• de : J-M Mora
    dimanche 30 janvier 2011 (14h24) http://bellaciao.org/fr/spip.php?article113081

    ImageTandis que les autorités s’époumonent à rassurer la population relativement à la sécurité de médicaments « sous surveillance particulière », 59 médicaments sont complaisamment listés comme soumis à une surveillance prétendument renforcée. Ils font simplement l’objet d’un « plan de gestion des risques ».

    Le PGR est une disposition normale de toute nouvelle autorisation de mise sur le marché : il n’a rien de particulier. Cette surveillance ne concerne pas de dangereux médicaments mais des médicaments ayant reçu une nouvelle AMM (autorisation de mise sur le marché). Le PGR ne concerne donc pas les médicaments supposés dangereux. Le Gardasil® étant dans cette situation fait partie de cette liste.

    Depuis quelque temps, nous assistons à toutes sortes de gesticulations avec le Médiator® qui tendent à disculper les politiques de leurs responsabilités dans l’affaire des médicaments dangereux et inefficaces. Haro sur les commissions, les experts, et autres fonctionnaires, mais bien sûr on ne touche pas aux politiques qui vont tout arranger. Pour nous rassurer sur leur compétence, on nous révèle que 59 autres médicaments sont sous surveillance. On veille donc sur nous, faisons-leur confiance et rendormons-nous.

    Pour avoir été très proche d’un ami, nommé il y a quelques années à la tête d’un autre ministère technique, je sais qu’un ministre ne doit pas avoir de compétences techniques particulières pour n’avoir pas la tentation de s’en servir, car sa responsabilité est politique. Quand on nomme un spécialiste de la santé, médecin ou pharmacien, à la tête du ministère de la santé on aboutit à des prises de positions personnelles qui sont forcément entachées d’erreurs, car les décisions prises sont techniques et ce n’est pas le travail du ministre. S’il a la compétence technique, ce dernier prend position avant de consulter qui que ce soit, car « il sait ». Ainsi, le rôle d’un ministre consiste à faire travailler des équipes aux opinions opposées, et à décider politiquement, au vu de ces études. Encore faut-il qu’il s’entoure de conseillers compétents et indépendants. C’est ce que devrait faire un ministre comme Xavier Bertrand puisqu’il n’a aucune compétence technique en matière de santé.

    Ces politiques savent, avec raison, que les français ont la mémoire courte et en profitent, alors essayons de leur rappeler certains faits marquants.

    Dans la récente liste de médicaments sous surveillance figure le Gardasil®, vaccin qui ne va pas tarder à rattraper le ministre qui s’est commis avec l’industrie pharmaceutique, c’est le moins qu’on puisse dire. Il en a été le défenseur à tout crin et de plusieurs manières.

    A-t-il appliqué le principe de précaution pour le Gardasil® ? Pas vraiment !

    Ce vaccin obtient son AMM de manière très rapide (9 mois entre le dépôt de la demande et l’obtention juin 2006 ), pendant le passage de Xavier Bertrand à la tête du ministère de la santé (du 2 juin 2005 au 26 mars 2007), ce qui provoque déjà l’étonnement des spécialistes.

    Puis en février 2007 alors qu’il sait qu’il va quitter le ministère de la santé, il prend une position surprenante : Deux mois avant que la commission de la HAS ne rende son avis, il annonce à l’Assemblée Nationale que le vaccin Gardasil® sera remboursé à 65 % comme les autres médicaments avant la fin du 1er semestre. Il coupe ainsi l’herbe sous les pieds de la commission chargée de proposer ou refuser le remboursement du vaccin. Interrogé sur l’avis favorable donné ultérieurement (le 18 avril 2007) par la commission, son président, avouera : « Le ministre avait déjà annoncé son remboursement ». Et le 11 juillet 2007, sous la référence JORF 159, le JO publie l’arrêté fixant les conditions de remboursement du vaccin Gardasil® limité aux adolescentes de 14 ans et aux femmes de 15 à 23 ans n’ayant pas encore eu de rapports sexuels.

    Il est certain que sans prise en charge par la Sécurité Sociale ce produit n’aurait eu aucune chance de devenir un Blockbuster. En effet, depuis juin 2006 et jusqu’au 11 juillet 2007 le vaccin sera vendu 145.94€ la dose, soit, pour les 3 injections prévues au protocole 437,82€. Son prix sera ensuite de 135,69 soit 404€ les 3 doses, et aujourd’hui il coûte123,66€ soit un total de 370,98€. Un tel prix à la charge du patient aurait été très dissuasif. 12 mois après la mise en place de la prise en charge à 65% par la Sécurité sociale, ce vaccin avait déjà coûté plus de 120 millions d’Euros (l’AFSSAPS chiffre à 1,4 millions le nombre de doses vendues en 12 mois).

    Ainsi, les politiques exercent d’énormes pressions pour que les décisions prises aillent dans le sens qu’ils souhaitent, et dans cette commission 17 membres sur 21 ont des conflits d’intérêts avec le laboratoire.

    A ce sujet, on peut imaginer la position de Roseline Bachelot sur le vaccin Gardasil® quand on sait qu’elle a travaillé durant des années pour le laboratoire ICI (Information Coordination Incitations), devenu ensuite Astra Zeneca, dont l’un des chercheurs a découvert le papillomavirus qui a permis la création de ce vaccin. Ce laboratoire reçoit annuellement en royalties croisées plusieurs dizaines de millions de dollars pour cette découverte.

    Si l’objectif du ministre de la santé était de réduire le nombre de morts par cancer du col de l’utérus, il aurait mieux valu investir dans le renforcement du dépistage systématique plutôt que dans un vaccin à l’efficacité reconnue faible si tant est qu’elle en ait, et qu’on ne pourra mesurer au mieux que dans 25 ans. Il a fait un choix aberrant pour la santé publique, mais judicieux pour les bénéfices du laboratoire, on comprend qu’on le retrouve pour la deuxième fois à la tête de ce ministère.

    Ce vaccin a obtenu le prix Galien en 2008 et le Quotidien du Médecin a diffusé à cette occasion un numéro spécial, distribué en France à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. En première page on nous annonce que 1 000 femmes décèdent chaque année en France du cancer du col de l’utérus et un peu plus loin, que 70 % de ces cancers sont dus aux papillomavirus (HPV) 16 et 18, dont le vaccin est censé protéger. On pourrait donc déduire de ce texte, sans grand risque d’erreur, qu’environ 700 morts par an sont dues à ces deux HPV.

    Or, page 2, nous apprenons qu’une étude menée à Amiens, Reims et Besançon, a permis de déterminer que 15 % des femmes sont infectées par un HPV (dont il existe 120 types). Comme à la première page on nous parle de morts pour une année, faisons l’analyse des chiffres de la page 2 sur un an.

    Étant donné qu’il nait environ 400 000 filles par an, ces 15 % représentent donc 60 000 femmes contaminées, mais, heureusement, l ’article précise que seulement 3 % des femmes contaminées le sont par les HPV 16 et 18, ce qui fait 1 800 femmes concernées. Un peu plus loin les auteurs soulignent que 90 % des femmes infectées se débarrassent de ces virus, comme pour celui de l’hépatite b, sans conséquence ni intervention de la médecine. Nous arrivons donc à 180 femmes concernées. Comme la Page 1 annonce 700 morts et la page 2 que 180 femmes risquent de développer un cancer, quels chiffres devons-nous prendre au sérieux, ceux de la première page ou ceux de la deuxième ?

    A ce sujet, le journal allemand Arznei-Telegramm de novembre 2007 (38 : 11, 101-103) dénonçait la désinformation de Sanofi Pasteur sur la protection du cancer du col de l’utérus soi-disant conférée par le Gardasil®.

    Chez nous comme en Amérique du nord ce cancer représente 4 à 6 % des cancers féminins, il arrive au 22e rang sur les 25 types de cancers et par localisation, la surmortalité de ce cancer est de 1,13 % ; aussi l’urgence de la disponibilité de ce vaccin puis de son remboursement étaient-ils tels qu’il fallait accorder l’AMM en quelques mois et forcer la commission à en proposer le remboursement ? Il est vrai qu’étant donné son prix de 437€, il fallait que le remboursement soit rapidement effectif, pour que sa diffusion soit à la hauteur de l’espérance du fabricant Merck qui, en Europe, est actionnaire à 50 % d’Aventis Pasteur MSD (le M de MSD veut dire Merck), les autres 50 % étant détenus par Sanofi Aventis. Ce partenariat permet d’écrire partout « le Gardasil® d’Aventis Pasteur MSD » car le nom de Merck, fabricant du Vioxx®, sent le soufre après les 50 000 morts qu’il a provoqués aux États-Unis, ce qui a entraîné son retrait du marché.

