CHYPRE, UNE SOUVERAINETE TRES LIMITEE ET UN ENJEU GEOPOLITIQUE CONSIDERABLE
La brutalité de l’agression politico-financière de l’Union Européenne contre l’un de ses membres : la République de Chypre a pu surprendre. Pourtant son écho très large a obligé les dirigeants d’autres pays membres : Italie, Espagne et les auteurs du putsch bancaire à insister sur le fait que tous les Etats européens endettés ne seraient pas traités aussi sauvagement. Mais la crainte d’une main mise soudaine sur tous les avoirs bancaires est devenue en quelques jours un motif de méfiance de masse des populations européennes, au moins celles du Sud, vis-à-vis de l’UE et de ses maitres. Cette perte de confiance est probablement irréversible au moins dans le sud de l’Union.
En voulant rassurer, les gribouilles de Bruxelles et de Francfort ont fait un aveu d’importance : l’Union Européenne n’est qu’en apparence un regroupement d’Etats égaux en droit. En pratique y règne la loi des plus forts : une banque centrale indépendante et quelques Etats dont les classes dirigeantes ne manquent jamais une occasion de souligner leur prédominance. L’insistance à souligner l’importance du couple franco-allemand en est l’illustration permanente.
Dans cette « Union » à qui la crise financière prolongée donne de plus en plus des allures de Radeau de la Méduse, sur ce « petit navire » en perdition le sort est, comme dans la chanson, « tombé sur le plus jeune ».
Mais tout n’est pas dit et il n’est pas certain que la République de Chypre « sera mangée ». Cependant le choix de cette « victime expiatoire » n’est pas pour surprendre.
Quelques données
Chypre comptait 1 117 000 habitants en 2011 : 800 000 dans la République de Chypre membre de l’Union Européenne et les autres dans l’entité turque (voir ci-après).
La superficie totale de l’ile est de 9250 km2 (la taille d’un grand département français comme les Landes) mais du fait de l’occupation turque consécutive à l’invasion de 1974, la République de Chypre n’est souveraine que sur un peu moins de 6000 km2.
Depuis 1974 le territoire occupé par la Turquie n’est un Etat reconnu que par l’envahisseur, c'est-à-dire concrètement une colonie turque.
La fameuse et fumeuse « communauté internationale » toujours si prompte à sanctionner, à mettre sous embargo, à déstabiliser par tous moyens, voire à bombarder, n’a jamais cherché à punir l’envahisseur turc, ni cherché sérieusement à rendre Chypre aux chypriotes qu’ils soient d’origine grecque – la majorité - ou d’origine turque.
Les palinodies onusiennes sur la question chypriote n’ont conduit à rien si ce n’est à l’installation d’un rideau de fer barbelé au travers de l’ile, à l’appropriation des terres et des maisons abandonnées au Nord par les familles grecques au moment de la partition de 1974 et à la présence permanente de forces de l’ONU à la frontière. Depuis 39 ans entre les deux parties de la capitale Nicosie la circulation est limitée et se fait à travers de check-points contrôlés militairement même si des assouplissements symboliques ont eu lieu. Certes plus spectaculaire le mur de Berlin n’a pas duré si longtemps !
On ne punit pas un membre important de l’OTAN et depuis prés de 40 ans la Turquie s’inspirant de la méthode mise en œuvre par Israël sur la terre palestinienne favorise l’installation dans la partie occupée de colons turcs avec le secret espoir que la poursuite de cette colonisation impunie conduise un jour à un nouvel équilibre démographique défavorable à la population grecque.
L’entrée de la république chypriote dans l’Union européenne puis dans la zone Euro (01.01.2008) n’a en rien modifié cette situation malgré les efforts faits en vue de la réunification par le président communiste chypriote Christofias à partir de son élection en Mars 2008. Les palinodies bruxelloises se sont simplement ajoutées aux palinodies onusiennes stériles. Tout au plus peut-on considérer que la « question chypriote » demeure, au moins pour certains diplomates, un obstacle parmi d’autres à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. En même temps rien ne permet de penser que le gouvernement turc d’Erdogan puisse laisser faire une réunification qui le priverait de sa colonie chypriote.
A cette partition s’ajoute la présence de deux enclaves britanniques où sont installées deux bases militaires importantes. Ce maintien de la souveraineté britannique sur ces deux morceaux de l’ile était la condition imposée par le colonisateur britannique pour accorder à l’Ile son indépendance en 1960. Aujourd’hui encore 30 000 citoyens britanniques – hors militaires présents dans les bases - sont installés à Chypre. Les résidents russes sont en nombre à peu prés égal.
