• Match nul

     
    Présomption d'innocence :

    • Cahuzac démissionne
    • Sarkozy mis en examen

    Match nul ! Balle au centre ?
    NON ! 
    les affaires politico financières qui peuvent éclabousser l'UMP ou le PS ne remettent pas Bayrou en selle ; elles font boire du p'tit lait à l'extrême droite sur le refrain du "tous les mêmes, tous pourris !"
    Match nul, pourquoi pas, puisque si arbitre il y avait il n'aurait qu'à siffler des "hors jeu" et autres fautes, à distribuer cartons jaunes ou rouge...
    Dès que les clés de la politique sont remises aux affairistes de tout poil, qu'il se coiffent avec la raie à droite ou à gauche, ils profitent trop du bon vent pour ne pas se faire ébouriffer à la moindre bourrasque.
    La démocratie française avait eu l'idée (bonne ou mauvaise ?) d'instaurer le financement public des partis politiques... On aurait pu en espérer une forme de "moralisation" dans la conduite des politiciens professionnels...
    Que nenni ; on veut bien prendre l'argent public, mais pour être sûr de mettre la pâtée à l'adversaire, rien ne vaut le gros de fric en plus qui va permettre de financer en douce les fredaines efficaces.
    On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu.
    Dans la compétition électorale, c'est un peu comme dans les grands prix de formule 1, les plus riches ont toutes les chances de se partager les premières places sur la grille de départ en se payant les meilleurs pilotes, les meilleurs moteurs, les meilleurs châssis  les meilleurs... et comme les dépassements sont difficiles on retrouve le plus souvent les mêmes à l'arrivée.
    Dans ces conditions, ce qui va faire illusion facilement pour se démarquer du modèle, c'est celui qui paraîtra étranger au système, le Coluche d'hier en France, le Beppe Grillo d'aujourd'hui en Italie, démagogues de tout poil qui, comme les fous du roi d'hier, sont bien indispensables aux tyrans pour anesthésier les velléités de changement des peuples.
    L’extrême droite est à l’affût, mais aujourd'hui c'est en meute, et la démocratie est fatiguée d'avoir eu à échapper à tant de rapaces...
    Alors ?
    Seuls les morts d'aujourd'hui pourront prétendre demain ne pas avoir vu ni entendu gronder la résistible ascension du fascisme.

    Relisez "Matin brun"

     

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  • Le « dialogue social »... vu par un journal pro-patronal

    Commentant l'accord sur les retraites complémentaires que FO, la CFDT et la CFTC s'apprêtaient à signer, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué « l'esprit de responsabilité » du patronat et des syndicats. Le journal Les Échos, proche des milieux patronaux, y ajoute son commentaire : « Gloire aux partenaires sociaux qui ont accepté de faire une part du sale boulot ! Cette phrase, personne ne l'a publiquement prononcée, mais beaucoup l'ont pensée dans la majorité. »

    Ce journal, qui ne manque pas d'expérience, a trouvé les mots justes pour définir en quoi consiste le dialogue social proposé par les socialistes.

    http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2329&id=23


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  • slovenia-flags.jpgGrèves massives et révolte citoyenne en Slovénie : un mouvement populaire inédit dans la « Suisse des Balkans » fait tomber le gouvernement

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    La chute du gouvernement conservateur, maître d’œuvre des politiques d'austérité, sous la pression populaire est révélatrice d'un mouvement de fond traversant la société slovène: entre luttes massives, mouvement spontané et absence de perspective politique.

     

    La « Suisse des Balkans », le qualificatif correspond moins que jamais à la situation sociale et politique de la Slovénie.

     

    En l'espace d'un an, le pays a connu quelques-unes des plus grandes grèves de leur histoire, un mouvement « citoyen » spontané massif pendant que son gouvernement était renversé sous pression populaire.

     

    La Slovénie a longtemps été présenté comme l'élève modèle à l'Est : un modèle social-libéral co-géré par de puissantes centrales syndicales, une population peu encline à la protestation dans un pays qui fut le premier pays de l'ex-Yougoslavie à adhérer à l'UE (2004) puis à l'Euro (2007).

     

    L'édifice s'est depuis écroulé sous la pression de la crise capitaliste et de l'intégration européenne.

     

    Depuis 2008, le gouvernement conservateur de Janez Jansa imposait des plans d'austérité que l'on connaît ailleurs : baisse des salaires des fonctionnaires de 15%, coupes drastiques dans l'éducation et la santé, allongement du temps de travail et déremboursements massifs dans la Sécurité sociale.

     

    Dans le même temps, le processus de privatisations s'accélère, notamment dans le secteur bancaire où la principale banque du pays NLB devrait être cédée au privé, tandis que le projet de recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans reste la prochaine étape pour le patronat.

     

    En parallèle, des scandales de corruption éclaboussaient le personnel politique, de droite comme le premier ministre Jansa, ou de centre-gauche comme le maire de Ljubljana, Zoran Jankovic.

     

    Entre grèves générales et réformes négociées : les ambivalences du puissant mouvement syndical slovène

     

    La première contestation est venue du puissant mouvement syndical slovène, impliqué dans la co-gestion du pays depuis l'indépendance, dans un pays où – cas rarissime en ex-Europe de l'est – plus d'un salarié sur trois est syndiqué.

     

    Ce mouvement syndical fort, organisé notamment dans l'Association slovène des syndicats libres ZSSS), avait obtenu le maintien d'une partie des acquis sociaux de l'époque socialiste, de certains pans de l’État social en échange de sa participation à la gestion loyale des affaires du capital.

     

    Le mouvement syndical, poussé par la pression populaire, a été à l'origine de deux victoires sur le gouvernement et l'austérité : les référendums de 2011 respectivement sur les contrats précaires pour les jeunes et sur la réforme des retraites prévoyant le recul de l'âge de la retraite à 65 ans.

     

    Ces derniers mois, les journées de grèves lancées dans le secteur public ont été les plus suivies depuis 1991 : plus de 100 000 grévistes en avril 2012 et en janvier 2013 pour protester contre les coupes dans le public, sur les 160 000 fonctionnaires que compte le pays.

     

    Toutefois, la culture du compromis du mouvement ouvrier slovène, du « dialogue social » prôné par la CES (Confédération européenne des syndicats) conduit désormais le mouvement à une impasse.

     

    D'une part, 14 des 21 syndicats de la fonction publique ont accepté de signer un accord d' « amendement » de la réforme en mai 2012 prévoyant des baisses réduites de salaire (8% au lieu de 15%), et un plan de licenciement revu à la baisse dans l'éducation nationale.

     

    D'autre part, si les syndicats ont longtemps fait planer la menace d'un référendum sur le budget 2013, ils ont retiré cette menace en décembre dernier « montrant leur respect de l’État du droit, et exigeant en retour du gouvernement le même respect de l’État social ».

     

    De fait, en dépit d'un potentiel de lutte inédit, le mouvement syndical, en particulier dans le bastion de la fonction publique, est privé de toute perspective politique hormis celle de la résistance conduisant à l'amendement des réformes.

     

    La vstaja : la naissance d'un mouvement spontané d'indignation face à la corruption

     

    En parallèle à la lutte organisée des syndicats, est né en Slovénie un mouvement spontané, empruntant certains traits aux « Indignados » espagnols ou au partisans du mouvement 5 étoiles en Italie, mais avec des spécificités locales incontestables.

     

    Le mouvement est né d'une révolte contre les scandales de corruption, d'un rejet indifférencié de la caste politique slovène – centre-gauche ou droite – ainsi que d'une vague et puissante aspiration au changement, motivé par le rejet des politiques d'austérité.

     

    Ce mouvement voit le jour à Maribor, deuxième ville du pays, en novembre 2012. Une ville dirigée par un politicien de droite Franc Kangler, chantre des mesures de libéralisation et de privatisation, adepte des mesures autoritaires et trempé dans de multiples scandales de corruption.

     

    Le dernier a mis le feu aux poudres : un partenariat public-privé conclu par la Mairie pour équiper la ville d'une cinquantaine de radars dont 95% des recettes auraient été engrangées par l'opérateur privé.

     

    La révolte (vstaja) de Maribor est un mouvement spontané, né de l'indignation face à la corruption de la caste politique locale, animé par de jeunes étudiants à partir des réseaux sociaux.

     

    De début novembre à la mi-décembre, de 10 à 20 000 « citoyens indignés » occupent la place de la Liberté pour exiger le départ du maire qui, après avoir tenté de s'accrocher, doit démissionner sous la pression populaire fin décembre 2012.

     

    Fort de ce succès historique, la « révolte citoyenne » (vstaja) s'étend aux autres villes du pays, Kranj, Nova Gorica et surtout la capitale Ljubljana où chaque premier samedi du mois, depuis le début de l'année, 10 à 20 000 manifestants exigent le départ de toute la « caste politique » nationale.

     

    Un mouvement traversé par de profondes contradictions

     

    Ce mouvement spontané reste néanmoins traversé par de profondes contradictions.

