• Notre messe quotidienne

    Cela pourrait surprendre certains d’apprendre que dans notre beau pays laïque, on peut entendre chaque jour sur le service public de la radiodiffusion un office religieux. Et pourtant c’est vrai. Si vous ne me croyez pas, allumez votre radio vers 8h20 et réglez-là sur France Inter. Vous aurez alors l’occasion d’écouter le Révérend Père Bernard Guetta prononcer les mots rituels : « Credo in Evropa omnipotentis… ».

     

    Que le sermon nous appelle à tourner nos espoirs non pas vers un dieu barbu et miséricordieux mais vers une sorte de force de la nature ne changer rien au caractère religieux du message. L’Europe de Guetta est comme le Dieu de mon curé : ses voies sont impénétrables. Et de la même manière que pour mon curé dieu peut permettre Auschwitz tout en étant infiniment bon, pour Guetta le fait que son dieu reste les bras ballants alors que notre continent s’enfonce dans la récession, le chômage de masse et l’insignifiance au niveau internationale n’ébranle nullement sa foi. Pour mon curé, Auschwitz est la manifestation d’une foi insuffisante de la part des hommes, qui n’ont pas assez suivi la voie de leur dieu. Pour Guetta, c’est pareil.

     

    La chronique de Guetta ce matin était une illustration jusqu’à la caricature de cette vision mystique du projet européen. Elle commençait par suggérer à François Hollande le message à tenir lors de sa prestation télévisée de jeudi soir : « François Hollande devrait dire que le président de la république française ne peut pas grande chose tout seul ». Sur ce sujet, Guetta brode pendant cinq minutes alors que tout auditeur qui connaît un peu Guetta sait – c’est le propre du rituel de se répéter – quelle sera la chute inévitable : « il faut donc avancer vers l’union de l’Europe ».

     

    Que la France ne peut pas grande chose toute seule est une évidence. Mais cela ne date pas d'hier. Contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire ceux qui prétendent nous couper de toute référence au passé, cela n'a rien à voir avec la mondialisation. Depuis que la politique existe la question des alliances extérieures, de l'amitié, l’échange, la confrontation ou le combat avec les autres a été un élément essentiel dans les délibérations des gouvernants. Péricles pouvait-il quelque chose « tout seul » ? Non, bien entendu. Il lui fallait tenir compte en permanence des rapports compliqués avec les autres cités grecques, et encore plus avec les puissances non-grecques comme la Perse ou l’Egypte. Louis XIV ou Napoléon ont passé l'essentiel de leur temps à gérer la politique extérieure de la France, laissant tout comme De Gaulle l'essentiel de la politique intérieure à leurs ministres de confiance. Ce n’est pas pour rien que la force armée et la diplomatie sont depuis des temps immémoriaux les attributs de la puissance régalienne. Guetta et consorts font semblant de découvrir une vérité nouvelle – sur le mode du « vous comprenez, le monde n’est plus celui que vous avez connu » - alors qu’elle est vieille de deux mille ans. L’état souverain, que ces gens détestent, n’a jamais été ni agi « seul ». Au contraire: l'Etat nation surgit en grande partie du besoin de gérer les rapports d'amitié ou d'inimitié avec les autres.

     

    En partant de cette prémisse vraie mais banale, Guetta nous enferme dans une fausse dichotomie : puisqu’on ne peut pas agir seul, il faut l’unité de l’Europe. Il oublie que l’Europe n’est pas, loin de là, la seule manière de ne plus être seul. Il y a un grand nombre de pays souverains qui arrivent à agir avec d’autres sans pour autant abandonner toute possibilité de politique nationale autonome en cédant des compétences essentielles à une bureaucratie sans visage. La Norvège ne paraît pas être en train de sombrer dans la misère et la récession, et pourtant elle est « seule » au sens que donne à ce mot Bernard Guetta, puisque les norvégiens ont refusé de faire partie de cette « Europe unie » qui semble-t-il est la seule solution aux problèmes économiques. L'Islande a géré une crise gravissime, bien plus grave que la notre, et s'en sort bien grâce au fait qu'elle a gardé le contrôle de ses frontières et de sa monnaie. Il faut croire donc que les premiers ministres norvégien ou islandais peuvent faire beaucoup de choses "tout seuls" - à minima, de restaurer la croissance de leurs économies. Pourquoi le président français aurait-il moins de possibilités ?

     

    La prétendue "impuissance du politique" fait partie des « tartes à la crème » dont nos médias eurolâtres ont le secret. C'est d'ailleurs le dernier arguments des partisans de la construction européenne maastrichienne, qui ont vu tous leurs autres arguments être impitoyablement refutés par les faits. Les citoyens peuvent contempler chaque jour les oeuvres de "l'Europe qui protège" et "l'Euro monnaie de croissance" et constater les résultats. C'est pourquoi les eurolâtres en sont réduits à la vieille antienne "devant les puissances émergentes, sans l'Europe nous ne sommes rien". Avec elle non plus, en fait. L'affaire du Mali montre combien l'action d'un Etat décidé vaut mieux que celle de 27 indécis. Le  discours qui présente la puissance européenne en contraste aux impuissances nationales est un dogme sans rapport avec les faits. Dans la pratique, dans les rapports internationaux, les ministres des affaires étrangères de la France, de la Grande Bretagne ou de l'Allemagne pèsent infiniment plus que la baronne Ashton et sa troupe de bras cassés.

     

    Le problème, c'est que la doctrine de l'impuissance du politique plaît à l'establishment. Et si elle plaît, c'est parce qu'elle justifie par avance toutes les lâchetés, tous les abandons, tous les opportunismes. Car si le politique est impuissant, il n'est responsable de rien. Comment peut-on reprocher de ne rien faire à celui qui de toute manière n'a aucune influence sur les évènnements ? La doctrine de l'impuissance permet aux politiques de se justifier devant le peuple avec des discours du genre "je veux bien mais je ne peux point". On expliquera alors qu'on avait les meilleures intentions du monde et le meilleur programem qui soit, mais "vous comprenez, les autres gouvernements européens  n'ont pas voulu...". C'est d'ailleurs ce que ce gouvernement nous raconte depuis maintenant neuf mois. Mme Merkel est finalement un alibi bien commode à tous les abandons.

     

    Mais le discours de l'impuissance fait le lit du populisme. Face à tous ces partis qui se battent à mort pour s'asseoir dans le fauteuil, et qui une fois assis nous expliquent ensuite qu'ils ne peuvent rien faire - sauf, bien évidement, s'ils arrivent à mettre d'accord la bureaucratie bruxelloise et les 26 autres gouvernements européens, autant dire mission impossible - il y aura d'autres qui affirmeront, à tort ou à raison, avec des idées simplistes ou au contraire en ayant bien réflechi, qu'ils peuvent faire des choses. Qu'ils ne sont pas, eux, touchés par l'impuissance. Comment reprocher au peuple d'aller chaque fois plus écouter ceux qui, à défaut de faire grande chose, au moins proposent une perspective qui rend les gens acteurs de leur avenir, et non ses victimes ?

     

    Le préalable à toute politique de redressement, c’est le combat contre cette idéologie poisseuse de l’impuissance. Le politique national, même « seul », peut beaucoup. Pour commencer, il peut choisir avec qui et comment il va travailler pour ne plus être « seul ». Contrairement à ce que prétendent les eurolâtres, la grande majorité des eurosceptiques français ne propose pas le repli frileux à l'intérieur des frontières. L'eurosceptiscisme français - ce n'est pas le cas dans d'autres pays - est généralement plus proche de la vision jacobine d'une France éclairant le monde que de la vision girondine de la "petite France" réduite au village et au "pays". Et pour l'euroscepticisme jacobin, loin de chercher un quelconque repli il s’agit au contraire de sortir du « repli européen » qui prétend faire de l'Europe l'horizon indépassable de notre politique nationale et internationale.

