• Par Michel Soudais - 27 mars 2013

    « L’inacceptable » gagne les rangs du PS

    Un ministre, Arnaud Montebourg, et un député, Pascal Cherki, estiment que Jean-Marc Ayrault et François Hollande sont restés des élus locaux. Rude.

    Petit doigt me dit que ce diable de Mélenchon commence à faire école jusque dans les rangs du PS. J’en veux pour preuve deux informations tombées hier.


    Ayrault, élu local

    La première n’est pas de première fraîcheur puisqu’il s’agit de propos rapportés dans un livre dont L’Express publie les bonnes feuilles [1], propos néanmoins inédits. On y apprend qu’au cours de l’échange téléphonique musclé qu’Arnaud Montebourg a eu avec Jean-Marc Ayrault, le samedi 1er décembre, au lendemain de l’annonce par le Premier ministre de l’accord passé avec Arcelor-Mittal qui « sauve » Florange, le ministre du Redressement productif aurait lâché :

    « Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont tout le monde se fout !
    Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes ! »

    L’insolent aurait même dit, quelques minutes plus tôt, à François Hollande qui le recevait dans son bureau :

    « C’est bien simple, tu as nommé un élu local à la tête du gouvernement !
    [...] Il a l’envergure d’un élu local, il aurait dû rester un élu local ! »

    Deux semaines auparavant, Jean-Luc Mélenchon, agacé par les « blagues à deux balles » du même Premier ministre, avait déclaré sur France 5 :

    « Ayrault est un petit politicien de province sans imagination »

    Ce qui avait suscité des déclarations outragés de plusieurs représentants de ce que @panouille, mon excellent voisin de palier sur ce site, appelle depuis longtemps « le parti solferinien ». Et notamment de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

    Hollande, conseiller général

    La seconde s’est produite hier après-midi. Entre deux séances de l’Assemblée, le député de Paris, Pascal Cherki, que l’on avait croisé au départ de la manifestation syndicale contre l’accord sur l’emploi, le 5 mars, s’en est pris, face caméra, à François Hollande, qu’il a appelé à « arrêter de jouer petit bras » et de nous servir sa « novlangue imbitable » (le nouveau modèle français, le redressement dans la justice…) :

    « Quand on est président de la France, on n’est pas conseiller général de canton, on prend la mesure de la situation et on change de braquet.
    "François Hollande n’a pas été élu pour conduire le peuple français sur le chemin sans fin de l’austérité et de la rigueur. Ce n’est pas cela le rêve français. »

    Ces propos ont bien évidemment été « fermement » condamnés par Harlem Désir qui les a jugés « inacceptable », lors de la réunion du Bureau national du PS en fin d’après-midi :

    « Ce qui est attendu aujourd’hui d’un député qui doit son élection au PS et qui a été élu dans la foulée de François Hollande, c’est d’être mobilisé derrière le président de la République »

    Les (très) mauvaises langues auront noté que la mise en demeure du patron du PS rappelle plus la devise d’un parti des années 30, « tu dois tout au parti, le parti ne te doit rien », que la liberté de débat inscrite dans les statuts du PS. Pour ce qui nous concerne, nous nous contenterons de relever que la qualificatif « inacceptables » était déjà celui employé samedi par le même Harlem Désir pour condamner les propos de Jean-Luc Mélenchon sur Moscovici.

    Mais peut-être que l’aspect le plus inacceptable de la sortie de Pascal Cherki réside dans sa dénonciation de la paralysie de l’Europe « en raison des égoïsmes nationaux », rapportée par l’AFP :

    « Ces égoïsmes sont venus de l’entêtement, de l’obsession de Mme Merkel qui se comporte avec le même entêtement, la même obsession que nous avons eus, nous, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, avec l’Allemagne en 1919. »

    Cela aussi n’est pas très éloigné de ce que disent Mélenchon et ses amis…
    Si bien que jeudi, à la télévision, François Hollande devra peut être d’abord convaincre sa propre majorité.


    Notes

    [1] Florange, la tragédie de la gauche (Plon, à paraître le 4 avril) cosigné des journalistes politiques Valérie Astruc et Elsa Freyssenet

    http://www.politis.fr/L-inacceptable-gagne-les-rangs-du,21491.html


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  • FSM et anticapitalisme

     

    Du 26 au 30 mars 2013, la capitale tunisienne accueillera une nouvelle édition du Forum Social Mondial (FSM), la toute première dans le Maghreb, la troisième en Afrique.

    Depuis sa naissance en 2001 à Porto Alegre (Brésil), suite à l’initiative d’organisations brésiliennes et européennes, le FSM a connu une intense activité. Huit éditions ont eu lieu en 12 ans, sans compter les nombreux forums locaux, régionaux, nationaux ou thématiques. Les organisateurs du FSM y attendent entre 30’000 et 50’000 participant-e-s. Les 2700 organisations inscrites et les milliers de citoyen-ne-s du monde entier qui convergeront vers Tunis doivent se sentir acteurs-actrices d’un espace démocratique ouvert appartenant à l’ensemble de la société civile planétaire.

    Grâce au FSM, la société civile, au Sud comme au Nord, dispose aujourd’hui d’un important capital : les réseaux et campagnes internationales sont fortifiés, les mouvements sociaux sont plus actifs, les ONG plus engagées et prêtes à assumer leurs responsabilités face aux problèmes globaux. Certaines idées et propositions du FSM sont également parvenues à franchir le seuil des institutions internationales.

    Toutefois, les défis à relever pour tous les acteurs sociaux et pour le Forum lui-même en tant qu’espace ouvert, horizontal et démocratique, sont gigantesques. Le premier étant de concevoir et de formuler une ou plusieurs alternatives face à la crise actuelle du système, une crise profonde et appelée à durer. Deux conceptions cohabitent principalement au sein du FSM : l’une consistant à rechercher des alternatives dans le système lui-même, l’autre visant à trouver des alternatives radicales au système. De ce débat, une certitude s’impose : pour ceux qui subissent la guerre économique en position de faiblesse en capital, comprenez les pays dits du Sud, les pays en développement, les pays de l’Est européen et la partie pauvre du continent asiatique, la volonté de remplacer le système capitaliste ultralibéral et mondialisé est devenu une question de vie ou de mort. En effet, la cupidité du 1% de la population mondiale est sans limite. Le sacrifice de populations entières ne signifie rien en face de leurs bénéfices, de leurs salaires et autres bonus et stock options.

    Si l’urgence de casser le capitalisme n’est pas encore évidente pour la majorité des Suisses vivant dans un paradis ultralibéral et prédateur des richesses des nations moins développées, elle l’est devenue en dehors du monde occidental et riche. Pour illustrer cette affirmation, analysons ce qui a été défini comme axes thématiques du Forum Social Mondial 2013.

    FSM TUNISIE 2013, AXES THEMATIQUES

    1. Pour un approfondissement radical des processus révolutionnaires et de décolonisation au sud et au nord par l’épanouissement de nouvelles expressions sociales contre les dictatures politiques et celles des marchés, et pour le rétablissement des droits des peuples à disposer d’eux mêmes et de leur souveraineté sur leurs ressources et leur destinée.