    Les bénéfices dus à la vente de ce vaccin permettent mieux de comprendre l’outrance des nombreuses campagnes publicitaires dont il a fait l’objet à la radio, à la télévision, dans la presse écrite. Mais il faut parler au passé car le JO du 22 septembre 2010 a fait paraitre une interdiction de la publicité du Gardasil® au motif que : « En l’état actuel des données, il n’y a pas d’étude démontrant un effet préventif de la vaccination sur la survenue des cancers, le délai entre l’infection et l’apparition d’un cancer invasif étant estimé de quinze à vingt-cinq ans. »

    Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce vaccin, comme le Cervarix®, fait partie de la liste des 59 spécialités sous surveillance à cause de son manque d’efficacité et de ses dangers. Le communiqué de l’AFSSAPS sur « l’efficacité non prouvée » se passe de commentaire.

    Quant à la dangerosité, en France, comme de coutume, on en parle très peu, m ais aux États-Unis Judicial Watch, organisation indépendante qui surveille, entre autres, les effets secondaires du vaccin Gardasil signalés à la FDA entre mai 2009 et septembre 2010, donc sur une période de 16 mois seulement, annonce 3 589 effets indésirables enregistrés pendant ce court laps de temps et s’attarde plus longuement sur certains d’entre eux. Il y aurait 789 signalements d’effets secondaires sévères, dont 213 ont débouché sur une « invalidité permanente », ainsi que 25 cas de syndrome de Guillain-Barré. Il y aurait même 16 morts, parmi lesquels 4 suicides. Sachant, nous ne le répèterons jamais assez, que la FDA estime être informée de moins de 10 % des effets indésirables des médicaments en général. Étant donné que ce vaccin a été mis sur le marché le 6 juin 2006, ce qui fait donc 54 mois, et si l’on tient aussi compte du faible pourcentage de remontée des effets indésirables, par combien faut-il multiplier ces chiffres pour approcher de la vérité ? au moins par 20 !

    Pour les données françaises sur le sujet, l’AFSSAPS parle de 86 % d’effets indésirables connus bénins et transitoires sur un total de 700 signalements : « les effets indésirables graves concernent majoritairement des réactions attendues, toutes d’évolution favorables ». Mais son analyse n’est que du verbiage : « Enfin quelques cas de maladies auto-immunes (démyélinisations aiguës centrales, arthrites et thrombopénies), souvent peu documentés, ont été signalés mais ne permettent pas d’établir un lien de causalité ; leur nombre reste très inférieur au nombre attendu en l’absence de vaccination. » Pour Judicial Watch les cas de maladies auto-immunes représentent 22,8 % d’effets graves signalés à cette époque dont déjà 16 morts qui n’ont pas eu d’évolutions favorables comme en France.

    A l’époque, le ministre de la Santé aurait mieux fait de s’abstenir d’intervenir aussi brutalement au sujet du Gardasil®, mais de toute façon celle qui lui a succédé au ministère de la santé, ancienne collaboratrice du laboratoire Astra Zeneca ne pouvait pas faire moins bien. Quant à leur patron, le Président de la République, il a manifesté sa solidarité avec le Président du conseil d’administration de Sanofi Aventis (de 1988 à 2008 Jean-françois Dehecq) en le nommant le 11 nov. 2008 Président du conseil d’orientation du fonds souverain « à la française », doté de 20 milliards d’€uros pour faire face à la crise financière, Tout commentaire sur cette situation est totalement inutile.

    Il faut donc redire que notre actuel ministre de la santé, avant de déclarer vouloir tout réformer et apparaître plus blanc que blanc, a, lors de son passage précédent à la tête du ministère de la santé, utilisé des méthodes peu orthodoxes qui ont permis que le Gardasil® devienne pour Aventis Pasteur MSD un blockbuster (1,4 millions de doses vendues en un an). C’est toujours sous le prétexte de vouloir le bien de ses compatriotes que nos politiques agissent. Et s’il s’avérait que ce vaccin doit être retiré du marché, le ministre devrait démissionner comme dans toutes les vraies démocraties du monde. Toutefois, si cette décision met aussi longtemps à être prise que pour le Mediator alors plusieurs ministres auront eu le temps de passer 14 Avenue Duquesne.

    De : J-M Mora


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  • Les parents d'éleves du Parc à Autun

     

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  • Cet article http://jceg.over-blog.com/article-la-privatisation-de-l-ecole-un-chantier-qui-rapporte-51131201.html

    La privatisation de l’école, un chantier qui rapporte.

     

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    A l’heure actuelle, il reste au moins un corps de métier ou tous les professionnels fonctionnent sur un pied d’égalité : une école, maternelle ou élémentaire est gérée par un directeur ou une directrice.

    Pour les autres enseignants de l’école, cette personne est un(e) simple collègue et en aucun cas un supérieur hiérarchique. Parmi ses missions figure même l’assistance et la protection de ses collègues.

    Ce fonctionnement gêne.

    S’il est peu confortable pour ses détenteurs, ce poste permet de conserver une cohérence entre la réalité du terrain et le côté administratif.

    (Si nos dirigeants sortaient de leurs bureaux ils seraient peut-être moins centrés sur les chiffres et plus à l’écoute de la réalité.)

    La plupart des directeurs ou directrices restent avant tout des professeurs, qui continuent à enseigner.

    Malheureusement, cela gêne : Un directeur impliqué dans une école, soucieux de l’avenir et du bien-être de ses élèves, ne peut pas être en accord avec des décisions ministérielles qui tiennent compte uniquement de chiffres.

    « Nous voulons rationaliser les 57 milliards d’euros en donnant davantage d’autonomie aux établissements et en créant les établissements publics du premier degré, avec des établissements qui aient de vrais patrons, à qui nous puissions déléguer des budgets, qui les gèrent et qui nous rendent compte ». (Xavier Darcos)

    Comme toujours, l’Etat apporte sa solution, par l’article 86 de la loi du 13 août 2004[1] : 

    Regrouper plusieurs groupes scolaires dans un E.P.E.P. (établissement public d’enseignement primaire) 

    «Je le répète, j’espère pouvoir dans le premier trimestre qui arrive, faire faire une avancée considérable sur la question de l’Etablissement public du premier degré. Pour ne pas dire une avancée définitive. Du moins je l’espère.» (Xavier Darcos)[2]

    Un directeur d’EPEP serait à sa tête. Il n’est pas certain qu’il s’agirait d’un enseignant.

    En revanche ce serait un supérieur hiérarchique.

    Jusqu’à présent des rapports cordiaux et constructifs unissaient enseignants, directeurs, élus des communes, délégués de parents d’élèves. Un tel système va-t-il vraiment améliorer la communication entre des gens qui ne seront plus des égaux mais des supérieurs et des subordonnées ? Comment demander la coopération à des élèves et éviter la compétition quand les enseignants en seront un exemple vivant ?

    Ce projet de décret, après avoir été mis en stand-by, fait partie des priorités du ministère[3].

    En ce qui concerne les chiffres, le ministère de l’Education Nationale est très performant. 

    Il a réponse à tout :

    Les classes sont surchargées ? Il est courant de produire une moyenne entre des CLISS (classes d’intégrations à faibles effectifs : 6 à 8 élèves) et des classes surchargées (31 à 35 élèves).

    On obtient un résultat tout à fait positif, qui ne rend absolument pas compte de la réalité du terrain.

    Autre exemple pour manipuler les chiffres dans l’Education Nationale : comptabiliser les postes dits « surnuméraires » pour calculer le nombre d’élèves par classe. On prend des exemples de classes en sureffectifs. On divise le nombre d’élèves par celui des intervenants, même ponctuels, qui parfois ne prennent qu’un élève une heure par semaine. (Psychologue scolaire, psychomotricien…)

    On obtient un nombre très faible d’élèves pour des classes pourtant très chargées.

    Voilà comment « saigner le fameux mammouth » : compresser les effectifs et faire des économies, tout en gardant l’adhésion des parents d’élèves, donc des électeurs, même les plus réticents.

    Voilà ce que l’on appelle de la désinformation.

    On oublie simplement que ce sont les enfants qui subissent la dégradation du système éducatif.

