• Egypte: Les événements de samedi

     

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    Après le "Jour du départ" et les manifestations monstres de vendredi, la mobilisation de l'opposition ne faiblit pas à l'encontre de Hosni Moubarak qui s'accroche au pouvoir.

    Heure par heure

     09h30. Rien n'a filtré de la réunion du président égyptien Hosni Moubarak avec  le Premier ministre Ahmed Chafik et ses principaux ministres chargés des questions économiques au sein du nouveau gouvernement: le ministre des Finances, celui du Pétrole et celui du Commerce et de l'Industrie, accompagnés du gouverneur de la banque centrale.

    09h00. Des dizaines de manifestants tentent d'empêcher les chars de l'armée déployés sur la place Tahrir, au Caire, de quitter ce lieu symbole du mouvement de contestation contre le régime d'Hosni Moubarak, par crainte de nouvelles violences de la part des pro-Moubarak.

    8h15.  Près de la ville d'El Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, un gazoduc qui relie l'Egypte à Israël a subi une explosion, selon la télévision publique égyptienne. L'approvisionnement du gazoduc a dû être coupé par l'armée à la suite de cet attentat.

    02h. Ahmed Mohammed Mahmoud, un journaliste égyptien du quotidien gouvernemental al Ahram qui suivait les manifestations contre le président Hosni Moubarak, est décédé des suites de ses blessures. Il avait été blessé d'une balle dans la tête alors qu'il filmait depuis le balcon de sa maison des manifestations le 29 janvier.

     

    Ce que nous pouvons faire pour l’Égypte

    Les meutes de nervis lancés par le pouvoir contre le peuple égyptien ne font pas plier l’opposition. Elle fait toujours du départ du dictateur le préalable à des négociations. La stratégie de la terreur finit toujours par se retourner contre ceux qui la manient et le sang fortifie les colères après avoir glacé d’effroi. Dans l’entourage de Moubarak, les réflexes demeurent. Avant-hier, la télévision a dénoncé les journalistes étrangers qui ont été immédiatement en butte à des arrestations et à des assignations à résidence. Ce fut le cas de l’envoyé spécial de l’Humanité sur la place Tahrir, le chaudron de la contestation et l’épicentre des affrontements. Il est bien difficile pour le vieux raïs de raviver des ressorts nationalistes quand c’est du cœur des peuples que montent les solidarités tandis que les chancelleries atermoient. Washington accompagne le mouvement, puisqu’il ne peut le freiner, mais il n’use pas de tous ses moyens de pression, notamment sur l’armée. Moubarak n’était-il pas son chargé de pouvoir au Proche-Orient ? Quant au gouvernement français, il continue à faire profil bas. Notre journal a publié hier les preuves des leçons données aux forces de répression égyptiennes par des instructeurs français sur « la gestion des foules » avec « exercices diurnes et nocturnes en zone urbaine ». Est-ce ce « savoir-faire » transmis avec l’autorisation de MM. Kouchner et Hortefeux que des policiers déguisés en casseurs mettent en œuvre contre les foules cairotes ?

    « Les révolutions, écrivait Victor Hugo, sortent, non d’un accident, mais de la nécessité. » Une époque a sans doute fait son temps. L’impérialisme américain voit aujourd’hui trente ans d’efforts pour mettre en place « une ceinture verte », où la menace islamiste étoufferait le mouvement progressiste dans les pays arabes, partir en fumée. Ces peuples si longtemps éprouvés par le colonialisme européen qui avait pris la suite des Ottomans ne se résolvent plus au choix binaire – « les barbus ou la dictature » – qui leur était imposé. Les jeunes, au premier rang des manifestants, réclament de vivre pleinement une vie où se marient le pain et le jasmin, la liberté et les droits sociaux. Ils ne rêvent pas, comme l’ont fait d’autres peuples il y a vingt ans, aux mirages de la mondialisation libérale. En effet, l’aspiration à la justice sociale qui se heurte aux oligarques et aux corruptions est immense. Beaucoup savent que les délocalisations industrielles ordonnées par les multinationales et qui les emploient vivent de leur précarité et de leur exploitation. Les privatisations ont semé la pauvreté et la prospérité promise n’a pas germé.

    Par ailleurs, le modèle de l’islamisme, qui a trouvé son apogée dans al-Qaida, a fait long feu. La toute-puissance et le rayonnement de l’empire américain ont décliné. Les manifestants espèrent une nouvelle voie, en dehors des règles du FMI qui les ont affamés et de la charia qui opprime d’autres jeunes, comme ceux d’Iran qui leur ressemblent.

    « Ce que nous avons commencé ne pourra pas être remis en cause », assurait dimanche soir le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei. Le parti du dictateur – hélas membre de l’Internationale socialiste – et le réseau de ses hommes de main jettent aujourd’hui toutes leurs forces dans la bataille pour que la nuit retombe sur Le Caire et Alexandrie. Les peuples du monde, par leur solidarité et leurs pressions sur leurs gouvernements, peuvent aider à mettre en échec cette sinistre entreprise. Notre journal s’y emploie.

    Patrick Apel-Muller

     

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