• « Un chef d’État qui va reposer dans un quartier populaire, c’est en soi tout un symbole »

      le 15 Mars 2013

    Venezuela : Hugo Chavez repose parmi les siens

    Caracas (Venezuela), envoyée spéciale. La dépouille du « Comandante » a été acheminée vendredi vers la caserne de la Montagne, symbole de la rébellion civico-militaire de 1992, au cœur d’un quartier populaire, bastion des luttes et du processus bolivarien. 

    Le président défunt Hugo Chavez revient, «chez lui», dans le quartier populaire du 23 de 
Enero (23 janvier). C’est là, dans ce barrio de 100 000 habitants du nord-ouest de Caracas, que le 4 février 1992, le Comandante lança une insurrection civilo-militaire pour libérer un Venezuela soumis aux diktats du FMI par une oligarchie raciste et obeissante. Il reposera dans le musée de la Révolution, ex-caserne de la Montagne, aux côtés de fresques symboles de subversion et de luttes avec les représentations du Che, de Lénine, de Karl Marx, ou encore d’Alexis Vive, ce jeune du quartier, tué en avril 2002 en défendant le nouveau processus bolivarien, victime d’un coup d’État orchestré par le patronat et la droite.

    La dépouille d’Hugo Chavez a été transférée hier de l’école militaire, où des milliers de Vénézuéliens continuent de rendre hommage au président décédé, il y a dix jours, jusque dans ce quartier vivier des luttes et dont le nom vient de la date de la chute du dictateur Marcos Perez Jimenez, en 1958. On s’attend à ce qu’une nouvelle déferlante humaine accompagne le cortège funèbre à travers la capitale où les chefs d’État bolivien et équatorien, Evo Morales et Rafael Correa, ont annoncé leur présence.

    « Un chef d’État qui va reposer dans un quartier populaire, c’est en soi tout un symbole », s’exclame Gustavo Borges, journaliste d’un média alternatif du quartier. « Tout le monde s’accorde à dire que le processus bolivarien a débuté lors du soulèvement du 4 février, ici, dans un berceau de révolte, rappelle ce militant de longue date. Le rédempteur des pauvres reste auprès des pauvres », en attendant que l’Assemblée nationale décide de le transférer au panthéon. La décision, qui doit être ratifiée par référendum, reste suspendue, en raison de l’élection présidentielle du 14 avril.

    "Nicolas Maduro poursuivra les missions qui nous ont sortis de la misère "

    Les drapeaux et autres affiches du Comandante sont autant de signes ostentatoires de sa popularité, et de l’engagement de ce quartier. Dans sa minuscule échoppe, Annie Caballero déclare, sans ambages, qu’elle votera pour Nicolas Maduro, président intérimaire et candidat du Parti socialiste unifié du Venezuela (Psuv). « Il poursuivra les missions (programmes sociaux) qui nous ont sortis de la misère », affirme cette Afro-Vénézuélienne qui précise qu’hier encore l’accès à « l’éducation, la santé, le sport étaient des rêves inaccessibles pour les pauvres ».

    À l’entrée de la Maison populaire Freddy-Parra, siège de la coordination Simon-Bolivar, et de la radio communautaire Son du 23, un peintre pose la touche finale à une nouvelle fresque : Hugo Chavez, béret rouge et habit militaire, fusil en joue, côtoie désormais son maître à penser, le Libertador, Simon Bolivar. « Le Comandante a ressorti la bannière de la lutte de classes, et du socialisme, alors que depuis la chute du mur de Berlin plus personne n’osait le faire », affirme Juan Contreras, journaliste et animateur de ce collectif. « Cette lutte est toujours d’actualité », poursuit-il, dans un pays polarisé entre « un peuple, patriote et chaviste, qui a conscience du rôle historique qu’il joue dans ce processus démocratique et participatif et une oligarchie rance, représentative du pouvoir financier, et à l’origine d’un coup d’État, d’un lock-out pétrolier et qui continue de conspirer ».

    L’affrontement ne connaîtra pas de trêve, même si, reconnaît Gustavo Borges, « l’approfondissement de la révolution dépendra du degré de conflictualité ». Elle a été la norme ces quatorze dernières années, et les actuelles passes d’armes entre les candidats Henrique Capriles, de la Table d’unité démocratique (MUD, coalition droitière), et Nicolas Maduro, donné grand favori, le confirment. Le gouverneur de l’État de Miranda a même été contraint de présenter des excuses tant ses accusations sur de prétendus mensonges d’État visant à dissimuler les circonstances de la mort de Chavez ont choqué.

    « Les mythes de l’opposition tombent l’un après l’autre », considère Gustavo Borges. Le premier, soutient-il, est le dénigrement de la popularité du leader défunt. « La droite a toujours dit que les gens étaient payés pour participer aux mobilisations chavistes, explique-t-il. Qui peut croire qu’on a distribué de l’argent aux millions de Vénézuéliens qui font la queue sur l’avenue des libérateurs ? » Le second argument asséné par l’opposition est que ce processus ne survivrait pas à son mentor. « Lors des élections des gouverneurs en décembre, Chavez était à Cuba pour se faire soigner. Il n’est jamais intervenu, et nous avons remporté vingt États (sur vingt-trois – NDLR), en regagnant des bastions de l’opposition. »

    La campagne est désormais lancée. Nicolas Maduro se pose en garant de la poursuite de la révolution bolivarienne, avec pour cap le programme pour la patrie 2013-2019, élaboré lors de la dernière présidentielle. Henrique Capriles a, lui, exigé, sans rire, des chavistes qu’ils cessent toute référence à Chavez.

    « Ce programme patriote nous permettra de tendre vers le socialisme qui n’existe pas encore aujourd’hui », précise le journaliste Juan Contreras. Selon lui, la participation citoyenne et populaire sera essentielle. Et d’évoquer le cadre « d’un État communal, l’addition de conseils communaux favorisant la mise en place de politiques publiques, décidées en bas avec le peuple ».

    Au pied de la caserne de la Montagne, un monument rappelle la journée du 4 février 1992, fruit, selon Hugo Chavez, « de la prise de conscience collective qui a permis aux Vénézuéliens de se convaincre de l’énorme force souveraine qu’ils détiennent ».


    votre commentaire
  • LES UNIONS LOCALES ET DES SYNDICATS CGT de :
    Auchel-Béthune-Bruay-Lillers-Isbergues

     

    Déclaration adoptée le 15 mars 2013.

     

    NOUS NE NOUS CACHONS PAS, NOUS LE REVENDIQUONS
    ET S’IL LE FAUT NOUS RECOMMENCERONS !

     

    Que d’émotion pour un drapeau orange de 30 x 40 cm brûlé sur une fin de manifestation à Lille, mais très peu pour les millions de travailleurs, victimes des accords signés par la CFDT depuis 30 ans dans toutes les branches professionnelles, et rien pour celles et ceux qui risquent d’être des victimes de cet accord ANI paraphé entre autre par la CFDT, le partenaire officiel du Medef.

     

    Le poète Aragon dans la « Ballade de celui qui chanta dans les supplices » écrivait : « Et s'il était à refaire, je referais ce chemin, une voix monte des fers et parle des lendemains. On dit que dans sa cellule, deux hommes cette nuit-là, lui murmuraient « Capitule » ! »

     

    Dans sa déclaration du 15 mars, la Confédération CGT s’exprime ainsi dans le 3ème paragraphe : « Les divergences syndicales ne sauraient pour autant justifier des actes qui ne respectent pas le pluralisme des idées et des organisations, comme ce fut le cas récemment lorsqu’un drapeau de la CFDT a été brûlé à l’occasion d’une manifestation »… mais :

     

    - Quand en février 2013, Laurent Berger dit « nous sommes prêts à l’affrontement avec la CGT, je suis syndicaliste, je sais ce qui est bon pour les salariés » ou critique vertement les actions des syndicalistes CGT à Goodyear ou à PSA en les qualifiant « positions dogmatiques » :

     

    - Quand François Chèrèque en 2003 signe en catimini un accord avec le gouvernement malgré les millions de salariés dans les rues et dit « La CFDT se félicite que cet accord rende effectifs les acquis de la réforme du régime de base…//… cet accord garantit le pouvoir d’achat des retraites puisque celles-ci évolueront au minimum comme les prix… » :

     

    - Quand Nicole Notat en 1997 parle de « manipulation de la détresse » à propos du mouvement des chômeurs et dit « je condamne l’occupation illicite des Locaux Assedic »… :

     

    - Quand la CFDT écrit : « il faut augmenter les cotisations, ou augmenter la durée du travail, ou bien baisser les pensions »…

     

    Depuis plus de 30 ans, la CFDT pourrit les droits des travailleurs en signant des accords de recul social dans les entreprises et dans les branches, et à chaque fois elle sort lavée de tous ses affronts…

     

    Nous revendiquons cette action et cette destruction symbolique d’un drapeau trouvé sur le bord du trottoir, et peut-être abandonné par un déçu. Par ce geste, nous avons voulu dire clairement et sans détour : STOP Á LA TRAITRISE – STOP Á

     

    LA COLLABORATION AVEC « CES GENS LÁ » - STOP, TROP C’EST TROP – STOP, IL Y A DES LIMITES Á L’UNITÉ SUR LE MOINS-DISANT !

