Le groupe ArcelorMittal a confirmé ce matin en conseil d'entreprises les rumeurs qui enflammaient le bassin liégeois depuis mercredi : pas moins de 1.300 emplois seront prochainement supprimés chez Cockerill, qui s'ajoutent aux 795 emplois déjà supprimés lors de la fermeture de la phase à chaud.

C'est cette fois à ce qui était présenté comme l'avenir de la sidérurgie liégeoise que s'attaque la maison-mère de Cockerill, à savoir les usines de finition de la phase à froid. Seraient condamnées, selon les premières informations émanant du conseil d'entreprise et en sus de la cokerie et du département « énergie » : le laminoir (TLB) de Chertal, une des deux filières de laminage à froid de Tilleur, les lignes de galvanisation 4 et 5 à Flémalle et les lignes d'électrozingage HP3 et HP4 de Marchin.

Arcelor compte garder 800 emplois

ArcelorMittal Liège a informé ce jour avec regret le Conseil d’Entreprise local de son intention d’arrêter définitivement un certain nombre d’installations supplémentaires en raison de la dégradation de l’économie européenne induisant un faible niveau de demande pour ses produits », précise la maison-mère de Cockerill dans un communiqué. « Malheureusement, depuis octobre 2011 (l'annonce de la fermeture de la phase à chaud, NDLR), les perspectives économiques se sont détériorées davantage. La demande d’acier en Europe a chuté de 8- 9 % en 2012 par rapport à l’année précédente et est actuellement 29 % en dessous des niveaux d’avant crise. Un certain nombre de nos clients clés du secteur automobile ont annoncé des projets de restructurations majeures sur leurs sites. En conséquence, il n'y a pas de demande suffisante pour supporter la continuité des installations flexibles de Liège et aucune amélioration n’est prévue à moyen terme. »

ArcelorMittal, qui affirme que « le site de Liège a accusé une lourde perte opérationnelle de plus de 200 millions d'euros  pour les 9 premiers mois de 2012 et aucune amélioration n'est prévue en 2013 en raison de la détérioration du marché européen », dit vouloir continuer à exploiter les cinq lignes stratégiques restantes qui représentent environ 800 emplois.

« Nous regrettons profondément que la situation économique se soit davantage détériorée et ait mené à la présentation de ce projet impliquant de nouvelles fermetures nécessaires à la rentabilité du site de Liège. Nous reconnaissons que cette annonce est très difficile pour les membres du personnel de Liège, particulièrement dans un délai aussi proche de l’annonce de fermeture de la phase liquide », commente Bernard Dehut, le patron d'ArcelorMittal Liège.

« Nous avions espéré que cette fermeture soit suffisante pour nous adapter à la demande réduite. Mais en raison du faible niveau de demande et de l’économie européenne, il est devenu de plus en plus évident que des actions complémentaires sont nécessaires pour endiguer les pertes du site. Nous invitons les représentants syndicaux à entrer dans un dialogue constructif pour garantir l'avenir des installations que nous voulons maintenir à Liège ».

Les syndicats reprochent aux politiques leur inertie

Les syndicats d'ArcelorMittal ont lancé un appel à la grève sur tous les sites du groupe sidérurgique, ont annoncé les organisations des travailleurs à la sortie du conseil d'entreprise extraordinaire qui se tenait à Flémalle.

Les organisations syndicales veulent ainsi manifester leur désapprobation à la suite de cette annonce qui concerne 1.300 des 2.700 emplois du site. « Nous allons mettre sur pied un plan d'actions syndicales », a affirmé un des représentants à sa sortie de la réunion.

Plusieurs assemblées générales du personnel se tiendront lundi sur les différents sites. Les représentants syndicaux vont aussi interpeller les responsables politiques à qui ils reprochent leur inertie. D'autres actions syndicales sur d'autres sites ne sont pas à exclure.

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