Ainsi le 28 juillet 1954, le sous-secrétaire d’État britannique aux Colonies, Hopkinson, déclarait devant la Chambre des Communes à propos de Chypre que « certains territoires du Commonwealth ne pourraient jamais prétendre à une indépendance complète. » Ce qui fut fait.
Si les Etats-Unis envisageaient de soustraire à la souveraineté de l’Allemagne ou à l’Italie les territoires sur lesquels sont installées leurs bases militaires dans ces deux pays, on peut imaginer quelle serait la vigueur des réactions politiques. A Chypre, les manifestations qui ont eu lieu régulièrement depuis 1960 contre cette présence étrangère n’ont en rien modifié la position britannique. Il s’agit d’une occupation militaire et donc d’une décolonisation inachevée.
D’un point de vue militaire Chypre est donc dans une situation abracadabrante. La République de Chypre indépendante n’est pas membre de l’OTAN mais une partie du territoire de l’ile est occupé par deux puissances de l’OTAN : la Turquie et la Grande Bretagne. L’ile étant à 200 kilomètres du littoral syrien et libanais, l’OTAN fera tout pour conserver cette base stratégique dont elle fait usage régulièrement dans l’actuelle crise syrienne. Les avions d’observation de l’US AIR FORCE et de la ROYAL AIR FORCE sont basés à Chypre et si, comme le souhaitent les va-t-en guerre du gouvernement français, des bombardements aériens de la Syrie étaient déclenchés, les deux bases anglaises seraient le principal point de départ des bombardiers de l’OTAN (pour mémoire le porte-avions Charles de Gaulle est en arrêt technique prolongé à Toulon) jouant le même rôle que les bases US en Italie pour l’attaque aérienne de la Yougoslavie.
En Vert : la république de Chypre, en Rose : la zone turque, en blanc : le territoire britannique (bases militaires)
LA CAMPAGNE MEDIATIQUE DE CONFUSION SUR LA QUESTION CHYPRIOTE
Mettant en cause un petit pays à la souveraineté déjà limitée la crise financière actuelle est l’occasion pour les médias dominants et pour les puissants de cette « UNION » européenne si désunie de fabriquer un portrait-robot destiné à défigurer l’ile d’Aphrodite, nom antique de Chypre.
En vérité 62% des dépôts bancaires appartiennent aux citoyens chypriotes ce qui explique assez bien la réaction de la population et du parlement à l’annonce du premier plan européen.
D’autre part les difficultés actuelles des principales banques chypriotes proviennent principalement de l’effacement de la moitié de la dette grecque par l’Union Européenne. Ce qui veut dire qu’une banque chypriote, et les banques chypriotes ne sont pas des mastodontes, qui avait prêté de l’argent à l’Etat grec a perdu la moitié de sa mise.
Voici ce qu’écrivait à ce sujet le CADTM en Juin 2012
17 juin 2012 par Stavros Tombazos
La crise économique mondiale avait des répercutions sérieuses à Chypre dès 2009. Alors que le taux de croissance annuel moyen de la période 2001-2008 était de l’ordre de 3,7% (3,6% en 2008), depuis 2009 il se situe à un niveau bien plus bas :
-1,9% en 2009, 1,1% en 2010, 0,5% en 2011 et -0,8% en 2012 (selon les prévisions officielles de la commission). Le chômage a augmenté soudainement de 3,7% en 2008 à 10% actuellement. Suite à des mesures d’austérité dans les secteurs public et privé, le salaire réel diminue continuellement depuis 2010. La diminution du pouvoir d’achat est estimée autour de 10% pour la période 2010-2013.
Le système bancaire chypriote, actuellement en crise, semblait en 2009 encore solide. Les banques chypriotes n’étaient pas exposées aux produits toxiques qui étaient à l’épicentre de la crise bancaire aux États- Unis et à nombre d’autres pays européens. Cependant, les banques chypriotes ont voulu profiter de la crise mondiale. En 2009 et en 2010, les deux grandes banques privées de Chypre, Bank of Cyprus et Marfin-Laiki ont massivement spéculé sur les titres de la dette publique grecque. Les taux d’intérêts, élevés à cause de la spéculation internationale contre la Grèce, rendaient les titres publics de sa dette particulièrement attrayants (notamment sur le marché secondaire). Les banques chypriotes en ont acheté pour une valeur supérieure à 5 milliards, une valeur qui représente plus de 25% du PIB chypriote, estimé à 18 milliards pour 2012.