     

    D'une part, il porte l'aspiration à un changement radical, relayé par les mots d'ordres dominant la manifestation du 9 mars, allant au-delà de la simple indignation : « Nous ne voulant pas un nouveau gouvernement mais des changements révolutionnaires », « Pas de paix sans justice ! ».

     

    1353167908-antiausterity-protests-underway-in-slovenia_1606.jpgL'intégration européenne et la « dictature du capital européen » sont de plus en plus contestées dans les manifestations tandis que les drapeaux de la défunte Yougoslavie refleurissent.

     

    Les illusions tombent sur cette classe politique slovène née de l'effondrement de l'ex-Yougoslavie, sur des pères de l'indépendance, tel Janez Jansa, fondateur et leader du mouvement d'opposition SDZ en 1989, fossoyeur de la Yougoslavie communiste et partisan zélé de l'Union européenne.

     

    Toutefois, le mouvement est aussi caractérisé par son absence de perspectives politiques claires au-delà du 'Dégage' ou du 'Qu'ils s'en aillent tous' recyclés en « Gotovo je » et « Gotovi so » (« Ca suffit, ils sont finis! ») empruntés au mouvement OTPOR serbe, lui-même financé par les ONG américaines.

     

    A Maribor comme à Ljubljana, le mouvement ne tient pas sur une idéologie partagée, un projet alternatif commun : seul le même rejet de la « classe politique » corrompue, de l'austérité, et une aspiration confuse à une « démocratie participative » et à un « modèle social » équitable.

     

    Dans les discours, des références appuyées au modèle socialiste yougoslave renaissent – y compris dans ses aspects auto-gestionnaires – sans qu'ils ne viennent appuyer souvent concrètement autre chose qu'un projet de retour au « pacte social » des années 1990.

     

    Ses limites sont aussi celle de sa composition sociale, très largement jeune et étudiante, encore peu connectée avec le monde du travail et les luttes des fonctionnaires et des ouvriers, et se reconnaissant plus dans le terme de « peuple » (narod) que dans un vocabulaire de classe.

     

    Des limites provenant aussi de l'absence d'organisations de classe, tant sur le plan syndical que politique, après la chute du communisme et l'indépendance du pays en 1991.

     

    La perspective de fondation d'un « Parti citoyen » avancé par certains, à partir de l'expérience de Maribor, rapprocherait le pays d'un scénario à l'italienne avec le mouvement 5 étoiles de Grillo.

     

    Un mouvement unissant toutes les tendances de la société autour de revendications hétéroclites (anti-Europe, anti-austérité, anti-immigration, anti-politique...), parfois progressistes, mais sans projet alternatif conséquente ni idéologie cohérente.

     

    En Slovénie, comme ailleurs en Europe de l'Est, dans ce qui fut jadis l’îlot de prospérité paisible de l'ex-Yougoslavie, toutes les illusions sont toutefois déjà tombées sur les bienfaits de la restauration capitaliste et de l'Union européenne. 


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  • Après l'Empire...
     
    Sumer, qui enfante la civilisation mésopotamienne, fait passer l’humanité de la préhistoire à l’histoire. Il y a six millénaires.
    Au nord du désert de Syrie, l’Euphrate et le Tigre permettent aux Akkadiens et aux Sumériens de développer leur royaume. Plus tard, ces mêmes fleuves nourrissent le Croissant fertile de la Mésopotamie, qui relie le golfe Persique à la mer Méditerranée.
    Les royaumes de Sumer et d’Akkad disparaissent, la dynastie de Babylone s’installe.
    Plus à l’Est, sur les rives de la Méditerranée que se partagent l’Empire Egyptien et l’Empire Hittite, il y a Byblos, Sidon, Tyr et Ougarit… La première, par sa position géographique à la jonction des deux empires, aurait pu être une cité frontière. Si des frontières avaient existé à cette époque.
    La civilisation Egyptienne rejoint le peuple d’Anatolie et sous l’impulsion des Cananéens  naît une civilisation qui contemple cet horizon Méditerranéen: Les Phéniciens.
    La colonisation phénicienne touchera, au VIIIe – Ve siècle avant JC, la Méditerranée occidentale, l’Espagne, les Baléares, la Sardaigne, une partie de la Sicile. Les incursions phénicienne en terre Grecque permettra, entre autres, aux Hellènes de mettre des représentations littérales des voyelles dans l’alphabet des Cananéens.
    La Perse achéménide rencontre une Grèce, qui sera le berceau de l’Occident avant de laisser la place à Rome pour les origines de l’Europe. Sans oublier Carthage, les Turcs, l’universel Gengis Khan ou encore le Califat abasside qui, à son apogée vers la fin du VIIIe siècle, reflétait l’expansion arabe musulmane. Un Califat dont les limites d’influences d’antan sont presque les mêmes que celles de la Ligue arabe d’aujourd’hui.
    Sumer nous a laissé une heure qui se divise en 60 minutes, la minute en 60 secondes et un degré d’angle divisé en 60 minutes d’arc. L’épopée de Gilgamesh, le plus ancien mythe écrit de la littérature akkadienne, servira de base pour le Déluge biblique, de même que de nombreux mythes mésopotamiens seront repris dans la Genèse ; Hérodote écrit une œuvre intitulée "Enquête" (Historiè) pour que nous puissions garder la mémoire d’un événement ; l’aboutissement des réformes de Clisthène donnera le pouvoir (kratos) au peuple (démos) ; et la transmission de connaissances anciennes en sciences, en mathématiques, en astronomie, en médecine, sans cesse améliorées nous ont permis, ont permis à l’Humanité de repousser les limites du possible et de la Vie…
    Si les siècles s’enchaînent dans nos livres d’histoire, pour nous offrir une lecture linéaire dans la succession des multiples civilisations qui jalonnent notre passé, les heures sombres des décennies qui s’intercalent entre les empires demeurent parfois plus chaotiques.
    Un exemple parmi tant d’autres. Quand la Pax romana n’est plus qu’un songe creux pour des colonies devenues trop lointaines pour être soutenues, entretenues ou défendues, ou que le pouvoir central est trop occupé par sa propre jouissance, les enfants adoptés aux frontières de l’empire n’ont plus d’autres choix que celui de se débrouiller seuls pour garantir leur propre survie, de retrouver leur propre manière de vivre, de se reforger leur propre identité. En attendant le nouveau roi, le nouvel empereur, un nouveau leader qui portera ces enfants oubliés de la terre vers une prospérité nouvelle.
    Gaza n’est plus dans l’empire égyptien et Pharaon n’influence plus Jérusalem ; Cadix ou Tanger ne sont plus des comptoirs phéniciens ; Mainake, Massalia, Cyrène, Olbia ou Tanais n’implore plus Zeus ou Poséidon ; Alex, d’Arachosie est devenue Kandahar ; Rome a fini par lâcher tous ses diocèses lointains et par rendre Carthage, Alexandrie, Tyr, Antioche, Smyrne, Byzance, Budapest, Cologne, Bordeaux, Séville ou encore Tanger à leurs autochtones.
    Après l’Empire ? Un autre Empire.
    Il y a une mer entre Belfast et Londres qui est trop éloignée d’Edimbourg ; malgré le trait d’union métallique qui relie la Grande-Bretagne au vieux continent, Bruxelles sera toujours une étrangère. Rome abandonne officieusement les rênes de l’économie locale à la maffia sicilienne, mieux a même de comprendre les problèmes des villageois, et Paris peine à répondre aux attentes des Corses. L’eau perturbe les communications.
    Mais que penser alors quand des femmes et des hommes, ceint par une même frontière, sont incapables de se comprendre, de s’entraider ? A chaque extrémité de la Rose des vents il y a, en Suisse, une ville qui est incapable de communiquer oralement avec les trois autres sans recourir à… l’Anglais.
    Il y a en Espagne, au Portugal, en Italie, en France certainement, en Allemagne aussi, au sein de chaque Etat constitué sur la surface du globe une région, une partie de la population que chaque gouvernement respectif oublie. Cela se traduit par des mouvements de grève, des manifestations, de l’Indignation, ou plus.
    Aux alentours de 800 de notre ère, l’émirat de Cordoue occupait la quasi-totalité de ce qui est aujourd’hui l’Espagne et le Portugal. Un grand foyer philosophique et scientifique musulman était centré entre les villes de Tolède, Cordoue, Séville et Cadix au sein d’une région nommée "Al-Andalus".
    Les Pyrénées seront certainement une frontière naturelle qui empêchera la magie des milles et une nuits de se répandre dans le nord de l’Europe
    1'204 années plus tard, des chômeurs espagnols, devenus paysan par la force des choses, occupent illégalement des fermes appartenant à l’Etat Andalou laissées à l’abandon. Des femmes et des hommes se sont réappropriés une terre pour vivre dignement de leur travail, recevant même des agriculteurs voisins quelques bêtes. Par solidarité locale et humaine parce que la communauté de Lola, qui occupe la ferme de Somonte est trop loin de Madrid.
    A Séville, ce sont des familles expropriées qui ont réinvesti des appartements laissés vides par des agents immobiliers et des banquiers qui attendent patiemment le retour des pigeons, ou l’arrivée de riches propriétaires. Des logements vides en Espagne… ? Il y en a 3 millions. (Emission Mise au point du 24 février 2013, RTS.)
    Le squat ne se fait plus par idéologie ou anarchisme, mais pour survivre et offrir un abri aux enfants. L’ancien agent immobilier devenu squatteur-chômeur, s’installe illégalement sur un bout de trottoir pour revendre ses livres. Tandis que la Catalogne rêve d’indépendance pour préserver sa puissance économique.
    Selon une étude Intermon Oxfam publiée en 2012, il faudra 20 ans aux Espagnols pour retrouver leur niveau de vie d’avant-crise. Une génération perdue, une jeunesse sacrifiée pour le sauvetage des banques !
    Raison de plus pour résister aux grands organismes financiers qui gouvernent ce monde avec toute l’opacité légale requise ; raison de plus pour se détourner des grandes banques inter-nationales qui volent en toute impunité l’argent des petits épargnants. Raison de plus pour mettre un terme définitif à la grande braderie mondiale de l’être humain et au saccage de notre planète. Le modèle néolibéral qu’a engendré le capitalisme ne vaut plus rien, et son Empire virtuel est sur le point de s’écrouler.
    Durant la crise « en France, 150 entreprises ont été sauvées par ses travailleurs et transformées en coopératives. En Italie, 36'000 nouveaux emplois ont été créés en 2012 dans les coopératives. Les revenus totaux des 300 plus grandes coopératives du monde [Global 300] se sont élevés à 1'926 milliards de dollars, ce qui en fait, si elles formaient un pays, la 9e économie mondiale, derrière l’Italie.
    Le Global 300 employait 3,9 millions de personnes en 2012 » (selon les indications de la Confédération européenne des coopératives).
    C’est donc que le modèle marche et qu’il est viable même de ce côté-ci de l’Atlantique. Alors debout les utopistes, et au boulot : L’Empire vacille. Il appartient au Peuple de se serrer les coudes et de s’organiser pour la suite sans rien attendre du pouvoir central.

