• Mali, le piège s’est refermé...

    sur lepcf.fr :


    Les médias présentent une intervention militaire Française à la demande de l’état malien avec un large soutien du peuple malien. On comprend que ceux qui ont vu leur ville et leur village occupé avec violence par des djihadistes cherchant à imposer leur conception de la charia par les mutilations, les viols et les meurtres, ont été soulagé de voir une armée chasser ces mercenaires.

    On sait pourtant, des guerres de la Yougoslavie aux guerres d’Irak et d’Afghanistan que les médias occidentaux sont experts dans la manipulation pour présenter des témoignages de soutien populaire aux interventions de l’OTAN, comme la foule acclamant la chute de la statue de Saddam Hussein, ou des témoignages des horreurs de l’ennemi, comme le faux charnier de Timisoara.

    La situation peut sembler différente au Mali. Lors des dernières rencontres internationalistes de Vénissieux, notre camarade malien Bassirou Diara, de l’Union Malienne, Rassemblement Démocratique Africain, par ailleurs secrétaire général adjoint de la Présidence de la République du Mali, nous confirmait la demande urgente de l’état malien d’une aide militaire. Dans la discussion, nous avions compris que cette demande s’inscrivait dans l’objectif d’une force africaine en soutien à l’armée malienne, avec une aide technologique et logistique des occidentaux. La discussion avait aussi évoqué l’importance de l’histoire récente du Mali qui conduit à cette situation d’une armée désorganisée et sans moyens...

    L’affaiblissement des partis communistes, du mouvement communiste international, de ses réseaux militants, tout comme l’intégration des associations humanitaires et de la plupart des journalistes dans les interventions militaires rend très difficile d’avoir une connaissance réelle et précise, indépendante du discours officiel. L’état malien a-t-il le contrôle de ce qui se passe ? Les interventions militaires sont-elles sous le commandement militaire malien ? Les "buts de guerre", les objectifs militaires, les contacts pour la recherche de solutions politiques sont-ils maitrisés par l’état malien ou par la France ?

    Ces questions ne sont pas anodines et l’expérience de l’Afghanistan ou 10 ans de guerres occidentales, y compris Françaises pour "chasser les talibans" conduit à une situation ou l’OTAN (dont la France), négocie avec ces mêmes talibans les conditions de leur retrait, devrait faire réfléchir. (fin du chapeau)

     

    Le discours officiel nous présente l’intervention militaire comme une opération contre des terroristes, de petits groupes dangereux mais qui seraient en quelque sorte "extérieur" au peuple malien. L’intervention a simplement pour but de les détruire [1] pour retrouver une situation "normale" ou le peuple malien pourrait retrouver la démocratie et résoudre ses problèmes.

    Quels objectifs politiques légitiment une intervention militaire ?

    L’expérience récente montre que cette approche de l’intervention militaire comme d’une "opération de police" permettant une guerre de courte durée qui pourrait résoudre des problèmes nationaux est toujours démentie par les faits qui suivent les premiers succès. En Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, les guerres se sont révélées longues, très couteuses en vie humaine, tactiquement complexe avec des alliances changeantes... En Libye, si la guerre a semblé courte, la période d’instabilité actuelle semble tout aussi longue que celle connue en Irak et nous n’en connaissons sans doute encore pas la réalité, le niveau de violence, ni bien sûr la fin. En Syrie, l’intervention militaire se fait pour l’instant par mercenaires interposés, mais tout le monde en connait le prix terrible pour les Syriens. On sait que le chemin d’une reconstruction nationale sera très très long. Tout montre ainsi que, dans la diversité des situations évoquées, la guerre ne crée pas de solutions politiques. Elle peut détruire des pouvoirs, des armées, des institutions, mais laisse sans réponses le chantier de la construction d’une société, de la réponse aux défis de l’unité du peuple, de l’indépendance nationale, de la démocratie, des intérêts populaires.

    On sait depuis Clausewitz que "la guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens", elle n’est donc qu’un moyen, pour quelle politique ? c’est toute la question à propos du Mali. Personne ne peut croire que le seul objectif politique est d’éliminer quelques groupes de mercenaires...

    Car quel est l’ennemi ?

    Il est constitué d’une alliance de différentes forces, dont plusieurs mouvements de Touaregs, peuple historique du Sahel et du Sahara, dont les revendications à l’indépendance ne sont pas moins légitimes que celles des Saharouis ! Si certains des mouvements qui les représentent se sont "islamisés" et ont fait alliance avec des groupes qui font vivre la "guerre des civilisations" souhaitée par Georges Bush, il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas d’issue politique au Mali sans réponse politique pour les Touaregs.

    Si l’intervention Française peut sembler dans un premier temps être une intervention de libérateurs, chassant l’occupant, que se passera-t-il quand elle sera confrontée à des populations qui soutiennent les "rebelles"... Or, ces populations, principalement nomades, existent et sont fortement présentes dans le Nord du Mali...

    D’ailleurs, s’il ne s’agissait que d’éliminer quelques milliers de mercenaires, il aurait suffi de leur couper tout soutien logistique, ce qui devrait être facile pour l’OTAN. Nous avons installé un pouvoir ami au Nord, en Libye. Nous sommes les alliés stratégiques du Qatar (pour la France), de l’Arabie Saoudite (pour les USA), sans lesquels aucun groupe djihadiste ne peut vivre plus de quelques mois. Il aurait donc suffit d’un voyage de Hollande à Daho... Mais nous n’avons entendu aucun gouvernement occidental s’adresser à ses alliés des monarchies pétrolières pour leur dire "STOP", plus aucun financement à des groupes armés, par touche au Mali !

    Par contre, les enjeux géopolitiques de la région sont importants et connus, ses minerais, l’uranium notamment, stratégique pour la France, et le jeu géopolitique dans la concurrence entre la FranceAfrique et les USA qui travaillent depuis de nombreuses années pour la création d’une base militaire pour l’Afrique au coeur du Sahara. La prise d’otage en Algérie souligne l’enjeu essentiel du gaz dans toute la région... Ces questions sont-elles oui ou non présentes dans les décisions militaires de la France ?

    Le piège s’est refermé ?

    Mais si la France a des objectifs géopolitiques à défendre dans la région, a-t-elle fait le bon choix ? Il était certes contraint devant la pression militaire des forces touaregs et islamistes sur le sud du Mali. Mais il n’est que la conséquence d’une stratégie antérieure incapable de considérer l’indépendance et la souveraineté nationale des pays africains comme une chance pour la France. La destruction de l’état Libyen a ouvert la boite de Pandore des conflits tribaux, transformé la situation politique des touaregs, et le refus de laisser le Mali s’armer [2] a laissé le champ libre... La tentative de coup d’état qui voulait bousculer l’attentisme de ATT a conduit à de laborieuses négociations maintenant le Mali dans une situation d’assisté... Quel rôle jouait la France dans cet attentisme, pendant que de l’autre coté, de Libye en Syrie, elle continuait de faire ami ami avec les financiers des djihadistes...

    Les USA peuvent laisser la France en première ligne, avec sans doute l’arrière pensée, qu’elle ne s’en sortira pas seule. Les différences de commentaires sur l’intervention militaire algérienne contre la prise d’otages sont éclairants. Les enjeux géopolitiques sont énormes pour la France dans cette région historique de colonisation, et notamment en Algérie avec les efforts importants d’implantation des USA, et plus récemment l a présence chinoise croissante...

    Toute la question pour la France est de savoir ce que deviendra la situation militaire. Les premiers succès, qui étaient attendus compte tenu des moyens militaires mis en œuvre, ne nous disent rien sur la suite de la guerre, et personne ne sait quels sont les objectifs des forces françaises face aux touaregs.

    L’état malien qui souhaitait une aide militaire n’a sans doute pas eu beaucoup de liberté dans la définition des conditions de l’intervention Française. En acceptant la solution militaire occidentale, pourra-t-il garder sa souveraineté sur la solution politique dans un an, deux ans ? En tout cas, les négociations que tentaient d’organiser l’Algérie entre le Mali et les touaregs et qui devaient commencer... le jour de l’intervention Française, seront évidemment plus difficiles à relancer.

    Par contre, comme en Irak ou en Afghanistan, les djihadistes peuvent se frotter les mains... Ils ont la guerre qu’ils ont cherché, ils peuvent renforcer leur choc de civilisations, s’implanter dans de nouvelles zones ou les relais islamiques ont les moyens de prendre la direction des mosquées, dénoncer le diable occidental avec des arguments sur les inévitables "dommages collatéraux", tout en imposant une régression moyenâgeuse de la société, qui peut paraitre comme la seule issue de société, en l’absence d’un projet libérateur et progressiste.

    L’honneur des communistes se joue à leur congrès...

    Dans ce contexte, l’unanimité des parlementaires au sénat et à l’assemblée pour soutenir l’action gouvernementale, intégrant apparemment la totalité des parlementaires communistes, est un évènement considérable. Dans les guerres de Yougoslavie, d’Irak ou d’Afghanistan, les députés et les dirigeants communistes avaient toujours fait entendre une voix discordante contre le consensus militariste, même si des ministres communistes avaient participé à un gouvernement décidant de la guerre.

