• A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 12 — Le capital commercial et le profit commercial

    12.1. Le profit commercial et sa source.

    Le capital commercial et le capital usuraire sont antérieurs historiquement au capital industriel. Sous le régime de production capitaliste, ces formes du capital perdent leur ancien rôle indépendant ; leurs fonctions consistent désormais à servir le capital industriel. Dès lors, en régime capitaliste, le capital commercial et le capital porteur d’intérêts se distinguent foncièrement de leurs formes précapitalistes.

    Le capital industriel, comme on l’a déjà dit, prend dans le cours de son cycle successivement trois formes : la forme monétaire, la forme productive et la forme marchande, qui se différencient suivant leurs fonctions. Ces fonctions du capital industriel, à un certain degré de son développement, se distinguent l’une de l’autre. Du capital industriel occupé dans la production, se détachent le capital commercial sous la forme du capital du commerçant, et le capital de prêt, sous la forme du capital du banquier. À l’intérieur de la classe des capitalistes se forment trois groupes, qui participent à l’appropriation de la plus-value : les industriels, les commerçants et les banquiers.

    Le capital commercial est le capital appliqué dans la sphère de la circulation marchande. Dans la sphère de la circulation, il n’est pas créé de plus-value. D’où provient donc le profit du commerçant ? Si le capitaliste industriel s’occupait lui-même de la réalisation de sa marchandise, il devrait dépenser une partie de son capital pour aménager ses locaux commerciaux, embaucher des commis et engager d’autres dépenses nécessitées par le commerce. Il lui faudrait pour cela augmenter le capital avancé ou bien, avec le même capital avancé, réduire le volume de la production. Dans un cas comme dans l’autre, il y aurait diminution de son profit. L’industriel préfère vendre ses marchandises à un intermédiaire, au capitaliste commerçant, qui s’occupe spécialement de la vente des marchandises et en assure l’acheminement aux consommateurs. Cette spécialisation du capital commercial dans les fonctions de la circulation marchande permet de réduire la durée de la circulation et les dépenses qui lui sont liées. Le capital commercial, en assurant le processus de la réalisation des marchandises de beaucoup de capitalistes industriels, réduit par là-même la part du capital social détournée de la production dans la sphère de la circulation marchande. En chargeant le commerçant des opérations de réalisation des marchandises, le capitaliste industriel accélère la rotation de son capital, ce qui a pour effet d’accroître son profit. L’industriel trouve ainsi avantage à céder au commerçant une certaine part de la plus-value, qui constitue le profit du capitaliste commercial. Le profit commercial est une partie de la plus-value que l’industriel cède au commerçant pour la réalisation de ses marchandises.

    La réalisation des marchandises est assurée par le capital commercial au moyen de l’exploitation des employés de commerce. Le travail des salariés occupés à la réalisation des marchandises, c’est-à-dire à la transformation des marchandises en argent et de l’argent en marchandises ne crée ni valeur, ni plus-value, mais il offre au capitaliste commerçant la possibilité de s’approprier une partie de la plus-value créée dans la production.

    De même que le travail non payé de l’ouvrier crée directement de la plus-value pour le capital productif, de même le travail non payé du salarié du commerce procure au capital commercial une part de cette plus-value.

    ( K. Marx, Le Capital, livre 3, chap. 16. )

    La journée de travail des employés de commerce, tout comme celle des ouvriers occupés dans la production, se divise en deux parties : pendant le temps de travail nécessaire, ils assurent la réalisation de la plus-value créée dans la sphère de la production, qui compense les dépenses des capitalistes en achat de force de travail ; et pendant le temps de travail supplémentaire, ils travaillent gratuitement pour les capitalistes et leur assurent l’appropriation du profit commercial. Par conséquent, les travailleurs du commerce sont exploités par les capitalistes commerçants, de même que les ouvriers producteurs de marchandises le sont par les industriels.

    Afin de réaliser une masse déterminée de marchandises, le commerçant doit avancer, pour un certain temps, un capital d’une grandeur correspondante. De ce capital, il s’efforce de retirer le plus de profit possible. Si le taux du profit commercial est inférieur au taux moyen du profit, le commerce devient une occupation peu avantageuse ; dès lors les commerçants transfèrent leurs capitaux dans l’industrie, l’agriculture ou dans quelque autre branche de l’économie. Inversement, un taux élevé du profit commercial attire le capital industriel dans le commerce. La concurrence entre capitalistes fait que le niveau du profit commercial est déterminé par le taux moyen du profit, le profit moyen s’entendant par rapport à tout le capital, y compris le capital qui fonctionne dans la sphère de la circulation.

    Ainsi, non seulement le capital des capitalistes industriels, mais aussi le capital commercial participent au processus d’égalisation du taux du profit, ce qui fait que capitalistes industriels comme capitalistes commerçants reçoivent le taux moyen du profit, proportionnellement au capital qu’ils ont dépensé. Par conséquent, les capitalistes industriels ne réalisent pas tout le profit créé dans l’industrie, mais seulement la partie de ce profit qui constitue le profit moyen du capital qu’ils ont investi. Les capitalistes commerçants vendent la marchandise au prix de production, qui comprend le profit moyen de l’industriel ainsi que celui du commerçant. Ainsi ils peuvent réaliser le profit moyen du capital qu’ils ont investi, grâce à la différence entre le prix d’achat et le prix de vente.

    Sous la forme du profit commercial, la source effective de l’accroissement du capital est encore plus cachée que sous la forme du profit industriel. Le capital du commerçant ne participe pas à la production. La formule du mouvement du capital commercial est : A — M — A′. Ici le stade du capital productif disparaît, la liaison avec la production est rompue en apparence. L’illusion se crée que le profit naît du commerce lui-même, par une augmentation du prix, en vendant les marchandises au-dessus du prix de production. En réalité, comme on l’a montré, c’est le contraire qui se produit : l’industriel en vendant la marchandise au commerçant au-dessous du prix de production, lui cède une partie de son profit.

    Non seulement le capital commercial participe à la réalisation de la plus-value créée dans la production, mais il exploite par surcroît les travailleurs en tant que consommateurs. Soucieux d’obtenir un profit supplémentaire, les capitalistes commerçants haussent par tous les moyens les prix, trompent les acheteurs sur le poids et la mesure, vendent des marchandises falsifiées, de mauvaise qualité.

    Une des sources du profit commercial est l’exploitation par le capital commercial des petits producteurs de marchandises. Les capitalistes commerçants obligent les paysans et les artisans à leur vendre les produits de leur travail à vil prix, et à leur acheter en même temps les outils, les matières premières et les matériaux au prix fort. La part des intermédiaires commerciaux dans le prix de détail des produits agricoles aux États-Unis, de 1913 à 1934, est passée de 54 à 63 %.

    Tout cela aboutit à l’accroissement de la paupérisation des travailleurs et aggrave encore les contradictions du capitalisme.

    12.2. Les frais de circulation.

    Le processus de circulation capitaliste des marchandises nécessite certaines dépenses. Ces dépenses, liées au service de la sphère de circulation, constituent les frais de circulation.

    Il faut distinguer deux sortes de frais capitalistes dans le commerce : premièrement, les frais de circulation proprement dits, qui se rattachent directement à la vente et à l’achat des marchandises, ainsi qu’aux particularités du régime capitaliste ; en second lieu, les frais occasionnés par la continuation du processus de production dans la sphère de la circulation.

    Les frais de circulation proprement dits forment la plus grande partie et une partie sans cesse croissante des frais de circulation du commerce capitaliste. Ils comprennent les dépenses liées à la transformation des marchandises en argent et de l’argent en marchandises. Ils comprennent les dépenses nécessitées par la concurrence et la spéculation, les dépenses de publicité, la majeure partie des dépenses destinées à payer le travail des employés de commerce, la tenue des livres comptables, la correspondance, l’entretien des bureaux commerciaux, etc. Ils n’ajoutent à la marchandise, ainsi que l’indiquait Marx, aucune valeur. Ils viennent en déduction directe du montant total de la valeur produite dans la société, et sont couverts par les capitalistes avec la masse générale de plus-value produite par le travail de la classe ouvrière. L’accroissement des frais de circulation proprement dits témoigne du gaspillage du régime capitaliste.

    Aux États-Unis les seuls frais de publicité, ayant été l’objet d’un recensement, furent en 1934 de 1,6 milliard de dollars ; en 1940, de 2,1 milliards de dollars, et en 1953 de 7,8 milliards de dollars.

    Avec le développement du capitalisme et l’aggravation des difficultés de réalisation des marchandises, il se forme un appareil commercial colossal doté d’une multitude d’échelons. Avant de parvenir au consommateur, les marchandises passent entre les mains de toute une armée de commerçants, de spéculateurs, de revendeurs et de commissionnaires.

    Les frais nécessités par la continuation du processus de production dans la sphère de la circulation comprennent les dépenses nécessaires pour la société et qui ne dépendent pas des particularités de l’économie capitaliste. Ce sont les dépenses pour la finition, le transport, l’emballage des marchandises. Chaque produit n’est prêt à la consommation que quand il est livré au consommateur. Les frais de finition, de transport et d’emballage des marchandises augmentent d’autant la valeur de leur production. Le travail fourni à cet effet par les ouvriers transfère à la marchandise la valeur des moyens de production dépensés et ajoute à la valeur des marchandises une valeur nouvelle.

    L’anarchie de la production capitaliste et les crises, la concurrence et la spéculation provoquent l’accumulation d’immenses stocks de marchandises, allongent et dévient leur acheminement, ce qui entraîne d’énormes dépenses improductives. Dans l’immense majorité des cas la publicité capitaliste tend, plus ou moins, à tromper les acheteurs. La publicité capitaliste impose un emballage inutile et coûteux des marchandises. Cela signifie qu’une partie sans cesse accrue des dépenses nécessitées par le transport, la conservation et l’emballage des marchandises se transforme en frais proprement dits, dus à la concurrence capitaliste et à l’anarchie de la production. L’augmentation des frais de circulation est l’un des indices de l’accentuation du parasitisme dans la société bourgeoise. Les frais du commerce capitaliste sont un lourd fardeau pour les travailleurs en tant qu’acheteurs.

    Aux États-Unis, les frais de circulation formaient en 1929 31 % et en 1935, 32,8 % du chiffre d’affaires du commerce de détail. Dans les pays capitalistes d’Europe, les frais de circulation forment à peu près le tiers du chiffre d’affaires du commerce de détail.

    12.3. Les formes du commerce capitaliste. Les Bourses de marchandises.

    Le développement de la production et de la circulation capitalistes entraîne le développement des formes du commerce de gros et de détail. Le commerce de gros est le commerce entre entreprises industrielles et commerciales ; le commerce de détail est la vente des marchandises directement à la population.

    Dans le commerce comme dans l’industrie, il y a concentration et centralisation du capital. L’éviction des petits et des moyens capitalistes par les gros a lieu aussi bien dans le commerce de gros que dans le commerce de détail. Dans ce dernier, la concentration des capitaux se réalise principalement dans la création de grands magasins et de magasins spécialisés. Les grands magasins mettent en vente toute sorte de marchandises ; les magasins spécialisés ne vendent qu’une sorte de marchandise, par exemple les chaussures ou les vêtements.

    La production de marchandises de même nature permet aux commerçants de faire le commerce de gros sur échantillons. Les marchandises courantes de même nature (coton, lin, métaux ferreux et non ferreux, caoutchouc, grain, sucre, café, etc.) se vendent et s’achètent sur échantillons et standards établis dans les Bourses de marchandises.

    La Bourse de marchandises est une forme particulière de marché où se fait le commerce en gros de marchandises de même nature et où se concentrent l’offre et la demande de ces marchandises à l’échelle de pays entiers, souvent même à l’échelle du marché capitaliste mondial.