    Howard Zinn, historien américain cité par Znet le 26 novembre 2012 :
    « Les changements sociaux les plus importants de l’Histoire des Etats-Unis- l’indépendance par rapport à l’Angleterre, l’émancipation des Noirs, le combat syndical, les conquêtes en matière d’égalité sexuelle, le retrait des Etats-Unis du Vietnam- n’ont pas été produits par le bulletin de vote, mais par l’intervention directe de mouvements populaires ayant recours à des tactiques légales et illégales. »
    M. François Hollande, le 22 janvier 2012 :
    « Mon adversaire, mon véritable adversaire, n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti mais il gouverne, cet adversaire c’est le monde de la finance. » Monsieur Hollande est président de la République depuis Mai 2012, et la finance gouverne toujours.

    NEMo.
     

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  • L’invention de la pauvreté par la richesse

    Gaëtan PELLETIER
     

    « Il disait qu’il fallait se débarrasser de Saddam Hussein parce qu’il était un méchant dictateur. Mais je lui avais dit que si on se mettait à remplacer les dictateurs, lequel serait le prochain ? Il me semble que dans la famille du Commonwealth, il y a un gars qu’on n’aime pas beaucoup au Zimbabwe, Robert Mugabe, pourquoi on ne réglerait pas ce problème-là avant d’aller au Moyen-Orient ? Blair m’a dit : « Écoute Jean, Saddam et Mugabe, ce n’est pas la même chose. » Je lui avais répondu calmement : « Ce n’est pas la même chose. M. Mugabe, lui, n’a pas de pétrole ! » C’était un peu direct, mais c’était vrai aussi. »

    Quant aux craintes des gens d’affaires de perdre l’accès au marché américain, M. Chrétien a soutenu qu’elles n’étaient guère fondées.

    « Les gens d’affaires avaient peur. Mais les hommes d’affaires ont souvent peur. Ils tiennent à leurs sous et à leur compte en banque. C’est normal. Mais j’ai posé la question à un groupe d’hommes d’affaires. Donnez-moi donc la liste de tous les biens et de tous les services que les Américains achètent de nous et dont ils n’ont plus besoin. Je l’attends encore, cette liste ! Les affaires sont les affaires. » Jean Chrétien, Ancien PM du Canada

     

    Un mollusque c’est mou de l’intérieur et dur de l’extérieur. Carapace pour se protéger. Mais un moule est aussi une manière de modeler quelqu’un, une politique, un manière de faire.

    Ce chancre mou de G.W. Bush a tout fait pour entraîner ses « alliés » dans la guerre en Irak. Avec la mondialisation, la transformation de la diversité en « un », la mode est de se plier au monde des affaires. Les pays sont maintenant à la solde d’une unicité de conduite dite mondialiste. Mais qui donc mène le bal ? Si nous suivons les États-Unis, tout le monde mangera du bœuf entre deux tranches de pain. Qui donc s’intéresse aux paysans de la Bolivie, de l’Équateur ? Là où parfois sourd de la terre l’or noir…

    Si notre corps n’était qu’une grosse cellule, nous serions tous morts depuis belle lurette.

    Mondialiser, c’est unicelluliser…

    L’échec des pays, de la Grèce, de l’Espagne, de la grande valse du monde monétaire et sa politique de la croissance infinie… Persister dans ce qui ne fonctionne pas… C’est Monsieur Einstein qui l’a dit… Ça ne fonctionne pas.

    Alors, ne demandez rien au Président, au Premier Ministre, et à quelque titre que ce soit de nos « grands pays ». Les pays sont comme les patients en phase terminale : plus de gauche, plus de droite sur le moniteur.

    Bling !

    La ligne droite… Du grand conclave de l’existence et de la politique, il sort toujours une fumée blanche parce que tout le monde est d’accord.

    La fabrique à moules mondialiste a rendus les dirigeants visqueux qui n’ont d’autre choix que de se mouler à la carapace financière, pourtant visible.

    Nous sommes sous l’ère des G-huître…

    Gloup ! Finie l’indépendance. La dépendance à la drogue dure de la guerre au terrorisme et à celle des « dictateurs ».

    Ce monde n’est plus tracé pour la VIE, mais pour les contes en banques. Il n’y a jamais eu autant de vendeurs de futurs concernant les investissements à faire pour « garantir » son avenir. Quel avenir ? Le « Yes We Can », format chocolaté va vraisemblablement avaler – et sans en être trop conscient – l’Afrique. C’est dans la mire des États-Unis. La sempiternelle recette du sauvage à convaincre mais, avant tout, à lui voler tout ce qu’il a sous les pieds.

    J’avais écrit quelque part : « Un pauvre c’est quelqu’un qui a été violé par dix riches. »

    Le monde occidental est désormais un drogué, un dépendant d’une seule drogue : l’argent. Il a les yeux vrillés, le teint mat, et il se promène en limousine avec son discours de ruban de Moebius.

    ruban

    Alors, que faut-il attendre de nos institutions, de nos dirigeants « modèlisés », de nos idéaux mondialistes, des grandes plumes, des édifices à bureaux qui font le tour du monde ?

    Rien !

    Le pouvoir, ce sera de cesser d’attendre.

    Nos mollusques ont attrapé le « cancer bancaire ».

    On marche dans les rues, les rues, les rues, les rues, les rubans… Les répétants, les pareils, les agonisés.

    Pas étonnant que les films sur les morts-vivants soient aussi prisés… On en sniffe en X et re X, pensant changer le monde.

    La reproduction des mollusques

    L’organe reproducteur des Gastéropodes hermaphrodites (Pulmonés) est composé comme il suit : les orifices génitaux confondus s’ouvrent dans un seul cloaque : dans ce cas, l’appareil est constitué par une glande lobulée dont les follicules portent les ovules à l’extérieur et les cellules spermatiques à l’intérieur, et la glande hermaphrodite est généralement nommée organe en grappe ; par un canal excréteur de l’organe en grappe, tortueux, atteignant l’extrémité postérieure du canal déférent et de la matrice, tout auprès de la glande albuminipare, glande en forme de langue, d’un blanc jaunâtre. Elle sécrète un liquide épais dans lequel nagent des globules et des granulations ; son canal excréteur s’ouvre dans la partie postérieure de la matrice : cette dernière a la forme d’un canal un peu tortueux, à parois boursouflées ; elle est adhérente dans tout son trajet au canal déférent. La matrice en se séparant du canal déférent forme le vagin, lequel aboutit au vestibule on poche commune. Le vestibule a la forme d’un sac plus ou moins étendu ; il contient les orifices du vagin, du canal de la poche copulatrice, de la verge ; son orifice externe est placé en arrière du grand tentacule droit. Le canal déférent est partagé en deux parties distinctes : la première postérieure, adhérente au bord concave de la matrice ; l’intérieure libre. La verge est contenue dans un sac à peu près cylindrique ; elle passe dans le vestibule, lequel se referme lors de l’accouplement. cosmovision

    C’est ça le risque…  

    Comprendre comment se reproduisent les mollusques, mais être dans la totale ignorance de la reproduction des systèmes des sociétés.

