• Le droit de vivre, avec ou sans emploi

     

    (paru dans la page Rebonds du quotidien Libération de ce jour)

    Pour que les immolations par le feu de chômeurs, comme celle de Djamal Chaar à Nantes, ne se reproduisent jamais plus

    Il est temps de repenser le droit de vivre, avec ou sans emploi, d’ouvrir grands les yeux sur la catastrophe humanitaire qui sévit en ce moment même autour de nous, d’écouter la souffrance, le désespoir et les revendications légitimes des innombrables exclus qui n’en peuvent plus.

    Djamal Chaar, ce chômeur immolé devant son agence Pôle emploi à Nantes, n’est ni le premier[1], ni le dernier[2]. Djamal s’était vu réclamer un « trop-perçu », soit des allocations de chômage versées par erreur alors qu’il avait retravaillé quelque temps comme intérimaire, cumulant ainsi de maigres allocations et un bout d’emploi précaire. Or, il estimait que ses heures de travail lui ouvrant des droits au chômage n’avaient pas été toutes prises en compte, mais il ne parvenait pas à faire réétudier son dossier par les agents de Pôle emploi, eux-mêmes débordés et soumis à une pression croissante à la rentabilité. 

    Pôle emploi procède à plus de 500 000 radiations par an, dont 90 % sont dues à une absence à convocation, la plupart du temps non reçue ou envoyée par Internet à des chômeurs ne disposant pas d’équipement informatique. Combien d’hommes et de femmes, chômeurs ou travailleurs, devront-ils mourir pour que soit enfin entendu le refus de vivre dans l’indignité et dans la négation de leurs droits humains, sociaux et démocratiques ?

    Pour que les « fins-de-droits » ne conduisent plus à des fins de vies, exigeons la fin des trop-perçus et des radiations iniques. Exigeons également le respect des principes fondamentaux du droit national et international inscrits dans le  Préambule de la Constitution française et la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne, qui reconnaissent à chacun le droit à une activité, un travail ou une formation librement choisis, et le droit à des moyens d’existence convenables. C'est-à-dire la garantie d'un revenu décent pour tous, avec ou sans emploi.

    Miguel BENASAYAG, Saïd BOUAMAMA, Paul BOUFFARTIGUE, Noëlle BURGI, Rada IVEKOVIC, Raoul Marc JENNAR, Bernard LANGLOIS, Fabienne MESSICA, Edgar MORIN, Evelyne PERRIN, Josep RAFANEL, Jacques RANCIÈRE, Vicky SKOUMBI, Yannis YOULOUNTAS

    [1]  Déjà plusieurs suicides de chômeurs en 2012, notamment à Dieppe et devant la CAF de Mantes-la-Jolie.

    [2] Quatre tentatives ont suivi, dont celle d'un autre chômeur à Saint-Ouen le 15 février, gravement brûlé, et un autre à Bois-Colombes le 6 mars 2013.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/raoul-marc-jennar/


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  • Irlande, le faux bon élève de l’austérité

    MERCREDI 13 MARS 2013

    UNION EUROPÉENNE • Bruxelles et la Banque centrale européenne veulent prouver que l’austérité permet de sortir de la récession. L’Irlande va leur servir de vitrine déformante.

    «L’Irlande sort de la crise et inspire l’Europe du Sud.» Ce titre barre la une du quotidien Le Monde, vendredi 22 février1. Il ne manque qu’une série de points d’exclamation pour retranscrire l’effet que produit chez le lecteur cette phrase écrite en caractères gras. Une fantaisie que ne s’est pas autorisée le titre le plus prestigieux de la presse française. Les sous-titres reprennent la mélodie de l’austérité, qui tourne en boucle depuis des années: «Les sacrifices de Dublin paient: le coût du travail a chuté, la croissance revient.» «Les réformes en Espagne et au Portugal créent la possibilité d’un rebond.» «En matière de compétitivité, France et Italie restent à la traîne.» Pour quelle raison l’Irlande, un pays qui enchaîne les plans d’austérité depuis 2010, est-elle soudain portée au pinacle? «Dans un environnement déprimé où la zone euro est promise, au mieux, à une croissance nulle en 2013, l’Irlande, avec un produit intérieur brut (PIB) attendu en hausse de 1% à 1,5%, fait figure de ‘success story’», selon Le Monde

      Au-delà de cette croissance tout de même bien modeste, présenter l’Irlande comme sortie d’affaire, c’est faire volontairement un trait sur l’Europe réellement existante. Le 7 février dernier, après un an et demi de tractations, le pays a obtenu de la Banque centrale européenne (BCE) un moratoire de vingt-cinq ans (!) sur le remboursement d’une partie importante des sommes empruntées en catastrophe lors de l’explosion de la bulle immobilière, en 2010.   
     
        Cadeaux en rafales
     
    Avec 64 milliards d’argent frais, l’Irlande avait alors sauvé ses banques de la faillite, évitant du même coup un effet domino qui aurait envoyé toutes celles de l’Union européenne (UE) au tapis. Le report concerne 30 milliards d’euros sur lesquels Dublin n’aura que les intérêts à payer jusqu’en 2038, date à partir de laquelle le remboursement du prêt proprement dit s’étalera jusqu’en 2053. Cela allège l’effort des finances publiques irlandaises de 20 milliards pour le quart de siècle à venir, même si la BCE se rattrapera largement après (lire ci-dessous).
     
      Longtemps, Angela Merkel a refusé un tel deal. Si bien que Der Spiegel se montrait assez alarmiste lors du voyage de la «dernière chance» effectué par le premier ministre irlandais en Bavière, en janvier dernier: «Si les Allemands refusent, il est probable que l’Irlande devra être renflouée une deuxième fois cet automne.» En effet, le montant de son endettement public est supérieur de 22% à son produit intérieur brut. Aujourd’hui, ce scénario s’éloigne.
     
        A contrario, le geste de la BCE – conforme à la volonté de la Commission européenne et de l’Eurogroupe – a pour but de prouver que l’austérité imposée sur le continent n’est pas la cause de la récession mais sa solution. L’économiste irlandais David McWilliams ne voit aucune générosité dans ces évolutions: «Du point de vue de l’Union européenne, un défaut sur la dette irlandaise doit être évité à tout prix. (...) L’UE a besoin d’une victoire en Irlande car toute sa stratégie fondée sur l’austérité repose sur la sortie de ce pays du plan de sauvegarde l’an prochain2
     
        Au point qu’une nouvelle aide se prépare. Début mars, les ministres des Finances de l’UE ont recommandé à la Troïka (FMI, Commission européenne et BCE) d'accepter un report de 15 ans du remboursement d’autres dettes contractées par Dublin. Sont notamment concernés, 10 milliards d'euros de prêts qui avaient été accordés par le Fonds européens de stabilité financière (FSEF) et 18 milliards apportés par le FMI. Une demande bien accueillie par la directrice générale de ce dernier, Christine Lagarde.   
     