     

    Berger a-t-il respecté les travailleurs en signant cet accord le 11 janvier 2013 ?

     

    Chèrèque a-t-il respecté les travailleurs en signant en 2003 puis en 2008 ?

     

    Notat, Maire, Kaspar ont-ils respecté les travailleurs, une seule fois depuis 40 ans ?

     

    A quel moment la CFDT a-t-elle respecté la CGT ou les autres syndicats quand il s’agissait d’accepter de signer le recul social, la fermeture des taules et la casse des droits ? Ceux qui signent de tels accords de recul ne sont jamais concernés par ce qu’ils ont signé pour les autres.

     

    Et que chacun comprenne que nous ne capitulerons jamais et s’il était à refaire nous referons ce chemin même si une voix monte des fers et parle des lendemains.

     

    Nous serons unis et déterminés dans la bagarre jusqu’au bout, contre le patronat et contre les traîtres, pour l’intérêt des salariés-es et de tous les travailleurs victimes du capitalisme et de l’injustice sociale…

     

    Nos camarades réunis à Toulouse doivent aussi nous entendre… Assez de pactiser avec ceux qui signent tout, qui refusent l’unité dans nos entreprises et qui reculent devant les patrons !

     

    Nous luttons pour nous, pour notre classe sociale et pour que nos enfants puissent nous regarder droit dans les yeux avec un sentiment de fierté, comme nous-mêmes honorons celles et ceux qui ont lutté et gagné hier pour nos droits d’aujourd’hui, au prix des larmes, de la sueur et du sang.

    http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/


    votre commentaire
  •  

    BILLET DUR DU PÈRE DENIS

     

    LE PETIT COMMERCE (Boris Vian) VERSION FABIUS

     

    Fabius annonce, avec son ami Cameron, que la France et la Grande Bretagne sont décidées à vendre
    des armes aux rebelles « Syriens », Hollande confirme en roulant des mécaniques « la France est un
    pays souverain », on en doute parfois!


    Cette décision est contraire au droit et n'a aucune légitimité, ni sur le plan national, ni sur le plan
    international. Et que l'on ne vienne pas parler d'action humanitaire en s'engageant dans une guerre
    civile. Évidemment, il y a toujours le gazoduc.


    A ceux qui s'inquiètent de voir ces armes utilisées dans des actes terroristes, comme abattre un
    avion civil, on vient répondre devant les caméras de télévision que l'on a des services secrets au sol
    pour « surveiller » leur utilisation. Comme pour la viande de cheval, on nous assure que ces
    missiles sont traçables. On apprend au passage que nous avons des barbouzes engagés sur le sol
    d'un pays souverain au côté d'une opposition organisée et soutenue de l'extérieur par le Qatar et
    autres démocraties du type Arabie Saoudite, pour ne pas parler de la Turquie base américaine dans
    la région.


    De là à découvrir qu'il y a dans les rangs de l'opposition des Djiadistes Français, on en a bien trouvé
    au Mali !


    En attendant Lagardaire et Dassault peuvent chanter :
    « je roule en cadillac dans les rues de paris
    depuis que j'ai compris la vie
    j'ai un petit hôtel, trois domestiques et un chauffeur
    et les flics me salue comme un des leurs
    je vends des canons
    des courts des longs
    des grands et des petits
    j'en ai à tous les prix
    Y'a toujours des amateurs pour ces petits instruments
    je suis marchand de canon venez me voir pour vos enfants
    canons à vendre!
    .........................................................................................
    je vendais des canons dans les rues de la terre
    mais mon commerce a trop marché
    j'ai fait faire des affaires à tous les marchands de cimetières »


    Aujourd'hui, les marchands de canons ont tout prévu, ils assurent le service après vente et disposent
    de grands groupes de Presse pour assurer la promotion du matériel, en expliquer les bienfaits aux
    peuples, arroser les intermédiaires et s'assurer de la compréhension des politiques en aportant par
    exemple le soutien médiatique dont ils ont toujours besoin.
    Dassault prévoit une nouvelle année de croissance et pour Lagardère la vente d'armes aux opposants
    Syriens est une aubaine


    C'est ainsi que le capitalisme est grand

     

    Père Denis

    http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/


    votre commentaire
  •  
    Mémoire des luttes
    http://www.medelu.org/Le-gouvernement-Ayrault-resigne-a
    Le gouvernement Ayrault résigné à l’accroissement durable du chômage
    UN SUICIDE POLITIQUE ? /
    vendredi, 15 mars 2013 / Jacques Sapir /

    Directeur d’études à l’EHESS et directeur du CEMI-EHESS

    Ainsi le gouvernement de Jean-Marc Ayrault se prépare à utiliser la procédure des ordonnances pour accélérer ses « réformes ». Si cette procédure n’est pas inconnue, elle était, ces dernières années, réservée à des sujets plus techniques, comme l’urbanisme dans le cadre du « Grenelle de l’environnement ». Son usage sur des sujets hautement sensibles nous renverrait aux ordonnances sur la Sécurité sociale prises en 1967 par Georges Pompidou, alors premier ministre. On conviendra que ce précédent ne plaide en faveur ni du gouvernement ni de la démarche qu’il a choisie. En fait, on ne peut imaginer pire moment pour chercher à passer en force sur des questions sociales.

    Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes - c’est un euphémisme - dans le domaine économique. L’annonce d’une destruction nette de près de 100 000 emplois en 2012, dont plus de 44 000 pour le dernier trimestre, confirme ce que nous savions déjà : la crise s’aggrave. Dans un pays dont la démographie entraine un flux continu de jeunes entrant tous les ans sur le marché du travail, les destructions d’emplois sont l’une des causes du chômage.

    Ces destructions ont été particulièrement importantes dans l’industrie. Ici encore, rien d’étonnant puisque la production industrielle ne cesse de baisser. On le constate sur le graphique qui suit où l’on a représenté le taux d’évolution en glissement annuel, c’est-à-dire en pourcentage d’évolution par rapport au mois équivalent de l’année précédente.

    Graphique 1

    Source : INSEE

    Cette chute de la production industrielle entraîne avec elle celle des services associés. Ainsi, c’est toute l’économie qui souffre quand souffre l’industrie. De plus, la France est désormais soumise à la concurrence des pays ayant procédé à une forte dévaluation interne, comme l’Espagne. Le solde commercial avec ce pays est devenu négatif. Cela ne sera pas suffisant pour porter remède à la terrible crise qu’il subit. Mais cela pèsera, chaque jour davantage, sur l’industrie française. Elle devra bientôt, elle aussi, se poser le problème d’une forte baisse de ses rémunérations. Si elle le fait, on sait d’avance que le chômage, déjà élevé, bondira vers de nouveaux sommets.

    En réalité, on voit bien ici que le problème central est bien celui de l’euro : en mettant face à face - dans les conditions d’une parité inchangeable - des pays dont les conditions structurelles sont très différentes, il organise un combat sans pitié dont les travailleurs sont les premières victimes. L’euro est une arène où sont sacrifiés des centaines de milliers, et même des millions d’emplois : « ave euro, morituri te salutant  » peuvent dire les travailleurs condamnés au chômage par la monnaie unique.

    Ces politiques de dévaluation interne, nommées par euphémisme politiques d’ « austérité », aboutissent à des effets contraires à ceux officiellement recherchés. En Espagne et en Grèce, comme on l’a écrit ici, on assiste à une forte contraction du crédit qui renforce les effets de l’austérité, condamnant de très nombreuses entreprises à la faillite. Aujourd’hui, c’est à un phénomène similaire que l’on assiste cette fois en Italie. Dans le graphique 2, réalisé à partir des données de la Banque centrale d’Italie, on constatera que la contraction du crédit de ces six derniers mois est même supérieure à celle que l’on a connue en 2009 dans les mois qui ont suivi la chute de Lehman Brothers.

    Graphique 2 

    On se souvient que l’un des arguments avancés en 2011 pour contraindre Silvio Berlusconi à quitter le pouvoir était qu’une crise italienne pourrait entraîner une crise de l’euro, et que celle-ci aurait des effets encore plus graves que celle de Lehman Brothers. On peut aujourd’hui constater, au vu des statistiques officielles, que les conséquences de la politique de Mario Monti, le syndic de faillite désigné par l’Europe, ont été bien pires que celles de la crise de 2008/2009. Si l’on ne trouve pas une solution rapide à cette contraction du crédit, c’est à une hécatombe des PME-PMI italiennes que l’on va prochainement assister. L’impact, tant économique que social et politique, d’une telle catastrophe sera cataclysmique.Et si l’Italie entre dans une phase aiguë de sa crise, les répercussions se feront sentir en France.