    2. Pour un monde débarrassé de toute hégémonie et de toute domination impérialiste exercée par le biais de la dette et du libre échange comme outil d’appauvrissement, d’appropriation des richesses et de soumissions des peuples, des sociétés transnationales et du capital financier, de l’oppression patriarcale et des inégalités systémiques, et par des politiques sociales néolibérales comme machines de guerre contre les peuples.

    3. Pour la construction de nouveaux universalismes - comme réponse à la crise civilisationnelle et à la marchandisation de la vie - fondée sur la justice environnementale et l’accès universel et durable de l’humanité aux biens communs, la préservation de la planète comme source de vie, en particulier de la terre, de l’eau, des forêts, des sources d’énergie renouvelable et de la biodiversité, le respect des droits des peuples indigènes, natifs, originaux, autochtones, et des diasporas, de leurs cultures, identités, territoires, langages et savoirs.

    4. Pour une société humaine fondée sur les principes et les valeurs de dignité, de diversité, de justice, d’égalité entre tous les êtres humains, indépendamment des genres, des cultures, de l’âge, des incapacités, des croyances religieuses et basée sur le respect des droits individuels et collectifs, civils et politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux ; et pour l’élimination de toutes les formes d’oppression et de discrimination basées sur le racisme, la xénophobie, les systèmes de castes, l’orientation sexuelle et autres.

    5. Pour la liberté de circulation et d’établissement de toutes et de tous, plus particulièrement des migrants et des demandeurs d’asile, des personnes victimes du trafic humain, des réfugiés, des peuples indigènes, originaires, autochtones, traditionnels et natifs, des minorités, des peuples sous occupation, des peuples en situation de guerre et conflits et pour le respect de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.

    6. Pour la justice cognitive : pour le droit inaliénable des peuples au patrimoine culturel de l’humanité, pour la décolonisation de la pensée et la démocratisation des savoirs, des cultures, de la communication et des technologies ; pour la fin des savoirs hégémoniques et de la privatisation des savoirs et des technologies, et pour un changement fondamental du système des droits de la propriété intellectuelle et de la recherche scientifique.

    7. Pour la construction de processus démocratiques d’intégration et d’union entre les peuples pour la réalisation de leurs aspirations à la dignité et au mieux-être, et qui soient des réponses aux stratégies de division et d’hégémonie, et pour la généralisation des pratiques et des formes de solidarité qui renforcent la coopération entre les peuples.

    8. Pour un monde en paix débarrassé de la guerre comme instrument de domination économique, politique et culturelle, des bases militaires et des armes nucléaires, et respectant les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs ressources, et protégeant les peuples vivant sur des territoires occupés, sans Etats ou en situation de conflit.

    9. Pour un monde démocratique garantissant, sans discrimination aucune, la participation de toutes et de tous à la vie et aux décisions politiques et économiques à tous les niveaux, local, national et international, dans le cadre d’institutions et de modèles de gouvernance réellement démocratiques, y compris du système des Nations Unies et des institutions financières internationales.

    10. Pour la construction d’alternatives au capitalisme et à la mondialisation néolibérale régulées sur la base des principes de coopération, de justice fiscale et de redistribution internationale des richesses, centrées sur les besoins fondamentaux des peuples, mettant en avant de nouvelles manières de produire, de consommer et d’échanger, utilisant des énergies non nucléaires renouvelables, et interdisant les paradis fiscaux.

    11. L’avenir du Forum : pour une réflexion collective sur les mouvements sociaux, le sens des nouvelles luttes ainsi que sur le processus du Forum Social Mondial lui-même, les perspectives et stratégies pour l’avenir, afin de garantir la réalisation effective d’un autre monde possible et urgent pour tous et toutes.

    COMMENTAIRES

    Les thèmes ci-dessus ne laissent aucun doute quant à leur orientation anticapitaliste. Ces solutions proposées semblent frappées au coin du bon sens. Cependant, pour les voir se réaliser, il manque sans doute une prise de conscience de la majorité silencieuse mais également un remplacement global de notre système représentatif qui fixe comme horizon indépassable à gauche la sociale démocratie. En effet, la victoire des politiques ultralibérales, dont la crise globale actuelle est le résultat, a été tant celle des partis de droite que celle de la sociale démocratie. L’observateur, des années 80 à ce jour, aura vu la victoire des Partis socialistes simultanément à celle des marchés. Effectivement, en France, en Allemagne, en Angleterre, au Mexique et même aux USA, la dictature des marchés s’est imposée lorsque les sociaux démocrates étaient au pouvoir. Cette information n’est pas nouvelle mais il est important de la répéter : le changement ne s’obtiendra pas en faisant simplement confiance au système des partis actuels.

    En effet, l’autre monde possible auquel aspirent les centaines de milliers de citoyens du monde dont les revendications sont résumées ci-dessus, ne surviendra qu’après avoir rompu totalement avec l’organisation politique représentative actuelle. D’ailleurs, que pouvons-nous encore attendre de gouvernants « corrompus » qui ont abandonné les prérogatives de la gouvernance au pouvoir économique et financier, trahissant au passage leur devoir de protection des plus faibles ? Les gens qui s’engageront politiquement et socialement ne le feront plus pour un parti qui n’existe que parce qu’il fait allégeance au capital. Leurs seules actions acceptables résideront dans la mise en place d’un système solidaire, la défense des droits élémentaires de chaque être humain qui naît, le partage aussi équitable que possible des biens communs à tous, pour offrir à chacun une vie digne partout sur cette planète et pour préserver à tout prix l’écosystème nécessaire à la vie. Le bilan catastrophique au niveau développement humain et écologique des partis politiques des « démocraties représentatives » actuelles et bien sûr de la « dictature du prolétariat » invite à devoir inventer rapidement d’autres formes d’organisation. L’explosion du capitalisme par ses crises incessantes générant la paupérisation des 99%, par sa guerre permanente et inégale contre les plus pauvres et contre les immigrés, et par sa destruction industrielle et systématique de la nature nécessitera une organisation sociale et politique totalement repensée qui, pour que l’humanité survive, aura sans doute tout intérêt à s’approprier les règles de sagesse imaginées par les altermondialistes et autres anarchistes et pacifistes.

    Rémy Gyger

    http://www.suisse.attac.org/FSM-et-anticapitalisme


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  •  Vidéo : La Poste dupe-t-elle ses clients ?

     


    VIDEO - L'UFC-Que Choisir l'accuse d'orienter ses clients vers des produits plus chers et inadaptés.

    Selon une étude de l'UFC-Que Choisir, publiée mardi, La Poste semble de plus en plus privilégier ses intérêts, au détriment parfois de ceux de ses usagers. L'association de consommateurs, qui s'est intéressée au timbre vert et aux petits colis relève que les produits présentés au client ne sont pas forcément ceux qui sont le plus adaptés.