         Rôle de composition
     
    De son côté, Dublin a compris tout l’intérêt qu’elle peut retirer de ce rôle de composition. «Nous voulons servir d’exemple et redonner de l’espoir à tous les pays européens endettés», répète Eamon Gilmore, le vice-premier ministre irlandais, depuis janvier lorsque le pays a pris la présidence l’UE.
     
        Mais pour cela, le moratoire doit passer au second plan. Le Monde résume d’ailleurs ce deal particulièrement avantageux en une seule phrase: «L’accord conclu avec la BCE il y a quelques semaines, en allégeant le poids de la dette héritée de la crise bancaire, aide beaucoup.» C’est tout.
     
      «Ce type d’article peut être lu un peu partout en Europe. Il est calqué sur le discours des autorités européennes et des banquiers», remarque Ronald Janssen, chargé de l’étude des politiques économique et monétaire à la Confédération européenne des syndicats. L’économiste basé à Bruxelles juge cet optimisme infondé. «Les statistiques publiées par l’Irlande sont biaisées», prévient-il. En effet, le régime fiscal très avantageux de l’impôt sur les bénéfices pousse de nombreuses multinationales à y déclarer des profits qui ont été réalisés ailleurs. Ces écritures comptables gonflent artificiellement le montant des exportations, diminuent en apparence les coûts salariaux et camouflent en partie l’endettement public. En réalité, le coût de la main-d’œuvre n’a que peu baissé. «Supprimé en 2010, le salaire minimum a été rétabli l’année suivante lors de l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel. A titre de comparaison, le salaire grec moyen a reculé de 20%», ajoute Ronald Janssen.
     
      L’excédent commercial ne résulte pas d’un bond des exportations, mais de l’effondrement des importations (-25%), lui-même engendré par la fonte des revenus des Irlandais sous les coups de la rigueur. Comment pourrait-il en être autrement avec un chômage record (15%), alimenté notamment par les coupes dans l’emploi public? Et, avec l’une des proportions les plus élevées parmi les membres de l’UE de jeunes ayant quitté les études et se retrouvant sans emploi?
     
        Constat accablant
     
    La dite «austérité à visage humain» s’est ici traduite également par la diminution des allocations pour les chômeurs, des pensions pour les fonctionnaires à la retraite et des prestations familiales. Les associations humanitaires dressent un constat accablant. Selon Social Justice, un Irlandais sur dix ne mange pas à sa faim. A force de rogner les contours de l’Etat social, «les gens sont poussés dans la pauvreté et ne peuvent accéder aux biens de base comme la nourriture, le chauffage ou l’éducation», explique Paul Geoff Meagher, président de la congrégation Saint Vincent de Paul. Celle-ci aide désormais près de deux fois plus de personnes (+80%) qu’au début de la crise. En dépit de tous les tours de passe-passe, la crise n’est pas finie pour les Irlandais.
     
    • 1. Sorti le vendredi à midi, mais est daté du samedi 23
    • 2. The Independent du 12 mars

     

    en lien avec cet article: 
     

    Cadeau empoisonné

    Le moratoire de vingt-cinq ans obtenu par l’Irlande avant les premiers remboursements des 30 milliards d’euros de dette contractée en 2010 pour renflouer ses principales banques est bien utile pour maquiller les comptes actuels.    A terme, c’est loin d’être un cadeau. En fait, l’accord va augmenter considérablement la facture pour les Irlandais. Le Sinn Fein (le Parti républicain, gauche) l’a expliqué au parlement de Dublin: en étalant le remboursement sur quarante ans, contre les vingt ans prévus initialement, la masse des intérêts va gonfler et la facture finale devrait approcher 60 milliards, contre les 45 milliards attendus.    Mais d’ici là, l’exemple austéritaire de Dublin aura déjà joué le rôle qu’on lui a attribué.
     

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  • UN HEROS ANONYME MAIS LUCIDE DE LA RESISTANCE ANTI-NAZIE

    LA CHOPINE ET LE FROMAGE

    J'ai passé ma deuxième décennie de vie à Caussade. C'est dans le Tarn-et-Garonne à 20 kms de Montauban. Et dans ces années, cette ville était la capitale du chapeau. Il y  avait plusieurs usines à chapeaux, donc une à 50 mètres de chez mes parents, à coté de la borne fontaine du quartier que nous fréquentions plusieurs fois par jour. Aujourd'hui, cette industrie est totalement arrêtée. Il subsiste une foire annuelle avec des chapeaux venant du monde entier ...

    Borredon.JPGMais ce n'est pas mon propos. Il y avait comme dans beaucoup de villes et villages de la région, des Républicains combattants de la guerre d'Espagne  chassés de chez eux par les franquistes et qui avaient été très mal accueillis dans notre "patrie des droits de l'homme". A 7 kms de Caussade, à Septfonds avait été mis en place un véritable camp de concentration dans lequel les Combattants Républicains Espagnols étaient incarcérés par les autorités françaises. Pour ne pas attirer l'attention, ces courageuses autorités les débarquaient non à la gare de Caussade, mais à celle de Borredon, petite gare située aussi à environ 7 kms de Septfonds. Ces combattants de la Liberté étaient ensuite conduits dans le camp à pied. Cette gare aujourd'hui désaffectée est devenue un lieu de mémoire pour ces combattants, leurs amis, leurs enfants et petits enfants.

    J'ai donc connu beaucoup de ces réfugiés d'Espagne et surtout bien entendu leurs enfants avec qui j'étais en classe.

    Je me souviens particulièrement de T. Il avait été officier de l'Armée Républicaine et gardait des combats auxquels il avait participé, une raideur du dos liée à un éclat d'obus qui n'avait pas pu être extrait. Il était maçon de son métier. Je ne me lassais pas de le voir travailler: il construisait des murs en pierre. Il ramassait des pierres les amenait prés du mur. Il les jaugait d'un regard. Puis en choisissait une et la plaçait: pile poil.  Exactement l'endroit où il fallait la mettre. Ses mouvements étaient extrêmement lents, mais continus, et j'étais frappé par la rapidité avec laquelle les murs montaient.

    Je parlais donc beaucoup avec lui. C'est à dire, qu'il me livrait  quelques anecdotes, au compte goutte sur ses années de résistance. Je me souviens de quelques unes. Mais surtout, de son jugement amer sur l'état d'esprit de la France profonde après la capitulation et l'installation de Pétain et qu'il résumait par ces mots: "Nous avons perdu l'honneur et la patrie, mais nous avons conservé la chopine et le fromage". 

    Il a  fait partie de ces nombreux combattants Républicains venus d'Espagne qui se sont engagés tout de suite dans la Résistance anti-nazi.