    Depuis que j’ai lu ça, j’ai peur que nous ayons élu « ça ». Et je crains d’être « ça ».

    La mondialisation, c’est d’avoir inventé le progrès inversé par la pauvreté des rapports humains. Et, l’avenir le dira, d’avoir réinventé la pauvreté par la richesse.

    Gaëtan Pelletier

    13 mars 2013

    La Vidure

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    http://www.legrandsoir.info/l-invention-de-la-pauvrete-par-la-richesse.html

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  • Rouge Midi
    http://rougemidi.fr/spip.php?article7701
    La folie du capitalisme
    mercredi, 20 mars 2013 / Michel Peyret /

    Ancien député PCF de Gironde

    La critique simpliste du capital spéculatif et de l’endettement croissant qu’on retrouve partout est idéologiquement absurde et dangereuse, et renverse, en outre, le contexte économique réel.

    Ce n’est pas parce que les manifestations de crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui prennent leurs origines dans la sphère financière que c’est là qu’il faut chercher les causes fondamentales et structurelles de ces crises.

    La confusion entre déclencheur et cause ne date pas d’aujourd’hui. En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées.

    Un certain Karl Marx se moquait à l’époque...

    Sur l’immense décharge du capital fictif

    Les limites de l’ajournement de la crise par le capital financier et le délire des programmes d’austérité.

    Par Ernst Lohoff et Norbert Trenkle

    1.Capitalisme sain ou confusion entre déclencheur et cause ?

    Au cours des trente dernières années, le capitalisme a changé dramatiquement de visage : jamais dans son histoire le secteur financier n’a pris autant d’importance par rapport à l’ensemble de l’économie qu’à l’époque actuelle.

    Dans les années 1970, les produits financiers dérivés étaient encore quasiment inconnus. Aujourd’hui, d’après les estimations fournies par la Banque des Règlements Internationaux, la somme totale de ce seul outil financier arriverait à six cent mille milliards de dollars, c’est-à-dire environ 15 fois la somme de tous les produits intérieurs bruts.

    En 2011, le volume quotidien des transactions financières était de 4,7 milliers de milliards de dollars. Moins d’1% de cette somme provenait des transactions de marchandises. L’achat et la vente d’actions, de titres et autres promesses de paiements sont devenus centraux dans l’accumulation du capital et “l’économie réelle” est devenue un accessoire de “l’industrie financière”.

    Ce développement est critiqué de tous les côtés depuis que l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis a fait plonger l’économie mondiale à une vitesse vertigineuse comme on ne l’avait plus vu depuis les années 1930.

    La cause de ce malaise serait le gonflement de la superstructure financière. Après le krach de 2008, la colère s’était retournée essentiellement contre les banques et contre d’autres acteurs financiers privés qui, dans leur cupidité, seraient devenus aveugles et insensés. Depuis, le regard s’est focalisé sur l’endettement étatique, et ce sont les gouvernements emprunteurs, prétendument irresponsables et dépensiers, qui sont pointés du doigt.

    Mais là comme ici, l’idée de base est la même : tout le monde rêve d’un capitalisme “sain”, basé sur “le travail honnête”, un capitalisme dans lequel “l’économie réelle” dicterait la marche, et où l’économie financière jouerait ce rôle secondaire, de service, s’alignant sur ce qu’essaient aujourd’hui de nous faire croire les manuels scolaires de l’économie nationale.

    Le capitalisme est un système profondément absurde, et c’est dans la crise que ses contradictions criantes et sa folie se manifestent le plus ouvertement. Mais la pensée dominante ne veut rien savoir, elle admet tout au plus des “erreurs” ou des “abus spéculatifs” dans certains domaines du système. De cette manière, elle prétend non seulement qu’il n’y a pas d’alternative à l’économie de marché, mais elle personnifie en plus les maux de la société en les projetant sur “les banquiers et les spéculateurs”, ou, de manière encore plus générale, sur “la côte ouest américaine”.

    La critique simpliste du capital spéculatif et de l’endettement croissant qu’on retrouve partout est idéologiquement absurde et dangereuse, et renverse, en outre, le contexte économique réel. Ce n’est pas parce que les manifestations de crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui prennent leurs origines dans la sphère financière que c’est là qu’il faut chercher les causes fondamentales et structurelles de ces crises.

    La confusion entre déclencheur et cause ne date pas d’aujourd’hui. En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées.

    Un certain Karl Marx se moquait à l’époque : “Si, au bout d’une certaine période de commerce, la spéculation apparaît comme annonciatrice d’un effondrement, il ne faudrait pas oublier que cette spéculation est née auparavant dans cette même période de commerce et qu’elle représente donc un résultat, une apparence et non pas une cause ou une essence. Les représentants de l’économie politique qui tentent d’expliquer les soubresauts de l’industrie et du commerce en les attribuant à la spéculation ressemblent à l’école défunte des philosophes de la nature qui considéraient la fièvre comme la cause fondamentale de toutes les maladies.”  [1]  

    2. Un nouveau stade du développement capitaliste

    La production capitaliste ne connaît qu’un seul but : la transformation d’argent en plus d’argent. Si le capital n’a plus la valorisation en perspective, il cesse d’être capital. C’est pour cela que le système capitaliste est condamné à l’expansion. Il doit perpétuellement investir de nouveaux domaines pour réaliser la valorisation, absorber toujours plus de travail vivant, et empiler toujours plus de marchandises.

    Déjà, au cours du 19ème siècle, on constatait régulièrement des interruptions dans ce processus d’expansion. En comparaison de la quantité de capital accumulé, on se retrouvait périodiquement confronté à l’absence de possibilités d’investissements rentables dans “l’économie réelle”. A l’approche de ces crises de suraccumulation, les capitaux avaient tendance à se déplacer vers la superstructure financière où, sous la forme de “capital fictif” (Marx), ils pouvaient se reproduire pendant un certain temps à travers l’accumulation de créances monétaires. Et c’était uniquement au moment où cette reproduction de capital, sans passer par la valorisation, atteignait ses limites qu’on assistait à de véritables épisodes de crises.

    C’est ce schéma de base qui se reproduit actuellement, à une échelle tout à fait nouvelle, lors des processus de crises. Sa durée est déjà éloquente. A l’époque, l’accroissement du capital fictif était un phénomène de courte durée, tout au plus un ou deux ans, qu’on retrouvait à l’aube des crises cycliques. Aujourd’hui, la multiplication du capital fictif est devenue la caractéristique principale de toute une période.

    Depuis le début des années 1980, le volume total des titres échangés sur les marchés financiers croît sans arrêt et de manière exponentielle. Et même si le support de cette dynamique change régulièrement (emprunts d’Etats, actions, crédits hypothécaires, produits dérivés, etc.), ce n’est pas un hasard si c’est toujours “l’industrie financière” qui constitue le centre dont dépend l’accumulation du capital.

    A la différence des stades de développement capitaliste antérieurs, le déplacement vers les structures financières, lors des dernières trente années, n’est pas juste le résultat d’une absence momentanée de possibilités de valorisation dans l’économie réelle. Depuis la fin des trente glorieuses et du fordisme, une accumulation auto-entretenue dans l’économie réelle est devenue définitivement impossible.

    L’énorme gain de productivité qui a suivi la troisième révolution industrielle entraîne une éviction massive de la force de travail hors des secteurs produisant de la valeur et mine ainsi la seule base de la valorisation de la valeur : l’utilisation de force de travail vivante dans la production de marchandises.

    Depuis plusieurs décennies, le mouvement global d’accumulation ne peut se poursuivre que grâce à la sphère financière qui, en produisant inlassablement de nouvelles créances monétaires, est devenue le moteur central de l’accroissement du capital. Si ce “processus de production” de l’industrie financière s’enraye, l’effondrement catastrophique de l’économie mondiale devient inéluctable.

    3. Le capital fictif

    Dans le jargon boursier, on dit toujours que le cours des actions serait “nourri” par des attentes et que les marchés financiers font commerce avec “l’avenir”. A travers de telles formules, même si elles ne sont pas bien comprises, on peut apercevoir le secret de base du capitalisme contemporain.

    Lors de la création de nouveaux titres de propriété, une chose incroyable se produit qui serait impensable dans le monde des biens réels et de la richesse matérielle et sensible. La richesse matérielle et sensible doit avoir une existence en amont de sa consommation. Jamais par exemple on ne pourra s’assoir sur une chaise dont la construction est en projet. Pour la richesse produite par l’industrie financière, cette logique temporelle est renversée. De la valeur qui n’est pas encore produite, et qui ne verra éventuellement jamais le jour, se transforme à l’avance en capital, en capital fictif.

