POUR UNE AUTRE POLITIQUE ÉDUCATIVE !
Alors que la France connaît un record de natalité avec 828 000 naissances en 2010, le Gouvernement continue sa politique de suppression massive de postes d’enseignants. Cherchez l’erreur !
A. Chassaigne et M. R-D aux Journées d'automne du PCF82
Comme beaucoup d’élus locaux, je suis confronté de façon permanente au traitement infligé à l’école publique par le pouvoir en place. Depuis 2007, la virulence des attaques contre l’école s’est accélérée avec la suppression massive de postes d’enseignants et de personnels éducatifs spécialisés et le recul de la part des dépenses de l’État dans l’éducation dans le PIB.
Cette politique a des conséquences palpables dans le vécu de nos concitoyens sur les territoires : fermetures de classes, non-remplacement des absences des enseignants, accroissement des difficultés scolaires, en particulier des élèves les plus défavorisés, impossibilité d’intégrer correctement les élèves handicapés… Comment admettre, au XXIème siècle, que l’effort éducatif dans notre pays décroisse depuis plusieurs années ? Comment ne pas être choqué par l’absence de considération pour cette école qui fait la société de demain ?
Nous partageons l’idée que l’école a un rôle prépondérant dans la construction du vivre ensemble, à travers la capacité qu’elle a à transmettre les savoirs tout en éveillant les consciences, à assurer l’émancipation des futurs citoyens tant dans leurs pratiques personnelles que dans leurs relations aux autres, au travail, à la culture… Parce qu’elle est un outil essentiel de cette émancipation du plus grand nombre, l’école est un symbole de l’aspiration de toute une société. C’est pourquoi elle ne peut être réduite à un simple champ d’application et d’expérimentation au service du système économique et politique en place.
À l’aube du XXIème, il revient à tous les progressistes de reposer cette question centrale : quelle place voulons-nous donner à l’école dans notre société ?
Pour bien y répondre, il nous faut partir d’un constat partagé. Depuis les années 1960, les faits sont tenaces. Ils sont très inquiétants… Le système éducatif est tiraillé entre une logique de démocratisation et, « maltraité » par la logique capitaliste, par une logique de reproduction des inégalités sociales. Il construit, souvent au corps défendant des agents qui le constituent, un ordre des choses profondément contraire à notre volonté d’émancipation et de transformation sociale. Le « mal être » scolaire des enfants, comme la souffrance au travail des enseignants et personnels éducatifs, sont devenus une réalité quotidienne.
Privés des moyens indispensables à la satisfaction des besoins des élèves, ceux qui mettent leur engagement personnel au service de l’intérêt général se trouvent dans l’incapacité de changer le cours des choses. Les inégalités se creusent pendant que la droite habille son travail de sape de l’école publique en projetant un discours presque irréel sur « l’égalité des chances » comme traitement de l’échec scolaire. Car, ce n’est pas de chance dans une compétition dont les élèves ont besoin, mais d’une véritable lutte contre les inégalités, dès le plus jeune âge, qui permettrait à l’école de mettre en face des moyens réels pour faire accéder à une culture commune ambitieuse comme projet de démocratisation scolaire effective.
La difficulté scolaire n’est pas plus une maladie que peut l’être le chômage de masse, sur laquelle on peut projeter des expériences marginales pour essayer de masquer l’essentiel. Son terreau est l’inégalité sociale, économique et culturelle, que vient matérialiser un système scolaire qui ne peut plus répondre aux besoins des élèves dans le cadre de leur scolarité. Le traitement par les libéraux de l’école publique est bien une prise en compte des inégalités, mais pour « faire à chacun son école », opérer une sélection et une hiérarchisation conforme aux impératifs économiques et politiques qu’ils défendent, aboutissant ainsi à accentuer les inégalités culturelles, sociales, et économiques. Avec la privatisation de l’enseignement, l’inégalité est même intégrée comme une forme naturelle qu’il faudrait simplement accompagner par le marché. Ce n’est pas d’un accompagnement des inégalités que nous voulons, mais d’une véritable lutte contre leur reproduction.
Au-delà de la simple réussite scolaire, l’école doit (re)trouver son ambition d’outil permettant l’avancée de civilisation. C’est une question cruciale pour l’avenir de notre société, pour les valeurs que nos concitoyens entendent placer en son centre. Notre projet ne doit pas être une sorte « d’acte de foi » en l’école républicaine, libératrice par elle-même ou idéalisée, puisqu’elle ne l’est pas. C’est la recherche d’une école de progrès pour tous, sur la base d’une culture commune et de l’appropriation de savoirs indispensables à la connaissance du monde, de la vérité.
Au fond, là où nous prenons à rebrousse poil les projets inégalitaires, c’est sur le fait que tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, sont capables d’apprendre ces savoirs, ces formes de raisonnements. Car le projet capitaliste repose bien sur l’idée de faire des cursus différents dès le plus jeune âge, pour les uns en se limitant à l’élémentaire et au collège, pour les autres, à se préparer dès le plus jeune âge à aller au-delà. Dans une société future où toute la vie sera structurée par des savoirs issus de « culture savante », ce sont tous les enfants qu’il nous faut préparer à étudier au moins jusqu’à 18 ans dans des conditions qui leur donnent le plaisir d’apprendre. Oui, il faut revaloriser les filières professionnelles, mais pas pour limiter les choix d’orientation des enfants de familles populaires à cette seule possibilité. Relancer la maternelle, comme la scolarité unique en élémentaire et collège, c’est le moyen de créer l’orientation réellement choisie pour la suite, en lycée général, technologique ou professionnel.