    Les marchandises, qui font l’objet de transactions en Bourse entre capitalistes, ne passent pas directement de main en main. Les transactions se font généralement à terme : le vendeur s’engage à faire parvenir à l’acheteur une quantité déterminée de marchandises dans un délai fixé. Par exemple, on conclut au printemps des transactions pour la fourniture du coton de la récolte à venir, alors que celui-ci n’a pas encore été semé. En concluant un marché en Bourse, le vendeur compte que le prix de la marchandise en question aura diminué à la date fixée et qu’il en retirera la différence de prix ; l’acheteur, lui, escompte une hausse des prix. Souvent les vendeurs en Bourse ne disposent pas du tout des marchandises qu’ils vendent, et les acheteurs n’ont pas besoin des marchandises qu’ils achètent. C’est ainsi que les Bourses de marchandises deviennent le centre du commerce de spéculation. Les spéculateurs vendent et achètent le droit de propriété sur des marchandises auxquelles rien ne les rattache. La spéculation est étroitement liée à tout le système du commerce capitaliste dont le but n’est pas de pourvoir aux besoins de la société, mais de tirer du profit. Ce sont les gros capitalistes qui s’enrichissent principalement dans le commerce de spéculation. Celui-ci entraîne la ruine d’une grande partie des petits et moyens entrepreneurs.

    Dans les pays bourgeois, on pratique assez souvent le commerce à crédit ou à tempérament. Cette forme de commerce aboutit souvent au fait que la masse des consommateurs est obligée, pour régler les échéances, d’aliéner ses propres biens, n’étant pas à même d’acquitter ses dettes à l’échéance. Le commerce à crédit est utilisé souvent par les capitalistes pour réaliser des marchandises de qualité intérieure ou laissées pour compte.

    12.4. Le commerce extérieur.

    Comme on l’a déjà dit, l’avènement du capitalisme a été lié à la création d’un marché mondial. D’après Lénine, le capitalisme est le résultat d’une

    circulation des marchandises largement développée, qui dépasse les limites d’un État. C’est pourquoi il est impossible d’imaginer une nation capitaliste sans commerce extérieur, et une telle nation n’existe d’ailleurs pas.
    ( V. Lénine, « Le développement du capitalisme en Russie », Œuvres, t. 3, p. 58 ; publié aussi dans K. Marx, Le Capital, livre 2, t. 2, Annexes, p. 205. )

    Le commerce extérieur du capitalisme s’élargit dans le cours du développement de la circulation marchande qui dépasse les limites des marchés nationaux. L’extension du commerce mondial traduit par elle-même le développement de la division internationale du travail, liée à la montée des forces productives. Mais, pour les capitalistes, le commerce extérieur est un moyen d’augmenter leurs profits. Dans leur chasse au profit, les capitalistes recherchent sans cesse de nouveaux débouchés et de nouvelles sources de matières premières. Le caractère limité du marché intérieur par suite de l’appauvrissement des masses et la mainmise des gros capitalistes sur les sources de matières premières intérieures accentuent l’effort de ces derniers pour établir leur domination sur les marchés extérieurs.

    Le commerce extérieur n’a pris un large développement qu’à l’époque du capitalisme. En l’espace de cent ans, de 1800 à 1900, le chiffre d’affaires du commerce mondial a augmenté de plus de douze fois et demie, passant de 1,5 milliard de dollars à 18,9 milliards de dollars. Dans les trois décennies suivantes, il a été multiplié par plus de 3,5, atteignant 68,6 milliards de dollars en 1929.

    Le commerce extérieur est une source de profit supplémentaire pour les capitalistes des pays bourgeois plus développés, car les articles industriels se vendent dans les pays sous-développés à des prix relativement plus élevés, tandis que les matières premières s’achètent dans ces pays à des prix inférieurs. Il est aussi un des moyens d’asservissement économique des pays sous-développés par les pays bourgeois développés, et un moyen d’élargissement des sphères d’influence des puissances capitalistes.

    Ainsi, par exemple, pendant plus de 250 ans (de 1600 à 1858) la Compagnie anglaise des Indes orientales a pillé l’Inde. L’exploitation rapace de la population indigène par la Compagnie des Indes orientales a eu pour résultat la transformation en déserts de nombreuses provinces de l’Inde : les champs n’étaient pas cultivés, les terres restaient couvertes de broussailles, la population dépérissait.

    Le commerce extérieur consiste en exportations et importations. Le rapport entre la somme des prix des marchandises exportées par un pays, et la somme des prix des marchandises importées par ce pays durant un certain temps, par exemple en l’espace d’un an, constitue sa balance commerciale. Si les exportations dépassent les importations, la balance commerciale est active ; dans le cas contraire la balance commerciale est passive.

    Le pays, dont la balance commerciale est passive, doit couvrir le déficit en puisant à des sources telles que les réserves d’or, les recettes fournies par les transports de marchandises appartenant à des pays étrangers, les revenus de ses investissements de capitaux dans d’autres États, et, enfin, au moyen d’emprunts à l’étranger.

    La balance commerciale ne met pas en évidence toutes les formes des rapports économiques entre pays. Ces rapports trouvent une expression plus complète dans la balance des comptes. La balance des comptes est le rapport entre la somme de tous les paiements qu’effectuent les autres pays à un pays donné, et la somme de tous les paiements qu’effectue ce pays aux autres.

    Le caractère des relations économiques entre les pays détermine aussi la politique du commerce extérieur des États capitalistes. L’époque du capitalisme prémonopoliste a vu se former deux types principaux de politique commerciale : la politique de la liberté commerciale (libre-échange) et la politique de protection de l’industrie nationale (protectionnisme), principalement par l’établissement de droits de douane élevés sur les marchandises étrangères.

    Résumé du chapitre 12

    1. Le capital commercial sert à la circulation du capital industriel. Le profit commercial est une partie de la plus-value, que l’industriel cède au commerçant.

    2. L’exploitation par le capital commercial de ses travailleurs salariés lui permet de s’approprier une partie de la plus-value créée dans la production. Le capital commercial exploite les petits producteurs de marchandises par un échange sans équivalence. Les ouvriers et les autres couches de travailleurs sont exploités par le capital commercial en tant qu’acheteurs d’objets de consommation.

    3. Les dépenses liées au service de la sphère de la circulation constituent les frais de circulation. Les frais de circulation se divisent en frais de circulation proprement dits qui se rattachent directement au service de l’achat et de ta vente des marchandises, et en frais occasionnés par la continuation du processus de production dans la sphère de la circulation. Le développement du commerce capitaliste entraîne l’accroissement des dépenses improductives dans la sphère de la circulation.

      Le commerce extérieur est déterminé par la division internationale du travail. En régime capitaliste il est l’un des moyens d’asservissement économique des pays moins développés au point de vue industriel par les puissances capitalistes industrielles plus développées.


    votre commentaire
  • A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 13 — Le capital de prêt et l’intérêt de prêt la circulation monétaire

    13.1. Le capital de prêt.

    Si le capital-marchandise prend la forme particulière du capital commercial, le capital-argent prend la forme particulière du capital de prêt.

    Dans le cours de la rotation du capital, à des moments donnés, le capitaliste industriel dispose d’un capital-argent, qui ne trouve pas d’emploi dans son entreprise. Par exemple, quand un capitaliste accumule un fonds d’amortissement destiné à reconstituer des éléments hors d’usage du capital fixe, il se trouve à la tête de sommes d’argent momentanément disponibles. Ces sommes ne seront dépensées qu’au bout de quelques années pour l’achat d’un nouvel outillage, de nouvelles machines. Si l’industriel vend ses produits finis chaque mois, et achète des matières premières une fois tous les six mois, il a pendant cinq mois une somme d’argent disponible. C’est un capital inactif, c’est-à-dire un capital qui ne rapporte pas de profit.

    À d’autres moments le capitaliste a besoin d’argent, par exemple, lorsqu’il n’a pas encore eu le temps de vendre ses produits, et qu’il lui faut acheter des matières premières. Alors qu’un entrepreneur dispose d’un surplus momentané de capital-argent, un autre en manque. Dans sa course au profit, le capitaliste cherche à tirer un revenu de chaque parcelle de son capital. Le capitaliste prête son argent disponible, c’est-à-dire qu’il en accorde temporairement la jouissance à d’autres capitalistes.

    Le capital de prêt est le capital-argent que son possesseur met pour un temps à la disposition d’un autre capitaliste contre une certaine rémunération. Le trait distinctif de ce capital est qu’il n’appartient pas au capitaliste qui l’emploie dans la production. Ayant la possibilité de se faire prêter de l’argent, le capitaliste industriel est libéré de la nécessité de laisser inactives d’importantes réserves monétaires entre ses mains. Les prêts permettent à l’industriel d’élargir la production, d’augmenter le nombre des ouvriers et, par conséquent, d’accroître la masse de la plus-value.

    À titre de rémunération pour le capital-argent mis à sa disposition, l’industriel verse au propriétaire de ce capital une somme déterminée, que l’on appelle intérêt. L’intérêt est la partie du profit que le capitaliste industriel verse au capitaliste prêteur pour l’avance que ce dernier lui consent. Le capital de prêt est le capital qui porte intérêt. La source de l’intérêt est la plus-value.

    Le mouvement du capital de prêt est entièrement fondé sur le mouvement du capital industriel. Le capital prêté est utilisé dans la production en vue de tirer de la plus-value. Aussi, comme tout capital en général, exprime-t-il avant tout les rapports de production entre les capitalistes et les ouvriers qu’ils exploitent. En môme temps, il exprime directement les rapports entre deux groupes de capitalistes : d’une part, les capitalistes possesseurs d’argent, de l’autre les capitalistes exploitants (industriels et commerçants).

    La formule du mouvement du capital de prêt est : A — A′. Ici se trouve éliminé non seulement le stade du capital productif, mais aussi le stade du capital-marchandise. Il semble que la source de revenu n’est pas la plus-value produite par l’exploitation des ouvriers dans la sphère de la production, mais l’argent par lui-même. Que le capital de prêt soit productif de revenu sous forme d’intérêt, semble être une propriété de l’argent aussi naturelle que porter des fruits l’est pour l’arbre fruitier. Le fétichisme caractéristique des rapports capitalistes atteint ici son plus haut degré.

    Le possesseur du capital-argent met pour un certain temps son capital à la disposition du capitaliste industriel qui l’emploie dans la production afin de s’approprier la plus-value. Ainsi il se produit une séparation de la propriété du capital et de l’utilisation du capital dans la production, une séparation entre le capital en tant que propriété et le capital en tant que fonction.

    13.2. L’intérêt et le bénéfice d’entrepreneur.
                  Le taux d’intérêt et sa tendance à la baisse.

    L’industriel ou le commerçant verse au capitaliste possesseur d’argent une partie de son profit sous forme d’intérêt. Ainsi, le profit moyen se décompose en deux parties. La partie du profit moyen qui reste aux industriels et aux commerçants, c’est-à-dire aux capitalistes exploitants, est appelée le bénéfice d’entrepreneur.

    Si la forme de l’intérêt crée l’illusion que l’intérêt est le fruit naturel du capital-propriété, la forme du bénéfice d’entrepreneur engendre l’illusion que ce revenu représente la rémunération du « travail » du capitaliste exploitant, pour la direction et la surveillance du travail des ouvriers salariés dans son entreprise. En réalité, le bénéfice d’entrepreneur de même que l’intérêt n’a aucun rapport avec le travail nécessité par la direction de la production ; il constitue une partie de la plus-value que s’approprient gratuitement les capitalistes.

    La proportion, selon laquelle le profit moyen se décompose en bénéfice d’entrepreneur et en intérêt, dépend du rapport entre l’offre et la demande du capital de prêt, de l’état du marché financier. Plus la demande de capital-argent est élevée, et plus le taux d’intérêt l’est aussi, toutes choses égales d’ailleurs. On appelle taux d’intérêt le rapport entre le montant de l’intérêt et le capital-argent prêté. Dans les conditions habituelles, la limite supérieure du taux d’intérêt est le taux moyen du profit, l’intérêt étant une partie du profit. En règle générale, le taux d’intérêt est sensiblement inférieur au taux moyen du profit.