    Jacques Lacaze

    http://www.jacques-lacaze.com/


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  • Poing

     Mardi 12 mars 2013

    La troïka à Athènes : « satisfaites l’appétit des marchés financiers ! »

     

    Dette et pays pauvresLes représentants de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) continuent à faire pression sur le gouvernement hellénique afin qu’il respecte les engagements qu’il avait pris de supprimer quelque 25.000 postes du secteur public d’ici la fin de l’année. En effet, les milieux financiers européens ont promis une nouvelle « aide » de 130 milliards d’euros à la Grèce et l’allègement de sa dette en échange du licenciement de fonctionnaires en deux vagues successives : 12.500 d’ici juin et 12.500 autres d’ici la fin de l’année. En tout, c’est un total de 150.000 fonctionnaires qui devraient avoir été licenciés d’ici 2015. Mais aucun des trois partis de la coalition gouvernementale (Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antónis Samarás, le PASOK du socialiste Evángelos Venizélos et la Gauche démocrate de Fótis Kouvélis) ne veut prendre la responsabilité de se montrer trop conciliant vis-à-vis des exigences de la troïka, de peur d’avoir à en pâtir lors des prochaines échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement tente d’un côté de trouver la solution pour liquider ces emplois publics sans en avoir l’air et de l’autre, les représentants de ces mêmes partis répètent à l’envi, comme l’a fait récemment le Premier ministre grec, que le peuple grec n’est plus en mesure de supporter d’autres sacrifices. Pourtant, les milieux financiers ne s’arrêtent pas au saccage des services publics : ils exigent aussi une réduction de 22 % du salaire minimum dans le privé, la diminution des épargnes retraite de 15 % et la réduction des indemnités de licenciement à trois mois de salaires contre six actuellement. Mais les organismes qui fournissent les prêts à la Grèce ne s’arrêtent pas là : ils lui enjoignent également d’annuler les emplois à durée indéterminée dans les entreprises publiques. Difficile dans ces conditions de porter crédit aux annonces faites par les partis de la coalition au pouvoir.

     

    Pendant ce temps, des mouvements sociaux éclatent à travers tout le pays. Tous les musées et les sites archéologiques de la Grèce – l’Acropole incluse – sont restés fermés vendredi. Les employés du ministère de la culture étaient en grève en signe de protestation contre la grève de salaires et les licenciements.    

     

    La veille, c’était au tour des étudiants de descendre dans la rue contre Athina, un plan gouvernemental qui vise à restructurer profondément les universités en fusionnant ou en fermant purement et simplement plusieurs départements universitaires. Le plan, dont le but est de ramener à 384 le nombre de facultés (contre 534 aujourd’hui), prévoit aussi de réduire de 4 % le nombre d’étudiants admis dans l’enseignement supérieur l’an prochain. Appliqué à une population qui n’a jamais été autant exposée au chômage - avec 55,6 % des moins de 25 ans au chômage – il attise les craintes sur l’avenir de ce que la presse grecque a appelé la génération perdue, souvent condamnée à l’exil à l’étranger. Un projet de fusion de vingt-huit facultés a été reporté en 2018 de façon que les étudiants déjà inscrits puissent terminer leurs études sans avoir à être transférés dans un autre établissement. Mais pour accélérer la manœuvre et être certain de son issue, le plan Athina a été présenté au Parlement sous la forme d’un décret présidentiel. Comme l’a écrit Corinne Gobin du groupe de recherche sur les acteurs internationaux (GRAI), « en acceptant cette obligation d’obéir à une technocratie transnationale qui bafoue les droits les plus élémentaires des peuples, nos gouvernants ne sont-ils pas en train de s’engager vers une situation de haute trahison envers leur population ? ».  La réponse coule de source.

     

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr/article-la-troika-a-athenes-satisfaites-l-appetit-des-marches-financiers-116123496.html


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  • Que la fête commence !

    La Presse de l’oligarchie se déchaîne. Elle prépare le terrain pour accepter l’inacceptable. Sauver les banques. Sauver la France. Faire payer les Français, les responsables de la dette. Après Laurent Joffrin, du Nouvel Observateur-Obsession, le groupe Rothschild attaque au nom du Travail et de la Patrie. Il n’y a plus besoin de porter un masque. A visage découvert, Demorand crache sur les travailleurs : « Oui, pour le dire avec ces mots autrefois clinquants, il faudra travailler plus pour gagner autant et peut-être même moins. » Ce matin la ministre Touraine annonce la réforme des retraites qui prévoit l’effort de « tous les Français ». On n’est qu’au début du plan Papandréou, président de l’Internationale Socialiste. C’était sa première mesure. [1]

    * * *

    Pauvre peuple, tu voulais te débarrasser de la droite haineuse [2]. Tu l’a fait. Maintenant, il faut en payer le prix. Tu paieras pour sauver Versailles. Tu paieras pour sauver ton âme. Tu paieras pour sauver tes enfants. C’est comme ça. Tu ne voulais pas de syndicats, tu voulais le Consensus sans savoir avec qui et pourquoi, tu voulais regarder les sophistes-guignols-botuls à la télé tranquille dans ton coin. Je sais. Maintenant, pour te venger de la gauche tu voteras à droite et à son extrême et puis tu auras honte comme t’as eu honte en 40. Tu as donné les pleins pouvoirs au Maréchal, vainqueur à Verdun. Tu as vu le résultat et tu le regrettes. Tu as donné les pleins pouvoirs au petit caporal, vainqueur au Mali : la présidence de la république, l’assemblée nationale, le sénat, les régions de France, la majorité de départements, nos villes et nos villages et la banque Sarkozy-Royal [3]. Réveille-toi avant de regretter. Tu ne mérites pas ça. Un peuple qui est bon à être gouverné est bon à gouverner.

     [1] Papandréou prétextait que son plan était imposé par la Troïka. En France, ce serait honteux pour le président d’évoquer une telle explication. La France n’est pas un pays de la périphérie. Les chiens de garde ont du travail.

    [2] Information à destination des apolitiques : L’expression « droite haineuse » est un écran de fumée du PS. Jamais depuis la Libération un Pouvoir de droite, aussi primitif et bestial que ce dernier, n’a eu à son service autant de socialistes (vrais ou faux). Le gouvernement « d’ouverture » du socialiste Rocard avait moins de socialistes. La liste n’est pas exhaustive : Jacques Séguéla, Bernard Tapie, André Glucksmann, Roger Hanin, Pascal Sevran, Jacques Attali, Max Gallo, Anne Lauvergeon, Georges-Marc Benamou, Hubert Védrine, Bernard Kouchner, Martin Hirsh, Claude Allègre, Eric Besson, Michel Charasse, Jacques Blanc, Jean-Pierre Jouyet, Alain Minc, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel, Jack Lang, Manuel Valls, Dominique Strauss-Kahn, Olivier Schrameck, Guy Carcassone, Olivier Duhamel, Michel Rocard, Julien Dray, Bernard-Herri Lévy, …

    [3] Information à destination de nos lecteurs étrangers : En France le président a créé une banque administrée par un ex-ministre de Sarkozy et son ex compagne. Il espère ainsi terrasser la bête.