    "Les intempéries ont retardé les transporteurs"

    Colis : les formules économiques oubliées.C'est notamment le cas pour l'envoi de colis de petite taille. L'étude de l'UFC-Que Choisir montre que, pour l'envoi de petits paquets, les guichetiers ont tendance à proposer en priorité des offres surdimensionnées. L'association de consommateurs a fait le test avec l'envoi d'un CD. Pour ce genre d'objets, il existe en effet un tarif économique, baptisé "mini max", au prix de 1,50 euros. Or, sur 2.200 demandes effectuées par l'association de consommateurs, le "mini max" n'a été proposé que dans 11,6 % des cas. La plupart du temps, le postier privilégiera le "prêt-à-poster lettre max S", à 3,35 euros, voire un colissimo à 5,50 euros.

    "La branche colis est aujourd'hui capitale pour La Poste, qui a tendance à orienter ses clients vers des formules qui ne sont pas adaptées à ses besoins, mais qui sont beaucoup plus coûteuses", explique Arnaud de Blauwe. Avec l'avènement d'Internet, en effet, le commerce en ligne a beaucoup progressé, et avec lui la demande de colis. Un marché rentable, qui permet de compenser l'érosion lente du courrier : en 2012, le nombre de plis acheminés a diminué de 5 %, après 3 % de baisse en 201

    Pour l'entreprise, le raisonnement est en fait plus économique qu'écologique. Délivrer un pli en une journée demande en effet beaucoup de moyens : des employés qui travaillent de nuit, des camions qui desservent toute la France même s'ils ne sont qu'à moitié pleins, etc. En prônant un acheminement à J+2, La Poste peut réaliser de substantielles économies. Et tant pis pour le client si son courrier met plus de temps à arriver.

    Le facteur pédalait sans les mains

    © MAXPPP

    Ces postiers qui ne sonnent pas. Autre point dénoncé par l'association de consommateurs : la livraison des colis et recommandés. Alors qu'ils sont censés être remis en mains propres à leur destinataire, les postiers préfèrent parfois se contenter de laisser un avis de passage dans la boîte aux lettres, sans vérifier si la personne est chez elle. Charge au client de se rendre dans son bureau de poste pour récupérer la missive.

    "Ce qui nous importe, vendre le produit le plus adapté". Interrogé par Europe 1, Julien Têtu, directeur exécutif de La Poste en Île-de-France, se défend de toute logique économique au détriment des usagers. "Quand vous entrez dans un bureau de poste, on vous pose un certain nombre de questions sur le type d'envoi que vous voulez réaliser. Certains de nos clients ne veulent pas y répondre. Dans ce cas, nos guichetiers n'ont pas d'autre choix que de proposer une solution intermédiaire", regrette-t-il. "Ce qui nous importe, ce n'est pas de vendre le produit le plus cher, mais le plus adapté et que, dans 10, 20 50 ou 100 ans, vous puissiez continuer à venir dans un bureau de Poste".

    http://www.europe1.fr/France/La-Poste-dupe-t-elle-ses-clients-1461115/


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  •  Par Marie Perret

     

    Il y a quelques jours, Civitas sortait du bois en publiant sur son site un texte dans lequel l’association catholique répond à la pétition lancée par l’Ufal et reprise par All Out. Rappelons que l’objectif de cette pétition est, somme toute, modeste : il s’agit de faire en sorte que Civitas cesse de se croire au-dessus des lois et de délivrer des reçus à ses donateurs ouvrant droit à déduction fiscale. 

    La réponse de Civitas a de quoi laisser perplexe. On aurait pu s’attendre à ce que l’association, prise la main dans le sac, contre-attaque en démontrant que ses objectifs relèvent bien de l’intérêt général : qu’elle argue de son caractère philanthropique, qu’elle montre qu’elle n’a de cesse d’œuvrer à la rédemption des âmes en les incitant à la conversion chrétienne. L’association aurait pourtant bien besoin de fournir à l’administration fiscale, qui s’est saisie du dossier, un solide argumentaire. Or, on ne trouve, dans ce texte, nulle trace d’un quelconque argument. Pour sa défense, Civitas n’a qu’une seule chose à dire : « C’est celui qui dit qui y’est ». Toutes les associations, si l’on comprend bien ce que les auteurs ont voulu dire, seraient coupables du même forfait. Non seulement cette réponse rappelle furieusement la cour de récréation, mais elle est aussi une manière de reconnaître que l’accusation portée contre Civitas est vraie, et que c’est indûment qu’elle délivre à ses donateurs des reçus fiscaux.

    L’infantilisme de cette réaction aurait de quoi faire sourire, sans la phraséologie nauséabonde dont usent ses auteurs. Cette phraséologie sans nuance transpire la haine et le ressentiment. Sous leur plume, tout se transforme en injure : défendre le principe de laïcité, militer à gauche, être franc-maçon, homosexuel, être attaché au droit à l’avortement et à celui de mourir dans la dignité revient, pour les auteurs du texte, à être un « bouffeur de curés », à faire partie de la « gauche caviar », des « frères trois-points », du « lobby homosexuel », du gang des « avorteurs » (?) et des propagandistes de l’euthanasie ». Manifestement, les auteurs de ce texte ne savent rien faire d’autre qu’insulter, invectiver, aboyer. Cette incapacité d’argumenter, d’exprimer sa pensée de façon claire et fine, de faire valoir rationnellement la légitimité d’une position, explique peut-être la rapidité avec laquelle les militants de Civitas recourent à la violence quand ils manifestent, et leur affligeante inclination à montrer leur « virilité » à coups de pieds.

    En plus de la haine, le texte transpire la paranoïa. Plutôt que de répondre aux accusations dont ils font l’objet, les auteurs de ce texte versent dans la théorie du complot. La prose est à ce point délirante qu’elle ne peut être comprise que par ceux qui souffrent des mêmes obsessions. En somme, c’est moins à leurs contradicteurs que les auteurs de ce texte s’adressent qu’aux membres de la clique à laquelle ils appartiennent et auxquels ils envoient des signaux. Que bien peut signifier l’expression « avoir une vision homosexualiste » du monde ? Quel sens peut avoir l’expression de « Khmers roses » ? Tout cela est inepte. Les militants de Civitas méprisent-ils l’intérêt général au point de ne même pas consentir à écrire un texte lisible par tous et dans lequel ils s’expliqueraient ? Ne savent-ils faire rien d’autre que servir la pâtée ordinaire de l’extrême-droite ?

    Ce texte nauséeux, violent, et finalement idiot, est en lui-même la preuve que Civitas est à mille lieues de remplir les conditions permettant à une association de se prétendre d’intérêt général. L’administration fiscale jugera.

    Stop au financement public de CIVITAS !