    Avec le développement du capitalisme, le taux d’intérêt manifeste une tendance à la baisse. Cette tendance est due à deux causes : premièrement, à l’action de la loi de la baisse tendancielle du taux moyen du profit, puisque le taux moyen du profit forme la limite supérieure des variations du taux d’intérêt ; deuxièmement, au fait qu’avec le développement du capitalisme la masse générale du capital de prêt augmente plus vite que n’en augmente la demande. Une des causes de cet accroissement du capital de prêt est l’extension parmi la bourgeoisie du groupe des rentiers, c’est-à-dire des capitalistes détenteurs de capital-argent, qui n’ont aucune activité d’entrepreneurs. Il y a là aussi une manifestation du renforcement du parasitisme dans la société bourgeoise. L’accroissement du capital de prêt est favorisé par la centralisation des fonds disponibles dans les banques et les caisses d’épargne.

    L’intérêt des crédits à court terme sur le marché financier aux États-Unis allait de 1866 à 1880 de 3,6 % (taux minimum) à 17 % (taux maximum) ; de 1881 à 1900, il variait de 2,63 % à 9,75 % ; de 1901 à 1920, de 2,98 % à 8,0 % ; de 1921 à 1935, de 0,75 % à 7,81 % ; de 1945 à 1954, de 0,75 % à 2,75 %.

    13.3. Les formes de crédit. Les banques et leurs opérations.

    Le crédit capitaliste est la forme du mouvement du capital de prêt. Au moyen du crédit, le capital-argent momentanément disponible se transforme en capital de prêt. En régime capitaliste, il existe deux formes de crédit : le crédit commercial et le crédit bancaire.

    Le crédit commercial est celui que s’accordent les uns aux autres dans la réalisation des marchandises les capitalistes exploitants (industriels et commerçants). L’industriel, soucieux d’accélérer la rotation de son capital converti en marchandise, livre sa marchandise à crédit à un autre industriel ou à un grossiste qui, à son tour, vend la marchandise à crédit à un détaillant. Le crédit commercial est utilisé par les capitalistes dans la vente et l’achat des matières premières, du combustible, de l’outillage, des machines, ainsi que des objets de consommation. Généralement le crédit commercial est à court terme : il est consenti pour un délai maximum de quelques mois. L’instrument du crédit commercial est la lettre de change. La lettre de change ou traite est une créance par laquelle le débiteur s’engage à rembourser, à une date fixée, l’argent dû pour une marchandise achetée. À l’échéance, l’acheteur qui a accepté la traite doit l’acquitter en argent comptant. Le crédit commercial est ainsi lié à une transaction marchande. Il constitue donc la base du système capitaliste de crédit.

    On appelle crédit bancaire celui que les capitalistes possesseurs d’argent (les banquiers) consentent aux capitalistes exploitants. Le crédit bancaire, contrairement au crédit commercial, est consenti non pas aux dépens du capital engagé dans la production ou dans la circulation, mais aux dépens du capital-argent oisif, et aussi du capital momentanément disponible, en quête d’un emploi. Le crédit bancaire est réalisé par les banques. La banque est un établissement capitaliste qui fait le commerce du capital-argent et sert d’intermédiaire entre prêteurs et emprunteurs. La banque, d’une part, recueille les capitaux et les revenus disponibles, inactifs ; d’autre part, elle met le capital-argent à la disposition des capitalistes exploitants : industriels et commerçants.

    L’immense majorité des capitaux dont dispose une banque est la propriété d’autrui et est remboursable. Mais à un même moment, seule une partie relativement insignifiante de déposants formule une demande de retrait de leurs dépôts. Dans la plupart des cas, les retraits sont équilibrés et plus que compensés par un afflux de nouveaux dépôts. La situation change radicalement dans les périodes de perturbations, telles qu’une crise ou une guerre. Alors les déposants demandent en même temps la restitution de leurs dépôts. Mais en temps normal, la banque peut ne garder en caisse que des sommes relativement peu importantes pour faire face aux retraits. Quant à la plus grande partie du montant des dépôts, la banque les prête.

    Les opérations de banque peuvent être passives et actives.

    Les opérations passives sont celles par lesquelles la banque attire les fonds dans ses caisses. La principale de ces opérations est la réception des dépôts. Ces derniers sont acceptés à des conditions différentes : les uns pour un délai déterminé ; d’autres sans échéance déterminée. Les dépôts à vue doivent être remboursés par la banque sur simple demande, tandis que les dépôts à échéance ne sont remboursables qu’à la date convenue. Ainsi les dépôts à échéance sont plus avantageux pour la banque.

    Les opérations actives sont celles par lesquelles la banque place et utilise les ressources dont elle dispose. Il s’agit avant tout de l’octroi de prêts en argent. Une de ces opérations est l’escompte des effets de commerce. L’industriel qui a vendu sa marchandise à crédit remet la traite qu’il a reçue de l’acheteur à la banque qui rembourse immédiatement à l’industriel le montant de la traite, déduction faite d’un intérêt déterminé. À l’échéance, l’acheteur, sur qui la traite a été tirée, rembourse non plus l’industriel, mais la banque. Au cours de cette opération, le crédit commercial s’enchevêtre avec le crédit bancaire. Les opérations actives de la banque comprennent aussi des prêts gagés sur marchandises, valeurs, connaissement. Enfin la banque opère directement des investissements de fonds dans telles ou telles entreprises, sous forme de crédit à long terme.

    Ainsi, le banquier fait le commerce du capital-argent. Au titre des opérations passives, la banque paie des intérêts; au titre des opérations actives, elle touche des intérêts. La banque emprunte à des taux d’intérêt plus bas que ceux auxquels elle prête. La source du profit de la banque est la plus-value, créée dans la production. Le profit de la banque se forme grâce à la différence entre l’intérêt qu’elle prélève pour ses prêts, et l’intérêt qu’elle paie aux déposants. C’est avec cette différence que la banque couvre les dépenses nécessitées par ses opérations ; ces dépenses sont des frais de circulation proprement dits. La somme restante forme le profit de la banque. Le mécanisme de la concurrence capitaliste ramène spontanément le niveau de ce profit au taux moyen du profit sur le capital de la banque. Le travail des salariés employés à la banque, tout comme celui des employés de commerce dans la réalisation des marchandises, ne crée ni valeur ni plus-value ; mais il permet au banquier de s’approprier une partie de la plus-value créée dans la production. Les employés des banques sont donc exploités par les banquiers.

    Les banques jouent le rôle de centres de règlements. Toute entreprise, qui met de l’argent en dépôt ou reçoit un prêt, se fait ouvrir un compte courant à la banque qui délivre des fonds de ce compte sur présentation d’une demande spéciale appelée chèque. Par conséquent, la banque remplit les fonctions de caissier pour un grand nombre d’entreprises. Cela permet de développer largement le système des virements de comptes. Le capitaliste A, ayant vendu sa marchandise au capitaliste B, reçoit de lui un chèque sur une banque où l’un et l’autre ont des comptes courants. La banque opère le règlement, en transférant le montant du chèque du compte courant de B au compte courant de A. Les entreprises ont des comptes courants dans différentes banques.

    Dans les plus grandes villes, les banques créent des centres de règlements spéciaux, où les chèques provenant de nombreuses banques se compensent réciproquement. L’usage des chèques et des lettres de change réduit les besoins d’argent liquide.

    Il existe en régime capitaliste trois grandes sortes de banques : commerciales, hypothécaires et d’émission. Les banques commerciales créditent les industriels et les commerçants surtout en consentant des prêts à court terme ; l’escompte des traites joue là un rôle important. Ce crédit est prélevé principalement sur les dépôts.

    Les banques hypothécaires accordent des prêts à long terme gagés sur biens immobiliers (terres, maisons, constructions). La création et l’activité des banques hypothécaires sont étroitement liées au progrès du capitalisme dans l’agriculture, à l’exploitation des paysans par les banquiers. Cette catégorie de banques comprend aussi les banques agricoles qui prêtent à long terme aux fins de production.

    Les banques d’émission ont le droit d’émettre des billets de banque. Un rôle particulier appartient aux banques centrales d’émission. C’est là que sont concentrées les réserves d’or du pays. Elles jouissent du monopole d’émission des billets de banque. Les banques centrales ne font généralement pas d’opérations avec des industriels ou des commerçants ; elles consentent des prêts aux banques commerciales qui traitent à leur tour avec les entrepreneurs. Les banques centrales d’émission sont donc les banques des banques.

    En concentrant les opérations de prêt et de remboursement, les banques contribuent à accélérer la rotation des capitaux et à réduire les frais de circulation monétaire. En même temps, l’activité des banques favorise la centralisation du capital, l’élimination des petits et moyens capitalistes, le renforcement de l’exploitation des ouvriers, la spoliation des petits producteurs indépendants et des artisans. Les prêts sur hypothèque ruinent les paysans, car le paiement des intérêts, qui absorbe la majeure partie de leur revenu, ruine leur exploitation. L’amortissement de la dette se fait souvent par la mise en vente des biens et de la terre des paysans tombés sous la dépendance des banques.

    Les banques, en concentrant tous les fonds liquides de la société et en jouant le rôle d’intermédiaires pour le crédit, constituent une sorte d’appareil de distribution spontanée des ressources entre les branches de l’économie. Cette distribution se fait non point dans l’intérêt de la société ni conformément à ses besoins, mais au profit des capitalistes. Le crédit concourt à élargir la production, mais cet élargissement se heurte sans cesse au cadre étroit de la demande solvable. Le crédit et les banques accentuent la socialisation du travail, mais le caractère social de la production entre en conflit de plus en plus aigu avec la forme privée de l’appropriation capitaliste. Ainsi, le développement du crédit aggrave les contradictions du mode de production capitaliste et en accentue l’anarchie.

    13.4. Les sociétés par actions. Le capital fictif.

    Dans les pays capitalistes modernes, l’immense majorité des grandes entreprises se présente sous la forme de sociétés par actions. Celles-ci sont nées au début du 17e siècle, mais elles n’ont pris de l’extension que depuis la seconde moitié du 19e siècle.

    La société par actions est une forme d’entreprise dont le capital est constitué par les versements effectués par ses participants, qui possèdent un certain nombre d’actions, proportionnel au montant des sommes investies par chacun d’eux. L’action est un titre qui donne le droit de toucher une partie du revenu de l’entreprise, proportionnellement à la somme qu’elle représente.

    Le revenu que le possesseur d’actions en retire s’appelle dividende. Les actions se vendent et s’achètent à un prix déterminé qui en est le cours.

    Le capitaliste, qui achète des actions, pourrait placer son capital à la banque et toucher, par exemple, un intérêt de 5 %. Mais ce revenu ne le satisfait point et il préfère acheter des actions. Il est vrai que la chose comporte un risque, mais en revanche elle lui fait entrevoir un revenu plus élevé. Supposons qu’un capital social de dix millions de dollars soit partagé en 20 000 actions de 500 dollars chacune, et que l’entreprise ait rapporté un million de dollars de bénéfices. La société par actions décide de prélever sur cette somme 250 000 dollars de capital de réserve et de répartir les 750 000 dollars restants à titre de dividende entre les actionnaires. Chaque action rapportera alors à son possesseur un revenu, sous forme de dividende, de 37,5 dollars (750 000 dollars divisés par 20 000 actions), soit 7,5 % d’intérêt.

    Les actionnaires s’efforcent de vendre les actions pour une somme qui, déposée en banque, leur rapporterait à titre d’intérêt le même revenu qu’ils reçoivent sous forme de dividende. Si une action de 500 dollars a rapporté 37,5 dollars de dividende, les actionnaires s’efforceront de la vendre 750 dollars, car en déposant cette somme dans une banque, qui paie 5 % d’intérêt pour les dépôts, on peut retirer les mêmes 37,5 dollars sous forme d’intérêt. Mais les acheteurs d’actions, en raison des risques qu’ils courent en investissant un capital dans la société par actions, cherchent à acquérir les actions pour une somme inférieure. Le cours des actions dépend du taux du dividende et du niveau de l’intérêt du capital de prêt. Le cours des actions s’élève lorsque s’élève le dividende ou que le taux d’intérêt tombe ; inversement, il décroît avec la diminution du dividende ou avec l’augmentation du taux d’intérêt.

