• Mengneau Michel

    Primaires socialiste, ah la belle arnaque !

    D’abord, on remarquera une médiatisation sans précédant pour ce genre d’événement. Pour les médias ayant pignon sur rue la fin de l’autocrate Sarkozy semble une évidence, l’on a donc brossé avec ardeur dans le sens du poil le parti qui serait le plus susceptible de l’emporter ; ceci, en ignorant totalement la pluralité de la classe politique française. Il s’agit donc d’un parti pris manifeste indiquant clairement la préférence envers le bipartisme. Bipartisme qui n’ouvre pas le débat idéologique puisque les deux protagonistes UMP et PS sont inféodés au capitalisme.

    C’est simplement la confirmation de la personnalisation extrême de l’élection présidentielle, système qui conduit automatiquement à l’autocratie dont l’exemple nous fut donné par Sarkozy en prenant seul la décision de la guerre en Libye, le peuple n’ayant pas été consulté et le parlement que lorsque les bombardements avaient fait déjà moult ravages et de nombreux morts. Mais du fait qu’il parait aberrant de laisser ce genre de responsabilité à un homme seul on n’en a pas discuté lors ces primaires, au contraire on a tout fait pour conforter cette personnalisation de la politique. C’est donc une vulgaire copie du fonctionnement à l’américaine que l’on a proposée avec quelques propositions d’accompagnement du capitalisme totalement allégoriques. Particulièrement pour la partie financière lorsque l’on sait qu’assainir le monde financier pour lui donner une certaine éthique est une utopie. Donc un enfumage électoraliste qui apparemment aura séduit quelques individus égarés quant au sens des réalités.

    Comme la communication médiatique pourtant abondante n’était semble-t-il pas suffisante, on a eu droit à une diarrhée épistolaire sans précédent, chacun y allant de sa prose afin de tenter de donner une explication à l’inexplicable car ce n’était pas ouvertement que la magouille se fit, mais dans les couloirs du PS. La littérature, ce fut pour amuser le gogo, comme si l’on mettait les cartes sur table pour donner comme un semblant de limpidité démocratique alors que la lutte des places se jouait de façon plus ambiguë et sournoise, d’ailleurs la prise de position de Montebourg pour Hollande est le révélateur de cette grande mascarade. Ceux qui pensaient que le bel Arnaud apportait quelque idées de gauche dans un parti social démocrate proche de la droite en sont pour leurs frais, ce ne fut là encore qu’une démarche électoraliste puisqu’il préfère l’accompagnement fort du capitaliste que défend Hollande.

    Que de faux-semblant, on était habitué à l’hypocrisie du PS dont on se souvient lors du vote pour le Traité de Lisbonne, et je ne cite que cet exemple, mais cette fois c’est le summum de l’enfumage car le vrai problème, c’est le principe de l’élection présidentielle qui est contestable et pourtant l’on a fait tout l’inverse en portant au pinacle des primaires contestables.

    Cette tartuferie n’aura donc servi qu’à conforté le système présidentiel et faire avancer le consentement au bipartisme au service de la pensée unique.

    Il reste aussi une question, à 1 euro par électeur, ça a rapporté combien cette plaisanterie ?

    http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com


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  • Le billet de Mauricie Ulrich ( Humanité du 13 octobre 2011 )

     

    Arnaud Montebourg n’est pas encore le Lénine de la Saône et Loire et il est assez peu probable qu’il le devienne un jour, mais Jean-François Copé s’inquiète.

    Ainsi, la mise sous tutelles des banques, déclarait-il hier, « c’est ce qu’on fait les bolcheviks en 1917. » Et de s’interroger sur « l’état psychologique de la gauche » que révèlerait cette mesure attendue pourtant par des millions de Français et d’autres Grecs, Indignés d’Espagne ou de Wall Street, voire envisagée par des gouvernements qui, à notre connaissance n’ont pas pris le palais d’hiver.

    Nous c’est plutôt l’état psychologique du secrétaire général de l’UMP qui nous inquiète. Qu’il n’aille pas nous faire le coup de James Forestal, secrétaire de la Défense des Etats Unis.

    Ce dernier au cours d’une crise de démence, se serait précipité hors de son bureau en proie à la panique en hurlant : « Les Russes arrivent, les Russes arrivent. », avant de se suicider.

    Mais c’était, il faut le préciser en 1949…

    Allons Jean-François Copé, on se calme et on prend son Prozac. La guerre froide est finie.


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  •    «Cher Arnaud...»: les réponses de Martine Aubry à Arnaud MontebourgParis, le 12 octobre 2011

    Mon cher Arnaud,

    J’ai bien reçu ta lettre et j’y réponds avec grand plaisir.

    Je veux d’abord nous féliciter collectivement du succès des primaires. C’est un grand succès pour tous les socialistes. Ensemble, depuis le Congrès de Reims, nous avons reconstruit le Parti socialiste et nous l’avons doté d’un projet, ce qui était le préalable à la réussite des primaires et de l'alternance. Tu sais combien je voulais lier les primaires et le projet, toi qui a initié l’idée des primaires  avant même le Congrès de Reims. Tu as accepté la présidence de la Convention nationale sur la Rénovation et je suis fière du travail que nous avons accompli. Avec la rénovation, la mise en place des primaires, le non-cumul des mandats, nous avons redonné sa fierté et sa force au Parti socialiste, et nous avons bien servi la gauche et la démocratie française. Parce qu’il a fallu vaincre de nombreux conservatismes, ces combats ont été difficiles et je suis heureuse que nous les ayons menés ensemble, avec l’aide, que je veux saluer, de Ségolène Royal.

    La campagne des primaires et les débats que nous avons eus ont convaincu les Français de venir voter massivement dimanche dernier. C’est dire combien, loin des prévisions les plus pessimistes et des attaques de la droite, ils ont intéressé les Français. Nous avons montré un Parti vivant, nourri par le débat d’idées. La confrontation respectueuse des points de vue est féconde, là où la volonté d’unanimisme à tout prix sur fond de divisions personnelles, qui a trop longtemps prévalu à la tête du PS, stérilise la pensée et appauvrit les projets.

    Au terme de ces débats, le 1er tour a dégagé une majorité claire et forte pour un changement profond porté par une gauche forte. Les électeurs ont dit leur volonté d’une politique de sortie de crise par l’invention d’un nouveau modèle économique, social et écologique. Ils ne se retrouvent pas dans une politique d’aménagement du système actuel. La volonté de battre le Président sortant est forte mais s’y ajoute une volonté de changer ce système qui a failli, une envie d’espoir, l'envie d’une société plus respectueuse, plus juste, où l’argent ne peut pas tout et où les solidarités sociales, locales et républicaines sont reconstruites. On ne battra pas M. Sarkozy avec du flou, mais avec de la clarté.