    * * *

    L’article du directeur de Libération est très violent. Il y en aura d’autres. Mediapart se cantonne à une opposition normale à un régime normal. Pour l’instant, elle exorcise Staline et Chavez … ils risquent de venir distribuer l’argent aux pauvres … Un hélicoptère de la police survole la Tour de David … la révolution ne sera pas filmée … Mon dieu, aux abris … et le nouveau pape sans papamobile … l’horreur …

     

    Article de NICOLAS DEMORAND, 5 mars 2013

    Les raisons, nous les connaissons toutes : un enchaînement rapide de crises, bancaire, financière, monétaire, économique, qui plongent les Etats en quasi-banqueroute, dans le marasme et la récession. Il y a fort à parier que beaucoup de chefs d’entreprise aujourd’hui en grande difficulté ou de chômeurs n’ont jamais boursicoté. Et ne sont donc en rien responsables ou coupables de ce qui leur tombe sur la tête. Cette injustice, proprement révoltante, s’impose comme le sujet politique explosif de ces prochaines années : les partis de gouvernement ne savent pas s’en saisir ; les populistes s’en repaissent ; les élections débouchent sur d’introuvables configurations. En attendant, dans la panade, il faut travailler à sauver le travail. Ou ce qu’il en reste. Oui, pour cela, il faudra rendre des droits chèrement acquis et des protections sociales. Oui, il faudra bâtir des compromis au sein des entreprises sans quoi celles-ci fermeront. Oui, pour le dire avec ces mots autrefois clinquants, il faudra travailler plus pour gagner autant et peut-être même moins. Oui, ce scénario reste mille fois préférable au chômage. Aucune des phrases qui précède n’est dictée par l’idéologie qui normalement les inspire : le mépris social et la haine des pauvres qui, crise ou pas, s’exprime toujours sur le même ton. Il s’agit aujourd’hui de l’inverse : trouver le moyen, pour une période limitée, dans le dialogue social au sein des entreprises, de maintenir en activité des pans entiers de la population qui risquent sinon d’aller grossir les rangs des chômeurs.

    http://dimitri-blog.fr/2013/03/que-la-fete-commence/


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  •  Le 13 mars 2010, un grand nom de la chanson française disparaissait:Jean Ferrat. En Ardèche, dans le village d'Antraigues son souvenir est toujours très présent.

    Trois ans, jour pour jour, après la disparition de Jean Ferrat, sa veuve inaugure, mardi, à Antraigues, la «Maison Jean-Ferrat ».

    Jean Ferrat chez lui, en Ardèche. Photo Le Dauphiné Libéré

    Jean Ferrat chez lui, en Ardèche. Photo Le Dauphiné Libéré

    Vendredi 8 mars, à Antraigues (Ardèche) : c’est la Journée internationale des droits des femmes, une idée (à défaut d’un concept) qui plaisait peut-être à Jean Ferrat, et qui aurait aussi plu à son poète préféré Louis Aragon. Le premier a chanté les mots du second : la femme serait l’avenir de l’homme, paraît-il… Ici, en Ardèche, la femme est la mémoire de l’homme : en l’occurrence Colette Ferrat, qui entretient avec un soin jaloux le souvenir de « son » homme, mort juste à côté, à Aubenas, le 13 mars 2010.

    Mardi, elle inaugurera, sur la place du village, la « Maison Jean-Ferrat », qu’elle a voulu pour lui et qui ouvrira ses portes au public le lendemain, jour anniversaire de sa mort.

    A ses côtés, les amis de toujours seront là : Paco Ibanez et sa guitare, Francesca Solleville, Gérard Morel… et ses deux nièces, élevées comme ses filles, elles aussi gardiennes du temple du souvenir : Sylvie et Valérie. « J’ai toujours beaucoup de mal à parler de lui, mais je tenais à lui rendre cet hommage, lui qui a défendu tant de valeurs », explique pudiquement, mais avec des sanglots dans la voix, celle qui partageait sa vie depuis 1972. « Vivre avec lui, c’était un bonheur. On était toujours d’accord, on était bien où qu’on soit. Il me demandait : qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui ? Je lui disais : ce que tu veux, et toi ? Et il me répondait : ce que tu veux aussi… Et, finalement, on n’allait souvent nulle part !

    Je crois que c’est pour ça qu’il m’a épousée, finalement : j’étais facile à vivre et je n’étais pas collante… »

    C’est ce bon vivant qui aimait son torrent, son village, sa femme, ses amis, faire la cuisine, que la Maison Jean-Ferrat va faire revivre. « Seul le bruit du torrent déchire le silence et tu dis mon amour, nous avons trop de chance », est d’ailleurs la phrase que Colette a choisie au frontispice de la maison du souvenir.

    Celle-ci est la bâtisse la plus grande de la place du village d’Antraigues, qui compte 550 habitants et qui est l’un des dix-neuf villages de caractère du département. 

    C’est ici, dans cette Ardèche du Sud, que Ferrat a débarqué en 1964, aux côtés de son ami Jean Saussac, artiste-peintre qui a beaucoup travaillé pour le cinéma et notamment pour Bertrand Tavernier, et qui était, accessoirement… maire d’Antraigues. Il a eu le coup de foudre pour cette région, son côté doux et sauvage à la fois, ce qui lui correspondait bien. Au point de s’y installer définitivement dès 1973 et d’en devenir conseiller municipal et premier adjoint.

    Aujourd’hui, sur cette même place de la Résistance, Sylvie et Valérie Arbat tiennent maintenant les deux piliers du village : Valérie est à la manœuvre de Lo Podello, un petit resto qui fait aussi chambre d’hôtes, juste en face de l’autre café de la place, « La Montagne », tandis que Sylvie est la cheville ouvrière de la Maison Jean-Ferrat et en sera la patronne. Ici, on est et reste en famille donc.

    Que trouvera-t-on dans la « Maison Jean-Ferrat auteur, compositeur interprète » ? Le visiteur est accueilli, dans le hall, par l’exposition « Jean des Encres et Jean des Sources », qui était déjà visible à l’office de tourisme depuis la mort du chanteur.

    Elle retrace l’animal politique, le guetteur de l’histoire, le photographe de la condition humaine, bref, l’homme complet, impliqué, concerné qu’était Ferrat.

    Au premier étage, dans une salle où a été installé son piano, des écrans et des casques permettront de le revoir et de le ré-écouter.

    Au deuxième étage, Colette a fait déménager de leur maison le bureau de son mari, sa mezzanine, et toute sa bibliothèque.

    L’Encyclopedia universalis, l’intégrale de l’œuvre poétique d’Aragon, et, bien sûr, Hugo, Eluard, Lautréamont, la Fontaine et bien d’autres en collection Pléiade…

    Renseignements sur  www.jean-ferrat-antraigues.com

    Françoise Monnet


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  • Evo Morales rencontrera François Hollande le mardi 12 mars 2013

    Presse
     

    La presse française est très avare de cette information. On trouve cependant ceci, dans "le Parisien" :

    Publié le 11.03.2013. Le président bolivien Evo Morales effectue mardi et mercredi une visite de travail en France, qui débutera par un déplacement à Toulouse au siège d’Airbus avant une rencontre mercredi avec le président François Hollande, a annoncé lundi le Quai d’Orsay.

