paris n’étant pas en reste.

     

    Le contrôle des finances publiques est devenu la priorité de François Hollande, alors que la croissance devrait reculer de 0,1 % au troisième trimestre, un pourcentage identique à celui du second trimestre. La France n’est donc pas loin d’être officiellement en récession, et ce pour la première fois depuis le printemps 2009.

     

    Outre la récession économique, la Banque de France a également averti que la confiance des industriels était à son plus bas niveau depuis trois ans. Les difficultés auxquelles doivent faire face les firmes automobiles tricolores (Peugeot, Renault et Citroën) parlent d’elles-mêmes. De son côté, le ministère des finances a déclaré que le déficit commercial aurait augmenté plus que prévu au cours des six premiers mois de 2012, pour atteindre 34,9 milliards d’euros.

     

    C’est dans ce contexte que Jean-Marc Ayrault a lancé, le 2 septembre sur France Inter, un appel aux députés, de droite et de gauche, leur demandant de donner au gouvernement une large majorité pour ratifier le pacte budgétaire européen, qui prévoira pour les pays dont le déficit dépassera les 3 % de PIB des sanctions quasi-automatiques. Ce pacte devrait entrer en vigueur dès 2013.

     

    Les membres du Parti socialistes se sont rangés à l’unisson derrière le Premier ministre. Quant à Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP et candidat à la présidence du parti, il a déclaré que le traité européen négocié par le gouvernement de Nicolas Sarkozy sera voté par les députés de son parti, lesquels veilleront à ce que le nouveau gouvernement respecte son objectif de réduire le déficit du PIB à 3 % dès 2013.  

     

    La Cour des comptes avait déjà mis en garde François Hollande sur le fait qu’il serait nécessaire d’économiser 33 milliards d’euros pour atteindre les objectifs de déficit prévus. De surcroît, il y a fort à parier que le gouvernement, face à une croissance plus lente que prévue, s’engage dans une politique de réduction drastique des dépenses publiques, mettant à mal l’État-providence, tout en augmentant les impôts. Une politique bien différente de celle annoncée quatre mois plus tôt dans la campagne du néo-président. Mais l’Europe est un dogme… même chez les socialistes.

     

    Capitaine Martin


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  • Henri Krasucki : un homme, un siècle
    Entretien avec Christian Langeois sur son dernier livre. Stéphane Gravier

    Henri Krasucki : un homme, un siècle« Krasucki c’est un nom typiquement polonais, mais un nom facile, simple, il y a seulement trois syllabes. En France c’est déjà une de trop. On préfère deux, je suis souvent devenu Krasu ». Juif polonais, communiste, résistant, déporté, l’homme à la casquette conduit les négociations des Accords de Grenelle en mai 1968. Dirigeant national de la CGT de premier plan, Henri Krasucki (1924-2003) devient une figure populaire médiatique dans les années 1980. Caricaturé, vilipendé, « Krabesucki », entré au Bêbête show, n’échappe pas aux attaques antisémites. Dans Le Monde, Plantu le représente en ivrogne enfonçant ainsi le clou de l’image qu’ont certaines élites des ouvriers, cégétistes de surcroit. Christine Clerc du Figaro n’hésite pas à s’interroger sur l’ingratitude de ce « Français de fraiche date ». Pour autant, Henri Krasucki occupe son terrain de prédilection, celui du syndicalisme, des entreprises, des grèves et des plateaux de télévision où il s’oppose aux représentants du pouvoir politique et patronal. Mélomane averti, passionné de Mozart, il apparaît à l’Opéra, au théâtre, aux Victoires de la Musique et chez Denisot. L’accès aux archives de la préfecture de police, du Parti communiste français, de la CGT, de la police politique polonaise comme les entretiens inédits avec des acteurs dont « Krasu » lui-même, rendent possible en 2012 d’en dégager une réalité plus complexe, en particulier quant à son rôle dans la prise de distance de la CGT avec le PCF dès 1985. Avec son ouvrage Henri Krasucki 1924-2003, Christian Langeois nous livre une biographie vibrante et émouvante d’une personnalité dont les vies construisirent un destin. Entretien.

