•  Elles nous endettent et nous infectent [♫ ♫ de circonstance]

     Il y a moins d'une semaine La Canaille vous entretenait de "la dette" et affirmait contre toute idée reçue véhiculée par les médias officiels que les banques ne sont pas créancières mais débitrices devant les peuples.

     

    Cet article de Danielle Bleitrach, partant d'un autre versant de la même montagne de mensonges idéologique à dominer apporte des éléments pour étoffer nos argumentaires.

    Canaille le Rouge  le livre à votre réflexion:

     

    Le secteur bancaire européen de plus en plus vérolé et nous allons payer la note par Danielle Bleitrach

     

    19 déc

    Elles nous endettent et nous infectent

     

    "Vendredi 16 décembre, dans l’indifférence générale une information de la BCE est tombée : le montant des mauvaises créances détenues par les banques européennes a augmenté pour représenter plus d’un quart de leur capital.

     Ces données, arrêtées, fin juin -mais il y a toute chance pour que le pourcentage ne se soit pas amélioré depuis au contraire- concernent 4700 banques européennes. Dans l’ensemble, les mauvaises créances représentent 27 % du capital des banques.

     Si je dis qu’il y a peu de chance que cela se soit amélioré c’est qu’il faut considérer la courbe au-delà des données de juin : en 2010, c’était 25% du capital bancaire qui était vérolé, et en 2009 20%. Donc cela confirme ce que je ne cesse de vous répéter, les banques européennes ont de plus en plus de mal à emprunter sur le marché des capitaux et seuls les petits arrangements des sommets européens leur donnent de l’air leur permettant de continuer en toute impunité, vu que le sytème européen a fait des banques privées le goulet obligatoire du fonctionnement des Etats  et ce sans le moindre contrôle sur leurs pratiques financières qui restent d’abord spéculatives.

    Résultat les bénéfices des banques ne cessent d’augmenter durant la même période dans la zone euro mais d’une manière inégale ce qui démontre là encore que l’espace monétaire commun fonctionne comme une aggravation de la concurrence : Les bénéfices des banques ont globalement augmenté malgré la crise dans la zone euro. Le résultat net agrégé des banques allemandes s’est établi à 5,8 milliards d’euros, au lieu de 4,3 milliards auparavant. Le profit des banques françaises est passé de 14 à 14,5 milliards. Celui des établissements italiens est passé de 4,2 à 4,9 milliards. Les banques espagnoles en revanche ont vu leur profits tomber de 10,7 à 9,1 milliards. Celui des banques britanniques a baissé de 16,9 milliards, pour tomber à 8,4 milliards. A noter que la seule chose qui fait que l’économie britannique et la dette souveraine de ce pays conserve quelque crédit pour les agences de notation est que justement l’Angleterre n’appartient pas à la zone euro et qu’elle détient donc le volant de la monnaie perdu dans la zone euro au profit d’un secteur bancaire en pleine spéculation et concurrence. (souligné par moi C le R).

    Donc si l’on revient à l’annonce de la BCE quelle importance cela aurait-il que les banques augmentent dans un même mouvement la part de leur capital vérolé et leurs profits. Rien si ce n’est que notre emploi, notre pouvoir d’achat, nos protections sociales sont embarqués  dans le train fantôme de l’euro et de sa soumission à un secteur bancaire complètement vérolé.

     Il faut comprendre que Ces chiffres interviennent alors que certains craignent un tarissement des sources du crédit au niveau international. Les banques pourraient alors très fortement réduire leurs prêts aux entreprises et aux ménages de façon à rester en conformité avec les nouvelles règles en matière de ratios prudentiels qui entreront en vigueur l’an prochain. On établit une fois de plus des règles conformes à l’ultralibéralisme sans pour autant prétendre maîtriser le crédit et donc son incidence sur l’économie et la croissance. La spéculation va continuer mais le prêt aux ménages et aux entreprises se raréfier.

    Bref dans un tel contexte on voit mal comment la récession pourrait miraculeusement disparaître et l’économie de la zone euro, la France en particulier pourrait aller vers la croissance au printemps 2012.

    Qui dira qu’il faut maîtriser le train fantôme en nationalisant le secteur financier et pas seulement son endettement et que pour cela il faut sortir de l’euro en retrouvant la maîtrise de la Banque de france sur la monnaie abandonnée en 1973 et vendu comme modèle à l’Europe…

    Qui peut faire quoi avec quel résultat voilà la seule vraie question des élections à venir, tout le reste n’est qu’anecdote…

    Danielle Bleitrach"

     

    Publié par histoireetsociete le décembre 19, 2011 dans actualités, Economie, Europe

    Par canaille le rouge  


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  • Ils sont nés la semaine dernière et vont passer les fêtes de Noël dans des squats situés à Rennes et à Saint-Sulpice-la-Forêt, commune limitrophe. Deux bébés de réfugiés mongols qui, à défaut de logements, ont trouvé un toit grâce aux réquisitions de l’association Droit au logement.