    Pourquoi, alors, dans ce contexte dramatique, François Hollande a-t-il choisi la procédure des ordonnances ? Rien ne l’y obligeait sur la question des retraites. Rappelons que, sur ce point, la véritable variable critique est celle du taux de chômage. Que ce dernier baisse des 10,2% actuels à 8%, et les retraites seront à nouveau financées, compte tenu de la démographie française qui est expansionniste. Il faut sans doute voir dans le recours aux ordonnances les effets d’une politique qui s’est résignée, sans le dire, à un accroissement important et durable du chômage.

    Mais ces mesures provoqueront naturellement une nouvelle détérioration de la situation économique, et en particulier de la consommation, ce qui provoquera à son tour une nouvelle hausse du chômage. Mais il faut y voir aussi, et peut-être surtout, une réaction de panique face aux critiques allemandes à l’égard de la politique française. Le gouvernement montre ainsi qu’il prend ses ordres à Berlin. Que ces ordres soient relayés par des secteurs de l’élite française n’y change rien. On a déjà connu une telle situation dans l’histoire… Bien sûr, on dira que c’est pour la bonne cause, pour sauver l’euro qui serait compromis par la « faiblesse » des « réformes » françaises. Ce suicide politique se payera sans doute au prix fort aux élections européennes de mai 2014.

    http://russeurope.hypotheses.org/1018

    http://www.medelu.org/Le-gouvernement-Ayrault-resigne-a



    votre commentaire
  • Karl Marx par Mustapha Boutadjine (DR)

    Politique - le 14 Mars 2013

    Isabelle Garo : "Nous vérifions aujourd’hui les crises du capitalisme que Marx avait prédites"

     

    Karl Marx, 1883-2013. Spécialiste de Marx, la philosophe Isabelle Garo expose toute l’actualité de son œuvre pour comprendre et analyser le capitalisme et la crise actuelle.

    Cent trente ans après 
sa mort, en pleine crise 
du capitalisme, la pensée de Marx a-t-elle encore 
une actualité ?

    Isabelle Garo. L’actualité de l’analyse du capitalisme par Marx (et par Engels, qu’on oublie souvent) n’est pas celle d’une description historique qui, dans ses détails concrets, resterait valable 
ou le redeviendrait. Cette actualité concerne d’abord l’étude 
d’un mode de production, dont les contradictions, économiques et sociales, constituent l’essence même. Nous sommes bien placés, malheureusement, pour vérifier l’une des intuitions majeures 
de Marx : les crises du capitalisme appartiennent à sa définition même, elles sont inséparables de sa nature. Une telle approche ne fait pas de lui un économiste, mais un critique 
de l’économie politique, associant 
à l’analyse économique de tendances et contre-tendances concrètes, l’analyse et la critique sociale, la prospective et l’intervention politiques, l’approche et l’invention philosophiques.

    Peut-on analyser le système capitaliste actuel à l’aune 
de l’œuvre de Marx ?

    Isabelle Garo. À l’heure d’une 
des crises majeures du capitalisme, les acquis sociaux des quarante, voire des soixante-dix dernières années se trouvent démolis les uns après les autres. C’est un capitalisme dérégulé qui réapparaît, dont les caractéristiques sont certes nouvelles, mais qui retrouvent certains des traits du capitalisme de l’époque de Marx. La remontée du taux de profit est sa seule obsession, quelles qu’en soient les conséquences sociales et environnementales, et son moyen, en temps de crise, est notamment 
la pression sur les salaires, directs 
et indirects, ainsi que 
la remarchandisation capitaliste de tout ce qui lui avait été arraché de haute lutte sur le terrain de la santé, de l’éducation, des retraites, des transports, etc. Pourtant, ces politiques ultraviolentes de contre-réforme ne semblent pas en mesure de résoudre ce qui est l’une 
des pires crises de l’histoire 
de ce mode de production.

    En quoi l’analyse de Marx peut-elle vraiment nous aider à comprendre la crise et sa dimension financière ?

    Isabelle Garo. S’attachant à articuler la sphère de la production et celle de la circulation, Marx est l’un de ceux qui accordent la plus grande attention aux phénomènes monétaires et financiers. Concernant la dimension financière du capitalisme contemporain, devenue si complexe, si les œuvres de Marx n’en produisent évidemment pas de description immédiatement transposable, elles aident pourtant à l’analyse de ses mécanismes fondamentaux. De ce point de vue, loin que la dimension financière soit séparable de ce qui serait un capitalisme industriel fondamentalement sain, 
elle en est constitutive, inséparable. Ainsi, Marx élabore la notion de « capital fictif », qui désigne les titres émis à partir de prêts. Ces prêts ne sont pas du capital productif de valeur, ils sont pourtant bien un capital porteur de profit, celui-ci étant toujours la plus-value extorquée aux salariés, mais une plus-value à venir. Ce décalage dans le temps est gros des crises capitalistes. C’est pourquoi les effets du capital fictif ne sont pas fictifs mais bien réels. Et c’est en ce point que la crise prend 
sa dimension sociale, sa dimension de guerre de classes avivée.

    Selon Marx, y a-t-il une 
alternative possible à l’intérieur 
du capitalisme ou bien faut-il changer de système social ?

    Isabelle Garo. Si les œuvres de Marx connaissent un réel regain d’intérêt aujourd’hui, on vante plus volontiers ses mérites d’analyste que le caractère politique, révolutionnaire, de son analyse d’ensemble du capitalisme. 
Or la perspective qui colore et oriente toutes ses analyses est bien la sortie hors du capitalisme. Sans jamais prescrire de stratégie passe-partout, craignant de faire « bouillir les marmites de l’avenir », il ne cessera de combiner analyse théorique et intervention militante en vue d’abolir ce capitalisme qui n’est nullement le dernier stade de l’histoire humaine, en dépit de ce qu’on nous raconte. Sur ce point, il faut souligner que, pour Marx, la lutte politique et sociale est aussi une lutte d’idées. C’est la notion d’idéologie qui rassemble ces différentes dimensions. Car l’offensive néolibérale est aussi idéologique, au sens où elle vante les mérites d’un monde à l’envers, qui asservit la satisfaction des besoins sociaux à la seule recherche du profit pour quelques-uns. De plus, elle sait aussi combiner les idées et la force, parvenant à faire exister ces idées au travers de politiques concrètes. Ainsi la thèse individualiste, aussi invraisemblable et simpliste soit-elle, se diffuse réellement, c’est-à-dire se vérifie jusqu’à un certain point comme effet des politiques d’individualisation des salaires, des formations, des parcours, qui renforcent l’exploitation et isolent l’individu. Lutter contre ces politiques, ce n’est pas simplement réfuter les thèses adverses, c’est leur opposer systématiquement d’autres solutions économiques, sociales, politiques, en n’oubliant 
pas les acquis des luttes passées 
et présentes, de par le monde. 
Et c’est bien entendu revenir 
de façon critique sur les questions du socialisme et du communisme, sur leur histoire et sur leur pertinence. Ce champ d’intervention est gigantesque. Il exige un effort d’invention, et d’invention collective, qui sache inclure l’analyse théorique mais aussi la déborder et la renouveler.

     

    Isabelle Garo a publié plusieurs ouvrages sur Marx, dont Marx, une critique de la philosophie (Le Seuil), Foucault, Deleuze, Althusser 
et Marx (Démopolis), et Marx et l’invention historique, (Syllepse).

    Entretien réalisé par Anna Musso


    votre commentaire
  • Monde - le 15 Mars 2013

    Sommet de l’UE : libéralisme, quand tu nous tiens

    Bruxelles (Belgique), envoyé spécial. Les représentants français voyaient, au Conseil européen qui se tenait hier à Bruxelles, une avancée : la nécessité d’une politique de croissance avance, lors des sommets européens. Le président du Conseil Herman Van Rompuy avait annoncé un « sommet ennuyeux », car ne devant pas répondre à l’urgence de la crise.

    Ce sommet a fixé des priorités aux Etats, que ces derniers devront faire leurs lorsqu’ils rédigeront leurs programme nationaux de réformes. Ils doivent rendre, conformément à la nouvelle procédure du « semestre européen », leur copie avant l’été.

    Quelles sont donc leurs priorités ? Elles s’inscrivent dans la droite ligne des politiques néolibérales menées ces dernières années : allègement de la fiscalité qui pèse sur le travail, politique active face au chômage (contrôle des chômeurs), application dès cette année des possibilités ouvertes par l’adoption des règlements « two-pack » et « six-pack » de contrôler les budgets nationaux dès cette année.