     

    L’église catholique a construit son pouvoir sur un discours de résignation. Pendant plus de mille ans, elle a appelé chacun à se résigner à son sort et à se soumettre dans l’espoir d’une récompense hypothétique dans l’au-delà. L’église européenne utilise exactement le même raisonnement, nous enjoignant de nous soumettre à l’ordre bruxellois dans l’espoir d’une récompense le jour où « l’unité européenne » étant achevée, nous aurons franchi les portes du paradis. Dans les deux cas, c’est une imposture. Il est grand temps de faire comme nos grands ancêtres de la Renaissance européenne et des Lumières, et de dire haut et fort que l'homme est maître de son destin et peu se gouverner par la Raison. Et de repousser la pensée religieuse dans le domaine privé.

    Descartes


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  • Shinzo Abe rebat les cartes. Un article d'André Boyer, repris sur son blog.

    Mercredi 27 mars 2013

     

    En dévaluant le yen pour relancer les exportations, le Premier ministre japonais a provoqué des répercussions sur l’ensemble de  l'économie mondiale.

     

    Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, a en effet réussi ce qu'aucun dirigeant politique n'était parvenu à faire depuis le déclenchement de la grande crise japonaise, au début des années 90 : mettre au pas la Banque Centrale du Japon. Cette remise au pas a consisté à remplacer le président de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, jugé trop mou, par Haruhiko Kuroda, défenseur d’une politique monétaire accommodante.

    Shinzo Abe a ainsi détruit le mythe de l’indépendance des Banques Centrales, qu’elles avaient mis tant de soin à entretenir. Car sur le papier, toutes les Banques Centrales sont indépendantes du pouvoir politique, à ceci près qu’elles obtempèrent toutes à la demande des Etats-Unis de racheter des tombereaux de titres de dettes  publiques américaines.

    Ce ne sera plus le cas de la Banque du Japon qui obéira plutôt aux injections du gouvernement japonais que de celles du gouvernement américain. À l’avenir, elle devra acheter en quantité illimitée les titres de dette émis par le Trésor nippon. Car elle a désormais pour mission de réinjecter une dose d'inflation dans une économie languissante, minée par une dette publique qui culmine à 240 % du produit intérieur brut.

    L'objectif de l'opération est limpide : ranimer la croissance en faisant baisser le yen pour regonfler les profits des entreprises, laminés par deux décennies de déflation. Pour l'instant, la nouvelle stratégie de Shinzo Abe semble réussir : depuis janvier, le yen a perdu plus de 20 % de sa valeur par rapport au dollar et à l'euro et la Bourse de Tokyo s'emballe. C’est ce qui scandalise Ken Courtis, ancien vice-président de Goldman Sachs-Asie, qui estime que « pour les pays concurrents du Japon, c'est une véritable déclaration de guerre, un Pearl Harbor monétaire ».

    La dépréciation du yen rebat en effet les cartes au niveau mondial dans les secteurs de l'automobile et du high-tech : les exportateurs japonais  dont les parts de marché ont fortement diminué au cours de la décennie passée, n'attendaient que cela pour regonfler leurs carnets de commande et leurs profits, puisque la baisse de 1 % du yen par rapport au dollar générerait 2,7 milliards de dollars de profits supplémentaires pour les trente plus gros exportateurs nippons.

    Les grands perdants sont les groupes coréens, malaisiens ou taïwanais, mais aussi allemands. En effet, les industriels japonais sont de redoutables concurrents du made in Germany dans l'automobile, la machine-outil ou les produits chimiques. Sans surprise, Séoul et Berlin et évidemment Pékin accusent Tokyo de raviver la guerre des monnaies. Mais ils feignent d’oublier que le Japon avait vu auparavant fondre son excédent commercial, en raison de l’appréciation du yen de 50% en cinq ans par rapport au dollar.  Le Japon a en particulier  beaucoup souffert de la dévaluation du won coréen, qui explique grandement la percée extraordinaire de Samsung à partir du milieu des années 2000.

    Le Japon devait-il accepter passivement d’être éjecté du marché mondial, comme la France en ce moment, parce que les autres pays, la Chine, la Corée ou les Etats-Unis, entre autres, manipulent leurs propres monnaies, mais se scandalisent qu’il est l'audace d’en faire autant ? 

    La contre-attaque du Japon était donc logique. Elle va provoquer des chocs en retour : le Japon va voir ses taux d'intérêt à long terme s'ajuster à la hausse. Les banques et les assureurs-vie vont vendre une partie des obligations d'Etat japonaises, qui seront rachetées  par la Banque du Japon. Du coup, cette dernière achètera moins de bons du Trésor américains, fragilisant le marché obligataire américain.

    Il faut se rendre compte des effets mondiaux de la decision de Shinzo Abe. Le Japon est la troisieme puissance économique du monde. S'il rééquilibre ses échanges, ce sera aux dépens du reste du monde, notamment de l'UE et en particulier de l'Allemagne. Si son inflation passe à 2% alors qu'elle est aujourd'hui négative de 0,6%, il fera passer ses taux d'intêrêts, par exemple à 10 ans, de 0,75% à ceux de la France, qui sont de 2,25% pour une inflation de 2%.

    Aussitôt il faudra que la France remonte ses taux d'interets pour continuer à se financer. Car les anglais qui financent à 50% la dette française, tandis que nos "amis" allemands n'en financent que 7%, ne prendront la dette française qu'avec un taux plus élevé que le Japon, puisque ils équilibrent aujourdh'ui les deux dettes avec une prime de 1,50% en faveur du Japon. Or 1,50% d'interet en plus obligerait l'État français à trouver trois milliards d'Euros de plus par an: peut être voyez vous mieux les effets mondiaux de la décision logique de Shinzo Abe, sur la France, sur les États-Unis, sur la Chine, sur la Corée, sur tout le monde, hause des taux d'intéret partout et réequilibrage des échanges en faveur du Japon... 

     

    On n'a donc pas fini de parler du coup de force de Shinzo Abe, qui a sans doute fait sienne la réflexion de Keynes : « Il est plus grave dans un monde appauvri de provoquer le chômage que d'appauvrir le rentier. »

    http://andreboyer.over-blog.com/

    http://lucien-pons.over-blog.com/article-shinzo-abe-rebat-les-cartes-un-article-d-andre-boyer-repris-sur-son-blog-116670732.html


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    Politique - le 29 Mars 2013

    Le billet de Maurice Ulrich

    "Années trente", le billet de Maurice Ulrich

     

    C’est, n’en doutons pas, ce dont il est de bon ton de parler ces temps-ci dans les dîners en ville et les petits cercles médiatiques quand on veut faire l’intelligent.

    «Sommes-nous dans les années trente ?» s’interroge Laurent Joffrin dans son éditorial du Nouvel Observateur, tandis que le survivant des années soixante-dix, Alain Duhamel, évoque dans sa chronique de Libération « l’aigre parfum des années trente ».

    La thèse pour le premier, c’est que la situation serait proche de celle où les démocraties européennes étaient « écrasées entre les deux factions totalitaires, le communisme et le fascisme ». Pour l’autre, qui s’inquiète d’abord de l’audience du FN, « le pire est à gauche », du côté de la stratégie de « la violence verbale de Jean-Luc Mélenchon ».

    Voilà donc que l’on nous repasse le vieux plat des extrêmes censés se confondre dans une même haine de la démocratie. Sauf que dans cette gauche où serait « le pire », ce qui est en cause et peut-
être d’abord en cause, 
c’est précisément ce déni de démocratie, 
en France et en Europe, de politiques où la 
finance l’emporte sur 
les peuples. C’est ici 
et maintenant, en 2013.

    Maurice Ulrich


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  •  CHYPRE, UNE SOUVERAINETE TRES LIMITEE ET UN ENJEU GEOPOLITIQUE CONSIDERABLE

     

    La brutalité de l’agression politico-financière de l’Union Européenne contre l’un de ses membres : la République de Chypre a pu surprendre. Pourtant son écho très large a obligé les dirigeants d’autres pays membres : Italie, Espagne et les auteurs du putsch bancaire à insister sur le fait que tous les Etats européens endettés ne seraient pas traités aussi sauvagement. Mais la crainte d’une main mise soudaine sur tous les avoirs bancaires est devenue en quelques jours un motif de méfiance de masse des populations européennes, au moins celles du Sud, vis-à-vis de l’UE et de ses maitres. Cette perte de confiance est probablement irréversible au moins dans le sud de l’Union.