    Des conditions de vie très difficiles. À Saint-Sulpice, ils sont 17 dans une maison pour quatre personnes dont Oyun et son fils Yalguunsarnaï né le 13 octobre dernier. Un combat quotidien contre le froid et l’humidité avec une alimentation électrique vacillante et pratiquement pas d’eau chaude.

    Voir notre reportage vidéo avec le témoignage d'une maman.

    Plus d'infos : http://dal35.blogspot.com/

    Source : http://www.ouest-france.fr/

    http://www.latetocarhaix.org/


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  • Par Danielle Bleitrach

    Piranèse: les prisons

    Bleitrach 75

    Si Lénine est toujours au purgatoire… Il y a incontestablement un retour à Marx.

     

    Evidemment Lénine a eu le mauvais goût de prendre le pouvoir.. En fait si l’on suit l’analyse de Jameson l’incapacité dans laquelle nous sommes de toute historicité et la barrière qui est mise à l’action rend Lénine hors de portée intellectuelle et de Marx nous ne conservons que l’analyse critique de ce qui est, le diagnostic… Ce n’est pas seulement parce que la classe dominante imposerait une telle limitation du marxisme mais parce que celle-ci reflète l’enfermement dans la machine infernale. Donc parler de l’apport de Frédéric Jameson comme bien des penseurs qui ont opéré un retour à Marx c’est à la fois se maintenir dans les limites du diagnostic et de la critique mais c’est aussi tenter de comprendre pourquoi nous sommes ainsi paralysés.

     

    Il me semble toujours à propos de Lénine et de sa mise au rebut que ce rejet reflète l’impossibilité d’envisager l’action politique qui est tout de même son principal apport. Il y a dans notre pensée une séparation entre le but final et le processus, le mouvement, tout devient « question d’actualité » sans rapport avec aucune évolution d’ensemble, sans lien avec la lutte des classes. Un exemple avec « les révolutions arabes », si elles ont réintroduit sur le devant de la scène  l’acteur historique, non seulement la représentation que nous en avons à gommé l’aspect lutte des prolétaires mais de ce fait nous demeurons incapables de penser qu’il y a là un processus mû par la luttes des classes qui rend tous les moments politiques transitoires, instables.

     

    J’y reviendrai mais un philosophe des Etats-Unis Frédéric Jameson – récemment traduit- parle d’une pathologie de l’histoire, c’est-à-dire la perte du sens du futur, une crise de l’imaginaire lui-même.

     

    Il y a bien sûr la crise à la fois économique et écologique qui bouche l’horizon mais aussi le fait que le capitalisme dont il dit qu’il est à son stade “tardif” apparaît de plus en plus comme une machine infernale dans lequel nous sommes enfermés, nous tous ensemble, 7 milliards d’individus.  C’est de l’ordre de la science-fiction telle qu’un romancier comme Philip K. Dick pouvait la penser dans les années soixante et soixante et dix.  Pour Frédéric Jameson en fait il s’agit de la question politique de l’utopie pour tenter de dépasser cette barrière derrière laquelle l’humanité est sidérée, ce que Marx définissait comme l’idéologie et qu’il appelle l’inconscient politique. S’il substitue ce concept à celui d’idéologie c’est pour dépasser l’idée d’une fausse conscience plus ou moins contenue dans le terme idéologie. Il conserve le lien marxiste entre l’infrastructure capitaliste, l’économie, le travail, les forces productives et la superstructure, la culture, les représentations, les médias, le droit, les arts, la représentation qu’une société donne d’elle-même. Il tente d’articuler cette superstructure avec l’apport de Freud dans la compréhension de la sphère idéelle et celui de Lévi-Strauss qui permet d’intégrer les phénomènes culturels dans des grands systèmes de pensée. Il est à la recherche par-là entre les subjectivités individuelles, les formes d’expérience de chacun avec le réel social et historique qui dans la culture fonctionnerait comme un langage, un inconscient structuré comme un langage.

     

    Un des problèmes de la machine infernale que serait le capitalisme à son stade tardif est que nous sommes incapables de nous représenter le monde dans lequel nous sommes, d’en établir la cartographie pour pouvoir agir individuellement et collectivement, nous n’appréhendons plus ni le passé, ni le présent, ni le futur. Notre historicité est endommagée gravement.

     

    « Nous ne voyons pas d’alternative. Cela nous conduit à un retour à Marx et à son analyse de cette immense machine totalisante qu’est le capital. Nous serions alors amenés à voir que l’effondrement du communisme en Europe de l’Est n’aurait été remplacé ni par un autre socialisme ni par le triomphe du libéralisme, mais au fond par un effondrement financier et écologique du capitalisme, incapable de construire notre avenir ». dit jameson.

     

    Il est clair que l’on a rarement vu un tel niveau de démission. Les espèces de réunions mondiales des puissants paraissent d’une telle vanité avec des politiques soumis à des espèces de pseudos lois de phénomènes incontrôlables autant sur le plan du climat que celui des marchés.