    « Depuis mon enfance je n’ai manqué aucun 1er mai, quelles qu’aient été les circonstances. Mais le plus fort reste pour moi le 1er mai 1945 » témoigne Henri Krasucki. Un défilé qu’il fera, marqué du matricule 126049. Pour vous cela correspond à quoi ?

    Christian Langeois. J’ai l’image d’un jeune homme qui rentre de Buchenwald où il était arrivé en janvier 1945, venant d’Auschwitz devant l’avancée de l’Armée Rouge. Il y avait été déporté en juin 1943 à la suite son arrestation en mars après trois ans de résistance dans les FTP MOI. On peut dire que c’est une expérience fondatrice par rapport à ce que va devenir Henri et en même temps l’aboutissement d’une éducation, d’une enfance et d’une vie dans une famille juive, communiste, immigrée, ouvrière. Henri comme ses proches sont déportés comme juifs alors qu’il avait été arrêté comme résistant. Dès son arrivée dans ce camp nazi, il cherchera, comme ses camarades à reconquérir son statut de combattant et de résistant.

    Pour être précis, il faudrait parler Henock Krasucki. Issu d’une famille immigrée polonaise, il arrive à l’âge de 4 ans à Paris. Dans quel milieu évolue-t-il ?

    Ses parents sont des jeunes juifs communistes polonais qui sont allés à l’école. En Pologne, ils militent dans le milieu juif et dans toute la société polonaise. Ils émigrent à la fois pour des raisons économiques et pour des raisons politiques. Eux qui connaissent les 1er mai interdits, ils veulent partir pour un pays « où ils pourront manifester ».

    Une période de militantisme en yiddish et en français. D’ailleurs, toute la famille s’intègre à la société.

    Ses parents sont de culture yiddish, ils veulent s’intégrer à la société française. Henri va à l’école publique dans le quartier de Belleville, au patronage de la Bellevilloise, mais il fréquente les associations culturelles juive, polonaise, souvent dirigées par les communistes. Il lui arrive par exemple de partir en colonie de vacances d’une de ces associations. Si la famille n’est pas religieuse, elle ne se coupe pas pour autant de ses racines.

    Rapidement, il s’engage et découvre le monde du travail.

    Après le certificat d’études, il intègre le lycée Voltaire où une section spéciale prépare l’entrée à « Arts et métiers ». Mais à 15 ans, il est obligé d’arrêter pour des raisons financières. C’est un très bon élève qui maitrise en outre la littérature, le théâtre, la musique. A l’automne 1939, il cherche un apprentissage qu’il finit par trouver chez un artisan. Une formation qu’il va interrompre lors de son passage dans la clandestinité en mai 1941 vraisemblablement à l’annonce ou à la suite de la rafle dite du « billet vert ». De la fin de l’été 40 au printemps 41, il va participer aux différentes initiatives, actions qui constituent l’expression du refus populaire, principalement ouvrier, à Vichy et à l’occupant, alors que tout type de manifestation est fortement réprimé. Ces actions, s’il ne faut pas les surestimer en ce début 1941, caractérisent d’ores et déjà ce que sera la résistance communiste.

    Henri Krasucki, un homme à multiples facettes. Que faut-il en retenir ?

    À Buchenwald où il rédige, sur la sollicitation de la direction du Parti communiste, sa première biographie sur ce qu’il trouve comme papier disponible, à la question « Qu’est ce que tu vas faire en rentrant ? » il répond : « chercher du travail et reprendre mes activités à à la Jeunesse communiste » [1]. Ce qu’il fait. Il reprend son apprentissage, obtient son CAP d’ajusteur et se fait embaucher chez Hispano. Et commence son activité syndicale. Très vite, il va écrire des textes pour le journal Le Peuple et sera responsable du journal du Parti communiste français du XXe arrondissement de Paris. Toute sa vie, il va occuper des responsabilités, écrire, parler, produire des idées. Il sera directeur de la Vie ouvrière, rédigera toute les semaines des éditos, des articles, donnera des interviews en France et à l’étranger. Il sera responsable communiste aux relations avec les intellectuels. Ses archives occupent 36 mètres linéaires à l’Institut CGT d’Histoire Sociale.

    Et la musique ?