    En voulant rassurer, les gribouilles de Bruxelles et de Francfort ont fait un aveu d’importance : l’Union Européenne n’est qu’en apparence un regroupement d’Etats égaux en droit. En pratique y règne la loi des plus forts : une banque centrale indépendante et quelques Etats dont les classes dirigeantes ne manquent jamais une occasion de souligner leur prédominance. L’insistance à souligner l’importance du couple franco-allemand en est l’illustration permanente.

    Dans cette « Union » à qui la crise financière prolongée donne de plus en plus des allures de Radeau de la Méduse, sur ce « petit navire » en perdition le sort est, comme dans la chanson, « tombé sur le plus jeune ».

    Mais tout n’est pas dit et il n’est pas certain que la République de Chypre « sera mangée ». Cependant le choix de cette « victime expiatoire » n’est pas pour surprendre.

     

     

    Quelques données

    Chypre comptait 1 117 000 habitants en 2011 : 800 000 dans la République de Chypre membre de l’Union Européenne et les autres dans l’entité turque (voir ci-après).

    La superficie totale de l’ile est de 9250 km2 (la taille d’un grand département français comme les Landes) mais du fait de l’occupation turque consécutive à l’invasion de 1974, la République de Chypre n’est souveraine que sur un peu moins de 6000 km2.

    Depuis 1974 le territoire occupé par la Turquie n’est un Etat reconnu que par l’envahisseur, c'est-à-dire concrètement une colonie turque.

    La fameuse et fumeuse « communauté internationale » toujours si prompte à sanctionner, à mettre sous embargo, à déstabiliser par tous moyens, voire à bombarder, n’a jamais cherché à punir l’envahisseur turc, ni cherché sérieusement à rendre Chypre aux chypriotes qu’ils soient d’origine grecque – la majorité - ou d’origine turque.

    Les palinodies onusiennes sur la question chypriote n’ont conduit à rien si ce n’est à l’installation d’un rideau de fer barbelé au travers de l’ile, à l’appropriation des terres et des maisons abandonnées au Nord par les familles grecques au moment de la partition de 1974 et à la présence permanente de forces de l’ONU à la frontière. Depuis 39 ans entre les deux parties de la capitale Nicosie la circulation est limitée et se fait à travers de check-points contrôlés militairement même si des assouplissements symboliques ont eu lieu. Certes plus spectaculaire le mur de Berlin n’a pas duré si longtemps !

    On ne punit pas un membre important de l’OTAN et depuis prés de 40 ans la Turquie s’inspirant de la méthode mise en œuvre par Israël sur la terre palestinienne favorise l’installation dans la partie occupée de colons turcs avec le secret espoir que la poursuite de cette colonisation impunie conduise un jour à un nouvel équilibre démographique défavorable à la population grecque.

    L’entrée de la république chypriote dans l’Union européenne puis dans la zone Euro (01.01.2008) n’a en rien modifié cette situation malgré les efforts faits en vue de la réunification par le président communiste chypriote Christofias à partir de son élection en Mars 2008. Les palinodies bruxelloises se sont simplement ajoutées aux palinodies onusiennes stériles. Tout au plus peut-on considérer que la « question chypriote » demeure, au moins pour certains diplomates, un obstacle parmi d’autres à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. En même temps rien ne permet de penser que le gouvernement turc d’Erdogan puisse laisser faire une réunification qui le priverait de sa colonie chypriote.

    A cette partition s’ajoute la présence de deux enclaves britanniques où sont installées deux bases militaires importantes. Ce maintien de la souveraineté britannique sur ces deux morceaux de l’ile était la condition imposée par le colonisateur britannique pour accorder à l’Ile son indépendance en 1960. Aujourd’hui encore 30 000 citoyens britanniques – hors militaires présents dans les bases - sont installés à Chypre. Les résidents russes sont en nombre à peu prés égal.

    Ainsi le 28 juillet 1954, le sous-secrétaire d’État britannique aux Colonies, Hopkinson, déclarait devant la Chambre des Communes à propos de Chypre que « certains territoires du Commonwealth ne pourraient jamais prétendre à une indépendance complète. » Ce qui fut fait.

    Si les Etats-Unis envisageaient de soustraire à la souveraineté de l’Allemagne ou à l’Italie les territoires sur lesquels sont installées leurs bases militaires dans ces deux pays, on peut imaginer quelle serait la vigueur des réactions politiques. A Chypre, les manifestations qui ont eu lieu régulièrement depuis 1960 contre cette présence étrangère n’ont en rien modifié la position britannique. Il s’agit d’une occupation militaire et donc d’une décolonisation inachevée.

    D’un point de vue militaire Chypre est donc dans une situation abracadabrante. La République de Chypre indépendante n’est pas membre de l’OTAN mais une partie du territoire de l’ile est occupé par deux puissances de l’OTAN : la Turquie et la Grande Bretagne. L’ile étant à 200 kilomètres du littoral syrien et libanais, l’OTAN fera tout pour conserver cette base stratégique dont elle fait usage régulièrement dans l’actuelle crise syrienne. Les avions d’observation de l’US AIR FORCE et de la ROYAL AIR FORCE sont basés à Chypre et si, comme le souhaitent les va-t-en guerre du gouvernement français, des bombardements aériens de la Syrie étaient déclenchés, les deux bases anglaises seraient le principal point de départ des bombardiers de l’OTAN (pour mémoire le porte-avions Charles de Gaulle est en arrêt technique prolongé à Toulon) jouant le même rôle que les bases US en Italie pour l’attaque aérienne de la Yougoslavie.

     

    En Vert : la république de Chypre, en Rose : la zone turque, en blanc : le territoire britannique (bases militaires)

     

    LA CAMPAGNE MEDIATIQUE DE CONFUSION SUR LA QUESTION CHYPRIOTE

     

    Mettant en cause un petit pays à la souveraineté déjà limitée la crise financière actuelle est l’occasion pour les médias dominants et pour les puissants de cette « UNION » européenne si désunie de fabriquer un portrait-robot destiné à défigurer l’ile d’Aphrodite, nom antique de Chypre.

    • Quelques exemples : « les banque chypriotes sont remplies d’argent sale » 

    En vérité 62% des dépôts bancaires appartiennent aux citoyens chypriotes ce qui explique assez bien la réaction de la population et du parlement à l’annonce du premier plan européen.

    D’autre part les difficultés actuelles des principales banques chypriotes proviennent principalement de l’effacement de la moitié de la dette grecque par l’Union Européenne. Ce qui veut dire qu’une banque chypriote, et les banques chypriotes ne sont pas des mastodontes, qui avait prêté de l’argent à l’Etat grec a perdu la moitié de sa mise.

    Voici ce qu’écrivait à ce sujet le CADTM en Juin 2012

    17 juin 2012 par Stavros Tombazos

    La crise économique mondiale avait des répercutions sérieuses à Chypre dès 2009. Alors que le taux de croissance annuel moyen de la période 2001-2008 était de l’ordre de 3,7% (3,6% en 2008), depuis 2009 il se situe à un niveau bien plus bas :

    -1,9% en 2009, 1,1% en 2010, 0,5% en 2011 et -0,8% en 2012 (selon les prévisions officielles de la commission). Le chômage a augmenté soudainement de 3,7% en 2008 à 10% actuellement. Suite à des mesures d’austérité dans les secteurs public et privé, le salaire réel diminue continuellement depuis 2010. La diminution du pouvoir d’achat est estimée autour de 10% pour la période 2010-2013.

    Le système bancaire chypriote, actuellement en crise, semblait en 2009 encore solide. Les banques chypriotes n’étaient pas exposées aux produits toxiques qui étaient à l’épicentre de la crise bancaire aux États- Unis et à nombre d’autres pays européens. Cependant, les banques chypriotes ont voulu profiter de la crise mondiale. En 2009 et en 2010, les deux grandes banques privées de Chypre, Bank of Cyprus et Marfin-Laiki ont massivement spéculé sur les titres de la dette publique grecque. Les taux d’intérêts, élevés à cause de la spéculation internationale contre la Grèce, rendaient les titres publics de sa dette particulièrement attrayants (notamment sur le marché secondaire). Les banques chypriotes en ont acheté pour une valeur supérieure à 5 milliards, une valeur qui représente plus de 25% du PIB chypriote, estimé à 18 milliards pour 2012.