    La différence entre la somme des prix des actions émises à la fondation de l’entreprise par actions, et la grandeur du capital réellement investi dans cette entreprise, forme le profit de constitution, une des sources importantes de l’enrichissement des gros capitalistes.

    Si le capital investi antérieurement dans l’entreprise est de 10 millions de dollars, et si la somme des prix des actions émises était de 15 millions de dollars, le profit de constitution se montera alors à 5 millions de dollars.

    À la suite de la transformation de l’entreprise individuelle en société par actions, le capital acquiert pour ainsi dire une existence double. Le capital effectif de 10 millions de dollars, investi dans l’entreprise, existe sous la forme de bâtiments d’usine, de machines, de matières premières, d’entrepôts, de produits finis, sous la forme, enfin, de certaines sommes d’argent dans la caisse de l’entreprise ou à un compte courant dans une banque. Mais à côté de ce capital réel, lors de l’organisation de la société par actions, apparaissent des titres, des actions d’un montant de 15 millions de dollars. L’action n’est que le reflet du capital réellement existant de l’entreprise. Mais, les actions ont désormais une existence indépendante de l’entreprise ; on les achète et on les vend ; les banques accordent des prêts sur les actions, etc.

    Théoriquement, l’organisme suprême de la société par actions est l’assemblée générale des actionnaires, qui élit un conseil d’administration, nomme les directeurs, entend et approuve le compte rendu d’activité de l’entreprise, règle les questions essentielles du fonctionnement de la société. Cependant le nombre des voix à l’assemblée générale est fonction du nombre des actions représentées par leurs propriétaires. Aussi la société se trouve-t-elle en fait entièrement entre les mains d’une poignée de grands actionnaires. Comme un certain nombre d’actions se trouve réparti entre de petits et moyens possesseurs, qui n’ont pas la possibilité d’exercer une influence sur la marche des affaires, les plus gros capitalistes n’ont pratiquement même pas besoin de détenir la moitié des actions pour être les maîtres de la société. La quantité d’actions qui donne la possibilité de dominer complètement la société par actions porte le nom de participation de contrôle.

    Ainsi, la société par actions est une des formes sous lesquelles le grand capital met la main sur les ressources des petits et moyens capitalistes et les utilise dans son intérêt. L’expansion des sociétés par actions contribue puissamment à centraliser le capital et à concentrer la production.

    Le capital sous forme de titres rapportant un revenu à leurs possesseurs est appelé capital fictif ; il consiste en actions et obligations. L’obligation est une créance délivrée par les entreprises ou l’État et qui rapporte à son détenteur un intérêt annuel fixe.

    Les titres (actions, obligations, etc.) s’achètent et se vendent dans les Bourses de valeurs. Ce sont des marchés de titres. La Bourse enregistre le cours auquel les titres se vendent et s’achètent ; d’après ce cours s’effectuent aussi les transactions sur les titres en dehors de la Bourse (par exemple, dans les banques). Le cours des titres dépend du taux de l’intérêt et du plafond du revenu qu’on en escompte. C’est à la Bourse qu’a lieu la spéculation sur les titres, Comme tous les avantages, en matière de spéculation, sont du côté des gros et très gros capitalistes, la spéculation en Bourse contribue à la centralisation des capitaux, à l’enrichissement des gros capitalistes et à la ruine des moyens et des petits possédants.

    Le développement du crédit, et surtout des sociétés par actions, transforme de plus en plus le capitaliste en un percepteur d’intérêts et de dividendes, tandis que la production est dirigée par des personnes salariées : administrateurs, directeurs. Ainsi s’accentue de plus en plus le caractère parasite de la propriété capitaliste.

    13.5. La circulation monétaire des pays capitalistes.

    Dès avant la naissance du capitalisme, des systèmes monétaires métalliques ont fait leur apparition, dans lesquels le métal joue le rôle de marchandise-monnaie. Les systèmes de monnaie métallique se divisent en systèmes bimétalliques, lorsque simultanément deux métaux — l’argent et l’or — sont la mesure de la valeur et la base de la circulation monétaire, et systèmes monométalliques, lorsque ce rôle est rempli par l’un seulement des deux métaux indiqués. Dès le début du développement du capitalisme (du 16e au 18e siècle), de nombreux pays avaient des systèmes monétaires bimétalliques. À la fin du 19e siècle, presque tous les pays capitalistes avaient adopté un système monométallique, celui de la monnaie-or.

    Les traits essentiels du système du monométallisme-or sont le libre monnayage de l’or, le change libre des autres signes monétaires contre des pièces d’or et le libre mouvement de l’or entre les pays. Le libre monnayage de l’or signifie le droit pour les particuliers d’échanger à l’Hôtel des Monnaies l’or dont ils disposent contre des pièces. En même temps, les possesseurs de pièces ont la possibilité de transformer ces pièces en lingots d’or. C’est ainsi que s’établit un lien direct et très étroit entre l’or en tant que marchandise et les pièces d’or.

    Avec ce système, la quantité de monnaie en circulation correspond spontanément aux besoins de la circulation des marchandises. S’il y a excédent de monnaie, une partie de celle-ci quitte la sphère de la circulation et se convertit en trésor. S’il y a pénurie de monnaie, celle-ci afflue dans la sphère de la circulation ; la monnaie, de trésor, se transforme en moyen de circulation et en moyen de paiement. Pour assurer les petites transactions sous le régime du monométallisme-or, on met en circulation des monnaies de moindre valeur, faites d’un métal moins coûteux : argent, cuivre, etc.

    L’instrument des règlements internationaux dans les opérations commerciales et financières est l’or, monnaie universelle. L’échange de la monnaie d’un pays contre la monnaie d’un autre pays se fait au cours du change. Le cours du change est le prix de l’unité monétaire d’un pays exprimé en unités monétaires d’autres pays. Par exemple, une livre sterling est égale à telle quantité de dollars.

    Les règlements en matière de commerce extérieur peuvent s’effectuer aussi sans faire usage de l’or ni de devises étrangères. Cela peut être, dans un cas, le clearing, c’est-à-dire la mise en compte réciproque d’engagements relatifs à des livraisons de marchandises dans un commerce bilatéral ; dans un autre cas, les règlements entre pays peuvent se faire par virement de traites d’un pays à l’autre, sans transfert d’or.

    Avec le développement des rapports de crédit et de la fonction de la monnaie comme moyen de paiement, apparaît la monnaie de crédit qui a reçu un large développement. Les traites, les billets de banque, les chèques se sont mis à servir surtout de moyen, de paiement. Bien que n’étant pas de la monnaie, la traite peut cependant servir de moyen de paiement en passant d’un capitaliste à l’autre.

    Les banques émettent leurs propres créances ; celles-ci sont de la monnaie de crédit, qui joue le rôle de moyen de circulation et de moyen de paiement. Les billets de banque sont la principale forme de monnaie de crédit. Ils sont émis par les banques en contrepartie des lettres de change qu’elles reçoivent. Cela veut dire qu’à la base du billet de banque il y a, en définitive, une transaction commerciale.

    L’émission de billets de banque met au service d’une circulation accrue des marchandises des moyens de circulation et de paiement, sans que la quantité de monnaie métallique soit augmentée. Avec la circulation-or, les billets de banque peuvent être convertis à tout moment par les banques en or ou en autres monnaies métalliques. Dès lors, les billets de banque circulent à l’égal des monnaies d’or et ne peuvent se déprécier, car, en plus de la garantie-crédit, ils ont encore une garantie métallique. Avec le progrès du capitalisme, il se produit une réduction relative de la quantité d’or en circulation. L’or s’accumule de plus en plus sous forme de fonds de réserve dans les banques centrales d’émission.

    Les États capitalistes ont entrepris de former des réserves d’or afin d’affermir leurs positions dans le commerce extérieur, de mettre la main sur des marchés nouveaux, de préparer et de mener des guerres. On a d’abord remplacé l’or en circulation par des billets de banque, puis on l’a remplacé par du papier-monnaie. Si au début, les billets de banque étaient, en règle générale, échangés contre de For, on a émis par la suite des billets de banque non échangeables. Cela a rapproché notablement les billets de banque du papier-monnaie.

    Comme on l’a déjà dit, le papier-monnaie est né du développement de la fonction de la monnaie en tant que moyen de circulation. Le papier-monnaie émis par l’État, avec cours forcé, n’est pas convertible en or et il est le représentant de la monnaie métallique véritable dans sa fonction de moyen de circulation.

    Depuis le début de la première guerre impérialiste mondiale (1914-1918), la plupart des pays capitalistes ont adopté le système de circulation du papier-monnaie. À l’heure actuelle dans aucun pays ne circule de monnaie-or. Les classes dirigeantes des États capitalistes utilisent l’émission de billets de banque non échangeables, de papier-monnaie, ainsi que la dépréciation des devises comme un moyen supplémentaire d’exploitation et de spoliation des travailleurs.

    Cela se manifeste de façon particulièrement nette en cas d’inflation. Celle-ci est caractérisée par la présence dans les canaux de circulation d’une masse excédentaire de papier-monnaie, par sa dépréciation, par la hausse des prix des marchandises, par la chute du salaire réel des ouvriers et des employés, et la ruine accrue des paysans, par l’accroissement des profits capitalistes et des revenus des propriétaires fonciers.

    Les États bourgeois utilisent l’inflation comme un instrument de guerre économique contre les autres pays et de conquête de nouveaux débouchés. L’inflation procure souvent des profits supplémentaires aux exportateurs qui achètent des marchandises dans leur pays avec de l’argent déprécié et les vendent à l’étranger contre des devises fermes. En même temps, l’aggravation de l’inflation jette le désordre dans la vie économique et provoque l’indignation des masses. Cela oblige les États bourgeois à pratiquer des réformes monétaires pour consolider le système monétaire et stabiliser les changes.

    La réforme monétaire la plus répandue est la dévaluation. La dévaluation est la baisse officielle du cours du papier-monnaie par rapport à l’unité de monnaie métallique : le papier-monnaie vieilli et déprécié est échangé contre une quantité inférieure de monnaie nouvelle. Ainsi, en Allemagne, en 1924, la vieille monnaie dépréciée a été échangée contre de nouveaux marks-or, à raison d’un trillion de marks anciens contre un mark nouveau.

    Dans nombre de cas, la dévaluation ne s’accompagne pas de l’échange de l’ancien papier-monnaie contre du nouveau.

    Les réformes monétaires dans les pays capitalistes se font aux dépens des travailleurs par l’augmentation des impôts et la diminution des salaires.

    Résumé du chapitre 13

    1. Le capital de prêt est le capital-argent que son possesseur met pour un temps à la disposition du capitaliste contre une rétribution sous forme d’un intérêt de prêt. L’intérêt de prêt est une partie du profit du capitaliste industriel, remise au propriétaire du capital de prêt.

    2. Le crédit capitaliste est une forme du mouvement du capital de prêt. Ses formes essentielles sont le crédit commercial et le crédit bancaire. Les banques concentrent dans leurs mains les fonds liquides de la société et les mettent sous forme de capital-argent à la disposition des capitalistes exploitants : industriels et commerçants. Les progrès du crédit accentuent les contradictions capitalistes. La séparation de la propriété du capital et de l’emploi du capital dans la production met en évidence le caractère parasite de la propriété capitaliste.

    3. La société par actions est une forme d’entreprise dont le capital est composé des apports effectués par les participants, possesseurs d’un nombre déterminé d’actions, en proportion des fonds investis par chacun d’eux. Dans les sociétés par actions le gros capital met la main sur les ressources des petits et moyens capitalistes et les utilise dans son intérêt Les sociétés par actions renforcent la centralisation du capital.