    Pour le parti qui s’est fondé dans le refus de la guerre, qui a grandi dans la conscience populaire avec l’action contre les guerres coloniales au Maroc, au Vietnam, en Algérie qui ont marqué des générations de militants, cette décision devrait interpeller les communistes a quelques semaines de leur congrès. La situation au Mali serait-elle de nature différente de celle de l’Afghanistan, ou d’autres guerres du siècle dernier ? Et sinon, jusqu’où les principes communistes sont-ils solubles dans le médiatiquement correct ?

    Les communistes sont pourtant très largement d’accord pour dénoncer l’OTAN, demander la sortie de la France, dénoncer l’alliance avec les monarchies pétrolières contre les peuples, dénoncer l’accumulation des armes, exiger le désarmement nucléaire, dénoncer la France Afrique et affirmer le droit à l’indépendance nationale pour tous les peuples... Mais leur direction les habitue à l’ambiguïté, à doses homéopathiques dans un premier temps, avant d’aller de plus en plus franchement dans la rupture avec l’histoire communiste et la solidarité internationaliste.

    Peuvent-ils décider collectivement à leur congrès de dénoncer l’intervention militaire Française, d’exiger le respect de la souveraineté du Mali, le blocus de l’aide pétrolière aux djihadistes, proposer l’organisation d’une conférence internationale de paix reposant sur la souveraineté des peuples ?


    [1] l’aisance avec laquelle les dirigeants socialistes assument le vocabulaire guerrier, Fabius appelant à éliminer Assad ou Hollande appelant à détruire l’ennemi rappelle les pires moments de l’histoire du parti socialiste

    [2] les derniers achats du président A.T. Traoré ont été bloqué par l’occident

     

    PAM

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  • Le Medef et Cahuzac d’accord pour dynamiter les retraites

    Le Medef et Cahuzac d’accord pour dynamiter les retraites

    Le gouvernement semble déterminé à bousculer les uns après les autres tous les grands acquis sociaux. Dès que le patronat formule un souhait, il cherche à l'accomplir. On aurait pu penser qu’après le « choc de compétitivité » décidé sous la pression des milieux patronaux, qu'après la réforme du marché du travail, qui vient d’être conclue à la demande de François Hollande, l’Élysée et Bercy laisseraient l’opinion un peu souffler. Eh bien non ! De nouvelles tractations ont repris, toujours sous la pression du patronat, pour mettre en œuvre une réforme explosive, puisque son but est de casser le mode actuel d'indexation des retraites, pour faire baisser leur pouvoir d’achat.

    De fait, le gouvernement n’en finit pas d’annoncer des réformes socialement discutables, tantôt sur la pression de Bruxelles, tantôt sur la pression des milieux patronaux. Dès l’alternance, il y a eu ainsi la mise en œuvre d’une politique d’austérité budgétaire et salariale, avec à la clef des coupes claires dans les dépenses de l’État, et le refus de tout « coup de pouce » en faveur du Smic, mis à part l’aumône consentie au 1er juillet 2012 de +20 centimes d'euro par jour.

    Dans la foulée, le gouvernement a aussi choisi de ne pas mettre en œuvre la « révolution fiscale » pourtant consignée dans les 60 engagements de François Hollande et qui devait prendre la forme d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée (CSG). Et en plus de cela, il a fait le cadeau aux très grandes fortunes de plafonner les « niches fiscales », mais sans intégrer dans le dispositif les deux niches les plus scandaleuses, celle qui porte sur les investissements dans les DOM-TOM et qui a donné lieu à des dérives invraisemblables, et celle, plus petite mais encore plus sulfureuse, qui concerne le cinéma, via le dispositif des Sofica.

    Mais c’est surtout en faveur des entreprises et de leurs dirigeants que le gouvernement a multiplié les réformes les plus discutables et les plus inégalitaires. Il a d’abord suffi que quelques grands patrons, s’auto-qualifiant de « pigeons » (mais étant pour certains d’entre eux de vrais évadés fiscaux), froncent des sourcils pour que le gouvernement s’empresse de remettre en cause son projet de taxation plus équitable des plus-values de cession.

    Puis, il y a eu la mise en œuvre du « choc de compétitivité » demandé par le patronat, au terme duquel le gouvernement va apporter 20 milliards d’euros aux entreprises sous forme de crédit d’impôt, sans la moindre contrepartie. Autrement dit, l’effet d’aubaine va jouer à plein : certains grands groupes, notamment ceux du CAC 40, pourront en jouer pour gonfler leurs dividendes. Et ce sont les Français qui en feront doublement les frais. D’abord au travers d’un durcissement des économies budgétaires. Ensuite au travers d’un relèvement de la TVA – que François Hollande avait fait grief à Nicolas Sarkozy de vouloir mettre en œuvre.

    Dynamitage du droit du licenciement

    Et puis, pour finir, il y a donc eu l’initiative de François Hollande qui a poussé les partenaires sociaux à engager un accord de flexisécurité, qui s’avère, sans grande surprise, être un accord de dupes : si le Medef a accepté quelques modestes concessions, en prenant soin que son financement repose en partie sur les salariés, il a obtenu, en retour, un véritable dynamitage du droit du licenciement. Ce qui va conduire à une accélération des plans de réduction des effectifs, comme viennent le confirmer les 7 500 suppressions de postes annoncées par Renault – entreprise dont le principal actionnaire est encore l’État.

    Bref, cela a été depuis l’alternance une rafale sans fin de mesures socialement douloureuses ou inéquitables. À croire qu’il n’y a pas eu d’élection présidentielle ; que la même politique économique et sociale se poursuit, celle impulsée jusque-là par Nicolas Sarkozy. Voilà maintenant que les tractations se portent sur les retraites. Le Medef a en effet décidé de faire de la surenchère – pourquoi s’en priverait-il ? – en proposant de casser le système d’indexation des retraites. Et le ministre du budget, Jérôme Cahuzac – que l’Élysée a visiblement décidé de protéger – a fait comprendre que le gouvernement accueillait cette idée avec intérêt.

    Pour comprendre ce qui se dessine, il faut d’abord avoir à l’esprit le mode actuel d’indexation des retraites. Jusqu’en 1993, le mode d’indexation des retraites de base était plutôt favorable, puisqu’il suivait l’évolution des salaires. Puis, cette année-là, Édouard Balladur a pris, en plein été, une première réforme dont l’une des mesures – à l’époque très contestée par la gauche – a consisté à prendre pour référence de l’indexation pour les retraites du privé non plus l’évolution des salaires mais celle des prix (hors tabac). À l’époque, les socialistes ont déploré que les retraités y perdent beaucoup en pouvoir d’achat.

    Puis, en 2003, François Fillon a prolongé cette réforme, en décidant que ce mode d’indexation s’appliquerait aussi à la fonction publique. Ce que les socialistes ont toujours à l’époque vivement dénoncé.

    Quant aux régimes de retraite complémentaire, le mode d’indexation suit également les prix (hors tabac), mais chaque année le mode de gouvernance de ces régimes impose que le choix final de la revalorisation soit entériné au terme d’une concertation entre les partenaires sociaux.

    Le Medef veut maintenant inverser la mécanique habituelle. Il a voulu brusquer les choses, en proposant de mettre en chantier un véritable plan d’austérité pour les régimes de retraite complémentaire. Et il pense sans doute que cela fera jurisprudence pour le régime de base.

    Cinq ans d'austérité

    C’est à l’occasion d’une troisième réunion de négociations entre les partenaires sociaux, mardi 15 janvier, que le Medef a abattu ses cartes. Voici ces propositions telles que les résume la CGT sur son site Internet :

    « Le plus important est que ce projet reste dans une veine très régressive avec en particulier : • Évolution des pensions pour 2013 au niveau de l’inflation moins 1,5 point, puis de 2014 à 2017 au niveau de l’inflation moins 1 point.  • Une baisse du taux de réversion de 60 à 56 % dès le 1er janvier 2014 et un âge minimum qui passerait de 55 à 60 ans à l’Arrco. Le texte propose également une réduction de 30 % des droits des chômeurs. Enfin, le Medef propose dans ce même projet des dispositions pour le moyen et le long terme, alors même que ces points devaient initialement faire l’objet de débats ultérieurs, dans le prolongement de la concertation annoncée par le gouvernement sur les retraites. Inutile de développer sur la nature des mesures avancées, puisqu’elles portent principalement sur le recul de l’âge d’accès à une retraite sans abattement (de 62 à 64 ans d’ici 2027). »

    C’est donc un plan massif d’austérité que propose le Medef pour les deux grands régimes de retraite complémentaire que sont l’Agirc (pour les cadres du privé), et l’Arrco (pour les salariés). Un plan d’austérité qui durerait cinq ans, de 2013 à 2017, avec des pertes de pouvoir d’achat considérable. Dans la foulée, le Medef préconise aussi une baisse du montant des pensions de réversion qui passerait de 60 à 56 % du montant de la pension versée au conjoint.

    À cette provocation, dans une conjoncture d’effondrement du pouvoir d’achat, on serait enclin de ne pas prêter attention. Mais précisément, si le Medef a fait cette proposition, c’est qu’il savait qu’il avait une bonne chance d’être entendu. Et effectivement, le gouvernement a fait savoir que si une telle réforme voyait le jour pour les retraites complémentaires, il pourrait s’en inspirer pour les régimes de base, en soumettant cette idée à la concertation qui doit avoir lieu dans les prochains mois pour dessiner la prochaine réforme des retraites.