- Chypre est un « paradis fiscal »
Au moment de son entrée dans l’UE (2004) puis dans la zone Euro (2008) la République de Chypre s’est vue contrainte de faire une réforme bancaire qui, pour le monde de la finance internationale, l’a fait passer de la catégorie de « Paradis fiscal » à celle de simple « paradis bancaire » c'est-à-dire d’un lieu où il est facile et rapide de faire un dépôt mais qui n’a plus le caractère de « Paradis fiscal » tel qu’il est défini internationalement.
Réponse : les dépôts bancaires au Luxembourg représentent 24 fois le PIB luxembourgeois, en Suisse presque 9 fois, au Danemark 7 fois le PIB. Les chiffres ne sont pas disponibles pour les autres paradis fiscaux européens mais trois micro- Etats européens : Andorre, Monaco et le Lichtenstein sont classés sur la lise noire des paradis fiscaux, ceux sur lesquels n’existe aucune donnée officielle.
Le magazine FORBES qui est lu par les milliardaires, parle d’eux et de leurs placements, a publié une autre liste des paradis fiscaux certainement plus proche de la réalité.
La voici :
Extraite de http://www.paradisfiscaux20.com/
La liste des 10 meilleurs Paradis Fiscaux dans le monde publiée par le magazine Forbes en 2010 reste la plus intéressante:
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U.S.A (Delaware),
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Luxembourg,
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Suisse,
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Les Îles Caïman,
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Royaume-Uni (City of London),
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Irlande,
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Bermudes,
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Singapour,
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Belgique,
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Hong Kong.
Ce qui tendrait à prouver que les milliardaires « présentables » n’ont pas besoin de se mêler aux trafiquants de drogue dans les paradis plus exotiques que peuvent être Bahreïn, Saint Kitt et Nevis et autres Panama et que les banques « présentables » à Londres, Singapour ou New-York n’expliquent pas en détail à leurs clients « présentables » où elles vont elles-mêmes placer ces dépôts.
Curieusement à écouter ou à lire les médias occidentaux il n’y a des « oligarques » qu’en Russie. L’oligarchie est étymologiquement le gouvernement de « quelques uns » par opposition à la monarchie : gouvernement d’un seul, ou à l’anarchie : absence de gouvernement. Chacun peut constater que dans nos démocraties occidentales les élections démocratiques au suffrage universel sont un mécanisme qui n’empêche pas certains citoyens d’avoir en permanence plus d’influence que d’autres ni la concentration du pouvoir politique et économique dans un groupe social restreint. La liste des invités de Sarkozy au fameux diner du Fouquets au soir même de l’élection présidentielle était en elle-même une photographie de l’oligarchie française contemporaine en action.
L’implosion de l’URSS a ouvert la porte à toute une série de cadres du régime défunt qui profitant d’un état temporaire d’anarchie au sens propre du mot et souvent l’arme au poing se sont appropriés des biens collectifs : usines, banques ….devenant propriétaires individuels pour des sommes symboliques ou même sans dépenser un sou du capital accumulé par la collectivité. Pendant la présidence Eltsine ils ont joui d’une totale liberté d’action et d’une totale impunité. Ce sont eux les fameux « oligarques russes » : quelques dizaines ou centaines d’individus qui ont mis la main sur la richesse de toute la Russie. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir Poutine s’est efforcé de rétablir le pouvoir de l’Etat et donc de limiter celui des dits oligarques. Il ne les a pas éliminés car il n’en a probablement pas la force politique mais il a montré sa détermination en mettant en prison un des plus puissants : Khodorkovski, patron de Yukos, première entreprise pétrolière russe à l’époque. Ce signal donné, le tri s’est effectué peu à peu entre ceux qui tout en restant immensément riches acceptent l’existence du nouveau pouvoir et certains objectifs de redressement et de modernisation économique du pays, et ceux qui déménagent pour ne pas aller en prison. Pour les raisons énoncées plus haut, les plus connus s’installent plutôt à Londres qu’à Chypre.