     

    On songe à ce texte de Lénine : « la catastrophe imminente et les moyens de la conjurer ». Ce qui a effectivement caractérisé Lénine c’est alors que plus personne ne savait comment gérer la tempête qu’avait déchaînée la première guerre mondiale, il dit « nous Bolcheviques nous acceptons de prendre le pouvoir » et il a chevauché la tempête sans nécessairement la maîtriser d’ailleurs. Un tel positionnement révolutionnaire aujourd’hui paraît de l’ordre de l’impossible, je ne sais pas s’il est impossible mais il paraît tel.

     

    Danielle Bleitrach

    http://histoireetsociete.wordpress.com/2011/12/18/la-machine-infernale-du-capitalisme-tardif-selon-frederic-jameson/


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  • Bernard CONTE
    Economiste politique

    dimanche 18 décembre 2011, par Comité Valmy

     

    Démasquons les Insiders !

    Depuis le début de la crise en 2008, le capitalisme financiarisé est en danger. Des critiques fusent, des mouvements se créent (les indignés), des populations contestent dans la rue, parfois violemment (en Grèce)… La convergence de ces démarches pourrait déboucher sur une « révolution » fatale aux financiers et à leurs serviteurs.

    Menacé, le système réagit. Tout d’abord, comme à l’habitude, les medias complices occultent toute critique ou remise en cause et en mettent en avant le discours d’ardents défenseurs (experts, politiciens…) du capitalisme financiarisé. Il ne se passe rien, il n’y a pas d’alternative ! Circulez, y a rien à voir !

    Mais, notamment, Internet, les réseaux sociaux,… diffusent l’information interdite et donnent la parole à la critique acerbe, ce qui rend caduque la stratégie « négationniste » et fragilise le système. Les medias « officiels » ne peuvent plus feindre d’ignorer.

    C’est alors que ledit système réagit en instrumentalisant et en médiatisant fortement une vague de critiques émanant de personnalités ayant été, à des degrés divers, impliquées dans la promotion, la défense ou la mise en œuvre de la mondialisation néolibérale (les insiders). Il s’agit de critiques « internes ».

    C’est ce qu’il s’est produit, après la crise asiatique de 1997-1998, lorsque des personnalités comme Joseph Stiglitz, George Soros, Paul Krugman, Jeffrey Sachs… ont vivement dénoncé le « fondamentalisme du marché ». Parmi ces critiques des insiders, c’est celle de Stiglitz qui a eu la plus grande portée médiatique. D’autant plus que cette critique est devenue une critique « externe » après sa démission de la Banque mondiale en novembre 1999. La caractéristique commune de ces critiques était un soutien à l’économie de marché (avec plus ou moins de réserves), la certitude que la mondialisation est souhaitable mais que sa mise en œuvre a été parfois problématique. En fait, derrière une rhétorique parfois virulente, se cachent quelques maigres propositions d’aménagement réel du système.

    La réaction à la crise actuelle semble suivre le même processus. Vont émerger ou sont déjà apparues des critiques émanant « d’experts » et du personnel politique instrumentalisés. À mesure que la crise s’accentuera, le discours sera de plus en plus radical, voire révolutionnaire… et largement médiatisé. Mais les propositions de réforme resteront limitées ou vite oubliées. Il s’agit, avant tout, en agitant les marionnettes des insiders, de séduire les populations pour sauver le capitalisme financiarisé.

    Alors, démasquons les insiders !

    Site : http://conte.u-bordeaux4.


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  • A 02 h 00 cette nuit, le cargo TK BREMEN, s'est échoué à 2 kilomètres de l'embouchure de la ria d'Etel. Il avait quitté le port de Lorient, dans l'après-midi, pour aller se mettre à l'abri au nord de l'île de Groix, sur sa route vers l'Angleterre. 

    A 00 h 40, il demande assistance au CROSS d'Etel, mais seul le remorqueur Abeille Bourbon pourra intervenir à 01 h 36.   A 02 h 00, le TK BREMEN alerte le CROSS Etel qu'il vient de s'échouer au sud de la ria d'Etel. A 03 h 00, l'hélicoptère NH 90/ caïman marine de la B.A.N. de Lanvéoc-Poulmic assurera le sauvetage des 19 membres d'équipage.

    Selon un communiqué de la préfecture du Morbihan, le plan POLMAR a été déclenché après constatation d'une fuite d'hydrocarbures sur l'une des cuves, formant une nappe d'1 kilomètre sur 5 mètres en direction de la plage d'Erdeven, entre Lorient et la presqu'île de Quiberon.

     

    Il est 0H845 quand Philip arrive sur zone, pour vous ramener ces images impressionnantes et  inédites !

     

    ERDEVEN-DEC2011 5624 1

     

    ERDEVEN-DEC2011 5641 1

    La suite du reportage http://www.philip-plisson-blog.com


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  • Haltes aux charognards !