    C’est Jérôme Cahuzac, à l’occasion d’un entretien dans Les Échos, qui a fait comprendre quelles étaient les intentions du gouvernement. « Les partenaires sociaux devraient se mettre d'accord d'ici à mars sur une désindexation, au moins partielle, des pensions Agirc-Arrco. Le gouvernement doit-il faire de même en désindexant les retraites au 1er avril ? », lui demande le quotidien. Réponse du ministre du budget : « Un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires serait un élément d'appréciation très important. On ne pourra pas ne pas en tenir compte. Pour autant, rien n'est décidé aujourd'hui et rien ne le sera sans qu'une concertation approfondie soit menée, comme c'est du reste prévu sur ce dossier. L'accord sur l'emploi montre que cette méthode est la bonne. »

    Traduction des Échos : « Ceci signifie qu'une telle décision, si elle était prise par les partenaires sociaux, pourrait servir de modèle pour résorber une partie du problème du financement... des régimes de retraite de base. Une question qui sera abordée au printemps. »

    Malheureusement, pour le Medef et pour Jérôme Cahuzac, un compromis est pourtant loin d'être trouvé sur les retraites complémentaires. Même si la CGT est la seule centrale à refuser catégoriquement une revalorisation inférieure à l'inflation, les quatre autres confédérations n'acceptent pas le projet du Medef en l'état et demandent que si la revalorisation se situe sous l'inflation, il y ait en contrepartie une hausse des cotisations. Pour l'heure, le plan d'austérité est donc encore loin d'être ratifié. Et la seule certitude, c'est que Jérôme Cahuzac n'éprouve aucune gêne à marcher main dans la main avec le patronat.

    Même le quotidien des milieux d’affaires et de la droite le suggère : dans la détermination de la politique économique et sociale du gouvernement, c’est le Medef, pour l'essentiel, qui fixe actuellement le cap.

    http://www.mediapart.fr


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  • Et le foot ? ça gaze.

     

    Et le foot ? ça gaze.

     

    De Rouen à Paris, les services de secours ont été submergés d'appels dans la nuit du 21 au 22 janvier. En cause, une forte odeur de gaz ressentie en Haute-Normandie et dans toute l'Ile-de-France. 

     

    La Canaille ose y ajouter (personne n'en parle), les salariés de l'usine présents sur le site et le cumul du stress industriel et des suites sociales possibles pour tous les personnels. Là où la colère monte d'un cran c'est ensuite dans le traitement du dossier.

     

    Toute la presse (tout mode confondu) reprend une dépêche d'agence disant en substance :

    "Le match Rouen-Marseille des 16e de finale de la Coupe de France programmé ce jour est reporté à une date ultérieure non encore définie sur décision de la préfecture de Seine-Maritime", a annoncé la FFF. 

    "Il s'agit d'une conséquence indirecte de l'incident qui s'est produit (...) dans l'usine chimique Lubrizol située à Rouen", a précisé la Fédération. 

    Un porte-parole de la Fédération française a indiqué à l'AFP que "la FFF s'est conformée à la décision de la préfecture", soulignant que le stade Robert-Diochonde Rouen était "très proche" du lieu de la fuite de gaz.

    La date de report du match sera arrêtée "très rapidement, peut-être dans la journée" de mardi, a précisé la FFF.

     

    Soit les footballeurs sont comme les purs sangs yearlings de la proche Deauville des animaux aux bronches très, très, mais vraiment très fragiles ; soit les populations des villes, zup et autres bases industrielles des 130km de rives de Seine indisposées par les délicieuses d'effluves de mercaptan (méthanethiol -formule CH3-SH)* soit selon les pistes retenues sont ultra résistantes, ou sont le dernier souci des autorités préfectorales et leur vallseur de tutelle.

     

    "C'est un produit qui est non toxique", a expliqué au micro de France 2 Nathalie Bakaev, chargée de communication de Lubrizol. Soit l'INRS est un repère d'incapables, soit cette dame est une menteuse. Canaille le Rouge aurait tendance à rejeter la première hypothèse (voir en bas de p@ge). 

     

    Il n'est pas indifférent de savoir que "Lubrizol Corp" propriétaire du site chimique est le plus grand manufacturier mondial de produits lubrifiants. Il a été acheté au comptant le 14 mars 2011 par Berkshire Hathaway, le fond d'investissement d'un certain Warren Buffet que connaissent bien ceux qui visitent régulièrement le c@rnet de Canaille le Rouge. Une transaction évaluée à environ 9 milliards de $ US, la deuxième plus grande acquisition au comptant depuis les cinq dernières années.

     

    Les représentants en France de Warren Buffet ("le grand gagnant le lutte des classes") annonçaient régler rapidement le problème. A 14h30 on nous annonce l'arrêt de l'ensemble de l'unité de production de l'usine.

     

    La jonction de l'évènement, la masse des indispositions plus ou moins importantes qu'il génère tout le long de la vallée de la Seine et le principe de précaution de la FFF permet de mesurer ce qu'on appelle pudiquement un traitement différencié.

     

    Certainement qu'une erre capitaliste complète d'exposition des populations des bassins industriels normands et ceux d'Ile de France pour les suites liées aux vents dominant ont du produire des mutations génétiques qui leur permet de mieux résister que les propriétaires de l'écurie de course OM. Sinon nul ne doute que monsieur Valls n'aurait pas dit l'absence de danger quand la FFF annule le match.

     

    Point de vue des risques industriels et leur environnement, La Canaille à l'impression que là aussi le maquignon de Matignon ZapatAyrault nous mène en Batho.

     

    *Le mercaptan, qui s'est échappé lundi d'une usine chimique du groupe Lubrizol à Rouen, est un gaz nauséabond couramment utilisé pour "parfumer" le gaz de ville, inodore, afin de repérer les fuites et éviter ainsi les accidents. Un produit classé officiellement comme "toxique par inhalation" et "dangereux pour l'environnement". Selon l'INRS, des cas d'intoxication aiguë ont été rapportés chez des travailleurs directement exposés à l'inhalation de méthanetiol, se traduisant par une irritation pulmonaire, des nausées, des vomissements et diarrhées, voire des troubles de conscience et de la respiration pour les plus graves.

    Par canaille le rouge


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  • Renault veut geler les salaires en échange d'une augmentation de la production

    A l'issue de la septième réunion de négociation, le groupe a proposé un gel des salaires en 2013, et des augmentations limitées. En contrepartie, il promet une production supplémentaire de 80.000 véhicules à ses usines française. Faute d'accord, il menace de fermer deux sites, selon les syndicats.

    DR
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    Renault met à la diète ses sites français. Le constructeur a présenté, lors de sa septième réunion de négociation, ses propositions en matière de rémunération à horizon 2016 visant à boucler le cycle de discussions entamé en octobre dernier et destiné à rétablir la compétitivité de son activité dans l'Hexagone.

    Bilan : le constructeur propose un gel des rémunérations pour l'année 2013, qui resteront donc inchangé comparé à 2012, et des augmentations qui se limiteront (générale et individuelle compris) à 0,5 % en 2014, et 0,75 % en 2015. Des chiffres à comparer avec une augmentation de 3 % en 2012, et de 3,1 % en 2010.

    Il propose également, selon nos informations, une modification des accords d'intéressement du groupe, visant à relever le minimum versé aux salariés de 250 à 300 euros, ainsi que de revoir la tranche distribuée en fonction des salaires.

    Quelque 80.000 véhicules supplémentaires

    En contrepartie, le groupe s'est davantage avancé que lors des précédentes négociations. Il a ainsi annoncé qu'en cas de signature d'un accord, il affecterait des volumes supplémentaires « en provenance des partenaires du Groupe, à hauteur de 80.000 véhicules par an » en rythme annuel d'ici à 2016. Faute d'accord, le constructeur a menacé, pendant la réunion, de fermer deux sites, selon deux sources syndicales.

    Selon les syndicats, à cette date, le groupe table sur une production en France de 710.000 véhicules, dont 530.000 unités correspondant à la production actuelle, plus 80.000 venus de partenariat (avec Nissan, Daimler ou les deux) auquel s'ajoutent encore 100.000 véhicules issus de l'arrivée de la remplaçante des Laguna et Espace ainsi que du rebond espéré du marché européen à cette date.

    Une réunion de négociation est prévue le 29 janvier. De fait, pour l'heure, la direction s'est contentée de lister ses besoins aux partenaires sociaux sur les questions de temps de travail ou de mobilité entre sites. Surtout, elle a annoncé la semaine dernière son intention de réduire ses effectifs d'environ 7.500 postes d'ici à la fin 2016. Alors que les ventes de Renault ont reculé de 6,3 % au niveau mondial en 2012, à 2,5 millions de véhicules, sur fond d'effondrement du marché européen (-18 % pour le groupe), le constructeur cherche à se donner des marges de manoeuvre. Déjà, Force Ouvrière à lancé un appel national à la grève pour le 29 janvier

    http://www.lesechos.fr

    Renault met sa menace de fermeture d'usines sur la table des négociations

    Renault met sa menace de fermeture d'usines sur la table des négociations

    Le constructeur automobile français précise sa politique de chantage à l'emploi. Selon des délégués syndicaux qui s'exprimaient à l'issue d'une nouvelle réunion avec la direction, ce mardi, Renault menace de fermer deux sites en France, si aucun accord de compétitivité n'était trouvé avec les organisations syndicales.