Mais la mise en avant des « oligarques russes » qui ne sont ni plus ni moins recommandables du point de vue de la morale politique que les émirs rentiers et conservateurs du Golfe Persique n’est pas le fait du hasard. Après la décennie calamiteuse ouverte par la disparition de l’URSS la Russie a commencé à se ressaisir et pèse à nouveau sur la scène internationale au grand dam des équipes dirigeantes occidentales qui pensaient en avoir fini avec ce pays immense et doté d’immenses réserves énergétiques et minières et dépositaire d’une forte culture scientifique et technique héritée de l’ère soviétique.
Or les Russes riches qui déposaient leur argent à Chypre et y achetaient une maison n’y trouvaient pas seulement un climat agréable mais aussi un pays pratiquant un christianisme orthodoxe très proche de ce qu’il est en Russie. Mais d’autres ou les mêmes ont déposé beaucoup plus d’argent dans les banques allemandes que dans les banques chypriotes. Le candidat de gauche aux élections présidentielles chypriotes avance le chiffre de 450 milliards d’Euros déposés en Allemagne par des Russes contre les 20 à 25 milliards déposés à Chypre.
A ces affinités culturelles s’ajoutait une sympathie politique du gouvernement russe pour ce petit pays qui refusait d’entrer dans l’OTAN et donc de se rallier à la politique d’encerclement militaire de plus en plus serré de la Russie, mise en œuvre sans relâche depuis par les Etats-Unis et l’OTAN. Cette sympathie n’avait pu que se renforcer avec l’élection à la Présidence de la République de Chypre d’un dirigeant du parti communiste chypriote AKEL lui aussi très hostile à l’adhésion de son pays à l’OTAN. Dans les débats sur la réunification de Chypre qui se sont tenus régulièrement au Conseil de Sécurité, la Russie a toujours défendu la position que l’invasion turque de 1974 était illégale du point de vue du droit international et les chypriotes le savent.
L’opposition du Président Christofias à l’entrée dans l’OTAN s’était manifestée vigoureusement en Février 2011 lorsqu’il avait usé de son droit de veto contre un vote du parlement -où son parti n’était pas majoritaire- qui était favorable à l’adhésion de Chypre au « Partenariat pour la paix » (PfP) qui constitue l’antichambre de l’OTAN et dont sont membres tous les Etats de l’UE qui ne sont pas dans l’OTAN elle-même. L’élection d’Anastasiades a renversé la situation et quelques jours avant l’agression financière de l’UE les ambassadeurs de France, de Grande Bretagne et des Etats-Unis à Chypre ont plaidé pour une adhésion rapide au « PfP » en en soulignant tous les avantages supposés, à savoir, en particulier, une protection militaire de Chypre contre une attaque militaire de la Turquie dans le cas d’une éventuelle « guerre du gaz » ( voir plus loin). L’OTAN est une alliance tellement amicale qu’on peut envisager d’y entrer simplement pour ne pas être envahi par un autre de ses membres ! Ce fut d’ailleurs le cas dès 1952 lorsque la Grèce et la Turquie y adhérèrent le même jour.
Les Etats-Unis se félicitent du resserrement des liens de Chypre avec l’OTAN
By Stefanos Evripidou 13/03/13 in CYPRUS MAIL
THE UNITED States welcomes Cyprus’ commitment to strengthen ties with the transatlantic security organisation NATO, US ambassador to Nicosia John Koenig said yesterday. He also called for a careful planning of the new government’s stated goal of joining NATO’s anteroom, the Partnership for Peace (PfP) programme, to ensure a positive effect on EU-NATO relations. Speaking after an hour-long meeting with President Nicos Anastasiades at the Presidential Palace, the US diplomat said Washington is very interested in developing cooperation between the two countries. ...
LE CALENDRIER POLITIQUE DES DERNIERS EVENEMENTS
Du 01.07.2012 au 31.012.2012, les hasards du calendrier font que Chypre occupe pour 6 mois la présidence tournante de l’Union Européenne. Les difficultés financières du pays sont connues et le gouvernement Christofias profitant de cette position temporaire à Bruxelles va lutter pied à pied pour éviter d’être soumis à une cure brutale d’austérité à la grecque qui, vus les liens entre les deux pays, est ressentie très directement par la population chypriote.
L’UE et ses poids lourds attendent. En Janvier 2013 se tient une nouvelle élection présidentielle. Le candidat de gauche, qui n’est pas un membre du parti communiste, AKEL, est battu et Christofias cède la place à un homme de droite Anastasiades. Celui-ci est favorable à une entrée dans l’OTAN donc à une prise de distance vis-à-vis de la Russie. Profitant de ce basculement stratégique l’UE présente l’addition : nous vous sauvons, mais nous vous asservissons. Conscient ou pas, Anastasiades est pris au piège.