    Les états sont sous tutelle et si l’un d’eux commence à faire le zigotto, sa note est baissée ce qui implique une hausse des intérêts  et donc une cure d’austérité pour les citoyens qui n’ont rien demandé. Le peuple est donc soumis à une augmentation des cadences et à une baisse de son pouvoirs d’achat, uniquement pour enrichir une caste de parasites. Paradoxalement, un état dont la note est baissée est encore plus intéressant à pressurer puisque ses taux d’intérêts augmentent et qu’en cas de dépôt de bilan, il suffira aux financiers de se servir en privatisant tous les services encore publics. La dette est une monnaie comme une autre et s’achète comme une marchandise.
    Il est plus lucratif de prêter à la Grèce à un taux de 7% plutôt qu’à un autre état à 3% qui a gardé sa note selon le principe qu’un état n’est pas faillible. L’abolition de la moitié de la dette grecque fut un véritable cadeau empoisonné pour elle, ce qui lui permet de continuer à survivre à genoux car il est plus difficile d’exploiter un cadavre alors qu’un moribond a encore quelques ressources en matière de services publics à privatiser. La Grèce est à dépecer et les charognards ne vont pas se gêner.


    Il s’agit bien d’un monde de fou que celui que nous devons subir au quotidien, le monde du capitalisme livré à lui-même, l’argent qui n’a conscience que de lui-même. Les financiers gouvernent le monde et leur pouvoir est devenu considérable. Pour dégommer l’indécrottable « Bouga-Bounga », il a fallu sortir l’artillerie et sa démission a certainement été négociée, afin qu’il reste dans l’échiquier politique et ceci, dans le but de lui éviter la case « prison » ! Les dettes ont été titrisées et elles génèrent du profit. On achète le titre comme on achète un produit ordinaire. La misère de certains est une source d’enrichissement pour d’autres. La bourse n’est plus qu’une société de bookmakers où l’on va miser sur un canasson ou … sa mise à mort !

    Par Parti Communiste Français section Eu le Tréport

     

     


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  • le Blog de notre Camarade Sylvie Nony, prof au Caire, qui nous apporte non seulement des infos inédites mais aussi et surtout, une analyse des évènements graves qui se produisent en Égypte, en ce moment.

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    Je vous invite avec insistance, à lire tout particulièrement les deux derniers articles :

     Deux Nouvelles
     Coup de Force

    http://bellaciao.org/fr


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  • Les « sages » ont tranché dans le vif! Plus de 2.000 médecins étrangers expulses avant la fin de l'année ?


    Clotilde Cadu - Marianne


    Les praticiens hospitaliers ayant obtenu leur diplôme en dehors de l’Union européenne pourraient être interdits d’exercer, et donc potentiellement expulsables, à partir du 31 décembre 2011. Le Conseil constitutionnel a en effet censuré un article de la loi sur le budget de la Sécu pour 2012 prolongeant leur autorisation d’exercice.


    La décision est tombée comme un couperet. Jeudi 15 décembre, le Conseil constitutionnel a censuré l’article de la loi sur le budget de la Sécurité sociale pour 2012 qui autorisait les médecins à diplôme étranger à exercer en France. Une véritable catastrophe pour ces 2 à 3.000 toubibs, originaires, essentiellement, d'Afrique ou d'Asie, et pour les hôpitaux qui, sans eux, ne « tourneraient » pas.


    L’ amendement censuré prolongeait en effet l’autorisation d’exercice de ces médecins du 31 décembre 2011 au 31 décembre 2014, leur laissant le temps de passer un examen d’équivalence. « Légalement, les médecins étrangers vont devoir arrêter de travailler à la fin du mois », s’alarme Salem Ould Zein, président du Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (SNPADHUE ). Sans travail et sans revenu, certains n’auront d’autre choix que de regagner leur pays d’origine. Déjà, au mois d’octobre, avant que le Parlement ne vote en faveur de cet amendement salvateur, un certain nombre de médecins avait reçu des lettres de reconduite à la frontière émanant du Préfet. « Nous sommes dans une situation vraiment inattendue. Il y a urgence à trouver une solution d’attente, des dérogations, par exemple, pour permettre aux médecins étrangers d’exercer et de rester en France », poursuit Salem Ould Zein. Dans le département de l'Orne, par exemple, 16% des médecins sont étrangers.


    A l'hôpital d'Argentan, sur 32 spécialistes, 12 sont titulaires d'un diplôme étranger, tandis qu'au centre psychothérapique d'Alençon, plus d'un tiers des praticiens sont menacés.


    La (mauvaise) surprise est d’autant plus grande que les Sages du Conseil constitutionnel ont justifié leur censure par un « cavalier législatif ». Ils ont estimé que l’article n’avait rien à faire dans une loi de financement de la Sécurité sociale. En 2007, la date butoir imposée aux médecins étrangers pour exercer en France avait été fixée au 31 décembre 2011, dans le cadre d’une précédente loi sur le budget de la Sécu. Les Sages n’avaient alors rien trouvé à y redire. 


    Le gouvernement, surpris également par cette décision, réfléchit à un« vecteur législatif plus approprié », dans les meilleurs délais.