    "La direction nous a prévenus: si vous ne signez pas, il se pourrait que deux sites ferment", a indiqué Laurent Smolnik, délégué central FO, selon qui la direction n'a pas précisé quels sites pourraient être touchés. Des délégués CGT et CFE-CGC ont confirmé ces propos. Jusqu'à présent, depuis le début des discussions sur la compétitivité, Renault conditionnait la "non fermeture de site" à la signature de l'accord par au moins 30% des syndicats représentatifs. "Aujourd'hui, elle nous a répondu que s'il n'y a pas d'accord, c'est au minimum deux sites qui fermeraient", a ajouté Dominique Chauvin, délégué central CFE-CGC. "Elle a aussi parlé du non engagement d'affectations de produits pour l'instant prévus en France", a-t-il dit.

    "Flins est en première ligne, et pour des gammes normalement prévues en 2014 pour Douai par exemple, la direction pourrait très bien envisager de les expatrier. Le plus dur c'est de concevoir le produit. Après, quand on l'a industrialisé, on peut déplacer les moyens. C'est malheureusement la réalité des faits", a-t-il souligné.

    La direction égrène depuis des semaines ses propositions pour gagner en compétitivité dans ses sites français. Elle prévoit notamment la suppression de 8 260 postes d'ici fin 2016, une "harmonisation" du temps de travail, et un gel des salaires pour 2013.


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  •  Mali: le MNLA offre le thé à la France

    Le 6 avril 2012, le MNLA, mouvement Touareg "laïque", après avoir balayé l'armée du gouvernement de Bamako, avait déclaré l'indépendance de la partie Nord du Mali. Cette région, l'Azawad, est peuplé de Touaregs et de tribus arabes, populations marginalisées par les tenants du pouvoir à Bamako depuis l'indépendance du Mali en 1960.

    En proclamant l'indépendance, le MNLA croyait l'affaire conclue et avait décrété la fin des opérations militaires. Mais débordé par son allié Ansar ed-Dine (mouvement Touareg islamiste) qui s'était acoquiné avec le fascisme vert sévissant dans le Sahel, le MNLA a été repoussé tout au nord.

    Là, il vient de tenir congrès et se rendra lundi à Ouagadougou pour rencontrer le président du Burkina-Fasso, médiateur des états africains de l'Ouest dans ce conflit. Son objectif: aider militairement l'armée française contre les djihadistes et ne plus déclarer d'indépendance, mais un statut d'autonomie pour l'Azawad dans le cadre d'un Mali fédéral.

     

    Surtout, le MNLA prévient: "Pas de soldats maliens ni de forces de la CEDEAO dans l'Azawad". L'un de ses responsables déclare: "Si vous laissez s'introduire l'armée malienne, je peux vous garantir que la première victime sera un berger touareg ou arabe plutôt qu'un djihadiste. Les populations civiles sont menacées, c'est un génocide qui se prépare et la France dira qu'elle ne savait pas, comme au Rwanda!" Et de citer aussi les milices songhaïs et peuls (ethnies noires de l'Azawad) que Bamako forme à cet effet.

    L'Ong, Human Rights Watch, a annoncé samedi avoir des informations crédibles sur de graves exactions, dont des meurtres, commises par les forces de sécurité maliennes à l'encontre de civils dans la localité de Niono, dans le centre du pays."Nous invitons instamment les autorités maliennes, tout comme les soldats et les autorités françaises et ouest-africaines, à faire le maximum pour garantir la protection de tous les civils", a fait-elle savoir.

    Ni le ministre français de la Guerre, ni l'armée malienne n'ont encore réagi à ces informations.

     

    carte publiée dans Libération du 14 janvier 2013

    Sources: Le Monde-Slate Afrique.

    Prochain article du blog: Le gros gâteau africain...

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • à l'initiative du réseau "écoles" du PCF

     

    LETTRE OUVERTE AUX ENSEIGNANTS

                                                                            


    Chers collègues

    L’exercice de notre métier est de plus en plus difficile au quotidien. Seuls dans nos classes et sans formation adaptée aux réalités de la pratique, dans l’impossibilité de répondre à la multiplication d’injonctions contradictoires, enfermés par l’évaluation dans des logiques concurrentielles, empêchés de penser notre métier, responsables de tous les maux de l’école, surchargés de tâches administratives, en rupture de confiance avec notre hiérarchie nous ressentons un profond sentiment d’impuissance alors que notre travail réel n’est pas valorisé, voire même semble invisible, et que notre santé même se trouve atteinte sans aucune aide de l’institution.

    Mais de quoi nous parle cette difficulté dans l’exercice du métier, qui, comme celle de nombreux salariés, se trouve souvent imputée à une responsabilité individuelle? Nous voilà devenus fragiles, comme le sont les employés de France-Télécom par exemple.

    Mais nous ne sommes ni malades, ni démissionnaires, c’est l’exercice de notre métier qui est empêché.

    L’école de la reproduction sociale, transforme les inégalités sociales en inégalités de réussite scolaire et conduit à invalider tout acte pédagogique.

    La suppression de 70600 postes (enseignants et administratifs) en 5 ans s’est faite strictement sur des considérations économiques et non dans des objectifs pédagogiques : pour preuve la quasi-disparition des Rased dans le premier degré et de la scolarisation avant 3 ans.

    Privés de formation, les débutants sont affectés sur des postes réputés difficiles : zone prioritaires, des affectations sur 3 niveaux différents, urgences à affronter en collège…

    Le concours déconnecté des expériences professionnelles ne permet pas d’avoir les outils nécessaires dans l’exercice quotidien du métier, pour préparer nos cours, pour les conduire mais aussi pour les analyser. L’absence d’articulation entre recherche et formation au métier, entre master et concours, ont provoqué l’évacuation de la formation professionnelle.

    La réforme ne s’effectue pas à droit constant pour les enseignants de disciplines professionnelles (toutes les disciplines ne disposent pas de master ; remise en cause de la validation des acquis) ce qui a provoqué un effondrement du nombre de candidats au concours de PLP (moins d’un candidat pour deux postes au concours). Le recours aux vacations affaiblit le niveau

    La prolifération des missions rend problématique la transmission des savoirs, qui est le cœur de notre métier.
    L’absence de cadre dans les évaluations entraîne de fortes inégalités de traitement 

    En l’absence de lieu pour se retrouver et échanger, se trouve empêchée une culture partagée, la création d’équipes, par ailleurs promues ainsi qu’un temps de réflexion collective sur l’exercice du métier

    Alors que faire pour ouvrir des possibles dans l’exercice du métier ?


    Renverser les logiques d’exclusion et de ségrégation

     
    • C’est affirmer le tous capables au fondement de la refondation et penser l’école pour ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. L’exposition aux savoirs ne suffit pas. La naturalisation des difficultés à devenir élèves par des approches étroitement psychologisantes et médicalisantes ne permet pas de renverser la spirale de l’échec. 
    • C’est redonner sens à l’école, centrée sur un objectif de démocratisation et réaffirmer un projet politique d’émancipation : 
    • C'est contribuer au développement intellectuel de tous les élèves en démocratisant l’accès au savoir et lutter contre les inégalités sociales, territoriales et sexuées 
    • C’est promouvoir des modalités de transmission qui rendent lisibles les attendus scolaires, mettent l’accent sur les processus d’apprentissage, favorisent une conception solidaire des apprentissages. 
    • C’est contribuer à la formation de citoyens actifs et critiques, outillés culturellement pour opérer des choix individuels concernant leur vie et participer aux choix collectifs qui engagent toute la société. 
    • C’est refuser le principe méritocratique qui a pour vocation de naturaliser les difficultés, individualiser les réponses pédagogiques, sanctionner par l‘échec une prétendue incapacité personnelle afin de mieux sélectionner une élite. 
    • C’est repenser le collège unique en supprimant les dispositifs de préapprentissage. 
     

    Repenser le métier

     
    • Par la garantie d’un cadre national de formation, qui maintienne des structures spécifiques de formation des enseignants en université, organise des pré recrutements dès la licence, promeuve une professionnalisation progressive au cours du master et année de stage avant la titularisation. 
    • Par une formation théorique où le savoir est envisagé dans sa dimension historique et épistémologique loin du socle commun de compétences. 
    • Par une formation professionnelle, qui s’appuie sur la recherche universitaire et pédagogique afin de pouvoir faire l’analyse des malentendus sociocognitifs et des obstacles aux apprentissages plutôt que de s’enliser dans des dispositifs d’individualisation qui ne règlent aucun des problèmes rencontrés
    • Par une formation commune 1e et 2ème degré, pour plus de cohérence. 
    • Par une prise en compte de l’expertise des enseignants pour mettre en place les réformes : un enseignant ne peut être un exécutant c’est un concepteur. 
    • Par la mise en place de collectifs de travail, hors des logiques hiérarchiques, ayant du temps pour penser le métier 
     

    Dès maintenant il est possible

     
    • de transformer les structures par un arrêt de la RGPP 
    • de mettre en place un pré recrutement sous statut d’« élève professeur » pour que les étudiants de tout milieu social puissent accéder à l’enseignement 
    • de mettre en place un plan de recrutement pluriannuel en accordant une importance particulière à la maternelle et en permettant la scolarisation à deux ans 
    • d’accompagner les stagiaires en leur évitant les postes les plus difficiles 
    • de rallonger les durées d’affectation en début de carrière 
    • de former les maîtres formateurs en clarifiant leur mission 
    • d’allouer des moyens prioritairement à l’éducatif en supprimant les heures supplémentaires qui coûtent 1,3 milliards d’euros l’équivalent du budget global de l’enseignement technique agricole. 
    • de revaloriser les salaires à la hauteur des qualifications 
    • de titulariser les personnels précaires dans le respect du statut de la Fonction publique d’Etat et du statut des enseignants 
     

    Il est possible dès maintenant de transformer les choses pour construire :

     
    • une école qui offre à tous les jeunes la confrontation avec le réel dans sa complexité, la réflexion critique et l’accès à une qualification reconnue et la réelle possibilité de s’approprier des outils d’émancipation 
    • une école qui lutte contre les inégalités et affirme des ambitions pour tous, dans tous les établissements et sur tous les territoires 
    • une école qui qui favoriser les initiatives, s’appuie sur la professionnalité, la réflexion de l’ensemble des personnels, dans des équipes éducatives qui sont aussi la richesse du système éducatif français 
     Dans cette perspective, le PCF, dans le cadre du Front de Gauche, lance une série de débats, de rencontres, pour élaborer avec vous ce que doit être une réelle politique de gauche en matière éducative.