    Le Conseil européen promeut une nouvelle vague de libéralisations. « Le Conseil européen invite les Etats à tenir pleinement en compte les recommandations formulées dans le rapport de la Commission sur l’état d’intégration du marché unique », lit-on dans les conclusions du sommet. Les Etats demandent à la Commission d’inscrire cette question dans le prochain examen annuel de croissance. Rédigé par l’exécutif européen, ce dernier fixe les priorités de politique économique des Etats pour une année.

    Par ailleurs, en mai, les Vingt-Sept devraient se pencher sur l’approfondissement du marché de l’énergie.

    Pour autant, on note quelques nouveautés. Le Conseil invite à améliorer la perception de l’impôt et à lutter contre l’évasion fiscale, notamment la fraude à la TVA. François Hollande rappelait hier, que le Pacte pour la croissance, arraché en juin dernier, commençait déjà à être appliqué, et devrait faire l’objet « d’un examen lors du Conseil du mois de juin ».

    En sous-main, l’austérité budgétaire n’est pas oubliée. La France continue de réclamer plus de temps pour revenir à un déficit public de 3% du PIB. La prévision est de 3,7% pour 2013.

    Dans ce sommet presque normal, c’est l’annonce, à son arrivée par François Hollande, de vouloir mettre fin à l’embargo sur les armes en Syrie pour en livrer à l’opposition à Bachar Al-Assad, qui s’est imposé comme « le » sujet. C’est l’un des points sur lesquels les Vingt-Sept discutent ce matin.

    "Habemus austeritas!", a dénoncé Anne Demelenne, la secrétaire générale de la fédération syndicale belge FGTB lors de la manifestation anti-austérité à Bruxelles.

    Monde - le 14 Mars 2013

    Union européenne

    Conseil européen de Bruxelles : les Parlements sous surveillance

    Le Conseil européen, qui doit s'ouvrir ce soir à Bruxelles, se penchera sur la mécanique de contrôle dite du « semestre européen ». Selon les brouillons des conclusions du Conseil qui devraient être adoptées, « les progrès substantiels faits en direction de budget à l’équilibre structurel doivent continuer », c'est-à-dire la poursuite de l'austérité budgétaire.

    Le sommet de printemps s’ouvre aujourd’hui. Comme tous les ans, le Conseil européen du mois de mars a pour sujet principal l’économie. Les autres années, les chefs d’État et de gouvernement examinaient les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne, qui invitait déjà à des réformes structurelles en matière de retraites, de marché du travail ou de privatisation de services publics.

    Mais cette année, cette stratégie est effacée par une nouveauté : le semestre européen, instauré par le paquet de règlements six-pack, adopté en 2011. En guise d’économie, les dirigeants européens parleront « contrôle des budgets ». Sur la base de la publication de l’examen annuel de croissance, les États membres vont déterminer aujourd’hui quels sont les principaux défis économiques et déterminer une stratégie. D’ici au mois de juin, chaque État sera tenu, à la lumière des débats, de présenter un programme national de réforme (pour sa politique économique) et un programme de stabilité et de convergence (pour sa politique budgétaire) pour traduire dans sa politique nationale les orientations européennes.

    Selon le brouillon des conclusions du Conseil qui devraient être adoptées ce soir, « les progrès substantiels faits en direction de budget à l’équilibre structurel doivent continuer ». C’est-à-dire la poursuite de l’austérité budgétaire. En revanche, un terme nouveau – et tabou jusque-là pour certains États – fait son apparition dans le débat européen : la lutte contre l’évasion fiscale.

    Pour la politique économique au sens strict du terme, les dirigeants européens devraient décider l’organisation prochaine de sommets thématiques. Le premier, en mai, pourrait avoir pour objet l’achèvement du marché européen de l’énergie. C’est-à-dire une nouvelle étape de libéralisation, et de démantèlement du service public.

    Juste avant le début du sommet européen, plus de 15 000 personnes, dont 500 militants de la CGT emmenés par Bernard Thibault, venues de plusieurs pays de l'Union européenne ont manifesté à quelques centaines de mètres du bâtiment du Conseil européen pour dénoncer les politiques d'austérité. En Europe, "Habemus austeritas!", a dénoncé Anne Demelenne, la secrétaire générale de la fédération syndicale belge FGTB. "Nous sommes là pour mettre en garde le Conseil européen. A chaque sommet, ce sont les travailleurs qui sont mis en danger", a-t-elle ajouté au cours d'un discours. Organisé par la Confédération européenne des syndicats (CES), qui comprend 85 organisations de 36 pays, le rassemblement était en majorité composé de manifestants belges, dont environ 3.000 du groupe américain Caterpillar, qui a récemment annoncé 1.400 suppressions d'emplois en Belgique. Plusieurs centaines de salariés du groupe sidérurgique ArcelorMittal étaient également venus des sites belge de Liège et français de Florange, fortement affectés par des restructurations.

    Conseil européen

    14/03/2013 - 15/03/2013
    Bruxelles

    Lors de la réunion qu'ils tiendront à Bruxelles les 14 et 15 mars 2013, les dirigeants de l'UE clôtureront la première phase du semestre européen 2013. Le semestre européen implique une coordination des politiques des États membres dans les domaines économique, budgétaire et de l'emploi sur une période de six mois chaque année.

    Le Conseil européen évaluera l'état général de mise en œuvre des recommandations par pays 2012 dans les États membres et adoptera des conseils et des orientations d'ordre stratégique à l'intention des États membres.

    Les dirigeants de l'UE fourniront également aux États membres des orientations pour les programmes de stabilité ou de convergence de 2013 ainsi que pour la mise en œuvre des initiatives phares de la stratégie Europe 2020, notamment en ce qui concerne les nouvelles compétences et les nouveaux emplois, la politique industrielle et celle de l'innovation, ainsi que la stratégie numérique.

    Le Conseil européen débattra aussi des relations avec les partenaires stratégiques et pourrait aborder certaines questions de politique étrangère.

     

    Ressources:

    Semestre européen

    Priorités au niveau de l'UE: l'examen annuel de la croissance

    Recommandations par pays 2012-2013

    Initiatives phares

      Conclusions du Conseil européen  

      Intervention du président Herman Van Rompuy à l'issue du Conseil européen en

      Modalités d'organisation des travaux des sommets de la zone euro 

     Press conference by Herman Van Rompuy

      Intervention du président Herman Van Rompuy à l'ouverture du Conseil européen en

     EU leaders meet in Brussels today in order to discuss the economic situation and outlookand set policy orientations.

    In view of the continued stagnation of economic activity and high levels of unemployment in Europe, leaders will examine how efforts to support youth employment and promote growth and competitiveness can be accelerated.

    "We must continue to pursue our efforts to maintain stability, translate all decisions taken to promote growth and competitiveness into concrete action and results, and give absolute priority to supporting youth employment," said President of the European Council Herman Van Rompuy in his invitation letter.

    The leaders will also conclude the first phase of the 2013 European Semester.The European Semester involves coordination of the member states' economic, fiscal and employment policies over a six-month period each year.

    After the first working session, a euro summit will take place to take stock the economic situation in the euro area.

    On Friday morning, EU leaders will have a strategic debate on EU relations with Russia.

      Highlight: Spring Summit dedicated to economic and social policy

      Note d'information en

      Lettre d'invitation de M. Herman Van Rompuy en

      Lettre d'invitation de M. Herman Van Rompuy (Euro Summit) en

    http://www.european-council.europa.eu


    votre commentaire
  • A propos du « Manifeste écosocialiste » du Parti de Gauche

    Auteur de L'impossible capitalisme vert, Daniel Tanuro propose dans cet article une analyse du Manifeste écosocialiste du Parti de gauche. Mettant en évidence les avancées réelles contenues dans ce texte mais aussi ses limites, il contribue ainsi au débat crucial sur la nécessaire stratégie écosocialiste. 

     

    Le Manifeste écosocialiste du Parti de Gauche est un document important. Pour la première fois en France, une force politique représentée dans les enceintes parlementaires se réclame de l’écosocialisme pour tenter de conjuguer revendications sociales et exigences écologiques, dans une perspective de rupture avec le capitalisme. La condamnation du productivisme est sans appel. Le fait que le texte écarte comme socialement injuste et écologiquement criminelle la stratégie social-démocrate de relance du système (Thèse 6 : « Nous n’attendons donc ni la reprise de la croissance ni les effets bénéfiques de l’austérité : nous ne croyons ni à l’une ni aux autres ») témoigne d’une prise de conscience de la gravité de la situation ainsi que de l’urgence des mesures à prendre pour y faire face. C’est dire que le Manifeste contribue à ouvrir un débat politique fondamental : quelle alternative à la cogestion du capitalisme par les Verts et le social-libéralisme ? Quel programme, quel projet de société, quelle stratégie pour un socialisme antiproductiviste ?