     
    11,695 signatures
     

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  • A hue et à dia

     
    Avec le troisième congrès du Parti de Gauche réuni à Bordeaux, Jean Luc Mélenchon marque sa différence. Adepte d'un discours sans concession au pouvoir socialiste, le tribun tant vanté des présidentielle en vient aujourd'hui à agacer au sein même du Front de Gauche.
    Le questionnement sur l'euro, le projet de société écosocialiste, la stratégie de listes "front de gauche" pour les municipales... Le Parti de Gauche multiplie les petits cailloux dans le sabot communiste.
    Les déclaration d'André Chassaigne il y a quelques jours, celles de Marie Pierre Vieu hier, nombre de prises de position soulignent des différences d'appréciation qui deviennent ostensiblement des divergences d'orientation.
    Lorsque, parmi les communistes, cette hypothèse d'évolution était évoquée, les laudateurs béats du Front de Gauche s'offusquaient de la ringardise des sceptiques, de leur manque de clairvoyance et d'ambition pour la gauche...
    Aujourd'hui, on a tous le nez dedans ! Alors on en pense quoi de la "différence qui fait la richesse..." ? 
    Et les formules de Delapierre reprises par Jean-Luc Mélenchon à propos des "17 salopards" ? On en dit quoi ? 

    L'exigence d'une ligne idéologique claire  et constante n'est pourtant pas si difficile à assumer, dès lors que les idées valent plus que les positions ou les mandats.
    L'expérience montre assez que l'exercice du pouvoir ne renforce en rien les idées dès lors qu'il est contraint par l'affadissement des alliances et la subordination au pouvoir encadrant, d'autant plus que nous sommes désormais dans un format présidentiel de notre République et que seule l'orientation présidentielle encadre l'action politique. Les seules amodiations possibles le sont à la marge et loin du pouvoir central quand une municipalité décide de la gratuité pour les usagers des transports urbains ou quand elle organise une restauration scolaire autonome avec approvisionnement bio en circuit court.
    Alors, la posture de Mélenchon sur le "pouvoir de rechange" rompt avec les concessions à la carte ici ou là qui sont pronées par la direction du communiste pour préserver les alliances électorales mutuellement profitables au PS et au PC.
    La question est bien fondamentale aujourd'hui de savoir si on continue à faire le pâté d'alouette avec un cheval socialiste et un moineau communiste ou si comme le préconise Mélenchon, on part dans la reconquête de l'opinion de gauche avec un Front de Gauche affranchi des pesanteurs sociales libérales du PS.
    Cette alternative n'écarte en rien la nécessité d'une construction pluri orientée de la gauche d'avenir dont le pays a besoin et qui fasse échapper à l'alternance dévastatrice PS-UMP qui fait que le PS parachève la sale besogne de la droite (cf. MAP après RGPP). Mais c'est bien de stratégie qu'il s'agit et pas de tactique politicienne au cas par cas.
     Le Front de Gauche n'est pas un mauvais outil à la condition de s'en servir tous convenablement et dans le même sens. On ne peut pas raisonnablement s'en servir d'une façon quand ça arrange (européennes, présidentielles) et autrement quand ça dérange (cantonales ou municipales).
    Le risque est grand de voir se développer le plus grand désordre à l'approche des élections municipales  qui nous replongerait dans la cacophonie des élections régionales ou la "richesse de la diversité" s'affichait surtout en "chacun pour soi" à géométrie variable selon la sensibilité des élus et des candidats locaux. La subordination des partis "traditionnels" à leurs élus ne fait qu'accroître ce risque aujourd'hui.
    Dans une telle configuration il ne faut pas attendre le sursaut citoyen qui ferait reculer significativement l'abstention et redonnerait au peuple la conduite de sa destinée. C'est bien de projets clairs et construits dont les gens ont besoin aujourd'hui pour éviter qu'ils se jettent dans les bras de n'importe quel prêcheur de foire.
    Les communistes ont besoin d'être communiste avant, le cas échéant, d'être utiles au "Front de Gauche"; et c'est d'autant plus vrai que désormais, Jean-Luc Mélenchon abandonne l'idée d'en faire le parti regroupant toutes les tendances à la gauche du PS et qu'il déclare son Parti de Gauche "famille d'accueil" des déçus du Parti Socialiste.
    Pour jouer son rôle naturel de rassembleur c'est le Parti Communiste qui aurait dû se mettre en configuration de "famille d'accueil" depuis trois décennies cette année ! Et la famille d'accueil n'est pas l'auberge espagnole, elle se doit d'offrir un cadre établi et sécurisant, valorisant son existence pour mieux s'ouvrir aux autres. 
    A gauche aujourd'hui comme hier les courants réformistes et révolutionnaires sont nécessairement concurrents. La coopération ne s'organise qu'à l'intérieur de ces deux obédiences pour en assurer l'hégémonie ou tenter sa reconquête. Les alliances intermédiaires ne sont que conjoncturelles et ne préfigurent en rien la construction d'une gauche durable débarrassée de sa gangue libérale.
    La gauche d'avenir à construire couvrira bien le large éventail de la gauche de la gauche aux socialistes, encore faut-il donner du corps à son centre de gravité ; et c'est la vocation des communistes.


    Mulets et bardots auront toujours un chromosome de moins que les chevaux et un de plus que les ânes dont ils sont issus ; ça ne remet pas en cause leur utilité, mais ils sont généralement stériles.
     

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  •  Espagne : la crise et la lutte des classes…

    Crise en EspagneLa crise est une occasion, diront certains à juste titre, pour tenter de renverser les rapports de force entre les classes et inverser le processus de démobilisation des forces populaires à travers le monde. Mais la crise est aussi une opportunité pour les classes dominantes. La bourgeoisie nationale et transnationale a conquis ces dernières années de plus en plus de pouvoir en profitant de la disparition des frontières au sein d’un super État européen et de l’instauration du marché unique pour porter une attaque sans précédent sur le conditions de vie des classes populaires, allant même jusqu’à rétrograder socialement les maillons les plus faibles de leur propre classe. La majorité des Espagnols est ainsi engagée dans un processus de paupérisation – certains parlent de prolétarisation - qui semble irrémédiable. 

     

    Les données publiées par l’ONG catholique espagnole Caritas parlent d’elles-mêmes. Les riches gagnent en moyenne sept fois plus que les pauvres, faisant de l’Espagne l’un des pays connaissant un des taux d’inégalité les plus élevés sur le continent européen. La fourchette entre les riches et les pauvres a d’ailleurs augmenté de 30 % ces dernières années.

     

    L’organisation, qui a vu se multiplier de mois en mois le nombre de personnes en quête d’un repas chaud, de vêtements, d’un toit, de soins médicaux, etc., a comparé la situation des 20 % les plus riches à celle des 20 % les plus pauvres. Les résultats de cette étude sont publiés dans un rapport que nous nous sommes procuré. Comme on pouvait s’y attendre, « le pire effet de la crise est la forte augmentation de l’inégalité sociale, qui aboutit à un niveau de fragmentation sociale jamais atteint jusque-là ».