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  • Chili : La droite réveille son anticommunisme contre Camila Vallejo et le mouvement étudiant


    Par Juan Carlos Cartagena, Rebelion

    Samedi 17 décembre 2011 
    par auteurs à lire

    Camila Vallejo 01    Camila Vallejo 02

    La classe dirigeante chilienne a utilisé l’épouvantail de l’anticommunisme pour entreprendre la politique destinée à préserver ses privilèges. Elle a inoculé dans l’inconscient collectif la terreur d’une doctrine appelée à subvertir l’ordre établi en provoquant « l’instabilité dans la région » et en présentant une « caractéristique totalitaire et annihilatrice de la personne humaine » [1].

     

    Depuis un certain temps déjà la « classe dirigeante » a tout compris. Contrôler les esprits revient moins cher – en effort, argent, sueur et sang – que prendre en main le large éventail de la répression. De fait, il est plus coûteux pour elle de contraindre les peuples à abandonner leurs aspirations de justice, de liberté, d’indépendance, en somme, de dignité.

     

    L’anticommunisme est depuis le début du XXe siècle le principal argument et le socle sur lequel se sont construites les campagnes de terreur visant à sauvegarder les privilégiés.

     

    Les photos truquées de chars russes en face du palais La Moneda ont contribué à empêcher l’élection d’Allende lors de la campagne présidentielle de 1964, mais pas en 1970. En fin de compte, ce sont les tanks et les avions de facture étasunienne qui ont détruit La Moneda et toute la vie civique du pays en 1973.

     

    Dire qu’aujourd’hui la droite est consternée constitue un euphémisme. Leur patrie de rêve, si chèrement bâtie, est actuellement contestée par une nouvelle génération d’étudiants. Au point que certains mettent déjà en garde le Chili sur les dangers de l’ingouvernabilité ou ceux encourus par le vide du pouvoir [2].

     

    Camila Vallejo 03

     L’image de la présidente de la Fédération des étudiants de l’université du Chili (FECH) a surgi comme l’une des figures les plus visibles de ce mouvement étudiant. La FECH est entre toutes les organisations estudiantines existantes du pays la plus prestigieuse, importante et ancienne du Chili. Camila Vallejo est membre des Jeunesses communistes et lors du dernier Congrès de son organisation, elle a intégré le Comité central. La jeune étudiante en géographie, âgée de 23 ans, possède plus d’une qualité. Intelligence, clarté des idées, discours accessible et beauté juvénile lui confèrent un certain charisme. Elle a réussi à faire sortir de ses gongs plusieurs analystes et adversaires politiques de droite comme de gauche.


     

    Le plus insupportable pour eux, c’est que Camila Vallejo revendique haut et fort son militantisme et son école communistes. Ils trouvent inconcevable qu’une dirigeante communiste soit dotée d’attributs situés aux antipodes des références inculquées par la campagne anticommuniste. Cette dernière exige de penser que les communistes sont des êtres abjectes dénués de toute humanité comme l’indiquait Merino (Santiago José Toribio Merino Castro), membre de la junte militaire. Au demeurant, selon la doctrine anticommuniste, une femme marxiste ne peut pas être si talentueuse, de pareilles qualités sont exclusivement réservées aux dirigeants de l’élite. Malheureusement, la droite se retrouve orpheline et dans l’incapacité d’avoir un leader du même acabit.

     

    Camila Vallejo 04

     Le nombre de manipulations, insinuations, attaques et menaces perpétrées contre Camila Vallejo, en seulement six mois, sont stupéfiantes et grossières. Elles montrent le degré de confusion et de décomposition dans lequel sont embourbés les défenseurs du système. Aucun autre leader étudiant n’a accumulé une aussi grande quantité d’agression. La droite sait qu’en attaquant les dirigeants communistes, elle s’en prend à l’ensemble du mouvement social. La tactique droitière passe par discréditer les dirigeants, démoraliser les participants ou semer la discorde au sein du mouvement social.


     

    La panoplie de la droite inclue entre autres des menaces physiques proférées ouvertement contre des fonctionnaires et des délégués. Les images utilisées rappellent un passé récent où le terrorisme d’état disposait de la vie des chiliens. Des épithètes tels que « en tuant la chienne on se débarrasse de la portée » [3], « tu peux disparaître sans laisser de trace » ont circulé via twitter, ainsi que d’autres indélicatesses prononcées par les partisans de Pinochet à l’exemple de Hermógenes [4] (ancien député du Parti National et chroniqueur du quotidien El Mercurio). Ces propos ont provoqué un rejet massif de la part de la population produisant en définitive un effet opposé à celui recherché.

     

    Camila Vallejo 05

     Quant aux politiciens de droite, ils ont plutôt opté pour la disqualification : « Vallejo n’a pas les compétences d’un leader », « elle se comporte comme un politique », « elle discrédite le pays », « femme moitié diable », etc. [5] Critiques situées dans la droite logique du dictat néolibéral qui interdit à un dirigeant social de faire de la politique, ce domaine étant exclusivement réservé aux politiciens professionnels telle que le préconise la Constitution de Pinochet actuellement en vigueur. Les auteurs de ces accusations souhaitent que leur influence sur l’opinion publique soit aussi forte que celle exercée par l’ascendant moral de la classe dirigeante. En considérant que la droite a réussi à asseoir son autorité dans la société en imposant son hégémonie politique au peuple chilien.