    Cette aspiration majoritaire n'est pas une surprise pour moi. Elle conforte le projet que j’ai présenté au pays durant la campagne.  En 2012, la France ne veut pas seulement une alternance : elle veut une alternative. C'est ma conviction : si on change de présidence, c'est pour changer de politique. Je ne suis pas moi, par exemple, favorable à ce que nous fassions voter une règle d’or après les élections que nous avons refusée avant. De même que je ne souhaite pas associer d’anciens ministres de M. Sarkozy aux futures responsabilités. Nos électeurs ne s’y retrouveraient pas. La France ne s’en sortirait pas. Je suis persuadée que doit émerger une gauche d’après crise, porteuse d’un nouveau modèle qui associe les Français, un modèle plus viable, plus équitable, plus durable. 

    Alors que le débat se poursuit entre les deux tours de nos primaires, je souhaite répondre et réagir aux propositions que tu m'as transmises. Nos valeurs sont communes, nos idées se renforcent : ta lettre me permet d'exposer concrètement et politiquement ce que je crois essentiel.

    Tu connais mon engagement à reprendre la main sur la finance. C’est un préalable au nouveau modèle que nous devons bâtir : l’efficacité dans la justice ! Les mesures que j’appelle de mes vœux n’ont pas changé tout au long de cette campagne : recapitaliser les banques en faisant entrer l’Etat à leur conseil d’administration et en leur imposant en contrepartie d’une part une stricte limitation des bonus bancaires, d’autre part des obligations précises de financement des entreprises et des ménages ; séparer les banques de dépôts et les banques d’investissement, c’est essentiel pour protéger l’épargner des Français ; interdire certaines pratiques spéculatives comme les ventes à découvert ; plafonner les frais bancaires et mieux encadrer le crédit revolving qui plonge dans le surendettement de nombreux ménages ; créer à l’échelle européenne une taxe sur les transactions financières pour casser la spéculation, faire porter le poids du remboursement de la dette au système bancaire et non aux contribuables nationaux, mais aussi pour lancer des programmes d’investissement ; mettre en œuvre une agence de notation publique européenne ; interdire les relations des établissements financiers et bancaires avec les paradis fiscaux et bancaires qui sont le trou noir de la finance mondiale, ainsi qu'agir pour la suppression des paradis fiscaux à l'échelle européenne et du G20. En parallèle, nous devrons créer une Banque Publique Européenne, à partir du Fonds de Stabilisation Financière, pour empêcher la spéculation contre les dettes souveraines, et en France même, créer une Banque publique d’investissement sous forme de fonds régionaux. La finance doit être mise au service de l’économie et non l’inverse, et l'économie au service de l'humain.

    Concernant le commerce international, tu sais le travail que j’ai mené au sein de notre parti pour dépasser une forme de libre échangisme dogmatique qui a trop longtemps prévalu dans nos orientations générales. Tu sais aussi que j’ai tenu à convaincre nos partenaires européens de militer à nos côtés pour une Europe qui protège son économie, ses industries et ses travailleurs. Le PSE et le SPD ont repris à leur compte nos propositions pour réguler les échanges et les rendre plus justes. C’est une avancée décisive, car, à l’évidence, nous ne pourrons pas pratiquer cette politique tout seuls. Nous avons besoin de le faire avec nos partenaires, à l’échelle de l’Europe. Aujourd’hui, une nouvelle politique commerciale européenne fondée sur une réciprocité exigeante est possible. C'est à l'Europe de la pratiquer sans attendre : nos intérêts en seront renforcés dans la compétition mondiale et nos exigences mieux prises en compte dans les négociations internationales. Europe ouverte, oui ; Europe offerte, non.

    Je suis pour l’égalité dans les échanges commerciaux. L’Europe devra augmenter les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale. Comment être de gauche sans être intransigeants sur le social et l’environnement ? Elue présidente de la République, je proposerai à nos partenaires européens de renforcer les clauses de sauvegarde et de réciprocité visant à garantir la loyauté des échanges. Il n’est pas acceptable, par exemple, que la Chine impose aux entreprises étrangères de produire localement pour alimenter son marché alors que l’Europe ne se donne pas les moyens d’obtenir la réciprocité : je ne me résigne pas à la fatalité des délocalisations de nos industries hors d’Europe. Je n’accepte pas davantage que nos marchés publics soient ouverts à des entreprises non européennes quand ceux de la nationalité de ces entreprises ne le sont pas. L'Europe doit être active, pas naïve. C'est tout le sens du combat pour la réindustrialisation que je n'ai cessé de mener depuis que je suis à la tête du Parti socialiste.

    Parmi les mesures que tu évoques, je suis favorable à un contrôle national et européen de toute acquisition étrangère d’entreprises dont les technologies mettent en cause notre souveraineté. Les Etats-Unis le font. Pourquoi pas nous ? En matière de délocalisation, le principe qui doit prévaloir est simple : celui du délocaliseur payeur. Il s'agira, pour une entreprise qui réalise des bénéfices et qui ferme un site rentable, de rembourser les aides publiques, dépolluer le site et reclasser les salariés. Quant aux entreprises qui déménagent l'outil de travail ou les brevets, elles pourront être mises sous tutelle sur décision de la justice saisie par les salariés.

    Je tiens aussi à préciser que la réindustrialisation de la France réclame davantage qu’une politique strictement défensive. Nos emplois industriels réclament une vraie stratégie de compétitivité-qualité : je souhaite augmenter progressivement nos dépenses de R&D ; je souhaite relancer l’investissement public national et européen dans les secteurs d’avenir ; je souhaite que les PME et leurs capacités d'innovation soient réellement soutenues par les grands groupes et naturellement par les banques ; j'entends réorienter la fiscalité et l'épargne vers l'outil productif plutôt que vers la finance et la rente. A mes yeux, la vraie performance passe beaucoup par une sécurisation des parcours professionnels pour réduire la précarité dans l'emploi, par la présence des représentants des salariés dans les instances de décision des grandes entreprises, ainsi que par la prévention des maladies professionnelles et l'amélioration des conditions de travail

    Tu le vois, je plaide pour une stratégie offensive et protectrice pour la France et pour l'Europe. En cela, mon projet est porteur d'une vraie alternative qui lui permet aujourd'hui de rassembler beaucoup de celles et ceux que le débat sur l'Europe en 2005 avait divisés.

    Concernant la transformation de notre économie, je suis fière d’avoir affirmé au coeur de notre projet le besoin d’un nouveau modèle. Notre volonté n’est pas seulement d’aménager ou d’humaniser le marché, mais bien de transformer le modèle de production libéral capitaliste. Plutôt que la financiarisation et la recherche du profit maximal à court terme, enrichissons notre base productive par les valeurs et les méthodes des entreprises du secteur mutualiste et coopératif. Nous les soutenons dans les Régions et les Départements que la gauche dirige, mais l'actuel Gouvernement, hélas, les ignore souvent quand il ne les méprise pas carrément.