C’est l’idée qui doit être portée dans le projet populaire partagé.
En tant qu’enseignant de métier, ancien principal de collège, je sais qu’il est possible de relever ce nouveau défi de la démocratisation scolaire. En tant qu’élu local, je vois que c’est nécessaire pour l’émancipation des êtres humains et l’avenir du pays.
Le Parti communiste français, et la lettre régulière du réseau École, participe pleinement de la mise en perspective de cette « autre » école que nous appelons de nos vœux. La dernière revue du projet consacrée à l’école pose clairement le constat d’échec et de régression de la politique libérale appliquée à notre système éducatif. Elle présente surtout, sous l’angle de nombreux chercheurs, enseignants ou acteurs de l’école, des objectifs ambitieux pour une école du XXIème siècle : la définition d’un modèle où « l’élève n’a pas d’autres ressources scolaires que l’école », la lutte contre « les inégalités sociales de réussite scolaire », l’appropriation « d’une culture commune de haut niveau pour mettre les générations à venir en capacité de penser de façon critique », « l’allongement des études pour préparer au monde et aux enjeux de demain ».
Cette visée politique ne peut passer que par un engagement budgétaire de grande ampleur de la part de l’État pour les années à venir. A la veille des manifestations du 22 janvier, les organisations syndicales et les personnels réclament l’embauche massive d’enseignants pour répondre aux besoins. Aussi, il apparaît indispensable que la transformation de l’école figure au cœur des débats que nous entamons sur le programme populaire et partagé pour la gauche en 2012.
C’est une exigence qui traduit, au-delà du simple enjeu de société, la vraie mesure du rôle que doit revêtir le débat sur l’école qui fait société.
Grève le 10 février : Redonnons des couleurs à l’Ecole !
Le 10 février prochain, le SNUipp appelle avec la FSU à une journée de grève et de manifestation partout en France pour l’avenir de l’école. En cause, le budget de l’Education nationale, qui, à coup de milliers de suppressions de postes, construit un projet éducatif préférant la réussite de quelques-uns à celui de la réussite de tous. Ces coups de ciseaux ne peuvent qu’accentuer le phénomène français souligné par PISA d’aggravation des inégalités sociales à l’école.
Dans le primaire, ce sera 8 967 postes qui sont appelés à disparaître alors que plus de 8 000 élèves supplémentaires sont attendus à la rentrée : RASED, maternelles, remplacements, enseignants supplémentaires en éducation prioritaire, la chasse aux « gisements d’emplois » est ouverte. Et, si ça ne suffit pas, on suggère déjà d’augmenter les effectifs par classe, de fermer des classes ou de regrouper des écoles rurales. Le discours du Ministre sur l’élargissement de l’enseignement des langues vivantes aux enfants de 3 ans confine à l’absurde alors qu’à ce jour la généralisation n’est pas achevée dans l’élémentaire et que près de 800 postes seront prélevés sur les intervenants en langues vivantes. Les directeurs d’école sont également les premières victimes de ces coupes aveugles. Dans de nombreux endroits, l’aide administrative à la direction d’école n’est pas renouvelée. Le temps de décharge accordé aux directeurs pour le fonctionnement de l’école est revu à la baisse.
Le budget de l’Education nationale se réduit comme peau de chagrin, mais cet âne n’est pas bien gras comme le souligne l’OCDE qui relève que l’investissement de la France dans le primaire est déjà de 15% inférieur à celui de la moyenne des pays membres de l’organisation.
Le moment n’est pas venu de se démobiliser. Le SNUipp s’est engagé dans une démarche unitaire pour construire la mobilisation la plus large. Aujourd’hui, c’est l’avenir de l’Ecole de la réussite de tous qui est remis en question. Le SNUipp demande l’abandon des suppressions de postes programmé à la rentrée prochaine. L’Education nationale a besoin d‘un budget porteur d’un projet de transformation de l’école. La maternelle, l’éducation prioritaire et la formation professionnelle des enseignants sont des leviers essentiels pour une meilleure réussite des élèves. Dans cette situation d’urgence, l’école ne peut attendre !
Rassemblement Place de Beaune à Chalon à 14h30. Reconstitution d’une classe sauvage et symbolisation des suppressions de postes.
La mobilisation des parents d'élèves a payé.
En montrant les dents depuis une dizaine de jours, ils ont obtenu l'abandon des fermetures de quatre postes envisagées dans le cadre des prévisions de la nouvelle carte scolaire de Tarn-et-Garonne : un à l'école de Caylus, un autre à Parisot et deux à Saint-Antonin-Noble-Val. « C'est une grande satisfaction. C'était inespéré. On ne s'attendait pas à ça ce soir », a déclaré Gilles Delmas, à la sortie d'une réunion organisée hier en fin d'après-midi dans les locaux de l'inspection d'académie à Montauban. « Nous avons fait valoir tous les investissements réalisés sur les écoles des communes concernées, ainsi que la stabilité des effectifs. L'inspecteur d'académie nous a écoutés. Il s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas, à la rentrée de septembre 2011, de fermeture sur aucune des trois écoles. Il faudra néanmoins rester vigilant pour cette année, mais également pour les années à venir », a indiqué pour sa part le maire de Parisot, Frédéric Kerestedjian reçu lui-aussi par l'inspecteur d'académie avec cette délégation de parents comprenant six personnes.