La suite est connue et ceci explique que l’UE , ses chefs, la BCE, et le FMI qui dans les autres cas ( Grèce, Portugal, Irlande , Espagne ) ont choisi de sauver les banques plutôt que la population décident cette fois de faire payer les banques et au premier chef les capitalistes russes.
UNE FORTE ODEUR DE GAZ POUR EMPOISONNER ENCORE UN PEU PLUS L’ATMOSPHERE
En arrière plan de cette bataille stratégique pour l’incorporation brutale de Chypre à l’espace otanien une guerre du gaz en préparation.
Il est désormais connu que les fonds de la Méditerranée Orientale recèlent de très importants gisements de gaz naturel. C’est vrai en Egypte où l’exploitation a commencé, c’est vrai en Israël où commence l’exploitation (ce serait vrai aussi pour un Etat palestinien indépendant et c’est en même temps un facteur défavorable supplémentaire à cette indépendance) et tous les pays voisins : Liban, Syrie, Turquie, Chypre et jusqu’à la Grèce peuvent espérer disposer de cette ressource et y accéder dans leurs eaux continentales (dans la Zone Economique exclusive). A part la Syrie qui disposait déjà de ressources pétrolières modestes, pour tous les autres c’est une promesse de bouleversement économique profond.
Dans cette énorme bataille vont inévitablement intervenir les grands acteurs de l’industrie gazière mondiale car, Syrie mise à part – mais la Syrie est paralysée par la guerre - aucun des pays concernés ne dispose des capacités techniques propres permettant le développement des recherches sous marines et de l’exploitation. Parmi ces compétiteurs le nom de GAZPROM le géant russe s’impose. Pour l’UE tout doit être fait pour éviter l’intervention de GAZPROM à Chypre. Cependant le Ministre des Finances chypriote va tenter une manœuvre de séduction. Il se rend à Moscou le 18 Mars. Mais, UE oblige, il ne peut pas ouvrir grande la porte à GAZPROM qui n’a pas cessé de contrecarrer, avec l’appui du Kremlin, les plans énergétiques de l’UE, et il se contente de demander un apport en capital ne donnant aucun droit spécifique d’exploration et d’exploitation à GAZPROM dans les eaux chypriotes. En somme, renflouez nos caisses et vivez d’espoir !
Il sera évidemment éconduit sèchement. En bref la Russie qui voit ses ressortissants durement attaqués décide de laisser l’UE régler ses problèmes internes et ne veut pas servir de banquier en échange de promesses incertaines. D’autre part elle n’ignore pas que le partage de l’ile entre la Turquie et la République chypriote porte en germe une lourde crise sur le découpage des eaux territoriales. Bien que l’état chypriote turc ne soit pas reconnu internationalement, la Turquie, dramatiquement dépourvue de ressources énergétiques a déjà revendiqué la propriété des gisements sous marins autour de l’ile en précisant qu’elle n’hésiterait pas à recourir à la force pour défendre ses « droits ».
Cette revendication menaçante avait suscité une réaction inattendue du président Christofias. Il avait conclu un accord avec le gouvernement israélien de Netanyahou lequel s’engageait à défendre Chypre contre une attaque turque. Situation ahurissante où les deux principaux alliés des USA dans la région s’installaient dans un face à face guerrier et où un président communiste hostile à l’OTAN obtenait l’appui d’Israël. Au point qu’OBAMA en personne est venu sur place pour remettre de l’ordre et a exigé la réconciliation de ses deux alliés fâchés depuis l’attaque israélienne dans les eaux internationales du navire turc NAVI MARMARA qui devait conduire des militants internationaux pro-palestiniens à Gaza. Netanyahou a obéi et s’est excusé alors qu’Israël ne s’est jamais excusé d’aucune des agressions qu’il a commises depuis sa création que ce soit contre les Palestiniens ou contre ses voisins arabes.
La petite ile de Chypre est devenue soudainement un point de cristallisation d’une tension internationale croissante dont les enjeux dépassent de très loin les 10 ou 15 milliards d’euros en jeu dans sa crise financière.
Annexe : document publié ce jour (28 mars 2013) par l’agence de presse russe RIA-NOVOSTI
http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-comaguer-chypre-une-souverainete-tres-limitee-et-un-enjeu-geopolitique-considerable-116655628.html
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