    J’ai eu aussi l’occasion, durant cette campagne, d'exprimer ma volonté de développer et de soutenir l’économie sociale et solidaire, dont j’ai rencontré de très nombreux acteurs. Il faudra leur faciliter l’accès à la commande publique. De même, je me suis engagée à favoriser, en matière agricole, les circuits locaux de l'agriculture paysanne et le renforcement des droits des producteurs face à la grande distribution et ses marges abusives : les paysans ne sont pas seulement des jardiniers du territoire, ils doivent pouvoir vivre de leur travail et subvenir aux besoins de leurs familles. Cette transformation sera d'abord sociale et écologique. Elle conduira la société française à produire, à consommer, à se déplacer autrement. J'ai pris des engagements très fermes sur la manière de conduire cette transition, à la fois en matière énergétique, pour le logement et pour les transports.

    Concernant la démocratie, tu sais les engagements clairs que j’ai pris sur le non-cumul des mandats et des fonctions. J'ai souhaité, avec l'immense majorité des militants socialistes, que ces règles soient applicables dès maintenant et pour 2012 et sans attendre la loi qui doit venir ensuite. Je n'ignore pas les résistances qui s'expriment encore aujourd'hui, mais sache bien que je serai intransigeante sur ce point.

    Au-delà, l’essentiel pour moi est de changer profondément la République Mon engagement est clair : je veux une nouvelle République qui mette fin à la monarchie présidentielle anachronique de la Vème République. L'échec de l'hyper-présidence Sarkozy nous montre, s'il en était besoin, la voie à ne pas suivre. Dans cette République, la mobilisation des citoyens sera l'une des conditions des changements que nous voulons. Je sais comment l'action publique peut être revivifiée par les budgets participatifs, les débats publics, les référendum d'initiative populaire, mais aussi en associant loyalement, effectivement, les réseaux associatifs, les mouvements de consommateurs, et en ouvrant largement à tous les données publiques. J'ajoute – car c'est pour moi un combat constant depuis vingt ans – que le droit de vote aux élections locales sera étendu aux étrangers en situation régulière sur le territoire national.

    Je veux une République exemplaire qui combattra sans compromis ni compromissions les conflits d’intérêt – renforcement des incompatibilités de fonctions, amélioration des contrôles, surveillance accrue du lobbying – et qui sera sans merci contre la corruption ici et ailleurs. Je défendrai le principe d'inéligibilité pour les élus condamnés par la justice pour des faits de corruption. Et je réduirai de 30 % la rémunération du chef de l’Etat comme celle des ministres.

    Je veux une République équilibrée, avec un Président qui préside, un Gouvernement qui gouverne et un Parlement capable de jouer pleinement son rôle de contrôle. Le Conseil constitutionnel deviendra une véritable Cour constitutionnelle, dont le mode de nomination sera revu.

    La nouvelle République, c’est une justice pleinement indépendante. Beaucoup de magistrats m'ont confortée dans ce choix. Je ne transigerai pas avec l’indépendance du parquet que je réaliserai en rendant la nomination des procureurs et le déroulement de leurs carrières indépendants du pouvoir politique ; je mettrai fin par la loi aux instructions individuelles qui ont été réintroduites par J. Chirac puis N. Sarkozy depuis 2002. De même, le statut pénal du chef de l'Etat et des ministres sera révisé afin qu'ils répondent de leurs actes devant des juridictions de droit commun, comme tout citoyen. J’abrogerai les dispositions choquantes du code pénal que sont les peines planchers et la rétention de sûreté, et j’engagerai une profonde réforme du code de procédure pénale. Je maintiendrai la spécificité de la justice des mineurs. Je rendrai la justice et la défense accessibles à tous, notamment par une revalorisation de l’aide juridictionnelle.

    La nouvelle République, c’est aussi le pluralisme des médias. Il faut en finir avec cette spécificité française qui voit les principaux médias écrits et audiovisuels appartenir à des groupes de l'armement ou des travaux publics qui vivent de la commande publique. J'imposerai par la loi des règles anti-concentration pour consacrer l’indépendance des rédactions.

    Ces engagements exigeront des modifications législatives et constitutionnelles profondes que je soumettrai aux Français par référendum. Nous procéderons à la révision la plus importante de notre loi fondamentale depuis son établissement par le Général de Gaulle et Michel Debré. Nous ferons entrer notre République dans le XXIème siècle.

    Dès 2012, je tiens aussi à le rappeler, il ne faudra pas attendre les modifications constitutionnelles pour s’attaquer concrètement aux problèmes des Français. Le vote de dimanche dernier a confirmé la grande aspiration des Français à plus de justice sociale. Il faudra refonder notre système éducatif, rétablir l’accès à la santé pour tous, rendre effectif le droit au logement, garantir le droit à une retraite décente et l’âge légal de départ à 60 ans, permettre la revalorisation des salaires et notamment du SMIC, agir pour le pouvoir d’achat en encadrant certains prix et revoyant la tarification des biens essentiels comme l’eau et l’énergie.

    Cette réponse que je t'adresse confirme et approfondit la Lettre que j'ai écrite aux Français en août dernier. J'y disais notamment : « En Europe comme en France, nous savons bien que la crise n’est pas ponctuelle. Il ne suffira pas d’éteindre des incendies, toujours plus coûteux, mais bien d’être les architectes d’un nouveau modèle de développement économique, social et durable ».

    Depuis des mois et des semaines, je fais une campagne de propositions, pas de communication ni de clientélisme. Je resterai constante, fidèle à ce que je suis et à ce que j’ai dit aux Français. C’est cela aussi la morale en politique. Tu seras d’accord avec moi pour dire que la première rénovation en politique, c’est de défendre ses idées devant ses électeurs et de respecter le mandat que l’on a reçu d’eux.

    Sur cette base claire et ambitieuse, je souhaite qu'ensemble, nous puissions continuer pour la France en 2012 le travail que nous avons déjà accompli depuis 2008. Nos convergences ne sont pas de façade ou de circonstance. Tu peux compter sur moi et j’espère pouvoir compter sur toi. Nos électeurs nous regardent : dimanche, je ne doute pas qu’ils feront le choix d’un vrai changement et d’une gauche forte.