    Cet amour de la musique n’est pas un amour passif. Il va lire des biographies de musiciens, se documenter et étudier la musique notamment en lisant, adolescent, Romain Rolland – prix Nobel de littérature en 1915 - auteur d’une fameuse biographie de Beethoven. Il va côtoyer des gens qui vont lui parler musique et rapidement il va écouter de façon active de la musique et l’assimiler. Il y a cette anecdote où lorsqu’il fait connaissance de Paulette Szlifke durant l’été 40, il a seize ans, la première fois il parle musique et la seconde amène un disque, une Symphonie de Beethoven et le gramophone de la famille. Les autres symphonies suivront . En pleine occupation allemande, les jeunes communistes font des équipées aux concerts. Roger Trugnan, son camarade de résistance, témoigne que le soir du Noël 1943 à Auschwitz Henri leur siffle l’intégrale de la 7e symphonie de Beethoven. On n’entendra pas beaucoup parler de tout cela car lorsqu’il sera pris dans les responsabilités politiques et syndicales au plus haut niveau. Il ne cessera pas d’écouter de la musique, d’assister à des concerts mais il n’aura pas l’occasion d’en parler. Il faudra attendre les années 1990, la dernière partie de sa vie, l’émission de Canal + avec Michel Denisot, les Victoires de la musique avec Bernard Rapp, pour qu’il devienne « Camarade mélomane » suivant un entretien fameux dans Télérama où le journaliste l’interroge sur ses pratiques musicales notamment dans les grèves et pendant les négociations pour que l’on ait, dans le grand public, une image différente d’Henri.

    Cependant, Henri Krasucki sera attaqué, caricaturé, taxé de stalinisme, « de dur de la CGT », comment, pourquoi ?

    Les attaques arrivent aux débuts des années 1980, en particulier 1982, 1983 et 1984. Il est victime de la situation politique. La gauche est arrivée au pouvoir, on accuse la CGT d’avoir un pied dans la rue et l’autre dans les négociations. Pour cette période, la spécificité de ces attaques, je me suis appuyé sur un travail important de Jérôme Pelisse qui a fait un mémoire « La disqualification du personnel politique ouvrier » et son cas d’application est Henri Krasucki. Jérôme Pélisse démontre bien que par rapport à des hommes politiques de la même époque, c’est Krasucki qui concentre toutes les attaques comme si « les élites » se défendaient de l’arrivée d’ouvriers sur un champ qui leur serait réservé.

    C’est un livre sur un personnage, mais aussi sur le XXe siècle. Ces attaques arrivent aux lendemains des luttes de la métallurgie, de l’arrivée des ministres communistes au gouvernement et au moment de choix idéologiques importants au sein de la Confédération Générale du Travail.

    Depuis les échecs du programme commun, la CGT a commencé à se remettre en cause. C’est tout le sens du 40e congrès qui dit en gros « il ne faut pas s’investir autant dans les programmes de gouvernement ». Mais en 1981, la CGT est dans une situation inédite, un rapport de force particulier où les gens pensent qu’après tant d’années de la droite ils vont voir leurs revendications satisfaites. Très rapidement le PCF va se trouver en difficulté et en 1984 les élections européennes sont pour lui une catastrophe. A la suite de quoi ne siègent plus de ministres communistes au gouvernement ce qui provoque le raidissement du PCF. La CGT est sommée d’accompagner ce mouvement antisocialiste. Membre du bureau politique et du comité central du PCF, Henri Krasucki défend devant la direction du parti l’indépendance de la CGT. Je suis le premier, à ma connaissance, à avoir exploité les enregistrements du comité central de 1985 où l’on assiste à un véritable affrontement sur la notion d’indépendance de la CGT vis à vis du PCF.

    On ne peut pas dissocier Henri Krasucki de Georges Marchais, secrétaire général du PCF.

    Ils sont contemporains. Même si beaucoup de chose les différencient, ils ont une vie politique commune. Je le souligne : ils sont à la direction de l’Union départementale CGT et du comité fédéral du PCF dans le département de la Seine, deux jeunes métallos. On ne peut pas les dissocier pour autant ce n’est pas le même type d’homme.

    On apprend à la lecture de cette biographie les tensions très vive entre les deux hommes. Henri Krasucki sort abattu des réunions du comité central. Cette période est dure.