    Ce ne sont pas des produits, que l’on gère avec des chiffres. Ils sont humains et ont besoin d’aide et d’attention. Ils ne peuvent pas tous avancer au même rythme. Un enseignant ne peut pas avoir d’obligation de réussite !

    Pourtant, en 2008, lors de la rédaction des programmes, le ministre a déclaré la fin de l’obligation de moyens. La loi d’orientation de 1989 plaçait l’élève au centre du système éducatif.

    2008 constitue donc un tournant : mieux vaut désormais une tête bien pleine qu’une tête bien faite.

    Il faut préciser que pour la première fois, le ministre a distribué les programmes à tous les parents d’élèves, afin d’exercer un contrôle et une pression gratuite sur les enseignants.

    Rassurons-nous, les programmes changent environ tous les 4 ans.

    Toujours dans la logique de rentabilité et d’économie, penchons-nous sur le chantier de l’aide personnalisée : un nouveau dispositif sensé remplacer le RASED, réseau d’aide composé d’un psychologue scolaire, d’un enseignant spécialisé dans les apprentissages et d’un psychomotricien. 

    Le RASED permettait une prise en charge gratuite et sur le temps scolaire.

    Il avait donc un double avantage : permettre l’accès aux soins de tous les élèves et éviter d’alourdir leur emploi du temps déjà chargé.

    En supprimant deux heures d’enseignement hebdomadaire sans alléger les programmes déjà chargés, le

    Ministère de l’Education Nationale prétendait apporter une aide à davantage d’élèves.

    En réalité tous les élèves pâtissent d’une perte de deux heures.

    En échange, un nombre très faibles d’élèves bénéficient deux heures maximum par semaine d’une aide ponctuelle, par modules de six séances. Les seuls élèves pour qui l’aide personnalisée s’avère profitable sont ceux qui ont une difficulté ponctuelle sur un point précis, c'est-à-dire les élèves moyens.

    Voilà comment supprimer des postes d’enseignants spécialisés…

    Pour mettre en place ce dispositif, le MEN a demandé à tous les partenaires de s’accorder : semaine à 4 jours ou à 4 jours et demi ? Deux jours ou 4 demi-heures d’aide personnalisée ? Sur quelles tranches horaires ? Les équipes enseignantes devaient se mettre d’accord, puis discuter avec les mairies et les parents. Ce fut évidemment la cause de nombreux conflits. 

    Diviser pour mieux régner, cela a permis encore une fois de se poser les vraies questions, sur les finalités et l’efficacité de ce dispositif qui permet d’économiser des postes.

    De la même manière, devant l’opposition aux suppressions de postes, nombreuses, le MEN a trouvé une parade : supprimer les postes de remplaçants

    Personne ne s’en est aperçu. Jusqu’à un constat des non remplacements alarmant.

    Faire des économies sur le dos de nos enfants, une stratégie particulièrement efficace. 

    A quand le droit de vote à la fin de la crèche ? Face à des électeurs, l’Etat devra peut-être se montrer plus mesuré. Mais la crèche, comme l’école maternelle, n’est-elle pas un dispositif voué à disparaître, pour laisser la place aux fameux « jardins d’enfants » ?

    Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’Etat, que nous fassions passer des concours à bac+5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? (Xavier Darcos)

    Le dispositif de casse du système éducatif français est donc très efficace car très étudié et particulièrement exhaustif. 

    La création des E.P.E.P. a été demandée dès 1998 par Claude Allègre. Jack Lang, Luc Ferry, François Fillon, Gilles De Robien, Xavier Darcos puis Luc Châtel ont tous, quelque soit leur étiquette politique, tenté de développer ce mode de fonctionnement.

    Tous les enseignants sont prêts à le dire, le schéma actuel doit être amélioré : un statut de directeur d’école périmé, avec un personnel surchargé, peu reconnu, qui doit assumer une charge croissante de missions dans le même temps, sans aucun avantage, sans reconnaissance pour le travail accompli.

    Des écoles isolées, qui ne mutualisent que très peu leur matériel et les compétences des enseignants.

    Mais ce n’est pas en instaurant un rapport d’autorité que l’on donnera envie aux professeurs de travailler ensemble.

    De là même manière, si les I.U.F.M. (instituts universitaires de formation des maîtres) n’étaient pas pleinement efficaces, c’est surtout par manque de moyens. 

    Mais en les supprimant, en mettant des gens de plus en plus diplômés mais sans expérience sur le terrain, on ne va pas améliorer la compétence professionnelle mais le mal être des adultes de l’école.

    Et l’on connaît les conséquences sur leurs élèves.

    Mais cela permet d’économiser une année de formation par enseignant.

    En ce qui concerne l’apprentissage des langues vivantes, on a crée de nombreux postes dits « fléchés », c'est-à-dire réservés à des enseignants jugés capables d’enseigner une langue. 

    Cela permet d’obliger implicitement le personnel à se former en langues.

    Pas d’habilitation en langue, pas de poste lors du mouvement des enseignants…

    Comment croire en leur compétence, lorsque l’objectif avoué est d’éviter de payer des intervenants en langue ?

    Le dispositif de casse du système public d’éducation est donc bien en place : réduire tous les postes, à commencer par les surnuméraires, pour ne pas affoler l’opinion, manipuler les chiffres, économiser la formation professionnelle, les intervenants en langues, les enseignants spécialisés, éviter les redoublements, qui coûtent cher à l’Etat.

    Créer ensuite de nouveau moyens de pression, en donnant un rôle de contrôle aux parents et en créant un supérieur hiérarchique visant à préserver la rentabilité.

    Dans cette école, comment ne pas être sûrs de l’épanouissement scolaire et personnel de nos enfants ?


    Lamaury.

    [1] Projet de décret : http://www.sud-education-hautenormandie.org/tracts/projet_decretEPEP2006.pdf et ce projet de décret commenté par le syndicat SNUIPP : http://www.snuipp.fr/spip.php?article4336 . 

    [2] Source : http://www.profencampagne.com/ext/http://www.directeurenlutte.com/article-22480902.html . Audition de X. Darcos, ministre de l’Education Nationale, le 3 juillet 2008.

    [3] Projet de loi de finances pour 2010 : enseignement scolaire : http://www.senat.fr/rap/a09-104-5/a09-104-515.html ; http://www.senat.fr/rap/a09-104-5/a09-104-516.html .
    Par jceg.over-blog.com Publié dans : EDUCATION

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    Plusieurs postiers se sont donné la mort ces derniers mois alors que l’entreprise publique est en pleine restructuration. Enquête dans les Bouches-du-Rhône où cinq syndicats appellent aujourd’hui à la grève « pour éviter une vague de suicides comme à France Télécom ». Bouches-du-Rhône, envoyé spécial

     C’était il y a moins d’un an, le 1er mars 2010. Au terme d’un débat houleux, qui avait mobilisé des centaines de milliers de citoyens contre le changement de statut, La Poste devenait une société anonyme. Son président, Jean-Paul Bailly, promettait alors que ce nouveau statut ne changerait rien aux missions de service public, notamment de distribution du courrier. L’augmntation du capital de l’opérateur postal à hauteur de 2,7 milliards d’euros doit servir à sa « modernisation ». Derrière l’entrée à marche forcée dans le monde de la concurrence, un drame était sans doute déjà en train de se nouer. Du France Télécom, en pire, avec un plan social qui ne dit pas son nom mais promet de supprimer 50 000 emplois d’ici à 2015, en poussant, entre autres, les fonctionnaires à la démission. Une restructuration en accéléré qui amène les syndicats des Bouches-du-Rhône à tirer la sonnette d’alarme.