    M. Morales prononcera mardi soir à 19 heures un discours à la Maison de l’Amérique latine à Paris. Mercredi, à 15h30, il sera reçu par le président de la République au Palais de l’Élysée.

    Une rencontre du chef de l’État bolivien avec des entreprises françaises est également prévue, a indiqué Vincent Floréani, porte-parole adjoint du Quai d’Orsay, lors d’un point-presse.

    "Cette visite permettra d’évoquer avec le président bolivien les perspectives de développement de notre partenariat bilatéral dans tous les domaines, notamment en matière économique et de protection de l’environnement", a déclaré M. Floréani. Elle sera aussi l’occasion de faire le point sur les principales questions internationales.
    "La visite du président bolivien s’inscrit dans le cadre de la priorité que nous accordons au développement de nos relations avec l’Amérique latine où le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est rendu du 21 au 26 février", a souligné M. Floréani.

    Et cela, sur un site lié au PS :

    "Ce qui s’est passé en Bolivie, comme ce qui s’est passé au Chili, il y a quelques semaines ou encore au Brésil, montre que le continent sud-américain connaît une ère nouvelle où les principes de solidarité et un nouveau mode de répartition des richesses est discuté, analyse Julien Dray, le porte-parole du PS.

    Nous sommes solidaires du combat de ces nouveaux gouvernements qui recherchent un autre mode de développement, un autre chemin vers la solidarité, un autre mode de répartition des richesses et qui remettent en cause la domination de ce qu’on appelle l’impérialisme américain sur le continent. Tout cela fait partie des discussions que nous avons avec ces nouveaux dirigeants."

    Pour le lien nommé : "Lire le compte-rendu de l’entretien d’Evo Morales avec François Hollande"... il ne fonctionne pas et donne directement sur la page d’accueil du PS. Mais c’est normal, le compte-rendu de l’entretien est peut-être prêt avant que celui-ci n’ait lieu, qui sait, mais le lecteur trouverait bizarre qu’il soit publié la veille...

    Étrangement, sur YKE Mundial, en espagnol donc, il nous en est dit davantage. Les Français doivent-ils parler l’espagnol pour être informés ?

    Il nous est y dit, entre autres, qu’Evo Morales rencontrera mercredi les organisateurs du Paris-Dakar. En effet, celui-ci a été déplacé du Nord de l’Afrique aux Andes [On se demande bien pourquoi], avec une participation du Chili, de l’Argentine et du Pérou. Evo Morales va proposer que le Paris-Dakar passe par la Bolivie, pays situé sur 7 zones géographiques bien distinctes...

    Que font donc les journalistes, au moins ceux de Libération ? Ce journal devrait pourtant normalement comporter de nombreux lecteurs possesseurs de 4x4 mais néanmoins avides ou curieux de la présence à Paris d’Evo Morales, non ? Et avec Notre-Président-Socialiste-à-Nous, qui plus est ?

    URL de cet article 19718
    http://www.legrandsoir.info/evo-morales-rencontrera-francois-hollande-demain-mardi-12-mars-2013.html

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  •  Ite missa est

    La messe est dite pour ceux qui encore songent à faire revenir François Hollande et les siens à une gauche de progrès social et de justice en France.

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    Hier dimanche, à la télé, Marisol Touraine, ministre PS de la Santé et des Affaires sociales, n'a pas entendu que de la fumée blanche s'échappe du conclave mis en place par l'Elysée sur les retraites. Dans l'émission du Grand Jury, Elle n'exclut plus d'allonger la durée des cotisations et de désindexer les pensions de retraite d'ici 2014:

     

    «L'allongement de l'espérance de vie doit évidemment être prise en considération, et je ne l'ai, pour ma part, jamais caché (...)«Je ne crois pas q'il faille considérer que l'option de la désindexation des pensions soit une option incontournable.»

     

    Les Français sont majoritairement opposés à cette réduction de leurs droits sociaux Selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche, 52% sont opposés à l'augmentation des cotisations, 57% sont contre un allongement de la durée de cotisation et 60% contre un nouveau recul de l'âge légal.

     

    Elle n'en a rien à foutre Marisol Touraine de tout ce tintouin. Son pote François est sur son trône jusqu'en 2017 avec tous les pouvoirs. La retraite pour elle, c'est de la rigolade.

    Elle est l'épouse de Michel Reveyrand de Menthon, un ambassadeur de France. En 2009, elle appartenait au Club Avenir de la santé, un groupe de pression financé par GlaxoSmithKline, le numéro 2 mondial du secteur pharmaceutique. Elle fut aussi le soutien de l'ex-patron PS du FMI avant de rallier François Hollande après ce que vous savez. Elle s'est acquittée de l'impôt sur la fortune en 2011 au titre du patrimoine 2010. Elle fut longtemps député PS et conseillère générale de l'Indre-et-Loire avant d'obtenir son fauteuil en conseil des ministres.

     

    Non sérieusement, elle n'est pas belle sa vie et pourquoi la changer, maintenant ou plus tard?

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com/article-ite-missa-est-116089309.html


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  • Peter Mertens (PTB) :: Les grandes lignes du socialisme du futur

    Pour Peter Mertens, le « socialisme 2.0 » ne sera pas fait de romantisme ou de nostalgie, mais répondra aux besoins de la société d’aujourd’hui. « Il existe cinq piliers sur lesquels repose une société socialiste telle que nous la voudrions dans l’avenir, précise-t-il. Ils vont dans le sens inverse de l’évolution actuelle, c’est un fait. » Le point sur le projet d’avenir du PTB.

    Nick Dobbelaere

    Photo Solidaire, Salem Hellalet

    1. Vivre ensemble avec la solidarité comme base

    Peter Mertens. Il est impossible de se développer seul. Dans mon livre Comment osent-ils?, j’ai fait référence aux recherches du Pr Frans de Waal, un biologiste qui a effectué un travail novateur sur l’évolution de certaines espèces animales sociales. Il en ressort que les espèces animales sociales, comme l’homme, ne sont pas capables de survivre par individus. Elles doivent s’organiser ensemble, collaborer. Ce principe du Survival of the fittest (la survie des meilleurs) est idéologiquement détourné par le néolibéralisme et transformé en une sorte d’égoïsme biologique. Mais « the fittest », soit les meilleures espèces sociales, sont aussi celles qui, au cours de l’histoire, ont été les plus aptes à travailler ensemble.  

    Nous voulons une société dont la base est la solidarité. C’est par le déploiement de celle-ci que l’on peut développer les innombrables éléments créatifs actuellement gaspillés par le capitalisme. Quand on est né dans une famille ouvrière, on n’a statistiquement presque aucune chance de faire des études supérieures, et beaucoup plus de probabilités de mourir plus jeune. Le statut social détermine toujours énormément l’avenir. 