    Ce débat ne fait que commencer. La gauche, pour l’approfondir, gagnerait à s’immerger davantage encore dans les problèmes environnementaux, dont elle peine à prendre la mesure. A cet égard, la pente gravie par le Parti de Gauche depuis que ses fondateurs ont quitté le PS est remarquable. Cependant, le point n’est pas encore atteint à notre avis d’où les militant-e-s pourraient embrasser du regard toute l’immensité des défis. Le chemin qui reste à parcourir peut se mesurer notamment au fait que le Manifeste écosocialiste du PG considère les technologies comme socialement neutres (Thèse 13 : « Le problème n’est pas la technique en soi mais bien l’absence de choix et de contrôle citoyen »… comme si l’hypothèse d’un « nucléaire socialiste » était envisageable !) et ne dit rien des agrocarburants, du gaz de schiste ou de la capture-séquestration du carbone. Mais notre principale critique est que le PG ne se prononce pas pour l’abandon des combustibles fossiles et n’aborde pas franchement certaines contraintes majeures de la transition vers un système intégralement fondé sur les énergies renouvelables. En fait, en dépit de toutes les excellentes choses qu’il contient, le Manifeste du PG ne semble pas saisir l’ampleur formidable du défi énergétique/climatique à relever dans les quarante ans qui viennent et qui constitue selon nous la raison essentielle pour laquelle l’écosocialisme est une nécessité brûlante.

     

    Les données de base du problème

    On ne répétera jamais assez les données de base du problème : au-delà de 1,5°C de hausse par rapport à l’ère préindustrielle, le réchauffement de la basse atmosphère entraînera plus que probablement des catastrophes écologiques et sociales irréversibles. La machine à désastres est déjà en route - on le voit à la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Mais le pire – notamment une élévation d’un à trois mètres du niveau des océans, impliquant le déménagement à relativement court terme de centaines de millions de personnes – peut encore être évité. Or, pour avoir une chance sur deux que la hausse de température reste au-dessous de 2,4°C, les conditions à remplir sont draconiennes : il convient que les pays développés se passent quasi-totalement des combustibles fossiles d’ici 2050 et que les émissions mondiales de gaz à effet de serre diminuent de 50 à 85% à cette échéance, pour être ramenées à zéro avant 2100 (à ce moment-là, en réalité, elles devaient même commencer à être négatives, ce qui signifie que l’écosystème Terre devrait absorber plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émet). Les énergies renouvelables peuvent prendre le relais. Leur potentiel technique est amplement suffisant. Mais la transition est extrêmement compliquée car il s’agit, en un délai très court, de remplacer le système énergétique existant par un autre, complètement différent et beaucoup plus cher.  

     

    Changer de système énergétique

    Les éléments à prendre en considération sont les suivants :

    - Si l’on refuse la technologie nucléaire – il faut la refuser, pour quantité de raisons qu’on ne développera pas ici – et si l’on respecte le principe des responsabilités communes mais différenciées des pays – il faut le respecter, pour des raisons de justice Nord/Sud évidentes – alors il découle que le succès de la transition vers les renouvelables nécessite de réduire la demande finale d’énergie de moitié environ dans l’Union Européenne et des trois quarts aux Etats-Unis ;

    - Une réduction d’une telle ampleur n’est pas réalisable uniquement par des mesures d’économie d’énergie. Une diminution de la production matérielle et des transports est indispensable également. Il ne suffit donc pas d’équilibrer la suppression des productions inutiles ou nuisibles, d’une part, et l’accroissement des fabrications écologiques, d’autre part : le bilan d’ensemble doit être négatif ;   

    - Les objectifs en termes d’émission signifient que 80% environ des réserves connues de charbon, de pétrole et de gaz naturel doivent rester dans le sol. Or ces réserves sont la propriété de compagnies capitalistes, ou de compagnies d’Etat capitalistes, elles apparaissent à l’actif de leurs bilans. Leur non-exploitation équivaudrait à une destruction de capital. Inacceptable pour les actionnaires, cela va de soi ;

    - Sauf exceptions, les énergies renouvelables restent plus chères que les énergies fossiles et le resteront en gros pendant les deux décennies devant nous. En pratique, la hausse des prix du pétrole a pour principal effet de rentabiliser l’exploitation des sables bitumineux, des gaz de schiste, des huiles lourdes et de l’offshore profond, toutes entreprises profitables du point de vue capitaliste mais éminemment destructrices du point de vue environnemental, et dont l’efficience énergétique (le rapport entre l’input et l’output énergétique) est souvent très faible ;

    - Globalement, la transition vers les renouvelables n’est pas enclenchée. Les Nations Unies en font le constat : « Le changement de technologie énergétique s’est ralenti considérablement au niveau du mix énergétique global depuis les années 1970, et il n’y a pas de preuve à l’appui de l’idée populaire que ce changement de technologie énergétique s’accélère. (…) En dépit des taux de croissance impressionnants de la diffusion des technologies énergétiques renouvelables depuis 2000, il est clair que la trajectoire actuelle ne s’approche nulle part d’un chemin réaliste vers une décarbonisation totale du système énergétique global en 2050 » (UN, World Economic and Social Outlook 2011, pp 49-50).

    - Une des raisons de cette situation – qui contraste avec l’image diffusée par les médias – est que l’utilisation pleinement rationnelle des renouvelables nécessite la construction d’un système énergétique alternatif, complètement neuf, décentralisé, économe et muni de dispositifs de stockage. Dans le cadre du système centralisé et gaspilleur actuel, 1GW de capacité éolienne intermittente nécessite le backup de 0,9 GW fossile : les renouvelables ne font que s’ajouter aux énergies traditionnelles. Eviter ce doublon implique de construire en dix ans un réseau « intelligent ». Une entreprise « gigantesque, nécessitant un progrès technologique, une coopération internationale et des transferts sans précédents » (Ibid., p. 52).

     

    L’obstacle du Capital

    Les implications économiques, donc politiques et sociales, du changement de système énergétique sont bien résumées par ce même rapport des Nations Unies : « Globalement, le coût du remplacement de l’infrastructure fossile et nucléaire existante est d’au moins 15 à 20.000 milliards de dollars (un quart à un tiers du PIB mondial – DT). La Chine à elle seule a accru sa capacité électrique au charbon de plus de 300 GW entre 2000 et 2008, un investissement de plus de 300 milliards de dollars, qui commencera à être rentable à partir de 2030-2040 et fonctionnera peut-être jusqu’en 2050-2060. En fait, la plupart des infrastructures énergétiques ont été déployées récemment dans les économies émergentes et sont complètement neuves, avec des durées de vie d’au moins 40 à 60 ans. Clairement, il est improbable que le monde (sic) décide du jour au lendemain d’effacer 15 à 20.000 milliards de dollars d’infrastructures et de les remplacer par un système énergétique renouvelable dont le prix est plus élevé » (UN, World Economic and Social Outlook 2011, p. 53).

    S’il était consulté et correctement informé des enjeux, « le monde » déciderait sans aucun doute de remplacer le système fossile par un système renouvelable. Mais les Etats capitalistes ne prendront pas cette décision, quoiqu’ils soient informés. D’une manière générale, ils sont absolument incapables de trouver en quarante ans une solution humainement acceptable à l’enchevêtrement de difficultés ci-dessus. La loi du profit l’en empêche. Aucune taxe carbone, aucun marché des droits d’émission n’apporteront de solution. Pour avoir une chance d’être efficace, taxe ou droit devraient aller jusqu’à 600 ou 700 dollars la tonne de CO2 dans certains domaines tels que le transport, ce qui est évidemment inconcevable. Tous les secteurs clés de l’économie (automobile, aéronautique, construction navale, chimie et pétrochimie, production électrique, sidérurgie, cimenterie, agroalimentaire, etc.) seraient lourdement pénalisés. Croire que les patrons des entreprises concernées accepteront qu’on touche à leurs marges, croire que les Etats rivaux représentant ces patrons se mettront d’accord pour toucher simultanément aux marges de tous les patrons dans tous les pays, c’est croire au Père Noël. L’échec depuis 20 ans (vingt ans !) des sommets internationaux sur le climat en atteste à loisir. Et cela n’est pas près de changer dans le contexte de la guerre de concurrence qui fait rage depuis 2008 !

     

    Une triple catastrophe

    Aucun doute n’est permis : dans le cadre du système, on va à vive allure vers une triple catastrophe écologique, sociale et technologique. Ce dernier aspect ressort clairement des scénarios concoctés par l’Agence Internationale de l’Energie et adoptés, avec des variantes, par l’OCDE, la Banque Mondiale, l’UNEP et d’autres institutions internationales. Pour tenter de concilier la croissance capitaliste avec les objectifs climatiques, sans changer de système énergétique, tous ces organismes avancent en effet les mêmes combinaisons de propositions (le même « mix énergétique ») : tripler le parc de centrales nucléaires ; accroître l’utilisation du charbon, des sables bitumineux et du gaz de schiste ; augmenter considérablement la production d’agrocarburants ;  accroître en général l’exploitation de la biomasse, notamment par le recours croissant aux plantes – en particulier aux arbres – génétiquement modifiés… A noter que ces scénarios, s’ils étaient mis en œuvre,  permettraient au mieux de limiter la concentration en CO2eq à 550 ppm, ce qui correspondrait à une hausse de température entre 2,8 et 3,2°C… Inacceptable !