    - Chypre est un « paradis fiscal »

    Au moment de son entrée dans l’UE (2004) puis dans la zone Euro (2008) la République de Chypre s’est vue contrainte de faire une réforme bancaire qui, pour le monde de la finance internationale, l’a fait passer de la catégorie de « Paradis fiscal » à celle de simple « paradis bancaire » c'est-à-dire d’un lieu où il est facile et rapide de faire un dépôt mais qui n’a plus le caractère de « Paradis fiscal » tel qu’il est défini internationalement.

    • Les dépôts bancaires à Chypre représentent dix fois le PIB national

    Réponse : les dépôts bancaires au Luxembourg représentent 24 fois le PIB luxembourgeois, en Suisse presque 9 fois, au Danemark 7 fois le PIB. Les chiffres ne sont pas disponibles pour les autres paradis fiscaux européens mais trois micro- Etats européens : Andorre, Monaco et le Lichtenstein sont classés sur la lise noire des paradis fiscaux, ceux sur lesquels n’existe aucune donnée officielle.

    Le magazine FORBES qui est lu par les milliardaires, parle d’eux et de leurs placements, a publié une autre liste des paradis fiscaux certainement plus proche de la réalité.

    La voici :

    Extraite de http://www.paradisfiscaux20.com/

    La liste des 10 meilleurs Paradis Fiscaux dans le monde publiée par le magazine Forbes en 2010 reste la plus intéressante:

    1. U.S.A (Delaware),

    2. Luxembourg,

    3. Suisse,

    4. Les Îles Caïman,

    5. Royaume-Uni (City of London),

    6. Irlande,

    7. Bermudes,

    8. Singapour,

    9. Belgique,

    10. Hong Kong.

    Ce qui tendrait à prouver que les milliardaires « présentables » n’ont pas besoin de se mêler aux trafiquants de drogue dans les paradis plus exotiques que peuvent être Bahreïn, Saint Kitt et Nevis et autres Panama et que les banques « présentables » à Londres, Singapour ou New-York n’expliquent pas en détail à leurs clients « présentables » où elles vont elles-mêmes placer ces dépôts.

    • Les placements des « oligarques russes »

    Curieusement à écouter ou à lire les médias occidentaux il n’y a des « oligarques » qu’en Russie. L’oligarchie est étymologiquement le gouvernement de « quelques uns » par opposition à la monarchie : gouvernement d’un seul, ou à l’anarchie : absence de gouvernement. Chacun peut constater que dans nos démocraties occidentales les élections démocratiques au suffrage universel sont un mécanisme qui n’empêche pas certains citoyens d’avoir en permanence plus d’influence que d’autres ni la concentration du pouvoir politique et économique dans un groupe social restreint. La liste des invités de Sarkozy au fameux diner du Fouquets au soir même de l’élection présidentielle était en elle-même une photographie de l’oligarchie française contemporaine en action.

    L’implosion de l’URSS a ouvert la porte à toute une série de cadres du régime défunt qui profitant d’un état temporaire d’anarchie au sens propre du mot et souvent l’arme au poing se sont appropriés des biens collectifs : usines, banques ….devenant propriétaires individuels pour des sommes symboliques ou même sans dépenser un sou du capital accumulé par la collectivité. Pendant la présidence Eltsine ils ont joui d’une totale liberté d’action et d’une totale impunité. Ce sont eux les fameux « oligarques russes » : quelques dizaines ou centaines d’individus qui ont mis la main sur la richesse de toute la Russie. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir Poutine s’est efforcé de rétablir le pouvoir de l’Etat et donc de limiter celui des dits oligarques. Il ne les a pas éliminés car il n’en a probablement pas la force politique mais il a montré sa détermination en mettant en prison un des plus puissants : Khodorkovski, patron de Yukos, première entreprise pétrolière russe à l’époque. Ce signal donné, le tri s’est effectué peu à peu entre ceux qui tout en restant immensément riches acceptent l’existence du nouveau pouvoir et certains objectifs de redressement et de modernisation économique du pays, et ceux qui déménagent pour ne pas aller en prison. Pour les raisons énoncées plus haut, les plus connus s’installent plutôt à Londres qu’à Chypre.

    Mais la mise en avant des « oligarques russes » qui ne sont ni plus ni moins recommandables du point de vue de la morale politique que les émirs rentiers et conservateurs du Golfe Persique n’est pas le fait du hasard. Après la décennie calamiteuse ouverte par la disparition de l’URSS la Russie a commencé à se ressaisir et pèse à nouveau sur la scène internationale au grand dam des équipes dirigeantes occidentales qui pensaient en avoir fini avec ce pays immense et doté d’immenses réserves énergétiques et minières et dépositaire d’une forte culture scientifique et technique héritée de l’ère soviétique.

    Or les Russes riches qui déposaient leur argent à Chypre et y achetaient une maison n’y trouvaient pas seulement un climat agréable mais aussi un pays pratiquant un christianisme orthodoxe très proche de ce qu’il est en Russie. Mais d’autres ou les mêmes ont déposé beaucoup plus d’argent dans les banques allemandes que dans les banques chypriotes. Le candidat de gauche aux élections présidentielles chypriotes avance le chiffre de 450 milliards d’Euros déposés en Allemagne par des Russes contre les 20 à 25 milliards déposés à Chypre.

    A ces affinités culturelles s’ajoutait une sympathie politique du gouvernement russe pour ce petit pays qui refusait d’entrer dans l’OTAN et donc de se rallier à la politique d’encerclement militaire de plus en plus serré de la Russie, mise en œuvre sans relâche depuis par les Etats-Unis et l’OTAN. Cette sympathie n’avait pu que se renforcer avec l’élection à la Présidence de la République de Chypre d’un dirigeant du parti communiste chypriote AKEL lui aussi très hostile à l’adhésion de son pays à l’OTAN. Dans les débats sur la réunification de Chypre qui se sont tenus régulièrement au Conseil de Sécurité, la Russie a toujours défendu la position que l’invasion turque de 1974 était illégale du point de vue du droit international et les chypriotes le savent.

    L’opposition du Président Christofias à l’entrée dans l’OTAN s’était manifestée vigoureusement en Février 2011 lorsqu’il avait usé de son droit de veto contre un vote du parlement -où son parti n’était pas majoritaire- qui était favorable à l’adhésion de Chypre au « Partenariat pour la paix » (PfP) qui constitue l’antichambre de l’OTAN et dont sont membres tous les Etats de l’UE qui ne sont pas dans l’OTAN elle-même. L’élection d’Anastasiades a renversé la situation et quelques jours avant l’agression financière de l’UE les ambassadeurs de France, de Grande Bretagne et des Etats-Unis à Chypre ont plaidé pour une adhésion rapide au « PfP » en en soulignant tous les avantages supposés, à savoir, en particulier, une protection militaire de Chypre contre une attaque militaire de la Turquie dans le cas d’une éventuelle « guerre du gaz » ( voir plus loin). L’OTAN est une alliance tellement amicale qu’on peut envisager d’y entrer simplement pour ne pas être envahi par un autre de ses membres ! Ce fut d’ailleurs le cas dès 1952 lorsque la Grèce et la Turquie y adhérèrent le même jour.

     

     

    Les Etats-Unis se félicitent du resserrement des liens de Chypre avec l’OTAN

    US welcomes stronger ties with NATO

    By Stefanos Evripidou 13/03/13 in CYPRUS MAIL

     THE UNITED States welcomes Cyprus’ commitment to strengthen ties with the transatlantic security organisation NATO, US ambassador to Nicosia John Koenig said yesterday. He also called for a careful planning of the new government’s stated goal of joining NATO’s anteroom, the Partnership for Peace (PfP) programme, to ensure a positive effect on EU-NATO relations. Speaking after an hour-long meeting with President Nicos Anastasiades at the Presidential Palace, the US diplomat said Washington is very interested in developing cooperation between the two countries. ...