    Beaucoup de talents sont ainsi perdus. De combien d’artistes, d’intellectuels, de profs, d’ingénieurs… la société pourrait-elle bénéficier si chacun avait la possibilité de pouvoir développer ses talents ? 

    Lorsque la société reprend le contrôle des moyens de production – une production hautement développée avec d’immenses possibilités –, les gens ne sont plus dépendants de leur statut social, de la richesse qu’ils héritent ou de facteurs externes à eux-mêmes, comme c’est aujourd’hui le cas. Dans notre vision où la solidarité est un fondement, une personne dépend des seules choses dont un être humain devrait pouvoir dépendre : sa propre créativité, sa propre activité, son propre auto-déploiement. C’est seulement alors que l’homme peut réellement construire sa propre vie. 

    2. Un patrimoine commun

    Peter Mertens. Les ressources écologiques ainsi que la connaissance accumulée par l’humanité doivent être reconnues comme patrimoine commun ; ce qui signifie que personne n’a le droit de les monopoliser dans son propre intérêt et à son propre profit. Les formes de richesses les plus importantes appartiennent à tous, ce sont des biens communs qui doivent être activement protégés et gérés dans l’intérêt de tous. L’air que nous respirons, l’eau douce, les océans, les matières premières, le climat doivent être gérés de manière rationnelle et collectivement. Le réchauffement climatique est un problème de société et ne peut être résolu dans le cadre arbitraire de l’intérêt privé et de la chasse au profit maximal.

    Deuxièmement, tous les aspects du progrès technologique dans l’histoire de l’homme ont été transmis depuis dix mille ans par l’humanité de génération en génération. Lors de la première révolution technologique, au néolithique, personne n’a jamais pensé à privatiser ou à breveter l’invention de la roue. Le progrès technologique était partagé et transmis aux générations suivantes. Tout le développement des forces de production, de la science, de la recherche… s’est construit au fil des siècles, et cette connaissance appartient également à tous. 

    Cela vaut aussi pour la récente révolution technologique. Toutes les avancées sont par essence le fruit de la connaissance historique, mais aussi celui de la recherche collective des universités, financée par la collectivité. A l’accélérateur de particules à Genève, par exemple, 6500 chercheurs de 500 universités de 80 pays travaillent ensemble, entre autres pour trouver la plus infime des particules élementaires, le Boson de Higgs. C’est un projet collectif incroyable que la science pousse en avant, et qui aura de nombreuses retombées dans plusieurs domaines pour les dizaines années à venir. 

    Le développement technologique que nous avons connu après la Deuxième Guerre mondiale a été mené par des grands projets collectifs et par la recherche scientifique. Cela ne peut pas être privatisé. Aujourd’hui, toute recherche scientifique est immédiatement brevetée, autrement dit mise en cage par un certain nombre de grands actionnaires de multinationales. Pas avec l’intention de la laisser aux générations suivantes, ni pour de pallier le réchauffement climatique ou améliorer le bien-être de l’humanité, mais seulement dans le but de faire le plus de profit possible à court terme. Un socialisme du 21e siècle naîtra de la reconnaissance du caractère collectif du patrimoine commun et de la libération de la recherche commune de son carcan du profit. 

    3. Socialisation des secteurs clés

    Peter Mertens. Au 21e siècle, il faudra que se tienne un débat sur les secteurs économiques les plus importants qui donnent forme à notre société. Ce débat existe certes déjà, mais d’une manière bien différente de celle que nous envisageons. Le secteur bancaire et celui de l’énergie, par exemple, sont des secteurs « too big to fail » (trop grands pour échouer). Cela signifie que, si un tel secteur échoue dans le grand mécanisme de la concurrence, les dommages pour la société sont tels que nous ne pouvons nous permettre cet échec. Quelle est la solution actuelle ? On sauve ces secteurs temporairement avec l’argent de nos impôts, pour les redonner ensuite le plus vite possible au privé. 

    La seule solution conséquente pour les secteurs-clés qui portent l’économie – qui sont effectivement too big to fail – est de les « socialiser », c’est-à-dire les remettre dans les mains de la communauté. Dans notre vision, ils doivent devenir ce que l’on appelait autrefois des « biens communs », comme l’étaient les ressources de la nature qui n’appartenaient ni à l’Etat ni au privé mais à la société entière. 

    Cela ne signifie pas seulement qu’on remet ces secteurs dans les mains des pouvoirs publics en termes de structure et de propriété, mais que l’on installe une gestion qui fonctionne de manière transparente et dont les responsables doivent pouvoir rendre des comptes à la société. Les fonctions publiques ne peuvent être cumulées avec des fonctions dans les conseils d’administration d’autres entreprises, et les politiques ne peuvent pas siéger à la direction. 

    Mais, surtout, nous pouvons ainsi changer la finalité de ce type de secteur. L’objectif n’est alors plus de satisfaire les actionnaires avec des rendements de 12-13%, mais de fournir un service public. Ces secteurs sont donc orientés vers l’intérêt de la société et non plus vers le profit. Dans le cas du secteur de l’énergie : fournir de manière durable de l’énergie à la société. Dans le cas du secteur bancaire : octroyer un crédit là où c’est nécessaire, et non spéculer en bourse. Des secteurs qui doivent servir au bien commun doivent être dans les mains de la société. 

    4. Démocratie = vraie participation

    Peter Mertens. L’humanité a actuellemement atteint un point où elle possède la technologie et les capacités d’organisation nécessaires pour se fixer des objectifs auparavant considérés comme impossibles. Il est aujourd’hui parfaitement possible de supprimer la faim dans le monde. On sait ce qu’il faut faire pour cela, et on en connaît le coût. Nous avons la technologie pour abaisser le rythme de travail, mais au lieu de faire travailler cette technologie pour nous, celle-ci tourne pour la machine à profit et l’homme est plus que jamais esclave d’un rythme infernal. Un facteur très important pour inverser cet état des choses est la démocratie.  

    Une immense majorité de la population doit se contenter de découvrir et subir toutes les décisions prises concernant son emploi, son salaire, sa pension… sans avoir voix au chapitre. Des gens comme le PDG de Ford, Stephen Odell, et Lakshmi Mittal peuvent décider, quelque part bien loin, qui perd son travail et qui le garde. Dans ces décisions lourdes de conséquences, nous n’avons pas notre mot à dire. Jamais dans l’histoire il n’y a eu un aussi petit groupe (multinationales, industriels, lobbys financiers… ) détenant le véritable contrôle sur les objectifs de la société et sur la direction dans laquelle elle est orientée. Et – il faut le dire comme c’est –, ceux-ci disposent d’un important groupe de politiciens professionnels à leur service, de plus en plus éloignés de la vie réelle, qui renvoient le plus de décisions possibles aux pouvoirs exécutifs et tentent de marginaliser les contre-pouvoirs dans la société. 