    4. Avec le développement du crédit, les billets de banque, monnaie de crédit émise par les banques en contrepartie des lettres de change, prennent une large extension. Les classes, dominantes de la société capitaliste utilisent l’émission du papier-monnaie pour renforcer l’exploitation des travailleurs. Au moyen de l’inflation, les dépenses de l’État retombent sur le dos des masses populaires. Les réformes monétaires sont faites par les États capitalistes aux dépens des travailleurs.


    votre commentaire
  • Un an après la mort du chanteur, Colette, sa femme, a ouvert leur maison d’Antraigues à Michel Drucker pour Paris Match.

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

     Un entretien avec Michel Drucker - Paris Match

    Quand il m’arrive de me retourner sur ma longue vie d’homme de télé, je découvre avec un certain étonnement que cet étrange métier ne m’a pas donné beaucoup l’occasion de me faire de vrais amis, au sens solide du terme. Le monde des artistes est un monde à part, peuplé d’êtres à la fois forts et fragiles, qui vivent en permanence dans l’inquiétude et l’incertitude du lendemain. Centrés sur eux-mêmes, effrayés par la peur de disparaître, de ne pas tenir la distance. Leur ego occupe tout leur temps, tout leur espace. Avoir une relation d’amitié très forte demande un minimum d’investissement. « Parlez-moi de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse » laisse peu d’espoir à un « retour sur investissement ».

    L’amitié, comme une fleur, a besoin d’être arrosée régulièrement pour ne pas pâlir, jaunir, se flétrir et mourir jeune. J’ai pourtant, dans mon panthéon, quelques très rares ­personnalités avec qui j’ai noué une relation forte. Elles sont mes références, mes repères, mes guides, mes consciences. Jean Ferrat était de celles-là. Il est entré dans ma vie il y a près de trente ans, prudemment, silencieusement, sur la pointe des pieds. Quelques grandes émissions de télé et des visites régulières dans son repaire ardéchois ont suffi à tisser un lien durable, à établir entre nous un rapport fraternel fait de ­discrétion, de pudeur, de non-dits et, au cours de ces dernières années, de nombreux coups de téléphone brefs, compte tenu de son état de santé. Son souffle court et la gravité de sa voix, si chaude habituellement, traduisaient son angoisse, sa souffrance, son désarroi.

    Je n’étais pas revenu à Antraigues-sur-Volane depuis sa disparition. Ma dernière visite avait eu lieu le dernier été qui précéda sa mort. Cet après-midi d’août 2009, avant mon ­décollage en hélicoptère du stade d’Antraigues, il m’avait ­demandé de survoler une dernière fois sa petite maison, ­accrochée au flanc de la montagne. Le salut qu’il m’adressa depuis sa terrasse, la main sur le cœur, était un adieu. Il se ­savait au bout du voyage mais il continuait à se battre pour ne pas abandonner Colette, la femme de sa vie. Jean et ­Colette, Colette et Jean. Quarante ans d’amour, de complicité et, à la fin, une lutte de chaque jour contre la maladie.
    Pour la ­première fois, Colette me reçoit seule et, à peine descendues les premières marches de cette maison toute en petites terrasses ombragées, j’ai l’impression que Jean va me rejoindre. Des souvenirs m’envahissent, précis. Oural, son berger allemand à poil long (il lui avait dédié une chanson), va venir frôler nos jambes, je le sens. Il doit être en contrebas, avec son maître qui pêche au bord du torrent. Jean se repose ; il fait sa sieste. A moins qu’il ne soit dans son petit bureau. Je crois entendre quelques accords de guitare. Il finit de ciseler un texte, comme un ébéniste polit son meuble. Les camélias sont en fleur ; il fait un temps d’été. Yves Jouanny, le copain restaurateur de La Remise, la « cantine » de Jean au village, va apporter des truites pêchées le matin même pour le déjeuner, et Jean­ ­ouvrira une bouteille de blanc. Je l’entends me dire : « Michel, demande à ton copain Besancenot de ne pas diviser son camp. Il a un beau coup à jouer avec Mélenchon. La gauche doit être unie sinon elle ratera le coche. » Colette me sourit, son regard voilé me dit tant de choses.

    Paris Match. Colette, quels souvenirs gardes-tu de ta ­première rencontre avec Jean Ferrat ?
    Colette Ferrat. C’est une image très précise. Nous sortions du Temps perdu, un petit café-restaurant-cabaret sur la place d’Antraigues. Il avait une DS 19 blanche, voiture mythique de l’époque. J’étais un peu désemparée car ma vieille Porsche 912 était en panne. Me voyant contrariée, il est venu me rassurer, il m’a embrassée gentiment. Je n’ai jamais oublié ce moment. Il était déjà installé à Antraigues depuis quelques années.

    Que faisais-tu à l’époque ?
    J’étais monitrice d’éducation physique au lycée ­Triboulet à Romans. J’habitais Valence et, d’habitude, je faisais la route à Vespa.

    Que représentait Jean Ferrat pour toi dans les années 60 ?
    Je connaissais peu l’artiste car j’écoutais surtout Brassens. Mais, très vite, j’ai découvert son répertoire, la profondeur de ses textes et sa voix envoûtante.

    A quoi ressemblait votre vie au quotidien, dans cette région si sauvage ?
    Jean a eu une vie d’artisan dont le grand bonheur était, avant tout, d’écrire et de composer. Nous menions une existence calme, rythmée par les saisons, très marquées dans cette région unique. Jean aimait beaucoup sa maison, qui n’était qu’une grange quand il l’a achetée. Une maison accrochée à une pente rocheuse, au flanc d’une petite montagne surplombant un torrent où il aimait pêcher. Quatre bergers allemands à poil long nous ont accompagnés pendant de longues années. Ouralou, Machu-Picchu, Java et ­Eldorado. Il a adoré ses chiens.

    N’a-t-il pas eu parfois envie de revenir à la scène, qu’il avait quittée si tôt ? Sa dernière apparition parisienne ne datait-elle pas de 1972 au Palais des Sports ?
    Pas vraiment, même si, parfois, je l’entendais me dire : “Tout de même, Aznavour, Nougaro, quelle pêche !” Mais quand il a ­décidé de quitter le métier, il sentait que faire de la scène devenait trop technique, trop gigantesque. Il n’avait plus la force d’assurer des tournées devenues des barnums. Jean venait du cabaret. Brel avait pris la même décision quelques années plus tôt.

    Gardait-il quand même le contact avec le métier ?
    Assez peu. Mais il se tenait au courant. Il écoutait beaucoup France Inter malgré la tristesse et, parfois, la colère qu’il ressentait de ne pas être programmé sur cette radio de service public. Il s’en était ouvert à la ­direction des programmes de l’époque. Et puis, il était en relation permanente avec Gérard Meys, son ami et homme de confiance, producteur et éditeur. Ils ont formé un couple unique pendant cinquante-deux ans. Isabelle Aubret a toujours été là, elle aussi. Il la considérait un peu comme sa petite sœur et sa meilleure interprète. Sans oublier Francesca Solleville, fidèle parmi les fidèles. Ce trio est indissociable de la vie de Jean.

    Suivait-il de près l’actualité en général ?
    Il regardait les journaux télévisés et s’inquiétait beaucoup à l’approche du XXIe siècle. Ce qui vient de se passer au Japon lui aurait certainement inspiré une chanson sur la folie des hommes et la révolte de la planète.

    Derrière son regard sombre, quelquefois mélancolique, et son répertoire grave, Jean aimait-il rire ?
    Il aimait la vie, et si certaines chansons ont évoqué les grands problèmes du monde, la faiblesse des plus démunis, la classe ouvrière, les paradoxes et les violences des régimes ­communistes, l’antisémitisme, il avait des moments de grande joie et de bonheur partagé. Les parties de boules sur la place d’Antraigues avec Félicien, à qui il a dédié une chanson, les soirées passées à jouer aux cartes étaient ses petits bonheurs à lui.

    Et il aimait aussi beaucoup le tennis !
    Jean était fou de tennis. Avant ses ennuis pulmonaires, il jouait souvent en simple et en double sur les courts du village. Il n’a jamais raté un tournoi du Grand Chelem. Il veillait ­souvent la nuit ou se levait tôt pour les différés d’Australie et des Etats-Unis. Il adorait Wimbledon et Roland-Garros. Nous ­allions parfois porte d’Auteuil et aussi à Monte-Carlo. ­Federer a été son idole. Il le considérait comme un grand artiste, comme un créateur.

    Parlait-il souvent de ses origines ?
    Rarement, mais il n’a jamais oublié qu’il s’appelait Jean Tenenbaum, dont le père n’est jamais revenu d’Auschwitz. C’était une douleur secrète. “Nuit et Brouillard” est une chanson majeure de son répertoire, comme “Potemkine” ou encore “Le bilan”.

    Quelles sont tes chansons préférées ?
    Evidemment “Aimer à perdre la raison”, “Que serais-je sans toi”. Mais je crois que ma préférence va à “Ma France”. Tout est dit dans cette chanson.

    Quelles sont les images qui reviennent quand tu penses à vous deux ?
    Je pense à Jean tout le temps, souvent la nuit quand je ne trouve pas le sommeil. Je revis nos merveilleux voyages en Jordanie, au Kenya, en Egypte ; je revois nos croisières en Norvège, en Italie, en Grèce, nos périples gastronomiques. Nous connaissions la plupart des chefs étoilés de France. Jean adorait la grande cuisine. C’était un épicurien, un bon vivant. Si vous écoutez “L’amour est cerise”, vous découvrez un autre Ferrat, qui plaisait beaucoup aux femmes. Il m’est arrivé de demander à certaines fans, venues frapper à notre porte ou s’étant introduites dans notre jardin, de respecter sa tranquillité. Mais il aimait les gens, leur parler, connaître leur vie. Il n’était pas un mondain.

    Comment aurait-il vécu cette vague d’émotion qui a submergé les Français au lendemain de sa mort et ce défilé ininterrompu qui a lieu chaque week-end sur sa tombe ?
    Il aurait été absolument sidéré par ces réactions. Jamais il n’aurait pensé être aussi présent dans le cœur des gens car, disons la vérité, qui, à part toi, Michel, a parlé à Ferrat et l’a programmé à la radio et à la télé pendant toutes ces années ? J’ajoute que le succès considérable des CD et des DVD sortis depuis un an lui aurait fait chaud au cœur.

    Comment ce petit village d’Antraigues va-t-il continuer à vivre sans la présence de Jean ?
    En 2012 naîtra un festival de la chanson et bientôt ­ouvrira la Maison Jean-Ferrat, sur la place du village. Ce sera un lieu de culture vivante où se rencontreront des auteurs, des ­comédiens, des poètes. Jean connaissait et aimait ce projet. Ce travail de mémoire est ma façon de continuer à aimer l’homme qui m’a rendue si heureuse pendant toute une vie. Que serais-je sans lui ?

    http://www.parismatch.com

    A voir aussi

    A lire aussi

     

     

     


    votre commentaire
  • En théorie, à partir de ce dimanche, d'autres compagnies peuvent exploiter les lignes de l'hexagone. Mais, en pratique, la SNCF restera sans concurrent avant au moins l'été prochain. Explications.

    A la gare SNCF de Marseille, fin octobre.

    A la gare SNCF de Marseille, fin octobre. (Reuters)

    L'ouverture des trains français à la concurrence, voulue par Bruxelles, commence officiellement dimanche avec les relations internationales, mais la SNCF restera dans la pratique sans concurrent avant au moins l'été prochain.

    «C'est un peu le désert des Tartares. On se prépare, mais on ne voit rien venir!», s'amuse Sophie Boissard, directrice générale de Gares et Connexions, la nouvelle entité chargée de la gestion des gares au sein de la SNCF.

    On attendait la Deutsche Bahn, une alliance de Veolia et d'Air France-KLM ou encore Virgin. C'est finalement la compagnie publique Trenitalia qui, seule, doit venir concurrencer la SNCF sur ses terres. Mais elle ne sera pas prête avant l'été.