     

    LE CALENDRIER POLITIQUE DES DERNIERS EVENEMENTS

    Du 01.07.2012 au 31.012.2012, les hasards du calendrier font que Chypre occupe pour 6 mois la présidence tournante de l’Union Européenne. Les difficultés financières du pays sont connues et le gouvernement Christofias profitant de cette position temporaire à Bruxelles va lutter pied à pied pour éviter d’être soumis à une cure brutale d’austérité à la grecque qui, vus les liens entre les deux pays, est ressentie très directement par la population chypriote.

    L’UE et ses poids lourds attendent. En Janvier 2013 se tient une nouvelle élection présidentielle. Le candidat de gauche, qui n’est pas un membre du parti communiste, AKEL, est battu et Christofias cède la place à un homme de droite Anastasiades. Celui-ci est favorable à une entrée dans l’OTAN donc à une prise de distance vis-à-vis de la Russie. Profitant de ce basculement stratégique l’UE présente l’addition : nous vous sauvons, mais nous vous asservissons. Conscient ou pas, Anastasiades est pris au piège.

    La suite est connue  et ceci explique que l’UE , ses chefs, la BCE, et le FMI qui dans les autres cas ( Grèce, Portugal, Irlande , Espagne ) ont choisi de sauver les banques plutôt que la population décident cette fois de faire payer les banques et au premier chef les capitalistes russes.

     

    UNE FORTE ODEUR DE GAZ POUR EMPOISONNER ENCORE UN PEU PLUS L’ATMOSPHERE

    En arrière plan de cette bataille stratégique pour l’incorporation brutale de Chypre à l’espace otanien une guerre du gaz en préparation.

    Il est désormais connu que les fonds de la Méditerranée Orientale recèlent de très importants gisements de gaz naturel. C’est vrai en Egypte où l’exploitation a commencé, c’est vrai en Israël où commence l’exploitation (ce serait vrai aussi pour un Etat palestinien indépendant et c’est en même temps un facteur défavorable supplémentaire à cette indépendance) et tous les pays voisins : Liban, Syrie, Turquie, Chypre et jusqu’à la Grèce peuvent espérer disposer de cette ressource et y accéder dans leurs eaux continentales (dans la Zone Economique exclusive). A part la Syrie qui disposait déjà de ressources pétrolières modestes, pour tous les autres c’est une promesse de bouleversement économique profond.

    Dans cette énorme bataille vont inévitablement intervenir les grands acteurs de l’industrie gazière mondiale car, Syrie mise à part – mais la Syrie est paralysée par la guerre - aucun des pays concernés ne dispose des capacités techniques propres permettant le développement des recherches sous marines et de l’exploitation. Parmi ces compétiteurs le nom de GAZPROM le géant russe s’impose. Pour l’UE tout doit être fait pour éviter l’intervention de GAZPROM à Chypre. Cependant le Ministre des Finances chypriote va tenter une manœuvre de séduction. Il se rend à Moscou le 18 Mars. Mais, UE oblige, il ne peut pas ouvrir grande la porte à GAZPROM qui n’a pas cessé de contrecarrer, avec l’appui du Kremlin, les plans énergétiques de l’UE, et il se contente de demander un apport en capital ne donnant aucun droit spécifique d’exploration et d’exploitation à GAZPROM dans les eaux chypriotes. En somme, renflouez nos caisses et vivez d’espoir !

    Il sera évidemment éconduit sèchement. En bref la Russie qui voit ses ressortissants durement attaqués décide de laisser l’UE régler ses problèmes internes et ne veut pas servir de banquier en échange de promesses incertaines. D’autre part elle n’ignore pas que le partage de l’ile entre la Turquie et la République chypriote porte en germe une lourde crise sur le découpage des eaux territoriales. Bien que l’état chypriote turc ne soit pas reconnu internationalement, la Turquie, dramatiquement dépourvue de ressources énergétiques a déjà revendiqué la propriété des gisements sous marins autour de l’ile en précisant qu’elle n’hésiterait pas à recourir à la force pour défendre ses « droits ».

    Cette revendication menaçante avait suscité une réaction inattendue du président Christofias. Il avait conclu un accord avec le gouvernement israélien de Netanyahou lequel s’engageait à défendre Chypre contre une attaque turque. Situation ahurissante où les deux principaux alliés des USA dans la région s’installaient dans un face à face guerrier et où un président communiste hostile à l’OTAN obtenait l’appui d’Israël. Au point qu’OBAMA en personne est venu sur place pour remettre de l’ordre et a exigé la réconciliation de ses deux alliés fâchés depuis l’attaque israélienne dans les eaux internationales du navire turc NAVI MARMARA qui devait conduire des militants internationaux pro-palestiniens à Gaza. Netanyahou a obéi et s’est excusé alors qu’Israël ne s’est jamais excusé d’aucune des agressions qu’il a commises depuis sa création que ce soit contre les Palestiniens ou contre ses voisins arabes.

     

    La petite ile de Chypre est devenue soudainement un point de cristallisation d’une tension internationale croissante dont les enjeux dépassent de très loin les 10 ou 15 milliards d’euros en jeu dans sa crise financière.

     

     

    Annexe : document publié ce jour (28 mars 2013) par l’agence de presse russe RIA-NOVOSTI

     

     

     http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-comaguer-chypre-une-souverainete-tres-limitee-et-un-enjeu-geopolitique-considerable-116655628.html


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  • LA BOITE A OUTILS DE HOLLANDE

     

    LA BOITE A OUTILS DE HOLLANDE

     

    Quelle triste prestation du président de la république, hier soir, sur la deuxième chaine, avec un Pujadas plus enclin à ne poser que les questions qui entrent dans les critères de l’idéologie dominante.

    Je ne détaillerai pas la politique préconisée hier soir par Hollande et qui fait en sorte que depuis son élection les travailleurs vont de plus en plus mal et les patrons  de mieux en mieux.

    J’ai retenu quelques affirmations qui montrent que le président de la République s’enferme dans une politique d’austérité qui va à contrario de la croissance qu’il préconise à tout bout de champ.

    A cette affirmation, il répond qu’il ne  pratique pas une politique d’austérité et que la sienne n’est qu’une démarche de rigueur dans les comptes. Tout au long de son discours, il essaiera de nous démontrer que les mesures qu’il prend sont pour notre bien être futur qu’il fixe à l’échéance de son mandat.

    Bref, il faudrait accepter de mourir guéri en 2017.

    Cette politique est un attrape-nigaud.

    D’ailleurs, les français n’y croient pas au vu des sondages et des élections partielles qui confirment que son action est rejeté particulièrement par ceux qui en souffrent de sa politique qui est celle d’une austérité décidée au niveau de l’Europe sous la direction de la chancelière allemande.

    Tout au long de son intervention, les appels du pied n’ont pas manqué en direction du patronat et par contre étaient dérisoires ses annonces pour le monde du travail qu’il sacrifie pour redonner de l’air profitable aux banques d’affaires et aux entreprises du CAC 40 .

    Rien donc sur les entreprises qui licencient à tour de bras en ce moment et font croire qu’elles le font pour notre bien être futur.

    Florange n’a plus qu’à désespérer et le cortège des fermetures peut toujours prospérer pendant les 2 ans de serrage de ceinture qu’il nous dit nécessaires pour retrouver la croissance.

    Croissance, un mot magique, une sorte de gri-gri , un mot fétichisé et déconnecté d’une réalité contraire qu’il nous impose, celle de la décroissance et d’un produit intérieur brut qui stagne et qui va reculer avec les coups de boutoirs qu’il porte avec les patrons sur les salaires et les retraites.

    Le récent accord sur la sécurisation de l’emploi est une véritable boite à outils contre les salaires, l’emploi normal, les retraites.

    Il se dit chef de bataille mais de quelle bataille ?

    Celle pour redonner du sens à la vie sociale ou celle pour détruire les acquis sociaux ?

    Certainement celle que le Medef préconise pour annuler toutes les conquêtes sociales de la libération notamment celles dues à des ministres communistes comme Marcel Paul, Maurice Thorez et Ambroise Croizat.

    Hier soir, j’ai beau cherché, je n’ai trouvé que des mesures en faveur du capital, que des reculs pour le monde du travail.