    Lorsque quelqu’un achète des parts d’emprunts d’Etat ou d’entreprises, lors de l’émission d’actions ou de nouveaux produits financiers dérivés, on voit de l’argent-capital qui était dans les mains d’un acheteur s’échanger contre une promesse de paiement. L’acheteur se lance dans cette transaction avec l’espoir que dans le futur, la revente de cette promesse de paiement lui rapportera plus que ce qu’il lui en a coûté aujourd’hui pour l’acheter. C’est grâce à cette perspective que la promesse de paiement devient la forme actuelle de son capital.

    Pour le bilan global de la richesse du capitalisme, ce n’est pas tant la question de la conversion des promesses qui est importante. Ce qui est particulier, c’est une bizarrerie qui se produit dans le laps de temps entre l’émission et la vente d’un titre de propriété. Aussi longtemps que cette promesse de paiement est valable et crédible, elle constitue un capital supplémentaire, à côté du capital de départ.

    Par la simple création d’une créance monétaire écrite, on dédouble le capital. Ce capital supplémentaire n’existe pas uniquement sur le papier comme simple écriture dans le bilan d’un capitaliste monétaire, il mène une vie autonome, participe en tant que titre de propriété au circuit économique et au processus de valorisation, tout comme un capital monétaire provenant de la valorisation réelle l’aurait fait. En tous points semblable, il peut être utilisé pour l’achat de biens de consommation ou être investi, sa provenance ne se reconnaît pas.  

    4. Un capitalisme sous perfusion

    A l’ère de la troisième révolution industrielle, le capitalisme ne peut survivre que s’il réussit à ramener toujours plus de valeur future vers le présent. C’est pour cela qu’aujourd’hui les produits financiers sont devenus le type de marchandises le plus important. Alors que la production de valeur se rétrécit, c’est la mutation du capitalisme vers un système basé sur l’anticipation de valeur future qui lui a permis de se créer de nouvelles marges de développement.

    Mais l’expansion de l’industrie financière se heurte de plus en plus à ses limites. La “ressource avenir” n’est pas aussi inépuisable qu’elle en a l’air. Au niveau logique, l’accumulation du capital fictif par ce processus de duplication au sein de l’industrie financière possède des particularités par rapport à l’accumulation du capital provenant de la production de valeur.

    L’une parmi d’autres a déjà été citée : la durée de vie limitée de ce procédé de multiplication de capital. A l’échéance d’un titre de propriété (remboursement, terme d’une créance, etc.), la somme de capital fictif supplémentaire qu’il incarnait rejoint le royaume d’Hadès.

    Pour qu’il puisse y avoir expansion, il doit d’abord être remplacé par de nouveaux titres. Pour que la production de titres puisse jouer le rôle de moteur pour relancer l’ensemble du fonctionnement capitaliste, son débit d’émission doit croître beaucoup plus rapidement que la production dans les secteurs clefs de l’économie réelle des périodes précédentes. Elle est soumise à une obligation de croissance exponentielle, car elle doit en permanence transformer en capital de la nouvelle valeur future tout en trouvant, sans répit, un remplacement pour les anticipations de valeur précédentes qui arrivent à échéance.

    Le fait que la multiplication de capital fictif ait explosé durant les dernières décennies n’est pas une erreur de parcours sur laquelle on pourrait juste revenir. Ce développement était obligatoire pour un système capitaliste qui est basé sur l’anticipation de la production de valeur future.

    Mais plus le poids de l’avenir capitaliste, déjà consommé, pèse lourd, plus il devient difficile de maintenir en vie la dynamique de création de capital fictif. Ce qui aggrave le problème, c’est que la ponction de valeur future ne peut marcher que si les titres de propriété proposés se réfèrent à un secteur de l’économie réelle promettant des gains futurs.

    A l’ère de Reagan, ce secteur était constitué par les bons du trésor américain (emprunts d’Etat) ; à l’ère de la nouvelle économie, c’étaient les start-up dans le domaine de l’Internet, et dans les années 2000, c’était l’immobilier dont les prix semblaient pouvoir monter jusqu’au ciel. Mais si de tels secteurs prometteurs viennent à manquer, le capitalisme maintenu en vie par la perfusion de valeur future parvient à ses limites.

    Dorénavant, ce point critique a été atteint. Depuis la crise de 2008, l’expansion des produits financiers a pu continuer, mais cette dynamique n’est portée par aucune perspective de gains dans aucun secteur croissant de l’économie privée. Cette expansion n’est alimentée que par les budgets des Etats et des banques centrales.

    Afin d’éviter l’effondrement immédiat du système financier, c’est la puissance publique, traditionnellement le débiteur le plus fiable, qui a repris les crédits pourris. Les banques centrales ont même franchi un pas supplémentaire. Non seulement elles proposent aux banques d’affaires des montants de crédits, à des niveaux jamais atteints et à des taux d’intérêts proches de zéro, mais en plus elles se sont transformées en des “Bad Banks”, des sortes de décharges pour déchets toxiques de l’avenir capitaliste déjà consumé. Elles acceptent des titres de propriété qui ne trouvent plus preneur sur le marché comme garantie pour accorder des crédits, et en plus elles achètent, pour refinancer la puissance publique, des emprunts de leurs propres Etats.

    Il est clair qu’à terme on ne peut pas enrayer un processus de crise avec de telles mesures : on ne fait que le déplacer tout en lui attribuant une nouvelle qualité.

    5. La dévalorisation du capital fictif

    La mutation des banques centrales en “Bad Banks” est déterminante pour l’avenir. Les gardiens monétaires peuvent, momentanément, en rachetant des titres de propriété pourris, maintenir à flot la création de capital fictif, mais en ce faisant, ils créent un énorme potentiel inflationniste.

    Tôt ou tard, la dévalorisation du capital fictif va entraîner, aux Etats-Unis comme en Europe, une dévalorisation du médium argent. En Chine, ce processus se manifeste déjà.

    Mais ce qui est plus caractéristique de la situation actuelle, c’est la double politique paradoxale de rigueur et d’endettement. Afin d’entretenir leur crédibilité sur les marchés financiers et de pouvoir continuer à trouver de l’argent frais, les Etats mettent en place des programmes d’austérité pour l’avenir.

    Le cas de l’Allemagne est symptomatique : en pleine année de crise 2009, tous les partis ont décidé de la mise en place, à partir de 2016, d’un programme de “frein à l’endettement”. Depuis, cette politique a été exportée vers la moitié de l’Europe. On sait déjà pertinemment que le moment venu, ces programmes seront abandonnés, ou alors “suspendus temporairement” comme ce fut le cas l’année dernière aux Etats-Unis lors du conflit budgétaire.

    Toute autre attitude aurait des répercussions catastrophiques sur l’économie. Dans un premier temps, l’annonce que l’on va faire des économies calme les esprits sur les marchés financiers, apaise l’opinion inquiète et garantit à l’Allemagne sa notation AAA, ce qui lui permet de contracter de nouveaux crédits à des conditions favorables.

    Mais évidemment, la politique d’austérité proclamée ne reste pas sans conséquences. La volonté de faire des économies est mise en oeuvre de manière pédagogique sur le dos de ceux qui sont considérés comme “inutiles pour le système”. Ce n’est pas pour rembourser les dettes de l’Etat qu’on leur enlève les dernières miettes, mais pour garder un peu plus longtemps un semblant de crédibilité face aux marchés financiers, dans le but de pouvoir continuer à emprunter.

    C’est le caractère cynique des programmes d’austérité mis en place dans les pays du sud de la zone Euro et en Irlande. C’est uniquement pour que la zone Euro puisse maintenir encore un temps le simulacre de la capacité de rembourser ses dettes que la majorité des populations sont poussées dans la misère.

    6. La réponse à la crise ? La satisfaction des besoins

    La manière de légitimer ces programmes de paupérisation est bien connue. L’idéologie d’austérité arrache jusqu’aux dernières miettes de pain de la bouche de la retraitée grecque, en proclamant que la société vit “au dessus de ses moyens”. L’absurdité de cet argument dépasse même son insolence. Elle renverse le problème de base auquel la société mondiale est confrontée aujourd’hui.

    Depuis longtemps notre société vit, quantitativement comme qualitativement, loin en dessous des possibilités qu’offrirait une utilisation sensée du potentiel de production engendré par le capitalisme. Avec moins de cinq heures hebdomadaires d’activité productive par personne, on pourrait produire une richesse permettant une vie décente à tous les habitants de la planète, et vraiment à tous, et cela sans détruire les bases naturelles de la vie.

    Si cette possibilité ne s’est pas réalisée, c’est que, sous les conditions du capitalisme, les richesses matérielles ne possèdent de raison d’existence que si elles se soumettent au but de l’accumulation du capital en adoptant la forme de la richesse abstraite.