    La stratégie de l’époque du PCF est d’avoir toujours deux membres du Bureau Politique qui soient au plus haut niveau de responsabilité de la CGT. L’un qui surveille l’autre. Lorsqu’il y a au bureau politique Georges Séguy secrétaire général de la CGT, Henri Krasucki est là pour veiller à ce qu’il applique bien les orientations du parti. Lorsqu’Henri Krasucki devient secrétaire général de la CGT, il y en aura d’autres qui auront le même rôle. Mais, la fonction crée l’organe, et le jour où Henri devient secrétaire général, il tient à tenir son organisation et à l’indépendance de la CGT. Il va se battre becs et ongles. A la suite de Séguy et avant Louis Viannet, il va ’amplifier l’indépendance de la CGT pour arriver à ce que l’on connaît aujourd’hui. Il faut dire au passage qu’agir avec détermination pour l’indépendance de la CGT quand le parti communiste recueille quatre millions de voix, dispose de plusieurs centaines de milliers d’adhérents, n’est pas la même chose que ce que l’on connaitra plus tard.

    Et puis il y a l’effondrement de l’Union soviétique et des pays socialistes. Quelle sera son attitude ?

    Il est persuadé que l’URSS est dans l’impasse. Il voit arriver Gorbatchev avec énormément d’espoirs. Il pense profondément que le communisme soviétique peut être conservé s’il est rénové. Pour lui, ce n’est pas le communisme qui est en cause. Il soutient totalement Gorbatchev considérant que c’est le seul espoir possible pour que l’URSS tienne. Il est en décalage avec la direction du PCF qui, elle, est plus distante. C’est sur ces bases-là qu’il soutient l’idée que la CGT doit reprendre des responsabilités dans la Fédération syndicale mondiale, la FSM. Ce qui lui sera souvent reproché plus tard. Henri pense que le communisme va se rénover, et perdurer et il pense que la CGT doit jouer son rôle dans la FSM. Ça ne marchera pas. En 1990, il fait la leçon – il n’était pas avare en leçons - aux syndicats d’Union soviétique qui défendent l’économie de marché.

    Une ligne dont il ne variera jamais ?

    Il ne se remettra jamais vraiment de l’effondrement de l’Union Soviétique.

    Finalement, et avant de se plonger dans la lecture de votre ouvrage, que faut-il retenir de ce personnage ?

    Henri Krasucki est un homme du XXe siècle, il appartient à une génération qui a le culte du savoir, où il n’y a pas d’alternative au travail, à la culture et à l’étude. Cet homme aborde la question de la résistance, fort de cette culture. Pour lui, préparer une initiative des jeunes communistes le 1er mai 1942, en totale clandestinité, c’est d’abord faire l’historique du 1er mai, au risque de paraitre rasoir auprès de ses camarades. Il lui fallait tout disséquer. Et en 1967, à 43 ans, il va devenir le deuxième homme de la CGT imprégné des responsabilités qu’il a occupé dans la résistance, la déportation et de celle de responsable au PCF de la politique culturelle et des relations avec les intellectuels, l’interlocuteur d’Aragon et Louis Althusser. C’est en 1982 qu’il prend la tête de la CGT.

    La première fois où vous avez vu Henri Krasucki ?

    Je l’ai vu dans des meetings, puis de près lorsqu’il pose pour la photo avec Georges Séguy, Louis Viannet et Bernard Thibault lors de l’élection de celui-ci. Il était très satisfait de l’évolution de la CGT.

    Propos recueillis par Stéphane Gravier.

    Henri Krasucki 1924-2003, Christian Langeois – Editions Le Cherche Midi.

    A lire sur le site : des extraits du livre. Christian Langeois sera présent à la Fête de l’Humanité du 14 au 16 septembre prochain à La Courneuve, au Village du livre.

    [1] L’une des "bio" remplies par Henri Krasucki figure dans l’ouvrage La France rouge

    http://www.lafauteadiderot.net


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  • Par Ivan du Roy (6 septembre 2012)

    Eternit s’attaque à l’avocat des victimes de l’amianteC’est le monde à l’envers. Le procès de Jean-Paul Teissonnière, avocat « historique » des travailleurs victimes de l’amiante et de leurs familles s’ouvre aujourd’hui à Paris. Il est accusé de diffamation par l’entreprise de BTP Eternit, celle-là même qui fut le premier producteur d’amiante-ciment en France, jusqu’à l’interdiction de ce matériau très cancérogène en 1997. Eternit avait porté plainte suite à un entretien paru dans Télérama où l’avocat comparait les méthodes d’Eternit France et d’Eternit Italie.