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  • Nouvelles menaces sur la neutralité du Net (communiqué d’Acrimed)

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    Assez tergiversé !

    L’association Acrimed (Action-Critique-Médias), observatoire des médias, s’insurge contre les tergiversations du gouvernement qui ne s’est toujours pas engagé clairement à inscrire dans la loi le principe de la neutralité du Net*.

    Alors que de nombreux pays l’ont fait et que, en France même, de multiples rapports et recommandations (notamment parlementaires) l’ont préconisée, la Ministre Fleur Pellerin s’en remet aux délibérations de la Commission Nationale du Numérique (CNNum) reconstituée par décision du 18 janvier 2013.

    Une décision sans dérobades ni équivoques est d’autant plus pressante que dans une tribune publiée dans Libération le 16 janvier 20013, Neelie Kroes commissaire européenne chargée de la stratégie numérique la vice-présidente s’est déclarée favorable à l’autorisation accordée aux Fournisseur d’Accès à Internet (FAI) de proposer des offres différenciées : en clair un traitement inégalitaire de l’accès à Internet en fonction du tarif des abonnements.

    Une telle autorisation, sous couvert de favoriser le libre choix des internautes, signifierait la fin de la neutralité du net, pulvérisée pour le plus grand profit des FAI : ce profit dont l’Europe libérale étend l’emprise dans tous les secteurs et particulièrement dans l’univers des médias.

    Acrimed, le 21 janvier 2013.

    * C’est-à-dire la garantie l’égalité de traitement de tous les flux sur Internet (et donc l’absence de toute discrimination ou traitement inégalitaire de l’information transmise sur le réseau, qu’il s’agisse de la source, de la destination ou du contenu

     

    *********************

    Paru dans Libération du 15 janvier 2013

    « Il y a un risque d’Internet à plusieurs vitesses »

    Valérie Schafer, chercheuse à l’Institut des sciences de la communication du CNRS, redoute une discrimination sur les tarifs et les contenus.

    par Camille Gévaudan

     

    Chargée de recherche à l’Institut des sciences de la communication du CNRS, Valérie Schafer a coécrit l’an dernier la Neutralité de l’Internet : un enjeu de communication (CNRS Editions).

     

    Le récent conflit entre Free et Google a porté sur la place publique la notion de neutralité du Net. Mais depuis quand le débat est-il ouvert ?

    La neutralité du Net n’a pas toujours été un enjeu, car Internet était à l’origine un outil scientifique. C’est dans les années 90, avec le tournant du Web [réseau de pages reliées par des liens et consultables dans un navigateur, ndlr] et le développement des usages grand public et commerciaux, que le réseau s’est complexifié. Il a acquis une structure verticale, avec une masse d’internautes qui émettent des requêtes vers de grandes bases de contenus. Et ce sont ces communications-là qui soulèvent la question de la neutralité.

     

    L’an dernier encore, le conflit d’Orange contre Cogent (lire l’article) n’a pas eu beaucoup d’écho, car on connaît mal le rôle de ces acteurs — Cogent est un « opérateur de transit », un gestionnaire de tuyaux. Le débat était donc complexe. C’est Free et Google qui ont davantage porté le débat sur la place publique, même si on constate de manière assez générale une accélération du débat ces derniers mois. Les affaires se multiplient, et donnent tort à tous ceux qui arguaient qu’il était trop tôt pour commencer à prendre des mesures de protection de la neutralité. Certains pays comme les Pays-Bas et la Slovénie ont inscrit la neutralité du Net dans la loi, et de plus en plus d’acteurs s’emparent du débat : des politiques de tout bord, les parlementaires européens, les médias spécialisés puis généralistes, des associations, comme la Quadrature du Net, qui rédigent des dossiers très complets… Sans oublier les internautes eux-mêmes, car les gens aiment réagir à ce qui se passe sur la Toile.

     

    Pourquoi la neutralité est-elle un enjeu important pour ces internautes ?

    Dans l’affaire Free/Google, Free argue que les tuyaux sont saturés et se tourne vers Google en lui demandant de participer financièrement. La manœuvre de Free consistant à bloquer les publicités n’est pas inintéressante, car les pubs en ligne peuvent être considérées par l’usager comme une source de nuisance. La mesure aurait donc pu paraître populaire et passer facilement.

     

    Mais il y a un risque derrière ce discours partagé par certains fournisseurs d’accès [FAI], pour qui on va vers une congestion du réseau et qui se demandent jusqu’où ils peuvent supporter l’augmentation des capacités avant de demander à d’autres acteurs de payer leur part. Ce discours cache la possibilité de mettre en place un Internet à plusieurs vitesses, et il stigmatise les « Net-goinfres » en suggérant que les gros consommateurs de bande passante devraient payer davantage.

     

    A quoi ressemblerait cet Internet à plusieurs vitesses ?

    Si les fournisseurs d’accès avaient le champ libre, on peut imaginer dans les cas extrêmes qu’ils mettraient en place des offres à plusieurs tarifs sur l’Internet fixe. La discrimination pourrait se faire sur le type de contenus accessibles aux internautes ou sur l’exclusion d’un certain nombre d’usages en ligne, selon ce qui est intéressant ou non pour l’opérateur. On a vu des opérateurs racheter des fournisseurs de contenus, tel Orange qui possède 49% (et bientôt 100%) de Dailymotion, et pourrait alors favoriser l’accès à cette plateforme de vidéos plutôt qu’une autre — c’est un exemple, je ne leur prête pas de telles intentions. C’est déjà le cas d’Apple, par contre, quibannit les contenus pornographiques sur son App Store. Cela donnerait naissance à une sorte d’intranet.

     

    Une autre possibilité est d’exclure un certain nombre de services de l’offre internet.

     

    Comme ces forfaits mobiles qui interdisent le peer-to-peer, ou donnent accès seulement à Twitter ou Facebook ?

    Oui. Déjà aujourd’hui, ce genre de forfaits porte une atteinte à la neutralité du Net. Or, le mobile est une des portes d’accès principales à l’Internet dans les pays en développement. Et contrairement à l’Internet fixe, il connaît de réels risques de congestion. Alors, comment faut-il répondre à ces deux problèmes différents ? Faut-il dissocier l’Internet fixe et mobile, ou les englober tous deux dans une même loi ? Sans compter que les offres des FAI et les usages en ligne évoluent très vite… Légiférer à un temps T serait extrêmement complexe. Une solution intéressante est proposée par Laurent Chemla [fondateur de la société d’hébergement de sites web Gandi, ndlr] : si l’on inscrit la neutralité du Net dans la loi, il faut la baser sur des principes plus que sur des technologies.

     

    *********************

     Bruxelles annonce la mort d'un Internet identique pour tous

     

    Dans une tribune publiée par Libération, la commissaire Neelie Kroes a confirmé qu'elle ne voyait aucun problème à ce que les FAI proposent des offres "différenciées" d'accès à internet. Ils pourront vendre un accès à un internet bridé, et proposer des options payantes pour débloquer l'accès à certaines applications. Si cette voie se confirme, la neutralité du net sera morte.

    >>> Bruxelles annonce la mort d'un Internet identique pour tous

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


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  • 21 janvier c'est tête de veau . Au fait, pourquoi ?

     

    http://www.tete-de-veau-rochelaise.fr/sites/tete-de-veau-rochelaise.fr/files/imagecache/affiche_article/imagefield_default_images/teteveau_0.jpg

     

    Il était une fois, il y a juste 230 ans aujourd'hui, l'UMP et le FN n'en était pas à pétitionner pour appeler génocide les guerres de Vendée, la France coupait court à son passé statut monarchique et ainsi confirmait sa République. 