    Bien amicalement à toi,

    Martine Aubry

    http://www.martineaubry.fr


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  • Plus de deux millions d'électeurs se sont déplacés pour participer à la primaire du Parti socialiste. Je n'en ai pas fait partie dimanche dernier. Je n'en ferai pas non plus partie dimanche prochain pour plusieurs raisons:

    • je ne suis pas membre du Parti socialiste, ni sympathisant et je n'ai donc aucune raison de m'ingérer dans la désignation du candidat socialiste.
    • Avec cette primaire, il s'agit justement de désigner le candidat socialiste et non celui de toute la gauche. En confondant volontairement dans ses tracts son candidat et celui de la gauche, le Parti socialiste tente une OPA sur cette dernière. Ce n'est pas acceptable et c'est anti-démocratique. C'est à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle en avril 2012 que les électeurs - tous les électeurs - décideront du candidat de gauche arrivé en tête.
    • Ce véritable coup de pub, avec l'appui volontaire des services de l'Etat et l'engagement de tous les médias, au profit d'un seul parti - désigné à l'avance comme le seul devant compter à gauche - est également une entorse très grave à l'égalité de traitement entre les partis dans notre société.
    • Et cette entorse grave à l'égalité de traitement entre les partis est, à mon avis, sciemment organisée: fin 2.000 réduction du mandat présidentiel à 5 ans et coïncidence entre les élections présidentielle et législatives (la première devant "déterminer" la deuxième), primaires du PS que l'UMP annonce déjà vouloir copier dans 5 ans .... Ce qui est en ligne de mire, c'est d'imposer deux forces politiques - et deux seules! - aux programmes nuancés mais tout à fait compatibles - hors desquelles les électeurs n'auraient plus le choix. Cela a un nom: c'est une dérive vers un système à l'américaine qui, quel que soit le choix des électeurs, laissera inchangée la politique menée comme on a pu le constater avec Bush et Obama.
    • Contrairement à ce que le nombre d'électeurs de cette primaire le laisse entendre, une telle dérive serait un recul important de la citoyenneté et de la possibilité d'intervention des citoyens. On confond volontairement ici le choix à faire entre quelques candidats (désignés préalablement par des écuries politiciennes) et l'intervention des citoyens eux-mêmes, leur réflexion, le débat lui-même. Cela a la couleur de la démocratie, cela peut en avoir le goût mais c'est avant tout remiser les électeurs dans un choix stérile dont ils ne maîtriseront pas les contours.

    Dans tous les pays soumis aux dictatures, les peuples se lèvent pour remettre en cause la mainmise d'un parti unique sur la société. 

    En Tunisie, ce sont plus de 100 partis politiques qui ont été déclarés en quelques mois. C'est une formidable aventure, une formidable richesse démocratique.

    Allons-nous, en France, décider (ou laisser décider pour nous) de réduire notre démocratie à un choix entre deux candidats de deux partis et ce, une fois tous les 5 ans?

    Non seulement ce serait anti-démocratique mais extrêmement dangereux pour la démocratie elle-même.

    Est-ce un hasard si c'est justement après la réforme constitutionnelle de 2.000, après 5 années de pouvoir de la gauche où le nombre de privatisations n'a jamais aussi élevé ... que Jean-Marie Le Pen accède au second tour en 2002 et élimine le candidat de la gauche?

    Au lieu de pleurnicher et d'avancer la seule idée qu'il faut dorénavant limiter le nombre de candidats - c'est à dire réduire la démocratie -, les partis politiques n'auraient-ils pas dû réagir de manière efficace sans toucher à la démocratie: instaurer un seuil (10% par exemple) à partir duquel un candidat peut se présenter au deuxième tour de la Présidentielle (et laisser ainsi le libre choix aux électeurs), s'engager à modifier leur comportement fait alors de davantage d'écoute des citoyens, de courage politique et de refus des compromissions - c'est à dire élargir la démocratie?

    Cela aurait pu être un des enjeux majeurs de cette élection présidentielle avec un candidat communiste portant notamment ces valeurs.

    La direction nationale du PCF, en s'appuyant sur un simulacre de démocratie interne, a malheureusement cédé aux sirènes de la pensée unique en préférant l'addition des étiquettes politiques avec le "Front de Gauche" et son programme qui n'est ni populaire ni partagé, au vrai dialogue en grand avec les citoyens, leur intelligence et leurs espoirs.

    Une telle démarche est d'autant plus nécessaire qu'une partie de plus en plus importante du patronat (et des financiers) français verrait d'un bon oeil l'élection d'un président de gauche qui, profitant de son "état de grâce", décrèterait des mesures impopulaires (comme en Espagne ou en Grèce) que Sarkozy n'arrive plus à imposer.

    Il y aura bien besoin alors d'un parti qui continue à porter la revendication d'une société débarrassée du capitalisme, qui contribue à construire, à faire vivre, et à rendre incontournable cet espoir que la majorité des partis politiques tente de détruire à l'occasion de cette présidentielle.

    Autrement dit: plus que jamais, il y a - et il y aura - besoin en France d'un parti communiste digne de ce nom.

    Par Marc Jammet (PCF Mantes-la-Jolie) http://marc.jammet.over-blog.com


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  • Avant même Martine Aubry et François Hollande, Jean-Luc Mélenchon répond à la lettre d'Arnaud Montebourg. Le candidat à la présidentielle du Front de gauche y affirme, une nouvelle fois, et en quatre points très précis, sa proximité idéologique avec le député de Saône-et-Loire. De quoi couper l'herbe sous le pied des deux finalistes de la primaire...

     

    Cher Arnaud Montebourg,
     
    J’ai lu la lettre que tu as envoyée à tes compétiteurs de la primaire socialiste (consultable ci-dessous, ndlr). Tu as voulu qu’elle soit « ouverte ». Je me sens concerné. En effet, tu t’adresses aux deux socialistes qui pourraient être candidats à l’élection présidentielle. Je le serai pour ma part en toute certitude, au nom du Front de Gauche. Les questions que tu poses concernent toute la gauche et tous nos concitoyens.
     
    J’ai donc souhaité y répondre.
     
    Le nombre de votants aux primaires organisées par le Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle montre une volonté d’intervention populaire. Celle-ci marque je crois les temps politiques nouveaux dans lesquels nous sommes entrés. Car désormais le grand nombre sent bien que les dogmes suivis jusqu’à présent par les pouvoirs en place mènent le monde à une impasse. Chacun se sent dès lors invité à se mêler des affaires publiques. Bonne nouvelle !
     
    En t’écrivant, je veux donc contribuer à ce débat démocratique indispensable pour que l’élection présidentielle ne se réduise pas à une compétition de personnes mais permette aux citoyens d’exercer en toute lumière une souveraineté éclairée par le débat argumenté.
     
    Je veux aussi entamer à cette occasion une discussion ouverte à gauche sur les conditions concrètes et précises qui permettront à un gouvernement de mener une politique alternative à celle de la droite, à l’heure où pourtant les gouvernements sociaux-démocrates dans toute l’Europe adoptent des plans d’austérité en tout point contraires à leurs engagements de campagne.
     
    Les trois questions que tu poses me paraissent essentielles. J’y réponds précisément et y ajoute une quatrième qui à mes yeux les conditionne toutes.
     