    Le plus terrible est son agenouillement devant ce capital, ce CAC 40 avec qui il entretient des relations plus qu’amicales ; concernant l’ANI, il a été la carpette de ces gens là en disant à une question posée par le perroquet Pujadas sur la future loi concernant la soit-disante loi de sécurisation de l’emploi, qu’elle ne peut être modifiée par les parlementaires qu’à la condition qu’ils obtiennent l’agrément des signataires. De Gaulle avait fait de ses députés des godillots, ici Hollande en fait les domestiques attitrés du MEDEF, principal bénéficiaire de cet accord scélérat.

    Une petite largesse vint quand même pour essayer d’estomper les cadeaux patronaux, celle de libérer la participation des salariés. Il y voyait la nécessité de redonner un peu d’air, certes vicié, aux salariés en pouvoir d’achat et en fait il avouait que sa boite à outils ne comportait que des outils charcutant les droits sociaux et seulement une clé à mollette pour desserrer un peu l’étreinte de l’étau du capital sur les salaires et les retraites.

    Le pire vint alors : la retraite. Il annonça urbi et orbi que le nombre d’années de cotisations allait être augmenté et que les syndicats en discuteront bientôt ; une sorte de commandement à exécution et tant pis si les seniors liquidés des entreprises avant l’âge de la retraite à 65 ans vivront de chômage et d’eau fraiche pendant que les actionnaires ramasseront les dividendes et que les jeunes, dont il les as gratifié de quelques tapes amicales dans le dos, attendront leur départ de plus en plus tardivement pour trouver un vrai boulot qu’il ne leur propose pas d’ailleurs avec l’ANI qui le précarisera davantage avec des bas salaires.

    Hier soir la droite, la bourgeoisie, sous cape, se frottait les mains, Hollande était devenu leur doublure, après qu’il eut dit quelques méchancetés sur la finance pendant les élections, et ils se glorifiaient dans les clubs et salons de l’avoir ainsi apprivoisé sans grande difficulté.

    Hier soir, la boite à outils n’était composée que des instruments pour casser le social et pour rendre le capital plus profitable.

    Il n’y avait pas grand-chose à espérer de la prestation de ce président de la République, désormais sachons que seule la lutte comptera et que le monde du travail doit se doter d’une autre boite à outils, celle du revendicatif.

    Bernard LAMIRAND


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  • Aline Dupuy, Th. Crouzet, F. Vivas. Journal d’une lycéenne sous l’Occupation.

    Bernard GENSANE
     

    Ceci est un livre à trois voix, mais aussi à trois étages. Les auteurs sont partis du Journal d’Aline Dupuy, élève-institutrice à Toulouse pendant la guerre. Ils ont ensuite fait réagir Aline à ce qu’elle avait écrit. « L’histoire des Français sous l’Occupation ne peut pas se suffire de l’événementiel. Elle se doit d’être aussi transhistorique et sensitive. C’est son rythme », expose Frédéric Vivas. Les auteurs ont enfin replacé un témoignage de première main dans des perspectives synchronique et diachronique : une réflexion de Frédéric Vivas sur l’écrit intime (« ce texte n’est pas un écrit sur l’écrit mais à partir d’un écrit »), une analyse historique de “ Toulouse la rouge ” par Thierry Crouzet. Le journal intime est donc devenu extime en étant étayé par les sciences humaines, sociales et historiques. Nous avons affaire à un ouvrage très rigoureux, les notes infrapaginales sont innombrables et érudites. Mais cet ouvrage, comme le journal qui en est le socle, n’est « ni la glorification du héros, ni la commisération de la victime, ni la stigmatisation du salaud. »

    Aline et ses amis normaliennes (Vichy avait remplacé cette qualification par celle, beaucoup plus hiérarchisante, d’« Elève-Maître ») sont issues de milieu fortement politisés. L’éducation, la culture sont pour ces jeunes femmes les principaux vecteurs de transformation sociale. L’ascension sociale se réalise par les diplômes et le ralliement aux idées républicaines. Ceci n’est pas rien, car que l’école soit républicaine signifia concrètement que, dans chaque commune de Haute-Garonne disposant d’un enseignant sorti de l’École normale, il y eut un centre de Résistance, ou encore qu’en quatre ans 84 professeurs et étudiants de la Faculté des Lettres de Toulouse furent pourchassés, emprisonnés ou déportés par la police de Vichy ou par la Gestapo.

    La principale enseignante d’Aline n’est autre que Madame Badiou, l’épouse du maire de Toulouse à la Libération, et la mère du philosophe Alain Badiou. Une femme de gauche, de culture, une grande pédagogue qui sait rendre abordable et réutilisable le canon littéraire. En ces temps de guerre, il valait mieux travailler. Surtout par les grands froids sans charbon : « Les profs de gym redoutaient de nous faire monter à la corde, car on se pelait les doigts. Un manteau était un bien vital. » Les jeunes ont faim mais savent s’offrir des petits bonheurs : « Achat d’une photo de Bernard Blier, 1, 50 franc. Qu’il était beau ! ».

    Avant même d’être ignoblement répressif, le régime de Pétain (Toulouse est en zone non occupée) est le pourvoyeur d’une idéologie qui du passé veut faire table rase : « Au triptyque Liberté, Égalité, Fraternité, doit succéder un homme nouveau, avec pour devise Instinct, Tradition, Sélection. » Cela lui est d’autant plus facile que, selon la phrase dramatique de l’historien Jean-Pierre Rioux, le peuple est « débandé, haché par l’effroi, toutes tripes dehors ». Sans parler des grandes consciences qui, comme Claudel, lui tire dans le dos : l’écrivain se félicite de « la fin de cet immonde régime parlementaire », un cancer issu de « l’immonde tyrannie des bistrots, des francs-maçons, des métèques, des pions et des instituteurs. »

    Résister, au niveau qui est celui d’une jeune normalienne, n’est pas un mot, c’est un comportement de tous les jours. Une succession de petits gestes banals mais résolus. Comme celui du prisonnier de Midnight Express qui, soudainement, se met à tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre lors de la promenade. Chaque semaine, on demande aux élèves de saluer le drapeau, de chanter “ Maréchal, nous voilà ! ”. Aline et ses condisciples ne chantent pas, elles font semblant, ou alors elles chantent faux. Les sons qui constituent le mot “ Maréchal ” ne sortent pas de leur bouche, de leur souffle. Le vieil autocrate est nié. Madame Badiou va utiliser Montaigne (peut-être d’origine marrane du côté maternel, d’ailleurs) comme une arme contre les égarements fanatiques du régime. Montaigne, c’est la tolérance, dit Aline, l’ouverture aux autres, la raison. Il se met à la place des autres pour voir comment ils pensent. En étudiant Montaigne, on ne devient pas un béni-oui-oui. Fort bien vu.

    Autre acte de résistance, petit mais tellement symbolique : Aline achète le manuel d’histoire Mallet-Isaac, qu’elle revendra ensuite à sa “ fille pédagogique ”. Un véritable acte d’insoumission. Mallet avait été tué pendant la Première Guerre mondiale (il s’était engagé volontaire à l’âge de 50 ans). Le ministre de l’Éducation Abel Bonnard avait prévenu dans Gringoire : « Il n’est pas admissible, que l’histoire de France soit enseignée aux jeunes Français par un Isaac. »

    En 1944, le camp d’en face plie mais ne rompt pas. La Milice, ce rassemblement de voyous dévoyés, recrute plus que jamais, malgré les défaites allemandes et l’imminence de la Libération. Dans sa lettre pastorale, Monseigneur Choquet, l’archevêque de Tarbes – un fervent de Vichy – remet en cause l’autorité et la légitimité du général De Gaulle.

    Heureusement, quelques grands prélats (bien rares) font honneur à leur église. Le cardinal de Toulouse, Mrg Saliège, est l’une des deux ou trois éminences à dénoncer les déportations de Juifs, à condamner le STO et les exactions nazies – après avoir soutenu l’aide aux réfugiés espagnols. Il sera fait compagnon de la Libération sans avoir été officiellement résistant. Et Juste parmi les nations. En 1945, grâce à Raymond Badiou et quelques autres résistants authentiquement de gauche, Toulouse redeviendra ce qu’elle avait été depuis longtemps : la “ République rouge du Midi ”. Au point que – les vents ont bien tourné – le nonce apostolique, Mgr Roncalli (futur Jean XXIII) inaugurera la Semaine sociale de Toulouse le 30 juillet 1945. Normal, après tout, pour une ville qui aura su, à ce point, conjuguer son histoire rebelle et sa tradition d’hospitalité.