     

    Il existe aussi les attaques tendancieuses et sournoises qui prennent généralement la forme d’études réalisées par des analystes indépendants. Ils affirment appuyer les justes revendications des étudiants mais disqualifient Camila Vallejo. La manipulation atteint alors son sommet. Cette catégorie englobe des déclarations, soi-disant impartiales, faîtes par des analystes d’institutions proches du monde intellectuel.

     

    Camila Vallejo 06

     Carlos Huneeus, directeur du Centre d’études de la réalité contemporaine (CERC), reconnaît la légitimité des demandes des étudiants et prophétise en même temps que « Vallejo n’a pas d’avenir au PC » [6]. Il cherche à la convaincre de s’éloigner du Parti Communiste. De même, l’épouse de ce dernier, Marta Lagos emploie une formule qui se veut impartiale « le mouvement étudiant n’est qu’un instrument de l’histoire. Camila Vallejo, le communisme, n’ont pas voix au chapitre. C’est simplement un fantôme qui apparaît pour confondre les lecteurs du journal El Mercurio » [7]. Elle conteste le rôle historique joué par les protagonistes des organisations de lutte du peuple chilien. Ebloui par la dirigeante, Arturo Alejandro Muñoz estime que « l’orientation de Recabarren et de Teitelboim la poussera à se fondre dans le moule et à se transformer en l’engrenage le plus bureaucratique et obséquieux de « l’appareil » du parti. A partir de ce moment là, notre fulgurante Camila représentera peu de risque pour le système néolibéral … ». Donc, il prédit à Camila Vallejo un triste naufrage politique si elle reste affiliée au Parti Communiste [8].


     

     

    Camila Vallejo 07

     Une mention spéciale pour le cas le plus paradoxal et regrettable représenté par l’historien Gabriel Salazar, Prix National d’Histoire 2006, qui n’hésite pas à déclarer que Camila Vallejo « a un langage fluide, elle n’est pas stupide, elle est belle mais elle n’a ni la force mentale suffisante pour les théories discursives, ni l’énergie pour diriger le mouvement ». De plus, Salazar souhaite l’opposer au mouvement étudiant. Il poursuit sa manoeuvre ridicule en affirmant que Camila, en recevant des ordres de son parti, a rejoint le mouvement avec le but de l’instrumentaliser pour atteindre ses propres fins [9]. Malheureusement, son obsession anticommuniste l’empêche de percevoir le mal que ses déclarations causent au mouvement étudiant, ainsi que le service qu’il rend à la droite.

     

     

     

    Camila Vallejo 08


     

    Finalement, les tentatives de démolition et les boniments diffusés par la presse et les journalistes dépendants du système n’ont pas manqué. La Une de Ultimas Noticias (avec un titre sexiste) [10] et le comportement honteux du panel de l’émission de télévision « Tolerancia Cero » [11] représentent les deux cas les plus emblématiques.


     

    En définitive, le problème de Camila Vallejo est le Parti communiste. Cette situation dérange beaucoup de monde.


     A ne pas douter que le renouvellement de la direction des Fédérations sur le plan national en décembre 2011 confirmera la justesse de l’application des politiques, des tactiques et des stratégies aptes à répondre aux revendications des étudiants. Nous découvrirons alors les nouvelles manœuvres et tentatives inventées par ces « analystes », faiseurs d’opinion, réticents à reconnaître et à accepter les choix du peuple chilien au moment où il se dote de ses dirigeants légitimes.

     

    Par Juan Carlos Cartagena, Rebelion

    Publié le 30.10.2011 sur Rebelion.org 

    Traduction de Alexandra pour Hastasiempre


    Les parenthèses ont été ajoutées pour la compréhension du texte.

    [1] http://www.google.fr/#sclient=psy-a...

    http://www.derechoschile.com/espano...

    [2] http://radiografiamundial.com/rmblo...

    http://www.elmostrador.cl/opinion/2...

    [3] « En tuant la chienne on se débarrasse de la portée », phrase prononcée par Pinochet suite à la mort de Salvador Allende en 1973.

    [4] http://prontus.ivn.cl/cambio21/site...

    http://www.lanacion.cl/tuitero-amen...

    http://www.lanacion.cl/camila-valle...

    http://latercera.com/noticia/nacion...

    http://laradiodelsur.com/?p=49790

    [5] http://www.elmostrador.cl/noticias/...

    http://www.lasegunda.com/Noticias/P...

    http://noticias.terra.es/2011/mundo...

    http://prontus.ivn.cl/cambio21/site...

    http://www.emol.com/noticias/nacion...

    [6] http://www.elmostrador.cl/noticias/...

    [7] http://www.piensachile.com/seccione...