     

    Le revenu moyen par habitant était l’an dernier de 18.500 euros en Espagne. Il n’a pratiquement pas augmenté depuis dix ans. Pis, il a diminué de 4 % depuis 2007 alors que les prix ont flambé de 10 % depuis cette même date. Si on prend en compte l’augmentation de la fiscalité, directe ou indirecte (y compris sur les franges les moins aisées de la population), c’est au final une perte sévère de pouvoir d’achat à laquelle doivent faire face les Espagnols.

     

    Depuis 2006, le revenu des plus pauvres a diminué de 5 % chaque année tandis que celui des riches a augmenté… et de bien plus. La perte du pouvoir d’achat va de pair avec les coupes claires dans le budget des services sociaux ; depuis quelques années, quantité d’hôpitaux et de centres de soins, d’écoles et d’universités, ont mis la clé sous la porte, rendant infernale la vie de millions de familles.

     

    Depuis cette même date, le nombre de foyers dans lesquels aucun des membres n’a travaillé est passé de 380.000 à 1.800.000. Au dernier trimestre 2012, le taux de chômage s’établissait à 26,02 % de la population active (soit presque six millions de chômeurs).   

     

    Ceux qui disent que la crise est une opportunité ont raison. Mais la crise des uns n’est pas celle des autres, et force est de constater que ce sont les classes dirigeantes qui tirent jusqu’à présent les marrons du feu…

     

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr


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  • HOLLANDE A LA CROISEE DES CHEMINS

    Le président de la République sera l’invité d’Antenne 2 pour 45 minutes jeudi soir.

    Que va t’il bien pouvoir nous dire ?

    Son bilan, après 10 mois de présidence, est un échec complet.

    La France va mal et surtout pour le monde du travail qu’il a trompé pour ainsi dire.

    S’il peut invoquer les conséquences désastreuses de la politique précédente menée par Sarkozy, maintenant il a sa propre part de responsabilités dans tous les domaines : ceux de la politique économique, sociale, sociétale, industrielle, démocratique et institutionnelle.

    Il a, tout compte fait, épousé la politique économique et sociale précédente.

    Le mouvement populaire, rempli d’espoir en Mai, est aujourd’hui blessé par ces politiques qui s’affichent à la bourse et non à celles des conquêtes sociales.

    Habituellement, je n’attache peu d’importance aux sondages, mais ceux qui sortent en ce moment sont suffisamment éloquents pour dire que les citoyens en sont arrivés à un stade d’écœurement de la politique et que si ce gouvernement ne donne pas un coup de barre salutaire, il va vers de cruelles déconvenues précipitant surtout l’électorat de gauche dans l’abstention ou dans des dérives populistes de ceux qui ne peuvent plus supporter les souffrances endurées et cela peut aussi se transformer en vote d’extrême droite.

     L’histoire ne se répète pas dit un proverbe, mais elle peut bégayer et elle bégaye dans l’Oise où le parti socialiste a été éliminée au premier tour d’une partielle au profit de la droite extrême de Mancel et de l’extrême droite de Marine le Pen qui étend son emprise sur ce département. Seul le Front de gauche a progressé légèrement comme un espoir naissant.

    Le taux d’abstention montre  le dépérissement continuel d’une citoyenneté et cela est d’une certaine gravité pour la démocratie même si celle- ci est de nature bourgeoise.

    Hollande devrait s’interroger sur le vote Front National dans l’Oise qui double ses voix par rapport au premier tour.

    Il en porte la responsabilité.

    La politique qu’il mène est une politique qui favorise le populisme et surtout le retour d’une droite qui sera pire qu’avant et elle montre ses crocs en ce moment.

    Nous avons besoin d’unité à gauche mais cela ne se décrète pas, cela devrait être basé sur un projet minimal qui soit en correspondance avec une gauche progressiste.

    Cela nécessite que ce gouvernement change de politique, que sa politique tourne le dos à l’austérité qui n’est qu’une politique du capital en crise.

    Jeudi soir, sans naïveté, je dis à Hollande, vous êtes à la croisée des chemins, il est encore temps de donner le coup de barre à gauche, non pour éviter l’écueil qui ferait chavirer le navire mais pour prendre la haute mer du progrès social.

    C’est indispensable.

    Si rien de conséquent ne se passe jeudi soir dans ce sens, toutes les dérives sont possibles, celles d’un parti socialiste accélérant son pas mortel dans les abysses du capital et s’y engloutissant, mais aussi celle d’une radicalité jusqu'au-boutiste d’un Front de gauche qui  alors se couperait des masses les plus fragiles et les plus désorientées par la politique actuelle.

    Les communistes se doivent de garder distance avec tout ce qui peut obturer l’idée de dépasser le capitalisme par des tirades démesurées.

    La droite a mesuré cet affaiblissement politique à gauche et elle manœuvre pour que les forces de gauches se divisent et se combattent pendant qu’elle créée les conditions pour un rassemblement de tous les réactionnaires, comme on le voit de plus en plus, notamment hier lors de la manifestation contre le mariage gay, qui n’était pas un rassemblement fourre-tout comme le dit l’Humanité mais bien les prémisses d’alliances de toutes les droites qui se constituent devant nos yeux et peuvent  entrainer notre pays à la pire politique, : celle d’un néo-fascisme.

    Hollande doit mesurer que la poursuite de sa politique en faveur du capital est d’une gravité extrême parce qu’elle appauvrit le peuple et peut conduire aux pires extrémités avec une droite revancharde.

    Comme le disait la CGT dans son congrès, la meilleure façon de combattre les politiques actuellement menées, c’est bien de s’occuper du travail, d’organiser les luttes en ce sens, de travailler un vaste rassemblement de ce monde du travail qu’on en peut laisser diluer dans la crise et la division, y compris quand des forces y cèdent par leur allégeance.

    Cela fait partie de la lutte de classe comme le disait Thierry Le Paon.

    Alors, plus que jamais, discutons et travaillons la vraie bataille des idées, celle de l’affrontement entre les idées progressistes contre celles qui voudraient nous ramener aux cavernes sociales.

     

    Bernard LAMIRAND

     


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  •  Monti piteux, Merkel triomphante, ou le nouveau Drang nach Osten *

    «Merkel et le coffre-fort européen Au Parlement européen, le président, Martin Schulz, a demandé d'écouter le message de protestation envoyé par les électeurs italiens contre la politique d'assainissement budgétaire imposée par Bruxelles », remarque Anne Bauer à la fin de son article publié le 27 février dans le journal économique Les Échos, juste après la déculottée de Mario Monti aux élections en Italie.

     

    C’est-à-dire ? « Non pas qu'il faille abandonner la rigueur, précise l’article (ouf ! On a eu peur !), mais au moins la compléter par plus de solidarité, » et aller vers un « vrai budget de la zone euro ». Et de graver l’épitaphe politique de l’ex-président du Conseil italien : « Mario Monti lui-même n'a cessé de dénoncer la « créditocratie », qui divise l'Europe entre bons et mauvais emprunteurs, et de réclamer cette solidarité ». En clair : les pays riches devraient aider davantage les pays pauvres à gaver les banques au lieu de les laisser se faire essorer.