    Cet ouvrage a également le très grand mérite de nous rappeler que la Résistance fut aussi une affaire de femmes. Souvenons-nous, par exemple, du roman et du film éponyme L’armée des ombres qui ne comporte qu’un seul personnage féminin, uniquement parce qu’il est nécessaire à l’économie du récit. Le témoignage d’Aline Dupuy confirme qu’il y eut, à Toulouse comme ailleurs en France, une résistance au féminin. À commencer par Madame Badiou. Mais peu de femmes furent chef de réseau. Il n’y eut quasiment pas de femmes dans les bureaux de Londres, à part comme secrétaires. Le plafond de verre, là aussi. Il faudra des années aux femmes, malgré le droit de vote en 1945, pour qu’elles puissent se libérer des schémas vichystes, pour pouvoir tout bêtement sortir sans chapeau sans être traitée de dévergondée (euphémisme pour prostituée), pour pouvoir avorter (un acte passible de la peine de mort sous Pétain), pour que leur corps et leur esprit n’appartiennent plus à la nation, mais à elles-mêmes.

    Toulouse, 1943-1945. Toulouse : Le Pas d’oiseau, 2013.

    http://bernard-gensane.over-blog.com/

    URL de cet article 19947
    http://www.legrandsoir.info/aline-dupuy-th-crouzet-f-vivas-journal-d-une-lyceenne-sous-l-occupation.html

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  • Partenariat public-privé : la mort programmée de l’Etat.

    Repris sur Agora Vox.

    Avant de partir en vacances, De Funès aura quand même réussi a refiler de gros projets d’infrastructures aux petits amis des BTP. On clame sur tous les toits que l’Etat n’a plus les moyens de financer de tels projets, et le pire c’est que tout le monde le croit. De qui se moque -t-on ? l’Etat n’aurait donc plus les moyens de financer les opérations les plus rentables qui affolent les papilles des privés, il lui reste dons les moyens de financer les bénéfices des actionnaires de grands investisseurs privés, car ceux-ci ne sont pas des philanthropes. L’Etat a donc les moyens de payer largement les copains du pouvoir et aussi mais surtout, tout ce qui n’est pas rentable, que les privés évitent soigneusement, belle façon de concevoir la politique. Alors évidemment en procédant de la sorte comment ne pas augmenter la dette de l’Etat, ce qui permet d’expliquer après que l’Etat ne sait pas gérer ? Demandez-donc à Bouygues l’Auvergnat de prendre en charge la ligne SNCF Aurillac-Brive et nous verrons bien si les privés sont meilleurs du coté des pertes assurées.

    Le dernier en date de ces pièges à cons, c’est le nouveau Palais de justice de Paris signé Renzo Piano, le même qui avait laissé un tas de tuyaux en plein centre ville il y 35 ans . Une tour de 160 m de haut, un bijoux de haute technologie financée soi-disant par Bouygues ( A qui on avait déjà attribué TF1 et le troisième opérateur de téléphonie mobile) mais en réalité par l’Etat, à crédit, sur 27 ans. Le coût de la construction est de 575 millions d’euros, Bouygues finance la construction, en assure l’exploitation et la maintenance pendant 27 ans moyennant 12,8 millions d’euros par an, l’Etat en sera ensuite propriétaire.

    Le Palais de justice n’est que le dernier chantier pharaonique distribué aux majors du BTP également réparti, dont voici une liste non exhaustive :

    Ministère de la Défense Paris :

     Bouygues construira le pharaonique ensemble du futur ministère de la défense sur le site de Balard, 16,5 hectares dans le 15earrondissement, au sud de Paris, entre la porte de Versailles et la Seine.

    Pour le deuxième groupe français de BTP, le contrat dépasse 3 milliards d’euros, pour construire ou renover 467 000 m2 de bureaux qui accueilleront 9 300 salariés. Un contrat qui s’inscrit dans une procédure de Partenariat public-privé (PPP) particulièrement complexe pour un projet d’une telle ampleur. Bouygues investit la totalité des fonds, en retour de quoi le groupe touchera un loyer compris entre 100 et 150 millions d’euros – sans soute une somme intermédiaire qui sera fixée lorsque le groupe et le ministère auront peaufiné le contrat sur trente ans qui doit être signé en avril – payé par l’Etat pendant une durée contractuelle de 27 ans.

    Une information judiciaire pour corruption et trafic d’influence est ouverte depuis février, portant sur d’éventuelles malversations lors de l’attribution du chantier du futur siège du ministère de la Défense à Paris, confirmant une information du « Canard enchaîné ».

    La ligne de TGV Nîmes-Montpellier :

    Le groupe Bouygues a « décroché » ce marché de 1,8 milliard d’euros et exploitera cette LGV pendant 25 ans.

    À chaque major française du BTP la construction et l’exploitation d’une ligne ferroviaire à grande vitesse. Il y a deux ans, RFF (Réseau ferré de France) avait choisi Vinci pour réaliser la liaison entre Tours et Bordeaux. En janvier 2011, il avait confié à Eiffage le chantier entre Le Mans et Rennes. Il a désigné comme attributaire pressenti un groupement emmené par Bouygues pour mener à bien les travaux entre Nîmes et Montpellier. Un gros contrat à 1,8 milliard d’euros, mais beaucoup plus modeste que le Tours-Bordeaux (7,6 milliards) ou le partenariat public-privé entre Le Mans et Rennes (3,4 milliards). 

    La nouvelle station d’épuration d’Achères :

    En compagnie d’autres entreprises comme Degrémont, Veolia Eau a été choisi par le SIAAP pour réaliser la refonte de la filière de traitement biologique de l’usine Seine Aval. Le contrat attribué au groupement représente un montant total de 776,7 millions d’euros, le plus important signé par OTV depuis sa création, 25% du chiffre d’affaires global lui revenant.

     

    Deuxième plus grande station du monde derrière celle de Chicago, et plus grande station d’épuration d’Europe, la station d’Achères dans les Yvelines du Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne, a choisi la filiale de Veolia Eau Solutions & Technologies pour 3 missions principales. OTV assurera le pilotage du projet et de l’ensemble des acteurs du groupement Biosav (architectes, bureaux d’études, génie civil et entreprises de process de traitement des eaux usées), la conception-construction des ouvrages, et enfin la fourniture de process de traitement.

    Le groupement d’entreprises sélectionné est composé d’OTV, Degrémont SAS, Eiffage TP, GTM TP, SOBEA, avec la contribution des architectes Luc Weizmann et Dominique Lelli. La mise en route des nouvelles installations est prévue à l’horizon 2017.

    les prisons : « La modernisation de notre système pénitentiaire est en marche. Le contrat que nous allons signer s’inscrit dans cette politique, il permet de concevoir la prison de demain », avait estimé en 2008 Rachida Dati alors Garde des sceaux en présentant le contrat qui déléguait à Bouygues à la fois la conception, le financement, la construction, la maintenance et la gestion des services dans les 3 nouvelles prisons qui ont été construites à Nantes, Lilles et Réau (Seine et Marne).
    Aux termes de ce contrat, l’Etat deviendra propriétaire des prisons après 27 ans. Il paye entretemps un loyer de 48 millions d’euros annuels pour les trois établissements au leader mondial du BTP.
    Bouygues gère la restauration, la blanchisserie, l’entretien et le nettoyage mais prend aussi en charge la formation professionnelle ou le travail pénitentiaire et participe à l’accueil des familles.

    les hôpitaux :

    2006 : signature par Xavier Bertrand d’un contrat de partenariat public-privé (PPP) pour la construction du Centre hospitalier sud-francilien, regroupement des hôpitaux de Corbeil-Essonnes et d’Évry-Courcouronnes.

    Janvier 2011 : livraison de l’établissement ; 8.000 malfaçons sont constatées. L’ouverture prévue en mai est repoussée.

