En juillet de cette année, la direction d’Air France avait utilisé la période des vacances estivales pour essayer d’imposer sans négociation aux salariés une détérioration des conditions de travail. Objectif : faire pression sur les salariés pour qu’ils n’entrent pas en grève au moment des départs en vacances. Réduits cependant à lancer un mouvement pour obtenir rien que le droit de discuter, les salariés déposent un préavis. La Droite Populaire, pas la voix de Daniel Lucas en particulier, déverse son flot d’injures populistes (voir l’article « « ANTISOCIAL TU PERDS TON SANG-FROID », MAIS PAS LA BOUSSOLE »). Derrière les injures, on devinait le projet : soutenir le patronat dans son chantage aux départs en vacances pour imposer leurs décisions sans concertation, c’est à dire quasiment interdire de facto le droit de grève.

Ce projet extrêmement dangereux a porté ses fruits. Cela fait un mois que le personnel des compagnies privées chargées de la sécurité des aéroports alerte leur direction d’un conflit possible lié à des décisions prises sans concertation, et provoquant une augmentation des charges de travail et une détérioration du niveau de rémunération. On imagine que le patronat, encouragé par ce qui s’est passé cet été et sachant qu’il serait appuyé par la droite, n’a pas réfléchi beaucoup avant de décider de laisser pourrir. Résultat : un mouvement de grève, qui réunit 351 salariés sur 357 à Lyon (voir l’Humanité du 20 décembre 2011), qui s’étend partout tellement le mécontentement est important. Déjà du personnel d’entreprises concurrentes a été réquisitionné pour briser la grève. Illégal. Mais cette fois, le pouvoir monte d’un cran en menaçant les salariés en lutte d’envoyer les agents de la force publique pour le même objectif. Cette atteinte au droit des salariés est un pas de plus dans l’instauration d’un nouveau régime autoritaire dont nous décrivons les étapes sur ce blog depuis maintenant plusieurs mois. Jusqu’où iront-ils avant que nous ne les arrêtions ?

Nicolas Sarkozy en personne, tout le gouvernement, et tous ceux qui de près ou de loin justifient même à demi-mot une restriction du droit des travailleurs à se défendre1 portent la responsabilité, à des degrés différents, d’une évolution dramatique de notre société. La stratégie de tension, de division de la population entre dans une nouvelle phase. La reprise en main de la population par les forces de Police (et pourquoi pas l’Armée?) soutenue par une campagne populiste de diffamation et de dénigrement est en route. Et pour qu’il soit bien clair que ceci est une stratégie concertée à plus haut niveau, rappelons que, pour la première fois de mémoire de prof, on a vu 6 policiers montant la garde devant la porte de l’Inspection Académique à Albi lors de la manifestation du 15 décembre dernier. Ce n’est sûrement pas un hasard.

Plus que jamais, soyons vigilants et actifs. Travailleurs nés dans n’importe quel pays, salariés du public et du privé, nous devons tous nous montrer solidaires face au capital et à sa famille politique, pour défendre un projet de société démocratique, donc basé sur le partage d’objectifs communs de développement, de paix, et de culture.

Sylvain JEAN, secrétaire de la section de Castres du PCF.

1 On se demande à quoi pense Eva Joly quand elle dit vouloir instaurer « l’obligation de négocier avant d’utiliser l’arme constitutionnelle de la grève ». A qui s’adresse cette obligation ? Aux salariés des aéroports qui ont déposé leur préavis 5 jours à l’avance ?