    Dans le socialisme, il s’agira de véritable liberté, celle de faire des choix sur les éléments essentiels de sa vie, celle d’être libéré des soucis de pourvoir à ses besoins de base. Votre vieille mère pourra-t-elle se payer une maison de repos ? Votre enfant pourra-t-il être inscrit dans cette école ? Pourrez-vous encore payer cette facture d’hôpital ? Aujourd’hui, les gens sont si occupés à obtenir leurs droits de base que presque toute l’énergie, la créativité et le temps libre y passent. Ce n’est pas là une vraie liberté. La liberté, c’est être libéré de cette sorte de tracas afin de pouvoir vraiment être créatif et de pouvoir participer à la gestion de cette société. 

    5. Plannification sous le contrôle de la population

    Peter Mertens. Pour relever les grands défis de l’écologie, de la démocratie…, nous devrons planifier. Ou plutôt, nous réappropier les planifications élaborées derrière les portes closes des conseils d’administration des multinationales. Des multinationales comme Bayer ou Unilever planifient en effet tout de a à z, et à une échelle jamais vue: l’exploitation des matières premières, le transport des matières premières, la transformation des matières premières, la finition et la distribution des produits… Tout cela est un processus très strictement planifié, mais concocté en huis clos et avec la finalité unique de la chasse au profit, et non pour répondre aux besoins de la société. 

    Les grandes multinationales planifient aussi elles-mêmes la recherche et le développement, à nouveau non pas pour satisfaire les besoins de la société, mais pour réaliser les plus grandes marges de bénéfice possibles. Un exemple. Connaissez-vous la pilule Viagra pour femmes ? On a mis pendant des années des centaines de chercheurs là-dessus. Une recherche pour un problème qui, notons bien, n’existe même pas ! Pourquoi ? Simplement parce que les possibilités de profit auraient été énormes. Cela, ça intéresse le marché. Il y a sept fois plus d’argent investi dans le Viagra pour femmes que dans la recherche de médicaments contre des maladies tropicales qui menacent véritablement des millions de vies. On le voit bien, c’est le marché qui détermine la planification, et celle-ci n’est ni rationnelle, ni écologique, ni sociale. Nous devons aller vers une économie moderne, planifiée démocratiquement sous le contrôle de la population.

    Une vision de société, le socialisme

    Des explications plus détaillées quant à la vision du PTB sur le socialisme figurent sur cette page.

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/peter-mertens-ptb-les-grandes-lignes-du-socialisme-du-futur.html


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  • La Bulgarie se soulève !

    Nous publions cet article, initialement paru sur le site du Socialist Workers Party (Irlande), qui revient sur le mouvement social de grande ampleur ayant récemment contraint à la démission le gouvernement de droite en Bulgarie, et en tire quelques leçons politiques.

     

    Mercredi 20 février, le premier ministre bulgare, Boyko Borisov, démissionne 24 heures seulement après avoir déclaré qu'il ne démissionnerait pas. A la tête du parti de droite GERB1, Borisov avait, dans les jours précédents, hésité entre des concessions face à la révolte populaire croissante et la répression ouverte. Il avait alors fait la promesse de baisser de 8% le prix de l'électricité, tout en lançant la police anti-émeute dans une répression ouverte du mouvement de rue.

    « Chaque goutte de sang est une souillure pour nous » déclarait-il avant d'ajouter « Je ne peux pas voir le parlement entouré de barricades, ce n'est pas notre but, notre philosophie, nous ne pouvons pas nous protéger de notre propre peuple ».

    Le ministre des finances, Simeon Diankov, un officiel de la Banque Mondiale et architecte du cercle vicieux des budgets d'austérité, avait été démis de ses fonctions quelques jours avant la démission totale du gouvernement, ce qui n’a fait qu'encourager les masses dans leur mobilisation.

    Les manifestations dans 35 villes ont commencé avec l'augmentation du prix de l'électricité de 13%, imposée par le fournisseur d’électricité tchèque CEZ et quelques autres géants de l’énergie. Dans un pays où les retraites moyennes sont en dessous de 150 euros par mois et les salaires moyens autour de 400 euros, se profilait la possibilité de devoir payer 170 euros d'électricité par mois. Les compagnies se mettant même à demander 25 euros pour de simples demandes d’informations.

    La corruption massive des partis politiques traditionnels, issus de la période stalinienne, enrichis par la privatisation des entreprises d'État, avait déjà créé les conditions d'une colère montante dans la société bulgare. S’y est ajoutée l’austérité budgétaire, avec son cortège de régression sociale, de destruction des services publics, de baisses de salaire, de privatisation des dernières industries d'Etat, visant à réduire le déficit public à 0,5%. L’augmentation du prix de l'électricité a donc constitué, pour la plupart des gens, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

    Des personnes ont ainsi commencé à se réunir devant les locaux de la CEZ pour brûler leurs factures en masse. Dans certaines villes, les voitures de l'entreprise ont même été brûlées, les dirigeants pourchassés dans la rue avec des boules de neige et des pierres. Dans les plus petites villes, les gens ont bloqué des routes. À Sofia les manifestants ont affronté la police anti-émeute à coup de morceaux d’asphalte et de tout ce qui pouvait leur permettre de repousser les flics. On a signalé deux cas d’auto-immolation – un symbole de la colère qui s'était accumulée au sein de la société bulgare. Les manifestations sont montées en intensité au fur et à mesure que la mobilisation adoptait davantage d’actions directes. Des tunnels ont été bloqués dans les montagnes par des manifestants venant de petites villes.

    « Mafia ! Mafia ! » est le slogan qui s'est rapidement imposé après la démission de Borisov. L'hostilité envers les partis politiques traditionnels s'est exprimée dans le refus de toute récupération politique au sein du mouvement, les gens étant largement dégoûtés de la droite et des réformistes de gauche. Le parti socialiste bulgare (PSB), issu du vieux parti communiste, fonctionne à présent comme un parti travailliste Blairiste. Pour mémoire, en 1997 des milliers de manifestants avaient pénétrés de force dans le Parlement pour faire tomber le gouvernement du PSB.

    Le mouvement récent a commencé à articuler des exigences à la fois économiques et politiques :

    -       mener les PDGs des principales entreprises devant la justice

    -       l’organisation de forums citoyens pour l’établissement d’une autre tarification de l’électricité

    -       la renégociation des contrats des 2 dernières années,

    -       une fin des privatisations

    -       une remise en cause complète du système des partis

    -       un contre-pouvoir aux politiciens et la possibilité de leur révocation

    -       une assemblée constituante.

     

    Qui sont les manifestants ?

    Selon le marxiste italien Antonio Gramsci, qualifier un mouvement de « spontané » revenait simplement à admettre ne pas avoir regardé ce mouvement d’assez près pour en comprendre les causes organiques.

    Dans le cas des manifestations bulgares, certains réseaux d’activistes ayant appelé à la mobilisation s’étaient déjà formés lors de luttes des années précédentes. Bien que les Bulgares vous diraient qu’ils sont apathiques, un simple coup d’œil aux nombreuses luttes dans un passé récent suffit à les démentir. Il y a d’abord eu la « révolution des tomates », une série de mobilisations contre l’incarcération d’un poète dissident, puis une longue grève du fret qui a vu de nombreux piquets de grève à travers le pays, luttant contre la privatisation du transport ferroviaire pendant des semaines. Les étudiants se sont par ailleurs mobilisés contre de nouvelles lois sur l’éducation, qui instauraient notamment une hausse des frais d’inscription. Enfin, en 2009, ce sont les paysans qui ont bloqué les routes à travers le pays.