    30 juin 2011 : le conseil de surveillance réclame la sortie du partenariat public-privé.

    Le montant annuel du loyer réclamé par Eiffage (38,8 millions d’euros durant trente ans, période au terme de laquelle l’hôpital deviendra propriétaire de ses locaux) paraît soudain exorbitant. Tout comme le coût total de l’opération : 1,2 milliard d’euros alors que, selon un rapport très sévère de la chambre régionale des comptes, « le recours à une maîtrise d’ouvrage publique financée par l’emprunt » n’aurait pas dépassé 760 millions d’euros.

    les concessions d’autoroutes : le pire scandale qui soit , Villepin un an après avoir juré qu’il ne privatiserait jamais, le fait sans vergogne en 2005 pour une bouchée de pain. Il ne s’agit pas en l’occurence d’un véritable partenariat public-privé mais bien carrément d’un cadeau public à certains privés triés sur le volet.

    Continuez à circuler, les sociétés d’autoroute vous font les poches mais il n’y a rien à redire ! La publication dans Marianne d’un rapport assassin de la Cour des comptes consacré au réseau ASF, filiale de Vinci avait suscité un remarquable silence. Et pourtant, il y a de quoi dire. Non seulement en 2005, Villepin avait offert à un vil prix ASF à Vinci, mais depuis, le concessionnaire augmente allégrement les tarifs sur la base d’une grille tarifaire « opaque » et « illégitime ». Vinci, s’en met plein les fouilles sur le dos des automobilistes mais aussi de l’Etat, avec la complicité de l‘…Etat. « L’équilibre de la concession n’est interprétée qu’à sens unique, en faveur du concessionnaire(…)Le risque d’un déséquilibre en sens contraire, c’est-à-dire de profits excessifs dans l’exercice d’une mission de service publique, n’est pas pris en compte », condamne le rapport de la Cour des comptes.

    Le Grenelle de l’environnement de Borloo et Kosciusko-Morizet y met du sien en finançant les compagnies privées concessionnaires pour améliorer la fluidité du trafic aux péages, les voitures qui sont obligées de freiner aux péages polluent beaucoup ; l’idée est donc de remplacer les opérateurs par des systèmes automatiques qui favorisent la fluidité du trafic. L’Etat règle la note de la « modernisation », on appelle ça de l’écologie, ce qui permet aux privés de licencier le personnel qui se retouve au chomage au frais…de l’Etat.

    N’en jetez plus, la coupe est pleine, les caisses sont vides, celles de l’Etat.

     

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  • SYNDICATS CGT et FO interpellent

     
      
    Le projet de loi Sapin est déjà combattu et dénoncé par la CGT et FO localement. Photo Er. D.

    Le projet de loi Sapin est déjà combattu et dénoncé par la CGT et FO localement. Photo Er. D.

    Il y a quelques jours, le député Philippe Baumel a rencontré lors de sa permanence hebdomadaire une délégation de syndicalistes locaux de la CGT et de FO. Ils ont rappelé qu’ils n’avaient pas signé l’accord national interprofessionnel, dans la mesure où il favorise la flexibilité et les licenciements.

    Les syndicats ont ensuite demandé au député quelle sera sa position lors du débat parlementaire qui visera à transposer cet accord dans la loi.

    La réponse du député « a laissé sceptiques les représentants syndicaux qui, à partir de l’analyse de certains articles, ont démontré que ce texte était difficilement amendable », indiquent les deux syndicats dans un communiqué, dans lequel ils réitèrent le mot d’ordre unitaire de la journée de mobilisation du 5 mars dernier : « Non à la transposition de l’accord du 11 janvier dans la loi ».

    http://www.lejsl.com/edition-d-autun/2013/03/29/cgt-et-fo-interpellent


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  • Contre les abus de faiblesse… Une seule solution : lutter !

    tract retraités/pouvoir d'achat en lien en PDF

    Une retraitée célèbre aurait été victime d’un « abus de faiblesse ». Un ancien président de la République (UMP) est soupçonné de lui avoir soutiré quelques dizaines de milliers d’euros pour sa campagne électorale en 2007. En tout cas il est mis en examen sous ce chef d’inculpation.

     Si les faits sont avérés, la vieille dame n’en aura pas longtemps souffert. Pris de remords, son ami, élu président, lui aura remboursé au centuple, chaque année de son quinquennat, son don présumé. Elle a touché au minimum 30 millions d’euros du fisc, par an, uniquement grâce au « bouclier fiscal » qu’il a établi.

    Vraiment qui abuse de qui ?

    La politique des Sarkozy en faveur des Bettencourt ne s’est pas interrompue après les élections de 2012. Pour ne citer que cela, le pouvoir de Hollande accorde 20 milliards d’euros par an de cadeaux aux patrons au nom de la « compétitivité », autant qui vont se retrouver au final dans les bas de laine des Mmes Bettencourt !

    La « contrepartie » pèse lourdement sur les travailleurs, notamment sur les retraités : TVA antisociale, hausse de la CSG, 0,3% de prélèvements exceptionnels etc, demain fin de l’indexation des pensions sur les prix.

    Le pouvoir essaye de s’en prendre aux retraités, misant sur leurs « faiblesses ». Ils ne sont plus dans l’entreprise. L’idéologie dominante les culpabilise, les fait passer scandaleusement, avec insistance, pour des nantis. Ils vieillissent. 

    Ne nous laissons pas abuser ! Retraités, actifs, jeunes, nous savons que nos intérêts sont les mêmes face aux Bettencourt, Nicolas Sarkozy Hollande...

    Contre l’abus de faiblesse, chacun dans sa situation, … LUTTONS !

    http://pcf-paris15.over-blog.com/article-contre-les-abus-de-faiblesse-une-seule-solution-lutter-116603659.html


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  •  Venezuela : Des deputes de l'opposition denoncent un plan de destabilisation et retirent leur soutien a Capriles 

    Jeudi 28 Mars 2013

    Trois députés de droite à l’Assemblée Nationale (AN) ont retiré ce mardi leur soutien à la candidature présidentielle d’Henrique Capriles après avoir eu connaissance d’un plan orchestré par ce qu’on appelle la Table de l’Unité (MUD) pour ne pas reconnaître les résultats qui seront émis par le Conseil National Electoral (CNE) lors des élections du 14 avril prochain

     
    Venezuela : Des deputes de l'opposition denoncent un plan de destabilisation et retirent leur soutien a CaprilesLes députés qui ont décidé de prendre leurs distances avec cette posture anticonstitutionnelle que prétend assumer la droite, sont Ricardo Sanchez (suppléant de Maria Corina Machado), Andres Avelino (suppléant d’Edgar Zambrano) et Carlos Vargas (suppléant de Rodolfo Rodriguez).

    Les trois députés de l’AN ont déclaré lors d’une conférence de presse qu’ils ont retiré leur soutien à Capriles parce qu’ « il existe d’autres intérêts » chez ceux qui mettent en place un plan violent contre le pays.

    « Nous, nous ne pensons pas possible de soutenir la candidature de Nicolas Maduro. Pour le moment, nous souhaitons confirmer le retrait de notre soutien à la candidature d’Henrique Capriles », a déclaré Sanchez.

    Pour sa part, le député Carlos Vargas a indiqué que lundi prochain, demanderont, à la tribune parlementaire qu’« une enquête soit ouverte officiellement sur le plan violent auquel la MUD envisage de soumettre le Venezuela ».

    Il a ajouté que ce jour-là, ils organiseront une réunion nationale à Caracas pour décider quelle sera leur position concernant les élections du 14 avril et étudier les autres actions que projetteraient d’autres membres de la droite.

    « La seule lutte est dans les urnes et par la possibilité de la participation démocratique », a précisé Vargas.

    « Nous confirmons notre dénonciation face au climat de déstabilisation que met en place la MUD. Nous n’allons pas y participer et nous lançons un appel au dialogue de paix, a souligné Vargas.

    AVN 26/3/2013

    Traduction : Françoise Lopez
    Source : http://cubasifranceprovence.over-blog.com/article-venezuela-des-deputes-de-l-opposition-denoncent-un-plan-de-destabilisation-et-retirent-leur-soutien--116580944.html
     

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