    Avec l’avènement de la troisième révolution industrielle, la société a atteint un tel niveau qu’elle est devenue trop productive pour le but auto-référentiel et misérable de la valorisation de la valeur. Ce n’est que l’anticipation grandissante sur de la future valeur produite ainsi que la pré-capitalisation de valeur qui ne sera jamais produite qui ont permis pendant trois décennies de maintenir la dynamique capitaliste.

    Mais depuis, cette stratégie d’ajournement délirante est elle-même tombée dans une crise profonde. Ceci n’est pas une raison de se “serrer la ceinture”, ni de se complaire dans des fantaisies régressives au sujet d’un capitalisme “sain” basé sur du “travail honnête”.

    Un mouvement émancipateur contre “l’austérité” et la gestion répressive de la crise devrait viser à rompre, consciemment, le lien obligatoire entre la production de richesses sensibles et la production de valeur. Il s’agit de refuser de manière offensive la question de la “viabilité financière”.

    Savoir si des logements seront construits, des hôpitaux entretenus, de la nourriture produite ou des lignes de chemin de fer maintenues ne peut pas dépendre du fait de savoir s’il y a assez d’argent. Le seul et unique critère doit être la satisfaction des besoins concrets.

    S’il a été décidé, par “manque d’argent”, d’abandonner des ressources, il faut se les réapproprier et les transformer à travers une opposition consciente à la logique fétichiste de la production de marchandises. Une vie décente pour tous ne peut exister qu’au-delà de la forme de richesse abstraite.

    Traduction Paul Braun

    [1] En allemand : Marx Engels Werke, tome 12, page 336

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article7701


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  • Censure du Gouvernement : sommes-nous encore des révolutionnaires ?

    mercredi 20 mars 2013 par  Gautier Weinmann

    Aujourd’hui, une motion de censure est débattue à l’Assemblée nationale. Nous ne pouvons éluder la question. C’est pourtant ce que fait la direction du Parti, au nom d’une différence, qui existe et que l’on ne peut nier, entre l’UMP et le PS.

    Mais les Français ne jugent pas sur les nuances, ils jugent sur la globalité. Et toute la politique actuelle, de l’austérité généralisée aux déclarations de Valls sur les Roms, légitime le discours de l’UMP et du FN. Les résultats des élections partielles sont là pour le rappeler.

    « Si on avait un carnet de notes, pour le Premier ministre, on noterait, a minima, peut mieux faire », a dit le Président de groupe UMP. « Peut mieux faire » ! Tout est dit, la droite donne le la, les vœux du MEDEF, largement exaucés, au nom de l’intégration européenne et de la compétitivité.

    Pour le Parti communiste français, la question n’est pas de dire, "on ne censurera jamais le Gouvernement PS". Quelle erreur, quel dogmatisme dans l’accommodement et la compromission !

    Par 2 fois, dans le passé, le PCF a censuré le Gouvernement Rocard, qui ne disposait même pas d’une majorité absolue, mais qui trouvait des appuis précieux au sein de la droite pour mener sa politique libérale de casse des acquis.

    Que disait Georges Hage, qui censura, ainsi que l’ensemble des députés communistes, le 19 novembre 1990, le Gouvernement Rocard qui mettait en place la CSG ? « Je me tourne donc vers les députés socialistes et, au-delà, vers tous ceux qui leur font confiance. Le capitalisme tempéré ne saurait être qu’inconscience ou connivence ! Il faut tendre la rose aux travailleurs, et au capital le poing ! Et non le contraire, mes chers camarades ! »

    Il y a 23 ans, le PCF censurait le Gouvernement socialiste parce qu’il mettait en place la CSG... Aujourd’hui, le Parti ne conteste presque plus cette fameuse CSG. Quel glissement !

    Aujourd’hui, le même Parti est incapable de censurer un Gouvernement auquel il n’appartient pas et qui propose, main dans la main avec la droite et le patronat, l’accord national interprofessionnel, 20 milliards de cadeaux fiscaux supplémentaires aux actionnaires, le Traité Sarkozy-Merkel, 60 milliards de coupes budgétaires jusqu’à 2017, l’augmentation de la TVA ou encore une nouvelle atteinte au droit à la retraite...

    Bien entendu, il n’existe pas de raccourci délégataire pour imposer la politique dont la classe laborieuse a besoin. Tout dépendra de la puissance, des exigences et de la maturité du mouvement populaire.

    En France, celui-ci commence seulement et ne demande qu’à grossir. En France, la colère est récupérée par la droite hypocrite et son extrême démagogique et ultra-réactionnaire.

    Pour repousser la politique gouvernementale néfaste, le PCF devrait au moins prendre ses responsabilités, à son niveau parlementaire !

    Il ne le fait pas. Sommes-nous encore des révolutionnaires ?

    Gautier WEINMANN, PCF 62

    http://lepcf.fr/Censure-du-Gouvernement-sommes


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  • Angelaaaaaa ! Non, pas Merkel : la vraie ! La condamnée à mort.

     

    Elle a été une grande figure du mouvement noir américain aux cotés de Malcom X et Martin Luther King. Angela Davis adhère au Parti Communiste vers 18 ans et devient membre des Black Panthers en 1967. Se battant pour l’égalité des noirs et des blancs mais également pour l’émancipation des travailleurs, elle comprend que seule l’unité des mouvement sociaux et politiques entre Blancs et Noirs, hommes et femmes permettra de combattre la classe dirigeante.

    Pour tout cela, elle sera condamnée à mort en 1972. Une mobilisation internationale la fera libérer. Aujourd’hui, elle est toujours militante des luttes sociales et politiques aux États-Unis. Mais, au fait, que sont-ils devenus, les juges qui votèrent sa mort ? Que pensent d’eux leurs enfants ?

    Mercredi 20 mars, dix ans jour pour jour après le déclenchement de la 2ème guerre en Irak, Angela Davis, la belle, la rebelle, sera la rédactrice en chef du journal l’Humanité.

    Théophraste R. (deeeemandez l’Huma, deeeemandez…)

    PS. Le documentaire Free Angela Davis and all the Political Prisonners, de Shola Lynch, sera à l’affiche au mois d’avril en France.

    URL de cette brève 3313
    http://www.legrandsoir.info/angelaaaaaa-non-pas-merkel-la-vraie-la-condamnee-a-mort.html

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  •  
    Rouge Midi
    http://rougemidi.fr/spip.php?article7699
    L’Occident prêt à plonger la Syrie dans le chaos
    mardi, 19 mars 2013 / Linsay /

    Militante CGT de l’est .

    A quand une manifestation contre les livraisons d’armes que la France veut entreprendre ?
    A quand des initiatives d’envergure pour soutenir les forces syriennes éprises de liberté et de justice et qui ne font allégeance ni au pouvoir ni à l’armée d’occupation qui mène une guerre aux visées obscurantistes ?

    Guy Verhofstadt a invité le commandant de l’armée rebelle syrienne à venir plaider pour un plus grand armement au Parlement européen, alors que ces mêmes rebelles ont pris en otage 20 Casques bleus dans le plateau de Golan et que le flux de réfugiés syriens ne cesse d’augmenter. Un article éclairant de Paul Vanden Bavière, journaliste à Uitpers.

    Les États-Unis et l’Union européenne ont « en partie » suspendu l’embargo sur les armes décrété contre la Syrie de manière à pouvoir livrer aux rebelles syriens du matériel lourd « non meurtrier » et notamment des véhicules blindés. Les États-Unis et divers pays d’Europe ont également intensifié leurs programmes d’entraînement des rebelles en Turquie et en Jordanie notamment.

    Tout cela est bien la preuve que l’Occident s’apprête à conquérir la Syrie, ouvrant la voie à un évincement du Hezbollah au Liban. Après quoi, il ne restera plus qu’à mettre l’Iran au pas sous prétexte qu’il poursuivrait un programme d’armes nucléaires. Si ce plan fonctionne, le projet lancé par le président George W. Bush, à savoir construire un « grand Moyen-Orient » avec son propre pétrole et son propre gaz sous contrôle occidental sera en grande partie concrétisé. En effet, ce projet, lancé en mai 2004, un an après l’invasion de l’Irak par les États-Unis, s’est ensuite étendu à la Libye et il semblerait à présent que ce soit au tour de la Syrie.

    Jusqu’à la mi-février, les Etats-Unis et l’Union européenne avaient preuve de retenue. Le 18 février, l’Union européenne a officiellement prolongé de trois mois son embargo sur les armes pour finalement le lever après que le président Obama eut lui aussi renoncé à toute opposition contre un armement des rebelles syriens.

    Djihadistes

    Cette attitude des États-Unis et de l’Union européenne découle de facteurs concomitants. On craint, soi-disant, que les armes ne tombent entre de « mauvaises » mains, autrement dit entre les mains des djihadistes islamistes, comme Jabhat-al Nusra, qui cherchent à introduire par la violence un émirat islamiste stricte en Syrie. De même, on n’est pas sûr que l’opposition armée syrienne « modérée » soit en mesure de maîtriser les extrémistes, comme cela a été le cas dans le nord du Mali.