    En Italie, deux ex-dirigeants de la firme, le belge Louis Cartier de Marchiene et le suisse Stéphane Schmidheiny ont été condamnés, le 13 février 2012, à 16 ans d’emprisonnement ferme par le tribunal de Turin, lors d’un procès pénal sans précédent. Eternit France se défend d’avoir appliqué les mêmes conditions de travail que sa voisine italienne.

    « La contribution des dirigeants français d’Eternit à la dissimulation des effets sanitaires de l’amiante est à l’égal de celle des condamnés de Turin », estiment au contraire plusieurs syndicats et associations de défense des victimes de l’amiante (Fondation Henri Pézerat, CGT Eternit Albi…) qui rappellent que Louis Cartier de Marchiene était également membre du conseil d’administration d’Eternit France de 1977 à 1992.

    Eternit France a d’ailleurs été condamnée maintes fois pour « faute inexcusable de l’employeur » dans le cadre des procédures de reconnaissance en maladie professionnelle ouverte par des salariés – ou leurs familles en cas de décès – victime d’un cancer ou d’une maladie respiratoire liés aux poussières d’amiante. L’Inserm estime que l’amiante causera 100 000 morts en France entre 1995 et 2025. « La délinquance industrielle a encore quelques beaux jours devant elle », nous expliquait Jean-Paul Teissonnière, qui est aussi l’avocat des syndicats de France-Télécom dans la procédure ouverte après la série de suicides, lors d’un entretien accordé à Basta !... Dans le scandale de l’amiante, la première plainte a été déposée en 1996. 16 ans plus tard, les victimes attendent toujours un procès pénal de ce côté-ci des Alpes.

    Voir aussi notre reportage vidéo : Scandale de l’amiante : des vies réduites en poussière

    http://www.bastamag.net/


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  • Luc Chatel accroche son successeur au ministère de l'Education, Vincent Peillon, à Pétain ! Pour le moins osé, non ?

    "Le redressement de la France doit être un redressement matériel mais aussi intellectuel et moral"


    Le propos de Vincent Peillon prend certes trois mots du discours de Pétain en juin 40... "redressement intellectuel et moral", mais on est près de la malhonnêteté intellectuelle en réduisant le discours de Vincent Peillon à ces trois mots là.  Quelque amitié troublante de Mitterrand et  sa "francisque"  étaient plus proches des remugles de Pétain que le propos et la pensée de Vincent Peillon !   

    Son approche visant à rétablir une éducation citoyenne et laïque vise effectivement à corriger des aspects de la crise dont les symptômes sont faciles à identifier avec les dérives communautaristes et le recul de la laïcité devant un fait religieux qui s'arroge désormais le privilège de la liberté pour envahir la sphère publique. Il en est de même pour la nécessaire valorisation du travail intellectuel dont le sort est mis à mal par la vénération du profit matériel de quelques uns dont la culture et la pensée s'arrête à la grille de la salle des coffres, au détriment de tout un peuple quand l'économie capitaliste en détruit la société. Quant au redressement matériel, sa nécessité s'impose chaque jour un peu plus à voir grandir un monde de l'exclusion aussi protéiforme ; le mal logement accompagne la mal-bouffe et quand on parle un peu des sans papiers ou des sans abri, le silence pèse sur les sans culture, sans sport ou sans lecture, la vie ratatinée écrite en SMS... En France comme dans nombre de pays "riches", la pauvreté gagne à grand pas des pans entiers de la société, des millions de gens broyés par des mécanismes économiques qui font que les uns cherchent désespérément la fortune en grattant les cartons dorés de la Française des Jeux quand une poignée de privilégiés se gavent à l'abri de choix politiques interdisant de toucher au grisbi.
     
    Vincent Peillon a bien raison de vouloir le redressement d'un monde aussi tordu ! Mais qu'il soit économique, productif, matériel, intellectuel ou moral, le redressement qui remettrait les hommes debout a des exigences en terme de moyens et d'ambition que le pouvoir en place ne porte pas encore à la bonne hauteur, pour l'instant !