     

    La déroute électorale de « Super Mario », le technocrate de Goldman Sachs, est en effet une catastrophe pour ceux qui croient à une intégration européenne harmonieuse, car « l'arrivée de Mario Monti, ancien commissaire européen, respectueux des institutions communautaires et défenseur de la construction européenne, a fortement contribué aux progrès réalisés depuis juin dernier dans la construction de l'Union économique et monétaire » ? rappelle Anne Bauer en essuyant une larme.

     

    Et de terminer son papier sur une note pathétique : « le budget européen a oublié la relance et l'intégration économique, se heurtant au refus des pays du Nord, Allemagne en tête, d'aller vers un vrai budget de la zone euro ». Tout semble en effet se passer comme si les capitalistes allemands avaient décidé de sacrifier les pays du sud : malheur à ceux que l’euromark plombe ! Que les vautours de la finance les dépècent ! La machine industrielle allemande poursuit sa route ! Merkel est aussi populaire que Monti est discrédité, et le « modèle allemand » brille au firmament des analystes économiques.

     

    Pourtant, dans ces conditions, les exportations allemandes vers l’Europe du sud chuteront inévitablement. Les décideurs d’outre-Rhin ont donc forcément d’autres marchés en tête… Si l’eurozone continue de s’élargir à l’est, les nouveaux entrants pourront acheter plus facilement les produits « made in Germany », car ils auront remplacé leur devise faible par l’euro fort. Cela suppose aussi que les usines qui, dans ces mêmes pays,  produisent actuellement des pièces bon marché (car vendues dans une monnaie faible) pour alimenter les chaînes d’assemblage en Allemagne, soient à leur tour délocalisées plus à l’est.

     

    Après quelques années, les économies des nouveaux entrants dans la zone seront aussi à genoux, mais on peut faire confiance aux capitalistes allemands pour avoir préparé leur redéploiement vers de nouveaux marchés entre-temps, etc. Et à force d’aller vers l’est, on tombe forcément sur la Russie, un jour ou l’autre…  

     

    Vincent Flament

     

    * Drang nach Osten : « ruée vers l’est » (mouvement pluriséculaire d’expansion germanique, puis allemande vers l’Europe centrale et orientale)

    PS : article paru dans Initiative Communiste n°130 (mensuel du Pôle de Renaissance Communiste en France).

    http://www.resistance-politique.fr


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  • N’acceptons pas la misère organisée des centres de Sécurité sociale !

    Pcf Paris 15, 25 mars 2013

    N’acceptons pas la misère organisée des centres de Sécurité sociale !Il est une autre façon de faire des économies sur le dos des assurés sociaux : fermer les centres d’accueil, rendre les conditions de travail des personnels de toutes les branches, maladie, allocations familiales, vieillesse, si difficiles qu’ils ne puissent plus faire face aux demandes croissantes des assurés sociaux.

    En ce qui concerne l’assurance maladie, la politique des gouvernements successifs a conduit à réduire de 43 à 13 le nombre de centres d’accueil à Paris depuis 2005.

    La fermeture de 4 autres centres est encore programmée dont celui de la rue du Docteur Finlay dans le 15ème arrondissement.

    Il ne resterait plus pour les 335.000 habitants du 15ème, du 6ème et  du 7ème que le centre historique de la place Adolphe Chérioux. Or celui-ci est actuellement fermé pour réaménagement, avec réouverture improbable en juillet. Cette situation « temporaire » fait la preuve qu’avec un seul centre, il est impossible de maintenir les conditions de travail, le service rendu, l’accès aux prestations dues.    

    Les quatre points d’accueil promis à disparition à Paris reçoivent physiquement 2000 assurés par jour. Il s’agit souvent les personnes les plus fragiles. Celles-ci seraient contraintes demain de faire des transports plus longs, des queues plus longues, verraient le traitement de leur dossier retardé. Veut-on les dissuader de faire valoir leurs droits ? Alors que 20 milliards d’euros de « crédits d’impôt » sont encore accordés à leurs patrons !

    Ce projet suscite une réprobation générale dans le contexte d’inquiétude devant les attaques renouvelées contre la Sécurité sociale et son financement solidaire.

    Les pétitions initiées par la CGT de CPAM et les Unions locales CGT, dont celle de notre arrondissement, ont recueilli des milliers de signatures. Notre section du PCF a relayé cette lutte (voir nos textes précédents).

    Les organisations de la CGT remettront toutes les pétitions à l’occasion de la prochaine réunion du Conseil de la Caisse primaire d’assurance maladie de Paris, mercredi 27 mars 2013.

    Nous rapprochons cette situation de celle critique de l’accueil des Allocations familiales en général,  du centre historique de la rue Viala dans le 15ème en particulier.

    Les jours de retard se comptent en semaine. Les personnels en nombre déjà très insuffisant  ne peuvent faire face à l’afflux de demandes nouvelles, notamment de RSA et d’allocations logement. Un tiers de la population est concerné chaque année : 18 millions de personnes ont été accueillies aux guichets en 2012 pour faire valoir leurs droits ou leur changement de situation. Rue Viala, il faut fermer un jour par semaine pour essayer de traiter les dossiers en retard.

    Les situations extrêmes de tension, même de violence, avec les ayants-droit se multiplient.

    La CGT organise une grève nationale le 2 avril pour réclamer d’urgence l’embauche de 2000 personnels.

    Sans surprise, pour l’assurance maladie, pour les allocations familiales, aucun changement ne s’est produit en 2012 avec le changement de gouvernement.  

    Interpelé, le député-maire UMP du 15ème, Philippe Goujon, dont le parti n’est plus aux affaires, a fait part à la CGT de sa sollicitude et a rencontré le directeur de la caisse primaire. La prétendante au poste de Maire de Paris, l’élue PS Anne Hidalgo, dont le Parti est aux affaires, est pour l’instant aux abonné(e)s absent(e)s.

    Une seule perspective pour les salariés, la population : la lutte devant l’inacceptable. Rappelons ce seul chiffre : un centre unique d’accueil pour 335.000 habitants !

    Le PCF Paris 15 y participera activement comme au soutien de la lutte des agents des Allocations familiales.  

    http://pcf-paris15.over-blog.com


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  • Requiem pour une lutte paysanne

    jeudi 21 mars 2013, par Bertrand Tappolet

    Dans « L’Hiver dernier », drame humain signé John Shank, résister, c’est d’abord un état d’esprit. Une manière de ne pas se soumettre, de refuser d’être assujetti à un ordre dont on ne veut pas, batailler pour la dignité et la fidélité à des valeurs, quitte à tout perdre.

    Johann (minéral et vibratile Vincent Rottiers) est éleveur de bovins dans l’Aveyron. Le visage indéchiffrable du jeune homme est une synthèse parfaite de l’ambition propre à la réalisation, à la fois pure surface de projection et vrai bloc d’étrangeté, tenant d’un équilibre incertain entre abstraction et ambition documentaire. Face à des collègues désireux de délocaliser une part de leur cycle productif en Italie et prompts à délaisser des approches de travail autonomes mais couteuses, il opte, seul contre tous, pour un idéal qu’il ne peut lui-même plus réaliser, faute de crédit bancaire notamment.