    À présent qu’Obama a été réélu et que son gouvernement est formé, ces arguments ne pèsent plus autant. D’ailleurs, les États-Unis et certains pays de l’Union européenne fournissent depuis longtemps, malgré leur embargo, non seulement du matériel militaire non meurtrier, mais aussi du matériel meurtrier, et ce via les pays du tiers-monde. Un article récemment publié dans le New York Times révèle que la Croatie a livré des armes d’infanterie via l’Arabie saoudite. Et il semblerait qu’aujourd’hui on soit bien parti pour un envoi sans intermédiaire d’armes meurtrières. C’est le ministre des Affaires étrangères, John Kerry, qui a lancé la perche lors d’une visite en Arabie saoudite où il a plaidé pour un armement de « l’opposition légitime modérée ».

    Couverture aérienne

    L’Occident n’a jamais sérieusement cherché à pousser les rebelles à trouver une solution via les négociations. Au contraire, de véritables négociations ont été rejetées comme cela s’est vu auparavant dans d’autres conflits, notamment en Irak, dans les Balkans et en Libye.

    Depuis 2011, on assiste à une escalade occidentale sur le plan militaire et on prépare petit à petit l’opinion publique à une guerre ouverte. Cela va de quelques livraisons de matériel militaire, en passant par des programmes de formation et renseignements militaires, jusqu’à l’installation au début de cette année de missiles Patriot à la frontière entre la Turquie et la Syrie par l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis. Le matériel est donc déjà sur place pour créer une « zone de sécurité » qui doit renforcer une interdiction de vol qui n’a pas encore été formellement décrétée contre les forces aériennes syriennes et « protéger » les rebelles syriens en garantissant une couverture aérienne. Tout est prêt pour permettre aux rebelles de lancer une plus grande offensive. L’Occident pourra alors s’allier, comme il l’a fait en Libye, en intervenant en tant que forces aériennes des rebelles.

    Irrémédiablement divisée

    Ce beau projet pour la Syrie soulève néanmoins quelques questions. Le problème, c’est l’opposition syrienne elle-même qui reste irrémédiablement divisée et n’a pas le moindre programme. Mi-novembre, le Conseil national syrien, à savoir la coalition d’opposition syrienne, a été rebaptisé « Coalition nationale syrienne » lors d’une rencontre au Qatar et a élu un nouveau président. Quatre mois plus tard, la Coalition, qui n’a pratiquement pas de partisans en Syrie, comme le reconnaît l’Occident, n’est toujours pas parvenue à former un gouvernement provisoire.

    Le ministre français des Affaires étrangères lui-même, Laurent Fabius, a baissé les bras lors de la rencontre des « Amis de la Syrie » qui s’est tenue à Paris fin janvier. Il a déclaré que, si l’État et la société syrienne éclataient, les islamistes gagneraient du terrain. Il a en outre exprimé sa crainte de voir la situation dégénérer en une confrontation entre milices. Il avait auparavant affirmé que la chute du régime à Damas était loin de se produire, alors que cela fait près de deux ans qu’on entend dire que ce régime subit chaque jour de nouveaux revers et qu’il est proche de l’éclatement [1].

    Sur le terrain, les deux camps, opposition et gouvernement, remportent tantôt une victoire, tantôt essuient une défaite. La situation prend des airs de front de la Première Guerre mondiale. Le président Bashar al-Assad a déclaré fin janvier que l’armée syrienne avait repris les devants sur le terrain, ce qui est probablement un peu trop optimiste. Toutefois, grâce aux armes et au soutien de l’Iran et de la Russie, il semblerait bien qu’une armée régulière ait plus de chance de percer qu’une opposition divisée.

    Absence de vision

    L’absence de vision de l’opposition et le fait qu’elle se tourne vers l’Occident sont confirmés par les propos de plusieurs dissidents, comme le général Manaf Tlass, ami proche du président Bashar al-Assad, qui a rompu avec le régime en juillet et s’est installé à Paris. Le général a déclaré dans Le Monde [2] qu’il avait demandé à la « communauté internationale » un plan de protection pour la Syrie. Pour Basma Kodmani, intellectuel syrien en France, « si la communauté internationale avait un plan précis, nous pourrions nous organiser beaucoup plus facilement » [3].

    Cette absence de vision n’a pas empêché l’Occident de poursuivre son objectif. Détruire une société et la plonger dans le chaos, comme cela s’est vu en Irak et en Libye, c’est aussi une manière de la contrôler.

    Paul Vanden Bavière le 18/03/2013 Solidaire

    Transmis par Linsay

    En médaillon Selim Idriss (en tenue de camouflage), le chef de l’Armée syrienne "libre", invité par Guy Verhofstadt (avec la cravate), le leader de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) au Parlement européen, à venir plaider pour une augmentation de leur armement. (Photo ALDEADLE)

    [1] Le Monde, 30 janvier 2013 : La dynamique de l’opposition syrienne semble s’essouffler, par Benjamin Barthe.

    [2] Le Monde, 26 janvier 2013 : Syrie : “Si le chaos fait tomber Bachar, le chaos régnera après”, par Benjamin Barthe.

    [3] Idem.

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article7699


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  • En Slovénie aussi, ça bouge...

    Lu sur le blog : canempechepasnicolas 

     

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    joelle.gir​ard 

     (joelle.girard@teaser.fr)

    Alors que la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal manifestent régulièrement leur colère, que 

     la Bulgarie est dans la rue, que tous les syndicats et une centaine d'associations

    polonaises se réunissent pour préparer une grève générale dans la salle historiquede Gdansk

    où furent signés les accords de 1980 entre ouvriers et gouvernement,

    voilà que la Slovénie, autre "élève modèle" de l'Union européenne se réveille....

    heureusement que la presse ...réunionnaise, nous en informe ...

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    Geoffroy G. Legros  


    17 mars 

    Bonjour à tous et à toutes,
     

    à l'heure où, dans le silence des médias, un mouvement populaire de grande ampleur se déroule en Slovénie, un pays membre de l'Union européeen et de la zone euro, entraînant la chute du Gouvernement, notre média réunionnais 7 Lames la Mer a interviewé Gal Kirn, jeune philosophe et militant. Une réflexion qui s'adresse à ceux qui cherchent une nouvelle voie, au coeur de l'Europe comme dans ses périphéries et ultra-périphéries.
     

    Fraternellement,
    GGL

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    Slovénie : des dizaines de milliers de manifestants contre la corruption et pour les politiques sociales dans les rues, un gouvernement démissionnaire... L’alternative émergera-t-elle de ce mouvement de masse, dont les acteurs défendent le caractère « populaire » ? « 7 Lames la Mer » a interrogé Gal Kirn, militant et philosophe slovène.

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    Photo : DPU.

    Perçue comme le « bon élève » de l’Europe post-communiste, entrée dans l’Union européenne en 2003 et membre de la zone euro depuis 2007, la Slovénie est depuis le mois de novembre le théâtre d’intenses manifestations. Une pression de la rue qui a mené au vote de défiance qui, le 27 février dernier, a entraîné la chute du Gouvernement conservateur de Janez Janša. L’installation d’un Gouvernement de transition, dirigée par l’élue de centre-gauche Alenka Bratusek, mettra-t-elle fin au mouvement ? Ce n’est pas ce que souhaitent nombre de ses acteurs, qui protestent contre la corruption et le démantèlement du modèle social slovène. Inédit dans l’histoire de la jeune république balkanique, le « mouvement du tout-Slovène » débouchera-t-il sur un modèle alternatif, inspiré du « socialisme démocratique » ? Ou sera-t-il victime de la spontanéité et de la diversité, qui ont jusque-là fait sa force ?

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    7 Lames la Mer : La Slovénie a été secouée par de nombreuses manifestations ces derniers mois. Quelles sont les revendications exprimées ?

    Gal Kirn : Il s’agit là certainement de la toute première expression d’une manifestation populaire « par le bas », spontanée, ne s’appuyant sur aucune organisation formelle ou existante, sans fonctionnement hiérarchisé. Un fort mécontentement a gagné en intensité ces dernières années. A l’origine, l’échec des partis politiques, de gauche comme de droite, et de leurs gouvernements. Les gouvernements appartenant à ces deux obédiences ont suivi, à partir de 2004, un agenda néolibéral : privatisation de tous les services de protection sociale, mais aussi vente de toutes les entreprises nationales ou semi-nationales. A partir de 2008, lorsque la crise a frappé de plein fouet la Slovénie, les politiques d’austérité ont été encore plus accentuées. Le gouvernement de Janez Janša a voulu être plus royaliste que le roi. Avant même que Merkel et la Troïka ne débarquent en Slovénie, le gouvernement — en bon toutou — s’est aligné sur les exigences du FMI, répondant à la crise par des « solutions » néolibérales.