    «J'espère bien qu'ils vont finir par venir, les Italiens, comme ça on arrêtera de nous accuser de faire de l'obstruction à l'arrivée de la concurrence», lance Guillaume Pepy, président de la SNCF.

    La SNCF, soupçonnée d'avoir freiné l'ouverture 

    L'opérateur historique est en effet souvent soupçonné d'avoir tout fait pour freiner le mouvement d'ouverture du marché, alors qu'il ne se gêne pas pour aller exploiter des lignes dans les pays voisins qui, eux, ont précédé le mouvement de libéralisation européen. A cette question, la SNCF renvoie la balle au gouvernement français, seul maître en la matière.

    Une autre compagnie, la petite entreprise allemande Georg Verkehrsorganisation GmbH, s'était montrée intéressée à la surprise générale, mais a renoncé. La SNCF voit en elle «un faux-nez de la Commission européenne», qui l'aurait utilisée pour voir «de l'intérieur» comment s'ouvre le marché français.

    Pour commencer, Trenitalia a prévu d'assurer deux allers et retours quotidiens de Paris à Milan et de Paris à Gênes. En chemin, elle s'arrêterait dans six gares françaises: Chambéry, Modane, Avignon TGV, Aix-en-Provence TGV, Marseille et Nice.

    Quand elle arrivera, la compagnie italienne sera autorisée à prendre des passagers entre ces gares, à condition que son activité franco-française reste minoritaire.

    Faire de la place les ventes de billets

    L'Association française du Rail (Afra), qui regroupe les concurrents de la SNCF, estime que cette condition, trop restrictive, aura «pour principal effet de menacer la rentabilité des nouvelles dessertes et de décourager les nouvelles entreprises ferroviaires à se développer sur le marché français.»

    Se lancer dans l'aventure exige en effet d'avoir les reins solides: il faut acquérir du matériel conforme aux voies françaises, régler le problème de sa maintenance, trouver du personnel qualifié (et francophone)... et obtenir des sillons, les créneaux de circulation des trains.

    Si la loi qui permet ce soupçon de concurrence vient d'être adoptée, la SNCF gardera jusqu'à nouvel ordre le monopole des liaisons intérieures. Aucune date n'est encore fixée pour une éventuelle arrivée de nouveaux opérateurs sur les grandes lignes, tandis que la question des trains express régionaux a prudemment été reportée après les élections régionales.

    En attendant, le paysage ferroviaire national a tout de même été aménagé. Un organisme public, l'Autorité de Régulation des Activités ferroviaires (Araf) doit régler les conflits qui pourraient éclater entre les futurs opérateurs et avec la SNCF, d'autant que cette dernière va garder la main sur l'organisation de la circulation des trains et la gestion des gares.

    Il faudra en effet faire de la place pour que toutes les compagnies puissent vendre leurs billets. A cet égard, la SNCF jure qu'elle sera sans reproche: «On peut faire un pari, propose la patronne des gares Sophie Boissard. Les nouveaux entrants auront vraisemblablement les meilleurs espaces!»

    (Source AFP)

    http://www.liberation.fr/economie

    Veolia veut lancer des TGV en France dès 2012

    Le groupe français Veolia pourrait s'allier avec la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia afin de concurrencer la SNCF avec des prix beaucoup plus bas.

    Le groupe français Veolia pourrait s'allier avec la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia pour lancer des TGV à partir de 2012 en France afin de concurrencer la SNCF avec des prix beaucoup plus bas, affirme le Figaro mercredi.

    "Veolia serait sur le point de conclure un accord avec Trenitalia, la division transport de voyageurs de l'opérateur italien public italien Ferrovie dello Stato, pour faire rouler des TGV en France début 2012", écrit le quotidien, qui ne cite pas ses sources.

    Selon Le Figaro, Veolia reprendrait un projet élaboré en 2008 avec Air France, auquel la compagnie aérienne a finalement renoncé en octobre dernier, et qui s'articulait autour de trois lignes TGV.

    Concurrent du Thalys?

    Il s'agirait de l'axe Bruxelles-Paris-Lyon qui permet notamment de concurrencer le Thalys, d'une ligne Paris-Londres, concurrente d'Eurostar mais également rivale de la SNCF sur Paris-Lille, et d'une ligne Paris-Strasbourg, avec une branche contrant la ligne grande vitesse exploitée jusqu'en Allemagne par la SNCF et son homologue allemande Deutsche Bahn.

    Une autre branche pourrait aussi rejoindre Bâle en Suisse, avec un arrêt à Mulhouse, précise le quotidien.

    Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Veolia n'a pas souhaité faire de commentaires.

    Ce projet est rendu possible par la libéralisation du trafic ferroviaire en Europe, qui permet à un opérateur de faire rouler ses trains en France à condition qu'ils aient un trajet entre au moins deux Etats, selon Le Figaro.

    Ensemble, Veolia et Trenitalia vont bénéficier de coûts d'exploitation de 30% inférieurs à ceux de la SNCF du seul fait du régime des cheminots, poursuit le quotidien, ce qui en ferait la compagnie low-cost du TGV.

    Les premières projections de tarifs qui avaient été estimées avec Air France tablaient par exemple sur un Paris-Lyon à 30 euros en seconde classe contre une fourchette de 41 à 63,10 euros pour la SNCF (billet "Loisirs", période normale).

    (Source AFP)

    http://www.liberation.fr/economie


    votre commentaire
  • 9 AVRIL À BUDAPEST : Euromanif contre l’austérité. La Confédération européenne des syndicats appelle à une Euro-manifestation à Budapest pour dire « Non à l’Austérité – Pour l’Europe sociale, pour des salaires équitables et pour l’emploi »

     

    La Confédération européenne des syndicats appelle à une Euro-manifestation à Budapest pour dire « Non à l’Austérité – Pour l’Europe sociale, pour des salaires équitables et pour l’emploi » le 9 avril prochain.

    Une autre politique est indispensable

    Avec la CES, les organisations syndicales françaises revendiquent des politiques donnant la priorité à l’investissement et à la croissance, à l’emploi et à la solidarité. Nous voulons une Europe sociale. Une Europe du plein emploi, d’emplois de qualité et du bien être de ses peuples.

    La diminution de l’endettement des Etats doit être progressive dans une démarche qui assure la justice et la cohésion sociale. Il est nécessaire de trouver de nouvelles recettes provenant des revenus du capital, d’une taxe sur les transactions financières et de la fiscalité écologique.

    Des réformes fiscales s’imposent pour des impôts plus justes et pour supprimer le dumping fiscal. Il faut établir une taxe européenne minimum sur les bénéfices des entreprises, basée sur une assiette harmonisée.

    Le dumping social doit être combattu par le renforcement du socle social européen. Cela passe par la mise en place d’un salaire minimum dans chaque Etat membre.

    Enfin une croissance durable doit être assurée par des politiques européennes de relance de l’économie privilégiant les investissements dans l’éducation et la formation, la recherchedéveloppement et l’innovation, et dans les infrastructures.

    Les organisations syndicales française CFDT, CFTC, CGT, UNSA, dans la continuité de l’action qu’elles mènent au plan national depuis décembre 2008, enverront des délégations à la manifestation européenne de Budapest le 9 avril prochain. En France, elles appellent les salariés à se mobiliser le 24 mars pour faire pression sur les chefs d’Etat et des gouvernements des Etats membres de l’Union, réunis ce jour, en participant massivement aux initiatives intersyndicales.

    Euromanif à Budapest : les explications de John Monks  

    "Nous sommes mobilisés contre l'austérité". Entretien avec le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui organise la manifestation à Budapest aujourd'hui. Il répond aux des questions de l'Humanité.

    La manifestation de ce samedi suit les rassemblements nationaux qui ont eu lieu à Bruxelles, Paris, Berlin et Londres, contre les programmes d'austérité. Quel est le lien commun entre toutes ces campagnes ?

    John Monks. L'essentiel est dans le pacte pour l'euro, adopté à Bruxelles le 11 mars. On a modifié le document rédigé par le président Sarkozy et la chancelière Merkel à Deauville, mais les propositions pour contrôler l'évolution des salaires reposent sur les mêmes bases. Ce pacte, soutenu par la Grande-Bretagne, a pour but de freiner les salaires et de réduire les droits sociaux comme moyen de faire face à la crise. Nous avons vaincu la directive Bolkestein, mais ses idées sont toujours là. Les programmes d'austérité ressemblent plus au traité de Versailles, avec ses conséquences désastreuses, qu'à l'image d'un soi-disant plan Marshall de solidarité entre les nations. Le document de l'UE concernant la gouvernance économique européenne contient aussi de graves omissions. Sur les salaires, il n'est pas fait mention des niveaux croissants d'inégalités, de l'écart qui se creuse entre les riches et les pauvres, ni des banquiers et de leur appétit gargantuesque pour les bonus élevés. Nous sommes mobilisés afin de réclamer un pacte en faveur de plus d'équité et d'égalité et contre l'austérité. Pour autant, la CES se félicite de l'intérêt manifesté par la mise en place de taxes sur les transactions financières, l'émission d'euro-obligations afin de restreindre la spéculation et de financer un plan de relance.

    La révision de la directive sur le temps de travail (DTT) a été achevée au niveau de l'UE fin mars. Êtes-vous inquiet ?

    John Monks. Les propositions du maintien de l'opt-out (dérogation à la durée de travail - NDLR) et de l'extension des périodes de référence, notamment, contredisent les principes de santé et de sécurité au travail. Cette approche est d'autant plus inappropriée que le rapport de mise en ouvre de la Commission met en lumière les problèmes de conformité du droit national avec la DTT. De nombreux travailleurs ne sont pas protégés contre les heures de travail trop longues, ce qui est nuisible à leur santé et à leur sécurité et s'inscrit en violation de leurs droits. La CES est prête à entamer des négociations avec les partenaires sociaux avec comme objectif, la révision globale de la DTT au bénéfice de la santé et de la sécurité des travailleurs.

    Mais quelle alternative proposez-vous ?

    John Monks. Il faut regarder la situation d'une tout autre façon. D'abord, que les banquiers, et non les salariés, paient la note de leurs grandes imprudences. Par exemple, pour résoudre la crise irlandaise, la banque européenne a rassemblé les fonds à un taux d'intérêt de 2 % pour les fournir aux Irlandais à 5 % : bénéfice pour la banque, pénurie pour le peuple. Nous proposons aussi des mesures telles qu'un contrôle plus efficace des services financiers ; l'émission d'euro-obligations ; une aide accrue à l'emploi des jeunes ; et un programme d'investissement industriel durable.

    Et après la manifestation de ce week-end ?

    John Monks. La CES tiendra son congrès à Athènes du 16 au 19 mai. Et là nous allons présenter notre programme avec le slogan « Mobilisez pour une Europe sociale ». Nous avons besoin de lutter dans nos pays et aussi sur le plan international pour faire avancer une autre vision de l'avenir de notre continent.

    A lire :

    --> La CES mobilisée contre le pacte d’austérité

    --> Les syndicats refusent le pacte « des forces du marché »

    --> Pacte pour l'Euro. Le PGE vent debout contre le « pacte de l’argent »

    --> Pacte pour l'Euro. Décryptage et analyse

    Entretien réalisé par Peter Avis


    votre commentaire
  • Plusieurs milliers de personnes ont défilé vendredi dans la capitale Ouagadougou et dans plusieurs autres villes du Burkina Faso pour "exiger des mesures vigoureuses contre la vie chère".

    La Coalition nationale contre la vie chère, organisatrice de la marche, a également appelé à une grève générale qui a perturbé l'activité dans la capitale.

    Les établissements d'enseignement, des services du public et du privé et les commerces étaient fermés à Ouagadougou.

    Les manifestants, dont le cortège s'étirait sur plusieurs kilomètres à travers les artères de la capitale, brandissaient des pancartes et scandaient des slogans dénonçant la flambée des prix des produits de première nécessité.

    "La vie chère, c'est devenu grave. L'alimentation de base, le mil, le riz, le maïs, tout a augmenté. C'est tout le pays qui souffre. Moi, je suis enseignante et je peux vous dire que quand les enfants ne mangent pas bien, ils ne peuvent pas apprendre leurs leçons", affirme Marie Noélie Yameogo, professeur de lycée.

