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Sarkozy culpabilise les maires ruraux!
Services publics: Sarkozy culpabilise les maires ruraux! + colère des élus!
Dans le Cher, ce 2 février 2011, le président confirme le gel des dotations et la casse du service public.
Rencontre de Nicolas Sarkozy avec les maires du Cher à Saint-Amand-Montrond, ou comment, derrière des vérités d’évidence, le président de la République confirme sa volonté de casser les services publics locaux.
Le monde bouge, l’immobilité c’est la mort ! On ne peut laisser les déficits à nos enfants… au nom de quoi, dans une démarche que de nombreux élus de communes rurales présents ont vécue comme culpabilisante à leur égard, le président de la République, les rendant responsables des déficits publics, voire même d’éventuelles mauvaises gestions, confirmait le choix de son gouvernement de « geler pour les trois prochaines années les dotations d’État » aux collectivités territoriales.
À ceux des élus qui s’inquiétaient sur le devenir des services publics locaux, il enfonce le clou de la démagogie en affirmant, après avoir cité la Grèce, l’Irlande ou le Portugal : « Croyez-vous que j’accepterais que la France fasse la manche ? » pour cause de déficit. Et d’invectiver les élus : « On ne peut pas toujours dépenser plus ! » À Jean-Pierre Charles, maire (PCF) de Graçay et conseiller général qui l’interpellait sur les efforts des communes rurales contre la désertification et le caractère inadmissible du fait qu’il faille, par exemple, pour cause de dégradation du service public, parfois huit jours pour qu’une lettre soit livrée à son destinataire, Nicolas Sarkozy se lâche : « Si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à les distribuer vous-même ! »
Ce qui est en marche avec la réforme territoriale, la recentralisation des collectivités locales, la disparition de la taxe professionnelle et la future reforme de la fiscalité, c’est la remise en question de la démocratie de proximité, des services publics et la marchandisation des services à la population.
Réforme des collectivités territoriales Inquiétude et colère des élus
Les propos du président de la République dans le Cher, confirmant sa volonté de faire des collectivités territoriales les boucs émissaires de sa politique de rigueur et de réduire les services publics, font des vagues.
La démagogie du chef de l’État devant les élus du Cher affirmant, sans rire, être venu pour « défendre le modèle français en essayant de convaincre qu’il doit s’adapter pour que la France reste un pays qui compte dans le monde » ne trompe, visiblement, que ceux qui veulent bien l’être et provoque de la colère chez nombre de ceux qui, au plan communal, départemental ou régional, savent les conséquences négatives de sa politique sur le fonctionnement des collectivités territoriales et des services publics de proximité. D’ailleurs Nicolas Sarkozy confirme, s’adressant aux maires : « S’agissant des services publics, je ne crois pas que ce soit le nombre d’établissements publics que vous pourrez additionner qui compte. »
Ainsi, pour André Laignel, secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF) et maire (PS) d’Issoudun, dans l’Indre, « Nicolas Sarkozy se livre à une opération de dénigrement des collectivités locales en évoquant leurs déficits alors que les communes, les départements et les régions ont l’obligation légale d’avoir des budgets en équilibre ».
En effet, ce tour de passe- passe du président de la République, coutumier du fait, lui évite non seulement d’évoquer la responsabilité de son gouvernement dans le déficit du budget de l’État qui, lui, se monte à 148,8 milliards d’euros, mais aussi de justifier la rigueur envers les collectivités territoriales comme, par exemple, le gel des dotations d’État ou bien les transferts de responsabilités sans compensations intégrales des financements de ceux-ci.
Pour l’Association des régions de France (ARF) et son président (PS), Alain Rousset, « il est faux de dire que seul l’État ferait des efforts à un moment où les collectivités ne cessent de pallier ses carences », ajoutant : « Nous ne pouvons rester sans réaction quand les pouvoirs publics n’ont de cesse de réduire nos moyens. »
L’Association des petites villes de France (APVF), qui tenait hier, sur les finances, une journée d’étude, déclarait : « En considérant nos collectivités seulement comme une source de dépenses pour l’État et non comme un acteur de l’économie nationale, le gouvernement risque de pénaliser la croissance et l’emploi. » Rappelons que les collectivités territoriales assurent 73 % des investissements publics en France.
Pour le député maire (PCF) d’Ivry (Val-de-Marne), Pierre Gosnat, les propos de Sarkozy confirment « sa volonté, via des contraintes financières imposées, d’aligner la politique des collectivités locales sur celles de l’État » alors même que les « besoins des populations augmentent. Notre opposition est totale».
Max Staat
Par Moissac Au Coeur dans Elus(es) en direct
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