    Insurrection du tout-Slovène

    Dans ce contexte historique de hausse du chômage — celui-ci s’élève à 13% et excède 25% chez les jeunes —, d’exploitation féroce des travailleurs, de scandales politiques et de corruption massive, les gens sont descendus dans la rue pour crier leur colère. « Gotovo je » (C’est fini, ça suffit), « gotovi so » (Ils sont finis). Ils ont exigé la démission de l’ensemble des politiciens. Évidemment, les manifestants ont unanimement crié leur mécontentement, mais peu de propositions ont été formulées quant à un programme alternatif — le processus commence seulement maintenant. Partie de Maribor fin novembre 2012 (10.000 personnes), cette « insurrection du tout-Slovène » s’est étendue à travers le pays, avec, en point culminant, la plus grande manifestation en février 2013 à Ljubljana, qui a rassemblé plus de 30.000 personnes.

     

    7 Lames la Mer : Le syndicalisme est très puissant en Slovénie. Les syndicats sont-ils impliqués dans ce mouvement ?

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    Gal Kirn : Le rôle des syndicats sera d’une importance capitale. Ils ont mis un coup d’arrêt à la première vague de réformes néolibérales en 2004 et défait à plusieurs reprises les orientations politiques les plus extrêmes. Cependant, l’année dernière, au plus fort de la crise économique, ils ont adopté une posture défensive, ayant subi quelques revers importants. Ainsi, beaucoup de lois régressives ont été adoptées en dépit des protestations syndicales : réglementation des banques, réforme des retraites, flexibilisation du marché, recours facilité aux licenciements, abaissement des droits de douane… Il était donc extrêmement important que le soulèvement engendre de nouvelles revendications politiques et radicales, même si elles ne sont pas forces de propositions : le champ est ainsi ouvert aux syndicats, pour formuler des exigences plus audacieuses.

     

    Les syndicats sont en alerte

    Ainsi, le 23 janvier, une grève générale a touché le service public de l’Education. 20.000 personnes sont descendues dans les rues de 14 villes à travers la Slovénie. Dès la chute de l’ancien premier ministre, Janez Janša, quelques semaines plus tard, les syndicats — rassemblés pour la plupart dans la centrale dirigée par Dušan Semolič, le ZSSS — ont immédiatement publié un programme de redressement. Ils ont ainsi miné la nomination de la nouvelle première ministre Alenka Bratušek, laquelle, en réalité, ne constitue qu’une version à peine édulcorée de la coalition de Janez Janša. À cet égard, les syndicats sont en alerte, mais n’ont pas durci la tendance directement à l’intérieur du mouvement. D’une part parce qu’ils respectent l’autonomie de ce mouvement de contestation, d’autre part à cause des réserves de certaines personnes au sein du mouvement. Je dirais que pour le succès à long terme des revendications socialistes, les syndicats devront être plus impliqués.

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    Janez Janša (conservateur) et Borut Pahor (social-démocrate) pris la main dans le pot de confiture.
    Photo : Suncan Stone.

    7 Lames la Mer : Les concepts de « Peuple » émergent des manifestations, par l’usage de termes tels que « Narod » ou « Ljudstvo ». Comment interpréter cela ?

    Gal Kirn : Il faut clarifier l’emploi des termes « Narod » et « Ljudstvo ». Tant sur le plan théorique que sur le plan politique. Certes, le mouvement qui se définit comme celui « du tout-Slovène » n’est pas sans équivoque. En langue slovène, on utilise souvent sans différenciation les termes « Narod », qui signifie « Nation », ou plutôt « nationalité » et celui de « ljudstvo » : le peuple. Si « Narod » renvoie souvent à la Nation slovène, la résurgence du second, « le peuple » en tant que sujet politique, devient de plus en plus pertinent pour comprendre le caractère réellement populaire du soulèvement… mais aussi la grande ambivalence, voire l’unité sans harmonie qui caractérise la Slovénie en tant que Nation.

     

    Un processus politique démocratique

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    « Narod » est traversé par des intérêts de classe, et pour cela, il ne doit pas être abandonné à l’hégémonie idéologique de la droite. A cet égard, les Bulgares sont extrêmement préoccupés par le monopole de la droite sur ce terme pendant plus d’une décennie, laissant de ce fait à la gauche une marge de manœuvre politique très restreinte. C’est l’un des enjeux majeurs du combat idéologique : dépasser les déterminismes et donner un sens nouveau aux signifiants qui existent déjà. Pour en revenir au mouvement slovène, on constate que de nombreux projets, programmes ou esquisses de programmes circulent entre différents groupes. C’est un processus politique démocratique : il ne faudrait pas qu’il soit interrompu à la source, au seul prétexte qu’il ne satisfait pas à certaines exigences idéologiques.

     

    7 Lames la Mer : Les manifestants appellent de leurs vœux des « changements révolutionnaires ». D’un autre côté, ils ne semblent pas organisés. Y-a-t-il selon vous un projet de contre-société ou de nouvelle société en construction ?

     

    Gal Kirn : Effectivement, l’organisation est, et demeurera, la question-clef. Tous veulent un renversement de l’élite politique dont certains représentants ont d’ailleurs déjà été contraints à la démission. De très nombreux groupes sont impliqués dans le combat, tels que le Comité pour la démocratie directe, l’Assemblée générale pour le soulèvement tout-Slovène, le Comité pour la justice et la solidarité sociales, le Parti du développement durable, les Femmes pour une autre transition, Protestival, ainsi que des organisations engagées dans la désobéissance civile. Notamment, les syndicats étudiants, d’autres organisations universitaires telles qu’Iskra ou la DPU.

     

    Un pas important de la lutte populaire

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    Certains groupes ne veulent pas s’inscrire dans un agenda politique, demeurent dans une perspective morale, et veulent rester de belles âmes, qui ne se « salissent pas les mains » en politique. D’autres s’attachent strictement aux seuls principes de la démocratie directe et insistent sur la lutte « par le bas », sans aucune médiation. Ce n’est que récemment qu’une série d’acteurs, dont le Comité pour la démocratie directe, ainsi que quelques groupes de théoriciens, ont engagé une réflexion pour la création d’un nouveau Parti de gauche, un Parti de gauche slovène, à l’image du parti grec SIRYZA. Il est trop tôt pour parler de l’issue du soulèvement : l’essentiel est qu’il continue, malgré le départ de Janez Janša qui n’est qu’une étape. C’est un pas important de la lutte populaire, qui pourrait rejoindre d’autres combats à la périphérie de l’Union européenne.

     

    7 Lames la Mer : Le schéma autogestionnaire de l’époque socialiste yougoslave visait à combiner une économie de marché contrôlée, la planification et le contrôle par les travailleurs de l’outil de production. Peut-il constituer une inspiration pour la création d’un nouveau modèle socio-économique ?

     

    Gal Kirn : Absolument. Jusque dans la presse dominante, un nouvel espace a ravivé le débat sur le socialisme démocratique. Celui-ci, bien entendu, est perçu tant par la droite que par la gauche comme l’ennemi principal. Mais cela est vrai aussi de groupes impliqués dans le mouvement, qui veulent demeurer neutres, post-idéologiques, et dont certains utilisent l’imagerie du mouvement serbe « OTPOR ! » [1]. L’héritage socialiste est très présent en Slovénie, et pourrait s’avérer une alternative viable. Néanmoins, aucune transition à long terme vers une forme de socialisme démocratique n’aura lieu sans changement au cœur de l’espace européen… Le combat doit donc nécessairement devenir transversal.

     

    7 Lames la Mer : Du fait d’un manque d’organisation, ce mouvement ne risque-t-il pas de bénéficier aux acteurs traditionnels du jeu politique ?

     

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    Gal Kirn : C’est évidemment le piège qui nous est tendu. De plus, Janša n’étant plus là, le pouvoir a désormais lissé son discours, et ne commet plus les erreurs de l’ancien premier ministre. Alors oui, le Gouvernement de transition peut tranquilliser la population, et l’élan révolutionnaire peut ainsi perdre de sa vigueur. Pour l’heure, selon les sondages, les social-démocrate tels que Lukšič et le Président Borut Pahor [2] ont gagné en popularité. Dans ces conditions, en cas d’élections anticipées, il n’y a pas de réponses réelles à la question « pour qui devons-nous voter ». Mais le mouvement est fort.

     

    Le socle d’un Front de libération

    Les gens n’ont plus peur de s’organiser, et de réclamer le changement à voix haute. Dès lors, le combat doit se poursuivre à plusieurs niveaux, sans se limiter à la seule glorification de la rue ou à la transition vers un parti politique. A cet égard, une plate-forme combinant ces différentes luttes, en relation avec les syndicats, pourrait être le socle d’un Front de libération, dans l’esprit de celui qui a combattu pendant la Seconde guerre mondiale, et dont nous devons garder à l’esprit tant le nom que l’héritage.

     

    7 Lames la Mer http://www.7lameslamer.net/

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


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