    Dans tous ces cas de figure, la capture-séquestration du carbone est présentée comme l’œuf de Colomb permettant de poursuivre la combustion des fossiles sans que les quantités de gaz carbonique produites soient envoyées dans l’atmosphère. En réalité, il y a de bonnes raisons de craindre que le déploiement massif et à long terme de cette technologie soit une nouvelle solution d’apprenti-sorcier, une façon de balayer les déchets sous le tapis. D’une manière générale, les écosocialistes devraient s’y opposer… sauf éventuellement dans le cadre bien limité de plans de reconversion des travailleurs occupés dans certaines entreprises polluantes promises à fermeture. A noter que c’est précisément de cette technologie qu’il était question avec le projet ULCOS de Florange. Ce cas montre bien la difficulté de l’articulation concrète du social et de l’environnemental dans le contexte ultra-défensif d’aujourd’hui…

     

    Croissance, non-croissance, décroissance

    Du point de vue écologique, la principale faiblesse du Manifeste du PG est, selon nous, de ne pas prendre à bras-le-corps cette formidable question de la transition énergétique et de la politique capitaliste en la matière. Il ne suffit pas de contester la « relance de la croissance du PIB » (Thèse 6), ou de juxtaposer « la nécessaire réduction de certaines consommations matérielles et la nécessaire relance de certaines activités » (Thèse 10) : il faut aller plus loin et admettre que, au moins dans les pays capitalistes développés,  une décroissance nette de la production matérielle et des transports est indispensable pour réussir la transition et éviter une transformation irréversible de l’environnement, aux conséquences sociales catastrophiques.

     

    Quelle « règle verte » ?

    Il est vrai que le Manifeste assortit la « relance de certaines activités » de « la prise en compte systématique de l’empreinte écologique générée ». Reprenant un thème central de la campagne présidentielle de JL Mélenchon, le texte propose d’instaurer « la règle verte » comme « indicateur central de pilotage de l’économie ». L’explication donnée est la suivante (Thèse 10) : «En plus des dégâts déjà commis à rattraper en matière d’émission de gaz à effet de serre et de perte de biodiversité, nous adoptons comme moyen d’évaluation des politiques publiques, de retarder chaque année le jour du ‘dépassement global’. Il s’agit de la date où nous avons prélevé à l’échelle mondiale le volume de ressources renouvelables égal à ce que la planète est en mesure de régénérer et où nous avons produit les déchets qu’elle est capable de digérer. Notre objectif est de la repousser au 31 décembre, c’est-à-dire de neutraliser notre empreinte écologique. Cela implique la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et l’arrêt du nucléaire qui produits des déchets que nul ne sait gérer ».

    La réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et l’arrêt du nucléaire n’étaient pas mentionnés dans la première version de ce texte, soumise en décembre aux Assises pour l’écosocialisme. L’intégration de ces amendements est très positive, mais néanmoins insatisfaisante. D’abord parce que le texte ne va pas au-delà de l’objectif non chiffré  et assez vague de « réduire notre dépendance aux ressources  épuisables » (Thèse 9). Ensuite parce que « l’empreinte écologique globale » est un indicateur contestable et sans réelle portée pratique :

    - Contestable parce que, en amalgamant les prélèvements des ressources renouvelables et non renouvelables pour les rapporter à la population, l’empreinte donne une image biaisée de l’insoutenabilité. Elle dilue la responsabilité majeure des combustibles fossiles (80% environ de l’empreinte résulte de la combustion de ceux-ci) et détourne ainsi l’attention des lobbies du charbon, du pétrole et du gaz. Par contre, elle attire l’attention sur la question de la population, qui est le cheval de bataille des néomalthusiens ;

    - Sans portée pratique parce que la soutenabilité de l’empreinte écologique « à l’échelle mondiale » n’engage le gouvernement d’un pays particulier que si elle est déclinée en objectifs nationaux concrets, mesurables et vérifiables en fonction de la responsabilité historique du pays considéré dans la « crise écologique globale». Or, cette déclinaison nationale n’est pas si simple à réaliser.

    Faire face à l’urgence en adoptant une « règle verte » est certainement une idée à maintenir, mais l’indicateur choisi doit être pertinent, clair, mesurable et vérifiable. L’empreinte écologique frappe l’imagination (« il faudrait trois planètes ! ») mais crée aussi beaucoup de confusion. Il s’agirait plutôt d’adopter une loi stipulant que, tout en sortant du nucléaire, et sans avoir recours aux « crédits de carbone », la France diminuera chaque année ses émissions de CO2 fossile dans une proportion telle que le pays atteigne au minimum 80 à 95% de réduction d’ici 2050, en passant par une étape intermédiaire de 25 à 40% en 2020 (par rapport à 1990)… et en visant plus de 100% (c’est-à-dire des émissions négatives) entre 2050 et 2100.

     

    Internationalisme : encore un effort !

    L’adoption d’une telle loi est un des moyens par excellence par lequel la France – ou n’importe quel autre pays capitaliste développé – peut « assurer sa responsabilité devant l’humanité en supprimant la dette écologique ». Mais ce n’est pas le seul. A cet égard, beaucoup de choses importantes et justes sont dites à la Thèse 17, sur la dimension internationale de l’écosocialisme (« Porter un combat internationaliste et universaliste »). Cependant, le texte passe à côté du problème principal : comment concilier la stabilisation du climat avec le droit au développement des peuples du Sud ? Le défi, répétons-le, est tout simplement gigantesque. D’un côté, trois milliards d’êtres humains souffrent du fait que leurs besoins essentiels ne sont pas ou mal satisfaits : il faudrait donc produire davantage. De l’autre, les contraintes climatiques à respecter d’ici 2050 interdisent de relancer massivement la production matérielle au niveau global, et commandent même de la réduire dans les pays développés.

    Quelle est l’issue ? Personne ne peut décemment prétendre avoir la réponse clé en main. Il est cependant insuffisant d’écrire que l’on « contribue aux débats pour lier politiques de développement et de progrès social et préservation de l’environnement » et que l’on soutient la démarche de « l’initiative Yasuni ITT ». Le PG reconnaît « la responsabilité des pays dits du Nord, de l’Organisation mondiale du commerce, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale vis à vis des peuples du Sud ». Il devrait en tirer quelques conclusions programmatiques : outre l’adoption unilatérale par la France d’un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il s’agirait par exemple d’annuler la dette, de ne pas importer d’agrocarburants, de reconnaître le droit à la souveraineté alimentaire, de dénoncer REDD+, de transférer gratuitement des technologies vertes et de verser – sous forme de dons, pas de prêts ! – des sommes pour l’adaptation aux changements climatiques. Ces quelques mesures nous semblent indispensables à un internationalisme écosocialiste conséquent.     

     

    Stratégie transitoire

    Les rapports scientifiques sur le « changement global » en attestent : le défi énergétique/climatique est le problème environnemental et social majeur auquel le genre humain doit faire face. C’est à partir de cette question centrale que les écosocialistes doivent élaborer ensemble une stratégie, un programme, des tactiques, des formes de lutte. Il ne s’agit pas de prendre des postures idéologiques, de surenchérir sur le PG par purisme ou d’être plus radical que lui en vertu de dogmes sacrés. Il s’agit de prendre la mesure de l’extrême gravité de la situation objective, et d’en tirer sobrement les conclusions politiques qui s’imposent.  Celles-ci ne peuvent être que radicalement anticapitalistes et internationalistes. C’est le fondement même du mode de production qui est en cause. Le Manifeste du PG le dit aussi, et c’est dans ce cadre commun que le débat peut avoir lieu.  