    27 juillet 2010, au treizième étage d’une tour de Marseille, Myriam Roux, quarante-cinq ans, factrice dans le 15e arrondissement, ouvre la porte de son appartement pour partir au travail, se ravise, fait demi-tour puis saute dans le vide. Brigitte Marie, sa meilleure amie, elle aussi factrice dans le même quartier et qui habite à l’étage au-dessus, se souvient d’avoir discuté avec Myriam, la veille du drame : « Sa tournée avait été rallongée, elle était obligée de prendre deux bus pour la réaliser. Elle était très fatiguée et elle se demandait ce qu’elle allait devenir car elle n’y arrivait plus. Son cas avait été signalé à la direction mais tout le monde s’en foutait. Depuis la restructuration du bureau dans le 15e arrondissement, on est vraiment traité comme de la merde ! Myriam avait des soucis dans sa vie privée, mais j’estime que La Poste est responsable au moins à 50 % de son suicide ! »

     

    accusations et restructuration

    Robert Palpant, marié et père de deux enfants, lui, n’avait pas de problème dans sa vie privée. C’est en tout cas le sens du courrier qu’il a laissé à son épouse, Michelle, avant d’aller se jeter sous un TGV le samedi 8 janvier. Dans sa lettre d’adieu, ce postier de Vitrolles demande qu’il n’y ait « pas de représentants de La Poste… » à ses obsèques. Le mardi précédent, sa chef d’établissement recevait un fax dans lequel ce caissier, à qui il était reproché d’avoir volé 160 euros dans un monnayeur, se décrivait comme un pestiféré. « Si j’avais eu connaissance de ce fax j’aurais pu alerter un médecin, estime Michelle qui va devoir prouver à la mutuelle de La Poste, et surtout pour son honneur et l’équilibre psychologique de ses enfants, que son mari s’est bien suicidé à cause de sa souffrance au travail. En fait il était épuisé depuis la réorganisation du bureau… Et puis il se sentait accusé dans cette histoire de monnayeur. »

    Frédéric Béringuier, secrétaire départemental CGT chargé du pôle enseigne, est plus précis encore : « J’ai connu Robert en 2009 lorsqu’il a fait grève, pour la première fois de sa carrière, contre la restructuration à Vitrolles. Après une nouvelle réorganisation en 2010, son bureau était passé de huit emplois à trois plus un demi-poste en renfort. Robert, c’était le caissier mais on l’appelait MacGyver car il était capable d’accomplir toutes les tâches. Sa charge de travail était devenue énorme. Quant à l’histoire du monnayeur, c’est très injuste qu’on l’ait accusé parce que cette erreur est très fréquente avec ces machines. Robert était un bon agent du service public que la restructuration a fait craquer. »

    Patrick Serugne, cinquante-quatre ans, était lui aussi un bon facteur. Il a pourtant été accusé de vol, suite à la découverte d’un colis ouvert dans son bureau de poste à Saint-Victoret où il officiait depuis vingt ans. « À 10 h 30 ce 12 juin (2010) je l’appelle au téléphone pour lui demander s’il avait bien dormi. Il me répond : “Ça va, ne t’inquiète pas.” Une heure après il se tire un coup de fusil en plein cœur ! » raconte Sébastienne, sa veuve, pour qui il ne fait pas de doute que Patrick était de plus en plus mal considéré à son travail : « Il était le plus ancien du bureau mais on lui avait brutalement changé sa tournée pour la rallonger après la restructuration. Il avait perdu ses bons clients, il partait plus chargé et il travaillait deux heures de plus par jour. Il était fatigué, il allait au bureau avec la boule au ventre. Après l’accusation de vol, il a été harcelé. En octobre 2009, il a craqué puis il a dû aller en maison de repos pour dépression. Le 9 juin, le médecin de La Poste lui a quasiment ordonné de reprendre le travail. À une semaine de la retraite ! »

    Myriam, Robert, Patrick… À cette liste de postiers morts brutalement en 2010, il faut ajouter ce facteur marseillais qui a fait un infarctus peu après une violente altercation avec son chef d’établissement, et cette guichetière d’Aix, morte en pleine dépression. Les syndicalistes racontent les cas de postiers qui sombrent dans l’alcool, la drogue, les tentatives de suicide qui se multiplient. C’est par exemple le cas de cette jeune femme transférée d’un centre de tri à un bureau mais sur un poste de comptabilité pour laquelle elle ne reçoit aucune formation. Résultat, elle n’assure pas, subit réprimandes et brimades et finit par avaler un tube de cachets pour mourir. La direction de La Poste qui, selon la CGT, « est dans le déni permanent » (1), met sa tentative sur le compte d’une dépression passagère d’après-grossesse ! Ce tableau déjà très sombre se complète par une hausse importante (33 % selon SUD PTT) du nombre d’accidents du travail (hors suicides) et du taux d’absentéisme pour maladie.

    Nationalement, la CGT et FO des Bouches-du-Rhône, qui ont entrepris un recensement macabre, comptent plus de 
70 suicides de postiers ces derniers dix-huit mois, soit deux fois plus, pour une même période, qu’à France Télécom. Une véritable catastrophe humaine. Une catastrophe annoncée. Au printemps 2010, le syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste écrit au président du groupe, Jean Paul Bailly, décrit « une situation alarmante » et demande « d’engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait devenir un processus morbide ». La lettre revendique « une dimension collective et humaine du travail, le respect et la reconnaissance dus à des agents fiers de servir La Poste », autant de « valeurs qui permettent de garder un sens à leur travail ». Mais comme l’écrivait Robert Palpant, justement à propos de son travail : « À l’idée de l’exécuter, ; tu as le moral en marmelade. (…) Si tu dois l’abattre sans pitié, avant d’abandonner ton lit, souhaite voir changer la vie. » Apprenant son suicide, Guy Jean, un ancien cadre de La Poste à Vitrolles, confie : « J’ai l’impression qu’il s’est sacrifié pour que la souffrance au travail soit dénoncée dans toutes ces entreprises qui ne prennent plus du tout en compte le facteur humain mais seulement la rentabilité. »

    (1) Nous avons demandé lundi matin 
à la direction départementale 
de La Poste son point de vue sur 
cette vague de suicides. Au moment 
où nous mettons sous presse 
nous n’avons reçu aucune réponse.

    Philippe Jérôme http://humanite.fr/26_01_2011-catastrophe-humaine-en-cours-%C3%A0-la-poste-463387

     Brisons l’omerta !

     Combien de suicides à La Poste ? Faudra-t-il que le décompte macabre dépasse les bornes pour que, comme à France Télécom, on finisse par ouvrir les yeux ? 

    Simone de Beauvoir disait souvent que « la vie garde un prix tant qu’on en accorde à celle des autres, 
à travers l’amour, l’amitié, l’indignation, 
la compassion ». Demeurent alors les vraies raisons d’agir, de parler. Et aussi de dénoncer ! L’enquête que nous publions aujourd’hui sur le désastre humain à La Poste ne devrait pas constituer une indignation de plus s’ajoutant à tant d’autres, mais devrait bel et bien agir comme une révélation, une mise en alerte, un cri collectif contre la mise en danger d’autrui ! Ce qui se passe en effet chez le « premier employeur de France après l’État », selon la terminologie officielle, a de quoi nous inquiéter et nous révolter. La Poste en plein mal-être ? Beaucoup en sourient. La réalité s’avère pourtant d’une cruauté extrême : stress, ambiance délétère, conditions 
de travail dégradées, rapports alarmants des médecins 
du travail, managers cruels, harcèlement… et suicides.

    Chacun connaît les racines du mal, déjà expérimentées chez France Télécom. La Poste vit une crise identitaire sans précédent. Cette administration, que le monde entier jadis nous enviait, a été récemment transformée en société anonyme par le gouvernement de Nicolas Sarkozy – avec le cortège antisocial qui accompagne la privatisation. Pour décrire ce que les dirigeants tentent de leur imposer, certains postiers en pleine souffrance psychologique, n’hésitent pas à parler de « révolution culturelle ». Les témoignages que nous publions sont éloquents et incarnent les uns après les autres l’ampleur de ce malaise social. Management dur, aveugle, souvent scandaleux. Cadences de plus en plus infernales. Changements de poste (sans mauvais jeu de mots) injustifiés. Logiques libérales mises en place du haut en bas de la hiérarchie, en totale contradiction avec les valeurs et l’éthique des missions de service public d’autrefois. Rappelons qu’avec 13 000 emplois supprimés par an, La Poste a déjà perdu 63 000 salariés depuis 2003...

    « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » Vous vous souvenez ? C’était cynique comme du Laurence Parisot... En cette époque où tous les salariés sont menacés d’être dissous dans l’acide financier, quand toutes les frontières de la douleur ont déjà cédé sous 
les assauts du monstre de l’injustice, il faut se rendre 
à l’évidence : la souffrance au travail tue beaucoup 
ces temps-ci. L’« affaire » France Télécom a levé le voile. Celle de La Poste sera plus grave encore. Évoquant ni plus ni moins une « vague de suicides », les syndicats avancent déjà le chiffre effarant de 70 décès. Faudra-t-il que le décompte macabre dépasse les bornes pour que, comme à France Télécom, on finisse par ouvrir les yeux ?