    Deux des porte-paroles du mouvement actuel les plus souvent cités s’étaient déjà illustrés lors de la mobilisation contre l’ACTA (traité international pour lutter contre le téléchargement illégal et renforcer la propriété intellectuelle) et celle contre l’exploitation du gaz de schiste.  Angel Slavchev, une des figures principales des comités d’initiatives de Sofia contre l’exploitation des gaz de schiste, et qui travaille dans l’édition numérique, a aidé à mobiliser des milliers de personnes dans la rue en janvier dernier. […] Yanko Petrov, un autre activiste, a créé un réseau pour lutter contre l’ACTA. Ce sont ces réseaux de résistance, alliés à des couches d’activistes déjà rompus aux luttes, qui sont entrés en action pour appeler aux rassemblements qui ont ensuite puisé leur cohésion et leur ampleur dans la colère populaire contre les factures d’électricité.  

    En d’autres termes, si la colère populaire constitue bien l’élément spontané de la mobilisation actuelle, l’élément non-spontané tient dans les réseaux militants qui ont permis de fixer des objectifs et d’indiquer un chemin pour les atteindre. Des militants ont appelé à un rassemblement ce week-end2, pour décider de la stratégie à mettre en œuvre à présent, sans que soient très claires les raisons pour lesquelles ces décisions ne sont pas prises au cours d’assemblées ouvertes comme en Espagne durant le mouvement des Indigados3.

     

    Des divisions au sein du mouvement ?  

    Dans un appel à la télévision bulgare, Daniela Pelovska4 est apparue en tant que porte-parole du mouvement pour demander la fin des manifestations soi-disant récupérées par des éléments violents. Yanko Petrov et d’autres ont immédiatement dénoncé cette intervention, affirmant qu’elle « trahissait » le mouvement.

    De fait, jusqu’en 2005, Pelovska était membre de l’union des forces démocratiques, un rassemblement de droite. Elle avait notamment échangé un certain nombre de correspondances avec Borisov, en se référant à lui en tant que « cher général ». Son apparition à la télévision nationale était donc un stratagème évident déployé par l’État, coutumier de ce genre d’initiatives, pour diviser le mouvement.

     

    Où va la Bulgarie ?

    Le dimanche 24 février, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la Bulgarie. Le gouvernement a démissionné sans qu’aucun autre parti ne soit prêt à assurer la transition, de peur que la colère populaire montante ne fasse de l’exercice du pouvoir un cadeau empoisonné. Les élections qui doivent se tenir en mai constituent à présent le principal espoir du gouvernement, qui espère que cette échéance électorale fera naître des dissensions au sein du mouvement, ce qui rend d’autant plus urgent un questionnement sur la manière de continuer la lutte. L’Etat ne manquera pas de tenter de récupérer quelques figures emblématique du mouvement.

    Comme l’écrivait Chris Harman à propos de telles situations :

    « Toute mobilisation réussie passe par deux phases. Dans la première, le mouvement éclate à la face du monde, prenant ses opposants par surprise et apportant une joie à ses partisans dont l’intensité est d’autant plus grande que le temps qui sépare ce mouvement du précédent est important. Il semble alors que le seul moment cinétique de la lutte est suffisant pour la faire avancer, de démonstrations de force en démonstrations de force. Ceci a pour effet d’unir ses adhérents en les poussant à minimiser de vieilles divergences d’opinion ou de stratégie. Mais ceux contre qui le mouvement se dresse n’abandonnent pas simplement. Une fois passé le choc initial ils rassemblent leurs propres défenses et tentent de bloquer la marche en avant de la mobilisation. A cet instant des discussions tactiques surviennent nécessairement au sein du mouvement, même entre ceux qui avaient juré d’enterrer leurs vieilles discordes dans l’intérêt du consensus ».

    Les militants en Bulgarie doivent porter des revendications permettant de lier le mouvement aux lieux de travail et à la force des travailleurs organisés, comme beaucoup l’ont fait dans la mobilisation des Indignados en Espagne, où les assemblées n’ont pas disparu : elles se déroulent à présent dans les hôpitaux et les écoles, où les travailleurs se retrouvent et votent sur des problèmes qui les concernent directement.

    Ces assemblées ont été une composante cruciale permettant de mettre la pression sur les centrales syndicales, afin que celles-ci appellent à des grèves de masse, ainsi qu’un élément clé dans l’accroissement de la confiance des travailleurs en lutte. Le modèle de mobilisation propre aux Indignados – défiance envers les partis traditionnels, mobilisation de masse menant à des occupations de places et de routes – émerge de nouveau en Bulgarie, et nous serons amenés à voir ce type de mobilisations se répéter, encore et encore, dans le futur.

                 

    La « démocratie » en régime capitaliste fait désormais l’objet d’un questionnement croissant dans la conscience des masses populaires. Le travail des anticapitalistes5 consiste ainsi à pointer la nature anti-démocratique du système économique qui se masque derrière la démocratie formelle du Parlement. L’exigence de révocabilité des politiciens constitue une revendication qu’on se doit de porter, mais n’oublions pas d’exiger aussi la révocabilité des PDGs !

    La révolte bulgare montre à quel point des explosions révolutionnaires sont susceptibles d’émerger. Nous devons nous tenir prêt et construire des réseaux militants permettant de donner des objectifs à la colère populaire. Il importe d’apprendre du militantisme de ces protestations, de pousser sans cesse à l’intensification des luttes et de ne jamais laisser le peuple sans perspectives.

    Nous devons ainsi nous montrer plus ambitieux : il s’agirait ainsi de mettre en œuvre des campagnes permettant d’impliquer de larges segments de la population dans des assemblées prenant des décisions. Ainsi devrions-nous prendre des initiatives pour stopper toute activité en Irlande le 1er mai, en bloquant les rues et les ponts. Ce travail commence maintenant ; la Bulgarie indique le chemin.

     

    Traduction : Pierre Hodel et Yann Lecrivain

    Photographie: Constantin Alexandrakis

     

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    • 1. En français : « Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie » (Ndlr).
    • 2. Le week-end du 23-24 février (Ndlr).
    • 3. Sur ce mouvement, voir cet article publié dans nos colonnes (Ndlr).
    • 4. Femme d’affaires, celle-ci cherche à surfer sur le mouvement pour satisfaire ses propres ambitions politiques (Ndlr).
    • 5. Nous avons choisi de traduire « socialists » par « anticapitalistes », de manière à ne pas entretenir la confusion avec les partis prétendument « socialistes », tels que le PS français (Ndlr).
    date: 
    10/03/2013 - 17:48
    James O'Toole
     

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