    Comment faire ? Toute la difficulté stratégique réside dans le gouffre béant entre la nécessité impérieuse d’une alternative (éco)socialiste et le niveau de conscience actuel des populations, en particulier des exploité-e-s et des opprimé-e-s. C’est pour combler ce vide, pour jeter un pont sur ce gouffre qu’il importe de répondre à la fois aux demandes sociales et aux urgences écologiques à travers un programme de revendications qui permette d’amorcer la rupture. Il semble évident que ce programme doit mettre en perspective la formation d’un gouvernement capable de l’appliquer – aux niveaux national, européen et mondial. Mais la formation d’un gouvernement ne devrait pas justifier le rabaissement du programme au-dessous du niveau permettant effectivement la rupture. On peut douter qu’il y ait accord sur ce point quand on se souvient que Jean-Luc Mélenchon, à quelques jours des Assises pour l’écosocialisme, se déclarait candidat au poste de Premier Ministre d’un gouvernement de gauche avec le PS et les Verts… 

     

    Expropriation de l’énergie et de la finance

    Dans sa première version, le Manifeste du PG revendiquait la nationalisation de l’énergie, pas celle de la finance. Cette lacune a été corrigée. Il faut s’en réjouir car l’expropriation des lobbies de ces deux secteurs très imbriqués est vraiment une condition sine qua non de la rupture. Elle trace le cadre au sein duquel peuvent être déclinées toute une série de revendications écosocialistes grandes et petites, allant de la création de régies publiques municipales pour l’isolation et la rénovation des logements jusqu’à la gratuité des transports en commun, en passant par l’encouragement à l’agriculture organique de proximité, l’interdiction de l’obsolescence programmée, la gratuité des services (eau, électricité, mobilité, chauffage) jusqu’à un niveau correspondant aux besoins de base (avec tarification rapidement progressive au-delà), la reconversion des salarié-e-s des entreprises polluantes avec maintien de leurs acquis, la réduction généralisée du temps de travail à 30 heures sans perte de salaire, etc. En-dehors de ce cadre, ce programme perd sa cohérence et se délite en mesures éparses dont certaines sont digérables par le système, d’autres pas.

    Un gouvernement qui s’engagerait à appliquer un programme de rupture digne de ce nom serait immédiatement confronté à la riposte de la bourgeoisie internationale, notamment à travers l’Union Européenne. Il devrait protéger sa politique de celle-ci. Pas au nom de la nation, mais au nom d’une autre Europe à construire, une Europe dont sa politique donnerait un avant-goût aux autres peuples. Quoique le Manifeste ait été amélioré sur ce point (Thèse 16 : « Si l’échelon européen peut être pertinent pour de grandes politiques environnementales et sociales, leur mise en œuvre ne sera possible que par la construction d’une autre Europe, sous le contrôle démocratique des peuples »), il conviendrait d’avoir une démarche plus offensive encore, pointant la nécessité d’une assemblée constituante des peuples d’Europe. Car c’est seulement au niveau du sous-continent qu’un programme écosocialiste digne de ce nom peut se déployer. A travers la mise sur pied de services publics européens de l’énergie, de l’eau, des transports, du logement. A travers une réorientation de la recherche et de l’industrie vers les besoins de ces services. A travers une gestion commune des ressources naturelles.

     

    Autogestion ou étatisme ?

    Le Manifeste du PG a raison de conclure (Thèse 18) que « compte tenu de l’ampleur de son objectif, la remise en cause du modèle productiviste capitaliste ne peut résulter d’une simple alternance électorale et de décisions venues d’en haut ». En effet, cette remise en cause n’est possible que par une mobilisation sociale en profondeur. Une mobilisation de toutes et tous, quelles que soient leurs convictions philosophiques et religieuses. Ce point mérite sans doute discussion. Pour nous, il n’y a par exemple aucune raison que la participation au combat écosocialiste soit subordonnée à l’acceptation de la laïcité telle que le PG la conçoit. Cette condition va à l’encontre de l’unité nécessaire et urgente contre les catastrophes imminentes. La gestion de l’écosystème Terre « en bon père de famille » est compatible avec le fondement humaniste de toutes les religions, de toutes les cosmologies. Pour peu qu’ils luttent pour des revendications qui émancipent les hommes et les femmes en pratique – sur Terre, pas au ciel – peu importe que les acteurs croient en Dieu ou pas.    

    Le point clé est que cette mobilisation soit couplée à une auto-organisation démocratique. Imposer le contrôle des salarié-e-s dans les entreprises, élire des comités de grève, occuper les entreprises en cas de grève, former des comités d’habitant-e-s qui exigent de déterminer eux-mêmes les critères et les priorités des municipalités, encourager les luttes de masse contre les projets technologiques délirants (tels que Notre Dame des Landes), favoriser partout les liens directs entre producteurs et consommateurs pour se passer de la médiation du capital et du marché, appuyer la lutte autonome des femmes et de tous les opprimé-e-s : telle est la voie à suivre.

    Le Manifeste du PG fait des pas importants dans cette direction, en évoquant « l’intervention continue des salariés dans la gestion des entreprises » et des « conférences de participation populaire pour redéfinir les critères d’utilité sociale et environnementale et l’articulation entre les différents échelons » de la « planification écologique » (Thèse 13). Mais ces propositions gagneront à être précisées car, d’une manière générale, la perspective du Manifeste est davantage étatiste et centralisatrice qu’autogestionnaire et décentralisée. Elle fait l’impasse sur la nature de classe de l’Etat, pare la République française de vertus qu’elle n’a pas et présente pour ainsi dire une conception « top-down » de l’émancipation socialiste (Thèse 4 : « l’émancipation de la personne humaine passe par le partage de la richesse, la démocratisation du pouvoir et l’éducation globale »).

    La voie à suivre est longue et difficile, semée d’embûches. C’est celle du combat pour une alternative anticapitaliste. « Depuis longtemps, le monde possède le rêve d'une chose dont il lui suffirait de prendre conscience pour la posséder réellement », disait Marx. Cette chose aujourd’hui est l’écosocialisme, rêve d’une humanité qui entretiendra collectivement le jardin de la Terre avec joie, prudence et responsabilité. Il n’y a ni raccourci ni sauveur suprême. La conscience de la possibilité concrète de cette chose ne peut se forger que dans l’action solidaire, dans la lutte sans frontières contre ce système absurde, qui porte en lui la catastrophe écologique et sociale comme la nuée porte l’orage.  

     

    Nos contenus sont sous licence Creative Commons, libres de diffusion, et Copyleft. Toute parution peut donc être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d'origine activée.

     

    date: 
    11/03/2013 - 20:06
    Daniel Tanuro
     

    votre commentaire
  • LA FRANCE VA-T-ELLE S'ENGAGER
    DANS UNE GUERRE DE PLUS

    CETTE FOIS AUX CÔTES DES DJIHADISTES

    QU'ELLE COMBAT AU MALI ?

    Paris et Londres

    veulent livrer des armes

    aux rebelles syriens

     

     

     La France et le Royaume-Uni pourraient voter contre la reconduction de l'embargo européen sur les livraisons d'armes à l'opposition syrienne, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

    Les décisions européennes en matière de politique étrangère se prenant à l'unanimité des Vingt-Sept, il suffirait à Londres et à Paris d'opposer leur veto à cette reconduction pour que l'embargo soit automatiquement levé, ce qui leur permettrait de livrer des armes susceptibles d'établir un équilibre des forces.

    Laurent Fabius a expliqué sur France Info que Paris et Londres demanderaient à leurs partenaires européens d'avancer la réunion prévue début avril pour réexaminer le maintien de l'embargo reconduit le 1er mars dernier jusqu'au 31 mai.

    "On ne peut pas accepter ce déséquilibre actuel, d'un côté la Russie et l'Iran qui livrent des armes à Bachar et de l'autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre", a-t-il dit. "La position que nous prenons, c'est de demander aux Européens de lever l'embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre."

    "Il faut aller très vite", a-t-il ajouté. "Les Européens devraient reprendre cette question dans quelques semaines mais nous allons demander avec les Britanniques que la réunion qui prévoit l'examen de tout ça soit avancée."

    Prié de dire la position qu'adopteraient Paris et Londres, qui se concertent selon lui "en permanence", en cas de refus de leurs partenaires européens, Laurent Fabius a déclaré : "La France est une nation souveraine".(sic)

    "S'il n'y a pas de position commune, de position internationale commune, il pourrait y avoir une position commune de la France et de la Grande-Bretagne pour armer l'opposition", a-t-il dit en précisant qu'il s'agissait de "lever l'embargo".

    Selon une source diplomatique française, l'objectif dans un premier temps est "d'exercer une pression politique très forte sur les Vingt-Sept" pour les persuader de lever l'embargo.

    "Il va falloir qu'ils bougent d'une manière ou d'une autre pour adapter, modifier, apporter une aide utile à la coalition", explique-t-on.

    MOSCOU OPPOSÉ À LA LEVÉE DE L'EMBARGO

    Mais si Paris et Londres n'étaient pas suivis, les sanctions tomberaient puisqu'il faut l'unanimité pour les imposer et l'embargo serait "cassé" de fait.

    "C'est un système qui est assez brutal car il faut une décision positive des Etats membres dans un sens ou dans un autre pour que le système perdure", souligne-t-on.

    Le Premier ministre britannique David Cameron a adopté mardi une position similaire.

    "J'espère que nous réussirons à convaincre nos partenaires européens et que si de nouvelles modifications (à l'embargo en vigueur, NDLR) se révèlent nécessaires, ils seront d'accord avec nous", a déclaré le Premier ministre britannique devant une commission parlementaire.

    "Mais s'ils ne le peuvent pas, alors il n'est pas totalement exclu que nous soyons obligés d'agir à notre façon. C'est possible", a-t-il dit.