    [8] http://www.granvalparaiso.cl/v2/201...


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  • Syrie 97

     

    Le Qatar, un inquiétant électron libre en Libye

    Arnaud Castaignet

    Sur son blog

     

    Après l'Otan, le Qatar prend en charge la suite des opérations en Libye. Ce qui confirme son rôle déterminant dans la guerre.

    Si la situation reste confuse en Libye, une chose est sûre : le Qatar est probablement le grand vainqueur de l’intervention occidentale. Du soft power grâce à la chaîne Al-Jazeera au hard power par l’envoi des Forces spéciales, l’émirat a su s’imposer comme un acteur majeur de la transition. Au risque de déplaire aux Occidentaux et à de nombreux Libyens…

     

    En public, l’intervention en Libye s’est déroulée dans une parfaite harmonie entre les alliés de la coalition et les katibas sur place. En coulisse cependant, l’activisme du Qatar commence à en agacer beaucoup. Au début du mois d’octobre, le président français, Nicolas Sarkozy, s’est d’ailleurs ému auprès de l'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al-Thani, de la politique poursuivie par Doha en Libye. En cause : le soutien militaire et financier apporté par le Qatar aux combattants libyens les plus islamistes. Ceux-ci suscitent de plus en plus de tensions au sein du Conseil national de transition qui a déjà fort à faire pour canaliser l’influence des prestigieuses katibas de Ismaïl Sallabi et Abdelhakim Belhadj dans la nouvelle Libye.

     

    Nicolas Sarkozy a beau s’appuyer sur le Qatar dans sa diplomatie et sa politique industrielle, les griefs étaient suffisamment importants pour que le président français demande à Hamad bin Khalifa Al-Thani de ne pas menacer l'unité du CNT et de mieux coordonner son action en Libye avec celle des pays occidentaux. En effet, de nombreux membres du CNT apprécient assez peu l’influence grandissante du Qatar en Libye. Le 11 octobre, le ministre des Finances et du Pétrole libyen, Ali Tarhouni, avait évoqué à demi-mot les tensions avec le Qatar, en demandant aux alliés du CNT de « frapper avant d'entrer dans notre maison ».

     

    Les plaintes libyennes viennent principalement du fait que, sur le terrain, les conseillers militaires qataris ont largement privilégié les groupes islamistes, comme ceux d’Abdelhakim Belhaj, d’Ismael Salabi, la Katiba des Martyrs d’Abu Salim, dirigée par Abu Sofiane Qumu, un ancien de Guantanamo ou encore la Katiba Obaida Ibn Jarrah, soupçonné d’avoir assassiné, le 27 juillet 2011, le général Abdul Younes mis en place par Moustafa Abdel Jalil pour tenter d’unifier les Katibas sous sa houlette.


    Dans le Djebel Nefoussa (au sud de Tripoli), les Mukhabarat, le service de renseignement extérieur directement rattaché au palais de l'émir du Qatar, ont participé à la désignation des unités qui ont reçu les missiles antichars livrés par la France. Au total neuf cargaisons ont été parachutées. Une partie des armes reçues par les groupes choisis par les Qataris ont ensuite disparu, mettant à mal le désarmement des milices entamé par le CNT, à ajouter aux « 10 000 missiles sol-air » ayant été perdus en Libye, selon le Spiegel, citant les propos de l'amiral Giampaolo Di Paola, président du Comité militaire qui regroupe les chefs d'état-major des pays de l'Otan.


    Le représentant de la Libye auprès de l’ONU, Mohammed Abdel Rahman Shalgam, déplore lui aussi l’ingérence qatarie dans son pays.


    « Le Qatar a fait partie des pays qui nous ont fourni le plus grand soutien militaire, financier et politique [pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi]. Nous les en remercions (...) Nous ne voulons pas qu'ils gâchent cet exploit par des actes d'ingérence insensés », a-t-il expliqué Mohammed Abdel Rahman Chalgam à Reuters en marge d'une conférence à Tanger.


    Dans les colonnes du journal algérien Alkhabar, Mohammed Abdel Rahman Chalgam s'est montré plus virulent, mettant en garde l’émirat contre « tout accès de mégalomanie, en ayant l’illusion qu’il dirige la région ». « La délégation du CNT a accepté des choses qui lui ont été imposées par le Qatar, et que la majorité des Libyens refuse. La Libye ne sera pas un Emirat relevant de l’émir du Qatar », a-t-il prévenu avant de se montrer plus accusateur, affirmant que l’opération de collecte d’armes en Libye était une « supercherie », car « le groupe chargé de cette opération sous supervision qatarie, va collecter des armes et les redistribuer à d’autres ».

     

    Dans une interview donnée à la chaîne panarabe Al Arabiya, l'ex-président du bureau exécutif du Conseil national de transition, Mahmoud Jibril, est allé dans le même sens, déclarant que les pétrodollars qataris alimentaient « les rivalités et les circuits de désaccords entre les rebelles et les divers courants qui gèrent la période post-Kadhafi, et ce, en répandant la sédition entre les frères libyens ». Certains chiffres commencent à sortir, on évoque ainsi la somme totale de 400 millions de dollars qui aurait été versée par l’émirat.