    1°) Le contrôle politique du système financier
     
    Je défends la mise sous contrôle social des banques afin de soumettre la finance à la loi de l’intérêt général. Le programme du Front de Gauche propose de combattre la spéculation et la financiarisation de notre économie en interdisant les ventes de gré à gré, les ventes à découvert et les produits spéculatifs et en bloquant les échanges de capitaux avec les paradis fiscaux. Nous imposerons également la séparation des banques de dépôt et des banques d’investissement. Nous interdirons les stock-options, les LBO et les engagements hors bilan et obligerons les entreprises à la transparence financière. Les mouvements internationaux de capitaux à des fins de spéculation et de placement financier seront contrôlés et taxés à nos frontières. Nous interdirons la libre d’action des agences de notation et des hedge funds en Europe. Un pôle public financier sera créé pour contribuer à produire et partager autrement les richesses. Enfin, la Banque Centrale Européenne doit prêter aux Etats pour casser la spéculation et mettre le financement des biens publics à l’abri des appétits des investisseurs privés.
     
    2°) Le protectionnisme européen, social et écologique
     
    Je combats le dogme du libre-échange pour des raisons à la fois écologiques et sociales. Je veux réduire les transports de marchandises inutiles pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Et je récuse la réduction des normes sociales et environnementales par la mise en concurrence des systèmes sociaux et fiscaux nationaux. Je prône une relocalisation écologique maximale de notre production agricole et industrielle. Pour cela, le Front de Gauche défend l’instauration d’un visa social et écologique qui permettra de bloquer les productions délocalisées pour des raisons de dumping social et fiscal. Il propose l’institution de protections et de normes sociales et environnementales communes aux Européens, avec, par exemple des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées et une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables. Nous instaurerons un droit de reprise des entreprises par leurs salariés en cas de délocalisation ou de fermeture. J’ajoute que le contrôle des mouvements de capitaux que nous instaurerons permettra aussi de taxer lourdement les investissements supports des délocalisations.
     
    3°) la VIe République et la lutte contre la corruption
     
    Le Front de Gauche se prononce sans ambiguïté pour une Sixième République parlementaire. Nous voulons en finir avec ce régime qui dépolitise le débat public et organise le dessaisissement des citoyens. La méthode que le Front de Gauche avance pour rédiger cette nouvelle Constitution est celle qu’ont suivie avec succès les peuples qui ont fait avant nous le choix de la révolution citoyenne, la convocation d’une Assemblée Constituante dès le début du mandat. Mon ambition est donc d’être le dernier président de la Cinquième République.
     
    Quant à la corruption, je la tiens pour un symptôme de la décomposition de notre République. Elle prospère en raison du fonctionnement oligarchique des institutions, qui mêlent étroitement possédants et cercles dirigeants de l’Etat. Elle est la conséquence de l’accumulation de richesse par quelques-uns. Ceux-là jouissent de ce fait d’un pouvoir d’influence indécent contraire à l’égalité des citoyens. Elle se nourrit de la colonisation de l’Etat par les intérêts particuliers, permise par la libéralisation des services publics et la confusion qu’elle entraîne entre public et privé. Elle est encouragée par le fonctionnement des institutions européennes, où les lobbies font la loi. Nous combattrons la corruption sur tous ces fronts : mise au pas de l’oligarchie par la création d’un revenu maximum, instauration d’un régime parlementaire permettant le contrôle effectif de l’exécutif, abrogation des libéralisations de services publics, pôle public du médicament, nouveau traité européen conditionnant tout transfert de souveraineté à un contrôle démocratique de son usage.
     
    Voici donc mes réponses aux trois points que tu évoques. Je serais incomplet si je n’en ajoutais pas un quatrième. Je crois que tu en seras d’accord puisque, comme nous, tu as voté non au traité constitutionnel européen et à sa copie conforme le traité de Lisbonne. Rien ne pourra être fait de ce que j’ai dit précédemment sans remise en cause du traité européen de Lisbonne. Celui-ci interdit en effet toute entrave à la libre circulation des capitaux, promeut le libre-échange généralisé, fait échapper une part croissante de notre législation à la souveraineté populaire et officialise le pouvoir corrupteur des lobbies. C’est pourquoi nous organiserons un referendum pour proposer au peuple français une liste de dispositions sur lesquels la France désobéira sans attendre aux traités européens, prélude à une refondation de l’Union toute entière.
     
    Reçois, cher Arnaud, mes félicitations pour le combat que tu as mené au sein de ces primaires et qui a permis de faire progresser tant d’idées que nous avons en commun.
     
    Jean-Luc Mélenchon
    Candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle

    http://www.marianne2.fr/


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  • Programme primaire

    Le mot est à la mode, je l’utilise donc : je suis primaire et je crie. Y en a vraiment marre, trop, c’est trop. Le gouvernement, les banques, les spéculateurs, les éditorialistes vendus aux bourgeois, ça suffit. Je m’étrangle en lisant la une du Monde du 6 octobre 2011 : « Dexia, première banque victime de la crise de la zone euro ». C’est une blague ou quoi ? Dexia, première banque victime de ses agissements après avoir plumé les citoyens ! Et c’est partout la même histoire, la tragédie grecque le montre ! Telle est la triste vérité.

    L’ébranlement actuel du système bancaire est l’aboutissement programmé de la frénésie de privatisations, de déréglementations et de spéculation. Et Dexia est l’exemple typique des pratiques scandaleuses et dévastatrices qui se sont développées depuis plus de deux décennies, créant turpitudes sur turpitudes et dévoiement des États, sommés de servir les intérêts des actionnaires quand ils ne le faisaient pas spontanément.

     

    D’où vient Dexia ? Créé en 1987 sous les auspices de la Caisse des dépôts et consignations, le Crédit local de France, destiné à financer les collectivités locales, connaît sa première introduction en Bourse en 1991 (merci Cresson, Premier ministre), puis est privatisé par Balladur en 1993. Il ne reste plus qu’à le fusionner avec le Crédit communal de Belgique en 1996 pour donner Dexia.

    En près d’un quart de siècle, la banque a alors, d’une part, élargi la gamme de ses activités, et, d’autre part a progressivement soumis les collectivités locales qui empruntaient à un régime draconien. Dexia accorde des crédits dits « structurés » dont les taux sont dans un premier temps faibles, puis ils augmentent car ils sont indexés sur des paramètres financiers très volatils, comme « les cours des devises étrangères, le prix de l’énergie, l’écart entre les taux directeurs, etc. »[1] D’où le nom d’emprunts toxiques que les collectivités locales ont sur le dos : fin 2009, ils représentaient 36 % des prêts de Dexia aux collectivités locales, soit 26 milliards d’euros sur un total de 72 milliards. De plus, Dexia impose des pénalités exorbitantes si les collectivités veulent se sortir de cet engrenage : environ 4 milliards.[2] Comme par hasard, les départements comme La Seine-Saint-Denis concentrent les plus grandes difficultés. Les collectivités locales victimes de Dexia !

    Mais alors pourquoi Dexia flanche ? Parce que la pratique financière néolibérale emporte tout. En élargissant la gamme de ses activités, Dexia s’est mêlée au maëlstrom financier de ces dernières années. Elle a participé à la restructuration du secteur bancaire (achat de plusieurs banques françaises et étrangères, participations). Et elle a donc tété des subprimes par le biais de la banque américaine FSA qu’elle avait rachetée en 2000 pour la revendre en 2009, une fois mise à mal par la crise.