    S'il faut l'y aider, c'est dans la rue en criant fort cette exigence de justice sociale qu'il faut descendre pour en manifester l'urgente nécessité et pousser les feux du changement... C'est maintenant !


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  •  

    Lettre ouverte à Monsieur François HOLLANDE, Président de la République, Chef des Armées, et Monsieur Jean-Yves Le DRIAN, Ministre de la Défense.                                                                                                

    Objet : La suite à donner à l'inauguration d'une stèle dans la Caserne de Pau  à la gloire d'un officier déserteur ayant été condamné à mort

     Monsieur le Président, Monsieur le Ministre,

    Le 6 octobre dernier 2010 j'interpelais le Ministre de la Défense au sujet de l'inauguration officielle du monument à l’effigie du Colonel Pierre Château-Jobert à Pau, au pied du mât des couleurs de l’ancienne place des agrès de l’ETAP, inauguration qui s'y est déroulée le 22 octobre.

    Or il n'est pas inutile de rappeler le passé sulfureux de cet officier, le Colonel Pierre Château-Jobert :

    -          Il se solidarise avec les officiers qui, le 22 avril 1961, autour du général Challe, ont saisi le commandement à Alger. Ce qui lui vaut plusieurs mois d’arrêts de forteresse pour ce putsch qui tenta de renverser la République Française.

    -          Il déserte en janvier 1962 pour rejoindre le commandement de l'OAS dans l'est algérien

    -          Il est condamné à mort par contumace en 1965 et ne rentrera en France de son exil qu'en 1968, après la première amnistie.

     Certes ce fut un résistant pendant la seconde Guerre Mondiale, mais avec un tel palmarès comment est-il compatible que cet officier, déserteur, condamné à mort, ayant tenté de renverser la République puisse être honoré ? Est-ce l'exemple qui doit être donné aux nouvelles recrues de l'Armée Française en formation ?

    Lors de cette inauguration du 22 octobre 2010, sur les sites internet des associations ayant soutenu, organisé cette manifestation, on pouvait lire ces extraits, dans l'éloge qui lui fut rendu :

    "Rapidement prenant position sur la politique d'abandon : Affecté au Niger en février 1961, il se solidarise avec les officiers qui, le 22 avril 1961, autour du général Challe, qui ont saisi le commandement à Alger, ce qui lui vaut plusieurs mois d’arrêts de forteresse.

    Rien ne le fait changer dans sa position : il rejoint clandestinement l’Algérie et se met aux ordres du général Salan, chef de l’OAS. En charge du Constantinois, il y retrouve le lieutenant Michel Alibert et y noue, en vue de leur ralliement, de nombreux contacts avec des officiers supérieurs et subalternes des régiments qui y sont stationnés, 13ème Dragons, 6ème Cuirassiers et 2ème REC (Le général Multrier, commandant de la zone Est Constantinois dira : "l’OAS progresse vite dans le Constantinois quand Château-Jobert en prend la tête"). Clandestin, en Métropole, en Algérie et en Espagne, il continue son combat.

     En 1965, il est condamné à mort par contumace.

    Il revient à Morlaix le 3 novembre 1968, après la première amnistie de juin 1968. Il poursuit son action aux plans politique, social et spirituel en publiant plusieurs ouvrages d’analyse et de réflexion."

    A cette manifestation était présente l'association ADIMAD-OAS qui a réalisé un reportage publié sur plusieurs sites internet. Je vous joins 2 photos significatives que l'on y retrouve :

    -          La première représente la bannière de cette association sur laquelle on peut y lire : "Les anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie Française – ADIMAD"

    -          La seconde avec le drapeau de l'Adimad-OAS et la bannière portée par son président Jean-François Collin. (le 2ème à gauche de la photo).

     Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, je me permets de vous rappeler, au cas où vous ne le connaîtriez pas, le passé de ce président actuel de cette association, J-F Collin. Georges Fleury, dans son le livre très documenté "Histoire secrète de l’OAS" (disant : "Moi aussi, j’ai été ’Algérie Française’") le présente, à la page 566 : "Ce jeune sous lieutenant du groupement des commandos parachutistes a participé sous les ordres du Capitaine Murat à la prise du Palais d’été d’Alger au soir du 22 avril 1961. Sous le nom de code "Valentin" il a repéré que Yves Le Tac(1) était hospitalisé au Val de Grâce à Paris. Il participera à une première tentative d’assassinat, reportée au tout dernier moment, et ce n’est que par miracle que ce gaulliste échappera à l’attentat du 18 février 1962 (2) perpétré par le commando dirigé par le lieutenant Godot, et préparé avec l’aide de JF Collin.