    Comme chaque suicidé à La Poste paraphe 
par son sang l’arrêt de mort du service public, chaque souffrance extrême au travail nous parle 
d’un monde désaxé sur la gestion et la rentabilité, où 
la sauvagerie du chacun-pour-soi tend à effacer le métier bien fait et la qualité fondée sur les règles de l’art, 
le vivre-ensemble et la coopération. Figure là tout ce que l’on sait, hélas, de l’évolution des conditions de travail 
au sein de l’économie dite « libérale » : la pression, 
la précarisation, la subordination, la concurrence entre salariés, l’individualisation croissante des responsabilités, la désaffiliation, l’humiliation, etc. Répétons-le encore 
et encore : l’idée que le suicide puisse devenir un acte ultime de résistance nous est insupportable !

    Jean-Emmanuel Ducoin

     

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  • Trois suppressions à Autun ?

    Alors que la carte scolaire 2011-2012 est en cours de préparation, le maire d’Autun pointe du doigt la possible fermeture de trois classes à la rentrée prochaine.

    L’Inspection d’Académie laisse sous-entendre la possible suppression de trois postes, trois fermetures de classes, sur Autun à la rentrée prochaine, rien que cela ! », condamne dans un communiqué Rémy Rebeyrotte, en qualité de maire d’Autun, président de la CCA et vice-président du conseil général. Selon l’élu, une classe de la maternelle du Parc et deux classes élémentaires au Parc et au Clos-Jovet seraient en effet menacées de disparition. 

    « On nous promettait le pire pour l’ensemble de la Bourgogne, et la Saône-et-Loire en particulier : nous y sommes ! », poursuit Rémy Rebeyrotte, qui doit rencontrer très prochainement l’inspecteur d’Académie François Bourguignon.

    « Une concertation reste à mener »

    Contacté par téléphone, ce dernier rappelle qu’aucune décision n’est prise pour l’instant. « Nous sommes en pleine préparation de la carte scolaire. Certes on note une situation préoccupante et un certain nombre d’éléments sur ces établissements. Mais tout un travail de concertation reste à mener, avec notamment une analyse du contexte social et pédagogique. »

    De son côté, Rémy Rebeyrotte évoque « des fermetures qui n’ont rien à voir avec les évolutions réelles d’effectifs ». « En matière de régression, le gouvernement n’y va pas avec le dos de la cuiller. J’appelle tous les acteurs de l’éducation, tous les citoyens, à se mobiliser dès que possible », annonce-t-il.

    ImageNous Communistes, sommes opposés au démantèlement de l’école publique que le gouvernement organise avec toute une série de reformes qui sont mises en place uniquement dans un souci d’économie budgétaire.Voici une liste, (brève et incomplète), qui montre vers quelle école le gouvernement veut nous conduire !

    -la formation des enseignants ne comportera plus de formation professionnelle 
    -la disparition de filières entières va réduire les possibilités de choix pour les élèves 
    -la disparition des co-psy va rendre difficile l’orientation qui sera vraisemblablement gérée par des organismes prives 
    -la suppression de nombreux postes d’enseignants signifie une augmentation des effectifs par classe et entraîne des fermetures de classes, alors que les élèves sans affectation sont de plus en plus nombreux chaque année 
    -la restriction des postes d’enseignants entraîne également l’impossibilité de remplacer les professeurs malades 
    -la manque de surveillants ne permet pas d’établir le calme ni de prévenir la violence qui peut surgir au moment des recréations 
    -le manque d’infirmiers (res) d’assistants (tes) sociales souvent partages sur plusieurs établissements ne permet plus le suivi des plus fragiles de nos élèves

    Nous estimons qu’il est de notre devoir de combattre la volonté d’un gouvernement qui abandonne la jeunesse et n’envisage l’éducation, la formation que dans un objectif d’économie.
    Nous réclamons un enseignement public de qualité, avec les moyens nécessaires pour assurer à la jeunesse un avenir digne.

    CARTE SCOLAIRE : COURAGE, REPOUSSONS !! http://71.snuipp.fr/spip.php?article903

    Le budget 2011 et notamment celui de l’Éducation est il vraiment assumé par ce gouvernement ? Ce gouvernement qui a nous a habitués, depuis plusieurs années, à une profonde rigidité atteignant son comble lors du passage en force avec la question des retraites, semble bien moins à l’aise pour assumer sa politique dès lors qu’une échéance politique se profile dans le paysage…

    Dernier événement en date, le ministère a donné pour consigne aux recteurs et IA de renvoyer l’ensemble des opérations de carte scolaire au delà des élections cantonales…

    La peur est grande chez de nombreux élus de la « famille du pouvoir », prenant (parfois) conscience des effets dévastateurs des suppressions d’emploi frappant l’école. Ces fossoyeurs des Services publics en général et de l’Éducation Nationale en particulier craignent beaucoup le suffrage universel quand il coïcincide avec de massives fermetures de classes.

    Jamais le mépris en direction de l’école, de ses moyens, de ses personnels n’a atteint de tels sommets.

    Au niveau national, l’initiative du samedi 22 janvier doit être une opportunité pour mettre en lumière les conséquences de ces suppressions de postes.

    Vous retrouverez tous les éléments concernant les actions dans le département sur notre site.

    Vous pouvez compter sur la mobilisation des militants du SNUipp71 pour saisir toutes les occasion pour dénoncer cette politique faisant fi de la présence ou non d’échéances électorales.

    Autre conséquence : le report des opérations de carte scolaire aura pour effet de chaîne de décaler les opérations de mouvement qui devraient encore trouver leur épilogue en juillet


    La répartition académique est connu :
    suppression de 34 postes pour la Saône-et-Loire

    et dans les faits ce sera bien pire car il faut ajouter la "résorption" des surnombres, professeurs des écoles, collègues en postes dans notre département mais non inscrits au budget.

    Ces collègues, une soixantaine, sont principalement affectés sur des postes de brigade de remplacement cette année.

    Quand certaines circonscriptions (Louhans, Mâcon Sud) connaissent des difficultés de remplacement avec les surnombres, on imagine l’an prochain sans .....

    Pour les 34 suppressions "officielles", les intentions rectorales sont claires :

    "Concernant le schéma d’emplois, les principaux leviers d’actions académiques identifiés concernent :

    l’augmentation du E/C (élèves par classe) ;
    la diminution du nombre d’emplois de remplacement affectés à la formation continue ;
    la sédentarisation des enseignants hors la classe : RASED, CPD et autres fonctions au titre des enseignants du 1er degré."

    Enfin, 15 emplois d’intervenants extérieurs et assistants de langue seront supprimés sur l’académie.

    A l'école maternelle du Parc, une classe pourrait fermer à la prochaine rentrée scolaire. Les parents d'élèves se mobilisent pour conserver cette classe.Image
    Image
    Après une rencontre avec l'inspecteur d'académie, Alain Niermont, le maire, Rémy Rebeyrotte, par voix de presse, a annoncé que des menaces de fermetures de classes se profilaient à la prochaine rentrée scolaire sur une classe maternelle et une classe élémentaire à l'école du Parc et une classe élémentaire au Clos-Jovet.

    Lles parents d'élèves de l'école maternelle du Parcont exprimé leur mécontentement par panneaux installés aux abords de l'école qui compte actuellement 62 enfants dont 26 vont rejoindre le CP à la rentrée prochaine. Le reste est une bataille de chiffres, l'inspecteur d'académie estimant que l'école maternelle devrait rassembler 47 enfants à la rentrée de septembre.

    Lundi, le maire, Rémy Rebeyrotte, accompagné de Pascal Mouche, directeur général adjoint et responsable des affaires scolaires et sportives au sein de la CCA, est venu apporter son soutien à la trentaine de parents présents et expliquer sa démarche pour le maintien de cette classe : « C'est très bien que vous vous mobilisiez » a expliqué le maire aux parents : « Aujourd’hui, je me rends à Mâcon pour rencontrer l'inspecteur d'académie et je discuterai sur les trois classes ».

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  •  Démantèlement des services publics en Grande-Bretagne avec le plan d’austérité libéral-conservateur : 100 000 emplois publics déjà supprimés en moins de deux mois

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    par Lizzie Cocker, pour Morning Star, quotidien du PC de Grande-Bretagne

    Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pc...


    Près de 100 000 emplois dans tout le secteur public ont été supprimés seulement dans les six dernières semaines, d’après un dossier publié par le syndicat UNISON [syndicat majeur des travailleurs des services publics]dimanche dernier.