    Les États français et belge ont alors recapitalisé Dexia en 2008. Avec le succès dont on prend la mesure aujourd’hui. Car, non seulement Dexia a engrangé des actifs financiers de plus en plus pourris à cause de sa pratique démente, mais, en plus, elle s’est trouvée prise à son piège qu’elle avait tendu aux collectivités locales. En effet, celles-ci ont vu leurs dettes s’alourdir à cause de l’accroissement des charges d’intérêt. Quand les dettes s’accroissent et qu’elles risquent de ne jamais être honorées, alors le problème de l’emprunteur se transforme en problème du prêteur puisque celui-ci est obligé d’inscrire à l’actif de son bilan des créances qui ne valent plus rien ou presque. La presse d’aujourd’hui indique que les actifs financiers douteux de Dexia se monteraient à 95 milliards d’euros, peut-être même 200 milliards.

    Alors quand on lit que Dexia est victime de la crise de la zone euro, sous-entendu de la crise des dettes publiques, on se dit que trop de choses ne tournent pas rond. Tant qu’à faire, si Dexia fait faillite, il n’y a qu’à dire que c’est de la faute aux enseignants ou aux infirmières qui coûtent de la dépense publique. Certains doivent le penser, j’écouterai l’éditorialiste de France inter demain matin à 7h20. Il est vrai que ces pauvres actionnaires de Dexia doivent avoir en ce moment quelques difficultés à vendre leurs actifs pourris.

    La faute aux enseignants, vous dis-je ! La preuve en est d’ailleurs administrée par Françoise Fressoz dans Le Monde du 1er octobre 2011 (quelle mine, ce journal, quand même !) : « les prélèvements obligatoires absorbent plus de 43 % de la richesse nationale ». Je suis primaire, quand je lis le verbe « absorber », je crie : l’État, les collectivités locales, la Sécurité sociale n’« absorbent » rien, car leurs salariés créent de la richesse qui retourne à la collectivité (http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/valeur/non-marchand-diplo.pdf).[3] Il faut que l’Institut Molinari relève de l’aphorisme de Michel Audiard : « les cons osent tout et c’est à ça qu’on les reconnaît » pour affirmer que les Français travaillent du 1er janvier au 26 juillet pour l’État et commencent seulement à travailler pour eux au-delà.

    Comme j’ai décidé ce soir d’être primaire, voici un programme de nuit du 4 août à mettre en œuvre même avant le prochain 4 août :

    -       socialisons toutes les banques, sans indemnisation des actionnaires, pour en assurer le contrôle public démocratique et maîtriser l’émission de monnaie ;

    -       rétablissons le droit de créer de la monnaie de banque centrale pour des objectifs collectifs, et cela à tous les échelons qui se révéleront nécessaires (zone euro ou, à défaut, nation) ;

    -       réformons la fiscalité avec une progressivité de l’impôt sur le revenu pouvant aller jusqu’à un taux marginal supérieur de 100 %, dès l’instant où on considère que la hiérarchie des revenus ne devrait pas dépasser un écart décidé par la société : par exemple, pourquoi pas, 1 à 10.

    Trois mesures simplement pour un 4 août ? Oui, c’est primaire, j’en conviens, mais c’est plus clair qu’aux… primaires…

     


    [1] Voir Michel Cabannes, Les finances locales sur la paille ?, Le Bord de l’eau, 2011.

     

    [2] Chiffres cités par Michel Cabannes.

     

    [3] Voir Jean-Marie Harribey, « Les vertus oubliées de l’activité non marchande », Le Monde diplomatique, novembre 2008.

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2011/10/06/programme-primaire/#more-234


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  • Edt pour vivelepcf, 7 octobre 2011

     

    La mise en scène des « primaires » du PS bat son plein. L’opération politicienne est grossière.

     

    Il y a un seul programme pour tous. Il y aura un seul candidat sur lequel ils se rallieront tous, très probablement M. Hollande. Il y aura des places ministérielles dans le même gouvernement pour chacun en cas d’alternance. Mais pour l’instant, il y a 6 prétendants.

     

    Outre les ambitions personnelles, le jeu consiste pour eux à adopter une pose, à incarner un positionnement étudié sur une échelle allant de la « gauche radicale » à la « gauche réaliste ».

    M. Baylet est là pour lorgner vers l’électorat petit-bourgeois mou du « centre ». M. Valls vers un peu les mêmes mais avec un profil plus « moderne ».

    On pourrait rire de voir M. Montebourg, porte-parole de Mme Royal en 2007, jouer l’aile la plus « gauche » aujourd’hui ou Mme Aubry, championne des cadeaux au patronat au nom des 35 heures, se voir édifier une image « sociale ».

    Il s’agit de ratisser le plus largement au premier tour les voix de tous ceux qui nourrissent un espoir de changement, notamment à gauche, vers la candidature d’alternance du PS. 

    111007_primaires_rateau.jpg

    Il s’agit aussi d’enfermer le plus possible, et le plus tôt possible, le débat public, le mouvement social dans la seule perspective de l’élection présidentielle. Ce n’est pas un hasard si la droite et PS sont ensemble à l’origine du quinquennat en 2000 : une seule échéance décisive tous les cinq ans. Avec les primaires, le PS renforce à son tour la personnification trompeuse de la politique autour d’un président présenté comme tout-puissant.

    En fait de modèle démocratique, le PS fait le choix de s’inspirer du pire, celui des Etats-Unis !

     

    Les débats télévisés ont été totalement convenus. Chacun a joué sa partition.

    Mais les limites qui seront celles du candidat retenu apparaissent déjà. Il lui faudra doser entre les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient et la préparation de la version PS de la politique européenne antisociale qui sera réellement menée.

     

    On se souvient qu’un mois après sa victoire en 1997, M. Jospin reniait sa parole et privatisait France-Télécom. En Grèce en 2009, les socialistes de M. Papandréou ont été élus sur la promesse d’une augmentation générale de 5% des salaires…

     

    Sur une question de forte actualité, après le succès de la journée de grève et de manifestation des enseignants le 27 septembre, M. Hollande est ainsi bien prudent. Finalement, il se prononce pour le rétablissement des 60.000 postes supprimés depuis 2007, mais échelonné sur 5 ans et couplé avec la limitation des redoublements (quel rapport ?).

    En juin 2012, au nom de la récession creusant le déficit public ou d’une attaque de la finance sur la France, ce type de promesse va s’envoler.

     

    Les vrais choix du PS, on les retrouve dans le vote avec la droite du plan d’étranglement de la Grèce, dans la ratification avec la droite en 2008 du Traité de Lisbonne, dans le soutien fondamental à l’UE du capital et à l’euro ou bien à la guerre en Libye...