    Entre autres revendications, la coalition exige par ce mouvement le relèvement des salaires et des pensions de tous les agents du public et du privé, mais elle revendique également des mesures contre l'impunité et pour les libertés.

    "Nous avons tenu aussi à exprimer, en sortant massivement à travers tout le pays, notre mécontentement quant aux agressions contre les libertés démocratiques. Nous disons que le peuple a faim, mais il n'a pas faim seulement de riz et de haricot, il a faim et soif aussi de liberté", a affirmé le président de la Coalition contre la vie chère, Tollé Sagnon.

    Par Reuters

    votre commentaire
  • Le compte-rendu synthétique de cette 3ème journée du 16éme congrès de la FSM reste à faire : pays, noms et responsabilités des intervenant(e)s, sujets traités, problématiques, débats, conclusions. Il viendra sous peu. D’ici là, simple feuille tombée de l’immense frondaison du congrès d’Athènes, ci joint :

    Impressions d’un congressiste

    Ce sont des voix venues de loin :

    C’est la voix de la mère qui ne se résigne pas à voir mourir de faim son enfant, alors que tant de richesses sont là, à portée de main, que l’on gaspille, que l’on brade ou que l’on détruit

    C’est la voix de l’homme plié comme un mauvais métal, jeté comme un fruit qu’on écorce.

    Elle montent des cargaisons humaines ballottées pire qu’aucun bétail au gré des ordres des banksters.

    Elles montent des recoins du monde, où vouloir le bonheur humain, c’est risquer la prison, la torture ou la mort, où militer commence par apprendre à vaincre la peur.

    Elles montent des profondeurs des peuples qui n’acceptent plus d’être spoliés, vendus ou humiliés. Ceux qui veulent reconquérir leurs ressources naturelles, ceux qui veulent décider pour leur propre pays, ceux qui veulent retrouver leur identité, leur langue, leur patrie, tout simplement leur dignité.

    Elles montent de partout où l’on relève la tête, où l’on dit dans toutes les langues humaines et d’un seul et même coeur humain : ?ya basta?

    Elle montent de partout où l’on refuse que l’homme soit chair à canon, chair à profit, de partout où l’on veut que la terre soit enfin, enfin, enfin à la mesure humaine.

    Camarades syndicalistes,

    Chaque jour, quels que soient votre secteur d’activité, votre pays, votre façon de lire le soleil, vous vous consacrez à défendre le monde du travail, à élever les consciences, à organiser l’action.

    Camarades syndicalistes,

    écoutez ces voix venues des 5 continents, qui résonnent aujourd’hui sous le ciel fier de Grèce.

    écoutez les, car elles sont des outils précieux pour nos luttes d’aujourd’hui et de demain.

    écoutez les bien car ce sont celles d’un monde nouveau qui frappe inexorablement à la porte.

    René BARTHES délégué du Front Syndical de Classe au 16e congrès


    De : rodrigue
    samedi 9 avril 2011


    votre commentaire
  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

    L’appel à la grève, lancé par FO, la CGT et la CFDT devrait être très suivi, perturbant l’activité dans de nombreux hypers de l’enseigne.

    Journée mouvementée en perspective dans les hypermarchés Carrefour. Selon les syndicats, l’appel à la grève national lancé par FO, la CGT et la CFDT (voir nos éditions du 30 mars) devrait être très suivi aujourd’hui. « Cent cinquante magasins sur plus de 200 devraient être touchés », anticipe Dejan Terglav de FO, le syndicat majoritaire au sein du groupe, « Dans 130 d’entre eux, le mouvement s’annonce dur avec 40 % à 80% de grévistes. » Et dans certains hypers, les clients pourraient trouver portes closes. « Dix ou 15 pourraient fermer une partie de la journée. Ailleurs, des piquets de grève ou des blocages de ronds-points seront organisés », explique Dejan Terglav. Du jamais-vu au sein de l’enseigne, où le dernier conflit remonte à février 2008.

    Le mouvement s’annonce particulièrement fort dans le Sud, le Nord, la Bretagne et dans des villes comme Orléans ou Le Mans, où le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, se rendra en début de matinée. La région parisienne, où les syndicats sont moins implantés, sera moins affectée, même si des perturbations sont attendues à Aulnay, Sevran, ou Villiers-en-Bière.

    Jeudi soir pourtant, la direction de Carrefour a annoncé qu’elle allait « rouvrir les négociations salariales » dès mercredi. « Cela ressemble à une tentative de déstabilisation, s’emporte Serge Corfa, de la CFDT. Mais cela n’a pas eu d’impact sur les salariés. Le malaise est énorme. » La question des salaires a mis le feu aux poudres : l’augmentation de 1% en mars et 1% en octobre proposée par la direction est jugée « indécente » au regard de « la rémunération des actionnaires ». Mais, les syndicats s’inquiètent aussi de la nette dégradation des conditions de travail , des 4500 suppressions de postes… et de la stratégie de leurs actionnaires, le fonds Colony Capital et le Groupe Arnault qui met en vente Dia ainsi que les murs de Carrefour.

    http://www.leparisien.fr/economie/les-hypermarches-carrefour-en-greve-09-04-2011-1400437.php


    votre commentaire
  • http://www.laprovence.com/media/imagecache/article-taille-normale/hermes/2010-01/2010-01-13/2010011218592021.jpgPas bien pleine les urnes. Pourquoi ?

     

    Notre camarade Charles Hoarau a repris les résultats des élections cantonales.

    Il s'est livré à une analyse très fine des tendances, réalités, manifestées par les chiffres officiels nationaux.

     

    Il arrive par une démonstration incontestable aux mêmes conclusions que La Canaille avait avancé à chaud dès le premier tour puis dans les heures qui ont suivi le second.

     

    Son travail est un argumentaire de fond pour les mois à venir sur la réalité du vote politique qu'est l'abstention. Il éclaire l'usage fait comme miroir antidémocratique, de la confiscation de l'idée du vote qu'à partir des sufrages exprimés, non rapportés aux inscrits, qui satisfait le microcosme politicien et péri politicard.


    Une étude qui confirme la redistribution des cartes entre droite extrème masquée de l'UMP et extrème droite du FN. et confondu la non progression du nombre d'électeurs de ces droites, leur reculs. Il pointe enfin la perte de substance du vote des quartiers populaires, la montée du vote FN en zone rurale et les centres villes cossus. Des votes et abstentions de classe. 


    Voici in extenso son argumentation : 

     

    Les élections se sont donc terminées comme la presse (la grande, celle qui compte) l’avait prédit, dit et redit : le FN grâce à sa nouvelle dirigeante, « plus forte d’entre les forts » a ramassé la mise d’une partie que la droite avait perdue, discréditée par un président colérique et instable. 
    La gauche (comprenez le PS puisque c’est la seule force qui compte à leurs yeux) peut nourrir un espoir certain (pour 2012 évidemment seule élection qui compte !) à condition qu’elle se rassemble devant un chef incontesté, qu’elle cesse donc ses querelles intestines afin de vaincre une extrême droite plus menaçante que jamais. 
    Ça c’est ce qu’ils nous ont servi pendant des mois avant, pendant et depuis l’élection.

    En prévision de la victoire future du FN (et qui donc appellerait une réaction « républicaine » sans faille) Marine Le Pen s’est retrouvée invitée quasi quotidienne des médias. On se croirait, à une lettre près, à une de ces séries pour enfants d’il y a quelques années : Marine au congrès, Marine en débat, Marine à Lampedusa, Marine et la droite, Marine et la gauche, Marine au Maroc, Marine en Israël…. Dans les régions, pour ne pas être en reste, la presse locale en a fait de même. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, sur le canton de Marseille St Barthélémy où Rouge Vif 13 se présentait, le représentant du FN, qui n’a jamais été élu, a eu droit avant le 1er tour, à 22 articles de la presse écrite et 7 passages télévisés. Si ce n’est pas de la promotion c’est quoi d’autre ?…

    Pour enfoncer le clou, des sondeurs furent aussi sollicités qui aboutirent tous à la même conclusion : Marine est en position de force. Sondages tous plus contestables les uns que les autres, ce que d’autres que nous ont démontré avec assez de rigueur pour nous n’ayons pas à nous étendre sur le sujet.

    Au lendemain du second tour, quelques voix peu nombreuses mettaient en cause partiellement le discours officiel sans toutefois expliquer ce qui ressemble à un vrai paradoxe : comment dans un pays qui a connu à l’automne un record de mobilisation sociale, peut-il succéder un printemps de la désaffection électorale ?

    Que penser des résultats ?

    Progression du FN ? Du PS ? Quel est l’élément déterminant qui ressort de ces élections ? 
    S’il ne convient pas de négliger l’onde de choc psychologique que peut produire l’apparente progression du FN (du moins dans les votes exprimés), une analyse approfondie des chiffres s’impose pour qui veut répondre à la question : qui progresse en France ? 
    Pour faire celle-ci nous nous sommes penchés sur le résultat [1] des élections depuis 30 ans et un certain 10 mai 1981 qui devait changer la vie de millions de gens. Nous avons comparé les chiffres 
    -  des 1ers tours (celui où on choisit) de toutes les élections au regard de l’abstention 
    -  des pourcentages obtenus par 4 familles politiques : PCF (et Front de gauche), PS (et divers gauche), Droite(UMP, UDF, divers droite), Extrême droite(FN, MNR, divers extrême droite), lors de toutes les élections hors municipales [2].

    La droite et son extrême.

    Le graphique ci-après montre l’évolution à droite en pourcentages par rapport aux exprimés aux différentes élections depuis 1981 et qui sont indiquées par la date et l’initiale (P : présidentielle, L : législative, C : cantonale, R régionale, E européenne).

    JPEG

    A la lecture de ce graphique on ne peut dire que l’élection de 2011 marque pour le FN un progrès par rapport à des scores antérieurs. Par contre l’effondrement de la droite fait que l’écart entre elle et le FN diminue fortement. 
    2007/2011 est la seule période où l’on observe une progression relative du FN sur 5 élections, progression qui se fait au détriment de la droite. 
    La preuve s’il en fallait une que la droite qui ne cesse de se radicaliser et de rendre floue la frontière entre elle et son extrême récolte ainsi ce qu’elle a semé…intentionnellement ? 
    Dans une version moderne du « plutôt Hitler que le front populaire », plutôt le fascisme que la remise en cause du capitalisme ?

    On observe aussi que c’est lors des européennes, qu’il y a systématiquement diminution de l’écart entre la droite et son extrême. A croire que pour l’électorat de droite (seul ?) le discours de l’extrême droite sur l’Europe est plus convaincant.

    Si maintenant on observe les scores par rapports au pays réel, et donc au nombre des inscrits (en sachant que ce nombre ne prend en compte ni les français non inscrits soit environ 10% de la population, ni les étrangers), les observations sont les mêmes avec plus de netteté encore.

    JPEG

    La perte en pourcentage des deux forces est visible. C’est même un élément essentiel depuis 30 ans : à l’exception notable de la présidentielle de 2007 qui apparait comme un évènement isolé, cette perte apparait clairement si on fait le total des deux forces :

    JPEG

    Avec 41,05% des exprimés la droite et son extrême font leur plus mauvais score depuis 30 ans et c’est la même chose si on compare par rapport aux inscrits

    JPEG

    17,85% des inscrits : un record d’impopularité. En voix, si on compare les deux élections comparables le résultat est édifiant. Alors que par rapport aux cantonales de 2004 il y avait cette année 1 million d’inscrits en plus, le droite et l’extrême droite perdent plus de 2 millions de voix (3 802 317contre 6 090 225), l’extrême droite seule perdant 140922 soit un peu plus de 9% de ses voix (1 393 644 contre 1 534 566) !

    Et la gauche ?