    Le rôle du Qatar lors de l’intervention en Libye a été bien plus important que celui que l’émirat a d’abord annoncé. Après des mois à assurer que leur soutien n’avait été que logistique et aérien, l’émirat a admis que «des centaines de soldats» avaient aidé et formé les troupes au sol, notamment dans le Jebel Nafusa dès les premières semaines. Le Qatar a mis à disposition de l’Otan huit Mirage 2000 sur les douze qu’ils possèdent. Certains journalistes, comme Georges Malbrunot, avancent même le chiffre de 5000 forces spéciales sur le terrain, d’après les propos du chef d'état-major du Qatar, le général Hamad ben Ali al-Attiya.

     

    Le Qatar est d’ailleurs appelé à voir son rôle devenir de plus en plus important puisque l’émirat prendra en charge «la poursuite des opérations en Libye après la fin de la mission de l’alliance atlantique», a déclaré le général Hamad ben Ali al-Attiya. Selon lui, la nouvelle alliance militaire sur le terrain devrait comprendre 13 pays, dont les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, mais sera chapeautée par le Qatar.


    La présence à long terme du Qatar et des Emirats arabes unis permet de donner un « vernis » arabe à l’intervention de l’Otan et au printemps arabe en général. L’émirat a su jouer très efficacement la carte du soft power grâce à la chaîne Al-Jazeera. La couverture des révolutions arabes par la chaîne qatarie a laissé entrevoir un côté très offensif d'Al-Jazeera chargé de faire porter l’influence de Doha bien au-delà du Golfe.


    Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, les locaux de cette chaîne à Bagdad étaient bombardés par l’armée américaine pendant le conflit irakien. A présent, Al-Jazeera est plébiscitée non seulement par la rue arabe mais également par les Occidentaux, notamment dans sa version anglophone, ce qui lui confère une influence encore plus importante. Cette consécration lui donne un poids diplomatique inédit : sa couverture, ou non, d’une révolution peut attirer l’attention, ou pas, des médias occidentaux. Ainsi, la chaîne ne parle quasiment pas de la répression, organisée en grande partie par l’Arabie saoudite, au Bahreïn, très probablement afin de ménager Riyad.


    Beaucoup ont interprété le départ du directeur général de la chaîne, Waddah Khanfar, le 21 septembre 2011, et son remplacement par Sheikh Ahmed bin Jassim Al Thani, un cousin de l’émir, comme le signe d’une reprise en main de la chaîne par le pouvoir qatari. Comme le relève Yves Gonzalez-Quijano, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, la couverture par la chaîne du conflit libyen relève quasiment de la propagande, l’exemple le plus marquant étant "l’opérette de la liberté" organisée pour le 15e anniversaire d’Al-Jazeera, ou encore l’hébergement de la chaîne privée Libya al-Ahrar (Libya for the free) dans ses locaux de Doha.

     

    Bien sûr, comme le relève Kristian Coates Ulrichsen, spécialiste de politique de sécurité dans le Golfe à la London School of Economics, ce choix de focaliser l’attention médiatique sur les révoltes arabes lui permet également de détourner l’attention du Golfe, où les beaux principes de modernité et d’ouverture qu’il défend sont loin d’être unanimement respectés, Al-Jazeera ne critiquant quasiment jamais le conservatisme régnant au Qatar. Le Qatar se garde d’ailleurs bien de soutenir les mouvements laïcs au bénéfice de l’islam politique.


    Par les armes, la diplomatie, l’argent et/ou les médias, le Qatar s’impose comme le sponsor principal de l’islam politique. On le voit en Tunisie avec ses liens très forts avec le parti Ennahda, avec la bénédiction des Etats-Unis, on le voit également en Libye. Cependant, la situation libyenne diffère un peu car, comme l’a relevé la blogueuse Sarah Ben Hamadi, Ennahda a le soutien des Américains qui pensent depuis longtemps à jouer la carte « Islam et politique » en favorisant l’émergence d’un "AKP tunisien". Sur la scène libyenne, le Qatar soutient des chefs de guerre, anciens djihadistes, comme Abdelhakim Belhaj et Ismaïl Sallabi, allant à l’encontre des intérêts américains.


    Washington a flairé le piège en cooptant le général Khalifa Haftar, ancien exilé aux États-Unis, au poste de chef d'état-major de l'armée, avec pour mission principale d’unifier les dizaines de groupes armés qui refusent de se placer sous le commandement de l'armée régulière. Cette tentative de normalisation a immédiatement provoqué la rage de Belhaj qui a répliqué en réclamant des ministères pour ses combattants en lorgnant tout particulièrement sur le ministère de la Défense. La rivalité entre les Etats-Unis et le Qatar sur le terrain libyen ne fait que commencer.

     

    Arnaud Castaignet

    Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-libye-apres-l-otan-le-qatar-93061572.html


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