     

    Sur un autre point en particulier, les déclarations des postulants et leur programme sont très inquiétants. Mme Aubry comme M. Hollande annoncent de nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales. Ils se prononcent pour un basculement de cotisations sociales, au nom de la recherche de « compétitivité » et « des PME », vers un prélèvement « sur la valeur ajoutée ». Les économistes socialistes avancent l’idée d’une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Il y a là un danger majeur. Après 2012, c’est peut-être à la gauche, déjà à l’origine de la CSG, que reviendra la destruction du financement de la sécurité sociale par le salaire socialisé que le patronat a dû concéder après 1945. Une extrême vigilance s’impose.

     

    Il est bien évident qu’une réélection de Sarkozy permettrait au capital d’aller encore plus vite et plus fort dans la déstructuration des acquis sociaux et démocratiques du pays. Il faudra le battre, éloigner l’extrême-droite.

    Mais ce n’est pas une raison pour semer la moindre illusion sur les choix économiques de la social-démocratie.

    Désespérément, il manque un acteur décisif dans la vie politique et les luttes : le PCF, maintenant effacé dans le Front de gauche derrière M. Mélenchon.

     

    Les primaires du PS font tout pour montrer l’étendue du rassemblement, élastique, que peut représenter son candidat en 2012. Mais, il ne pourra pas tout ratisser au 1er tour. A côté de Mme Joly, qui s’est découverte écologiste après avoir flirté avec M. Bayrou, M. Mélenchon est la septième dent du râteau socialiste.

    Pendant 31 ans, la direction du PS a laissé à cet admirateur inconditionnel de Mitterrand une (bonne) place pour jouer l’aile gauche du PS. Maintenant il tient le même rôle, mais à l’extérieur, avec toujours la même virulence pour le masquer.

    111007_sego_FH.jpg Son programme ne sait que surenchérir sur celui du PS pour mieux le valider. Surtout, il se garde de porter toute rupture sur le fondamental, comme l’intégration européenne et l’euro. Fin août, Mélenchon commençait à retendre la main à ses anciens camarades. A la Fête de l’Humanité, ils sont venus ou presque le complimenter et se faire complimenter par lui à la barbe des communistes : Aubry, Royal, Montebourg. Le calcul est limpide, les décus de la désignation de Hollande trouveront un choix de compensation au 1er tour à « gauche » pour mieux les canaliser vers M. Hollande.

     

    Le choix de la direction du PCF de poursuivre le processus d’effacement du parti dans le Front de gauche, derrière Mélenchon et la social-démocratie place les communistes dans une situation difficile. Dans les prochains mois, la perspective politique va être littéralement écrasée par la mise en scène de la campagne électorale, sans que le PCF puisse s’y faire réellement entendre. En même temps, se prépare des mauvais coups sans précédent contre les travailleurs.

    Plus que jamais la place des communistes est dans les luttes pour mettre en avant les vraies ruptures nécessaires, qui seront absentes ou caricaturées dans la campagne électorale, et pour préparer avant, comme après les élections, la riposte organisée qui sera nécessaire.   

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  • L’arrivée de Marine Le Pen à la tête du Front National incarne à sa manière l’installation d’un « nouveau » FN. Ce parti a bien changé depuis sa création en 1972.  Il est toujours d’extrême droite, certes, mais il a adapté son propos à un monde changeant. On peut notamment retrouver dans ces mutations l’influence discrète du G.R.E.C.E. d’Alain de Benoist.             En 1972, le tout jeune Front National regroupe un quarteron de nostalgiques de l’OAS, des racistes patentés, des boutiquiers inconditionnels du libre marché et des atlantistes totalement pro-américains (Reagan sera longtemps LE modèle de Le Pen). Le F.N. actuel s’est opposé aux deux guerres d’Irak (tout en soutenant mordicus le sinistre Saddam Hussein), il parle « d’égalité des cultures (raciales) » dans le monde, fustige l’ultra-libéralisme et l’Amérique. C’est qu’entre-temps, le monde a changé, l’Est s’est effondré et une place était à prendre dans l’imaginaire populaire. Et puis le FN a su suivre, finalement, les conseils d’un groupuscule de penseurs d’ultra-droite, le G.R.E.C.E., Groupe de recherche et d’étude pour la civilisation européenne.  Ce groupe est fondé en mars 1968 par le philosophe Alain de Benoist. Mesurant alors le total discrédit de l’extrême droite française, depuis la guerre et la collaboration, il tente de donner une nouvelle légitimité à sa famille politique. Et avance notamment trois thèmes fondateurs : à la place du racisme ou du racialisme, il propose le « différentialisme ». Pour obtenir d’être respectés ici, chez nous, Blancs et Chrétiens, il faut qu’on respecte l’Autre là bas, le Noir, le Musulman. Il faut une « égalité des cultures » (le mot « cultures » étant devenu l’autre terme pour dire les races) dans le monde. Pas question que ces « cultures » se mélangent chez nous, mais à distance, ça peut marcher... D’autre part, le libéralisme économique est dénoncé pour son matérialisme, il est considéré comme portant atteinte à l’intégrité spirituelle de l’Occident. Enfin, autre piste très importante du G.R.E.C.E., l’extrême droite n’est plus « la caricature de la droite » comme on disait souvent, elle ne se contente plus d’en rajouter sur les positions de la droite classique, elle est ailleurs, elle n’est ni de gauche, ni de droite. L’air de rien, ces trois idées vont faire un malheur et assurer, ultérieurement, la prospérité du FN.Au début, entre le G.R.E.C.E. et le FN, les rapports ne sont pas au beau fixe. Et si le mouvement de de Benoist a, semble-t-il, disparu, ses idées finiront par s’imposer à l’extrême droite ces quinze dernières années pour former l’actuel argumentaire frontiste. Le FN accentue son discours social