    Résister et attester de sa disparition

    Résister à l’apparente fatalité d’un exode rural, d’une délocalisation, reviendra alors à rencontrer, la tête haute, une fuite. Pour remettre en jeu sa propre existence. Il y a plus qu’une simple parade vitale en ce geste. Sean Penn dans son film Into the Wild, suggérait que le goût immodéré de la nature vierge et de l’isolement revient parfois à un désir de néant. C’est contre cette néantisation que lutte Johann avant de se retrancher en lui et s’évanouir au cœur du paysage. Eleveur dans la région et principal conseiller du tournage, Henri Mouret subsume le concret auquel il est confronté : « J’ai refusé l’outillage et les bâtiments modernes pour fuir les charges. Si j’avais marché dans le système, je serai obligé aujourd’hui de me séparer de la terre de mes ancêtres. Désormais, on ne rémunère plus les gens par rapport au travail fourni mais plutôt par rapport au capital qu’ils détiennent. »

    « J’appartenais à cette terre comme mon père à moi et son père avant. Elle m’a tout donné, elle m’a porté jusqu’ici », lâche le héros, en voix off, au cœur d’une pénombre amniotique. Résister comme on respire, car de souffles mêlés comme horizons intérieurs et rythmiques, le film n’en manque pas. Résister revient à défendre non plus simplement sa vie mais les valeurs sans lesquelles celle-ci ne mérite plus d’être vécue. « Au cours du récit, le personnage devient toujours davantage un objet, être matière, pareil aux autres éléments naturels, s’y fondant littéralement », relève le réalisateur. Davantage que des univers filmiques parfois primitivistes croisés chez Robert Bresson, Ermanno Olmi, Bela Tarr, ou au gré du Jeremiah Johnson signé Sydney Pollack, on se souvient alors du cinéaste belge Bruno Dumont. Qui a construit son opus, L’Humanité, autour d’un « corps pensant », dont les actes et paroles se réduisent à l’essentiel, au prosaïque, mais dont le corps et les yeux ne cessent de crier, de supplier.

    Le réalisateur est un arpenteur du « drame rural », dès ses courts-métrages, Les Mains froides (un bambin se confronte à la mort par le cadavre d’un agnelet), Un Veau pleurait la nuit (un fils fermier et son père agonisant). L’Hiver dernier voit un homme âgé (prodigieux Michel Subor), qui bénissait jadis la nature et les êtres vivants lors d’une fête orageuse. Il voulait faire évoluer la coopérative, pour assurer la survie de tous. Assis aujourd’hui sur son lit et condamné à une fin rapide, il confie à Johann : « Tout est pourri de l’intérieur. Où ils sont mes fils ? Moi aussi j’ai donné toute ma vie, comme mon père. Je voulais aider, c’est tout. Pourquoi tu te poses comme un roc ? Pourquoi tu laisses pas aller le monde à son rythme ? » De manière étonnante, le cinéaste fait de l’émotion dans la souffrance un point de rencontre où exigence et responsabilité s’inscrivent à même le corps. Il y a dans cette séquence, qui réunit les deux hommes de générations et projets de production contrastés, un lien éthique profond dans la proximité des corps, dans le souci commun d’avoir à vivre et à mourir sous la menace de périr. Cette dimension interroge à l’heure des délocalisations et fermetures de sites productifs partout en Europe. Cinéaste humaniste au même titre que Jean Renoir et Laurent Cantet (Ressources humaines), il n’est pas question pour John Shank de proposer une vision duale, manichéenne de l’Homme. Montrer l’humain, c’est aussi parler de ses nuances, exposer les incohérences de chacun.

    Sens en éveil

    Le réalisateur invente des ilots de sensorialité où le tumulte du monde cesse un instant pour laisser pénétrer le plein jour de la vie. Face au monde trop lisse de la globalisation, qui se dérobe à sa prise, Yohann éprouve le désir de renouer étroitement le contact avec ses bêtes. En témoigne la scène élégiaque en pleine nature illuminée comme une toile de peintres paysagistes américains du 19e s., où il écoute l’animal qui va mettre bas, sent ses sabots. Plus loin, il y a cette sœur (Florence Loiret Caille, impressionnante d’hébétude) que l’on dirait autiste. Et dont il va vouloir, un temps, s’occuper du corps en catatonie alors que tout semble se déliter et se perdre pour lui. Au-delà de ce refus déroutant de l’irréversibilité du temps, on songe à ces mots du poète activement engagé au sein de la Résistance, « école de douleur et d’espérance » pendant l’Occupation, René Char : « J’aime qui m’éblouit puis accentue l’obscur à l’intérieur de moi ».

    Fermez les yeux, imaginez une vaste lande neigeuse battue par les vents tour à tour virevoltants, lointains puis terriblement proches. Et au milieu de ce paysage neigeux trempé d’une atmosphère bleue pétrole, un homme se détache lentement de la matière de l’image, et sur cette colline si large que seule une voix off bien distincte peut y tenir, on entend le protagoniste principal, un fermier, Yohann. « Dormir. Dormir. Puis me réveiller au matin avec les premiers rayons du soleil. Comme quand j’étais petit. » Aux yeux du réalisateur, « l’idée du sommeil et de l’enfance sont clairement reliées. C’est l’aspiration à pouvoir être bercé, tenu, contenu dans quelque chose qui apaise. Au début, le personnage met en exergue une dimension qui participe de la nécessité de sortir de l’enfance, devoir naître et partant de disparaître, ce qui est l’un des conflits premiers de tout humain. Biologiquement il est né au monde et aimerait peut-être quelque part, même en sachant que ce n’est plus possible être un enfant et dormir paisiblement. »

    Enfance perdue

    Tout au long de L’Hiver dernier, l’enfant est peut-être ce compagnon, visible ou invisible, dont les signes de reconnaissance et ne réduisent pas l’enfant à un souvenir. Ils n’empêchent ni la part de l’ombre ni le sentiment de la solitude, ni la certitude de la séparation. Sa présence en lui et à côté de lui est vécue par le jeune comme une énigme et une réalité qu’il laissera à la fin sur une route empaumée dans un voyage sans retour. Qu’il se cache de celle qui l’aime avant d’observer de loin ceux qui enlèvent ces bêtes et de se recroqueviller dans l’étable désertée, Johann n’aura de cesse de vérifier cette pensée de Hegel : « les enfants sont la mort des parents. » A la fois démiurge au sein d’une économie globalisée où tous vont le lâcher au sein de la coopérative, celle des idéaux paternels mis en brèche par une paysannerie laminée par l’impossibilité de vivre de ses élevages et de payer leurs cotisations.