    La gauche profite-t-elle de cette débâcle ? Pas du tout comme le montrent les tableaux ci-après :

    Pour le PCF, même allié au Front de gauche, on ne peut parler de progression [3] (en rouge et vert les deux dernières cantonales).

    JPEG

    *Avec le Front de gauche **Score avec le Front de gauche allié parfois au NPA : 3,88% des inscrits - 8,76% des votants.

    Pour l’ensemble des forces de gauche non plus :

    JPEG - 27.2 ko

    *26,32 si on rajoute les voix obtenues par Besancenot à cette présidentielle

    17,09% des inscrits ! Pas de quoi se réjouir ! Là aussi un des plus mauvais scores de ces 30 dernières années. La gauche perd près d’1,5 million de voix sur 2004, le PS 1 206 657 (25,92% de ses voix !), le PCF 232 304 (24,26% de ses voix) et 130402 (13,62% des voix) avec ses alliés du Front de gauche. 
    Avec une parité presque parfaite, la droite et la gauche ensemble totalisent à peine 35% des voix des électeurs.

    Reste donc 65% d’inscrits qui ne se reconnaissent pas dans ces deux familles.

    Les électeurs ont renvoyé dos à dos la gauche et la droite, renvoi dont ne profitent pas vraiment les verts qui font en 2011, moins de 4% des inscrits, sans progression notable (malgré « l’effet Japon » tant commenté par nos medias) sur leurs scores antérieurs des 10 dernières années [4]. La progression sur les exprimés (8,22% contre 4,48% en 2004) étant un trompe l’œil qui masque pour eux aussi une perte non négligeable en voix (65 209 soit un recul de 8% sur 2004 [5]. .

    Alors qui a gagné ?

    Si on s’en tient aux cantonales, un dessin vaut mieux qu’un long discours.

    JPEG

    Les abstentionnistes, et nous l’avons déjà dit ici, ne sont pas des pêcheurs du dimanche, mais des électeurs qui font un choix politique, celui de ne plus voter.

    2011 a donc vu un nouveau record du PRV, « Parti des Refus de Vote » et c’est l’enseignement principal de cette élection. Il est faux d’avancer l’argument que ce taux record s’expliquerait par le fait que c’est la 1ère fois qu’une cantonale n’est pas adossée à une autre élection. Si cet argument pouvait s’entendre en 1988, élection placée en septembre, donc juste après la période de juillet août peu propice à une campagne électorale, il ne peut s’entendre aujourd’hui puisque le cas s’est déjà produit en 1994 où la cantonale n’était couplée à aucune autre élection. 
    Le « parti des refus de vote » ne cesse de progresser comme le montre le tableau ci-après qui prend en compte toutes les élections hors européennes, ces dernières étant particulières et méritant une analyse spécifique.

    JPEG

    Cette progression est particulièrement claire si on regarde les taux record d’abstention pour chacun des 6 types d’élections au suffrage universel existant en France. 
    Hormis là encore la présidentielle de 2007, le record d’abstention a été battu à chaque dernière élection du type concerné. La cantonale de 2011 n’est donc pas une exception mais se situe dans la norme. A chaque élection les français votent moins.

    ElectionAnnée recordtaux
    Européenne 2009 59,37
    Cantonale 2011 56,4
    Régionale 2010 53,64
    Législative 2007 39,56
    Municipale 2008 38,95
    Présidentielle 1995 21,62

    Le cas particulier des européennes.

    Il est fréquent d’entendre dire par « les experts » désignés comme tels par les médias que les français s’intéressent moins aux européennes, car ce sont des élections lointaines, par opposition aux municipales ou aux cantonales qui sont des élections de proximité. La cantonale de 2011 montre assez que cette explication ne tient pas la route. De même le tableau ci-après montre que la question de la participation à cette élection ne peut s’expliquer par la question de la proximité. A deux reprises la participation a été plus importante non pas parce qu’il s’agissait d’un référendum et qu’il suffisait de répondre par OUI ou par NON, mais plus sûrement parce que les deux fois les électeurs ont eu le sentiment que leur vote était utile et qu’il posait une question de choix de société.

    JPEG

    Quelques réflexions nationales…

    Il y a à profusion dans notre pays développé, l’un des plus riches du monde, donneur en chef de leçon de démocratie sur toute la planète, des politologues, des observateurs avertis, des chroniqueurs en tous genres, qui, au vu de ces chiffres qu’ils connaissent, en toute logique, auraient du si ce n’est tirer des conclusions péremptoires au moins poser quelques questions qui s’imposaient.

    -  Si les habitants de France après avoir battu des records de mobilisation ont battu des records d’abstention n’est ce pas tout simplement parce qu’ils ne trouvent pas de réponse politique à leurs aspirations ? 
    -  Si on s’en tient aux cantonales en quoi une gestion de gauche d’un canton, d’un département, est-elle radicalement différente d’une gestion de droite ? En quoi peut-elle être un point d’appui pour le combat contre un capitalisme que 72% des français rejettent ?
    -  Croit-on qu’il peut y avoir un RSA de gauche ? 
    -  Plutôt que de nous expliquer dès aujourd’hui que la seule alternative qui nous reste pour l’avenir (qui passe forcément par 2012 selon eux) c’est de choisir entre Strauss-Kahn ou Le Pen, entre la dictature des marchés ou la dictature nationale, ce qui est de toute façon un non choix économique et social, ne faut il pas analyser ce refus de vote des électeurs comme un refus de tomber dans ce piège qui risque de nous conduire d’avoir un jour à combattre autrement que par les urnes un fascisme que d’autres auront préféré réhabiliter plutôt que de remettre en cause leurs choix politiques ? 
    -  De même celles et ceux, médias, sondeurs ou « politologues avertis » qui ne cessent de traiter le FN comme un parti comme les autres portent aussi une lourde responsabilité dans cette confusion entre le débat démocratique et la tribune donnée à un parti fasciste, confusion qui se retrouve dans la tendance à la passation des voix de la droite à son extrême. 
    Lourde responsabilité pour les libertés. 
    -  Ne risque-t-on pas de se retrouver, toutes proportions gardées, dans une « situation à la tunisienne » avec un futur hyperprésident élu à une très grande majorité… par une minorité de votants dans un pays qui ne croit plus à l’alternative du moins par les urnes ? 
    -  A la sortie de ces élections (et des précédentes) ne peut on pas se dire que pour une grande partie de la population, au-delà de l’abstention, ce qui grandit c’est l’idée même de révolution ?

    …Et locales

    Dans le département des Bouches du Rhône, Rouge Vif a été la seule force politique à critiquer sur le fond les choix politiques du conseil général. Elle l’a fait dans un département vérolé par les affaires, où le symbole de l’affairisme, des liens entre la mafia et la « gôche » et du clientélisme vient d’être réélu président du conseil général sans qu’une seule voix ne manque à l’appel.

    Notre intention était de faire reculer l’abstention sur le canton. Nous nous sommes présentés aux gens (plus de 800 personnes rencontrées en porte à porte) en expliquant nos candidatures par le fait qu’en tant que communistes nous remettons en cause les choix de ce département et donc notre refus d’appartenir à sa majorité.

    Dans les circonstances actuelles notre score de 5% est plus qu’honorable, mais même si nous sommes les seuls à « gauche » à progresser en pourcentage sur le canton, force est de constater que nous n’avons pas réussi à faire reculer l’abstention de manière significative, en particulier dans les cités populaires. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles un manque de visibilité nationale de ce courant communiste sans compromission et à notre activité trop faible en temps ordinaire dans ce canton.

    Pourtant nous savons bien que nombre des électeurs qui ont voté pour nous font partie de celles et ceux qui ne seraient pas aller voter sans notre présence ou, pour reprendre les mots d’une jeune participante à notre assemblée qui a suivi le 1er tour, sont passés d’un « vote par dépit à un vote de conviction ».

    L’accueil extraordinaire que nous avons reçu, la richesse des débats que nous avons eus, s’ils ne se reflètent pas encore dans les urnes à la hauteur où on aurait pu l’espérer, sont autant d’encouragements à continuer et amplifier notre action en intégrant les nouvelles et nouveaux adhérent-e-s qui ont décidé de nous rejoindre. En juin Rouge Vif 13 tiendra son 1er congrès.

    Comme le dit notre déclaration d’après 1er tour : le combat continue…

     

    [1] sources ministère de l’intérieur www.interieur.gouv.fr et www.france-politique.fr

    [2] élections où les listes d’union au 1er tour ne permettent pas de différencier les 4 familles politiques choisies

    [3] Le score du seul PCF aux régionales de 2004 et 2010 ne peut être pris en compte à cause du nombre important de liste d’union au 1er tour

    [4] entre 1,5 et 4% des inscrits

    [5] 818 201 voix aux cantonales de 2004, 752 992 voix en 2011 toutes formations écologistes confondues

    Par canaille le rouge

    votre commentaire
  • Très forte mobilisation avec blocages à Villeneuve-la-Garenne contre les fermetures de classes. La rentrée sera chaude !

    Dès l’annonce de la prévision de la fermeture d’une classe à Jules Verne A et d’une classe à Jules Verne B à l’occasion d’une réunion appelée par SUD Education, le SNUipp, SNUDI FO et la FCPE le 29 mars, les représentants des parents et des enseignants ont décidé d’informer le plus de possible et de décider avec le plus de monde possible des actions pour sauver les postes d’enseignants.

    Les organisations syndicales et de parents ont ainsi décidé de demander un des réfectoire de Jules Verne pour la soirée du 4 avril. Devant le refus de la mairie d’accorder ce lieu la centaine d’enseignants et de parents se sont réunis debout sous le préau... Tout le monde à été unanime à trouver scandaleux une décision injuste qui implique une augmentation des effectifs des classes et qui dégrade les conditions d’apprentissage. Toutes les interventions ont souligné la nécessité de se mobiliser.  

    Dès le lendemain, le mardi 5 avril, les parents d’élèves ont bloqué les écoles Jules Verne quelques heures de la matinée. Le soir, la nouvelle est tombée : les 2 postes ne sont plus considérés comme fermés mais « bloqués », c’est-à-dire en négociation. La lutte paye. C’est un premier recul. Tout le monde sait que rien n’est gagné et qu’il faut continuer pour avoir vraiment satisfaction.  

    Le jeudi 7 avril une journée école morte était organisée. Le groupe scolaire Jules Verne a été bloqué toute la journée. Beaucoup de salariés de l’éducation de Villeneuve-la-Garenne étaient grévistes. Une centaine de parents et d’enseignants grévistes sont allés groupés en un beau cortège dynamique à la mairie. Une délégation a été reçu par des représentants de la mairie qui l’a assuré de sa compréhension et de son soutien mais qui a refusé de prendre une position écrite et officielle.

    Enfin les personnes mobilisées sont allés rendre visite aux autres écoles de la ville où les personnels sont conscients qu’il ne faut pas laisser passer ces suppressions de postes et que le combat de Jules Verne est celui de toute l’éducation. Un départ étaient ensuite organisé pour aller devant l’Inspection Académique des Hauts-de-Seine à Nanterre où 800 personnes se sont retrouvés pour crier leur colère à l’occasion du CDEN qui devait avoir lieu mais qui a été annulé parce que beaucoup d’élus n’ont pas siégé. Le vendredi 8 avril, jour des vacances, l’école Jules Verne était encore bloquée quelques heures dans la matinée.

    Les personnels comme les parents sont plus que jamais déterminés et prêts à durcir le mouvement en étendant les blocages, grèves et manifestations si les postes ne sont pas rendus. La rentrée sera bouillante !

    Des actions sont prévues dès le mardi 26 avril jour de la rentrée à Jules Verne mais aussi à partir de 16h15 devant la mairie de Villeneuve-la-Garenne où toutes les écoles de la ville sont appelées à converger et à se faire entendre.

    Enseignants et parents sont décidés à tout faire pour garder leurs classes !

    SUD Education Villeneuve-la-Garenne (Primaire) c/o SUD Education 92 : 30 bis, rue des Boulets – 75011 Paris Tél : 06 85 33 96 90


    votre commentaire