    Selon un responsable français de haut rang, la livraison à l'opposition de missiles sol-air susceptibles d'abattre les avions du régime de Bachar al Assad est envisagée.

    "Les arguments bien connus contre la livraison d'armes aux rebelles - trouver d'abord une solution politique, ne pas militariser la situation ou la crainte que les armes tombent dans de mauvaises mains - perdent de leur impact", dit-il.

    "Nous avons maintenant identifié où les armes peuvent aller et qui peut les obtenir. La pression sur Bachar ne fonctionne pas et nous ne pouvons pas accepter qu'une partie continue à se faire assassiner", a-t-il ajouté.

    La Russie a réaffirmé mercredi son opposition à la fourniture d'armes à l'opposition.

    "Je pense que le droit international stipule que cela n'est pas possible et je pense qu'armer l'opposition est une infraction au droit international", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Londres.

    http://canempechepasnicolas.over-blog.com


    votre commentaire
  •  
    Rouge Midi
    http://rougemidi.fr/spip.php?article7682
    La lutte des classes pour les nuls du Medef
    jeudi, 14 mars 2013  

    On devrait lire plus souvent Yves de Kerdrel. D’abord, il a la double casquette de chroniqueur du Figaro et de directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, ce qui prouve que le cumul n’est pas l’apanage des parlementaires. Ensuite, il est membre de la commission éthique du Medef. Quand il prend la plume, c’est aussi une éminence patronale qui s’exprime.

    Par conséquent, son avis doit être apprécié avec la considération qui sied à son auguste fonction, assurée sous le magistère morale de Laurence Parisot, cette dame qui est capable dans un même mouvement de faire la leçon de démocratie à feu Chavez et d’organiser un putsch à la sud-américaine pour sauver sa tête à la direction du patronat.

    Dans une récente chronique du Figaro, Yves de Kerdrel a signé un article d’une rare violence contre la gauche. Il y est question, excusez du peu, de « honte », de « conflagration générale », de « scénario à l’italienne » , et même d’une « sorte de guerre civile ». Après une telle lecture, on imagine déjà les beaux quartiers accumuler les réserves de victuailles en prévision d’un siège d’une durée indéterminée.

    De quoi s’agit-il donc ? Serait-on à la veille d’une insurrection animée par la branche malienne d’Al Quaïda ? Y aurait-il un risque de prise du Palais de l’Elysée par une antenne de terroristes partisans de l’indépendance du Pays Basque ? La Chine aurait-elle l’intention d’envahir la France pour y supplanter l’influence du Qatar ?

    Rien de tel. Yves de Kerdrel sort de ses gonds dorés car il considère que « Hollande insulte les employeurs » avec la loi d’amnistie sociale adoptée par le Sénat. Il y voit un blanchiment des « casseurs », ainsi qu’une réhabilitation de syndicalistes contre lesquels il dresse le réquisitoire suivant : « cassage organisé, séquestrations de dirigeants, actes de sabotage ». En d’autres temps, cela aurait valu qu’on demandât la perpétuité contre des apprentis démolisseurs pris la main dans le sac de boulons.

    Un peu de calme. En l’occurrence, la gauche n’a fait que voter une loi a minima pour que des hommes engagés dans le feu de conflits toujours propres à susciter des débordements incontrôlés ne soient pas marqués au fer rouge comme de vulgaires délinquants. Rien de plus et rien de moins. A l’exception de Nicolas Sarkozy, tous les présidents de la Vème République ont procédé de la sorte au lendemain de leur élection. Personne n’aurait l’idée saugrenue de les suspecter de collusion avec de présumés casseurs.

    On ne voit pas donc pas au nom de quelle fatalité il faudrait qu’elle s’alignât sur Sarkozy en ce domaine. Elle le fait assez dans des choix économiques marqués du sceau de l’orthodoxie néolibérale pour qu’il soit nécessaire d’en rajouter.

    Certes, si la vie sociale était ce qu’elle devrait être - et non ce qu’elle est – l’amnistie serait superfétatoire. Mais comme le déclarait Jean Jaurès : « l’ordre social n’est pas conforme à la justice ». Il faut méconnaître la violence au quotidien dans les entreprises pour s’étonner des débordements auxquels elle peut conduire en cas de conflit, dans un pays où les salariés sont tétanisés par la peur de perdre leur emploi. A contrario, les patrons voyous qui ne respectent pas le droit sont souvent exempts de toute condamnation.

    La lutte des classes, quoi qu’on en dise dans les salons fréquentés par Yves de Kerdrel, n’est pas le fantasme d’une époque révolue. C’est la triste réalité d’aujourd’hui. Les premières victimes en sont souvent des gens amenés à défendre jusqu’au bout leur outil de travail. On ne peut à la fois regretter la faiblesse du syndicalisme en France et s’accommoder d’une répression qui frappe en vertu de jugements marqués du sceau de l’injustice.

    En ce sens l’amnistie sociale n’est pas la forme suprême du droit, mais simplement la possibilité pour des hommes de retrouver un peu de leur dignité perdue.

    Par Jack Dion source Marianne 2 le 14/03/2013

    Transmis par Linsay

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article7682


    votre commentaire
  • Pape François : le nom à double face et qui trompe énormément

     


    Quand un jésuite prend le nom de François, même si on veut nous le faire accroire, il ne s'agit certes pas seulement de celui du petit pauvre d'Assise mais bien plutôt de celui du compagnon d'Ignace de Loyola fondateur de l'ordre des jésuites. François Xavier le conquérant de l'Asie.


    Il s'agit bien de reconquérir l'Amérique latine où la tentation du protestantisme évangélique bat son plein, où la théologie de la libération est encore vivante dans le coeur des gens. L'Eglise catholique est en perte de vitesse et la confiance en elle s'étiole. Il s'agit bien aussi de contrebalancer l'influence du chavisme. L'immense solidarité des dirigeants et des peuples sud américain lors des funérailles du Compagnero Chavez peut faire frémir dans l'âme les tenants du capitalismes et de l'ordre ancien. L'élection de ce Pape n'est pas un hasard. Pour dissoudre le communisme on élit un pape polonais, pour mettre à bas la tentation du "la révolution bolivarienne" un pape sud américain. Obama est content, on le comprend.
    On nous dira François d'Assise certes, mais comment un Provincial Jésuite peut-il ne pas penser en même temps à l'un des piliers fondateurs de son ordre l'autre François? c'est impossible ou alors il n'est plus Jésuite...


    François d'Assise était sans doute plus proche d'un Hugo Chavez que ne l"est un François 1er ... les Jésuites veulent servir les pauvres certes, mais dans un certain cadre qui ne bouleversera pas trop l'ordre établi.


    Le supérieur des jésuites est un général , l'ordre et la discipline, le pape noir comme on l'a appelé... Ce supérieur n'est pas le pape actuel qui n'était que provincial, il s'agit du P. Peter Hans Kolvenbach. Tout jésuite lui doit obéissance... mais il doit obéissance au pape... nous avançons là dans l'extrême de la confusion. Tous les préchis-préchas, les galipettes, les tourne-en-rond, pour justifier et faire croire que tout est juste et honnête n'y changeront rien.


    Cette histoire de François me semble bien aujourd'hui faire partie du mensonge et de la confusion volontairement organisés dans un mécanisme pervers pour leurrer les peuples. L'Eglise entre dans une sombre période...


    J'exagère et j'ai l'esprit mal tourné, je fais des procès d'intention ? Reste à voir. Je sais qu'aucun mot n'est innocent et que le Nom est toujours signifiant de ce qu'il ne dit pas...
    Il reste aux peuples de se lever et de demeurer vigilants face à tout ce qui se met en place pour mieux les asservir.


    Il ne s'agit là que de quelques réflexions sur un nom qui laisse ouvert bien des méandres et des désillusions.
    Tiens au fait, comment expliquer l'ascension fulgurante de ce petit prêtre, comme disent les médias, qui fut nommé cardinal par Jean Paul II quand  ce dernier purgeait l'église de tous les théologiens de la libération ? 


    Maryvonne Leray


    PS le nouvel obs suggère d'autre possibilités pour le nom de François :
    "D'autres François auraient pu inspirer Bergoglio. "Les papes choisissent toujours leur nom en référence à plusieurs personnages", rappelle l'historien de la religion Hervé Yannou, qui évoque, entre celles de François de Paule et de François de Sales, la piste de Saint François Borgia. Mort en 1572, ce grand d'Espagne, arrière-petit-fils du sulfureux pape Alexandre VI, est l'un des premiers généraux de l'ordre des jésuites. Auquel appartient - une première dans l'histoire du Vatican - le pape François." Le pape François, humble comme d'Assise, jésuite comme Borgia ?


    Étonnant qu'il ne cite pas François Xavier

    http://billets-du-temps-perdu.blogspot.fr


    votre commentaire