    Rien n’à avoir ici avec les souvenirs des terres de l’enfance. La trajectoire du personnage principal ne se réduit pas à la quête volontaire d’une survie, à la songerie nostalgique d’un vécu ancien. Mais il se vit plutôt comme un surgissement de « blocs perceptifs » où le passé mort et « l’enfantôme » qui nous habite trouvent une autre expérimentation et même un avenir. Ainsi la scène dans le lit où un enfant demandant à l’autre plus âgé de lui raconter une histoire se voit rétorquer simplement : Dors. « Autre élément qui rapporte à ce désir. Non de félicité absolue, mais de soif d’enfance encore présent chez un adulte », souligne John Shank.

    On retient la façon de filmer des gestes, les respirations nocturnes, les souffles diurnes, le lien entre l’homme et ses bêtes. Ancré dans le réel et l’actualité sociale contemporaine, le travail de John Shank, 27 ans, revêt néanmoins une forme poétique, opaque. Malgré la rude et abstraite existence des personnages, le film atteint une forme de sérénité, de plénitude, mais aussi de souffrance et de désespérance, butée. Fruste et parcellaire. Un film doux et puissant, tellurique, charnel, cosmique, où le moindre éclat de réel est magnifié par l’image du chef opérateur, Hichame Alaouié. On peut comparer L’Hiver dernier à Sokourov, qui a une manière singulière de distendre la réalité pour mieux la voir. Le cinéaste rejoint aussi les poètes français de l’image sensorielle, parmi lesquelles Claire Denis (L’Intrus) Philippe Grandrieux (Sombre) et Fabrice Gobert (série Les Revenants), tout en gardant un œil du côté des premiers Terrence Malick (La Ballade sauvage, Les Moissons du ciel). Il développe aussi un lien puissant à l’étrangeté atmosphérique soutenue par le groupe anversois Daau, aux compositions alambiquées et inquiétantes, et dont le nom fait référence au Loup des steppes de Hesse. On est parfois proche de la pose iconique du western, comme dans la scène du fusil tenu sur les épaules par Johann. Et le film de placer sa splendeur désolée, volontairement assombrie par intermittence, au service d’un témoignage infini de l’humain qui résiste.

    Bertrand Tappolet

    L’IMAGE ET LE SON EN VIBRATIONS

    Entretien avec le cinéaste John Shank.

    Dans la manière qu’a votre film de travailler la pénombre, les images émergeant lentement de l’obscurité, se déployant parfois aux lisières du visibles, rappellent l’approche sensoriel d’un cinéaste Philippe Grandrieux (Sombre, La Vie nouvelle, Un Lac). Pour ce dernier, qui n’hésite pas à tourner plusieurs dioptries en dessous de la normale ou à évoluer dans le flou amniotique, pour mieux voir, il faut moins voir.

    John Shank  : Comme spectateur, afin de mieux percevoir, j’ai besoin d’épurer l’image, d’en retirer des éléments. Aborder ici les paysages physiques, humains et réalités d’un point de vue sensoriel est une nécessité. Afin de sentir, l’on ne peut tout voir. Lorsque l’on voit tout, on perd une part de ses sens. Enlever pour mieux voir, c’est focaliser le regard sur quelque chose. Il faut aussi demander au spectateur d’aller chercher dans l’image. Ainsi ne pas lui donner l’ensemble du visible et du perceptible immédiatement.

    De la première à la quasi dernière scène, Johann, le protagoniste principal, a une manière singulière de surgir puis de se fondre dans la matérialité du décor environnant.

    Ce sont des moments à la fois très écrits et dépendants des conditions de tournage. La dramaturgie de ce personnage apparaissant lentement de la brume est une manière d’emmener le spectateur, de lui dire : Faisons un pacte. Nous entrons dans un monde avec lui avant de se retrouver face à face, en espérant que le regardeur se trouve confronté à lui-même. Ou comment amener le spectateur vers le personnage dans une démarche physique de déplacement, de souffle réalisé à ses côtés. Par cet artifice, se dégage une manière de renouer le lien avec le spectateur.

    Dès le début, le sensorium mêle le vent et le souffle. La bande son mêle ainsi le microcosme et le macrocosme au cœur d’une plurisensorialité.

    Le long métrage a été réalisé grâce à des prises de sons en direct qui ont été par la suite reconstruits. Le début voit quatre plans successifs se déployer sur une construction sonore complexe et recherchée. On arrive ainsi dans espace baigné d’un grand souffle. Subitement, on se rapproche intensément de la respiration de Johann, le large soufflant mourant au cœur d’un plan large. C’est une question d’énergie et de sens.

    D’où l’essai d’emmener le spectateur avant tout par les sens, l’oreille, en particulier dans cette séquence d’ouverture. C’est la première manière de demander au spectateur de lâcher prise et d’aller juste sentir avec le rythme intime du film. Le vent final est le fruit du mixage de plusieurs en répondant ici au souhait d’une amplitude renforcée, là il est agressif, ailleurs plus doux. Partant, se dessine une dynamique qui, je l’espère, reflète la trajectoire intérieure du personnage. L’idée du vent correspond au spectateur qui est peut-être dans un processus d’identification avec le héros.

    Ainsi le vent raconte une histoire, tout comme les souffles des protagonistes excessivement présents. Nombre de respirations sont d’ailleurs refaites en postsynchronisation, variant de l’apaisement à l’affirmation. De fait, ce qui domine, c’est l’envie que le regardeur soit en contact avec le souffle, le vent.

    Les premiers mots en voix off du héros sont : « Dormir. Dormir. Puis me réveiller au matin avec le premiers rayons du soleil » Cela fait théâtral, dans le bon sens du terme. Comme quand j’étais petit ». Qu’en est-il de ce rapport au sommeil et à l’enfance.

    Un écrivain avançait en substance : « Si seulement la vie pouvait être comme le sommeil, faite de plaisirs simples ». Ou le sommeil associé à un plaisir simple alors que la vie n’est pas cet ordre. L’idée du sommeil et de l’enfance sont clairement reliées dans le film. C’est l’idée de pouvoir être bercé, tenu, contenu dans quelque chose qui apaise et permet un sommeil apaisant.

    Au début, le personnage met en exergue une dimension qui participe de la nécessité de sortir de l’enfance, devoir naître et partant de disparaître, ce qui est l’un de ces conflits premiers de Johann. Biologiquement il est né au monde et aimerait peut-être quelque part, même en sachant que ce n’est plus possible être un enfant et dormir paisiblement. En témoigne ailleurs la scène dans le lit où un enfant demandant à l’autre plus âgé de lui raconter une histoire se voit rétorquer simplement : Dors. Autre élément qui rapporte à ce désir. Non de félicité absolue, mais de soif d’enfance encore présente chez un adulte.

    Propos recueillis par Bertrand Tappolet

    L’Hiver dernier. Cinéma d’Oron, Oron-La-Ville. Jusqu’au 26 mars. Et sortie en DVD. Site : www.cccke.be/lhiverdernier

    http://www.gauchebdo.ch/?Requiem-pour-une-lutte-paysanne


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