    Ces données n’ont fait que confirmer les craintes de nombreuses personnes de « rejoindre la masse des chômeurs » mettant en péril leurs quartiers, les services qu’ils rendaient jusqu’ici et l’économie toute entière.

    Le secrétaire-général d’UNISON Dave Prentis a déclaré : « L’affaire de ces emplois ’Con-damnés’ [’Con-demned’ : jeu de mot en anglais sur le mot condamné et le gouvernement Conservateur-démocrate] fait vraiment peine à lire ».

    « Derrière toute statistique, il y a des familles qui ont désespérément besoin de garder un toit au-dessus de leur tête, de quoi manger sur leur table et la dignité d’avoir un job décent »

    « Avec près de 2,5 millions de chômeurs, les coupes de la coalition sont en train de briser des vies et de démolir les chances du pays de connaître une reprise. Les travailleurs licenciés et la fermeture de services essentiels ne remettront pas l’économie sur pied ».

    Les emplois perdus au cours des six dernières semaines comprennent 1 600 emplois au complexe hospitalier (NHS) Heart of England, 1 200 emplois municipaux dans l’Hampshire, 1 000 à Norfolk et 400 dans le Sussex de l’Est.

    L’UNISON a déclaré que cela démontrait que les « économies d’efficacité » de 20 milliards de livres sur la Santé (NHS) exigées par le gouvernement se sont traduites en pertes d’emplois et « trahissent le mensonge » sur le fait que les fonds concernant sur le santé seraient préservés.

    Le document alimentera également les peurs que les coupes nuiront à la qualité des services de santé. Une des principales conclusions qui ressort de l’enquête est que le taux élevé de mortalité au Complexe hospitalier de la Fondation du Mid Staffordshire Hospital Foundation Trust découlait du fait que la prestation des soins de haute qualité dépendait du nombre de personnes insuffisant affectées à chaque unité de soins, avec le bon nombre d’employés ayant les compétences adéquates.

    L’aide aux jeunes a également été sérieusement touchée dans les dernières semaines avec 8 000 emplois supprimés au service d’orientation professionnelle, en dépit des niveaux records de chômage chez les jeunes.

    Mr.Prentis a déclaré : « Obtenir l’aide appropriée peut faire ou défaire l’avenir de jeunes qui tentent désespérément de savoir où ils vont, ainsi que des travailleurs licenciés luttant pour se reformer ».

    Il a appelé le gouvernement à adopter une « vision politique alternative pour stimuler la reprise économique » et garder les gens au travail.

    Ce sont les banquiers « qui continuent à empocher leurs bonus » qui doivent être pénalisés, non les gens ordinaires, a-t-il ajouté.

    De : Solidarité-Internationale-PCF


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  • Chroniques d’un éducateur de rue dans un quartier populaire de la banlieue parisienne.

    La cinquantaine, toujours son impeccable chemisier à fines rayures bleues, le chignon grisonnant et le sourire discret.

    Un petit pavillon de banlieue, un peu à l’écart des big barres HLM, un pavillon quelconque avec des roses dans la descente du garage et une haie de thuyas.

    Jamais un mot plus haut que l’autre, à peine si je me souviens l’avoir entendue se plaindre lors de la mort de sa mère, voici un an, d’un cancer à la con, après autant d’agonie.

    Notre pavillon, à côté, local où l’on reçoit les jeunes, rue tranquille où tous nos voisins savent, depuis le temps, les éclats de voix et ceux, plus rares, des carreaux.

    Et puisqu’il n’y a pas que les barres HLM qui cachent la souffrance, il y a aussi les voisines d’en face, la vieille fille et sa mère, elle aussi à l’agonie. Les prolos d’à-côté qui passent leur temps à traficoter des carcasses de bagnoles en essayant de couvrir le son de la meuleuse par celui de TF1. La Polonaise, ou l’Ukrainienne - on ne sait pas trop -, qui retape sa baraque depuis trois ans avec le berger allemand qui garde violemment l’entrée, et puis la baraque du marinier dont je voudrais tant croire qu’il soit mort noyé.

    Et puis elle, donc, la cinquantaine, qui vit encore avec son père, un réfugié politique vietnamien d’au moins soixante-quinze ans et qui parle ce si beau français de l’ancienne Indochine.

    C’est plus lui qu’on connaît, à vrai dire. Ses petits pas et puis sa canne qui se brandit pour dire bonjour, les odeurs de cuisine dans la cour, ce qu’on imagine de l’immense bibliothèque à travers les rideaux. Son rituel « Alors, comment ça va la jeunesse ? » à chaque fois qu’il nous voit. Depuis cinq ans, je ne sais s’il demande de mes nouvelles ou de celles des mômes avec lesquels on bosse. Ma réponse hésite à chaque fois.

    Je fume une clope sur le trottoir. Il me fait la morale depuis sa fenêtre, puis referme, c’est vrai qu’il fait un peu froid. Deuxième clope. Sa fille arrive au bout de la rue, elle semble avoir envie de s’attarder, ce qui est plutôt rare. Échange de quelques banalités, on parle du papa qui a un peu de mal à faire son deuil et qui se laisse un peu aller, le froid de ce décembre, les mômes avec lesquels on bosse ; le boulot. D’un coup, elle se fige.

    « Cent onze licenciements.
    - ...
    - La semaine prochaine.
    - ...
    - Et ils nous l’ont appris aujourd’hui.
    - Oh putain... Et vous savez qui ils virent ?
    - Non.
    - Et... Comment ça se fait ?
    - Décision des actionnaires. 15 % de bénéfices de plus en un an et décision des actionnaires.
    - Et y aurait une solution ? »

    Un temps. Son regard devient froid, tranchant.

    « Révolution ! »

    Sa force. Celle de son père contenue, qui hébergeait ici des résistants chiliens fuyant Pinochet, celle de sa mère venant de mourir.

    « On pense à séquestrer le PDG. »

    Elle, son statut de cadre et sa cinquantaine bien mise, crispant son poing.

    Je repense à Vallès, à la fin de L’Insurgé.

    « Quand les femmes s’en mêlent, quand la ménagère pousse son homme, quand elle arrache le drapeau noir qui flotte sur la marmite pour le planter entre deux pavés, c’est que le soleil se lèvera sur une ville en révolte. »

    http://www.article11.info/spip/Le-drapeau-noir-sur-la-marmite


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    REUSSIR NOTRE DEPARTEMENT

    RESPECTER ET ENTENDRE SA POPULATION

    Une nouvelle majorité de gauche au Conseil général, porteuse des exigences les plus fortes !

    Cet enjeu est au cœur des élections cantonales des 20 et 27 mars 2011. L'ambition des communistes et de leurs élus au sein du Front de Gauche est de constituer une nouvelle majorité de gauche qui porte une grande ambition démocratique.
    C'est maintenant que cela commence avec chacune et chacun de nos candidats dans leur canton. Notre département a besoin de ce souffle pour se rassembler avec tous les habitants, dans leur diversité, pour faire face aux mauvais coups de la droite au pouvoir, du Nouveau Centre à l'UMP. Notre département a besoin de se retrouver pour faire vivre dans chacun de ses cantons renouvelables le débat citoyen qui donne de l'ampleur à leurs aspirations, leurs exigences, leurs luttes.
    Et après ? Rien ne se fera sans l'avis, la contribution, la co-décision des habitants, des salariés, des jeunes. Rien de ce qui est essentiel au développement de l'ensemble du territoire ne se décidera sans associer les collectivités locales et leurs élus, les institutions sociales et économiques, les forces vives et associatives du département.
    Nous susciterons de grands débats publics sur tout ce qui concerne la vie de notre département : Etats généraux de l'école, assises de la santé, Assemblée générale sur les transports…
    Avec nous, les femmes, les hommes, les jeunes garderont la parole de bout en bout car nous refusons toute activité solitaire du pouvoir. Pour nous, l'exercice du pouvoir consiste à entretenir une relation quotidienne avec les citoyens pour décider avec eux des
    meilleurs choix à opérer au service du plus grand nombre.
    Une nouvelle majorité de gauche, avec les communistes et le Front de Gauche, pour que le Conseil général soit un point d'appui à leurs luttes et contribuent à transformer leurs mécontentements en constructions alternatives. La droite au pouvoir, celle de Sarkozy et Fillon, soumise aux choix du MEDEF, tape fort sur le peuple afin que celui-ci paye, sans broncher, la crise qu'ils ont eux même produite. Pendant ce temps là, l'argent coule à flots pour les actionnaires du CAC 40. Les privilégiés de la bande du Fouquet's arrangent leurs affaires entre amis. Sarkozy et Fillon branchés sur la fréquence radio de la bourse se plient à la moindre de ses demandes.
    Les banques qui spéculent sont au bord du gouffre ? Pas de problème ont débourse 350 milliards d'euros tout de suite ! Les riches payent trop d'impôts ? Pas de problème on supprime l'impôt sur les grandes fortunes ! Les services publics entravent la marche conquérante des marchés porteurs de nouveaux profits ? Pas de problème on organise l'asphyxie des collectivités locales par le transfert de compétences non compensées financièrement ! Les retraites spolient nos profits ? Pas de problème on transforme le système solidaire par répartition en donnant un coup de pouce aux assurances privées.
    Plus largement, pour satisfaire les marchés financiers dans le cadre libéral de l'Union Européenne, et avec l'appui du FMI, c'est l'austérité assurée pour les populations : recul du pouvoir d'achat, travail maltraité, licenciements boursiers et précarité, inégalités hommes / femmes à l'entreprise, seniors exclus du monde du travail tandis que les jeunes frappent à la porte, fonctionnaires et services publics sacrifiés….. Arrêtons-là, la coupe est pleine ! Cette politique est insupportable il faut lui donner une bonne et vraie gauche !