     

    http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1013/files/2011/01/guillotine.jpg

     

    Flaubert nous donne une des explications les plus assurées sur le lien avec la tête de veau, La Canaille lui laisse la totale responsabilité de ses propos sur les thermidoriens tout en précisan d'abord ceci :

    Un  pamphlétaire nommé Romeau commet un opuscule intulé  « La Tête et l’Oreille » dans lequel il projete  dès le 21 janvier 1794 l’organisation de banquets républicains pour commémorer la fin de la monarchie absolue de Droit Divin génératrice d’injustices et d’oppressions en tous genres. Il suggéra alors que le plat principal du menu soit concocté à base d’oreilles et de têtes de cochons. :

     

     C'est dans l’Éducation sentimentale, Flaubert reprend la thèse de l’origine anglaise : le jour de la décapitation du roi Charles Ier, des Indépendants fondèrent un banquet annuel où l'on mangeait des têtes de veau, et où on buvait du vin rouge dans des crânes de veau en portant des toasts à l'extermination des Stuart. qui revient chez ce peu révolutionnaire gustave dans la bouche de Deslauriers ex-délégué du Gouvernement provisoire  :

     

    “Frédéric poussa un cri de joie, et pria l’ex-délégué du Gouvernement provisoire de lui apprendre le mystère de la tête de veau.
    - C’est une importation anglaise. Pour parodier la cérémonie que les royalistes célébraient le 30 janvier, des Indépendants fondèrent un banquet annuel où l’on mangeait des têtes de veau, et où on buvait du vin rouge dans des crânes de veau en portant des toasts à l’extermination des Stuarts. Après Thermidor, des terroristes organisèrent une confrérie toute pareille, ce qui prouve que la bêtise est féconde.”

     

    Donc, une seule erreur du père de madame Bovary, au départ c'est assuré, les premiers gastronomorégicides  lorgnèrent sur la tête de cochon rapidement le veaux tint la corde et la confrérie des vitellicéphamophages pris son essort.

     

    On peut donc déjà être certains d’une chose : en 1869, quand Flaubert publiait l‘Education Sentimentale, la tête de veau avait déjà remplacé celle de cochon.

     http://imblog.aufeminin.com/blog/D20111026/444605_979679521_oeufs-brouilles-argenteuil_H231740_L.jpg

     

    Pour ne pas en rester qu 'aux principes et changer de la ravigotte qui a la préférence de La Canaille, voici une des neufs recettes de TdV compilées par Alexandre Dumas[recettes ici].

    il la sert là, farcie:

     

    Enlevez la peau de dessus une tête de veau bien blanche et bien échaudée, et prenez garde de la couper ;

    Vous désossez ensuite la tête pour en prendre la cervelle, la langue, les yeux et les bajoues.

    Faites une farce avec la cervelle, de la rouelle de veau, de la graisse de bœuf, le tour haché bien fin ; assaisonnez avec du sel, gros poivre, persil et ciboule hachés, une demi-feuille de laurier, thym et basilic hachés comme en poudre ; mettez-y deux cuillerées à bouche d'eau-de-vie ; liez cette farce avec trois jaunes d'œufs et les trois blancs fouettés.


    Prenez la langue, les yeux, dont vous ôtez le noir, les bajoues; épluchez le tout proprement après l'avoir fait blanchir à l'eau bouillante ; coupez-le en filets ou en gros dés, et le mêlez dans votre farce.

    Mettez la peau de la tête de veau sans être blanchie dans une casserole, les oreilles en dessus, et la remplissez avec votre farce ; ensuite vous la cousez en la plissant comme une bourse; ficelez-la tout autour en lui redonnant sa forme naturelle.

    Mettez-la cuire dans un vaisseau juste à sa hauteur avec un demi-sertier de vin blanc, deux fois autant de bouillon, un bouquet de persil, ciboule, une gousse dail, trois clous de girofle, oignons, sel, poivre ; faites-la cuire à petit feu pendant trois heures.

    Lorsqu'elle est cuite, mettez-la égoutter de sa graisse et l'essuyez bien avec un linge ; après avoir ôté la ficelle, passez une parde de sa cuisson au travers d'un tamis, ajoutez-y un peu de sauce espagnole et mettez-y un filet de vinaigre ; faites-la réduire sur le feu au point d'une sauce; servez sur la tête de veau.

    Si vous vouliez vous servir de cette tête de veau pour entrée froide, il faudrait mettre dans le bouillon un peu plus de vin blanc, sel, poivre, et moins de bouillon ; laissez-la refroidir dans sa cuisson, et servez sur une serviette avec gelée de viande.

    Par canaille le rouge


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  • PSA Aulnay : les ouvriers en lutte face à la direction et aux CRS ...

    Citroën Aulnay : vous allez avoir besoin de ce lien :

     

    C'est >>>  ici.

     

    http://www.laprovence.com/media/imagecache/article-taille-normale/afp/2013-01/2013-01-17/photo_1358410645906-4-0.jpg

     

    Alors que Valls met ses CRS à la disposition des patrons casseurs, voici la déclaration de la CGT Aulnay de ce matin 

     

    Communiqué de presse de la CGT PSA

    21/01/2013

    La direction de PSA Aulnay a annoncé vendredi que l'usine serait fermée à la totalité du personnel, y compris l'équipe de Normale à partir de l'équipe du soir du vendredi 18 janvier au lundi soir toute la journée.

     

    La direction invoque un prétexte qui ne tient pas debout : une pièce électrique en panne dans l'atelier de Peinture qui nécessiterait un long délai de livraison de la part du fournisseur.

     

    La réalité est que la direction doit faire face à des salariés déterminés à étendre la grève qu'ils ont démarrée le mercredi 16 janvier et qui paralyse entièrement la production.

     

    Face à la mobilisation, PSA choisit le rapport de force et le blocage :

    Vendredi dernier, près de 200 grévistes investissent l'usine de PSA Saint-Ouen pour s'adresser à leurs camarades qui sont menacés par les futurs accords de compétitivité que PSA veut imposer à l'ensemble du groupe. Cette opération surprise, qui était couvert par la presse, s'est très bien passée dans une ambiance chaleureuse et détendue.

     

    La direction appelle les forces de l'ordre, les fait rentrer dans l'usine et leur demande de procéder à des interpellations et d'embarquer les salariés d'Aulnay.

     

    Malgré l'entrée de la Police dans l'usine et l'encerclement par les CRS, aucune interpellation ne sera faite.

     

    Alors qu'aucun incident n'est à déplorer, la direction de PSA organise une conférence de presse et se fend d'un communiqué insultant les salariés de « casseurs ».

    Samedi matinl'usine de Poissy qui fait des heures supplémentaires sur le flux de la C3 (véhicule produit à Aulnay) est encerclée par 15 cars de CRS sensés sans doute « protéger » l'usine d'une éventuelle venue des salariés d'Aulnay.

     

    La CGT dénonce cette politique de provocation et de blocage.

     

    La direction se trompe si elle pense qu'elle pourra empêcher les salariés d'Aulnay de s'adresser aux autres salariés du groupe.

     

    La direction se trompe si elle pense désorganiser et isoler la grève en fermant (lock-out) l'usine plusieurs jours. Les salariés ont démarré une bataille et sont déterminés à la poursuivre.

     

    La CGT dénonce la complicité évidente du Ministère de l'Intérieur et du Gouvernement. 

     

    Le premier Ministre n'avait pas précisé que sa bataille contre le chômage était de faire donner les CRS face à des salariés qui se mobilisent pour défendre leur emploi et ne pas tomber dans le chômage.

     

    Une délégation de la CGT du groupe PSA sera reçue ce matin lundi 21 janvier, au Ministère du redressement productif à 9h30 à Bercy.

     

    Une délégation des grévistes de PSA Aulnay sera reçue par le Préfet du 93 à 18h à Bobigny.

     

    Aulnay, le 21 janvier 2013

    Jean-Pierre Mercier

    DS CGT PSA Aulnay

    DS Central adjoint CGT du groupe PSA 

     

    http://cgt-psa-aulnay.fr/sites/all/themes/cgtv3/logo.png

     

    Devant le mépris affiché par la direction du groupe PSA, les ouvriers des chaines de montages ont débrayé massivement.

    En utilisant le lien que La Canaille met à votre disposition vous pourrez mesurer la marge entre l'information officielle et la réalité dans l'usine.

    Une occasion aussi de sortir votre montebourgmètre pour mesurer le niveau et le sens des interventions gouvernementales (si vous en avez achetez un, La Canaille redoute que vous vous soyez fait avoir en investissant dans un de  ces trucs qui encombrent inutilement les caisse à outil des luttes).

    Bref regardez mais aussi comparez. Au moment où Canaille le Rouge met en ligne, le Monde à l'occasion d'un débat en ligne laisse en théoricien du "je suis l'expert en auto vous donner la mixture patronale. Rien à voir avec les luttes mais plutôt deux trois ilots désertiques d'infos au milieu d'un océan d'appel à la résignation.  

    Canaille le Rouge 


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  • Dossier
     
    L’extrême droite européenne : comprendre la marée brune

    Celles et ceux qui, à gauche, sont convaincus avoir tout compris à «  la nature de l’extrême droite  » parce qu’ils ont été confrontés à un groupe ou un courant de ce bord politique, ont tort. En effet, l’extrême droite est une famille politique très muable.

     

    N’ayant pas de principes philosophiques ou de vrai projet de société à défendre – sauf l’idée que «  les êtres humains sont inégaux  », et que ses membres sont placés du côté de ceux qui doivent avoir la meilleure place –, elle est capable de s’adapter, en fonction de la période historique, au public auquel elle s’adresse, et aux contradictions sociales. Néanmoins, des classifications sont possibles à l’intérieur du spectre de l’extrême droite européenne.