    JF Collin a été emprisonné à l’Ile de Ré pour ses activités dans l’OAS. Il a fait partie du "Maquis de l’Ouarsenis", cette organisation militaire de l’OAS qui rêvait de pouvoir ré-éditer le putsch manqué d’avril 1961 et de remettre en cause le cessez-le-feu du 19 mars 1962. Accessoirement, il a été également été élu conseiller municipal du Front National à Hyères (83). 

    C'est cette association, l'ADIMAD-OAS, qui a érigé, avec la complicité d'élus, des stèles comme à Perpignan, Béziers, Marignane… faisant l'apologie des criminels de l'OAS condamnés à mort et exécutés pour leurs crimes, et qui les présente comme des "héros". Il y a quelque temps elle annonçait le chiffre d'environ 1200 adhérents dont plus de 900 condamnés pour leur activité au sein de l'OAS.

    Cette cérémonie, comme nous devions le craindre, se révélât donc bien être une cérémonie :

    -          A la gloire de l'OAS

    -          A l'incitation à la désobéissance des militaires

    -          A la justification de s'organiser pour mener des putschs contre la République

    -          A une apologie du crime terroriste.

     

    Evidemment, vous n'avez aucune responsabilité dans cette infamie, c'est le précédent gouvernement qui s'est rendu complice dans cette forfaiture républicaine.

    Aussi, aujourd'hui, mon intervention auprès de vous, c'est de confirmer ce slogan : "Le changement, c'est maintenant".  Il serait dans l'honneur de notre pays de "corriger" une telle provocation. Cette stèle doit disparaître de cette caserne de Pau, où sont justement formées les nouvelles recrues, en principe pour défendre notre patrie, pas pour y mener un coup d'état militaire. Une telle remise en cause des valeurs républicaines de la France n'est pas tolérable.

     J'espère donc Monsieur le Président, Monsieur le Ministre que vous pourrez stopper immédiatement cette infamie :

    -          en faisant modifier l'appellation de cette place (en lui donnant, par exemple, le nom du Général Jacques Pâris de Bollardière, un autre para, honneur, lui, de l'Armée Française) et pourquoi pas y ériger une stèle à sa mémoire ?

    -          en faisant disparaître cette stèle : en la rendant à l'Association des paras initiateurs de cette odieuse manifestation et qu'elle ne puisse plus être visible que dans le domaine privé.

    -           

    Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, mes plus respectueuses salutations.

     Henri POUILLOT.

     Copie à Madame le Maire de Pau

     Ps:

    -1- Je vous envoie cette lettre par internet, je la publie sur mon site, la rend publique dans les différents réseaux parmi lesquels je milite, et publierai votre réponse. Pour être certain que cette lettre vous parvienne je la déposerai moi-même à l'Elysée et au Ministère de la Défense.

    -2- Monsieur le Président, je vous ai déjà interpellé le 26 mai dernier au sujet de la nécessaire reconnaissance et condamnation de la responsabilité de la France face à l'Algérie. Je n'ai toujours pas de réponse, quel silence lourd de signification. 

    (1)     Yves le TAC était le frère du ministre Joël Le TAC, il était aussi Compagnon de la libération. Il était hospitalisé au Val de Grâce parce qu'il avait été blessé lors d'un attentat OAS à Alger en voulant prendre sa 2CV qui a explosé.

    (2)     Au cours de la seconde tentative, un gendarme a été tué par ce commando OAS

     

    Il est hautement probable que ces nostagiques ont prévu de rendre, dans quelques semaines, "hommage" à cet officier pour célébrer le second anniversaire de l'inauguration de cette stèle. Le chef de l'Etat, son ministre de la défense vont-ils démontrer que le "changement, c'est maintenant" ou vont-ils se rendre complice en "laissant faire" ?

    http://blogs.mediapart.fr/blog/henri-pouillot/


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