    Notre premier objectif est clair : battre la droite sur le terrain, ses idées comme ses candidats.

    Mais soyons clairs, face aux difficultés rencontrés par nos concitoyens, il faut que le Conseil général fasse des choix de gauche. Vraiment à gauche.
    Dans ce contexte soyons persuadés qu'un véritable espace politique existe pour donner à voir d'autres possibles. Sept millions de personnes se sont opposés à la contre réforme des retraites. Chemin faisant, dans le débat et la lutte, les consciences se sont ouvertes à un haut niveau d'exigences, d'audace et d'ambition pour notre pays. C'est aussi cela qu'ils attendent pour notre département.
    Nos candidates et nos candidats présentés ou soutenus par le PCF et le Front de gauche sont, dans leur singularité, d'ors et déjà à pieds d'œuvre afin de porter haut et fort cet espoir. Avec cette première ébauche de propositions que nous livrons au débat de tous, le débat électoral conquérant peut s'engager pour enrichir notre envie de changement. Je suis convaincu que tous les militantes et militants communistes, leurs amis, les soutiens de nos candidats sauront, avec courage et détermination, trouver la force et la conviction de bâtir une nouvelle majorité de gauche au Conseil général.

    Des exigences fortes !

    Contre le chômage et la précarité, mettons l'emploi et la formation au cœur de l'ambition économique !


    Concrétisons une véritable ambition de réussite scolaire pour tous les jeunes


    Face à la crise et à ses conséquences pour les familles, faisons du Département un rempart social pour ses habitants !


    Portons un projet départemental de haut rang pour la culture et la création artistique


    Pour nous, un toit, c’est un Droit ! Pour nous, un toit c’est un projet de vie !


    Confortons nos ambitions écologiques pour notre département


    Pour un aménagement harmonieux, pour des déplacements facilités, accélérons le développement des transports publics !


    Pour inventer du neuf, impulsons un renouveau démocratique !


    Pour un service public départemental de qualité et des politiques publiques innovantes pour tous


    Reconquérir une autonomie fiscale et des moyens financiers !


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  • ImageJ'ai su que ça allait être une grande journée dès que je suis sortie de la douche en m'inversant le coude par la faute d'une culotte hargneuse planquée en embuscade devant le caillebotis qui me tient lieu de tapis de lavabo.
    Une grande journée, donc, qui verra mon entrée fracassante dans le monde de la politique, la vraie, celle avec des professions de foi, des slogans, mais pas trop, des programmes qui tentent de résumer en un recto-verso A4 des années de construction de projet de société. Aujourd'hui, je vais au bled en chef poser sur la photo de groupe pour la campagne électorale. Et affiner la propagande. Et me réchauffer à l'humanité studieuse et débridée des autres candidats. Parce que, voilà, c'est fait, j'ai franchi le rubicond, je sors du sempiternel rôle de râleuse officielle, je me lance dans l'action, je suis une candidate.

    Une heure de route, rendez-vous sous un arbre, parce que quand on est écolos de gauche rouge foncé, on fait collectif et naturel.
    Bien sûr, rien ne se passe jamais exactement comme prévu. Un appel téléphonique impromptu et me voilà déjà assez juste selon ma montre. Et même si la matinée est déjà bien avancée, la voiture est encore entièrement gelée. Je tente le dégivrage à la bouteille de flotte, mais l'eau se resolidifie au fur et à mesure que je la verse. Je me dis qu'on va avoir l'air d'une sacrée brochette de pingouins, à sourire sous notre arbre écolo, en écharpes et Moon boots. Finalement, j'arrive à creuser des meurtrières de transparence embuée dans la masse translucide de la glace, à caser la gosse à l'arrière, dans son kit de survie triple épaisseur, même qu'elle ne peut plus plier les bras, à défourner/empanièrer mon fabuleux gâteau au yaourt tatin sans me brûler les pattes et à démarrer le tank vers de nouvelles aventures, délicieusement odorantes.

    Je viens à peine de dépasser le bled que j'ai comme une sensation de mou sous la pédale. Cela fait quelque temps, depuis l'avant-dernier plein à prix d'or pour être précise, que la R25 a comme des épisodes tussifs à l'accélération. Rien de bien méchant. Même si l'autre jour, j'ai un peu calé au moment de passer le carrefour de la mort, celui avec une visibilité nulle et des bagnoles qui déboulent là à tombeau ouvert. Bref, j'entame la grande côte du Bouit, une saleté de montée qui m'éclate les mollets chaque fois que je me la tente en vélo, à m'en déchirer les poumons, tellement il faut jouer des jambes pour ne pas se retrouver à pédaler à reculons. J'écrase le champignon pour envoyer la sauce et le moteur a comme un blanc immense, comme s'il se demandait s'il faut vraiment lâcher la horde de chevaux que j'ai sous le capot. Je rétrograde un coup, pendant qu'une camionnette, en plein élan pour avaler la funeste grimpette, s'agrandit à vue d'œil dans mon rétro. La voiture renâcle, tousse, tressaute et le compte-tours s'effondre. J'ai à peine le temps de repasser en première et de lancer les feux de détresse que la camionnette emplit toute ma lunette arrière avec force d'appels de phares. Hop ! La caisse bondit, reprend du souffle, me colle à mon siège, retousse, cahote et rue, pendant que la camionnette me dépasse dans un grand coup d'accélérateur rageur.

    À ce moment, il est manifeste que j'ai un problème mécanique. La voiture fait des bonds et se cabre, j'ai l'impression d'être dans un rodéo de bagnoles à suspension hispanique, comme dans les mauvaises séries américaines, mais j'arrive à atteindre le haut de la pente en tressautant. Ce qui n'est pas forcément une très bonne nouvelle. Parce que la visibilité est réduite et que des voitures, lancées comme des fusées sol-sol folles, me dépassent avec des hurlements de cylindres indignés.
    Comment est-ce que je peux bien oser ramer sur leur trajectoire et les forcer à dévier un tant soit peu de leur route ?
    À l'arrière, la gosse est secouée comme une frisée dans l'essoreuse et me regarde dans le rétro avec de grands yeux inquiets. Je ne suis pas encore en train de paniquer, mais j'ai conscience de la précarité de notre situation, et malgré le froid polaire de l'habitacle, j'ai les joues rouges et je sens la sueur qui commence à me baigner le dos.

    Je m'échine sur les vitesses et l'accélérateur, pour nous sortir de là, et d'un seul coup, le compte-tours fait le tour du cadran et nous voilà propulsées de nouveau dans la course. J'éteins les warnings, restabilise la vitesse dans le flux et me promets de m'arrêter au prochain village, malgré le temps qui passe et le rendez-vous qui s'éloigne. La montée suivante achève la voiture et l'accélérateur me lâche juste quand j'aborde une petite cuvette, en haut de la grande cote suivante. Warning. Bonds de cabri sous excta. Petites et grandes accélérations, mais rien n'y fait. C'est comme si je visualisais mentalement la grosse saleté qui vient d'obstruer mon filtre de carburateur et qui coupe définitivement l'arrivée d'essence.