    À la veille de la grande manifestation unitaire antifasciste qui se déroule samedi 19 janvier à Athènes, ce dossier a pour objectif de donner quelques éléments de compréhension de ces courants, qui ont tous en commun de défendre les rapports de domination et d’exploitation poussés à leur maximum.

     Pour mieux combattre la menace

    Une famille éclatée

    En Europe, il existe principalement deux sous-familles des formations d’extrême droite.

    Privilèges et inégalités

    À un pôle, on peut ranger des forces dont la philosophie se laisserait sommairement résumer par la phrase  : «  On ne veut pas payer pour eux  !  »

    Ces formations politiques défendront les catégories sociales auxquelles elles s’adressent, avant tout contre l’injonction à la solidarité, à payer plus d’impôts, à «  supporter le coût  » de groupes humains définis comme nécessairement inférieurs. La différence principale avec les forces conservatrices ou libérales – défenseurs de l’ordre social établi et des hiérarchies existantes – est que les forces dont il est question ici demanderont que les «  autochtones  » ou les détenteurs du «  bon  » passeport fassent – quel que soit leur statut social précis – toujours partie des couches relativement privilégiées, par rapport à d’autres. Elles intégreront une partie des travailleurs dans leur discours, s’adressant à eux pour défendre que d’autres groupes doivent toujours être plus mal traités qu’eux  : les immigrés, les «  parasites sociaux  ».

    Ces forces d’extrême droite construisent leur discours, soit sur l’expérience du colonialisme et de l’impérialisme, sur l’expérience d’un «  prolétariat blanc  » ayant vécu que d’autres occupent un statut nettement inférieur au sien  ; soit sur le rejet d’un «  État-providence  » trop développé à leurs yeux. Ainsi ont émergé, dans les pays scandinaves et à partir de la première moitié des années 1970, les soi-disant «  Partis du progrès  » (Fremskrittsparti, en Norvège ou au Danemark) qui se battaient avant tout contre une charge fiscale présentée comme trop lourde, avant d’enfourcher le cheval de bataille du refus de l’immigration. Ce parti fait aujourd’hui toujours partie en Norvège des trois premières forces politiques, même s’il a dû céder du terrain – dans les sondages électoraux et dans les scrutins municipaux de fin 2011 – suite à l’attentat commis par un ancien de ses membres, un certain Anders Behring Breivik, le 22 juillet 2011. Au Danemark, le «  Parti du progrès  » de Morens Glistrup a été supplanté, autour de l’année 2000, par une autre formation au profil similaire, le «  Parti du peuple danois  » (DFP). Depuis les élections d’octobre 2001 jusqu’à celles de septembre 2011, ce parti a participé à la majorité parlementaire, avec la coalition gouvernementale du Premier ministre conservateur-libéral Anders Rasmussen, aujourd’hui secrétaire général de l’Otan.

    Complot et alternative

    À côté de ces forces que nous pourrions qualifier de nationales-libérales ou nationales-­conservatrices (hostiles à l’immigration, avant tout extra-européenne ou musulmane), nous trouvons un autre type de parti, dont la philosophie fondamentale pourrait être exprimée par la phrase  : «  Ceux qui nous gouvernent nous détruisent, et font partie d’un complot contre la (les) nation(s)  ». Ces forces ne se battent pas uniquement contre un ennemi vu comme placé «  en bas  » de la hiérarchie sociale, mais à toutes les marches de l’échelle sociale. Elles ont souvent recours à des théories du complot, telles que celles sur les juifs et / ou les francs-maçons, développées à partir de la fin du XVIIIe siècle (d’abord pour expliquer la «  catastrophe  » de la Révolution française aux yeux des contre-­révolutionnaires, puis pour expliquer les crises du capitalisme et l’accumulation des richesses). De telles formations peuvent se définir plutôt comme «  nationalistes-révolutionnaires  », ou «  national-socialistes  », ou comme des «  rebelles anti-système  ».

    Dans cette catégorie, on pourrait ranger le NPD allemand, mais aussi le «  Jobbik  » hongrois, un parti quasiment néo-national-socialiste. Des ambiguïtés peuvent cependant exister, et des formations importantes peuvent osciller d’un pôle à l’autre. C’est le cas du Front national français pendant une partie de son histoire, passant d’un parti cherchant des alliances à droite (et ayant des électeurs surtout issus de celle-ci) dans les années 1980, puis se présentant davantage comme un «  parti anti-système  » et attirant aussi des électeurs frustrés et désorientés de la gauche à partir du début des années 1990. C’est la période où certains stratèges du FN font le pari qu’avec la chute du bloc soviétique, «  le marxisme est définitivement mort  », et que leur propre parti constitue «  la seule alternative  » pour les victimes sociales du système. La stratégie ne marchera pas comme prévu, mais il est vrai qu’on constate une certaine «  prolétarisation  » de l’électorat du FN entre les scrutins de 1986-88 et ceux de 1995. Une partie de cette stratégie, dite du «  tournant social  » du FN, sera néanmoins abandonnée plus tard.

    L’extrême droite s’adapte

    Des éléments de l’histoire sociale des pays entrent aussi en ligne de compte. Ainsi, en Europe de l’Est (en dehors de la Bulgarie qui compte une minorité musulmane), un discours postcolonialiste et surtout dirigé contre les immigrés musulmans n’a aucun sens  : il ne collerait aucunement aux réalités sur le terrain. On y trouve surtout un racisme dirigé contre les Roms, mais aussi un antisémitisme complotiste souvent plus fort qu’en Europe occidentale, censé aider à expliquer les transformations économiques et sociales radicales ayant eu lieu depuis 1989.

    Dans des pays connaissant des conflits de redistribution interne, comme en Belgique entre la Flandre (historiquement dominée mais, depuis 40 ans, plus riche et refusant la péréquation) et la Wallonie, ou encore en Italie entre le Nord et le Sud, des discours nationalistes à tendance ethnicisante et xénophobe peuvent prendre appui sur un régionalisme exacerbé. À ses débuts, par exemple, la «  Ligue du Nord  » italienne vociférait contre ses compatriotes du Sud en prétendant que «  la barbarie africaine commence au sud de Rome  ». Aujourd’hui, elle a un peu arrondi les angles, cultivant des projets politiques au niveau de l’État fédéral italien – en janvier 2013, la Ligue du Nord s’est (pour la troisième fois) allié à la droite de Silvio Berlusconi pour les élections législatives de fin février.

     L’internationale brune vue du Front national

    La coopération internationale des partis d’extrême droite n’a jamais été une chose aisée. Leurs leaders aspirent trop souvent au statut du chef plus important que les autres. Aussi faut-il tenir compte des inimitiés sur fond de nationalismes concurrents, voire de haines historiques tenaces enfouies dans le passé.

    Au moment de la fondation du FN français, en octobre 1972, il se fait épauler par un parti déjà bien implanté dans un pays voisin  : le MSI (Movimento sociale italiano), le parti néofasciste italien. C’est d’ailleurs de lui que le FN naissant reprend son futur symbole, l’emblème de la flamme tricolore. Dans l’original, cette flamme se présente avec les trois couleurs vert, blanc et rouge – celles du drapeau italien – et a une signification historique précise  : après la Seconde Guerre mondiale, elle symbolise l’âme de Benito Mussolini, fondateur du fascisme historique, qui s’échappe de son cercueil pour «  monter au ciel  ».

    Néanmoins, malgré le fait qu’un parti «  étranger  » avait aidé à le porter sur les fonds baptismaux, le FN français ne s’est pas inséré dans une forme d’«  internationale  » brune. Ses coopérations internationales seront toujours plus informelles, moins structurées.

     Tensions au cœur du parlement européen

    Les choses changeront en 1989, alors que des députés du FN entrent pour la deuxième fois au Parlement européen. À partir de juin 1989, plusieurs partis d’extrême droite y seront représentés conjointement, rendant possible la formation d’un groupe – l’Europe est alors encore formée de quinze membres. Un groupe «  des droites nationales  » va naître à partir de la coopération du FN, du parti «  Die Republikaner  » allemand (entré pour la première fois au Parlement avec 7, 1 % des voix) et des vieux routiers du MSI italien. Le groupe explosera, de fait, au cours des mois suivants. Plusieurs litiges le traversent.

    Premièrement, des revendications territoriales et ambitions expansionnistes inhérentes à certaines visions du nationalisme, notamment entre Allemands et Italiens. Deuxièmement, les Français du FN et les «  Republikaner  » allemands sont nettement plus obsédés par la question de l’immigration que le MSI de l’époque, resté jusque-là pour l’essentiel une terre d’émigration. Les Italiens se battent donc plutôt sur d’autres questions idéologiques – ordre moral, place de la religion, autorité de l’État –, et moins sur celle de l’immigration.

     L’internationale des nationalistes  ?