    L’extrême droite de tout temps a été obsédée par la question identitaire. Les Français « de souche » ont en commun une identité commune sur un mode ethnique et culturel et tout ce qui pouvait troubler, contaminer cette « pureté » originelle, que ce soit l’étranger ou encore toute idéologie qui diviserait la communauté nationale, comme « l’égalitarisme », le socialisme ou même plus généralement les questions sociales, tout cela n’avait guère sa place dans la rhétorique frontiste et était mis de côté. Au milieu des années quatre-vingt, ce culte de l’identité (et un discours anti-élite) n’a pas été sans écho dans une partie de la classe ouvrière qui s’est sentie trahie ou abandonnée par la gauche (et le PCF). Lors de la présidentielle de 1995, 30% des ouvriers votent FN, ils sont 24% aux législatives de 1997 et le FN devient le principal parti ouvrier ! C’est dans la foulée qu’il accentue son discours social afin de fidéliser cet électorat populaire. Il investit désormais ces thématiques avec d’autant moins de scrupules qu’éloigné de toute participation gouvernementale, il peut tout promettre sans risque.C’est l’époque où il se met à dénoncer les clivages de classe et surtout le libéralisme économique, accusé de pervertir les valeurs françaises. Le Pen n’est pas devenu anticapitaliste ni égalitaire ; simplement, il y a derrière son propos « social », l’obsession identitaire qui rode. Par exemple, quand le FN, au nom d’une démarche souverainiste et protectionniste, condamne Maastricht ou la constitution européenne,  ce n’est pas tant la machine de guerre capitaliste et antisociale ou autoritaire qu’il fustige, c’est la menace pour l’intégrité de l’identité française que cela représenterait. On peut dire la même chose concernant la mondialisation : le FN joue des inquiétudes légitimes qui sont dans l’air (voir le sondage, page suivante) pour se montrer très critique (la mondialisation est « totalitaire » dit-il) tout en plaidant pour « l’égalité entre les cultures ». Mais ici aussi, lorsqu’on creuse son discours, ce n’est pas le triomphe du tout-privé qu’incarne la mondialisation ni l’effondrement de l’intérêt public qui est à l’œuvre un peu partout, qui le gênent ; son principal argument, c’est, face à la mondialisation, la préservation du caractère spirituel de la nation, sa cohésion ethnique. De même quand il parle d’égalité entre les cultures, cela pourrait laisser entendre qu’il reprend à son compte un propos de nature démocratique (l’égalité) ; il n’en est rien ; cette égalité, dès qu’on évoque le terrain national, n’existe plus pour lui ; ne sont citoyens à ses yeux que ceux qui partagent une même communauté d’origine  et la citoyenneté, donc, ne peut résulter que d’une filiation ethnique ; c’est le domaine de l’inégalité par excellence.Pour le FN, la vie politique ne se résume pas à un conflit gauche/droite mais à une opposition entre nationalistes et cosmopolites. D’un côté il y a les Français, attachés à la particularité de leur civilisation et de l’autre les « mondialistes », les lobby « pro-immigration » ou les « euro-fédérastes », jeu de mot ultra où l’on imagine sans peine l’étranger violeur. Bref le brassage culturel, la mixité ethnique, le métissage, voilà l’ennemi. Un argumentaire assez pauvre mais dont la force est à la fois d’avoir su jouer en permanence sur la question du rapport à l’Autre, qui est une question lancinante dans le débat public depuis dix ans au moins (immigration, islamisme, intégration, etc.) et d’avoir systématiquement brandi le drapeau du « ni gauche, ni droite », une idée partagée par une proportion croissante de concitoyens. Le repli sur la communauté, sur l’identité, en ces temps de mondialisation ravageuse, lié au sentiment du « tous pourris », cela peut être vécu comme une réponse. C’est sans doute là que réside le principal ressort de l’extrême droite.

     

    Gérard Streiff Projet PCF.fr



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    Par Michel Mengneau

    Effectivement il y a crise, on peut le lire à l’envie ! Mais si il y a crise c’est celle des inégalités. Quant à la crise du capitalisme cela demande un peu plus de réflexions et un regard plus critique sur une certaine forme de manipulation des populations.

    En effet on a vu au cours de la dernière décennie la croissance des pays développés s’émousser, pas franchement, mais de façon régulière. Certains considèrent alors que ceux-ci sont à une sorte de maximum de développement et que celui-ci ayant été obtenu à crédit, vouloir forcer la croissance augmenterait de fait la dette, et qui a prêté de l’argent ? Les banques. C’est d’ailleurs un des problèmes récurrents du capitalisme qui en prétendant créé de la richesse par tous les moyens, surtout par le productivisme et la surconsommation, fabrique aussi à terme de la dette. On imagine donc mal les banques continuer à prêter sans être sûr d’être remboursées.

    D’autant que la perspective que certains pays n’honorent pas leurs engagements est de plus en plus probable. Il est évident que les banques ne vont pas se laisser dépouiller sans réagir. En un premier temps, on a fait croire aux états qu’ils pouvaient trouver des solutions, on vient de le voir avec la Grèce pour laquelle le plan européen semble un fiasco et cette notion d’échec est habilement alimentée en sourdine par le monde financier car pour celui-ci ce n’est pas la solution. La solution immédiate, c’est la recapitalisation. C’est pourquoi on verra une agitation médiatique constante de la bourse avec des annonces catastrophiques afin d’entretenir le feuilleton tant que ce problème ne sera pas réglé, on prépare l’opinion en quelque sorte.

    Mais pourquoi cela pose problème. Si cette recapitalisation se faisait avec des fonds privés cela se ferait naturellement, seulement voilà, les investisseurs ne semblent pas disposés à cette éventualité, on va donc se tourner vers le public et par conséquence les états qui vont pomper dans la poche du lampiste pour renflouer les banques et apporter des garanties lorsque l’on se trouvera devant un non-paiement.

    La mise en scène est tellement bien menée que les pays européens se dirigent vers cette solution pour laquelle on a fabriqué une forme de consentement insidieux. En fait on a créé une sorte d’ambiance délétère pour amener nos pays dans la direction que le capital souhaite, c’est une pleine réussite pour le capitalisme. Elle n’est pas la seule, la Libye en est le meilleur exemple car si la guerre n’est pas terminée, le partage du gâteau pétrolier, entre autres, a bel et bien commencé ce qui était le but premier de cette guerre.

    Parallèlement à cela, le capital qui veut maîtriser entièrement le monde du travail va faire disparaître un grande parie des fonctionnaires, obstacle à un libéralisme débridé. Il est évident que pendant cette épuration il ne faut pas s’attendre à une relance de l’économie. D’ailleurs, même le parlement européen va dans ce sens car il vient d’adopter le 13 septembre le rapport d’initiative de Reinhard Bütikofer (Verts/ALE) sur une stratégie efficace applicable aux matières premières pour l’Europe. Il s’agit de limiter les extractions minières européennes pour favoriser celles des pays en voie de développement et en particulier l’Afrique, on comprend mieux la guerre de Libye qui est l’avant-goût de cette nouvelle stratégie. On aurait pu croire qu’il y avait une prise de conscience de la surexploitation de la terre, et bien non, on a déplacé le problème sous le fallacieux prétexte de développement économique des pays concernés ; entre parenthèse, on reconnaît bien là l’indigence politique et l’attachement au capitalisme des Verts qu’ils soient français ou allemands !

    Donc, à plus ou moins brève échéance beaucoup de pays d’Europe vont être contraints à une dure récession, récession voulue qui va permettre aux capitalistes un contrôle total des populations.

    Si nous devons effectivement considérer que l’obsession de croissance n’est plus possible, la terre étant un produit fini dont les ressources ne sont pas illimitées, nous devons donc nous approprier la gestion et le ménagement de notre patrimoine ceci ne pouvant se faire qu’à l’encontre du productivisme destructeur, il n’y a qu’une solution, la sortie du capitalisme.

    http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com


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