    Nous sommes extrêmement mal placées, dans ce petit creux sans visibilité. J'ai réussi à me coller au bas-côté, mais je ne peux aller plus loin. Les voitures déboulent au dernier moment, déboîtent en hurlant et nous abandonnent dans la campagne glaciale. À tout moment, il peut arriver quelqu'un de plus distrait que les autres qui finira sa course folle encastré dans mon coffre. Je me retiens de gueuler comme un putois contre le flux qui nous menace et je tente de joindre mon garagiste. Mais il est tellement blindé de clients, en ce moment, qu'il ne répond plus au téléphone. Je dois organiser ce bordel.

    J'ai revêtu le sublime gilet fluo à même le col roulé et je sors la gosse de la voiture pour l'envoyer se mettre à l'abri de la circulation de l'autre côté du fossé, dans le champ encore blanc de givre. Je suis à la fois gelée et bouillante. J'ai sorti le foutu triangle dont on ne sait jamais dans quel sens il se monte et je cherche une position d'où il sera visible de loin. Les voitures continuent à passer à fond la caisse et rien ne suspend leur course : ni le triangle, ni mon gilet de travaux publics, ni les feux de détresse, ni la petite silhouette de ma fille dans le champ, rien. À croire que Godzilla vient d'attaquer le bled et que toute la population le fuit, prise de panique.

    Je ne sais pas pour vous, mais quand je vois une voiture manifestement en panne sur le bas-côté, avec des gens et tout, déjà, je ralentis pour éviter d'accrocher quelqu'un et pour évaluer la situation. Systématiquement, je lance mes propres feux de détresse pour signaler à mes suiveurs qu'il y a un problème devant et le plus souvent, je m'arrête à hauteur des personnes sur la chaussée, histoire de savoir si le problème est bien pris en charge et si elles ont besoin de quelque chose. C'est seulement si on me confirme que tout est OK que je reprends ma route, tout en collant des appels de phares à ceux que je croise sur un kilomètre pour avertir du problème.
    Pour moi, c'est la procédure standard.

    Donc, je m'attends un peu, quelque part, à ce que quelqu'un ralentisse et me propose son aide. Mais non. Il passe une à quatre voitures par minute et absolument personne ne fait seulement mine de ralentir. Il y a de tout. Les monospaces avec des mères de famille debout sur l'accélérateur, des camionnettes de chantiers avec des armoires à glaces serrées derrière le pare-brise, des berlines luxueuses avec des vieux seuls, des petites caisses de chômeurs en fin de droit, des brouettes d'agriculteurs, des 4x4 de chasseurs à la casquette assortie à mon gilet. De tout, et c'est comme si j'étais la femme invisible avec la voiture invisible et la gosse fantôme. Ou alors, je suis un martien. Ça doit être ça. D'ailleurs, plus le temps passe et plus ma carnation hésite entre le bleu de froid et le vert de colère.

    Mais où courent-ils tous avec tant d'impatience ? Quelle urgence les talonne au point de leur ôter tout sens commun ? Nous sommes un samedi, un peu après 11 h. Même s'ils rentrent des courses, vu le temps qu'il fait, ils peuvent bien prendre une minute de leur temps précieux sans que leurs surgelés se fassent la malle.
    Les gens de la maison d'en face sont sortis. Je suis en train de hurler contre un monospace conduit par une femme au regard haineux qui m'a frôlé à près de 100 km/h. Je les reconnais, je les croise au bled, pour le boulot, plein de choses. Je viens de joindre monsieur Monolecte qui part chez le garagiste pour qu'il m'envoie de l'aide. Ma vie est pourrie, mais pour une fois, j'ai le réseau qui accroche bien dans la campagne profonde. Les voisins me proposent de prendre la gosse à l'intérieur, qu'elle se réchauffe. C'est la première fois que quelqu'un propose quelque chose de décent depuis le début de ma panne, 20 minutes plus tôt.

    En tout, je vais rester 35 minutes au bord de la route, avec tous les signes extérieurs de détresse déployés. Il va passer entre 50 et 60 véhicules. Et personne, je dis bien personne, ne va seulement ralentir pour ne serait-ce que demander si j'ai besoin de quelque chose.
    À moment donné, une berline ralentit et se gare derrière ma voiture. Je me dis que même s'il n'y en a qu'un seul, il suffira pour me redonner fois en l'humanité. En fait, non, c'était juste pour vérifier que personne n'arrivait en face avant de me dépasser.

    J'ai annulé mon rendez-vous électoral tout en me demandant si je ne viens pas d'avoir la carrière politique la plus courte de l'Histoire. D'un autre côté, je me demande si, comme le dirait Louis, tout ceci n'est pas un signe, énorme, évident. Signe des temps, d'un lien social en lambeau, de l'inutilité de continuer à se casser le cul pour une bande de connards égoïstes plus préoccupés par l'accumulation de merdouilles clinquantes que du sort de son voisin. Qu'est-ce que tu veux construire avec des gens comme ça ? Comment veux-tu être seulement entendu quand tu parles de solidarité, de justice, de coopération, de collectif ? Ça doit être comme si tu parlais tutu et petits chaussons avec un demi de mêlée : beaucoup de bruit pour rien. Tu vas te battre pour eux, tu vas lutter pour eux, tu vas rêver un monde meilleur pour eux et tu seras vachement content s'ils ne te clouent pas une croix en guise de remerciement.

    Tu veux que je te dise ? Niveau sacerdoce, je ferais aussi bien de partir bonne sœur. Au moins, dans les conneries pieuses, tu as encore des supporters qui ont la foi. On a beau jeu de bramer que les politiques sont tous pourris. Mais là, plantée au bord de cette petite route froide de Gascogne, je me dis que finalement, on a les hommes politiques que l'on mérite.

    Par Agnès Maillard

    http://blog.monolecte.fr/post/2011/01/24/La-vie-des-lemmings 


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  • Scandaleux projet de décret sur la pénibilité : un mauvais coup qui en cache d’autres

    ImageAvec la loi Woerth, le gouvernement a osé prétendre qu’il engageait une prise en compte de la pénibilité au travail. 

    Avec le projet de décret d’application qu’il vient de communiquer aux organisations syndicales (20 janvier 2011), on peut vérifier que c’est tout le contraire.

    D’abord les rares salariés concernés ne connaîtront aucune amélioration de la situation présente mais seulement le maintien à 60 ans de l’âge de leur droit à la retraite. 

    Ensuite, ce n’est pas l’exposition à des facteurs de pénibilité, entraînant une réduction de l’espérance de vie, qui déclenche l’ouverture de ce « droit » mais le taux d’incapacité constaté. Seuls des travailleurs très usés, abîmés, inutiles au patronat – 20% d’incapacité, c’est par exemple l’équivalent de deux doigts en moins –seront sortis un peu moins tard du marché du travail.

    Le projet de décret restreint encore le nombre de cas

    Les salariés ayant une incapacité reconnue à un taux supérieur à 20% ne seront concernés qu’à condition qu’au moins 10 de ces 20% résultent d’une même maladie professionnelle (MP) ou d’un même accident du travail (AT). 

    Pour les salariés dont le taux d’incapacité se situe entre 10 et 20%, ne seront concernés, de la même manière, que ceux dont une même MP ou un même AT a entraîné plus de 10% de cette incapacité. 

    Ils devront en outre avoir été exposés pendant une durée d’au moins 17 ans à des facteurs de risque.

    Enfin, c’est à eux-mêmes qu’il reviendra de justifier de cette durée d’exposition devant une commission interdisciplinaire.

    Ces restrictions sont scandaleuses. 17 ans d’exposition ! C’est une provocation à l’égard du monde du travail.

    Dans le même temps, on voit comment la loi Woerth commence à remettre en cause la définition même des AT-MP et l’acquis historique que représente pour tous les salariés la présomption d’imputabilité. 

    La responsabilité des accidents du travail et des maladies professionnelles (suivant le secteur d’activité) pour lesquels est calculé un taux d’incapacité, incombe aujourd’hui automatiquement à l’employeur. Avec ce dispositif sur les facteurs de risque, on commence à inverser la charge de la preuve, aux dépens du salarié.

    La loi Woerth porte la négation totale de la prise en compte de la pénibilité pour les retraites, écarte tout de dispositif de prévention. 

    Le projet de décret est inacceptable.

    La mobilisation contre la loi Woerth a pris l’ampleur que l’on sait sans arriver pour l’instant à la mettre en échec. Tous les motifs demeurent pour chercher, en convergence avec d’autres luttes, à reprendre le mouvement avant son application au 1er juillet 2011.


    Par PCF - Section Paris 15ème


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