    Pendant plusieurs années, il n’y aura plus de groupe commun au Parlement européen. Cependant, il existera d’autres formes de coopération. Jean-Marie Le Pen poursuivra, pendant la seconde moitié des années 1990, son projet de construction d’une «  Internationale des nationalistes  », baptisée «  EuroNat  ». Au congrès du FN à Strasbourg, fin mars et début avril 1997, les invités des partis-frères participant à «  EuroNat  » sont ainsi mis à l’honneur. Aux côtés de partis d’Europe de l’Ouest de taille plutôt réduite, on y trouve «  ­Fiamma Tricolore  », un groupe de nostalgiques de l’ancien MSI (devenu «  Alleanza Nazionale  » en 1995), qui refuse la mue «  postfasciste  » impulsée dans ce parti par Gianfranco Fini. On rencontre notamment des partis d’Europe centrale et de l’Est, tel le «  Parti de la vie et de la vérité  » (MIEP) de l’écrivain antisémite Istvan Csurka, l’un des prédécesseurs du futur «  Jobbik  ». Jean-Marie Le Pen ne sera pas peu fier, d’ailleurs, de préciser aux congressistes rassemblés à Strasbourg qu’il a réuni des représentants du parti ultranationaliste croate, HOS, et des représentants du «  Parti radical serbe  » (SDS). Ceci alors que Serbie et Croatie se faisaient encore la guerre il y a peu. Jean-Marie Le Pen justifiera cependant que cela n’était pas un obstacle à ses yeux  : «  Dans la famille des nationalistes, on ne parle pas des affaires de famille à table. On parle de ce qui nous rapproche, et on règle les problèmes de famille en dehors de la salle.  » À la kalachnikov  ?

    Le FN est alors plutôt isolé parmi les grands partis d’extrême droite (ayant des succès électoraux) en Europe de l’Ouest. Désigner un autre chef d’extrême droite comme «  méchant raciste  » – pour apparaître soi-même comme plus «  modéré  » – était un moyen prisé par les leaders des principaux partis. L’Autrichien Jörg Haider dira ainsi, en 1997, qu’il n’a «  rien à voir  » avec Jean-Marie Le Pen, qui lui serait un raciste… De plus, en matière de politique extérieure, la direction du FN est devenu anti-atlantiste et anti-américaine au sortir des années 1980 (alors que Jean-Marie Le Pen s’était plusieurs fois présenté comme «  le Ronald Reagan français  »). Le FN s’inscrit tellement dans une rupture avec le «  Nouvel Ordre mondial  », prôné par George W. Bush en 1991 au moment où il clôt la guerre contre l’Irak de l’époque, qu’il salue l’émergence de tous les mouvements nationalistes ou identitaires dans le monde… y compris des mouvements islamistes. Il le fait dans le sens de l’«  ethno-pluralisme  » développé par la «  Nouvelle Droite intellectuelle  » dans les années 1970  : il est sain que les autres «  cultures  » découvrent aussi leurs racines, dont les musulmans, à condition qu’ils se limitent à leur sphère géographique «  naturelle  » et arrêtent de se mélanger avec les Européens.

    Cependant, l’affaire est plutôt mal comprise par la plupart des autres grands partis d’extrême droite. Ceux-ci ne trouveront pas du tout sérieux, par exemple, que Jean-Marie Le Pen rencontre Necmettin Erbakan, le chef de file des islamistes turcs alors nettement plus radicaux qu’aujourd’hui (et qui vient de se faire débarquer du poste de Premier ministre par l’armée), fin août 1997 au bord de la mer Egée. Le FN français portera d’ailleurs, aux yeux de certains autres partis européens d’extrême droite, ce stigmate de «  sympathie pour les ennemis de l’Occident (chrétien ou moderniste)  » jusqu’à la fin de l’ère Jean-Marie Le Pen. Ses déclarations de sympathie répétées à l’égard du régime iranien valent à Jean-Marie Le Pen de sérieuses méfiances de la part de ses pairs européens. Ce sera sa fille Marine Le Pen, une fois arrivée à la tête du FN en janvier 2011 qui tentera de rectifier le tir en matière de politique internationale, adoptant une ligne qui définit «  l’islam radical  » comme ennemi principal, plus consensuelle parmi les grands partis d’extrême droite d’Europe de l’Ouest.

     Élargissement à l’Est

    À partir de la grande crise du FN – la scission Le Pen-Mégret de 1998-99, et la forte perte de militants consécutive –, la structure «  EuroNat  » se met en sommeil. Le FN va alors soigner ses relations bilatérales avec d’autres partis, parfois parmi les moins «  présentables  », tel que le parti ukrainien «  Svoboda  » (Liberté), à l’idéologie quasiment national-socialiste, qui vient de fêter des succès électoraux en décembre 2012. Une délégation de ce parti a visité le siège du FN à Nanterre en 2009.

    Au Parlement européen, une nouvelle tentative de rassemblement à l’extrême droite sera faite en 2007, année de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union européenne. De nouveaux députés européens sont élus, dont des élus du «  Parti de la grande Roumanie  » (PRM) et du parti ultranationaliste bulgare «  Ataka  ». Le seuil de 15 députés, nécessaire pour former un groupe, est tout à coup franchi. Ainsi, des élus du FN, du FPÖ autrichien, des élus italiens (dont Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce) et de Flandre se regroupent avec les Roumains et les ­Bulgares.

    Mais, le groupe ne passera pas l’année 2007. En novembre, des pogroms contre des Roms – accusés de violer des femmes italiennes – éclatent dans plusieurs villes d’Italie. La députée européenne Alessandra Mussolini profère des discours de haine, qu’elle adresse à tous les ressortissants roumains, demandant même l’expulsion de l’ambassadeur de Roumanie du sol de son pays. Ce qui ne plaît guère aux députés du «  Parti de la Grande Roumanie  », qui se plaignent qu’on puisse confondre Roms et «  vrais Roumains  ». Et le groupe explose  !

     Les néonazis grecs

    En Grèce, le parti néonazi «  Aube ­Dorée  » (Chryssi Avghi), se trouve en pleine croissance. Ce parti est pour le moment évité par la plupart des grandes formations d’extrême droite en Europe occidentale, à cause de ses relents trop ouvertement pro-nazis, négationnistes et antisémites. Il partage en effet le profil des formations pro-national-socialistes, mais avec une particularité qui réside dans ses forts liens avec les forces armées de l’État grec. Ainsi dans les bureaux électoraux autour de la Préfecture de police à Athènes, là où vote un grand nombre de policiers, l’Aube Dorée a obtenu entre 17, 2 % et 24, 04 % des voix aux élections de mai et juin 2012, contre environ 7 % au niveau national, ce qui révèle sa forte popularité parmi les policiers. Le journal du parti demandait, en novembre 2012, ouvertement une prise de pouvoir par l’armée…

    Ces rapports remontent à la période de la dictature militaire en Grèce (1967-1974), voire même à la période de la guerre civile grecque de 1946-1949, et les premiers activistes du parti militaient en faveur d’une amnistie des crimes des colonels grecs. La deuxième étape dans la formation du parti sera fournie par la vague de mobilisations nationalistes en 1993-94, vague parcourant la Grèce en lien avec les conflits dans les Balkans. L’objet de ces mobilisations est alors surtout de demander la non-reconnaissance du nom de la République (ex-yougoslave) de Macédoine, ce nom devant être réservé – en raison des origines macédoniennes d’Alexandre le Grand – à la nation grecque. Le pays voisin ne devant, selon les ultranationalistes, s’appeler tout au plus que «  République de Skopje  ».

    Un parti de crise…

    Mais c’est évidemment la grave crise économique qui a donné des ailes au parti néonazi. En 2012, celui-ci a pu remplacer le LAOS, l’ancienne formation historique de l’extrême droite grecque. LAOS est une formation politique fondée en 2000 par un ancien député de la Nouvelle Démocratie, le parti traditionnel de la droite qui abritait plusieurs mouvances d’extrême droite. Ce parti avait d’abord, en 2010, soutenu les plans d’austérité au nom du «  sauvetage de l’État  », avant d’entrer dans un gouvernement d’union nationale… puis d’en ressortir en critiquant l’austérité juste avant les élections. Ce zig zag n’aura pas été apprécié par les électeurs de la droite nationaliste, qui ont alors donné leurs faveurs plutôt à «  Aube Dorée  », qui obtient 21 puis 18 députés lors des deux élections législatives de 2012, LAOS n’ayant aucun député.

    «  Aube Dorée  » a donc obtenu près de 7 % des voix à deux reprises. Mais aujourd’hui, les sondages électoraux lui donnent des scores à venir à deux chiffres, entre 10, 5 et 14 % des voix en cas d’élection anticipée, ce qui ferait de lui le troisième parti après la Nouvelle Démocratie et Syriza. Ses milices terrorisent les immigréEs, à la grande joie des patrons qui les embauchent et des propriétaires des appartements qu’ils louent, souhaitant l’écrasement social des populations immigrées, pour qu’elles «  ne revendiquent pas  ». Et la crise économique et sociale pousse des électeurs frustrés dans ses bras. «  Aube Dorée  » a aujourd’hui mis en place des embryons de pseudo-syndicats, chez les chauffeurs de taxi, dans la société des transport d’Athènes… Des antennes du parti ont vu le jour en Italie, mais aussi chez des émigrés grecs à New York et Montréal.

    Cependant, pour le moment, sa trop forte odeur brune fait que l’extrême droite «  parlementaire  » européenne garde encore ses distances. Un futur fort succès électoral du parti pourrait, cependant, remettre en question ces prises de distance.

    Dossier réalisé par Bertold du Ryon (pour la commission nationale antifasciste du NPA)


    * Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 178 (17/01/12).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article27626


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